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L’état de la personne

La personne physique est liée de diverses manières au groupe social. Par rapport à celui-ci,
elle se caractérise, se distingue et se définit. La situation de l’individu peut être prise sous
différents angles : en sa qualité de citoyen, de responsable de famille ou d’acteur économique.
La complexité de l’état de la personne nous conduit à examiner la notion et les caractères de
la personne pour ensuite s’attacher aux diverses composantes de cet état et enfin identifier la
personne grâce à son état.

Chapitre 1. Notion et caractères de l’état de la personne

L’état des personnes est l’ensemble des éléments qui déterminent le statut juridique de la
personne au regard de la société. Cet état qui détermine la capacité juridique de chacun, réunit
un certain nombre de qualités : qualités physiques (sexe, âge, facultés mentales), les qualités
familiales (époux, parent ou allié à un certain degré), et les qualités juridiques (national ou
étranger).
Cet état de la personne est constaté par des actes de l’état civil.

Section 1. Notion et caractères de l’état de la personne

§ 1. La notion d’état de la personne

Les règles déterminant l’état de la personne assignent à chacun sa place dans la société civile.
Elles n’ont pas seulement des conséquences au point de vue de la jouissance des droits privés,
mais elles influent au point de vue de la jouissance des droits civiques ou politiques.
L’importance fondamentale de l’état des personnes explique le caractère impératif des règles
s’y rapportant.
C’est la loi qui fixe impérativement les conditions dans lesquelles une personne acquiert ou
perd les éléments relatifs à son état (tels que le mariage, la filiation, la nationalité…).
L’état de la personne s’acquiert par des faits juridiques tels que la naissance, par des actes
juridiques (mariage, reconnaissance d’un enfant naturel…).
L’acquisition d’état par des actes juridiques est limitée et la loi en fait des actes solennels
soumis à des conditions de fond et de forme rigoureuses.
Enfin, l’état de la personne s’acquiert par des décisions de l’autorité publique, notamment par
voie d’autorité judiciaire (jugement de divorce, jugement d’adoption, nationalité…).

De ces faits, il en résulte d’une part que c’est la loi qui fixe les droits et les obligations
reconnus à l’individu en raison de son état et d’autre part les effets de l’état d’une personne
sont opposables à tous : exemple un enfant légitimé peut faire valoir son état d’enfant légitime
à l’égard de tous ainsi que les droits qui en découlent (notamment le droit à succession).

§ 2. Les caractères de l’état de la personne

L’état de la personne est intiment liée à la personne à tel point qu’elle ne peut s’en dépouiller
ou en être dépouillée. Ainsi, on ne saurait considérer l’état d’une personne comme l’objet
d’un droit de propriété dont celle-ci pourrait disposer à l’avantage d’autrui. De ce statut
intimement lié à la personne, et qui ne relève pas du patrimoine de celle-ci découle deux
conséquences.
D’une part l’état est indivisible, en ce sens qu’une personne ne peut avoir simultanément
deux états différents. De même, une personne ne saurait accepter certains attributs de son état
pour en écarter d’autres.
D’autre part l’état est insaisissable. Les créanciers ne peuvent, au nom de leur débiteur
exercer les actions d’état ayant des conséquences pécuniaires, appartenant à ce dernier.
Enfin, l’état d’une personne est indisponible. Par l’affirmation de ce principe, on considère
que toute convention, cession entre vifs ou à cause de mort, transaction, renonciation à cause
de mort ou renonciation contraire à l’état légalement imposé est nulle et de nullité absolue.
Ainsi une personne ne peut par convention s’interdire à rechercher sa filiation.

Chapitre 2. Les composantes de l’état de la personne

Les composantes de l’état de la personne sont diverses et nombre d’entre elles sont reliées à la
situation de famille : mariage, veuvage, divorce, célibat, le domicile, la nationalité qui est en
relation étroite avec le lien familial et enfin le sexe et le nom.

Section 1. Le nom

Le nom est l’appellation servant à désigner une personne dans la vie sociale et juridique en
vue de l’exercice de ses droits et de l’accomplissement de ses devoirs. Il est par ailleurs un
élément essentiel de la personnalité. A ce titre il ne relève pas seulement de l’identification,
mais de l’identité même de la personne.
Article 2 du CF : Les Eléments constitutifs du nom
« La personne s’identifie par son ou ses prénoms et par son nom patronymique. Le nom est
attribué dans les conditions fixées par la loi. Les prénoms sont librement choisis lors de la
déclaration de la naissance à l’officier de l’état civil.
Le surnom ou le pseudonyme, utilisés pour préciser l’identité d’une personne, ne font pas
partie du nom de cette dernière ».
§ 1. L’acquisition du nom patronymique

Le nom patronymique d’une personne est en principe celui de la famille à laquelle elle est
attachée. Mais cet attachement se manifeste différemment selon qu’il s’agit du nom transmis
ou du nom attribué par l’autorité publique.

A. La transmission du nom par voie filiale (ou par filiation)

Le mode normal de transmission du nom coïncide avec l’établissement du lien de filiation,


mais cette transmission s’opère de manière différente selon qu’il s’agit de filiation légitime,
naturelle ou adoptive.

a. La filiation légitime

L’enfant légitime prend le nom de son père. C’est l’article 3 du CF qui consacre cette règle
« L’enfant légitime porte le nom de son père ».
Cependant, l’enfant peut perdre l’usage de ce nom, lorsqu’à la suite d’une action en désaveu
prévue à l’article 204 du CF, sa filiation n’est plus établie à l’égard de son père ;
Il portera dans ce cas le nom de sa mère.

b. La filiation naturelle
La détermination du nom de l’enfant naturel suscite de plus grandes difficultés,
principalement parce qu’il y a lieu de tenir compte tant de l’établissement officiel de la
filiation que des divers modes de celui-ci.
En effet, si la filiation naturelle est légalement établie par reconnaissance volontaire (art. 193
CF : lorsqu’il n’est pas présumé issu du mari de sa mère, l’enfant peut être reconnu par son
père »), elle peut aussi se trouver légalement établie par la possession d’état ou par l’effet
d’un jugement.

1. La filiation établie à l’égard de la mère seule

Lorsque la filiation n’est établie qu’à l’égard de la mère, l’enfant porte le nom de celle-ci (art.
4 CF).

2. La légitimation

La légitimation est le processus en vertu duquel un enfant né hors mariage est assimilé pour
l’avenir à un enfant légitime.
Il existe deux formes de légitimation : par mariage et par reconnaissance prévues par l’article
194 du CF
« L’enfant a la qualité d’enfant légitime lorsque l’union de ses parents intervient après
l’établissement de sa filiation à l’égard de l’un et de l’autre.
Il en est de même lorsque le père vient à reconnaître, après son mariage avec la mère, l’enfant
dont la filiation paternelle n’était pas établie ».
Il semblait naturel au législateur que l’enfant légitimé par mariage prenne le nom du père,
alors même qu’il aurait auparavant porté le nom de sa mère (art. 194 al. 1).
C’est dans cette même logique que s’inscrit le 2ème alinéa de l’article 194 du CF.

c. La filiation adoptive

La filiation adoptive distingue l’adoption plénière de l’adoption simple.

1. L’adoption plénière

Art 224 et suiv CF


Lorsque l’enfant bénéficie d’une adoption plénière, laquelle est subordonnée à son
consentement s’il a plus de quinze ans (art 231 CF), le jugement d’adoption lui confère le
nom de l’adoptant, et en cas d’adoption par deux époux, le nom du mari.

2. L’adoption limitée

L’adoption limitée doit être consentie par l’adoptant âgé de plus de 15 ans (art. 244 CF).
L’adoption simple confère le nom de l’adoptant à l’adopté en l’ajoutant au nom de ce dernier
(art.6 CF).
Le tribunal peut toutefois décider dans l’intérêt de l’adopté qu’il ne portera que le nom de
l’adoptant.

B. Le nom d’usage du fait du mariage

a. Le nom d’usage pendant le mariage


Le mot « usage » a plusieurs sens en droit. Il peut désigner un comportement plus ou moins
répandu qui peut acquérir une certaine force obligatoire et fixer la conduite à tenir en diverses
circonstances. Sous certaines conditions, il peut même donner naissance à une coutume.
Dans le cadre du droit des biens, le droit d’usage est un droit qui se rapproche sous certains
aspects de celui de l’usufruit.
En droit civil, le recours au nom d’usage est prévu en matière de mariage.
Par application de l’article 7 al. 1 du CF, le mariage ne fait pas perdre à la femme son nom
patronymique. L’épouse est en droit de conserver l’usage de son patronyme et de se faire
désigner par lui.
Il ne ressort pas des obligations du mariage, le devoir pour l’épouse de porter le nom de son
mari.
Par contre l’épouse acquiert du fait de son mariage un droit d’user du nom de son mari
pendant toute la durée du mariage et pendant la durée de son veuvage, et même après le
prononcé du divorce dés lors que ce dernier ne s’y est pas expressément opposé (art. 176 CF).
L’épouse peut exiger son nom d’usage dans ses rapports avec l’administration et à l’égard des
tiers.

b. L’incidence du divorce sur le nom d’usage

Le Code de la famille ne précise pas expressément qu’à la suite du divorce, chacun des époux
reprend l’usage de son nom. La femme dispose de la faculté de conserver son nom d’usage
(correspondant au nom de son ancien époux) pour des raisons familiales ou plus généralement
pour des raisons professionnelles (la femme a pu exercer son activité professionnelle et est
connu du public sous le nom patronymique de son ancien époux).
Si tel est le cas, l’ancien époux dispose de la faculté de s’opposer expressément à l’usage de
son nom patronymique par son ancienne femme.

Contrairement au divorce où le lien du mariage est dissout, en cas de séparation de corps le


mariage est maintenu et l’épouse peut continuer d’utiliser son nom d’usage, sauf décision
contraire du juge (art. 7. al 2 CF).

C. L’acquisition du nom du fait de l’officier d’état-civil

La possession d’un nom faisant partie intégrante de la personnalité juridique, toute personne
doit en disposer. Dans certaines circonstances, les parents peuvent être inconnus ou non
dénommés. Dans ce cas, l’officier d’état civil est chargé d’attribuer un nom à l’enfant. Le
choix de ce nom doit être fait de sorte qu’il ne porte atteinte ni à la considération de l’enfant,
ni à celle d’une quelconque personne.

§ 2. Le changement de nom patronymique

A. Le principe de l’immutabilité du nom


Art 8
Le nom est une institution de police civile se justifiant par la nécessité pour l’Etat de
distinguer les individus. C’est pourquoi, chaque personne a le devoir de porter son nom dans
la vie juridique et à l’égard de l’Etat, ce qui ne l’empêche pas d’user d’un pseudonyme ou de
conserver l’anonymat dans les rapports privés.
En dehors du cadre privé, seul le nom figurant dans les registres de l’état civil doit être utilisé.

B. Les cas exceptionnels de changement de nom


Le nom traduisant l’état civil d’une personne, un changement d’état peut entraîner un
changement de nom au moment de l’établissement de la filiation (reconnaissance d’un enfant
naturel…) ou en cas de changement de nature de la filiation (légitime, naturelle, adoptive).
Dans ces cas, il y a changement de nom plus ou moins nécessaire.
Mais au-delà de ce changement d’état, la loi offre l’opportunité à toute personne de changer
de nom. Ce changement de nom patronymique ne peut être autorisé que par décret (art10 CF).
Toute personne justifiant d’un intérêt légitime pourra faire opposition à ce changement de
nom.

§ 3. Le prénom : complément du nom patronymique

La personne s’identifie par son ou ses prénoms accolés au nom patronymique.


Le prénom qui précède le nom sert à individualiser la personne dans la famille dont elle porte
le nom avec ses parents. Le prénom suit le régime applicable au nom en ce qui concerne son
immutabilité.
Le prénom résulte d’une indication portée dans l’acte de naissance. Son choix appartient à la
personne qui déclare la naissance de l’enfant (art. 2 al.3 CF).
Comme nous l’avons précisé, le régime du prénom suit celui du nom. Il est donc en principe
immuable. Mais comme le nom, cette immuabilité est altérée soit du fait de la personne elle-
même soit du fait de son changement d’état résultant de l’adoption.

A. Le changement de prénom du fait d’un intérêt légitime

Article 9 CF « Les prénoms de l’enfant figurant dans son acte de naissance peuvent être
modifiés par jugement en cas d’intérêt légitime… »
La requête est introduite devant le Tribunal départemental, juge de droit commun en matière
d’état civil (art. 86 CF).

Le législateur exige l’intérêt légitime du demandeur afin d’éviter les demandes de


changement de prénom pour simple convenance personnelle ou dans l’intérêt de nuire à la
famille ou aux tiers.

B. Le changement de prénom du fait du changement d’état

En cas d’adoption, le tribunal de première instance de son domicile (réuni en chambre du


conseil) (articles 236 et 237 CF) peut sur la demande de l’adoptant modifier les prénoms de
l’enfant. Cette mesure tend à favoriser l’efficacité de l’adoption en assimilant autant que
possible l’enfant à sa nouvelle famille et en faisant disparaître la trace de la situation
originaire que pourrait rappeler un prénom maintenu.

§4. Les accessoires du nom

Il s’agit du surnom et du pseudonyme.


Le surnom est un vocable supplémentaire ajouté au nom. Le surnom vient généralement des
autres, il n’est donc pas le fait de la personne elle-même.

Le pseudonyme est un nom d’emprunt choisi par celui qui le porte afin soit de dissimuler son
état véritable dans le cadre professionnel ou purement privé soit par fantaisie. Il ne peut être
utilisé dans les documents administratifs.
Section 2. Le sexe

Le sexe est un élément de l'état civil: il fait partie de ces éléments qui concourent à
individualiser chaque personne dans la société. C'est, à l'origine tout du moins, un élément
d'ordre biologique, un critère naturel, une particularité physique. Une analyse couramment
admise aujourd'hui distingue dans le sexe diverses composantes: chromosomique (ou
biogénétique), morphologique (ou anatomique), hormonale, psychologique, psychanalytique,
sociale (de comportement). En contraste avec le sexe chromosomique, qui paraît immuable,
les autres éléments sont évolutifs et même susceptibles de modification par la volonté de la
personne. D'après le Doyen Jean Carbonnier, le sexe est une notion complexe, où « l'on
discerne d es composantes physiologiques, psychologiques, sociales qui ne sont pas fixées à la
naissance », de sorte qu'un individu peut éprouver un jour le sentiment profond d'appartenir à
l'autre sexe, dont il cherchera peut-être à prendre l'apparence corporelles grâce à la médecine
et à la chirurgie, ce qui correspond au « phénomène (pathologique) du transsexualisme ».
Le sexe est un élément de l'état civil des personnes physiques, inscrit dans l'acte de naissance
(article 52 du Code de la famille) : il est l'un des éléments des personnes, il marque
l'appartenance à l'une des deux moitiés du genre humain et est donc régi par le droit.
Décision de la Cour européenne des droits de l’homme du 25 mars 1992 qui condamne la
position de la jurisprudence française interdisant le changement de sexe. La Cour de cassation
n’a pas tardé à réagir par une décision du 11 décembre 1992 qui autorise le changement de
sexe sur le fondement de l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de
l’homme et des articles 9 et 57 du Code civil en vertu du principe au respect de la vie privée
(arrêt René –Renée).
En principe le changement de sexe n’est autorisé que pour cause d’erreur matérielle, en cas
d’hermaphrodisme on considère que c’est une erreur matérielle du fait de l’incertitude
initiale.

CEDH du 25 mars 1992 qui condamne la position de la CC française refusant le changement


de sexe : le refus de changement de sexe constitue une atteinte à la vie privée.

Section 3. Le domicile

§ 1. Définition

Domicile ou résidence :
Le domicile est le siège juridique de la personne physique, l’endroit où elle est située pour la
localisation des actes juridiques la concernant principalement; par exemple, le tribunal
territorialement compétent pour statuer sur un litige est, en principe, celui dans le ressort
duquel est situé le domicile du défendeur.
Le domicile est le lieu du principal établissement de la personne (art. 12 du Code de la
famille) ; il ne doit pas être confondu avec la résidence qui est l’endroit où une personne
séjourne sans avoir l’intention d’en faire “son principal établissement”, ou encore l’habitation
qui est le lieu de passage (exemple lieu de séjour des vacances).
La détermination de ce caractère principal du domicile pose une question de fait relevant,
dans chaque cas d’espèce, du pouvoir souverain des juges du fond. Ces derniers devront
rechercher des indices probants : installation durable, paiement des impôts, inscription sur les
listes électorales, réception de la correspondance, attaches familiales, professionnelles et
affectives, etc...
Généralement pour la détermination du domicile, il sera recherche d’une part l’élément
matériel ainsi que l’élément intentionnel qu’à l’individu de faire de son établissement en un
lieu son véritable domicile.

§2. Le domicile légal

Dans certaines hypothèses, la loi attribue elle-même un domicile à des personnes, que ce soit
en raison de liens familiaux (ex : le mineur non émancipé est domicilié chez ses parents ou
son tuteur) ou de leur activité : les fonctionnaires nommés à vie - les juges du siège par
exemple - sont domiciliés au lieu où ils exercent leurs fonctions.

§3. Le domicile élu

Le domicile servant à localiser une personne à un moment donné, tout individu ne peut donc
avoir qu’un seul domicile (principe de l’unité de domicile). Cependant les parties à un acte
juridique peuvent choisir (“élire”) un endroit où elles localisent certaines conséquences
juridiques de cet acte. Il y a alors “élection de domicile”. Par exemple, un plaideur peut, pour
son procès, élire domicile chez son avocat, toutes les notifications étant alors faites à cet
avocat qui est qualifié pour y répondre dans les délais.
Chapitre 3. L’état de la personne

L’état des personnes est l’ensemble des traits caractéristiques qui assignent à la personne sa
place dans la société, la différencient des autres et déterminent son statut juridique. Cet état
concerne aussi bien la personne elle-même que la société et l’Etat au titre de la police civile.
L’importance fondamentale de l’état des personnes explique son caractère impératif, qui exige
par ailleurs une réglementation stricte eu égard aux actes relevant de l’état civil.
(Autrement dit, dans l’état civil de la personne, coexistent deux aspects intimement liés :
d’une part les éléments relevant de l’identité de la personne lui permettant d’être distinguée
des autres et d’autre part des éléments qui intéressent le groupe social).

Section 1. La possession d’état

D’une manière générale, la possession, c’est l’exercice de fait des prérogatives d’un droit
indépendamment du point de savoir si l’on est ou non titulaire de ce droit. La possession
d’état entraîne un certain nombre de conséquences juridiques dans le domaine des biens.
Ainsi dans une situation normale, le possesseur d’un bien en étant propriétaire, la possession
fait présumer le droit en la personne du possesseur ; c’est à ceux qui contestent la réalité de
son droit à intenter une action en justice.
De même si la possession se prolonge dans le temps, elle fait acquérir le droit par le jeu de la
prescription acquisitive au profit du possesseur qui n’en n’était pas originellement le titulaire
(cette possession acquisitive apparaît à l’article 262 du COCC qui précise qu’en fait de
meuble possession vaut titre).
La notion de possession connue dans le domaine du droit patrimonial est appliquée par la loi à
l’état des personnes. C’est ce qu’on appelle la possession d’état.
La possession d’un état consiste comme pour la possession de bien ci-dessus définie, dans
l’exercice de fait des prérogatives attachées à celui-ci, indépendamment du point de savoir si
l’on est vraiment titulaire.
La possession d’état comporte trois éléments : le nomen, le tractatus et la fama.
Le nomen c’est le fait de porter le nom qui correspond à l’état que l’on prétend avoir ;
Le tractatus (traitement), c’est le fait d’avoir été traité par les proches comme étant celui dont
on prétend avoir l’état ;
La fama (ou renommée) c’est le fait d’avoir été considéré par la famille et par le public
comme ayant l’état dont on se prévaut.
La possession d’état traduit, comme la possession d’un droit quelconque, et spécialement du
droit de propriété, une vraisemblance qui correspond le plus souvent à la réalité. Par ailleurs
au-delà des liens du sang, il existe une vérité affective », celle qui naît des rapports quotidiens
entre l’enfant et celui ou ceux qui veillent sur lui et qui est digne d’être prise en considération.

Section 2. Les actions d’état

Comme toute situation juridique, l’état de la personne est protégé par des actions en justice :
les actions d’état. Ces actions visent :
- soit à faire reconnaître l’existence d’un état antérieur. Le jugement rendu sur ces actions est
dit déclaratif (action en réclamation de filiation art 209 CF).
- soit à faire modifier l’état initial de la personne en vue de l’attribution d’un nouvel état. Le
jugement rendu sur ces actions est un jugement constitutif d’état. (ex. : le jugement de
divorce, le jugement d’adoption…).

§ 1. Les caractères de l’action d’état

A. L’action d’état est une action personnelle

L’action d’état est attachée à la personne de l’intéressé. C’est la raison pour laquelle la loi
limite le nombre de personnes qui peuvent figurer à l’instance comme demandeur.
aDans la plupart des hypothèses la loi attribue l’exercice de ces actions au seul intéressé. (ex :
l’action en divorce ne peut être intenté que par l’un des époux).
Sauf dans des situations exceptionnelles, les héritiers ne peuvent pas, en cette qualité, exercer
les actions d’état appartenant à leur auteur. Le principe de l’intransmissibilité des actions
d’état procède à la fois de l’indisponibilité de l’état et du caractère personne de ces actions.
Mais ce principe comporte, en faveur des héritiers deux exceptions leur permettant d’intenter
une action relative à la filiation d’un individu s’il est décédé mineur ou dans les cinq années
après sa majorité ou son émancipation (art. 210 et 212 CF), ou de poursuivre l’action engagée
par son auteur décédé par la suite, sauf en cas de désistement.

B. L’action d’état est d’ordre public

L’article 97 du CF précise que les actions d’action sont d’ordre public, et son titulaire ne peut
y renoncer par avance. Une fois l’action intentée, seul un jugement passé en force de chose
jugée peut y mettre fin. Le désistement, l’acquiescement ou la transaction est sans effet sur la
l’action.
Toutefois, le caractère d’ordre public et ses conséquences s’effacent lorsque l’action est
intentée dans un intérêt purement pécuniaire (art 97. al in fine).

C. L’action d’état est imprescriptible

En tant qu’actions attachée à la personne, les actions d’état sont en principe imprescriptibles
(art. 97 al. 4 : les actions d’état ne s’éteignent pas par prescription…). Néanmoins, la loi
apporte des limites à ce principe pour certaines actions précisant des délais préfix à
l’expiration desquels, elles ne peuvent plus être valablement exercées, ex. : les actions
relatives à la filiation (art 218 CF).

§ 2. La classification des actions d’état

Comme nous l’avons précédemment précisé on distingue habituellement deux catégories


d’actions d’état : les actions constitutives et les actions déclaratives.

A. Les actions constitutives

Ces actions ont pour but de créer un état nouveau d’une façon positive ou négative. Parmi les
actions ayant des conséquences positives, on peut citer l’action tendant à l’adoption. Cette
action vise à établir un lien nouveau de filiation.
A contrario constitue une action à conséquence négative, l’action en divorce, ou encore
l’action en déchéance de ma puissance paternelle. Ces actions poursuivent la destruction ou le
relâchement du lien familial.

B. Les actions déclaratives

Les actions déclaratives tendent à faire constater un état préexistant. Elles se subdivisent en
deux groupes : les actions en contestation d’état et les actions en réclamation d’état.

a. Les actions en contestation d’état

Ces actions tendant à contester l’état qu’une personne paraît avoir : ex. l’action en
contestation d’une reconnaissance d’enfant naturel, l’action en désaveu de paternité…

b. Les actions en réclamation d’état

Ces actions ont pour objet de réclamer un état qu’on paraît ne pas avoir. Il en est ainsi par
exemple de l’action en recherche de paternité ou de maternité naturelle, ou de l’action en
recherche de maternité légitime.
Action en réclamation de filiation maternelle art 209

§3. Le régime juridique des actions d’état

Dans ce paragraphe nous préciserons les personnes habilitées pour intenter une action d’état,
la juridiction compétente, les modalités de preuve et enfin l’autorité de la force jugée

A. Les personnes pouvant agir

Par application des dispositions de l’article 94 du CF, et sauf disposition contraire de la loi,
toute personne peut, par une action en réclamation d’état, faire établir que la loi lui confère un
état différent de celui qu’elle possède. De même, tout intéressé peut, par une action en
contestation d’état, mettre fin à l’état qu’une personne possède.
L’article 94 apporte des précisions quant aux personnes ayant qualité pour agir qu’au regard
des actions déclaratives.

Pour les actions constitutives seules les parties directement concernées ont la qualité pour agir
tel est le cas pour une action en divorce qui ne peut être intentée que par l’un des deux époux.

Concernant les actions déclaratives, l’article 94 du CF ne prévoit de limitation que pour les
actions en réclamation d’état qui sont réservées à ceux qui sont intéressés par l’état réclamé.
En revanche, les actions en contestation d’état peuvent être exercées par toute personne à
l’exception de l’action en désaveu de paternité qui est réservée au mari de la mère de l’enfant.

B. La compétence juridictionnelle

Les actions d’état sont par nature des actions civiles et relèvent de la compétence du tribunal
régional (article 95 CF).
Toute autre juridiction saisie d’une question d’état doit se déclarer d’office incompétent et
surseoir à statuer jusqu’à ce que le tribunal civil tranche la question d’état. On dit que la
question d’état constitue une question préjudicielle art 96CF.
Définition : la question préjudicielle est celle qui oblige le tribunal à surseoir à statuer jusqu’à
ce qu’elle ait été soumise à la juridiction compétente qui rendra à son sujet un acte de
juridiction.
Cependant, les juridictions répressives peuvent exceptionnellement juger une affaire dans
laquelle une question d’état est posée, sans surseoir à statuer. Il en est ainsi auprès de la Cour
d’Assises qui, en raison de sa plénitude de juridiction, peut trancher directement, sans que sa
décision n’ait d’influence sur l’état de la personne (art 96. al.2 in fine CF).

C. La preuve en matière d’action d’état

La loi fixe pour chacune des actions d’état l’objet et les moyens de preuve autorisés (art 98 al.
1er CF).
Elle autorise aussi la preuve par possession d’état qui est la réunion de faits et d’actes
desquels découle la jouissance par une personne d’un état qu’elle réclame ou qui lui est
contesté en droit.

D. L’autorité de la chose jugée des jugements relatifs à l’état

Les jugements relatifs à l’état, tant qu’ils ne sont pas transcrits sur les registres de l’état civil
obéissent à la règle de l’autorité relative de la chose jugée.
La chose jugée ne s’impose qu’entre les parties et leurs ayants-causes, elle ne deviendra
opposable aux tiers qu’à partir de la leur mention ou de leur transcription dans les actes de
l’état civil (article 99 CF).

Section 3. Les actes de l’état civil

L’état de la personne présente trois aspects : il concerne celle-ci dans son identité même, il
intéresse aussi la société et l’Etat au titre de la police civile et enfin en termes de
communication et de preuve, il implique des règles particulières. Les actes juridiques, et les
faits juridiques, (les situations juridiques) qui le constituent appellent une réglementation
spécifique, destinée à traduire, tant bien que mal, en termes de registres et de documents,
l’identité de chacun à travers les « actes de l’état civil ».
On appelle « actes de l’état civil » des actes instrumentaires, c’est-à-dire des écrits
(instrumentum) constatant les principaux faits ou actes juridiques relatifs à l’état d’une
personne. Il sont le mode essentiel de preuve de ces faits ou actes juridiques. Tels sont les
actes de naissance, de décès, de mariage dressés par les officiers de l’état civil.

§ 1. L’établissement des actes de l’état civil

A. Les autorités compétentes chargées de la tenue des registres de l’état civil

Les autorités compétentes pour établir les actes de l’état civil sont les officiers de l’état civil.
Le Code de la famille distingue deux catégories d’officiers de l’état civil : les officiers d’état
civil des centres principaux et les officiers d’état-civil des centres secondaires.

a. Les officiers d’état civil des centres principaux

Les centres principaux se situent au sein des Mairies et des sous-préfectures (art. 31 CF)
Dans les communes, les fonctions d’officier de l’état-civil sont remplies par le Maire ou ses
délégataires.
Dans les sous-préfectures, ces fonctions sont exercées par le sous-préfet ou par une personne
désignée par arrêté préfectoral.

b. Les officiers d’état civil des centres secondaires

Les centres secondaires sont rattachés à un centre principal. Ils sont créés par arrêté
ministériel et l’officier d’état civil est désigné par arrêté préfectoral.
Les présidents des communautés rurales sont investis des fonctions d’officier de l’état civil
(article 54 de la loi du 19 avril 1972 portant création des collectivités rurales).

c. Les fonctions de l’officier de l’état civil

Dans l’exercice de ses fonctions, l’officier de l’état civil est une autorité judiciaire (tout ce qui
concerne l’état des personnes relève du pouvoir judiciaire). La surveillance de l’état civil
relève de la compétence du Tribunal départemental et du Procureur de la République.
L’officier de l’état civil est chargé de la tenue et de la conservation des registres de l’état-
civil, de l’établissement et des transcriptions et mentions en marge des actes de l’état-civil,
ainsi que de la délivrance des copies ou extraits des actes de l’état civil.
Il reçoit les déclarations de naissance et de décès et célèbre ou constate les mariages.

Les fonctions dévolues à l’officier de l’état civil sont obligatoires. Il est tenu de recevoir
l’ensemble des déclarations qui lui sont faites pour la rédaction des actes. Si une déclaration
lui semble contraire à la loi, il doit en aviser le Procureur de la République qui agit s’il y a lieu
en rectification ou en action d’état (art. 37 CF).

B. La tenue des registres de l’état civil

L’organisation, la tenue et la conservation des registres de l’état-civil sont précisées par la loi.
Les registres comportent des feuillets reliés et numérotés composés chacun de trois volets.
Chaque volet donne l’énonciation de toutes les mentions qui doivent figurer dans l’acte en
sorte que l’officier n’ait qu’à remplir, signer et faire signer les personnes dont la signature est
requise.
Le volet N° 1 est remis au déclarant.
Les volets N°2 et 3 restent au centre d’état-civil pendant l’année de sa rédaction. A la fin de
chaque année, le volet N° 2 est détaché, archivé dans le registre des doubles des volets 2 et
transmis au greffe du tribunal régional pour conservation.
Le volet N°3 est conservé dans le registre de l’année du centre d’état civil initial (celui de sa
rédaction).

Les registres sont ouverts le 1er janvier et clos le 31 décembre de la même année (art 40 CF).
Il est tenu un registre des actes de naissance, des actes de décès et des actes de mariages. Les
actes de reconnaissance sont dressés sur les feuillets du registre des actes de naissance.
Les registres de l’état-civil contiennent soit des actes, soit des transcriptions, soit des mentions
marginales.

a. La rédaction des actes de l’état-civil

Les actes sont rédigés par l’officier de l’état-civil sur déclaration des parties. L’acte doit
nécessairement précisé, l’année, le mois, le jour et l’heure où il est établi, les prénom et nom
de l’officier d’état-civil, profession et domicile de tous ceux qui y sont dénommés.
Lecture de l’acte est donnée par l’officier de l’état-civil aux comparants, qui les invite à en
prendre connaissance avant signature.

b. Les transcriptions

La transcription est la reproduction sur les registres d’état-civil de certains actes dressés par
ailleurs, ou de certains jugements.
L’article 44 du CF prévoit la transcription des actes d’état-civil des sénégalais vivant à
l’étranger.

c. Les mentions marginales sont les mentions relatives aux évènements affectant l’état-civil
d’une personne et qui doivent être portées sur un acte déjà établi (ex : le mariage porté en
marge de l’acte de naissance des époux…).

C. Le contrôle et sanctions des actes de l’état-civil

Par application des dispositions de l’article 34 du CF la surveillance de l’état-civil est assurée


par le juge du tribunal départemental et par le Procureur de la République
L’officier de l’état-civil qui commet des irrégularités dans l’exercice de ses fonctions engage
sa responsabilité civile, pénale et disciplinaire.

a. Responsabilité civile

Tout manquement même involontaire aux règles relatives à la tenue des registres et à la
délivrance des copies des actes de l’état civil engage la responsabilité civile de l’officier
d’état-civil (art.50 CF).

b. Responsabilité pénale

Les actes d’état-civil sont des actes publics protégés par des dispositions pénales. L’officier
d’état civil engage sa responsabilité pénale lorsqu’il commet dans le cadre de l’exercice de ses
fonctions une irrégularité constitutive d’une infraction pénale (ex : le faux en écriture).

c. Responsabilité disciplinaire

L’officier de l’état-civil qui commet des fautes dans le cadre de ses fonctions est frappé par
des peines disciplinaires (suspension, révocation…) prononcée par son autorité
administrative.
La §2 La force probante des actes de l'état civil

Deux principes :

1) - Les actes de l'état civil font foi jusqu'à inscription de faux de l'officier de l'état civil dans les
mêmes conditions que les autres actes authentiques. (pour développement) V. art. 81.
Distinction - énonciation se rapportant à des faits constatés par l'officier de l'état civil -
inscription ………
- relatés par les déclarants - jusqu'à preuve contraire (action en contestation)
En cas de faute : sanction pénale et civile (absence de déclaration) discipline.

Les copies ont la même valeur que l'acte original si elles sont régulièrement délivrées. (art. 29).
2) - L'état des personnes ne peut être établi et prouvé que par les actes de l'état civil (except. La
possession d'état peut faire preuve de filiation art 214

§3 - Les décisions judiciaires en matière d'état civil (86-93 CF)

Deux situations à distinguer : les jugements rectificatifs et les jugements d'autorisation d'inscription.

1 - Les jugements rectificatifs des actes de l'état civil

Deux situations :

a) - La rectification d'office (art. 90)

Cas d'omission ou d'erreurs purement matérielles (mauvaise écriture, faute d'orthographe) dans
la rédaction d'actes établis dans leur ressort, le MP ou le juge départemental peuvent
concurremment faire procéder d'office à leur rectification. A cet effet, ils donnent aux
dépositaires des registres les instructions utiles.

b) La rectification contentieuse

Les autres cas d'omissions ou d'erreurs. Procédure :

La requête en rectification peut être présentée d'office par toute personne intéressée ou
par le ministère public ou juge du tribunal départemental dans le ressort duquel l'acte à rectifier
a été dressé.

Le dispositif de la décision portant rectification est transmis par le ministère public au


dépositaire des registres où se trouve inscrit l'acte rectifié. Mention en est faite sur l'acte et
copie de celui-ci ne peut être faite qu'avec les rectifications ordonnées.

La rectification est faite sur l'acte et sur tous autres actes qui comportent la mention rectifiée
V. le lien où ils ont été établis (art. 91).

2 - Les jugements d'autorisation d'inscription

Trois situations sont à distinguer :

1- inexistence d'acte ou demande d'établissement tardive ;


2- destruction d'un acte ou d'un registre ;
3- inexistence de registre.

a) - Inexistence d'un acte ou demande d'établissement tardive (art. 87)

Quand aucun acte n'aura été dressé (naissance, mariage, décès) ou que la demande en aura été
introduite tardivement (après les délais), le juge du tribunal départemental, dans le ressort duquel
l'acte aurait dû être reçu, pourra par jugement autoriser l'inscription par l'officier de l'état civil
(explication : contrôle juridique - Possibilité de régularisation).

Procédure : Qui / Comment ?

- La requête est introduite par les personne devant l'acte de l'état civil doit établir l'état, de leurs
héritiers et légataires, des personnes autorisées ou habilités à procéder à la déclaration de l'acte ou du
ministère public.
- La requête n'est recevable s'il n'y est pas joint un certificat de non inscription de l'acte, délivré
par l'ODEC qu'aurait dû le recevoir. (On peut ajouter à la demande le certificat d'écoulement ou de
décès).
Le juge examine toutes les pièces justificatives, à défaut d'elles, il procède à une enquête.
- Le jugement énonce les mentions devant être portées à l'acte et ordonne la transcription sur le
registre de l'état civil.

b) Destruction d'acte ou de registre (art. 89)

Reconstitution de l'acte ou des registres à l'aide de l'exemplaire subsistant, à la diligence du


parquet, de l'acte ou du registre détruit.

C - Inexistence des registres ou dispositions des deux exemplaires du registre

Un décret pourra décider de leur constitution ou de leur reconstitution en fixant la procédure à


suivre.

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