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Article 1088 du Code


civil – Les donations
avant mariage

Par UseYourLaw

 1 avril 2023

Généralement la séparation des concubins


est suivie de revendications, parmi
lesquelles celles tendant à la restitution des
cadeaux mutuellement o!erts. L’article
1088 du Code Civil prescrit que « Toute
donation faite en faveur du mariage sera
caduque si le mariage ne s’ensuit pas ».
Cette règle n’est toutefois pas absolue et
peut admettre quelques exceptions. Par
ailleurs, quel est le sort particulier de la
bague de fiançailles ?

Sommaire
1. Rappel sur les fiançailles
2. Quel est le sort des donations consenties
avant le mariage
2.1. Le principe de la restitution des libéralités
2.2. Les exceptions au principe de restitution
des donations posé par l’article 1088 du
Code civil
3. Quel est le sort particulier de la bague de
fiançailles
3.1. La bague comme bijou de famille
3.2. Lorsque la bague n’est pas bijou de
famille

Rappel sur les


fiançailles
Les fiançailles sont un engagement moral, une
promesse de mariage faite entre deux personnes.
Elles sont une expression publique de la volonté
et de l’intention de se marier avec son ou sa
fiancée. Les fiançailles s’étendent de la demande
en mariage jusqu’au mariage proprement dit.

C’est une période non contraignante car les


fiancés ou futurs mariés ne sont pas vraiment
soumis aux devoirs et obligations des mariés
prescrits aux articles 212 et 215 et Code civil.
C’est donc une phase libre en principe, une phase
préparatoire qui devrait normalement conduire au
mariage.

C’est dans ce cadre que certains actes peuvent


être posés par les fiancés, leur entourage ou
proches parents, en vue du mariage prochain. Le
législateur énonce à cet e!et, lorsque la finalité
de mariage n’est pas atteinte, les donations
consenties en sa faveur sont nuls.

Quel est le sort


des donations
consenties avant
le mariage
S’il peut être admis que certaines donations
entre fiancés peuvent être consenties en dehors
des fiançailles, c’est-à-dire sans considération de
la finalité de mariage, la préoccupation reste
cependant celle des donations consenties en
considération du mariage prochain. A cet e!et,
le législateur a tranché en posant un principe qui
plus tard sera tempéré par la jurisprudence.

Le principe de la restitution des


libéralités
Lorsque le mariage des fiancés n’a plus lieu, les
donations ou les libéralités faites en sa faveur
doivent être restituées. C’est ce qui ressort de
l’article 1088 du Code civil. Une libéralité est au
sens de l’article 893 du Code civil tout acte par
lequel une personne dispose à titre gratuit de tout
ou partie de ses biens ou de ses droits au profit
d’une autre personne. En d’autres termes, une
libéralité est un don entre vifs ou par
disposition testamentaire.

Ainsi présenté, le principe est clair et de


compréhension facile. Le problème se pose au
moment de la qualification de la donation. Tous
les actes de don entre fiancés tombent-ils
automatiquement dans le champ d’application de
l’article 1088 du Code civil ? Le juge a tempéré
cet article en admettant des exceptions.

Les exceptions au principe de


restitution des donations posé par
l’article 1088 du Code civil
Pour son application matérielle, le juge a ressorti
certaines limites à l’article 1088 du Code civil, ou
encore il a posé certaines conditions. L’objectif ici
reste la détermination de la donation. Quel acte
peut être retenu comme une donation ?

Dans un arrêt du 30 décembre 1952, Sacha Guitry,


le juge de la Cour de cassation a distingué la
donation, du présent d’usage. Un présent
d’usage est un don ou cadeau de faible valeur, qui
est fait non pas de manière ponctuelle ou isolée,
mais plutôt régulièrement ou selon une certaine
fréquence. Il n’entre pas dans le champ
d’application de l’article 1088 du Code civil ; il n’a
donc pas à être restitué en cas de rupture des
fiançailles.

Deux conditions cumulatives permettent


d’échapper à la qualification de donation et à
son régime juridique. Il s’agit de :

La modicité du cadeau ou alors sa faible valeur


compte tenu de la fortune et du train de vie du
disposant.
L’existence d’un usage ou coutume d’o!rir un
cadeau dans le cadre d’une situation
particulière.

Cela dit, si le cadeau a une grande valeur au vu


du train de vie du fiancé disposant, alors le juge
retiendra la qualification de donation. A noter
toutefois que la valeur du présent s’apprécie à la
date à laquelle il est consenti.

Quel est le sort


particulier de la
bague de
fiançailles
Le sort de la bague de fiançailles est tout à fait
particulier. Il a un régime juridique distinct du
régime juridique de la donation. Il faut alors
distinguer selon que la bague est un bijou de
famille ou pas.

La bague comme bijou de famille


Lorsque la bague est un bijou de famille, elle
doit être restituée en cas de rupture du contrat
de mariage. La jurisprudence estime que la
distinction donation–présent d’usage est
inopérante dans ce cas. Le déterminant ici est le
caractère familial de la bague. Dès lors qu’il est
prouvé, il y a lieu à restitution de la bague (Cass.,
ère
1 civ., 20 juin 1961).

Justifiant sa position, la Cour de cassation avance


que le don de la bague de fiançailles ne saurait
constituer une donation ou un présent d’usage.
C’est davantage un prêt dont la durée est adossée
sur la durée du mariage. A la fin de ce dernier
(rupture des fiançailles, divorce des époux), la
bague doit être retournée par le donataire à son
ère
donateur (Cass., 1 civ., 23 mars 1983). Si ce
dernier est décédé, ses descendants (héritiers,
petits-enfants) héritiers réservataires ou non,
disposent d’un droit de retour sur le bien familial
du défunt, surtout s’il est issu d’une succession.

Bon à savoir, lorsque la bague est un bijou de


famille, elle peut procéder d’une donation entre
époux ou donation au dernier vivant ; le
donataire bénéficiaire n’en a pas la pleine
propriété. Il ne jouit que de l’usufruit (usufruitier),
à l’exclusion d’une nue-propriété (nu-propriétaire).
La bague de fiançailles ayant un caractère
successoral. En tant qu’actif successoral, elle doit
être rendue au donateur héritier, s’il est décédé,
la bague continue de faire partie du
patrimoine du défunt. Dans un concubinage, le
concubin ne peut léguer que par testament. Le
concubinage n’emporte aucun droit sur une
quelconque part successorale et plus largement
sur les biens successoraux.

Lorsque la bague n’est pas bijou de


famille
Lorsqu’elle n’a pas un caractère familial, le sort
de la bague obéit à un principe qui lui-même
admet des exceptions.

Le principe : le sort de la bague est traité selon


qu’il s’agit d’un acte de donation ou d’un présent
d’usage. En fonction des caractéristiques qu’elle
revêt, la bague de fiançailles peut être restituée ou
pas à son donateur.

L’exception : quoique donation ou pas, le juge


peut décider de la non-restitution de la bague de
fiançailles pour deux raisons.
La mort du conjoint donateur (CA Amiens, 2
mars 1979). Le conjoint survivant nonobstant le
régime matrimonial, pourrait alors être autorisé
à conserver la bague de fiançailles. Tout
membre, parenté du défunt, bien que
reconnaissant la valeur successorale de la
bague.
La rupture pour faute du conjoint donateur
(CA Paris, 3 décembre 1976). La même situation
est retenue. Quoique la bague ait pu faire l’objet
d’une donation-partage, dans un testament, par
acte notarié ou par devant notaire, quoique la
valeur de la bague empiète sur la quotité
disponible de la réserve héréditaire, le donateur
héritier ou les réservataires (personnes qu’on ne
peut déshériter dans la succession), titulaires de
droits de succession, droits de donation ou
encore droits de mutation, ne pourront pas
réclamer la restitution de la bague de fiançailles.

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