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RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL

MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR,


DE LA RECHERCHE ET DE L’INNOVATION
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UNITÉ DE FORMATION ET DE RECHERCHE


DE SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES
--------------
Département Droit privé

Option : Contentieux

Licence 3 / Semestre 6

COURS : M. Hamadi Gatta WAGUÉ T.D. : M. Abdoulaye DIOP


amidigatta@yahoo.fr abdoulaye.diop@ugb.edu.sn

DROIT PATRIMONIAL DE LA FAMILLE 2


TRAVAUX DIRIGÉS

CORRECTION DE LA 2ème SÉANCE

Année académique :
2022/2023

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THÈME 1 : LA DÉTERMINATION DES HÉRITIERS DANS LES SUCCESSIONS DE
DROIT COMMUN (Séances 1 et 2)

Séance 2 : La qualité de successeur

TAF : Dissertation

Sujet : Le recel successoral.

Définition des termes du sujet /distinction avec


des notions voisines :

 Comme le relève le Doyen GUINCHARD, « le législateur sénégalais n’a pas cru


devoir définir le recel. Il faut donc s’en remettre à la jurisprudence ; à cet égard les
conditions exigées par la jurisprudence française pourront être utiles ». Aussi,
faudrait-il, selon lui « le divertissement du recel, tous les deux étant d’ailleurs
retenus par le législateur : le premier est le fait d’appréhender ce que l’on n’a pas
en sa possession ; le second c’est le fait de cacher ce que l’on a en et qui doit
entrer dans la masse salariale » ;
 Le recel successoral a été défini par jurisprudence française comme : « tout acte,
comportement ou procédé volontaires par lequel un héritier tente de s’approprier
une part supérieure sur la succession que celle à laquelle il a droit dans la
succession du défunt et ainsi rompt l’égalité dans le partage successoral » (Civ.
15 avr. 1890, DP 1890. 1. 437) ;
 Différence entre le recel successoral et le recel (cf. article 430 et s. du Code pénal);
 Différence ou assimilation entre le recel successoral et le recel d’héritier. Cette
question est appréciée différemment suivant qu’on est en droit sénégalais ou en
droit français. Le législateur sénégalais n’envisage l’omission d’héritier qu’à travers
le prisme de l’action en pétition d’hérédité. Quant au législateur français, il prévoit
l’omission d’héritier, en marge du recel de biens ou de droits d'une succession,
sachant que les sanctions sont identiques (cf. article 778 du Code civil, issu de la
Loi n°2006-728 du 23 juin 2006 portant réforme des successions et des libéralités,
entrée en vigueur le 1er janvier 2007, In : Modifié par Loi n°2006-728 du 23 juin

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2006 - art. 1 () JORF 24 juin 2006 en vigueur le 1er janvier 2007). Avant l’entrée
en vigueur du nouvel article 778 du Code civil, la Cour de cassation avait procédé
à une lecture extensive des dispositions de l’article 792 du Code civil. En effet, elle
estime que « l’article 792 du Code civil sanctionnant le recel successoral,
s'applique à l'omission intentionnelle d'un héritier » (Civ, 1ère, 20 septembre 2006,
JCPN n°40 du 6 octobre 2006). C’est à l’occasion de cette jurisprudence que la
notion de recel d’héritier a été utilisée pour la première fois. L’ancien article 792
du Code civil disposait : « Les héritiers qui auraient diverti ou recélé des effets
d'une succession sont déchus de la faculté d'y renoncer : ils demeurent héritiers
purs et simples, nonobstant leur renonciation, sans pouvoir prétendre aucune part
dans les objets divertis ou recélés » ;
 Différence entre le recel successoral et la captation d'héritage (ou détournement
d'héritage), qui se traduit par des manœuvres frauduleuses de la part d'un tiers
non-héritier pour profiter de la vulnérabilité d'une personne afin de s'approprier tout
ou partie des biens de sa future succession (cf., notamment, articles 672 et 674
du Code de la famille) ;
 Différence entre l’établissement du recel successoral et l’action en pétition
d’hérédité (cf. article 403 et s. du Code de la famille).

PROBLÉMATIQUE

Quel est le traitement du recel successoral en droit sénégalais ?

RÉPONSE

Le législateur sénégalais traite recel successoral, en prévoyant des sanctions (II), une
fois qu’il est caractérisé (I).

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I. La caractérisation du recel successoral

A. L’exigence d’une soustraction frauduleuse des biens de la succession

 Aux termes des dispositions des articles 421 et 468 du Code de la famille, il est
avant tout requis des actes matériels frauduleux pour caractériser le recel
successoral ;
 Évoquant l’élément matériel du recel successoral, le Doyen GUINCHARD estime
que « les manœuvres ne constituent pas seulement dans l’appréhension
matérielle d’un objet, mais aussi dans la fabrication d’un faux testament, dans la
production d’une fausse créance, etc... ». Il fait observer même qu’« une simple
abstention peut être retenue, comme le fait de dissimuler une donation
rapportable » ;
 Quant au Pr Jean MAURY, il relève que « le recel consiste à empêcher
directement ou indirectement les autres héritiers d’exercer leurs droits sur un
élément d’actif qui aurait dû leur revenir : s’en rend coupable, non seulement celui
qui a véritablement soustrait un ou plusieurs objets appartenant au défunt, mais
aussi l’individu qui essaie de dissimuler une donation rapportable ou réductible…
»;
 À titre de droit comparé, nous pouvons noter que le législateur sénégalais s’inscrit
dans la même optique que son homologue français (cf. article 778 du Code civil
français, qui a remplacé l’ancien article 792)

B. L’exigence d’une intention frauduleuse en l’absence de détournement


matériel

 Les articles 421 et 468 du Code de la famille visent au titre du recel successoral
« les héritiers qui ont diverti ou recelé des effets d’une succession et notamment,
qui ont omis sciemment et de mauvaise foi de les comprendre dans l’inventaire ».
Faisant une lecture de ces dispositions, le Pr Pierre BOUREL relève que « le
divertissement ou le recel qui entraîne l’acceptation forcée ne consiste pas
seulement en une soustraction frauduleuse des biens de la succession » et qu’«
il peut résulter de la simple intention frauduleuse sans détournement matériel ».
il donne comme exemples le cas de « l’héritier qui ne signale pas aux autres

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l’existence d’une valeur dont il connaît l’existence ou de celui qui dissimule aux
autres une donation qu’il a reçue du défunt ou de celui qui dissimule seulement
une dette dont il est tenu envers la succession ». Il affirme même que « dans ce
cas, il n’y a pas de détournement » et qu’« il n’y a même pas, dans le cas de la
dissimulation d’une dette, recel successoral. Il y a simplement une fraude
commise contre débiteur ». Il tire comme conclusion de sa démonstration que
c’est « l’intention frauduleuse qui est l’élément essentiel du divertissement ou du
recel » et que « doit être considérée comme tel toute fraude commise sciemment
qui a pour but de rompre l’égalité du partage, quels que soient les moyens
employés pour y parvenir » ;
 Selon le Doyen GUINCHARD, on exigera « que l’acte ait été accompli avec
intention frauduleuse ; le successible doit commettre sciemment une fraude
contre ses cohéritiers (ou contre les créanciers) ; le recel commis par
inadvertance sans l’intention de modifier la répartition successorale ne tombe pas
sous le coup de la loi » ;
 Le Pr Jean MAURY abonde dans le même sens, en estimant que, pour la
constitution de l’élément moral, « il faut avoir le désir de diminuer les droits des
autres copartageants ; de là, on conclut en général qu’un héritier unique ne peut
commettre de recel. Il n’y a pas de recel non plus, si l’héritier est de bonne foi ou
seulement distrait (par exemple, en oubliant un bien dans l’inventaire) » ;
 À titre de droit comparé, nous pouvons noter que le législateur sénégalais s’inscrit
dans la même optique que son homologue français (cf. article 778 du Code civil
français, qui a remplacé l’ancien article 792).

II. La sanction du recel successoral

A. L’acceptation pure et simple forcée de la succession par l’héritier


receleur

 À la lumière des dispositions de l’article 421 du Code de la famille, l’héritier


receleur est et demeure héritier pur et simple, « nonobstant toute renonciation ou
acceptation sous bénéfice d’inventaire ». En cela, le législateur sénégalais se
rapproche de son homologue français (cf. article 778, alinéa 1er du Code civil
français, qui a remplacé l’ancien article 792) ;

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 L’héritier receleur perd son droit d’option tel que prévu par les articles 410 et s.
du Code de la famille. Il est et demeure héritier pur et simple. En tant qu’acceptant
pure et simple forcé, l’héritier receleur devra répondre du passif « ultra vires
successionis », c’est-à-dire de celui qui va au-delà des forces de la succession.
Ce passif comprend les dettes du de cujus et les charges successorales.

B. La perte par l’héritier receleur de tout droit sur les biens connexes au
recel successoral

 L’héritier receleur perd tout droit sur les biens recelés ou divertis (cf. article 468
du Code de la famille) ;
 À titre de droit comparé, nous pouvons noter que le législateur sénégalais s’inscrit
dans le même sillage que son homologue français (cf. article 778, alinéa 1er du
Code civil français). Le législateur français prévoit, de façon expresse, que
« l'héritier receleur est tenu de rendre tous les fruits et revenus produits par les
biens recelés dont il a eu la jouissance depuis l'ouverture de la succession » (cf.
article 778, in fine du Code civil français). S’agissant de l’article 468 du Code de
la famille, il n’est pas aussi explicite. Mais les termes cet article ne laissent
aucune place au doute quant à l’obligation, pour l’héritier receleur, qui a perdu
tout droit sur les biens recelés ou divertis, de rendre tous les fruits et revenus
produits par les biens recelés dont il a eu la jouissance depuis l'ouverture de la
succession (cf. article 405 du Code de la famille). L’héritier receleur est privé de
tout droit sur les biens qu’il a tenté de receler. Il n’a droit au partage que du
surplus ;
 Selon le Doyen GUINCHARD, « l’héritier receleur est privé de tout droit sur les
objets recelés ou divertis ; il perd donc sa part sur eux. Le repentir du receleur
n’a pas été pris repris au Sénégal » ;
 Dans le même ordre d’idées, Mme le Pr Amsatou Sow SIDIBÉ note que « le droit
sénégalais ne prévoit pas le repentir du successible qui fait disparaître le recel
successoral ».

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Sujet : La pétition d’hérédité.

DÉFINITIONS

 Pétition d’hérédité : « action judiciaire par laquelle celui qui se prétend héritier entend
faire reconnaître ses droits dans la succession ouverte afin de recouvrer tout ou partie
du patrimoine successoral » (cf. Dictionnaire du vocabulaire juridique 2016, élaboré
sous la direction du Pr Rémy CABRILLAC) ;
 Intitulé d’inventaire : selon le Doyen Serge GUINCHARD, il est le lieu pour le notaire,
qui l’établit, d’indiquer « dans un préambule pourquoi il procède à cet inventaire, à la
demande de qui et après vérification, il indique l’héritier probable » ;
 Acte de notoriété : selon le Doyen Serge GUINCHARD c’est une « attestation
délivrée par le notaire et dans laquelle il relate les témoignages de personnes ayant
connu de près le défunt et qui déclarent qu’à leur connaissance, c’est telle personne
qui est héritier d’un individu » ;
 Jugement d’hérédité : selon le Doyen Serge GUINCHARD, il est « établi par le juge
de paix, sur la déclaration de deux témoins et rendu en audience publique ».

PROBLÉMATIQUE

Comment le législateur sénégalais réglemente-t-il la pétition d’hérédité ?

RÉPONSE

Le législateur sénégalais réglemente la pétition d’hérédité, en déterminant ses attributs


(I) et en lui attachant un certain nombre d’effets (II).

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I. Les attributs de la pétition d’hérédité

A. Le fondement de la pétition d’hérédité

1. La reconnaissance de la qualité de successeur de l’héritier


 La reconnaissance de la qualité de successeur de l’héritier est le fondement-même
de l’action en pétition d’hérédité (cf. article 403 du Code de la famille) ;
 L’absence de reconnaissance peut découler d’une omission dudit héritier dans
l'intitulé d’inventaire notarié (cf. article 403 du Code de la famille).

2. La distinction entre l’action en pétition d’hérédité et l’action en


revendication
 Le Pr Jean MAURY relève une différence entre l’action en pétition d’hérédité et
l’action en revendication, quoique ces actions sont proches. Il estime que « c’est la
qualité du défendeur qui permet de faire la différence : s’il conteste le titre du
demandeur, en invoquant sa propre qualité de successeur, c’est une pétition
d’hérédité » ;
 Tout en distinguant ces deux actions, le Doyen Serge GUINCHARD estime que
« l’action en revendication ne concerne que la question de la propriété ; c’est une
action que le de cujus aurait pu lui-même exercer pour prouver qu’il était bien
propriétaire des biens composants son patrimoine ; le successeur trouve cette action
en revendication dans la succession et peut donc lui aussi l’exercer ; mais elle
suppose que seule la question de la propriété soit débattue, en aucun cas son titre
de successeur ».

B. La mise en œuvre de la pétition d’hérédité

1. Les caractères de l’action en pétition d’hérédité


 Le caractère prescriptible de l’action en pétition d’hérédité (cf. article 404, in fine du
Code de la famille) :
→ La prescription est décennale (10 ans) au Sénégal, alors qu’elle est
quinquennale (5 ans) en France, depuis l’adoption de Loi n° 2008-561 du 17
juin 2008 portant réforme de la prescription en matière civile (cf. article 2224

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Code civil). Avant cette réforme, la prescription était trentenaire (cf. ancien
article 2262 Code civil, créé par Loi 1804-03-15 promulguée le 25 mars 1804).
 Le caractère divisible de l’action en pétition d’hérédité :
→ Le caractère divisible est l’un des trois (03) caractères de l’action en pétition
d’hérédité, identifiés par Mme le Pr Amsatou Sow SIDIBÉ
→ Le caractère divisible renvoie, selon le Doyen Serge GUINCHARD à deux
choses :
 « S’il y a plusieurs successeurs chacun va agir pour son propre compte,
sans représenter les autres ; la décision qui interviendra n’aura d’effet qu’à
son égard ou contre lui » ;
 « À l’inverse, si plusieurs personnes se prétendent successeurs, il faudra
agir contre chacune d’elles, individuellement ».
→ Ces idées sont reprises, à quelques expressions près, par Mme le Pr. Amsatou
Sow SIDIBÉ.
 Le caractère réel ou personnel :
→ Il faudrait relever que la doctrine est controversée relativement au caractère
réel ou personnel de l’action en pétition d’hérédité. Une partie y voit une action
réelle, en ce qu’elle se rapporte aux biens composant la succession, tandis
qu’une autre postule l’idée selon laquelle il s’agit d’une action personnelle, car
elle tend à faire établir un titre, une qualité, la qualité de successeur ;
→ Cette controverse doctrinale est d’ailleurs relevée aussi bien par le Doyen
Serge GUINCHARD que par Mme le Pr Amsatou Sow SIDIBÉ. Toutefois, ils
n’adoptent la même position. En effet, tout en relevant que « certains auteurs
n’envisagent cette action que par rapport à la succession, aux biens, donc
comme une action réelle » et que « d’autres, au contraire, voient en elle une
action personnelle car elle tend à faire établir le titre, la qualité de
successeur », le Doyen Serge GUINCHARD estime que le caractère réel de
l’action en pétition d’hérédité semble « préférable ». Il fonde son argumentaire
sur le fait que « le droit qu’elle sanctionne est opposable à tous, la vocation
successorale ayant une valeur absolue ; elle ne se ramène pas à un rapport
entre des personnes déterminées, même si le procès se déroule entre elles ».
Quant à Mme le Pr Amsatou Sow SIDIBÉ, elle estime que l’action en pétition
d’hérédité « correspond davantage à la nature du droit des successions qui,

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bien qu’ayant des incidences pécuniaires, est intimement lié à l'état des
personnes et fait partie du statut personnel » ;
→ Mme le Pr Amsatou Sow SIDIBÉ relève, en outre, l’existence, entre ces deux
positions (caractère réel ou personnel de l’action en pétition d’hérédité), d’une
thèse intermédiaire qui, « estimant que la succession comprend à la fois des
droits réels et personnels, soutient que l'action en pétition d'hérédité a une
nature mixte, à la fois réelle et personnelle ».

2. L’ouverture de l’action en pétition d’hérédité


 Cf. article 404, alinéa 1er du Code de la famille ;
 Juge compétent : juge du tribunal d’instance du lieu d’ouverture de la succession (cf.
articles 9, 19 et 22 du Décret n° 2015-1145 du 03 août 2015 fixant la composition et
la compétence des cours d’appel, des tribunaux de grande instance et des tribunaux
d’instance, ainsi que les articles 397, alinéa 2 du Code de la famille, sans oublier
l’article 34, alinéa 8 du Code de procédure civile – 3ème point) ;
 Même si l’article 404 du Code de la famille n’évoque pas le titulaire de l’action, le
Doyen Serge GUINCHARD nous fait remarquer que l’action est accordée au
successeur.

II. Les effets de la pétition d’hérédité

A. Le recouvrement par l’héritier véritable de son patrimoine successoral

1. La restitution obligatoire des biens héréditaires par l’héritier


apparent à l’héritier véritable
 Dans le cadre des relations entre l’héritier véritable et l’héritier apparent, la pétition
d’hérédité donne lieu à la restitution obligatoire des biens héréditaires par le second
au premier (cf. article 405, alinéa 1er du Code de la famille).

2. La restitution des fruits de l’héritage par l’héritier apparent de


mauvaise foi
 Dans le cadre des relations entre l’héritier véritable et l’héritier apparent, la pétition

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d’hérédité ne donne lieu à la restitution des fruits de l’héritage qu’en cas de mauvaise
foi de l’héritier apparent (cf. article 405, in fine du Code de la famille). Par contre, «
s’il est de bonne foi, il fait les fruits siens jusqu’au jour de la demande » (cf. article
405, in fine du Code de la famille) ;
 L’obligation de restituer le patrimoine successoral dissimulé justifie d’ailleurs la
consécration du recel successoral (cf. article 468 du Code de la famille). Le
législateur sénégalais s’inscrit dans la même optique que son homologue français
(cf. article 778 du Code civil français), sachant que le recel successoral fait perdre à
son auteur tous droits sur la part qu’il a dissimulée ;
 Si nous considérons la jurisprudence française, elle a consacré l'existence d’un recel
d'héritier, sanctionné au titre du recel successoral (Civ, 1ère, 20 septembre 2006,
JCPN n°40 du 6 octobre 2006).

B. L’opposabilité à l’héritier véritable des actes faits par l’héritier apparent


sur les biens héréditaires

1. L’opposabilité à l’héritier véritable des actes d’administration faits


par l’héritier apparent sur les biens héréditaires
 L’effet de la pétition d’hérédité sur les relations entre l’héritier véritable et les tiers
cocontractants de l’héritier apparent est l’opposabilité des actes d’administration de
l’héritier apparent à l’héritier véritable relativement aux biens héréditaires (cf. article
406 du Code de la famille) ;
 À ce niveau, il faudrait relever la différence de position entre la France et notre pays.
En France, notamment dans la jurisprudence, on distingue selon que les actes
passés par le successeur apparent sont des actes d’administration ou des actes de
disposition. Ainsi, seuls ces derniers sont opposables avec la paralysie de la règle
« Nemo plus juris ad alium transferre potest quam ipse habet ». En droit sénégalais,
le Code de la famille n’établit pas une telle différence (cf. article 406 du Code de la
famille), même si pour le Pr Pierre BOUREL, la solution adoptée par la doctrine et la
jurisprudence françaises devrait être admise en droit sénégalais. Toujours est-il que,
comme nous y invite le Doyen Serge GUINCHARD, en se référant au COCC, une
autre distinction peut être trouvée dans les art. 167 et 262 du COCC auxquels se
réfère le Code de la famille (cf. article 406 du Code de la famille).

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2. L’opposabilité à l’héritier véritable de l’acquisition de bonne foi des
biens héréditaires par un tiers
 La prise en compte de la bonne foi de l’acquéreur des biens héréditaires :
→ Selon l’article 167 du COCC, relatif au paiement au créancier apparent, « Le
paiement fait de bonne foi à celui qui se présente apparemment comme le
créancier est valable » ;
→ Quant à l’article 262 du COCC, relatif à l’acquisition de la chose d'autrui en
matière mobilière, il prévoit qu’en matière mobilière, l'acquéreur de la chose
d'autrui en devient propriétaire lorsqu'il l’a reçue de bonne foi. C’est la
consécration de la règle « en fait de meuble, possession vaut titre ».

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