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CHAPITRE 2 : LES EFFETS DE LA VENTE

La vente est un contrat synallagmatique, l'acheteur a l'obligation de verser le prix et le


vendeur doit transférer la chose. L'effet translatif n'est pas vraiment une obligation.

Section 1 : L'effet translatif

Sous-section 1 : Un effet principal : le transfert de propriété

Le transfert de propriété n'est pas une obligation qu'exécute le vendeur. La propriété est
transférée de plein droit par la seule conclusion du contrat de vente. Dans les autres pays le transfert
du bien est vraiment une obligation alors qu'en France dès qu'il y a conclusion du contrat ipso facto
il y a transfert de propriété. Qu'il s'agisse du du droit romain ou du droit ancien le transfert de
propriété était une obligation à l'acheteur, la propriété n'était transférée qu'au jour où le vendeur
remettait le bien matériellement à l'acheteur. Depuis 1804 le transfert de propriété est un effet légal
du contrat de vente. Cette règle vaut toujours entre les parties pas toujours à l'égard des tiers.

§1 Le transfert de propriété entre les parties

A- Le principe

Art 1583 dispose que « la vente est parfaite entre les parties, et la propriété est acquise de
droit à l'acheteur à l'égard du vendeur dès qu'on est convenu de la chose et du prix quoique la
chose n'ait pas encore été livrée ni le prix payé ».
Art 1196 dispose que « les contrats ayant pour objet l'aliénation de la propriété ou la
cession d'un autre droit, le transfert s'opère lors de la conclusion du contrat ».

Concernant les conséquences à l'égard du vendeur : à l'instant même de la conclusion de la


vente, la chose quitte son patrimoine. Cela signifie d'une part que ses créanciers ne peuvent plus
saisir cette chose alors même qu'il n'a pas encore livré ni payé la chose. D'autre part tous les
actes qu'il pourrait faire sur cette chose ne peuvent plus être fait en tant que propriétaire. Par
exemple s'il vend à nouveau, il vendrait la chose d'autrui puisqu'il n'en est plus propriétaire.
Concernant les conséquences à l'égard de l'acheteur : dès la conclusion de la vente il est
propriétaire donc d'une part la chose tombe dans son patrimoine, donc ses créanciers peuvent
dès la vente saisir le bien alors même qu'il n'en est pas encore en possession. Et d'autre part lui
seul à la qualité de propriétaire et peut donc conclure des actes sur ce bien.

B- Les exceptions

1) Les exceptions légales

a. Retard du transfert

La loi prévoit dans des cas particuliers un retard du transfert de propriété lorsque la nature
des choses impose ce retard :

– La vente porte sur une chose future : le transfert de propriété est alors retardé jusqu'à
l'achèvement de la chose. Cela n'est pas à confondre avec la livraison.
– La vente porte sur des choses de genre : le transfert de propriété ne va s'opérer qu'au
jour de leur individualisation.

b. Avancement du transfert
C'est l'hypothèse de la vente d'immeubles en l'état futur d'achèvement : vente sur plan.
Comme c'est une vente sur chose future normalement le transfert devrait être retardé
au jour de l'achèvement, la loi ici prévoit qu'alors même que l'on est en présence d'une chose
future, le transfert va s'opérer dès la conclusion de la vente. Cela s'explique par la volonté de
protéger l'acheteur d'un éventuel risque de faillites du vendeur. S'il fait faillite les créanciers peuvent
saisir ses biens, et donc puisque le transfert de propriété s'est déjà opéré ils ne pourront pas y
toucher.

2) Les exceptions conventionnelles

a. Clauses retardant le transfert

Tout en concluant la vente, les parties s'accordent pour différer le transfert de


propriété. C'est la clause de réserve de propriété, c'est un vendeur qui vend un bien à un acheteur,
celui ci livre la chose à l'acheteur qui prend possession de la chose mais l'acheteur n'est pas encore
propriétaire, elle sera transférée au jour du complet paiement du prix.

b. Clauses avançant le transfert

Ce sont les ventes de navires à construire où on calque l'hypothèse de la vente d'immeubles


futurs en construction. L'acheteur va quand même être propriétaire dès la conclusion de la vente.

§2 Le transfert de propriété à l'égard des tiers

A- Les ayants cause à titre réel

C'est la personne qui a acquis un droit réel sur le bien soit par l'intermédiaire du vendeur soit
par l'intermédiaire de l'acheteur.
On fait une distinction entre les ayants cause universels et les ayants cause à titre particulier.
Ici on ne parle seulement des ayants cause à titre particulier. Un ayant cause universel est celui qui
poursuit la personne de son auteur (l'héritier). Alors que l'ayant cause à titre particulier a acquis un
droit de son auteur, c'est l'exemple de l'achat d'un bien à un vendeur.

1) Les ayants cause du vendeur

A vend son bien à B, puis a vend à nouveau son bien à C. Qui est propriétaire : B ou C ? Ils
sont tous les deux des ayants cause de A. Le conflit se pose entre B et C qui sont tiers, ce n'est pas
un conflit entre les parties. Il faut ainsi distinguer selon le bien retenu.

a. La vente d'immeuble

En matière immobilière, le transfert de propriété n'est opposable aux tiers qu'après


publication de la vente aux services de la publicité foncière. A vend a B le 9 novembre sa
maison, B est propriétaire à l'égard de A, mais il ne peut l'opposer aux tiers qu'au jour où il aura
publié aux services de publicité foncière la vente conclue. Si A vend à C le 10 novembre alors
même que B n'a pas encore publié, qui est propriétaire ?
Art 1198 al 2 dispose que « lorsque deux acquéreurs successifs de droits portant sur un
même immeuble tiennent leur droit d'une même personne, celui qui a, le premier, publié son titre
d'acquisition est préféré même si son droit est postérieur, à condition qu'il soit de bonne foi ».
En l'espèce si C publie avant B alors il sera préféré. Ce principe est tempéré car il faut que C
soit de bonne foi. Il faut qu'il ignorait au moment de la vente, que A avait déjà vendu le bien.
Cet article vient briser la jurisprudence qui considérait qu'entre deux ayants cause
celui qui l'emportait était celui qui avait publié en premier peu importe qu'il soit de bonne foi
ou pas.

b. La vente de meubles corporels

La possession va avoir une fonction d'opposabilité (Art 2276).


Art 1198 al 1 dispose que « lorsque deux acquéreurs successifs d'un même meuble corporel
tiennent leur droit d'une même personne, celui qui a pris possession de ce meuble en premier est
préféré même si son droit est postérieur, à condition qu'il soit de bonne foi ».
Si C a acheté le bien après B mais qu'il est entré en possession avant B alors il pourra lui
opposer son droit de propriété à condition qu'il soit de bonne foi.

c. La vente de meuble incorporels

Variété de règles :

– Le conflit va être réglé par un système de publicité. Ce cas de figure vaut pour les droits
de propriété industrielle (brevets, marques, dessin, modèles). Si A va son modèle à B mais
que A le revend à C, alors celui qui inscrit son droit de propriété à l'INPI en premier
l'emporte.
– Le conflit va être réglé par une formalité de notification. Dès lors qu'il y a notification
aux tiers alors le droit de propriété est opposable notamment en matière de cession de
créances.
– Le conflit va être réglé par aucune formalité. Dans ce cas c'est la vente elle même qui est
opposable aux tiers. Système dangereux pour les tiers car ils n'en ont pas connaissance.

2) Les ayants cause de l'acheteur

A vend à B et B vend à C. C se retrouve dans un conflit avec d'autres personnes. Le conflit


pouvant exister peut être entre A et C, B en demandant la nullité de la vente la rétroactivité s'active
et donc en principe C n'a plus de propriété puisque la nullité s'opère en cascade (Annulation ou
résolution).

B- Les ayants cause à titre personnel

C'est un droit contre une personne, autrement dit c'est le fait d'être créancier. A vend son bien
à B et B le loue à C (ayant cause à titre personnel de A), peut-il dire qu'il est locataire à B ?

1) Principe

Il y a une opposabilité immédiate du transfert de propriété réalisé par la vente. Cela


veut dire que le locataire a contracté un bail d'une personne qui n'était pas propriétaire, donc ce
locataire ne jouit d'aucune protection, ce locataire ne peut pas se prévaloir des règles de la publicité
foncière.
De même en matière corporel, C ne peut pas se prévaloir du fait que B n'a pas encore la
possession du meuble.
La règle fait que le transfert de propriété va pouvoir être opposé dès la vente à tout
ayant cause à titre personnel.

2) Tempéraments
→ Cas particulier des droits de propriété intellectuelle : notamment en matière de propriété
industrielle, la publicité de la vente au registre de l'INPI constitue une opération d'opposabilité
de la vente à tous les tiers qu'ils soient des ayant cause à titre réel ou à titre personnel.
Exemple : A vend son brevet à B le 9 novembre, le 10 novembre A le concède à B (location),
C peut opposer son droit dès lors que B n'a pas encore publié son droit au registre.

→ Dans les autres domaines : le locataire peut bénéficier de 2 protections :

– Il peut opposer le fait que la vente n'a pas de date certaine (soit acte authentique, soit
acte enregistré).
– Il peut opposer la théorie de l'apparence. A avait toute l'apparence d'un propriétaire. Donc
C pourra dire qu'il est bien locataire.

C- Les véritables tiers

Ce sont ceux qui n'ont pas contractés avec l'une des parties, ni de droits réels ni de droits
personnels. Ils auront un rapport juridique avec le propriétaire. Exemple : un tiers subi un dommage
en raison du bien. Ce tiers pourra-t-il agir contre l'acheteur ou contre le vendeur ?

1) Principe

Dès la vente, le transfert de propriétaire est opposable aux tiers, peu importe qu'il y ait
eu publicité. À l'égard des véritables tiers, c'est l'acheteur qui est le véritable propriétaire.

2) Exceptions

→ Le cas de la fraude : on simulerait une vente pour permettre à l'acheteur d'obtenir une
indemnisation de son assureur. Dans ce cas l'assureur pourra opposer l'hypothèse de la fraude.

→ Le cas particulier des droits de propriété intellectuelle : en matière de droits industriels c'est
uniquement au jour où il y a publication au registre de l'INPI qu'il y a opposition à l'égard des
tiers.

Sous-section 2 : Un effet accessoire : le transfert des risques

Entre la conclusion de la vente et la remise de la chose, un dommage survient sur la chose.


Qui supporte les conséquences du dommage ?

§1 Le principe

Art 1196 al 3 qui prévoit que « le transfert de propriété emporte transfert des risques de la
chose ». Concomitance avec le transfert de propriété.
La logique repose sur un adage « res perit domino » c'est-à-dire que si la chose périe c'est le
propriétaire qui en supporte les conséquences.
Parfois il peut être difficilement acceptable que celui qui n'a pas reçu la chose en supporte
les risques. C'est la raison pour laquelle cette règle n'est pas d'ordre public.

§2 Les exceptions

A- Les exceptions légales

1) Vente sous condition suspensive


Art 1304-6 al 2 dispose que « la chose, objet de l'obligation, n'en demeure pas moins aux
risques du débiteur qui en conserve l'administration et a droit aux fruits jusqu'à l'accomplissement
de la condition ». Comme je conserve la chose je dois supporter les risques. Par contre lorsque
la condition va se réaliser, il y aura rétroactivité de la propriété donc peu importe c'est le
débiteur qui devra supporter les risques sur la chose.

2) Vendeur mis en demeure de délivrer la chose

Art 1196 al 3 dispose que « toutefois le débiteur de l'obligation de délivrer en retrouve la


charge à compter de sa mise en demeure ». Le vendeur a l'obligation de délivrer le bien, s'il ne le
fait pas et qu'il est mis en demeure par l'acheteur de le faire, si un dommage survient sur le
bien le risque pèse sur le vendeur alors même qu'il n'est plus propriétaire.

3) Vente d'immeuble en état futur d'achèvement

Vente d'immeuble à construire, le bien n'est pas encore livré mais l'acheteur est déjà
propriétaire au fil de la construction. Si un dommage survient les risques demeurent à la charge
du seul vendeur jusqu'à l'achèvement de la construction afin de protéger l'acheteur.

4) Vente au consommateur

Le risque de perte est impérativement lié à la remise physique de la chose. Exemple :


achat d'ordinateur, il faut venir le chercher plus tard mais incident, le consommateur est déjà
propriétaire et devrait supporter les risques. Mais on dit que dès lors qu'il n'a pas pris possession
du bien les risques pèsent sur le vendeur.

B- Les exceptions conventionnelles

1) La clause de réserve de propriété

Stipulation d'une clause qui signifiera que la propriété ne sera transférée qu'au jour du
paiement complet du prix alors même que l'on a le bien entre nos mains. Que se passe-t-il si le
bien est volé ? Le vendeur est encore propriétaire dans ce délai. Le transfert de risques se justifie
par le fait que l'acheteur doit supporter les risques qui pèsent sur la chose.

2) Les ventes maritimes

Traditionnellement on prévoit que l'on calque le système de la vente maritime sur la vente
d'un immeuble en état futur d'achèvement. L'acheteur devient propriétaire au fur et à mesure de la
construction, en cas de faillite il pourra récupérer une partie du bateau.
Quid des risques ? On stipule une clause au terme de laquelle les risques pèsent sur le
vendeur tant que le bateau n'est pas complètement achevé.

Section 2 : L'effet obligationnel

La vente est un contrat synallagmatique, comme chacune a des obligations.

Sous-section 1 : Les obligations du vendeur

Art 1603 dispose que « le vendeur est tenu de deux obligations principales, celle de délivrer
et celle de garantir la chose qu'il vend ». Cet Art propre à la vente ne suppose pas seulement 2
obligations mais d'autres obligations en découlent.

§1 Les obligations tirées du droit commun

A- L'obligation de renseignement

Le vendeur doit renseigner son acheteur sur la chose qu'il lui vend. Le renseignement
implique un double niveau d'obligation :

– Une obligation d'information : des caractéristiques de la chose. Diagnostic technique pour


les immeubles par exemple.
– Une obligation de conseil : le vendeur ne doit pas se contenter d'informer l'acheteur il doit
l'informer sur la pertinence de l'information qu'il donne. Cette obligation de conseil qui
est inhérente à l'obligation d'information ne vaut pas pour toutes les ventes (entre
particuliers). Cette obligation vaut surtout pour les ventes techniques pour les professionnels
ayant une certaine connaissance.

B- L'obligation de sécurité

Vise une hypothèse trouvant son origine dans une loi du 19 mai 1998 qui a eu pour objet de
transposer une directive de l'UE relative à la responsabilité du fait défectueux. Illustration : un
fabricant de TV qui vend à un fournisseur et un acheteur se procure un TV, elle explose et met le
feux à la maison. Il est possible d'agir contre le vendeur, mais aussi contre le fabricant au nom de la
responsabilité du fait défectueux alors même qu'il n'y a aucun rapport entre le fabricant et l'acheteur.
La justification se trouve dans la défectuosité du bien.

§2 L'obligation de délivrance

A- L'objet de la délivrance

Art 1604 qui dispose que « la délivrance est le transport de la chose vendue en la puissance
et possession de l'acheteur ».
Avec l'avant projet de réforme on a tenté de moderniser les choses en prévoyant que « le
débiteur de la délivrance doit mettre le bien et ses accessoires à disposition du créancier ».
Qu'est ce l'obligation de délivrance ? C'est la mise à disposition de la chose du vendeur à
l'acheteur, qui est conforme à la chose vendue. La mise à disposition n'est pas la livraison.
Il faut distinguer l'objet de l'obligation de délivrance de l'obligation de garantie des vices
cachés :

– Achat d'une voiture jaune et on me la donne en gris.


– Achat de graines de roses à planter en automne et elles devaient produire des fleurs roses,
mais au printemps elles sont blanches.
– Achat d'un terrain pour y construire une maison, mais ce terrain est inconstructible.

L'obligation de délivrance permet à l'acheteur d'agir pendant un délai du droit commun


(5ans). De l'autre côté la garantie contre les vices cachés permet d'agir dans les 2 ans.
Qu'est ce qu'une chose conforme ? Traditionnellement, on enseigne que la délivrance conforme
est le fait de mettre à disposition une chose qui matériellement est conforme aux spécifications
convenues par les parties. Dans le premier cas la délivrance n'est pas conforme car il était convenu
que la voiture soit jaune. Dans le deuxième cas aussi. Il y aura vice caché lorsque la chose ne
correspond pas à l'usage normalement attendu. Autrement dit dans le vice caché on est dans la
recherche de l'aptitude de la chose à remplir l'usage normalement attendu. Dans ce troisième cas on
est bien en présence de vices cachés.
La conformité est une approche très matérielle, les vices cachés sont un problème plus
fonctionnel on regarde si le bien rentre dans l'usage normalement attendu.
Cette distinction a été contestée dans les années 80 par la doctrine. Certains ont soutenu que
tout cela était la même chose, il est préférable de considérer que tout cela correspond à une seule et
même obligation, la conformité étant ce que l'on attend de la chose selon ces auteurs. La
jurisprudence dans les années 90 a repris cette doctrine et dans plusieurs arrêts elle a estimé que le
défaut de conformité était l'hypothèse où la chose vendue ne correspond pas à l'usage attendu
(fusion entre conformité et vices cachés). Cette jurisprudence a été critiquée par l'autre frange de la
doctrine qui elle, est majoritaire. Donc au début des années 2000, la jurisprudence est revenu sur sa
conception traditionnelle :
S'il s'agit de la conformité de la chose selon les spécifications convenues par les parties
alors on est en présence d'obligation de délivrance : il y a inexécution de l'obligation de
délivrance en cas de défaut.
S'il s'agit de la conformité de la chose selon sa destination normale, son usage normal
alors on est en présence d'obligation de garantie contre les vices cachés de la chose.

B- Les modalités d'exécution

1) La forme de la délivrance

Pour les immeubles la délivrance se fait par la remise des titres de propriété.
Pour les meubles, la délivrance se fait par la mise à disposition matérielle du bien. La
délivrance c'est une obligation juridique, ce n'est pas entrer en possession (soit aller chercher le bien
soit se faire livrer).

2) Le lieu de la délivrance

Il est en principe le lieu où se trouvait la chose au moment de la vente. C'est à


l'acheteur de venir retirer le bien puisqu'il en est propriétaire. S'il demande à être livré, les frais
de livraison lui incombent.

3) La date de la délivrance

En principe la délivrance se réalise au moment de la vente. Dans certains cas la


délivrance n'est pas concomitante de la vente, elle s'opère après la conclusion de la vente, c'est dans
ces cas qu'il y a des difficultés à savoir si la chose est bien conforme.

C- Les sanctions en cas d'inexécution

Art 1610 qui dispose que « si le vendeur manque à faire la délivrance dans le temps
convenu entre les parties, l'acquéreur pourra, à son choix, demander la résolution de la vente, ou
sa mise en possession (exécution forcée), si le retard ne vient que du fait du vendeur ».
Art 1611 « dans tous les cas le vendeur doit être condamné aux dommages et intérêts s'il
résulte un préjudice pour l'acquéreur du défaut de délivrance au terme convenu ».
Art 1217 issu de l'ordonnance du 10 février 2016 est un article d'annonce, en annonçant
toutes les sanctions possibles en cas d'inexécution d'une obligation :

– Refus d'exécuter ou suspension de l'exécution de sa propre obligation (exception


d'inexécution, je décide de ne pas payer car la chose est non conforme).
– Poursuivre l'exécution forcée en nature de l'obligation
– Solliciter une réduction du prix (innovation).
– Provoquer la résolution du contrat.
– Demander réparation des conséquences de l'inexécution (Art 1611).

L'Art 1217 qui est de droit commun s'applique au droit de la vente. Concernant les
sanctions, le délai pour agir ne peut être que celui du droit commun de la prescription c'est-à-dire 5
ans à compter du jour du constat de l'inexécution de l'obligation de délivrance.

§3 L'obligation de garantie

Art 1625 dispose que « la garantie que le vendeur doit à l'acquéreur a deux objets : le
premier est la possession paisible de la chose vendue (garantie d'éviction) ; le second, les défauts
cachés de cette chose ou les vices rédhibitoires ».

A- La garantie d'éviction

L'objet de cette garantie signifie que le vendeur garantie son acheteur contre l'éviction de
son droit de propriété. L'intensité de cette garantie d'éviction diffère selon qu'elle attrait au propre
fait du vendeur ou du fait des tiers.

1) La garantie du fait personnel

Cette garantie peut être résumée par cette maxime : qui doit garantie ne peut évincer.
Le vendeur ne peut jamais évincer son acheteur, il ne peut jamais reprendre par une voie détournée
ce qu'il a vendu à l'acheteur.

→ Domaine : cette garantie s'applique tant aux troubles de droit que de fait.
Concernant les troubles de droit, cela signifie que le vendeur ne viendra pas contester la
propriété de l'acheteur. Le vendeur a droit d'agir pour une nullité ou une résolution il ne peut pas
seulement contester le droit de propriété de son acheteur aux moyens d'une autre voie qui lui serait
ouverte s'il n'était pas vendeur. Exemple : je ne peux pas revendiquer le droit de propriété de mon
acheteur sur le terrain de l'usucapion. Le vendeur occupe toujours le terrain, l'acheteur est quand
même propriétaire, au bout de 10 ans ou 30 ans, le vendeur ne peut pas dire qu'il est propriétaire.
Concernant les troubles de fait, ce sont les faits du vendeur qui ne doivent pas conduire pas
à une éviction de l'acheteur. Exemple : vendeur d'un fonds de commerce vient informer la clientèle
de son nouvel emplacement.

→ L'intensité de cette obligation : la règle est d'ordre public. Toute clause du contrat de vente
qui déchargera le vendeur de cette garantie, de son fait personnel est nulle. La garantie d'éviction du
fait personnel est une garantie d'ordre public.

2) La garantie du fait des tiers

Il s'agit d'un trouble émanant d'un tiers. Cela signifie que le vendeur va devoir garantir que
des tiers ne vont pas pouvoir troubler la propriété de son acheteur.

→ Domaine : il est plus limité ici. Le vendeur n'est garant que des troubles de droit
provenant de tiers. Exemple : vente d'une maison, plus tard un voisin dit qu'il a une servitude sur le
terrain. Le vendeur doit garantie de ce trouble. Ou le tiers qui revendique le droit d'être locataire.
En revanche lorsqu'il s'agit de troubles de fait de tiers, le vendeur n'est pas tenu par la
garantie.
→ L'intensité : cette règle n'est pas d'ordre public. Les parties peuvent convenir d'une clause
de non garantie.

B- La garantie des vices cachés

1) Les conditions

Pour que l'acheteur puisse se prévaloir d'une garantie des vices cachés il doit rapporter la
preuve de la réunion de 4 conditions :

– Vice impropre à l'usage normal de la chose : Art 1641. Si j'achète une voiture c'est pour
qu'elle roule. Cet usage peut être diminué, ce n'est pas un défaut qui touche aux
spécifications contractuelles, c'est une notion objective, usage anormal.
– Vice caché : Art 1642, le vendeur n'es pas tenu des vices apparents et dont l'acheteur a pu se
convaincre lui même. Le vice apparent est celui qui saute aux yeux.
– Vice doit être antérieur à la vente : le vice existait au jour de la vente.
– Absence de clause de non garantie : garantie des vices cachés n'est pas d'ordre public.
Cette clause de non garantie est en principe licite sauf lorsque le vendeur est un
professionnel et qu'il vend à un profane. En matière immobilière, il est d'usage dans les
ventes entre particuliers de stipuler une clause de non garantie des vices cachés. C'est une
clause de style.

2) Les effets

→ Art 544 dispose que « l'acheteur a le choix de rendre la chose et de se faire restituer le prix,
ou de garder la chose et de se faire rendre une partie du prix ». Il a le choix entre la résolution de
la vente (action rédhibitoire) et entre une diminution du prix (action estimatoire).

→ Art 1648 dispose que « l'action doit être intentée par l'acquéreur dans un délai de 2 ans à
compter de la découverte du vice ».

§4 La garantie de conformité due au consommateur

Ne s'applique pas à toutes les ventes qu'à certaines car cette garantie ne se situe pas dans le
Code civil mais dans le code de la consommation. Directive du 25 mai 1999 qui a eu pour objet de
régir certains aspects de la vente et les garanties des biens de consommation. L'idée est d'instaurer
une garantie au profit du consommateur. L'idée est de créer une sorte de fusion entre l'obligation de
délivrance et la garantie des vices cachés. Il a fallu attendre une ordonnance du 17 février 2005 pour
transposer cette directive. On s'est posé la question de savoir si l'on faisait une transposition a
minima ou est ce qu'il ne fallait pas refondre notre Code civil sur les obligations dues par le
vendeur. On aurait plus qu'une seule obligation : la garantie de conformité. La transposition s'est
faite a minima donc sans toucher au Code civil, on a mis cette garantie dans le Code de la
consommation aux Arts L217-1.

A- Le domaine

1) Les ventes concernées

→ Art L217-1, quant à l'objet de la vente la garantie de conformité ne s'applique que pour la
vente de biens meubles corporels. En revanche peu importe qu'il soit neuf ou d'occasion. Sont
assimilés aux contrats de vente les contrats de fourniture de biens meubles à fabriquer ou à
produire.
Certains biens supposent de se demander s'ils sont corporels ou incorporels ? Exemple de
l'eau : corporel. Mais pour le gaz la loi prévoit que lorsqu'il est conditionné c'est un meuble
corporel. En revanche pour la fourniture d'électricité ce n'est pas un meuble corporel.

→ Art L217-3, quant aux parties, cela ne vise que les ventes conclues entre un vendeur
professionnel d'une part et d'autre part un acheteur consommateur. Cela ne s'applique pas
dans une vente entre deux professionnels ou entre deux consommateurs.

→ Art L217-2, quant à l'exclusion, la garantie est exclue dans les ventes aux enchères et celles
faites par autorité de justice.

Le domaine concerne donc des ventes de gré à gré d'un meuble corporel entre un
professionnel et un acheteur consommateur.

2) Les défauts concernés

→ Art 217-4 prévoit que le vendeur livre un bien conforme au contrat et répond des
défauts de conformité existant lors de la délivrance.
→ Art 217-5 définit que le bien est conforme au contrat :

– S'il est propre à l'usage habituellement attendu d'un bien semblable (Garantie des vices
cachés du Code civil).
– Ou s'il présente les caractéristiques définies d'un commun accord par les parties ou est
propre à tout usage spécial recherché par l'acheteur, porté à la connaissance du
vendeur et que ce dernier a accepté.

On voit ici que cette garantie de conformité adopte une conception moniste de la
conformité c'est-à-dire à la fois l'obligation de délivrance du Code civil et aussi la garantie des
vices cachés du Code civil.

B- Le régime juridique

1) L'action en garantie

→ Art L217-12 dispose que l'action résultant du défaut de conformité se prescrit par 2 ans à
compter de la délivrance du bien. Dans le droit commun on a 2 actions (action sur la délivrance 5
ans à compter de la délivrance / action des vices cachés 2 ans à compter de la découverte des vices).
Concernant la conformité c'est 2 ans à compter de la délivrance. On pourrait dire que ce point de
départ n'est pas protecteur du consommateur. Mais autre Art :

→ Art 217-13 qui prévoit que s'il est impossible d'agir sur le fondement du droit sur-
spécial du droit de la consommation il est quand même possible d'agir sur le terrain du droit
spécial de la vente c'est-à-dire sur le Code civil s'il y a démonstration que les délais en droit civil
ne sont pas prescrits.

2) Les effets de l'action en garantie

Art L217-9 qui dispose qu'en cas de défaut de conformité l'acheteur choisit entre la
réparation et le remplacement du bien. Toutefois le vendeur peut ne pas procéder selon le choix
de l'acheteur si ce choix entraine un coût manifestement disproportionné au regard de l'autre
modalité (réparation coûte moins cher que remplacement).
Art L217-10 prévoit que si la réparation et le remplacement sont impossibles soit l'acheteur
rend le bien et se fait restituer le prix, soit le conserver et se fait rendre une partie du prix.

Sous-section 2 : Les obligations de l'acheteur

§1 L'obligation de payer le prix

A- L'exigibilité du prix

Art 551 du Code civil qui dispose que « s'il n'a rien été réglé à cet égard lors de la vente,
l'acheteur doit payer au lieu et dans le temps où doit se faire la délivrance ».

Le moment du paiement : le principe est que ce sont les parties qui décident du moment
du paiement du prix. Mais si les parties n'ont rien prévu, à défaut c'est la loi qui supplée la
volonté des parties. Le prix devient alors exigible par la délivrance. Ce n'est donc pas par le
transfert de propriété c'est au moment de la délivrance. 2 Conséquences :

– Le vendeur qui réclame le prix doit prouver qu'il a satisfait à son obligation de délivrance.
– L'acheteur peut refuser de payer le prix tant que la délivrance n'est pas parfaite, c'est-à-dire
que le bien n'est pas conforme aux stipulations contractuelles.
Le lieu du paiement : l'acheteur doit payer au lieu où se fait la délivrance c'est-à-dire au
lieu où se trouve le vendeur puisque c'est lui qui délivre le bien. C'est à l'acheteur de se déplacer ou
de payer les frais de transport.

B- Les sanctions du défaut de paiement du prix

La loi octroie au vendeur une diversité de moyens pour obtenir le paiement du prix :

– Art 712 qui permet au vendeur de refuser la livraison du bien tant qu'il n'a pas été
payé.
– Art 2332 qui reconnaît au vendeur un droit de revendication de la chose vendue
mobilière entre les mains de l'acheteur dans les 8 jours de la vente. C'est l'hypothèse où
l'acheteur a pris possession du bien mais n'a pas encore payé. Le vendeur a le droit de
revendiquer le bien c'est-à-dire qu'il dit que la vente est résolue car il manque une exécution
de l'obligation de l'acheteur celle de payer.
– En matière de vente de denrées qui prévoit une résolution de plein droit au profit du
vendeur à défaut de retirement de la chose vendue dans le délai convenu. Il faut pouvoir
que la résolution se fasse vite pour qu'une nouvelle vente se fasse.
– Le vendeur dispose d'un privilège spécial sur le bien vendu. Les créanciers vont vouloir
se faire payer en liquidant l'actif (en vendant l'immeuble par exemple). Le problème est que
tous les créanciers ne pourront pas tous se faire payer il y en a qui sont propriétaires
notamment le vendeur qui en fait parti.
– Issu de l'ordonnance de 2016 qui permet au créancier d'avoir une action directe en
paiement de sa créance au débiteur de son débiteur.

§2 L'obligation de prendre livraison

Prendre livraison c'est procéder au retirement de la chose. Le vendeur a l'obligation de


délivrer la chose et l'acheteur a l'obligation de payer. L'acheteur a donc l'obligation de retirer le
bien entre les mains du vendeur. Depuis la formation de la vente l'acheteur est propriétaire donc
c'est à lui de récupérer la chose.
Pour certains biens qui sont difficilement stockables, l'obligation de retirement doit être
exécutée très vite.
La sanction peut être la résolution de plein droit.

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