Vous êtes sur la page 1sur 14

UNIVERSITE MARIEN NGOUABI Travail*Progrès*Humanité

FACULTE DE DROIT

DEPATEMENT DES MASTERS

NIVEAU : Master I

Parcours : Droit Privé

(Recherche Fondamentale)

Devoir de Travaux dirigés de Droit des régimes matrimoniaux

Sujet : les garanties greffées au logement familial

Présentés par:

MINOU Richard Cedric


SAMBA Alvina Giveny
WABEIYOU Gass Emmanuelle Blinda
NKIE Meslode Dorian
MAYOULOU Juneck Gloire Apper

Sous la direction de M.STANI ONDZE,


Maitre-Assistant

Année académique 2022-2023


Plan

I- L’étendue de la protection du logement familial

A- L’indisponibilité du logement familial

B- L’accord préalable des époux sur les actes d’aliénation

II- les atténuations à la dite protection

A-Saisissabilité du logement familial

B- Sort du logement en cas de dissolution ou séparation de fait

2
Etudier les droits pécuniaires dans le mariage renvoient à examiner le
pouvoir de disposition que le droit reconnait aux époux, la gestion de leur
patrimoine, selon que le régime matrimonial choisi est celui de la communauté
des biens ; de la séparation ou du régime réduit aux acquêts. Le régime
matrimonial a pour objectif d’encadrer le patrimoine des époux, notamment en
édictant les règles qui régissent les biens des époux, leur affectation, leur
destination et leur donation au cours du mariage et à sa dissolution. Ce droit est
de nature protecteur, cette protection des biens meubles, immeubles, donation
et acquêts, s’étend jusqu’au logement familial. Dans ce sens, il présente un
certain particularisme dans la mesure où ce lieu de résidence effective ne peut
être soumis aux mêmes règles de gestion que d’autres biens. Il se distingue ainsi
des notions voisines comme la résidence secondaire ou la résidence de fonction,
dans la mesure où il assure non pas seulement la fonction d’abriter la cellule
familiale, ou d’être le point d’ancrage de la vie du couple, mais aussi du fait qu’il
assure l’unité et la sécurité de la famille ainsi que son identification de la famille,
(Aurélien Bamdé, droit de la famille, droit des régimes matrimoniaux, droit
patrimonial de la famille, régime primaire impératif, 19 novembre 2020). Sur ce,
le logement familial se définit comme le lieu où vivent effectivement les époux
et leurs enfants, c’est donc le lieu où se concentrent les intérêts moraux et
patrimoniaux de la famille. Ainsi, il se distingue dès lors par son effectivité aux
notions synonymes comme le logement secondaire et le logement de fonction
qui sont des lieux de résidence occasionnelle. Partant de là, les garanties au
logement familial nous ramènent à une définition des mesures de protections
liées au logement tant aux droits pécuniaires que disposent les époux
mutuellement et aussi des droits ou voies d’exécution des créanciers sur les
époux en cas de faillite de l’un des époux à une créance particulière.
Historiquement, le choix du logement et même sa disposition a été longtemps
soumis à la puissance paternelle, c’est-à-dire, le mari, sous le droit canon. En
effet, selon le Doyen Jean Carbonnier, c’est sous l’hospice de la loi du 23
décembre 1985 qu’un pouvoir de cogestion sur la famille et sur le logement a
été adopté en remplaçant les termes hiérarchiques, « mari et femme » par
l’appellation mixte « époux ». Au Congo, même si cet état de hiérarchie entre
époux demeure, du moins dans l’appellation « mari et femme » et à la
reconnaissance expresse au mari le qualificatif de chef de famille. Il n’en
demeure pas moins vrai que, suivant le code de la famille de 1984, l’usage, la

3
disposition et l’aliénation sont aussi encadrés par le principe de cogestion
comme dégagé par le code civil français en son article 215 et 171 du code de la
famille. L’encadrement du logement a été renforcé aussi bien par la situation de
la femme mariée pendant le mariage mais aussi après dissolution du lien
matrimonial, c’est-à-dire le divorce, notamment le divorce par décès. Une autre
réforme avait été faite en 2001, la loi n°20011135 du 03 décembre 2001 sur les
successions et libéralité. Ainsi le législateur français reconnait le droit à la
reconduction du contrat de bail, d’une part et à la jouissance du logement par
l’époux survivant ; le droit d’y résider et d’en récolter les fruits d’autre part.
Soumis au droit canon ou aux simples usages avant la codification du code civil,
c’est à partir du XXe siècle que de nombreux pays ont commencés à adopter des
lois spécifiques pour protéger le logement familial en cas de divorce, de décès
ou de réparation. Ces lois visent à assurer un niveau minimal de sécurité et de
stabilité pour les membres de la famille en particulier les enfants. Il faut rappeler
que cette notion du logement familial a un régime juridique prévu dans l’article
215 al 3 du code civil, qui dispose que « les époux ne peuvent l’un sans l’autre
disposer des droits par lesquels sont assurés le logement familial, ni les meubles
meublants dont il garni, celui des deux qui n’a pas donné son consentement à
l’acte peut demander l’annulation ». Cette protection a été également prévue à
l’article 171 du code de la famille ; parce que les époux se sont mutuellement
obligés à une communauté de vie, ils se doivent d’affecter un lieu à leur
résidence familiale. Cette notion a été renforcée au coup par coup ces derniers
années à l’occasion de diverses reformes ; notamment la loi n°2019-222 de
programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice donne une nouvelle
compétence au juge aux affaires familiales ; il peut désormais attribuer la
jouissance du logement de la famille à l’un des membres d’un couple même non
propriétaire. Ce sujet n’est pas dépourvu d’intérêt ; il en revêt un double à la fois
théorique et pratique. L’intérêt est théorique dans la mesure où il a fait l’objet
de plusieurs recherches doctrinales notamment celles du professeur Pierre
Cartala qui a théorisé sur l’étendue de la protection du logement aux successions
de l’époux survivant sur le logement, tout en émettant une distinction évidente
entre la résidence principale et la résidence secondaire, ainsi que le logement de
fonction qui doivent être exclus du champs de la protection du logement familial
et doivent être considères comme des biens simples. L’intérêt est pratique du
fait qu’il nous permet de cerner l’étendue de la notion du logement familial ; des

4
droits et obligations des époux sur ledit logement d’autant plus que la
jurisprudence considère que certains actes de gestion ne peuvent être posés par
un seul époux à partir du moment où ils portent atteint à l’intérêt de la famille
(Article 215 du code civil). D’où l’encadrement restrictif du logement familial tant
par le droit civil que par le droit de sureté, avec l’hypothèque judiciaire que peut
faire l’objet du logement. Si le droit des suretés vise à garantir aux créanciers
une protection sur les mesures de recouvrement des créances, le droit civil en
France et le droit de la famille congolais quant à eux visent à protéger la cellule
familiale contre l’insécurité. On peut y voir comme un rapport de force entre ces
deux domaines de droit. Ainsi, l’Hypothèque judiciaire peut être annulée par l’un
des époux qui n’en avait pas connaissance. Ce sujet est d’autant plus important
qu’il nous amène à appréhender l’égalité des genres dans le mariage dans une
société assez en retard sur l’acceptation pratique d’une telle égalité. Mais aussi
d’apprécier la volonté du législateur congolais à respecter et à étendre les droits
de la femme conformément aux conventions internationales à l’instar de la
déclaration Universelle des droits de l’homme et du citoyen de 1948. De ce fait
une question mérite d’être évoquée quelles sont les mesures de protection du
logement familial ? Cette interrogation à tout son sens dans les mesures où elle
nous permet d’évoquer les droits des époux sur le logement aussi celle des tiers,
en l’occurrence, le créancier. C’est de toute évidence que nous devons dans un
premier temps examiner l’étendue de cette notion (I) ainsi que les atténuations
soumises à cette protection envers les tiers : sa saisissabilité (II).

I- L’étendue de la protection du logement familial


Dans cette partie, nous examinerons le caractère indisponible du logement (A)
et les actes dont l’accomplissent requiert le consentement des deux époux (B) à
peine de nullité.

A- L’indisponibilité du logement familial


D’emblée, il est indispensable de nuancer le logement familial à la notion
voisine qui sont la résidence de fonction et la résidence secondaire. Ainsi, le
logement familial ne se confond pas nécessairement avec la résidence des époux
qui peuvent, pour des raisons multiples, vivre séparément. C’est dans cette
optique de clarté que la première chambre civile nuance, « le logement de la

5
famille ne s’identifie pas nécessairement avec le domicile conjugal » et le juge de
cassation de continuer dans un arrêt en date du 19 octobre 1999, qu’un «
immeuble qui sert de résidence secondaire aux époux et non de résidence
principale ne constitue pas l’élément familial ». Le logement de fonction, quant
à lui bien que notion voisine présente un statut hybride selon la situation de
l’époux en fonction.

Il ressort de l’arrêt du 04 octobre 1983 tant que l’époux exerce ces fonctions, le
logement qui lui ait attribué au titre de son activité professionnelle endosse le
statut de résidence familiale dès lors que c’est à cet endroit que le ménage vit,
par conséquent le conjoint ne peut pas s’opposer à la restitution de ce logement.
Tant qu’il exerce l’activité professionnelle, la résidence de fonction est
considérée comme la résidence familiale et est encadré par les dispositions de
l’article 215 du code civil français.

Sur ce, la nuance faite, le principe de l’indisponibilité du logement qui joue à


l’égard des époux entre eux d’abord et à des tiers les créanciers et les héritiers
testamentaires a été posé par l’article 171 « les époux ne peuvent disposer l’un
sans l’autre les droits lesquels est assuré le logement de famille, ni le meuble
meublant dont il est garni ».

Suivant donc l’article 171 alinéa 1 du code de la famille le logement familial est
défini comme le lieu de résidence que les époux choisissent d’un commun
accord. Cette disposition pose le principe de la cogestion non seulement dans le
choix du lieu de résidence mais aussi dans son usage et les règles de disposition.
Le logement familial suppose donc un bien, un local qui sert d’habitation des
époux et de leurs enfants. En effet l’effectivité se réfère ici au fait que la famille
y réside de façon continue et régulière. Ce critère d’effectivité exclut dès lors les
résidences secondaires, les résidences de fonction qui ne joue qu’un rôle de
résidence occasionnelle. Il ressort donc des alinéas 2 et 3 de l’article
susmentionné que la protection conférée au logement familial s’étend au local
proprement dit, l’immeuble mais aussi aux biens meubles qui y sont.
L’indisponibilité est définie par le dictionnaire juridique comme étant la
caractéristique d’une chose ou bien qui ne peut être transmis, cédé ou
abandonné. L’éminent professeur Pierre Cartala précise que l’indisponibilité du
logement renvoie à l’impossibilité de vendre, de donner à bail, d’hypothéquer la
résidence familiale par l’acte d’un époux seul. Partant de là, le logement familial
6
ne peut être saisi par l’un des époux pour une quelconque situation. Cette
indisponibilité joue à l’égard des époux et des enfants qui peuvent qui ne
peuvent le vendre qu’avec le consentement de l’autre époux. Ainsi les suretés
réelles touchant directement au logement et à ses meubles sont prohibées si ce
n’est qu’a l‘initiative du juge, cas de l’hypothèque judiciaire. Les suretés
personnelles en revanche n’étant pas les actes de disposition ne sont pas
interdites sauf le cautionnement hypothécaire combien même le logement
serait le bien dans le patrimoine de l’époux qui se porte caution. La jurisprudence
a tendance à exclure les cas de fraude, cela s’explique par le fait que la mission
du juge n’est que de restituer à la convention leur exacte qualification. Puisque
le contrat est la loi des parties et seules les parties peuvent décider de la
répartition des obligations. Le principe de l’effet relatif des contrats en matière
matrimonial notamment en jouissance du bail s’impose au juge. Ainsi si un époux
se porte caution après refus de l’autre d’accepter une hypothèque sur le
logement en question et que le logement est le seul bien dans le patrimoine de
la caution, le juge pourra considérer qu’il y a fraude et annuler ledit
cautionnement. Toutefois suivant l’arrêt du 14 mars 2018 de la première
chambre civile, le juge de cassation indique que lorsque le logement familial est
détenu par une société civile immobilière dans laquelle les époux sont associés,
la protection accordée à l’article 215 ne prend pas naissance. Dans cette affaire,
une assemblée générale avait donné son accord au mari gérant pour vendre
l’immobilier sans le consentement de son époux. La cour de cassation a rejeté le
pourvoi de l’époux évincé, en soulignant que la protection du logement conférée
à l’article 215 du code civil ne joue si les époux associés justifient d’un bail, droit
d’habitation ou d’une convention mise à disposition du bien à leur profit, elle
cesse donc en cas de détention du bien par une société civile immobilière.

Toutefois la promesse de souscription à une hypothèque n’est pas interdite


puisqu’il n’accorde que le droit à la partie lésé de demander le paiement des
dommages et intérêt.

S’il est vrai que le logement familial est indisponible à l’égard des époux, quels
sont alors les actes qui nécessitent l’accord du conjoint pour sa validité ?

B- L’accord préalable des époux sur les actes d’aliénation

7
Dans cette partie, il s’agira de relever les actes qui nécessitent le consentement
du conjoint sous peine de nullité. En l’occurrence les actes de disposition ou
d’aliénation notamment la vente et la résiliation du bail.

Suivant les dispositions de l’article 171 du code civil la résidence familiale est le
lieu que les époux choisissent d’un commun accord » ; c’est dire que le logement
familial s’étend au local et au meuble qui le garnissent. Il n’est que logique qu’il
bénéficie d’un encadrement juridique spécial obligent les époux à le conservé.

De ce fait, puisqu’il faut le redire, la disposition et l’aliénation du local et les


meubles meublant le logement effectif sont soumis à la règle de consentement
des époux qu’ils soient propriétaire ou non. Au terme de la disposition de l’article
217 du code civil « les époux ne peuvent disposer unilatéralement des droits
substance une Co titularisation sur le local qui sert d’habitation ». A cet effet, le
congé délivré par le bailleur à un seul époux n’est pas opposable à l’autre,
l’efficacité de la résiliation du contrat de bail est subordonnée à la délivrance
d’un congé à chacun d’eux. En effet, du seul fait du mariage le conjoint perd la
faculté de disposer du bail librement. On parle dès lors de cogestion pour
l’accomplissement de certain acte touchant directement la destination du local.
Pour le professeur ANNE KARM, cette mesure s’explique par le caractère de
sécurité que procure le logement contre les agressions matérielles et morales
extérieures. Ainsi doivent être inclus comme actes nécessitant accord, tous les
actes susceptibles de priver la famille de ce logement.

Pour ce qui est de la vente qui est un acte d’aliénation d’un bien, qui se
caractérise par le transfert du patrimoine et son caractère onéreux, procure une
instabilité pour les époux et leurs enfants. Par conséquent, l’époux combien
propriétaire du local et qui veut le vendre ou le grever d’hypothèque ou même
la mettre en location ne peut agir seul même s’il est propriétaire exclusif du local.
Cette obligation de consentement de l’autre conjoint s’étend aussi bien sur le
local en tant que tel, que sur les meubles meublants destiné à l’usage ou à
l’ornement des appartements. La jurisprudence française retient parmi les
meubles meublant les tapisseries, les tables, les pendules, les sièges et autres
objets de cette nature sauf les tableaux et les statuts de collection. C’est tout le
sens de l’article 534 alinéa 2 du code civil qui précise que « les tableaux et les

8
statuts qui font partis du meuble d’un appartement y sont aussi compris, mais
non les collections de tableau qui peuvent être dans les galeries ou pièces
particulières ». Sont ainsi exclus de la qualification de meubles meublant, les
biens mobiliers qui constituent une universalité de fait. A ce titre pour qu’un bien
mobilier puisse être qualifié de meuble meublant il faut qu’il ait été présent dans
le logement au moment où l’acte litigieux est accompli par un époux seul.

C’est ce qui ressort du dispositif de l’arrêt du 16 juin 1994 le juge de cassation


a retenu que la vente avec usufruit au profit d’un seul époux propriétaire exclusif
du logement supposait le recueil du consentement de sa conjointe. De la vente,
la cour de cassation considère aussi les actes de sureté a l’instar de l’hypothèque
ou le gage sur les meubles meublants comme des actes nécessitant l’accord
exprès de l’autres conjoint a peine de nullité.

Sur ce, il est de jurisprudence constante que tout acte de nature à priver la nature
« de logement familial » requiert l’accord préalable de l’époux et que si le
conjoint n’a pas donné son consentement cet acte est nul.

Encore faut-il rappeler que le conjoint qui s’estime lésé sur l’accomplissement
d’un acte susceptible de troubler ou de transférer la propriété, doit apporter la
preuve et justifier d’un intérêt à agir. L’appréciation de l’intérêt à agir contre un
tel acte relève de la compétence et de la souveraineté du juge de fond. Si l’article
1353 du code civil pose le principe de la charge de la prévue à celui qui allègue
les faits, « celui qui réclame l’exécution d’ une obligation doit la prouver
réciproquement, celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait
qui a produit l’extinction de son obligation » ; l’article 1427 quant à lui précise
le délai de prescription de l’action en nullité « l’action en nullité est ouverte au
conjoint pendant deux ans à partir du jour où il a eu connaissance de l’acte, sans
pouvoir jamais être intenté plus de deux ans après la dissolution du mariage».
Tel est le cas d’une femme ayant divorcé d’avec son conjoint, qui a la date de son
action en justice ne résidait plus dans l’immeuble qu’elle avait quitté avant ou au
cours de l’instance du divorce, qu’elle a perdu tout intérêt à agir pour demander
l’annulation d’une hypothèque contractée par son ex époux.

La protection du logement familial ainsi examiné, l’étude ce sujet ne saurait être


exhaustive que si nous abordons aussi les limites faites à celui-ci.

9
II- les atténuations à ladite protection
Les atténuations ou encore limites concernent les situations desquelles la saisie
du logement familial par les créanciers est possible (A) d’une part et du sort du
logement en cas de dissolution du mariage ou séparation de fait(B).

A-Saisissabilité du logement familial


Malgré le fait que le logement familial bénéficie du minimum de protection aux
termes de l’article 215 du code civil, pour assurer la sécurité des enfants, ce
logement peut être aussi saisissable par les créanciers en cas de manquement
des engagements de l’un des époux. Dans un arrêt rendu par la cour de
cassation, cass.civ juillet 1978, époux Van Beneden, La Cour de Cassation a
décidé que les créanciers d’un conjoint pouvaient saisir le logement familial s’il
faisait partie de son patrimoine. Alors que d’autres fois il était admis que le
logement de la famille était indisponible. Les termes de l’article 215 alinéas 3 du
code civil n’importent pas l’insaisissabilité de ce bien, à cause du manque de
clarté de ce texte, cette disposition ne saurait faire obstacle à la saisie de la
résidence familiale pratiquée en exécution d’une dette contracté par un époux
seul. Dans un arrêt du 12 octobre 1977 la cour de cassation a jugé en ce que
"l'article 215 alinéa 3 du code civil selon lequel les époux ne peuvent l’un sans
l’autre disposer des droits par lesquels est assuré le logement de la famille, n’est
pas applicable lorsqu’il s’agit d’une vente forcée poursuivie en vertu de la loi du
13 juillet 1967 sur la liquidation des biens (3e civ 12 octobre n°76-12-482). Cette
position se justifie en raison de l’objet de la règle posée par ce texte qui se borne
à exiger le consentement des deux époux pour les seuls actes volontaires qui
visent à aliéner le logement familial. Donc pour toutes les dettes que l’un des
époux peut engager durant sa vie maritale, celui-ci peut exposer l’ensemble des
biens dont le logement familial à la poursuite des créanciers. Le juge peut ouvrir
une hypothèque judiciaire à la demande du créancier. Il faut rappeler que
l’hypothèque ne doit pas contenir de fraude, en cas de fraude l’un des époux
peut s’opposer à l’acte, cette opposabilité connait une exception aux termes de
l’article 217 du code civil qui donne l’autorisation d’une hypothèque judiciaire
lorsque l’un des époux ne donne pas son consentement à cet acte envisagé par
son conjoint alors même que son consentement est obligatoire, ce dernier peut
être autorisé par le juge à passer seul cet acte. Il faut rappeler que lorsque
l’hypothèque judiciaire est passée dans les conditions fixées par la justice, cet

10
acte est opposable à l’autre conjoint dont le concours de son consentement était
nécessaire et a fait défaut. Cette procédure est régie par les articles 788 à 792,
1213, 1286 et 1287 du code de procédure civile. Le même principe a fait
jurisprudence dans un arrêt rendu par la cour de cassation le 30 septembre 2009
démontre que l’article 217 du code civil organise « une mesure ponctuelle
destinée à dénouer une situation de blocage » (CIAREILLE, droit patrimonial de
la famille « Dalloz action ») concerne la saisissabilité du logement familial les
articles 215 du code civil et 171 du code de la famille. Ces textes ont manqué
assez de clarté pour assurer le maximum de sécurité pour l’avenir des enfants,
surtout après le divorce ou en cas de testament. De plus une interprétation
littérale du texte de l’article 215 aurait pu conduire les juges à admettre que le
testament puisse entrer dans le domaine des actes de disposition nécessitant un
double consentement des époux. Le logement familial peut être saisi par les
créanciers en cas de manquement de l’engagement à l’époux débiteur tandis
que l’article 1421 du code civil confère à chacun des époux le pouvoir «
d’administrer seul les biens communs et d’en disposer ». L’article 1413 leur
octroi le pouvoir de les engager. Cette disposition énonce en ce sens que «
chaque époux est tenu pour quelque cause que ce soit pendant la communauté
de vie, peut toujours être poursuivi sur les biens communs ». Ainsi, lorsqu’une
dette a été contractée par l’un ou l’autre époux pourvu qu’elle soit née au cours
du mariage et qu’elle ne résulte d’une succession ou d’une libéralité. S’agissant
de bien commun (meuble meublant) ceux sont peuvent être saisi peu importe
leur origine

Le caractère indisponible du logement familial dégagé à l’article 215 du code civil


se heurte a la possible saisie du dit logement et par extension des meubles
meublant par le créancier suivant l’article 1421 du code civil.

Ceci étant, il est clair que le logement familial subi un changement au cours du
mariage ou après la dissolution du lien matrimonial. Alors, quelles sont les
conséquences juridiques en cas de dissolution du mariage ?

B- Sort du logement en cas de dissolution ou séparation de fait


Dans cette partie, il s’agira de relever le sort du logement familial, à l’instance du
prononcé du divorce et à l’ordonnance du divorce selon que les deux époux sont

11
propriétaires ou l’un des époux seul est propriétaire ou encore si le locale qui
sert de logement est en bail d’habitation ou professionnel. Suivant bien entendu
la nature du régime choisi. Selon que les époux sont mutuellement consentant à
un accord ou s’ils n’ont pas trouvé un terrain d’entente.

D’entrée de jeu, il est loisible de rappeler que l’un des devoirs fait au époux c’est
communauté de vie. Ce qui a pour conséquence la cohabitation, il est donc
normal qu’en cas de séparation ou de dissolution du mariage des règles
spécifiques naissent sur le droit de disposer ou de gérer le logement.

D’abord il faut souligner que la séparation de fait est un fait est un fait juridique
qui se réfère à une situation de laquelle les époux en vertu des circonstances
touchant la stabilité du couple, ne partagent plus le même logement et par
conséquent sont exemptés de l’obligation de communauté de vie mais toujours
est-il qu’il reste sous l’égide des règles du mariage. Contrairement à la
dissolution du mariage qui entraine nécessairement la liquidation du patrimoine
familial, les époux ici sont toujours mariés. Sur ce, il est important de noter que
la période du prononcé du divorce ne fait pas disparaitre le logement de famille
et les effets juridiques qui s’y attachent à l’égard des tiers, les créanciers en
l’occurrence. Seule la dissolution pour cause de mort de l’un des époux ou le
divorce sera susceptible d’entrainer la cessation effective de toute protection à
laquelle les époux ne pourront plus s’en prévaloir.

Partant de là, la jurisprudence retient que lorsque l’un des époux occupe la
résidence dans laquelle le ménage s’était établit avant la séparation du couple,
c’est-à-dire avant le déclenchement de la procédure du divorce, cette séparation
est sans incidence sur le lieu de résidence. En effet, la cour de cassation relève
que « le logement familial ne perd pas cette qualité lorsque sa jouissance est
attribuée à titre provisoire à l’un des époux pour la durée de l’instance en divorce
». À ce titre le logement familial peut alors être attribué à l’époux non
propriétaire, l’usufruit ou pleine propriété ou sous forme de droit d’usage de
cohabitation a titre viager ou temporaire.

Si suivant l’article 1751 du code civil le bail à usage d’habitation appartient aux
deux époux au moment du divorce le droit au bail peut être attribué l’un des
époux en considération des intérêts sociaux familiaux mis en cause. Toutefois,
les époux demeurent solidaires du loyer, des charges locatives et indemnités de

12
location et ce jusqu’à transcription du divorce sur le registre d’état civil. Peu
importe que l’un des époux ait notifié au bailleur son départ du domicile conjugal
par un congé régulier. Cette mesure ne s’appliqu’au logement familiale et non à
ceux loués par l’un des époux après l’ordonnance de non réconciliation.

En cas de divorce par consentement mutuel les époux peuvent lier par contrat la
disposition ou l’usage du logement. Cela inclut que les époux n’éprouvent pas de
difficulté sur l’usage de leur local. Ils peuvent ainsi décider mutuellement de la
mise en vente par voie notariale, la mise en bail d’habitation du logement
familial. Cette dernière hypothèse confère aux époux l’indivision du local. Ainsi
donc les deux époux peuvent à la fois percevoir des fruits sur le local mis à bail.
En cas de désaccord sur les termes du contrat entre les époux, le juge apprécie
les intérêts sociaux familiaux. Aux termes des dispositions de l’article 255 du
code de la famille, l’appréciation du contrat sur la disposition du logement
familial est du ressort du juge du droit commun près du tribunal de grande
instance. En France c’est le juge aux affaires familiale qui détient ce pouvoir
d’appréciation. Cette mesure prime quelque soit le régime choisi par les époux.
Le juge fixe les mesures provisoires dans l’ordonnance de non réconciliation,
celle-ci détermine l’organisation de vie conjugale et familiale pendant la
procédure de divorce. Ainsi puisque le divorce induit séparation, ainsi le juge
peut demander à l’un des époux de quitter le logement et va également décider
si la jouissance du bien est à titre onéreux ou à titre gratuit.

En cas de jouissance à titre onéreux, l’époux attributaire du logement devra


verse une indemnité d’occupation à son conjoint pendant la durée de l’instance.
De plus cela est établi à l’article 193 du code de la famille « l’époux au profit
duquel le divorce aura été prononcé pourra demander le retour du bien donné
à l’autre depuis le mariage. Il conservera le bien donné par l’autre même si la
donation avait été stipulée réciproque. En conséquence, une fois le divorce
prononcé l’époux propriétaire reprend librement la jouissance de ces biens et la
disposition de ceux-ci même si ces biens ont été attribués en jouissance à son
conjoint.

Toutefois, il faut préciser que le juge n’a pas le pouvoir de fixer le montant de
l’indemnité de jouissance. Il a seulement la possibilité de constater l’accord des
parties et montant de l’indemnité de jouissance qui en découle.

13
S’agissant de la dissolution pour cause de décès l’époux survivant ne peut être
immédiatement expulsé à cause de la dissolution du mariage lorsqu’il vivait dans
cette résidence de manière continue. C’est ce qui ressort de la loi du 21 mars
2021 en France sur l’extinction des droits successoraux du conjoint. Si cette
mesure a été entériné par la jurisprudence en France pour des raisons morales
et de sécurité, au Congo la pratique est disparate selon les coutumes. C’est dans
cette même optique que s’inscrit l’article 223 alinéa 1 du code de la famille « en
cas de dissolution du mariage par décès, le survivant et les enfants mineurs
auront le droit de continuer à user des biens communs jusqu’à ce que les
opérations de liquidation de la communauté soient judiciairement approuvées
». Ainsi il est notoire qu'une femme soit immédiatement expulsée après le décès
de son époux. Cette expulsion se fait en méconnaissance des droits reconnus à
la femme au regard de la loi Mouebara et des traités internationaux dument
ratifiés par le Congo.

De ce fait la séparation de fait est donc sans incidence sur les effets de cette règle
et par conséquent les obligations tenant à la conservation et la jouissance du
logement ne sont nullement suspendues en pareil circonstance. Suivant l’article
764 du code civil, le conjoint survivant dispose sur le logement familial un droit
d’habitation et un droit d’usage sur le mobilier y compris celui figurant dans la
succession sauf si le défunt en a disposé autrement par voie testamentaire. C’est
dans cette même pensée que s’inscrit l’arrêt du 22 octobre 1974 duquel le juge
a validé le fait que l’époux puisse léguer à son frère l’appartement qui composait
de son le logement familial avec son épouse. Ce qui signifie qu’une possibilité de
cession du logement familial est reconnue au conjoint, il peut en être autrement
lorsqu’il s’agit d’un bail commercial.

14

Vous aimerez peut-être aussi