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Titre 1 : Le régime primaire impératif

Art 214 à 226 du Code civil. C'est l'état de base de toutes les personnes mariées.
Ce régime primaire a vocation à se combiner avec les règles du régime de biens qui sont aux
Art 1387 et suivants. Il est impératif, sauf exception les époux ne peuvent pas en changer les règles.
La seule exception réside à l'Art 214 qui concerne les règles de contribution aux charges du
mariage qui peuvent être modulées. Il s'agit d'imposer aux époux des valeurs essentielles que la
loi entend protéger dans tous les rapports entre les personnes mariées. Cela concerne à la fois une
certaine interdépendance entre les époux (solidarité aux dettes du ménage), mais également garantir
à chacun des époux une certaine indépendance pour éviter la mainmise d'un époux sur l'autre.

CHAPITRE 1 : L'ORGANISATION DE L'INTERDÉPENDANCE DES ÉPOUX

La loi a choisi de s'intéresser aux principaux problèmes que peut créer l'interdépendance qui
nait au cours du mariage comme les charges, le logement, et aux risques de blocage auquel
l'interdépendance ne doit pas se retourner contre l'intérêt de la famille.

Section 1 : Les charges du mariage

L'entretien du ménage et l'éducation des enfants sont les causes principales des dépenses du
ménage, donc des règles régissent la contribution de chaque époux à ces charges. D'autres règles
régissent les obligations aux dettes du ménage.
Les contributions règlent les rapports entre des co-débiteurs entre des époux (que
demander en retour à l'autre, la moitié ?). L'obligation aux dettes règle les rapports entre
débiteurs et créanciers c'est-à-dire le lien entre les tiers avec lesquels le ménage contracte
(fournisseurs, bailleur, CT, …). Cette distinction est fondamentale.

§1 La contribution aux charges du mariage

C'est une obligation matrimoniale de chaque époux. Art 214 donne des clés de répartition de
cette contribution entre chaque époux. Chaque époux sera contraint d'exécuter son obligation.

A- L'obligation de contribuer aux charges du mariage

1) La notion

Il s'agit de l'ensemble des dépenses nécessaires au besoin de la vie familiale, aussi bien
les frais d'entretien du ménage que les frais liés à l'éducation des enfants sauf pour ceux qui
sont déjà autonomes.
Remarque : la majorité de l'enfant ne met pas un terme à la contribution de l'entretien des
enfants (Art 371-2 al 2).
La notion de charges du ménage est assez large (nourriture, logement, dépenses d'agrément,
…). Le caractère individuel d'une dépense n'exclu pas nécessairement sa qualification de charge du
mariage. Ainsi les dépenses de santé d'un époux ou des frais de justice engagés dans l'intérêt d'un
seul époux sont bien des charges du mariage. Pour autant toutes les dépenses n'y entrent pas, il a été
jugé que l'impôt sur le revenu ne constitue pas une charge du mariage au sens de l'Art 214 (Arrêt de
la 1er Ch civile 22 février 1978). La notion de charges du mariage est plus large que les dettes du
mariage au sens de l'Art 220 du Code civil.

2) La distinction contributions du mariage / devoir de secours

Ces deux rapports sont alimentaires, mais leur but diffère. Le devoir de secours entre époux
est une obligation alimentaire au sens courant (Art 212), il suppose que l'époux créancier soit
dans le besoin. L'objectif est de procurer à l'un des époux un minimum vital.
Ce sont dans des situations particulières que le devoir de secours apparaît :

– Par exemple on le retrouve s'il y a le décès de l'un des époux. Le devoir de secours survit
au mariage qui a pris fin après le décès de l'un des époux. Puisqu'en effet, le conjoint
survivant dans le besoin peut faire valoir une créance alimentaire contre la succession du
pré-décédé (Art 767 qui est dans la continuité de l'Art 212).
– En cas de séparation de corps. Cette procédure relâche le lien matrimonial mais elle ne
dissout pas le devoir de secours (Art 303).

Concernant la contribution il ne s'agit pas de donner des subsides à un conjoint dans le


besoin mais de faire circuler des richesses au sein de la famille pour assurer un niveau de vie
commun aux membres du ménage.

B- Les clés de répartitions de la contribution

Objet de l'Art 214 qui pose une règle de principe et une règle supplétive de volonté.

1) Le principe

Dans le régime primaire impératif on retrouve une règle dérogatoire, la répartition de la


contribution relève de la liberté des accords entre époux. Ils peuvent s'entendre sur la manière
dont ils répartissent entre eux les charges du mariage. Soit ils déterminent cela dans leur contrat de
mariage soit dans une convention indépendante portant sur la question (Civ 1er 3 février 1987).
La contribution aux charges du mariage est une obligation matrimoniale donc les époux ne
peuvent pas s'en dispenser (Art 1388). Il est finalement possible que l'accord des époux supprime
totalement pour l'un d'eux l'obligation de contribuer aux charges du mariage quand bien même les
ressources d'un époux serait suffisantes à tout assumer.

2) La règle supplétive

Dans la plupart des cas, les époux n'ont rien prévu au sujet de la contribution aux charges du
mariage, si ce n'est parfois dans les régimes de séparation une clause qui stipule que « chacun des
époux est réputé avoir fourni au jour le jour sa part contributive aux charges du mariage, en sorte
qu'aucun compte ne sera fait entre eux à ce sujet ». Cette clause ne donne pas de règles de
contributions donc le Code donne des règles en l'absence de volonté sur la répartition.
L'Art 214 dispose que « les époux contribuent à proportion de leur facultés respectives ».
Ce n'est pas une règle strictement égalitaire, mais c'est une règle de proportionnalité.
Depuis la réforme du divorce de 1975, il n'y a plus de prééminence du mari. L'ancien Art
214 al 2 prévoyait que « les charges du mariage incombent au mari à titre principal, il est obligé
de fournir à la femme tout ce qui est nécessaire pour les besoins de la vie selon ses facultés et son
état ».

C- L'exécution de la contribution

1) L'exécution volontaire

Communauté ou entente entre les époux. La contribution aux charges du mariage


s'exécute au jour le jour au grès des convenances et des habitudes, le plus souvent sans y
penser. Par exemple, une répartition entre eux par type de dépenses ou encore l'ouverture d'un
compte joint.
2) L'exécution forcée

C'est l'hypothèse d'une mésentente, ici 2 cas de figure se présentent :


– Soit une séparation de fait : situation d'époux qui ne cohabitent plus ensemble, mais elle
n'éteint pas l'obligation de contribuer aux mariages. Mais s'il n'y a pas de paiement
volontaire, alors l'autre époux pourra saisir le juge pour l'obliger à contribuer. Les
juges peuvent refuser la demande s'ils estiment que l'époux demandeur est à l'origine de la
séparation. Une femme qui est battue obtiendra gain de cause.
– Soit une séparation de droit : le juge statue sur l'absence de communauté de vie entre les
époux mais alors qu'il y a toujours mariage. Ces situations correspondent à une instance en
divorce (Art 255 du Code civil) soit l'hypothèse de rejet d'une demande en divorce, le juge
ordonnera qui doit verser à l'autre (Art 258 du Code civil).

3) Sanctions en cas de non respect

Plusieurs types de sanctions peuvent être envisagées :

– Le juge peut ordonner un versement monétaire en se basant sur l'époux qui a le plus
de revenus afin de verser une somme représentant la contribution. Si malgré la décision
l'époux ne s'exécute pas, l'époux, qui a obtenu un jugement, est en droit de faire condamner
pénalement le débiteur pour abandon de famille (Art 227-3 du Code pénal).
– Divorce. Car contribuer aux charges du mariage est une obligation du mariage, donc le
manquement de contribuer à ses charges peut constituer une faute cause de divorce que
l'époux revendiquant la contribution pourrait utiliser dans le cas d'une instance en divorce
pour faute (Art 242 du Code civil).

§2 L'obligation aux dettes ménagères

Concerne les rapports entre les époux débiteurs et les tiers créanciers. L'Art 220 pose 2 types
de règles très différentes :

– Une règle de pouvoir : début de l'Al 1 qui dispose que « chacun des époux peut
contracter ». Cette règle s'explique par l'évolution historique en matière d'égalité des
sexes et par la reconnaissance progressive à la femme de la possibilité de passer
librement les actes juridiques nécessaires à la vie quotidienne. En 1804 elle était
incapable mais elle était représentée par son mari (mandat tacite). En 1942, le mandat tacite
s'est transformé en un pouvoir légal de représentation du mari. En 1965 la loi met l'homme
et la femme sur pied d'égalité et elle a prévu que « chacun a pouvoir pour passer seul les
contrats relatifs à l'entretien du ménage et l'éducation des enfants ».
– Droit de gage des créanciers : Al 1 et pour les exceptions al 2 et 3. Cette règle prévoit que
« pour les dettes ménagères (entretien du ménage et éducation des enfants) les époux sont
solidairement tenus ».

A- Le principe : la solidarité des dettes ménagères

L'Art 220 est un cas de solidarité légale (≠ conventionnelle). Quand un époux contracte
une dette ménagère, les obligations qui en découlent engagent non seulement l'époux
contractant mais également le conjoint quand bien même il n'aurait pas souscrit le contrat et
cela de surcroit solidairement. Cela veut dire que le tiers contractant peut réclamer l'intégralité de
sa créance auprès de n'importe lequel des époux celui qui a contracté comme celui qui n'aurait pas
contracté.
L'époux qui a payé le tout parce qu'il a été poursuivi par une dette ménagère pourrait
se retourner vers son conjoint pour lui réclamer sa part contributive dans les proportions
prévues par l'Art 214. En pratique il n'en sera ainsi qu'en cas de mésentente ou de séparation des
époux.
Les principales difficultés de cet Art 220 proviennent du domaine d'application de la
solidarité et des dettes concernées.
1) Les dettes concernées

S'agissant de l'objet de la dette sont concernées les contrats relatifs à l'entretien du


ménage et l'éducation des enfants, on inclut les contrats portant sur la nourriture, l'habillage,
la scolarité, le logement, la santé, ou des dépenses d'amélioration du logement.
Pour d'autres contrats ils peuvent tantôt relever de la solidarité tantôt être hors de la
solidarité. Ex : achat de véhicule, il peut constituer une dette ménagère mais si c'est une voiture
hors de prix ce n'est pas une dette ménagère.
Les dettes d'investissement sont exclues de la solidarité légale. Pour les actes importants
comme par exemple l'emprunt pour une acquisition immobilière tel que le logement de la famille,
les créanciers ont pour habitude de demander aux deux époux d'être débiteurs solidaires. Dans ces
hypothèses on est plus dans la solidarité légale de l'Art 220 mais dans la solidarité conv (Art 310).
S'agissant de la nature de la dette. Le mandat domestique de 1804 ne s'appliquait qu'aux
contrats. L'Art 220 évoque les dettes contractées, mais la jurisprudence a privilégié la finalité de
la dette, c'est-à-dire son objet ménager parfois dans un sens étendu, sur la nature
contractuelle ou non de la dette. Cela veut dire que la solidarité s'applique à des dettes non
contractuelles, à des dettes d'origine légale dès lors qu'elles ont un objet ménager. Ainsi la Cour
de cassation a admis que des cotisations d'assurance vieillesse (d'origine légale) bénéfice bel et bien
de la solidarité de l'Art 220, idem pour des cotisations d'assurance maladie, maternité ou de retraite.

2) Le domaine d'application dans le temps

La solidarité s'applique aux dettes nées ou exigibles au cours du mariage. Il faut


ajouter que la solidarité persiste au cours de l'instance en divorce en principe et ce jusqu'à la
transcription du jugement de divorce en marge des registres de l'état civil.
Toutefois la jurisprudence a nuancé cette règle pour les dettes ménagères en période de
séparation de fait ou de droit des époux. La solidarité peut être écartée au cas par cas si une
dette est conclue dans ces périodes par un des époux pour son usage exclusif. Normalement la
dette aurait été de nature ménagère mais comme elle est faite dans l'usage exclusif de l'un des époux
(par exemple un époux se reloge seul) elle perd son caractère ménager. Il en va de même pour les
abonnements téléphoniques.

B- Les exceptions : l'absence de solidarité

Il est des cas où la loi elle même écarte la solidarité pour certaines dettes ménagères (Art
220 al 2 et 3).

1) Les cas d'exclusion

→ Les dépenses manifestement excessives : l'appréciation de ce caractère excessif dépend de


l'appréciation des juges du fond. Mais l'Art 220 al 2 donne des pistes, on doit tenir compte du
train de vie du ménage, de l'utilité ou non de l'opération, la bonne ou la mauvaise foi du tiers. L'idée
est que le tiers aurait dû se douter de l'excès ou le connait et donc il n'a pas à profiter de la
solidarité.
→ Les achats à tempérament : ce sont les achats dont le paiement se fait par fraction
échelonné (Ex : achat direct auprès du vendeur mais paiement en plusieurs fois). Ces achats sont
dangereux car la technique dilue le coût total avec parfois des intérêts. La loi écarte la solidarité
mais elle réapparait toutefois si l'achat est effectué avec le consentement des deux époux car
ils sont sensés s'éclairer et se tempérer mutuellement.
→ Les emprunts : c'est le danger de l'opération qui motive l'éviction de la solidarité. Elle
réapparait si l'emprunt est conclu par les deux époux. Il existe toutefois une seconde cause de
retour de la solidarité. Ce sont les hypothèses qui portent sur des sommes modestes nécessaires
aux besoins de la vie courante. Il y a ici la reprise d'une jurisprudence ancienne mais la définition
de la modicité et la preuve de l'affectation aux besoins de la vie courante sont délicates.
Pour faire face aux modes de paiement contemporains, la loi du 17 mars 2014 complète l'Art 220 al
3 du Code civil pour exclure la solidarité pour les petits emprunts ménagers multiples dont la
somme totale atteint un montant excessif au regard du train de vie du ménage. C'est difficile à
mettre en œuvre en pratique.

2) Les effets de l'exclusion

Le contrat ménager reste valable malgré l'absence de solidarité. Celui des époux qui l'a
passé est obligé en revanche son conjoint ne l'est pas. Toutefois en présence d'un régime de
communauté, le conjoint non contractant risque d'être indirectement affecté car selon l'Art
1413 et 1414 le créancier peut poursuivre les biens communs (sans les gains et salaires de
l'époux non débiteur).

Section 2 : La protection du logement familial

Protection se situant sur deux niveaux : D'une part le choix du logement (jusqu'en 1975
c'était le mari qui choisissait), aujourd'hui l'Art 215 al 2 dispose que le logement est choisi par les
deux ensemble, le texte n'envisage même pas le désaccord. D'autre part la condition juridique du
logement familial (Art 215 al 3) qui concerne le droit patrimonial. Autrement dit quelque soit les
droits par lesquels le logement familial est assuré, tout changement dans la condition juridique dans
cette résidence exige l'accord des deux époux.
On peut dire que le logement est rendu indisponible mais qui est relative.

§1 Le domaine de la cogestion du logement familial

A- Les biens protégés

C'est le logement de la famille quel qu'il soit (navire, caravane, …) mais il faut que ce
soit la résidence principale. Ce qui est protégé c'est le cadre de la vie familiale.
Il est logique aussi que cette protection soit indépendante des droits par lesquels le logement
est assuré.

Ces droits peuvent être réels, par exemple un époux est propriétaire de la résidence
familial, un époux peut être usufruitier du logement, cela peut être un droit d'usage et d'habitation.
Peu importe le régime matrimonial choisi, que le logement soit la propriété exclusive de l'un
d'eux, il faudra nécessairement l'accord de l'autre pour en changer la destination par
exemple.

Ces droits peuvent être personnels comme le droit au bail, ou un droit au maintien dans les
lieux, l'Art 215 al 3 fait double emploi avec l'Art 1751 qui instaure une co-titularité du bail
portant sur le logement familial même si ce bail a été passé par un seul des futurs époux par
exemple avant le mariage.
Les moyens de protection sont différents, par exemple l'Art 215 al 3 ne rend pas les époux
co-titulaires des droits sur le logement, la seule chose qui est partagée est le pouvoir de
disposer du logement. L'autre ne devient pas propriétaire il peut seulement opposer son droit
de véto. Alors que l'Art 1751 rend les époux co-titulaires de droits égaux, ils seront cocontractant,
mais la protection ne joue pas sur tous les baux.

L'Art 215 al 3 vise aussi les meubles meublant (Art 534) qui garnissent le logement. Peu
importe que ces meubles soient personnels à un époux, commun. La cogestion l'emporte pour ces
meubles meublant sur l'autonomie mobilière que pose l'Art 222 al 2.

B- Les actes soumis à la cogestion

Il s'agit des actes de disposition portant sur le logement ou les meubles meublant,
comme la vente, la donation, l'échange, ou encore la cession ou la résiliation du bail.
La jurisprudence a eu tendance à élargir la protection au delà des seuls actes de
disposition. Par exemple donner un bien à bail est considéré comme un acte d'administration, la
jurisprudence a considéré que l'un des époux ne peut pas donner à bail un bien qui lui appartient ou
qui est le logement de la famille, il lui faut l'accord de l'époux (Arrêt du 16 mai 2000). Encore un
époux ne peut pas résilier seul le contrat d'assurance portant sur le logement familial.
On s'est demandé s'il fallait distinguer les actes de disposition entre vifs et les actes de
disposition à cause de mort. La Cour de cassation a jugé dans un arrêt qu'un époux pouvait
librement disposer par testament du logement de la famille lui appartenant (Arrêt du 22
octobre 1974). La liberté testamentaire l'emporte sur la protection du logement familial.
Pendant longtemps cette solution a été critiquée car le droit des succession ne protégeait pas,
aujourd'hui ce droit aide le conjoint survivant car il a des droits sur le logement familial (Art 763)
depuis une loi de 2006.
Il a été jugé qu'est subordonné au consentement du conjoint les actes de disposition
que constituent une constitution conventionnelle d'hypothèque sur le logement de la famille (il
suppose la capacité d'aliéner or il faut l'accord de l'autre).

§2 La cogestion

A- Une indisponibilité relative

C'est-à-dire une restriction des droits du titulaire, mais l'Art 215 ne crée pas une
insaisissabilité du logement familial. Il y a dans d'autres textes des sources d'insaisissabilité qui
peuvent venir paralyser sur le logement l'action d'un créancier. Mais ces textes visent alors des
situations particulières, notamment celle de l'entrepreneur (Art L526-1 du Code de commerce).
Quand les règles du régime matrimonial ouvre aux créanciers la possibilité de saisir une
masse de biens, si le logement se retrouve dans cette masse il peut être saisi. Le fait pour l'un des
époux de créer beaucoup de dettes peut conduire à la saisie du logement familial. Exemple : un
époux peut seul se porter caution ce créancier a comme gage tous les biens dont dispose l'auteur de
la caution, s'il est propriétaire du logement, le créancier peut saisir le logement.

L'indisponibilité est relative car elle peut être levée par le consentement de l'autre
conjoint. Cet autre conjoint doit donner son accord à l'acte concerné sur le logement de la famille, il
doit être sur le principe même mais aussi sur les modalités précises. Exemple : si vente du logement
le conjoint doit dire oui à certaines conditions (le prix). L'accord doit être certain pas
nécessairement écrit, il n'est pas obligé de concourir à l'acte, son consentement peut résulter d'un
acte distinct mais il est plus prudent d'avoir les deux lors de la vente.
Si le conjoint refuse de donner son consentement, cet acte peut quand même avoir lieu
si les conditions de l'Art 217 se trouve réunies c'est-à-dire une autorisation donnée par le juge si
le refus de passer l'acte n'est pas conforme à l'intérêt de la famille.

B- La sanction de l'irrespect de la cogestion

L'époux qui n'a pas consenti dispose d'un an à partir de la connaissance de l'acte pour
demander l'annulation de l'acte portant sur la vente de la résidence familiale. Il s'agit d'une
nullité relative qui est prononcée sur la seule démonstration du défaut de consentement de l'époux
qui devait le donner. L'Art 215 al 3 fixe tout de même un point extrême d'action au nom de
l'équilibre de la sécurité juridique : L'action ne peut pas être intentée plus d'1 an après la
dissolution du mariage. En cas de divorce, le point de départ du délai est fixé au jour où le divorce
est porté à la connaissance des tiers (Art 262) car le défendeur à l'action en nullité est un tiers (celui
qui a acquis le bien)
Section 3 : Les extensions de pouvoir

L'interdépendance de la vie conjugale peut supposer des modifications aux règles ordinaires
de pourvoir :

– Soit car les époux s'entendent tellement bien que l'un d'eux prend en charge la gestion
des biens de l'autre. On est dans une situation de coopération cordiale entre les époux et les
extensions prévues par les textes vont favoriser cette coopération normale et saine entre ces
époux.
– Soit car les règles d'association habituelle conduisent à une paralysie du régime
matrimonial en raison d'une situation atypique (crise, emprisonnement). Pour en sortir,
la loi a prévu des extensions de pouvoir d'un des époux.

§1 La représentation contractuelle et quasi contractuelle entre époux

L'idée de représentation au sein du couple est assez naturelle. Pendant longtemps la loi s'est
servi du mandat tacite c'est-à-dire d'une forme de représentation pour donner des pouvoirs ménagers
à la femme mariée. La représentation des époux par l'autre reste très fréquente dans les usages de la
vie de couple (mandat, gestion d'affaire ou même représentation judiciaire).

A- Le mandat entre époux

Le mandat était considéré comme un « service d'amis » à titre gratuit (Art 218 al 1). La loi
de 1985 a ajouté un deuxième alinéa qui permet de révoquer ce mandat librement, il y a là un
élément dérogatoire par rapport au droit commun (Art 2004).
En effet cela veut dire que pendant la durée du mariage, les époux ne peuvent pas
déroger à ce principe de révocabilité. Si en principe dans le droit commun, le mandat est toujours
révocable cela n'est qu'une règle supplétive de volonté, le mandant et le mandataire pourrait
convenir d'une irrévocabilité. C'est cela qu'empêche l'Art 218 al 2. Cela s'explique par le fait qu'un
mandat qui pourrait être irrévocable pendant le mariage modifierait l'équilibre de leur pouvoir
réciproque qui signifierait un changement de régime matrimonial caché contraire à l'immutabilité
du régime matrimonial.
Dans le contrat de mariage, on ne peut plus retrouver un mandat entre les époux, car il
deviendrait irrévocable, intangible. Désormais l'Art 225 interdit qu'un époux confie à l'autre par
contrat de mariage la gestion de ses biens personnels. Cela garantit l'équilibre des pouvoirs
entre les sexes.

Il y a des mandats tacites présumés, cela concerne l'époux qui s'immisce dans la gestion des
biens propres de l'autre époux ouvertement, aussi bien dans le régime de la communauté que du
régime séparatiste. Au vu des circonstances on va présumer l'existence d'un mandat qui n'a pourtant
jamais été passé. Le fait qu'ils se comportent ainsi on en déduit qu'il y a un mandat entre eux.

B- La gestion d'affaire

Il se peut qu'un époux soit amené à intervenir pour l'autre en dehors de tout mandat
conventionnel, légal ou judiciaire ou présumé. Cette intervention peut être couverte par la gestion
d'affaire. Le recours à ce quasi contrat se conçoit d'autant mieux entre époux que ceux ci sont
normalement appelés à s'entraider en vertu de l'Art 212.
Cette possibilité est consacrée par l'Art 219, les conditions sont les mêmes que pour la
gestion d'affaire ordinaire (utilité, absence d'opposition de celui qui est géré).

§2 Les présomptions de mandat des conjoints participant à une exploitation agricole


commerciale ou artisanale

Le législateur a été soucieux d'améliorer l'économie et d'améliorer le sort des femmes


participant à l'entreprise de leur conjoint. 2 lois : une en matière rurale du 4 juillet 1980 et une en
matière artisanale et commerciale du 10 juillet 1982 ont posé des présomptions de mandat
applicables au conjoint participant à l'exploitation. Ces textes hors code civil concerne une certaine
catégorie de conjoint (complément du régime primaire du Code civil).

A- La présomption de mandat en matière rurale

Art 321-1 du Code rural qui distingue 2 situations.

→ Les époux co-exploitant : Les époux exploitent ensemble sur pied d'égalité, pour leur
compte, un fond agricole. Cela exclu donc la situation où un époux est salarié de l'autre et
également les situations où l'exploitation est sous forme sociétale.
Les époux sont présumées s'être donnés réciproquement mandat.

→ L'époux collaborateur : il participe à l'exploitation mais sans en assumer la direction. Il


est présumé avoir reçu un mandat mais il est unilatéral, l'exploitant le donne au collaborateur.
Depuis une loi du 5 janvier 2006 le conjoint du chef d'entreprise qui participe à l'exploitation a
normalement l'obligation de choisir un statut parmi les 3 suivants : collaborateur, salarié ou associé
(L321-5 al 7 du Code rural). Où commence le travail illégal ?

Dans les deux hypothèses la présomption couvre les actes d'administration concernant
l'exploitation, les actes de disposition en sont exclus. L'objectif est de faire que les tiers n'hésitent
pas à contracter avec n'importe lequel des conjoints pour l'achat de petit outillage, l'entretien des
bâtiments et du matériel, … La notion d'acte d'administration n'est pas facile à cerner (exploitation
normale du bien).
La présomption de mandat n'empêche pas le mandant d'agir directement lui même
autrement dit il n'y a pas de dessaisissement du mandant.
Sur la durée du mandat, la présomption cesse de plein droit dans les hypothèses où le
consentement présumé devient irréaliste c'est-à-dire les hypothèses d'absence présumée ou de
mésentente constatée que ce soit une séparation de corps ou judiciaire (L321-2 du Code rural). En
outre la présomption peut cesser par une révocation volontaire notariée (L321-3 du Code rural).

B- La présomption de mandat en matière commerciale et artisanale


La loi s'est efforcée de clarifier la situation de ce conjoint. Un choix est offert entre 3
statuts : salarié, associé, collaborateur. Ce choix n'est pas toujours exercé en réalité ce qui peut
avoir des conséquences ultérieurement comme par exemple l'absence de toute rémunération qui
serait dramatique en cas de divorce (l'un peut se retourner pour enrichissement sans cause) ou
encore absence de droit à la retraite et de droits sociaux).
Une loi de 2002 a imposé au conjoint de choisir l'un de ses statuts (L121-4 I et IV du Code
de commerce ainsi que le décret du 1er août 2006). Cette même obligation vaut également pour les
époux de profession libérales. Cependant dans tous les cas cette obligation n'a pas
véritablement de sanctions.

Lorsque le conjoint est mentionné au RCS ou au répertoire de la chambre des métiers,


il est réputé avoir reçu du chef d'entreprise le mandat d'accomplir au nom de ce chef
d'entreprise, les actes d'administration concernant les besoins de l'entreprise (Art L121-6 al 1 du
Code de commerce).
La portée et la durée du mandat sont les mêmes qu'en matière rurale (L121-6 al 2 et 3 du
Code de commerce).
Articulation entre la présomption de mandat et la présomption de non commercialité entre
les époux. Selon l'Art L121-3 du Code de commerce le conjoint d'un commerçant n'est réputé lui
même commerçant que s'il exerce une activité commerciale séparée de son époux. Cette règle avait
pour but de faire échapper la femme aux conséquences de la faillite de son mari puis la règle est
devenu indifférente au sexe avec la loi de 1962. La présomption de non commercialité permet au
conjoint collaborateur d'échapper au paiement des dettes qu'il aurait souscrite dans le cadre
du mandat présumé. Autrement dit l'exploitant est seul engagé des dettes contractées par son
conjoint collaborateur sauf s'il dépasse ses limites par exemple s'il effectue des actes de
disposition. Dans ce cas la présomption de non commercialité (qui est une présomption simple)
pourrait être renversée et finalement le conjoint inscrit comme collaborateur pourrait se voir
reconnaître la qualité de commerçant. Cela aura pour effet d'une part de le rendre solidairement
responsable des dettes contractées pour les besoins de la co-exploitation et d'autre part
d'entrainer l'ouverture contre lui d'une procédure collective s'il y a cessation des paiements.

En matière libérale, l'époux peut être collaborateur mais il n'existe pas de présomption
de mandat. Depuis une loi du 17 janvier 2002, le conjoint collaborateur d'un libéral déclaré comme
tel à l'URSSAF, peut bénéficier d'un mandat mais il doit être expresse et défini pour les actes relatifs
à la gestion et au fonctionnement courant de l'entreprise.
Ce mandat peut prendre fin de la même manière que les précédents.

§3 Les extensions judiciaires de pouvoir

La situation ordinaire du couple peut être perturbée par des crises conjugales ou des
passes difficiles qui peuvent entrainer des blocages préjudiciables lorsque certains actes
doivent être faits.

Certaines de ces difficultés peuvent être résolues par des dispositions extérieures au droit des
régimes matrimoniaux. La loi du 18 novembre 2016 prévoit que si l'un des époux est hors d'état
de donner son consentement, le juge des tutelles peut dans le cadre d'une procédure
d'habilitation familiale aider l'autre époux créée par l'ordonnance du 15 octobre 2015 et inspirée
de l'Art 219 du Code civil. L'époux peut être habilité pour passer un ou plusieurs actes au nom
de son conjoint soit pour recevoir une habilitation générale, la personne protégée n'a plus les
pouvoirs pour prendre des actes (incapacité générale répertoriée sur les registres civils, nouveau
mode protection judiciaire) Art 494 et suivants, relire la protection.
Ces mesures ne sont pas réservées aux époux, elle concerne tous les proches : ascendant,
descendant, frère et sœur, partenaire ou concubin dès lors qu'il y a communauté de vie.
Le droit des régimes matrimoniaux contient des dispositions spécifiques provenant de la loi
de 1965, 2 correctifs judiciaires permettent un accroissement des pouvoirs de l'un des époux grâce
aux Arts 217 et 219 et ce afin d'éviter des blocages :

– L'Art 217 prévoit une intervention judiciaire aux fins d'autorisation qui peut jouer soit
parce que le conjoint est hors d'état de manifester sa volonté soit parce qu'il y a un
désaccord avec l'autre conjoint à propos d'un acte qui suppose son consentement ou la
participation des deux époux (aliéner le logement de la famille).
– L'Art 219 prévoit une représentation judiciaire seulement dans les cas où le conjoint est
hors d'état de manifester sa volonté.

Ces textes ont pour objectif d'éviter l'ouverture d'une mesure judiciaire de protection. Depuis
la loi du 5 mars 2007 sur les majeurs protégés, la protection judiciaire doit être subsidiaire,
proportionnelle et nécessaire (Art 428). Donc si on peu d'abord avoir recours au régime
matrimonial on le fait.

La compétence du juge au sujet de ces 2 Arts dépend du fondement de la demande (Art 1286
du Code de procédure civile). Que le texte invoqué soit 217 ou 219 chaque fois que la demande est
fondé sur le fait que le conjoint est hors d'état de manifester sa volonté c'est le juge des tutelles qui
est compétent car il est le juge naturel du contentieux de la vulnérabilité.
En revanche pour l'Art 217 lorsque la demande est justifiée par le désaccord des époux c'est
le JAF juge normal des conflits familiaux qui est compétent.

A- L'autorisation judiciaire de l'Art 217 du Code civil

1) Les conditions d'invocation

→ Conditions concernant les circonstances permettant de l'invoquer. 2 hypothèses distinctes :

– Un des époux est hors d'état de manifester sa volonté. Cela recouvre aussi bien
l'aliénation mentale indépendamment de l'existence d'un régime juridique de
protection, que l'éloignement du foyer par suite d'hospitalisation, d'emprisonnement,
d'absence.
– Un des époux refuse de consentir à l'acte alors que ce refus n'est pas justifié par l'intérêt
de la famille.

→ Conditions concernant les pouvoirs permettant de l'invoquer. L'hypothèse de cet Art suppose
l'existence d'un acte soumis à la cogestion (logement, biens communs, …). Le demandeur dispose
d'un certain pouvoir mais il ne peut l'exercer qu'avec le concours (sur pied d'égalité par exemple
pour vendre un immeuble commun) ou le consentement de son conjoint (plutôt un consentement
autorisation c'est-à-dire que normalement un des époux aurait pu passer l'acte seul mais
exceptionnellement il a besoin de l'autorisation de l'autre, par exemple le logement appartient
entièrement à l'un mais il faut l'autorisation de l'autre).
Le demandeur doit bien être titulaire d'un pouvoir, mais celui ci est insuffisant. Il ne peut pas
recourir à l'Art 217 si l'acte envisagé concerne le bien propre du conjoint.

2) Les effets

L'autorisation résultera de la décision du juge qui permettra à un des époux de lever


l'obstacle empêchant d'agir. L'Art 217 n'entraine aucune représentation d'un conjoint par l'autre.
L'autorisation donnée est ponctuelle, il s'agit de passer un acte d'administration ou de disposition
mais ce n'est pas une autorisation à caractère générale.
L'acte autorisé sera opposable au conjoint n'ayant pas consenti, c'est-à-dire qu'il ne
pourra pas remettre en cause l'acte autorisé. En revanche aucune obligation personnelle ne peut
être mise à charge de l'époux qui n'a pas consenti. Indirectement cet époux peut cependant subir des
conséquences de l'acte si par exemple les biens sont concernés (régime de communauté).

B- La représentation judiciaire de l'Art 219 du Code civil

1) Le domaine

→ Concernant les circonstances : contrairement à l'autorisation de l'Art 217, la représentation


ne peut avoir lieu que lorsque l'un des époux est hors d'état de manifester sa volonté. L'Art 219
est d'utilisation plus étroite que l'Art 217. Il serait paradoxale de représenter un individu contre sa
volonté.

→ Concernant les pouvoirs : l'Art 219 permet à un époux de représenter l'autre dans
l'exercice des pouvoirs résultant du régime matrimonial. En réalité tous les pouvoirs même ceux
sur leur biens propres résulte du régime matrimonial.

L'Art 219 a vocation à s'appliquer quelque soit le régime matrimonial, notamment donc
aux époux séparés de biens. L'Art va pouvoir être appliqué dans le cas où le demandeur n'a à
l'origine aucun pouvoir pour agir. Sur le terrain des pouvoirs concernés, l'Art 219 est plus large
que l'Art 217. L'Art 219 pourra être utilisé si un conjoint envisage de faire un acte sur un bien
propre ou personnel de son époux (contrairement à l'Art 217) qu'il s'agisse d'un acte
d'administration ou de disposition.

2) Les effets

Tout est commandé par l'idée qu'il s'agit bien d'une représentation, le conjoint empêché est
personnellement représenté par l'autre. Donc les actes se produisent dans le patrimoine de l'époux
qui est hors d'état de manifester sa volonté. Incidemment le représentant pourra être touché, s'ils
sont en régime communautaire, par une dette obligeant les biens communs.
La portée de la représentation peut être variable. L'Art 219 permet une représentation
générale, afin d'éviter l'ouverture d'une mesure de protection judiciaire (Art 428) ou de mettre fin à
un mandat de protection futur (Art 483-4). Il peut aussi porter sur des actes particuliers.
En conclusion dans la loi d'habilitation de l'ordonnance du 15 octobre 2015, elle autorisait le
gouvernement à créer un mécanisme imité de l'Art 219 : point de départ de l'habilitation familiale.

Section 4 : Les restrictions de pouvoirs

Art 220-1 à 220-3. Art 515-9 et suivants concerne les victimes de violence.
Ces Arts sont des mesures de sauvegarde pour des situations de crise, elles vont permettre des
restrictions de pouvoir.

§1 Les conditions générales d'application

A- Un manquement grave d'un époux à ses devoirs

Peut découler d'un manquement à ses devoirs extra-patrimoniaux par exemple l'infidélité
d'un époux ou l'abandon du foyer conjugal, l'alcoolisme, la violence.
Mais il peut s'agir aussi de manquements à ses devoirs patrimoniaux par exemple si l'un
des époux se met à contracter inconsidérément des dettes ou encore abuser des présomptions de
pouvoirs (bancaires ou immobilières) ou encore dissimuler des revenus, gérer frauduleusement la
communauté.
Ce recours aux Arts 220-1 et suivants ne constitue qu'un élément dans une panoplie plus
large quand il s'agit de faire face à une mauvaise administration des biens communs (Art 1426,
1429, 1443). Mais l'Art 220-1 est plus simple à utiliser même plus rapide et général puisqu'il
s'applique à tous les régimes et il peut même intervenir alors qu'une procédure de divorce est en
cours.

B- Une mise en péril des intérêts de la famille

L'Art 220-1 a été écrit pour les hypothèses d'atteinte aux intérêts patrimoniaux.
Mais on s'est demandé si cette mise en péril pouvait être de nature aussi extra-
patrimoniale ? Par exemple une mise en péril de l'éducation des enfants. Sur ce point la
question ne se pose pas trop, car il existe d'autres dispositions du Code civil relatives à
l'autorité parentale (mesure éducative Art 375 et suivants). Mais il peut exister des mises en
péril concernant la violence. La jurisprudence a permis de prendre des mesures sur cet Art
pour une visée extra-patrimoniale. C'est ce qu'avait opéré l'ajout de la loi de 2004 sur le divorce
qui intégrait dans ses articles les violences conjugales.
Le péril doit être imminent pas spécialement réalisé, car l'on veut instaurer des mesures de
sauvegarde. Pour cela il faut que le comportement de l'un des époux puisse entrainer une crise.

C- Une décision du juge

La compétence est réservée au JAF depuis une loi de 1973. Cela s'explique par le fait qu'il
s'agisse des crises conjugales.
Il peut statuer soit en référé (procédure contradictoire) ou en cas de besoin par ordonnance
sur requête (procédure non contradictoire). Cette ordonnance est soumise à publicité foncière (si
bien immobilier) ou à une publicité spéciale aux tiers (Art 220-2).

§2 Les mesures

A- Caractère

Ce sont des mesures de sauvegarde, donc elles doivent être urgentes. En cas de crise cela
justifie l'application de ces mesures notamment en cas de divorce.
Elles doivent être temporaire, l'Art 220-1 al 4 précise que « leur durée doit être
déterminée, et ensuite elles ne peuvent dépasser 3 ans max ».
Elles sont provisoires, c'est-à-dire qu'à tout moment elles peuvent être modifiées.
Leur nature est d'être conservatoire et préventive, afin d'empêcher la réalisation du danger
non de sanctionner un dommage accompli.

B- Objet

La formule de l'Art 220-1 est large « le juge peut prendre toute mesure urgente que requiert
les intérêts de la famille ».
Il faut que la mesure soit légalement possible. Un époux ne peut pas empêcher l'autre de
rendre visite à son amant ou maitresse.
L'Art 220-1 al 2 prévoit la possibilité de prendre des mesures afin d'interdire à un époux
de faire sans son consentement des actes de disposition soit sur des biens propres soit sur des
biens communs (indisponibilité juridique). Le juge peut interdire de déplacer des biens
(indisponibilité matérielle).
Les parties peuvent demander au juge d'autres types de mesures que celles qui sont listées
comme par exemple la mise sous séquestre de biens ou encore la nomination d'un administrateur
judiciaire pour la gestion de la communauté.

C- Régime

L'Art 220-3 organise la nullité de certains actes faits en violation de l'ordonnance.


Sont annulables les actes passés sur un meuble avec un tiers de mauvaise foi, la
mauvaise foi pouvant résulter soit de la signification de l'ordonnance aux tiers, soit de la
démonstration de ce que le tiers connaissait l'ordonnance.
En revanche sont annulables les actes passés sur un immeuble simplement du fait qu'ils
sont postérieurs à la publication de l'ordonnance au service de la publicité foncière.
Le délai d'action est de 2 ans à partir de la connaissance de l'acte par l'époux requérant. Mais
jamais plus de 2 ans à compter du jour de la publication de cet acte si celui ci est sujet à publicité
foncière.

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