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Art 214 à 226 du Code civil. C'est l'état de base de toutes les personnes mariées.
Ce régime primaire a vocation à se combiner avec les règles du régime de biens qui sont aux
Art 1387 et suivants. Il est impératif, sauf exception les époux ne peuvent pas en changer les règles.
La seule exception réside à l'Art 214 qui concerne les règles de contribution aux charges du
mariage qui peuvent être modulées. Il s'agit d'imposer aux époux des valeurs essentielles que la
loi entend protéger dans tous les rapports entre les personnes mariées. Cela concerne à la fois une
certaine interdépendance entre les époux (solidarité aux dettes du ménage), mais également garantir
à chacun des époux une certaine indépendance pour éviter la mainmise d'un époux sur l'autre.
La loi a choisi de s'intéresser aux principaux problèmes que peut créer l'interdépendance qui
nait au cours du mariage comme les charges, le logement, et aux risques de blocage auquel
l'interdépendance ne doit pas se retourner contre l'intérêt de la famille.
L'entretien du ménage et l'éducation des enfants sont les causes principales des dépenses du
ménage, donc des règles régissent la contribution de chaque époux à ces charges. D'autres règles
régissent les obligations aux dettes du ménage.
Les contributions règlent les rapports entre des co-débiteurs entre des époux (que
demander en retour à l'autre, la moitié ?). L'obligation aux dettes règle les rapports entre
débiteurs et créanciers c'est-à-dire le lien entre les tiers avec lesquels le ménage contracte
(fournisseurs, bailleur, CT, …). Cette distinction est fondamentale.
C'est une obligation matrimoniale de chaque époux. Art 214 donne des clés de répartition de
cette contribution entre chaque époux. Chaque époux sera contraint d'exécuter son obligation.
1) La notion
Il s'agit de l'ensemble des dépenses nécessaires au besoin de la vie familiale, aussi bien
les frais d'entretien du ménage que les frais liés à l'éducation des enfants sauf pour ceux qui
sont déjà autonomes.
Remarque : la majorité de l'enfant ne met pas un terme à la contribution de l'entretien des
enfants (Art 371-2 al 2).
La notion de charges du ménage est assez large (nourriture, logement, dépenses d'agrément,
…). Le caractère individuel d'une dépense n'exclu pas nécessairement sa qualification de charge du
mariage. Ainsi les dépenses de santé d'un époux ou des frais de justice engagés dans l'intérêt d'un
seul époux sont bien des charges du mariage. Pour autant toutes les dépenses n'y entrent pas, il a été
jugé que l'impôt sur le revenu ne constitue pas une charge du mariage au sens de l'Art 214 (Arrêt de
la 1er Ch civile 22 février 1978). La notion de charges du mariage est plus large que les dettes du
mariage au sens de l'Art 220 du Code civil.
Ces deux rapports sont alimentaires, mais leur but diffère. Le devoir de secours entre époux
est une obligation alimentaire au sens courant (Art 212), il suppose que l'époux créancier soit
dans le besoin. L'objectif est de procurer à l'un des époux un minimum vital.
Ce sont dans des situations particulières que le devoir de secours apparaît :
– Par exemple on le retrouve s'il y a le décès de l'un des époux. Le devoir de secours survit
au mariage qui a pris fin après le décès de l'un des époux. Puisqu'en effet, le conjoint
survivant dans le besoin peut faire valoir une créance alimentaire contre la succession du
pré-décédé (Art 767 qui est dans la continuité de l'Art 212).
– En cas de séparation de corps. Cette procédure relâche le lien matrimonial mais elle ne
dissout pas le devoir de secours (Art 303).
Objet de l'Art 214 qui pose une règle de principe et une règle supplétive de volonté.
1) Le principe
2) La règle supplétive
Dans la plupart des cas, les époux n'ont rien prévu au sujet de la contribution aux charges du
mariage, si ce n'est parfois dans les régimes de séparation une clause qui stipule que « chacun des
époux est réputé avoir fourni au jour le jour sa part contributive aux charges du mariage, en sorte
qu'aucun compte ne sera fait entre eux à ce sujet ». Cette clause ne donne pas de règles de
contributions donc le Code donne des règles en l'absence de volonté sur la répartition.
L'Art 214 dispose que « les époux contribuent à proportion de leur facultés respectives ».
Ce n'est pas une règle strictement égalitaire, mais c'est une règle de proportionnalité.
Depuis la réforme du divorce de 1975, il n'y a plus de prééminence du mari. L'ancien Art
214 al 2 prévoyait que « les charges du mariage incombent au mari à titre principal, il est obligé
de fournir à la femme tout ce qui est nécessaire pour les besoins de la vie selon ses facultés et son
état ».
C- L'exécution de la contribution
1) L'exécution volontaire
– Le juge peut ordonner un versement monétaire en se basant sur l'époux qui a le plus
de revenus afin de verser une somme représentant la contribution. Si malgré la décision
l'époux ne s'exécute pas, l'époux, qui a obtenu un jugement, est en droit de faire condamner
pénalement le débiteur pour abandon de famille (Art 227-3 du Code pénal).
– Divorce. Car contribuer aux charges du mariage est une obligation du mariage, donc le
manquement de contribuer à ses charges peut constituer une faute cause de divorce que
l'époux revendiquant la contribution pourrait utiliser dans le cas d'une instance en divorce
pour faute (Art 242 du Code civil).
Concerne les rapports entre les époux débiteurs et les tiers créanciers. L'Art 220 pose 2 types
de règles très différentes :
– Une règle de pouvoir : début de l'Al 1 qui dispose que « chacun des époux peut
contracter ». Cette règle s'explique par l'évolution historique en matière d'égalité des
sexes et par la reconnaissance progressive à la femme de la possibilité de passer
librement les actes juridiques nécessaires à la vie quotidienne. En 1804 elle était
incapable mais elle était représentée par son mari (mandat tacite). En 1942, le mandat tacite
s'est transformé en un pouvoir légal de représentation du mari. En 1965 la loi met l'homme
et la femme sur pied d'égalité et elle a prévu que « chacun a pouvoir pour passer seul les
contrats relatifs à l'entretien du ménage et l'éducation des enfants ».
– Droit de gage des créanciers : Al 1 et pour les exceptions al 2 et 3. Cette règle prévoit que
« pour les dettes ménagères (entretien du ménage et éducation des enfants) les époux sont
solidairement tenus ».
L'Art 220 est un cas de solidarité légale (≠ conventionnelle). Quand un époux contracte
une dette ménagère, les obligations qui en découlent engagent non seulement l'époux
contractant mais également le conjoint quand bien même il n'aurait pas souscrit le contrat et
cela de surcroit solidairement. Cela veut dire que le tiers contractant peut réclamer l'intégralité de
sa créance auprès de n'importe lequel des époux celui qui a contracté comme celui qui n'aurait pas
contracté.
L'époux qui a payé le tout parce qu'il a été poursuivi par une dette ménagère pourrait
se retourner vers son conjoint pour lui réclamer sa part contributive dans les proportions
prévues par l'Art 214. En pratique il n'en sera ainsi qu'en cas de mésentente ou de séparation des
époux.
Les principales difficultés de cet Art 220 proviennent du domaine d'application de la
solidarité et des dettes concernées.
1) Les dettes concernées
Il est des cas où la loi elle même écarte la solidarité pour certaines dettes ménagères (Art
220 al 2 et 3).
Le contrat ménager reste valable malgré l'absence de solidarité. Celui des époux qui l'a
passé est obligé en revanche son conjoint ne l'est pas. Toutefois en présence d'un régime de
communauté, le conjoint non contractant risque d'être indirectement affecté car selon l'Art
1413 et 1414 le créancier peut poursuivre les biens communs (sans les gains et salaires de
l'époux non débiteur).
Protection se situant sur deux niveaux : D'une part le choix du logement (jusqu'en 1975
c'était le mari qui choisissait), aujourd'hui l'Art 215 al 2 dispose que le logement est choisi par les
deux ensemble, le texte n'envisage même pas le désaccord. D'autre part la condition juridique du
logement familial (Art 215 al 3) qui concerne le droit patrimonial. Autrement dit quelque soit les
droits par lesquels le logement familial est assuré, tout changement dans la condition juridique dans
cette résidence exige l'accord des deux époux.
On peut dire que le logement est rendu indisponible mais qui est relative.
C'est le logement de la famille quel qu'il soit (navire, caravane, …) mais il faut que ce
soit la résidence principale. Ce qui est protégé c'est le cadre de la vie familiale.
Il est logique aussi que cette protection soit indépendante des droits par lesquels le logement
est assuré.
Ces droits peuvent être réels, par exemple un époux est propriétaire de la résidence
familial, un époux peut être usufruitier du logement, cela peut être un droit d'usage et d'habitation.
Peu importe le régime matrimonial choisi, que le logement soit la propriété exclusive de l'un
d'eux, il faudra nécessairement l'accord de l'autre pour en changer la destination par
exemple.
Ces droits peuvent être personnels comme le droit au bail, ou un droit au maintien dans les
lieux, l'Art 215 al 3 fait double emploi avec l'Art 1751 qui instaure une co-titularité du bail
portant sur le logement familial même si ce bail a été passé par un seul des futurs époux par
exemple avant le mariage.
Les moyens de protection sont différents, par exemple l'Art 215 al 3 ne rend pas les époux
co-titulaires des droits sur le logement, la seule chose qui est partagée est le pouvoir de
disposer du logement. L'autre ne devient pas propriétaire il peut seulement opposer son droit
de véto. Alors que l'Art 1751 rend les époux co-titulaires de droits égaux, ils seront cocontractant,
mais la protection ne joue pas sur tous les baux.
L'Art 215 al 3 vise aussi les meubles meublant (Art 534) qui garnissent le logement. Peu
importe que ces meubles soient personnels à un époux, commun. La cogestion l'emporte pour ces
meubles meublant sur l'autonomie mobilière que pose l'Art 222 al 2.
Il s'agit des actes de disposition portant sur le logement ou les meubles meublant,
comme la vente, la donation, l'échange, ou encore la cession ou la résiliation du bail.
La jurisprudence a eu tendance à élargir la protection au delà des seuls actes de
disposition. Par exemple donner un bien à bail est considéré comme un acte d'administration, la
jurisprudence a considéré que l'un des époux ne peut pas donner à bail un bien qui lui appartient ou
qui est le logement de la famille, il lui faut l'accord de l'époux (Arrêt du 16 mai 2000). Encore un
époux ne peut pas résilier seul le contrat d'assurance portant sur le logement familial.
On s'est demandé s'il fallait distinguer les actes de disposition entre vifs et les actes de
disposition à cause de mort. La Cour de cassation a jugé dans un arrêt qu'un époux pouvait
librement disposer par testament du logement de la famille lui appartenant (Arrêt du 22
octobre 1974). La liberté testamentaire l'emporte sur la protection du logement familial.
Pendant longtemps cette solution a été critiquée car le droit des succession ne protégeait pas,
aujourd'hui ce droit aide le conjoint survivant car il a des droits sur le logement familial (Art 763)
depuis une loi de 2006.
Il a été jugé qu'est subordonné au consentement du conjoint les actes de disposition
que constituent une constitution conventionnelle d'hypothèque sur le logement de la famille (il
suppose la capacité d'aliéner or il faut l'accord de l'autre).
§2 La cogestion
C'est-à-dire une restriction des droits du titulaire, mais l'Art 215 ne crée pas une
insaisissabilité du logement familial. Il y a dans d'autres textes des sources d'insaisissabilité qui
peuvent venir paralyser sur le logement l'action d'un créancier. Mais ces textes visent alors des
situations particulières, notamment celle de l'entrepreneur (Art L526-1 du Code de commerce).
Quand les règles du régime matrimonial ouvre aux créanciers la possibilité de saisir une
masse de biens, si le logement se retrouve dans cette masse il peut être saisi. Le fait pour l'un des
époux de créer beaucoup de dettes peut conduire à la saisie du logement familial. Exemple : un
époux peut seul se porter caution ce créancier a comme gage tous les biens dont dispose l'auteur de
la caution, s'il est propriétaire du logement, le créancier peut saisir le logement.
L'indisponibilité est relative car elle peut être levée par le consentement de l'autre
conjoint. Cet autre conjoint doit donner son accord à l'acte concerné sur le logement de la famille, il
doit être sur le principe même mais aussi sur les modalités précises. Exemple : si vente du logement
le conjoint doit dire oui à certaines conditions (le prix). L'accord doit être certain pas
nécessairement écrit, il n'est pas obligé de concourir à l'acte, son consentement peut résulter d'un
acte distinct mais il est plus prudent d'avoir les deux lors de la vente.
Si le conjoint refuse de donner son consentement, cet acte peut quand même avoir lieu
si les conditions de l'Art 217 se trouve réunies c'est-à-dire une autorisation donnée par le juge si
le refus de passer l'acte n'est pas conforme à l'intérêt de la famille.
L'époux qui n'a pas consenti dispose d'un an à partir de la connaissance de l'acte pour
demander l'annulation de l'acte portant sur la vente de la résidence familiale. Il s'agit d'une
nullité relative qui est prononcée sur la seule démonstration du défaut de consentement de l'époux
qui devait le donner. L'Art 215 al 3 fixe tout de même un point extrême d'action au nom de
l'équilibre de la sécurité juridique : L'action ne peut pas être intentée plus d'1 an après la
dissolution du mariage. En cas de divorce, le point de départ du délai est fixé au jour où le divorce
est porté à la connaissance des tiers (Art 262) car le défendeur à l'action en nullité est un tiers (celui
qui a acquis le bien)
Section 3 : Les extensions de pouvoir
L'interdépendance de la vie conjugale peut supposer des modifications aux règles ordinaires
de pourvoir :
– Soit car les époux s'entendent tellement bien que l'un d'eux prend en charge la gestion
des biens de l'autre. On est dans une situation de coopération cordiale entre les époux et les
extensions prévues par les textes vont favoriser cette coopération normale et saine entre ces
époux.
– Soit car les règles d'association habituelle conduisent à une paralysie du régime
matrimonial en raison d'une situation atypique (crise, emprisonnement). Pour en sortir,
la loi a prévu des extensions de pouvoir d'un des époux.
L'idée de représentation au sein du couple est assez naturelle. Pendant longtemps la loi s'est
servi du mandat tacite c'est-à-dire d'une forme de représentation pour donner des pouvoirs ménagers
à la femme mariée. La représentation des époux par l'autre reste très fréquente dans les usages de la
vie de couple (mandat, gestion d'affaire ou même représentation judiciaire).
Le mandat était considéré comme un « service d'amis » à titre gratuit (Art 218 al 1). La loi
de 1985 a ajouté un deuxième alinéa qui permet de révoquer ce mandat librement, il y a là un
élément dérogatoire par rapport au droit commun (Art 2004).
En effet cela veut dire que pendant la durée du mariage, les époux ne peuvent pas
déroger à ce principe de révocabilité. Si en principe dans le droit commun, le mandat est toujours
révocable cela n'est qu'une règle supplétive de volonté, le mandant et le mandataire pourrait
convenir d'une irrévocabilité. C'est cela qu'empêche l'Art 218 al 2. Cela s'explique par le fait qu'un
mandat qui pourrait être irrévocable pendant le mariage modifierait l'équilibre de leur pouvoir
réciproque qui signifierait un changement de régime matrimonial caché contraire à l'immutabilité
du régime matrimonial.
Dans le contrat de mariage, on ne peut plus retrouver un mandat entre les époux, car il
deviendrait irrévocable, intangible. Désormais l'Art 225 interdit qu'un époux confie à l'autre par
contrat de mariage la gestion de ses biens personnels. Cela garantit l'équilibre des pouvoirs
entre les sexes.
Il y a des mandats tacites présumés, cela concerne l'époux qui s'immisce dans la gestion des
biens propres de l'autre époux ouvertement, aussi bien dans le régime de la communauté que du
régime séparatiste. Au vu des circonstances on va présumer l'existence d'un mandat qui n'a pourtant
jamais été passé. Le fait qu'ils se comportent ainsi on en déduit qu'il y a un mandat entre eux.
B- La gestion d'affaire
Il se peut qu'un époux soit amené à intervenir pour l'autre en dehors de tout mandat
conventionnel, légal ou judiciaire ou présumé. Cette intervention peut être couverte par la gestion
d'affaire. Le recours à ce quasi contrat se conçoit d'autant mieux entre époux que ceux ci sont
normalement appelés à s'entraider en vertu de l'Art 212.
Cette possibilité est consacrée par l'Art 219, les conditions sont les mêmes que pour la
gestion d'affaire ordinaire (utilité, absence d'opposition de celui qui est géré).
→ Les époux co-exploitant : Les époux exploitent ensemble sur pied d'égalité, pour leur
compte, un fond agricole. Cela exclu donc la situation où un époux est salarié de l'autre et
également les situations où l'exploitation est sous forme sociétale.
Les époux sont présumées s'être donnés réciproquement mandat.
Dans les deux hypothèses la présomption couvre les actes d'administration concernant
l'exploitation, les actes de disposition en sont exclus. L'objectif est de faire que les tiers n'hésitent
pas à contracter avec n'importe lequel des conjoints pour l'achat de petit outillage, l'entretien des
bâtiments et du matériel, … La notion d'acte d'administration n'est pas facile à cerner (exploitation
normale du bien).
La présomption de mandat n'empêche pas le mandant d'agir directement lui même
autrement dit il n'y a pas de dessaisissement du mandant.
Sur la durée du mandat, la présomption cesse de plein droit dans les hypothèses où le
consentement présumé devient irréaliste c'est-à-dire les hypothèses d'absence présumée ou de
mésentente constatée que ce soit une séparation de corps ou judiciaire (L321-2 du Code rural). En
outre la présomption peut cesser par une révocation volontaire notariée (L321-3 du Code rural).
En matière libérale, l'époux peut être collaborateur mais il n'existe pas de présomption
de mandat. Depuis une loi du 17 janvier 2002, le conjoint collaborateur d'un libéral déclaré comme
tel à l'URSSAF, peut bénéficier d'un mandat mais il doit être expresse et défini pour les actes relatifs
à la gestion et au fonctionnement courant de l'entreprise.
Ce mandat peut prendre fin de la même manière que les précédents.
La situation ordinaire du couple peut être perturbée par des crises conjugales ou des
passes difficiles qui peuvent entrainer des blocages préjudiciables lorsque certains actes
doivent être faits.
Certaines de ces difficultés peuvent être résolues par des dispositions extérieures au droit des
régimes matrimoniaux. La loi du 18 novembre 2016 prévoit que si l'un des époux est hors d'état
de donner son consentement, le juge des tutelles peut dans le cadre d'une procédure
d'habilitation familiale aider l'autre époux créée par l'ordonnance du 15 octobre 2015 et inspirée
de l'Art 219 du Code civil. L'époux peut être habilité pour passer un ou plusieurs actes au nom
de son conjoint soit pour recevoir une habilitation générale, la personne protégée n'a plus les
pouvoirs pour prendre des actes (incapacité générale répertoriée sur les registres civils, nouveau
mode protection judiciaire) Art 494 et suivants, relire la protection.
Ces mesures ne sont pas réservées aux époux, elle concerne tous les proches : ascendant,
descendant, frère et sœur, partenaire ou concubin dès lors qu'il y a communauté de vie.
Le droit des régimes matrimoniaux contient des dispositions spécifiques provenant de la loi
de 1965, 2 correctifs judiciaires permettent un accroissement des pouvoirs de l'un des époux grâce
aux Arts 217 et 219 et ce afin d'éviter des blocages :
– L'Art 217 prévoit une intervention judiciaire aux fins d'autorisation qui peut jouer soit
parce que le conjoint est hors d'état de manifester sa volonté soit parce qu'il y a un
désaccord avec l'autre conjoint à propos d'un acte qui suppose son consentement ou la
participation des deux époux (aliéner le logement de la famille).
– L'Art 219 prévoit une représentation judiciaire seulement dans les cas où le conjoint est
hors d'état de manifester sa volonté.
Ces textes ont pour objectif d'éviter l'ouverture d'une mesure judiciaire de protection. Depuis
la loi du 5 mars 2007 sur les majeurs protégés, la protection judiciaire doit être subsidiaire,
proportionnelle et nécessaire (Art 428). Donc si on peu d'abord avoir recours au régime
matrimonial on le fait.
La compétence du juge au sujet de ces 2 Arts dépend du fondement de la demande (Art 1286
du Code de procédure civile). Que le texte invoqué soit 217 ou 219 chaque fois que la demande est
fondé sur le fait que le conjoint est hors d'état de manifester sa volonté c'est le juge des tutelles qui
est compétent car il est le juge naturel du contentieux de la vulnérabilité.
En revanche pour l'Art 217 lorsque la demande est justifiée par le désaccord des époux c'est
le JAF juge normal des conflits familiaux qui est compétent.
– Un des époux est hors d'état de manifester sa volonté. Cela recouvre aussi bien
l'aliénation mentale indépendamment de l'existence d'un régime juridique de
protection, que l'éloignement du foyer par suite d'hospitalisation, d'emprisonnement,
d'absence.
– Un des époux refuse de consentir à l'acte alors que ce refus n'est pas justifié par l'intérêt
de la famille.
→ Conditions concernant les pouvoirs permettant de l'invoquer. L'hypothèse de cet Art suppose
l'existence d'un acte soumis à la cogestion (logement, biens communs, …). Le demandeur dispose
d'un certain pouvoir mais il ne peut l'exercer qu'avec le concours (sur pied d'égalité par exemple
pour vendre un immeuble commun) ou le consentement de son conjoint (plutôt un consentement
autorisation c'est-à-dire que normalement un des époux aurait pu passer l'acte seul mais
exceptionnellement il a besoin de l'autorisation de l'autre, par exemple le logement appartient
entièrement à l'un mais il faut l'autorisation de l'autre).
Le demandeur doit bien être titulaire d'un pouvoir, mais celui ci est insuffisant. Il ne peut pas
recourir à l'Art 217 si l'acte envisagé concerne le bien propre du conjoint.
2) Les effets
1) Le domaine
→ Concernant les pouvoirs : l'Art 219 permet à un époux de représenter l'autre dans
l'exercice des pouvoirs résultant du régime matrimonial. En réalité tous les pouvoirs même ceux
sur leur biens propres résulte du régime matrimonial.
L'Art 219 a vocation à s'appliquer quelque soit le régime matrimonial, notamment donc
aux époux séparés de biens. L'Art va pouvoir être appliqué dans le cas où le demandeur n'a à
l'origine aucun pouvoir pour agir. Sur le terrain des pouvoirs concernés, l'Art 219 est plus large
que l'Art 217. L'Art 219 pourra être utilisé si un conjoint envisage de faire un acte sur un bien
propre ou personnel de son époux (contrairement à l'Art 217) qu'il s'agisse d'un acte
d'administration ou de disposition.
2) Les effets
Tout est commandé par l'idée qu'il s'agit bien d'une représentation, le conjoint empêché est
personnellement représenté par l'autre. Donc les actes se produisent dans le patrimoine de l'époux
qui est hors d'état de manifester sa volonté. Incidemment le représentant pourra être touché, s'ils
sont en régime communautaire, par une dette obligeant les biens communs.
La portée de la représentation peut être variable. L'Art 219 permet une représentation
générale, afin d'éviter l'ouverture d'une mesure de protection judiciaire (Art 428) ou de mettre fin à
un mandat de protection futur (Art 483-4). Il peut aussi porter sur des actes particuliers.
En conclusion dans la loi d'habilitation de l'ordonnance du 15 octobre 2015, elle autorisait le
gouvernement à créer un mécanisme imité de l'Art 219 : point de départ de l'habilitation familiale.
Art 220-1 à 220-3. Art 515-9 et suivants concerne les victimes de violence.
Ces Arts sont des mesures de sauvegarde pour des situations de crise, elles vont permettre des
restrictions de pouvoir.
Peut découler d'un manquement à ses devoirs extra-patrimoniaux par exemple l'infidélité
d'un époux ou l'abandon du foyer conjugal, l'alcoolisme, la violence.
Mais il peut s'agir aussi de manquements à ses devoirs patrimoniaux par exemple si l'un
des époux se met à contracter inconsidérément des dettes ou encore abuser des présomptions de
pouvoirs (bancaires ou immobilières) ou encore dissimuler des revenus, gérer frauduleusement la
communauté.
Ce recours aux Arts 220-1 et suivants ne constitue qu'un élément dans une panoplie plus
large quand il s'agit de faire face à une mauvaise administration des biens communs (Art 1426,
1429, 1443). Mais l'Art 220-1 est plus simple à utiliser même plus rapide et général puisqu'il
s'applique à tous les régimes et il peut même intervenir alors qu'une procédure de divorce est en
cours.
L'Art 220-1 a été écrit pour les hypothèses d'atteinte aux intérêts patrimoniaux.
Mais on s'est demandé si cette mise en péril pouvait être de nature aussi extra-
patrimoniale ? Par exemple une mise en péril de l'éducation des enfants. Sur ce point la
question ne se pose pas trop, car il existe d'autres dispositions du Code civil relatives à
l'autorité parentale (mesure éducative Art 375 et suivants). Mais il peut exister des mises en
péril concernant la violence. La jurisprudence a permis de prendre des mesures sur cet Art
pour une visée extra-patrimoniale. C'est ce qu'avait opéré l'ajout de la loi de 2004 sur le divorce
qui intégrait dans ses articles les violences conjugales.
Le péril doit être imminent pas spécialement réalisé, car l'on veut instaurer des mesures de
sauvegarde. Pour cela il faut que le comportement de l'un des époux puisse entrainer une crise.
La compétence est réservée au JAF depuis une loi de 1973. Cela s'explique par le fait qu'il
s'agisse des crises conjugales.
Il peut statuer soit en référé (procédure contradictoire) ou en cas de besoin par ordonnance
sur requête (procédure non contradictoire). Cette ordonnance est soumise à publicité foncière (si
bien immobilier) ou à une publicité spéciale aux tiers (Art 220-2).
§2 Les mesures
A- Caractère
Ce sont des mesures de sauvegarde, donc elles doivent être urgentes. En cas de crise cela
justifie l'application de ces mesures notamment en cas de divorce.
Elles doivent être temporaire, l'Art 220-1 al 4 précise que « leur durée doit être
déterminée, et ensuite elles ne peuvent dépasser 3 ans max ».
Elles sont provisoires, c'est-à-dire qu'à tout moment elles peuvent être modifiées.
Leur nature est d'être conservatoire et préventive, afin d'empêcher la réalisation du danger
non de sanctionner un dommage accompli.
B- Objet
La formule de l'Art 220-1 est large « le juge peut prendre toute mesure urgente que requiert
les intérêts de la famille ».
Il faut que la mesure soit légalement possible. Un époux ne peut pas empêcher l'autre de
rendre visite à son amant ou maitresse.
L'Art 220-1 al 2 prévoit la possibilité de prendre des mesures afin d'interdire à un époux
de faire sans son consentement des actes de disposition soit sur des biens propres soit sur des
biens communs (indisponibilité juridique). Le juge peut interdire de déplacer des biens
(indisponibilité matérielle).
Les parties peuvent demander au juge d'autres types de mesures que celles qui sont listées
comme par exemple la mise sous séquestre de biens ou encore la nomination d'un administrateur
judiciaire pour la gestion de la communauté.
C- Régime