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DROIT CIVIL

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PERSONNES ET ORGANISATION JURIDIQUE

Dr. AGNON Akouwavi Mbonè (Cécile – Espoir)


BP : 8019 S/C ESAG – NDE Lomé Tokoin
Tel : (00228) 93 46 33 48/92 47 59 53/97 86 62 62
E-mail : cecile125espoir@yahoo.fr
TOGO
INTRODUCTION

Les personnes juridiques sont les acteurs qui animent la vie juridique. Par personne il
faut entendre tout titulaire de droit et d’obligation et qui joue un rôle dans l’activité juridique.
Une personne est un individu ou un groupe d’individus doté de la personnalité juridique.
L’objectif est d’appréhender la notion de la personnalité juridique, connaitre les différents
éléments d’identification de la personne, connaitre les principes fondamentaux de l’état des
personnes et évolution, appréhender la notion d’incapacité et identifier les différentes sortes
d’incapacité et maitriser les mécanismes de protection des incapables. En effet, le droit des
personnes est un aspect du droit civil, branche du droit comprenant, outre le droit des
personnes, le droit des obligations, le droit de la famille, le droit des biens etc. Le droit des
personnes est donc une composante du droit civil. Il a pour objet les personnes, c’est-à-dire
les sujets de droit, (qu’il faut impérativement distinguer des biens objet de droit). Car la
finalité du droit c’est la protection et l’épanouissement de la personne, envisagée comme une
entité abstraite. Cependant le droit reconnait la qualité de personne non seulement aux êtres
humains que nous sommes mais aussi à des groupements. D’où la reconnaissance par le droit
des deux catégories de personnes : personnes physiques (partie 1) et personnes morales (partie
2). Ce sont donc ces deux catégories que nous envisagerons dans le cadre de ce cours en
abordant la personnalité juridique des personnes physiques et la personnalité morale.
CHAPITRE 1

PERSONNES PHYSIQUES ET PERSONNALITE JURIDIQUE

Les personnes physiques sont les êtres humains vivants sans distinction de sexe, de race et de
religion. A un moment donné de leur existence, le droit leur attribue la personnalité juridique.
En effet, la personnalité juridique est l’aptitude d’une personne à être titulaire de droit (droit
de propriété, droit de vote, droit d’ester en justice …) et d’obligation (respect du droit du
travail, ..). Seules les personnes ont la personnalité juridique. C’est pourquoi elles sont
appelées sujets de droit ; alors que les animaux et les choses sont des objets de droit car ne
possèdent pas de personnalité juridique. Comme aptitude, la personnalité juridique a un début
et une fin.

Section 1/ Le commencement et la fin de la personnalité juridique

§1. Le début de la personnalité juridique

1) Principe : la personnalité juridique des personnes physiques commence dès la


naissance à condition que l’enfant naisse vivant et viable. Pour être doté de la
personnalité juridique, il faut d’abord naitre vivant et viable. C’est à dire naitre avec tous les
organes nécessaires et suffisamment constitués pour lui permettre de vivre (art 906 c. civ). Ce
principe connait une exception.
2) L’exception : la personnalité juridique peut précéder la naissance quand
l’intérêt de l’enfant l’exige. Autrement dit, l’enfant simplement conçu peut dans son intérêt,
être considéré comme né. Ainsi, l’enfant pourra recueillir des droits durant la période de
gestation pourvu qu’il naisse vivant et viable. Ex : lorsque le père meurt entre la conception et
la naissance de l’enfant. Il s’agit d’une personnalité juridique conditionnelle car il faudra qu’il
naisse vivant et viable.
NB : toute naissance doit être déclarée à la mairie dans un délai de 45jrs.

§2. La fin de la personnalité juridique


La personnalité juridique prend fin avec la mort naturelle des personnes physiques.
Néanmoins, d’autres événements peuvent aussi mettre fin à la personnalité juridique :
l’absence et la disparition.
a) Le décès
C’est un événement naturel qui peut être volontaire ou non. Il y a décès lorsque la mort est
certaine et le cadavre retrouvé. Le décès doit être constaté par un acte de décès délivré par le
maire.
NB : le décès doit être déclaré dans un délai de 15jrs.
b) L’absence : art.20 à 35 CTPF
C’est une situation dans laquelle se trouve une personne dont le manque de nouvelle rend
incertaine l’existence. C’est-à-dire lorsqu’il est impossible de savoir si elle est vivante ou
morte. La fin de la personnalité découlera d’un jugement déclaratif d’absence, ne pouvant
intervenir qu’après un délai 10 ans après les dernières nouvelles. Le processus s’effectue en 4
étapes
 Demande en déclaration de présomption d’absence : elle est introduite par
tout intéressé si les dernières nouvelles à plus d’un an ; le juge saisi publie la
demande, nomme un administrateur provisoire qui est chargé de faire des actes
conservatoires et d’administration et organise les recherches.
 Jugement déclaratif de présomption d’absence : il est prononcé par le juge,
un an après la demande suivant les résultats d’enquête.
 Demande en déclaration d’absence : elle est introduite deux ans après le
jugement déclaratif de présomption d’absence. A la suite de cette demande, le
juge prononce le jugement déclaratif d’absence. Ce jugement permet au conjoint
de demander le divorce pour cause d’absence. Il permet aussi à l’administrateur
provisoire d’accomplir les actes de disposition
 Demande en déclaration de décès : elle est introduite après enquêtes
complémentaires, le juge prononce le jugement déclaratif de décès. Ce jugement
met fin à la personnalité juridique de l’absent. Ce qui permet l’ouverture de sa
succession.
NB : si l’absent réapparait avant le jugement déclaratif de décès, il reprend la totalité de ses
biens mais le divorce et le nouveau mariage de son conjoint lui est opposable. S’il réapparait
après le jugement déclaratif de décès, il reprend ses biens dans l’état où il les trouve.
c) La disparition
C’est la situation dans laquelle se trouve une personne qui, lorsqu’elle a été aperçue pour la
dernière fois, était dans une situation de danger qui rend probable son décès, alors que son
corps n’a pu être retrouvé.
Ex : séisme, inondation…
Dans ce cas, la fin de la personnalité résulte d’une déclaration judiciaire du décès.

Section 2/ Les éléments d’identification des personnes physiques

L’identification des personnes physiques s’opère principalement à l’aide de quatre éléments :


la nationalité, le nom, le domicile et la tenue du registre de l’Etat civil.

§1. Le nom :
C’est la désignation d’une personne. Il comprend le nom de famille, le prénom et les
accessoires. En effet, toute personne doit avoir un nom paronymique ou matronymique et un
ou plusieurs prénoms. Art. 1er Code des personnes et de la famille.
a) Le nom de Famille
Le nom de Famille est un nom qui est commun à tous les membres d’une famille. Nous
verrons les conditions d’attribution, les caractères et la protection du nom patronymique.
- Les conditions d’attribution
Trois critères permettent l’attribution du nom de Famille
L’attribution par la filiation
L’attribution par voie administrative
L’attribution par le mariage
b) L’attribution du nom patronymique par la filiation
Elle est la voie principale d’attribution du nom patronymique. La filiation est un lien qui lie
les parents et les enfants. Il existe 3 sortes de filiations ;
Filiation légitime : c’est celle dans laquelle le père et la mère sont mariés. Dans cette
filiation, l’enfant porte le nom du père.
Filiation naturelle : c’est celle dans laquelle le père et la mère ne sont pas mariés. Dans cette
filiation, l’enfant naturel prend le nom de celui de ses deux parents qui l’a reconnu en premier
lieu. Mais s’il a été reconnu par la mère et ensuite par le père, il prend le nom de ce dernier.
Lorsqu’il a été reconnu simultanément par le père et la mère, il prend le nom du père.
L’adoption : c’est la filiation créée par la loi entre les parents et les enfants. Elle peut être
plénière ou simple. Dans l’adoption plénière, l’enfant adopté prend le nom de l’adoptant.
Mais dans l’adoption simple, l’enfant adopté ajoute à son nom d’origine celui de l’adoptant.
c) L’attribution du nom patronymique par voie administrative
Lorsque l’enfant n’a été reconnu par aucun de ses deux parents (cas d’enfant abandonné par
ex :), l’officier de l’Etat civil lui attribue un nom.

d) L’attribution du nom patronymique par mariage : le mariage permet à la femme


d’utiliser le nom de son mari sans l’acquérir. Elle conserve son nom de naissance. La femme
mariée a le droit de porter le nom de son mari pendant le mariage et durant tout le temps
qu’elle reste veuve. La femme mariée perd le droit d’utiliser le nom de son mari en cas de
divorce. Exceptionnellement elle peut continuer à porter ce nom soit avec l’accord du mari
soit avec l’autorisation du juge (à condition qu’elle prouve qu’un intérêt particulier s’y
attache).ex : un nom d’entreprise dont le changement ferait perdre la clientèle

e) Les caractères du nom patronymique


Le nom de famille est immuable, incessible, obligatoire et imprescriptible
* Le nom de famille est immuable : cela signifie que le nom ne peut être changé.
Exception : en cas d’adoption le nom peut être changé, de reconnaissance ou de nom ridicule
ou odieux. Ex : toxosou hanicapé malheur, dzagli etc.
NB : le changement se fait par arrêté du ministre de la justice
* Le nom de famille est incessible : ceci signifie que le nom ne peut être cédé à un tiers.
Exception : s’il est utilisé comme nom commercial il devient cessible
Ex : Ets Bordas est cessible
* Le nom de famille est obligatoire : toute personne a l’obligation de porter le nom qui
lui est attribué et de répondre au nom qui est le sien. Exception : dans les rapports entre
particuliers on admet la liberté de l’anonymat ou du pseudonyme.
* Le nom de famille est imprescriptible : ce caractère signifie que le nom ne se perd
pas par le non usage. Exception : il peut s’acquérir lorsque l’usage remonte à plus de 100 ans.

f) La protection du nom
Le nom est protégé contre l’usurpation c’est-à-dire l’utilisation du nom par une tierce
personne. L’usurpation est sanctionnée sans qu’il soit nécessaire d’établir le préjudice
lorsqu’il y a risque de rattacher un tiers à une famille à laquelle il n’appartient pas. Par contre
lorsque le nom est utilisé par un tiers à des fins commerciales, il faut qu’il y ai risque de
confusion et un préjudice. Mais en matière littéraire, pour que l’utilisation du nom d’autrui
soit sanctionnée, il faut que l’emploi comporte un risque de confusion avec un personnage
ridicule ou odieux.

g) Le prénom
Il permet de distinguer une personne de tous ceux qui portent le même nom. Il est obligatoire
lorsque l’emploi du seul nom patronymique peut être source de confusion. Il est attribué en
fonction des usages et de la coutume. Le prénom peut être changé sur décision du juge en cas
d’intérêt légitime.
NB : à côté du nom de famille et du prénom qui sont les éléments essentiels du nom, il y a
aussi les éléments accessoires du nom qui sont le surnom ou le sobriquet, le pseudonyme et
des titres de noblesse.
Le surnom est un nom attribué par le public à une personne. Il correspond à un trait
caractéristique de sa personnalité. Il n’a aucune valeur juridique.
Le pseudonyme : est un faux nom ou un nom d’emprunt qu’une personne utilise pour
masquer son identité. C’est le cas des artistes et écrivain. Le pseudonyme devient un droit si
son utilisation est prolongée et notoire.

§2. Le domicile
Il a trait à la localisation de la personne. Il permet de situer les personnes physiques quant à
leur vie personnelle, familiale, professionnelle, publique. On distingue différents types de
domicile : le domicile volontaire, domicile légal et le domicile élu.
 Le domicile volontaire : encore appelé domicile libre ou domicile de libre
choix ; il est celui librement choisi par une personne.
NB : Le domicile se distingue de la résidence qui est l’endroit où une personne peut se trouver
occasionnellement. Ex : Azankpo habite Atakpamé où il exploite son fonds de commerce ; il
passe les weekends à Aného ; et les congés de Noël à Lomé. Atakpamé est le domicile
d’Azankpo tandis qu’Aného et Lomé représentent ses résidences.
 Le domicile légal : Encore appelé domicile de droit, le domicile légal est celui
que la loi impose à certaines personnes physiques pour l’exercice de leurs droits
et obligations.
Ex : le mineur non émancipé est domicilié chez ses parents ; le majeur en tutelle a son
domicile chez son tuteur ; les domestiques ont leur domicile chez leurs employeurs.
 Le domicile élu
Le domicile élu est celui qui est fixé par les parties à un acte juridique pour l’exécution de cet
acte. Par ex : pour l’exécution d’un contrat, les partie peuvent faire élection d’un domicile :
Mr Kaboua domicilié à Kara achète un camion à Lomé auprès de Lacroix domicilié à
Atakpamé. Le contrat est conclu en l’étude de Mr Lenoir, notaire à Lomé. A la fin de cet acte,
on lit : « pour l’exécution des présentes dispositions, le vendeur et l’acheteur font élection de
domicile à Lomé, en l’étude du notaire soussigné »

* Intérêt pratique du domicile.

Avantage du domicile élu


Le domicile élu permet :
- De déterminer le tribunal territorialement compétent en cas de litige relatif à l’acte c’est-
à-dire une clause attributive de compétence. Dans notre cas c’est le tribunal de Lomé »
- De centraliser les actes de procédure (assignation, signification, ;;) et de correspondance.

* Les caractères du domicile : le domicile est obligatoire, unique et mutable


- Le caractère obligatoire : ce caractère signifie que toute personne doit avoir un
domicile. Lorsque ce domicile n’est pas connu la résidence sert de domicile
- Le caractère unique du domicile : il signifie qu’une personne n’a qu’un seul domicile.
Ce principe d’unicité du domicile admet des exceptions. Une personne peut avoir un
domicile principal et des domiciles secondaires ou spéciaux. Ex : domicile secondaires :
domicile élu, domicile commercial ou professionnel, domicile matrimonial…
- Le caractère mutable : il signifie que le domicile peut être déplacé. C’est le cas
lorsqu’on déplace le principal établissement.
* Importance du domicile : le domicile joue un rôle très important dans la vie juridique
d’une personne : ex : le domicile permet l’accomplissement des obligations fiscales,
politiques et militaire ; c’est au domicile que se font la publication des bans, l’adoption,
l’émancipation, la tutelle, la succession s’ouvre au dernier domicile du défunt ; les
opérations concernant la cessation des paiements d’un commerçant sont centralisées à
son domicile ; le domicile détermine le tribunal territorialement compétant en cas de
litige.
D : Nationalité : c’est l’appartenance juridique et politique d’une personne à la population
constitutive d’un Etat. C’est un lien juridique et politique qui, unit une personne à un Etat.
L’insertion de la personne dans la société globale s’opère à travers la nationalité (cfr art 5 de
la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
Les conditions se différent selon qu’il s’agit d’une attribution ou d’une acquisition.
 Conditions d’attribution de la nationalité togolaise
L’attribution se fait dès la naissance et on parle de nationalité d’origine. Les critères
permettant l’attribution de la nationalité sont :
La filiation : tout enfant né de père ou de mère togolais est togolais
Le lieu de naissance : tout enfant né au Togo de parents inconnus ou apatrides
est togolais d’origine.
 Condition d’acquisition de la nationalité togolaise :
Un étranger peut acquérir la nationalité togolaise par :
Le mariage : la femme étrangère qui se marie à un togolais acquiert la nationalité togolaise
au moment de la célébration du mariage. C’est seulement réservé à la femme étrangère qui
épouse un togolais et non à l’homme étranger qui se marie avec une togolaise
La naturalisation : c’est une décision de l’autorité administrative d’accorder la nationalité à
un étranger. Pour être naturalisé, il faut par ex : avoir au moins 18 ans, avoir son principal
établissement au Togo de puis 5ans, parler une langue du Togo, être de bonne moralité.
* Effet de la nationalité : elle confère aux nationaux certains droits et obligations qui
ne sont pas reconnus aux étrangers. Ex : droit de vote, droit d’être candidat, obligation de
servir sous les drapeaux
 La perte et la déchéance de la nationalité
Un togolais d’origine peut perdre la nationalité soit volontairement en y renonçant soit
involontairement sur une décision administrative s’il se comporte comme un étranger. Un
naturalisé peut être déchu de sa nationalité lorsqu’il commet un crime ou délit avant le délai
de 5 ans à partir de la date d’acquisition de la nationalité.
E. L’Etat civil : il contient date et lieu de naissance, situation matrimoniale etc.
CHAPITRE 2
LES PERSONNES MORALES

Les personnes morales sont des groupements que la loi assimile aux personnes physiques en
leur conférant des droits et des obligations en particulier en leur reconnaissant un patrimoine
distinct de celui de ses membres. Une personne morale est un groupement d’individus ou
de biens doté de la personnalité juridique. On distingue les personnes morales de droit
public et les personnes morales de droit privé. Elles ont une personnalité morale.

Section1/ Personnes morales de droit public/Personnes morales de droit privé

Ils sont soumis au droit public.


§1. Personnes morales de droit public
Il existe trois catégories de personnes morales de droit public à savoir :
 l’Etat et les collectivité territoriales : préfectures, communes, régions etc. .
 les établissements publics : il s’agit des services de l’Etat doté d’une autonomie
de gestion. Ex : les Université, hôpitaux publics etc.
 Les ordres professionnels : il s’agit de groupement d’individus exerçant la
même profession dont l’objet est le respect de la discipline et de la déontologie.
Ex : les avocats, les médecins.
 En plus des ordres professionnels, il y des chambres dont le rôle est égal à celui
des ordres : chambre de commerce, chambre des notaires, chambre des huissiers.

§2 : Les personnes morales de droit privé

Elles sont régies par le droit privé. Parmi les personnes morales de droit privé, certaines
sont à but lucratif et d’autres à but non lucratif. Certaines constituent un groupement de
personnes alors que d’autres sont des groupements de biens.

A : personnes morales à but non lucratif (associations, syndicats): elles ont un but
désintéressé.
*les associations : elles peuvent être religieuses, culturelles ou sportives.
*les syndicats : ce sont des groupements de personnes exerçant la même profession ou
voisine dont le but est la défense des intérêts professionnels de leurs membres. Ex : CNTT,
CSTT,

B : personne morale à but lucratif (sociétés et groupement d’intérêt économique).


Elles ont un but intéressé.
*les sociétés : il s’agit des sociétés privés ex : Moov-Togo ; Wacem ; et des sociétés
d’Etat à caractère industriel et commercial. Ex : Togocel ; Togotelecom ; CIMTOGO ;
CEET ; TdE …
*groupement d’intérêt économique
On peut noter aussi les groupements de personnes et les groupements de biens.
Les fondations occupent une place à part. Ce sont des personnes morales créées en
vue de réaliser l’affectation permanente de biens à une œuvre d’intérêt général. Les
fondations disposent d’un patrimoine (ensemble de biens) et ont une destination c’est-à-dire
un but idéal, culturel, scientifique ou d’assistance.

Section 2/ Début et fin de la personnalité juridique des personnes morales

§1. Début de la personnalité juridique des personnes morales


Il s’agit des personnes morales de droit privé.
*pour les sociétés et les groupements d’intérêt économique, la personnalité juridique
commence dès leur immatriculation au Registre de Commerce et Crédit Mobilier (RCCM)
*pour les associations, la personnalité juridique débute dès leur déclaration au ministère de
l’intérieur.
*pour les syndicats, ils acquièrent personnalité juridique à partir de leur déclaration à la
mairie
*pour les catégories religieuses, la personnalité juridique commence à partir de leur
reconnaissance par le ministère de l’intérieur.

§2. La fin de la personnalité juridique des personnes morales


La dissolution met fin à la personnalité juridique des personnes morales. La dissolution peut
être volontaire ou involontaire.

Section 3/ L’identification des personnes morales


Chaque personne morale est individualisée par une nationalité, un nom (dénominations
sociale pour les sociétés), et un domicile (siège social).
§1. Le nom des personnes morales : il est encore appelé dénomination sociale pour
les sociétés et les groupements d’intérêt économique et le titre pour les associations et les
syndicats. Il est librement choisi et ne doit pas être une source de confusion. Il peut être
modifié et être également cédé.
§2. Le domicile
Le domicile est le lieu de l’établissement principal. Les personnes morales ont deux
domiciles :
*le domicile volontaire : c’est le lieu du principal établissement encore appelé siège social. Il
est fixé par les statuts. On peut parler aussi du siège fictif lorsque le siège sociale est fixé en
un lieu autre que celui de l’établissement principal.
*le domicile lu
NB : les personnes morales n’ont pas de domicile légal.
 Les caractères du domicile des personnes morales
Le domicile des personnes morales est obligatoire, unique (exception : la personne
morale peut avoir des domiciles secondaires dits gares principales ; elle peut aussi avoir un
domicile élu) et mutable (le changement de domicile se fait par la modification des statuts).
 Importance du domicile des personnes morales
Le domicile des personnes morales permet de :
- Déterminer le tribunal territorialement compétant en cas de litige entre la personne
morale et les membres ou les tiers lorsque la personne morale est dépendeuse : ce tribunal
est celui du siège social
Exception : selon la jurisprudence dite des gares principales, les sociétés peuvent être
assignées devant le tribunal du lieu où elles ont un établissement important.
- Centraliser les procédures de redressement et de liquidation judiciaire
- Déterminer le lieu de la tenue des assemblées générales et la nationalité de la personne
morale.
§3. La nationalité des personnes morales
Elle est généralement déterminée en fonction du lieu du siège social. Toutefois, par
exception, elle peut être déterminée en fonction du critère de contrôle. Elle permet de
déterminer la loi à appliquer à la constitution et au fonctionnement de la société.
NB : A l’inverse des personnes physiques, l’aptitude des personnes morales à jouir de
certains droits est limitée par le principe de la spécialité des personnes morales : une personne
morale ne peut accomplir que des actes juridiques correspondant à l’objet pour lequel il a été
créé. Ex : Une société commerciale ne peut par exemple accomplir que les actes dans son
objet social défini par les statuts.
CHAPITRE 3
LA CAPACITE JURIDIQUE

La capacité est l’aptitude d’une personne à être titulaire de droits et à les exercer.

Section 1/ Notion de capacité juridique et d’incapacité


Il existe deux niveaux de capacité qui peuvent avoir des limites appelées incapacité.
§1 : La notion de capacité juridique
On distingue la capacité d’exercice et la capacité de jouissance
A : La capacité de jouissance
La capacité de jouissance est l’aptitude à avoir des droits et des obligations. Ainsi toute
personne physique a en principe la capacité de jouissance. Elle est confondue donc à la
personnalité juridique. Ex : droit de se marier, droit de devenir propriétaire…
B : La capacité d’exercice
La capacité d’exercice est l’aptitude à exercer personnellement les droits et les obligations
dont on a la jouissance. C’est en d’autre terme le pouvoir de mettre en œuvre soi-même et
seul ses droits et ses obligations sans assistance d’un tiers. C’est aussi l’aptitude à exercer ou à
mettre en valeur les droits dont on est titulaire. Ex : se marier, travailler, voter …
NB : celui qui a la capacité juridique a aussi la personnalité juridique car il a la jouissance de
ses droits (personnalité juridique). Mais celui qui a la personnalité juridique peut ne pas avoir
la capacité juridique car il peut ne pas avoir l’aptitude à exercer les droits dont il a la
jouissance.
NB : La capacité est le principe. Toutefois, la capacité d’une personne peut être
atteinte dans l’une ou l’autre de ses composantes. Tout le monde peut avoir la capacité de
jouissance mais ce n’est pas tout le monde qui a la capacité d’exercice.

§2 : La notion d’incapacité
La limite de la capacité juridique est l’incapacité. L’incapacité juridique est l’état d’une
personne privée par la loi de la jouissance ou de l’exercice de certains droits. On distingue
deux sortes d’incapacités : l’incapacité de jouissance et l’incapacité d’exercice.
A : L’incapacité de jouissance
C’est l’impossibilité d’avoir des droits ; elle atteint l’existence même d’un droit : incapacité
de voter ; c’est la situation dans laquelle une personne est privée du droit de conclure certains
contrats. Cette interdiction peut être fondée sur la nécessité de protéger le contractant. Ainsi le
tuteur n’a pas le droit d’acquérir le bien de son pupille (art 219 du code togolais de
l’enfant). Dans ce cas, l’interdiction tend à protéger l’incapable lui-même. Ex : l’interdiction
pour un mineur de 16 ans de faire son testament ; interdiction pour le mineur de se marier..
NB : les incapacités de jouissance sont toujours spéciales et limitées; elles ne portent
que sur certains droits. En effet, soumettre une personne à une incapacité générale de
jouissance ce serait la priver de la personnalité juridique. En revanche les incapacités
d’exercice peuvent être générales ou spéciales.

B : Les incapacités d’exercice

C’est l’impossibilité d’exercer soi-même les droits dont on est titulaire.


Il s’agit de la situation dans laquelle un individu, en raison de son âge ou de l’altération de
ses facultés, est frappé d’une incapacité qui le prive de la possibilité d’exercer lui-même ou de
contracter seul, c’est-à-dire sans être assisté. L’incapacité d’exercice est aussi l’inaptitude à
exercer un droit dont on a la jouissance.
L’incapacité d’exercice peut être générale c’est –à-dire peut s’appliquer à tous les droits, par
exemple l’incapacité d’un mineur non émancipé. Ex : un mineur non émancipé ne peut mettre
en location ou vendre lui-même la maison qu’il a hérité.
L’incapacité peut aussi être spéciale s’appliquant seulement à certains actes du droit, par ex :
l’incapacité du majeur sous curatelle.
Il faut relever que les mineurs ont une capacité résiduelle de contracter. D’une part le mineur
dispose notamment d’une capacité pour les actes que l’usage l’autorise à accomplir seul, en
raison de son âge ou du caractère modeste de l’acte.
S’agissant des majeurs protégés, leur incapacité sera plus ou moins étendue selon la gravité
de leur état. Le majeur peut être placé sous protection de justice, sous le régime de la
curatelle ou celui de tutelle.
La capacité des personnes morales est déterminée par leur objet.
NB : Tandis que la personnalité juridique affirme une aptitude générale à participer
à la vie juridique, à être titulaire de droits et obligations, la capacité juridique précise pour
chacun les conditions de cette participation
Section 2 : La protection des incapables et les actes de la vie civile
Les incapables sont les mineurs (non émancipés) et les majeurs incapables ; ces deux
catégories de personnes bénéficient des régimes de protection leur permettant de participer à
la vie juridique.

§1 : La protection des mineurs (non émancipés)


Il s’agit au Togo des personnes n’ayant pas encore atteint 18 ans qui est l’âge de la majorité
civile. Le mineur non émancipé est en principe frappé d’incapacité générale d’exercice. De
ce fait, tous les actes de la vie civile doivent être posés en son nom et pour son compte, par
son représentant légal qui peut être ses parents ou son tuteur. Cependant, le mineur dispose
de la capacité résiduelle pour les actes que l’usage l’autorise à accomplir seul en raison de
leur caractère modeste. En effet pour remédier à l’incapacité du mineur non émanciper ; le
droit prévoit deux régimes à savoir : l’autorité parentale et la tutelle.
A. L’émancipation
L’émancipation est un acte juridique par lequel un mineur acquiert la pleine capacité
d’exercice et se trouve de ce fait assimilé à un majeur ; elle peut être légale ou volontaire.
L’émancipation volontaire advient suite au mariage tandis que celle légale a lieu par
l’autorisation de la loi à créer une entreprise commerciale par exemple. Ainsi donc, selon
Massimo Paradiso dans cours d’Institution du Droit privé, un émancipé est un mineur auquel
est conférée une partielle capacité d’exercice en dérogation à la réglé générale. Le sujet
émancipé accomplit seul tous les actes d’administration ordinaire (conserver, améliorer, faire
fructifier le patrimoine et utiliser le revenu) bref les actes d’administration en bon père de
famille ; ex : mettre en location une maison et percevoir le loyer ; par contre, il a besoin de
l’assistance de son curateur pour l’accomplissement des actes d’administration extraordinaire
(acte qui modifie la consistance ; la valeur ; la façon d’être du patrimoine ou sa destination).
Ex : aliéner un immeuble

B. L’autorité parentale :
Elle est l’ensemble des droits et de devoirs que la loi reconnait au père et à la mère sur la
personne et les biens de leur enfant mineur non émancipé. Est placé sous l’autorité parentale
le mineur qui a encore son père et sa mère ou l’un d’eux en état d’exercer. L’autorité
parentale a pour finalité l’intérêt de l’enfant et non celui des parents. Il s’agit en effet pour les
parents de protéger l’enfant dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, assurer son éducation, sa
garde, sa surveillance et permettre son développement.
L’autorité parentale est en principe exercer en commun par le père et la mère de l’enfant.
L’autorité parentale s’exerce non seulement sur la personne mais aussi sur les biens c’est-à-
dire le patrimoine du mineur à travers l’administration légale.
- L’administration légale est le pouvoir reconnu par la loi au père et à la mère de
gérer le patrimoine de leur enfant mineur non émancipé : on distingue deux sortes
d’administrations légales : l’administration pure et simple et l’administration sous contrat
judiciaire. Il y a administration pure et simple s’il s’agit d’un enfant légitime ayant son père
et sa mère non divorcés ni séparés de corps, et tous les deux en état d’exercer l’autorité
parentale. Dans ce cas le père et la mère sont conjointement administrateurs légaux des biens
de l’enfant.
- En revanche on parle d’administration légale sous contrat judiciaire dans les autres
cas ; c’est-à-dire s’il s’agit d’un enfant naturel (enfant né et reconnu par un seul de ses
parents), ou enfant légitime, lorsque l’un des parents est décédé ou hors d’état d’exercer
l’autorité parentale ou si le père ou la mère est divorcé ou séparé du corps. Dans ce cas les
biens de l’enfant sont administrés par le parent survivant ou par celui qui a la garde de
l’enfant ou par son émancipation.
C. La tutelle
C’est une institution destinée à protéger le mineur dont le père et la mère sont tous deux
décédés, en confiant le soin de sa personne et la gestion de ses biens à un tuteur. La tutelle
concerne également les enfants dont le père et la mère sont tous deux hors d’état d’exercer
l’autorité parentale et les enfants non reconnus. Dans le régime de la tutelle, c’est le tuteur qui
prend soin de l’enfant et qui administre aussi ses biens. La tutelle comprend 3 organes : un
organe actif ou d’exécution (le tuteur), un organe de décision (assurer par le conseil de famille
du mineur), organe de contrôle (assurer par le subrogé-tuteur et le juge de tutelle). Le
subrogée-tuteur est un tuteur ad hoc qui intervient pour protéger l’intérêt du mineur en cas de
conflit avec le tuteur. La tutelle prend fin par l’arrivé du mineur à la majorité ou par son
émancipation.
§2. La protection des majeurs incapables
La loi dispose de trois mesures de protection des majeurs incapables : la Tutelle, la Curatelle
et la Sauvegarde de justice
A. La Tutelle : elle est un régime de représentation du majeur incapable.
Elle est consécutive à des altérations graves des facultés mentales. Elle entraine une véritable
incapacité d’exercice. Le majeur placé sous ce régime est appelé majeur en tutelle. Il est
représenté de façon continue par son tuteur dans tous les actes de la vie civile. Le majeur en
tutelle peut se marier avec le consentement d’un conseil de famille spécialement convoqué.
Tous les actes accomplis par le majeur en tutelle postérieurement à l’ouverture de la tutelle
sont nuls en plein droit.
B. La curatelle : La curatelle est un régime d’assistance.
Le majeur en curatelle ne peut donc poser l’acte qu’avec l’assistance de son curateur. Tout
comme la tutelle, elle entraine une véritable incapacité d’exercice. Toutefois, l’altération des
facultés mentales est moindre par rapport à la tutelle. Sont placés sous curatelle certains
majeurs en raison de leur déficience physique ou psychique ou de leur prodigalité
intempérance ou oisiveté. Le majeur en curatelle peut se marier avec le consentement du
curateur ; à défaut avec le consentement du juge des tutelles. Il peut aussi libre tester (rédiger
un testament), il peut également faire des donations avec l’assistance du curateur.
Tous les actes accomplis seul par le majeur en curatelle, alors qu’il aurait besoin de
l’autorisation ou l’assistance du curateur sont nuls de plein droit.
C. La sauvegarde de justice :
Elle constitue avec la curatelle et la tutelle les trois régimes de protection des majeurs
incapables. Sont placé sous sauvegarde de justice, des personnes dont les facultés mentales
sont altérées par une infirmité ou un affaiblissement dû à l’âge. Aux termes de l’article 324
du CTPF, le majeur hospitalisé ou soigné à domicile est placé sous protection de la justice
pour l’administration de ses biens. La sauvegarde de justice s’assure par une déclaration faite
au procureur de la République par le médecin traitant le malade. Il s’agit d’un régime de
protection temporaire qui ne prive pas celui qui en bénéficie de sa capacité. Cependant, ce
régime fait présumer l’absence de consentement du dément agissant seul.
La présomption est simple et peut être combattue par tous moyens. Elle est soumise à
l’appréciation des juges de fond. Tous les actes juridiques qu’il aurait accompli sous l’effet
d’un trouble mental sont nuls.
Section 3/ Les actes de la vie civile et les sanctions

§ 3 : Les actes de la vie civile


Les actes de la vie civile (actes juridiques) sont classés en trois catégories : Les actes
conservatoires ; Les actes d’administration ; Les actes de disposition
A. Les actes conservatoires : ils visent à conserver les biens dans le patrimoine de
l’incapable. Ex : inscrire une hypothèque sur l’immeuble d’un débiteur,
interrompre la prescription, souscrire à une assurance, mettre en demeure un
débiteur…
B. Les actes d’administration : ils ont pour but de faire fructifier les biens dans le
patrimoine de l’incapable. Ex : payer ses dettes, ouvrir un compte en banque,
mettre en location un immeuble…
C. Les actes de disposition : ce sont des actes qui visent à faire sortir un bien dans le
patrimoine de l’incapable. Ex : emprunter, vendre, donner un bien en garanti…
§4. Les sanctions des actes irrégulièrement accomplis
Les actes irrégulièrement accomplis par le mineur ou par son représentants légal sont frappé
soit de nullité soit de rescision
1) La nullité : elle est prononcée par le juge si le mineur ou le représentant légal n’a
pas respecté les formalités imposées par la loi (cas des actes de disposition). Elle
est relative.
2) La rescision pour cause de lésion : c’est une nullité conditionnelle par l’existence
d’un préjudice ou lésion dans le cas où l’acte ne nécessite pas une autorisation
préalable ;
Dans les deux cas, le mineur ne restitue que ce qu’il n’a pas dépensé.
NB : Les mêmes sanctions s’appliquent dans le cadre de la protection des majeurs incapables.
CHAPITRE 4
LA PROCEDURE / L’ORGANISATION JUDICIAIRE

Elle est l’ensemble des formalités ou règles qui régissent le déroulement d’un procès. Elle est
également appelée l’organisation judiciaire. L’organisation judiciaire togolaise repose sur
l’ordonnance du 7 septembre 1978 portant organisation judiciaire au Togo. Cette
ordonnance a consacré l’unicité des ordres juridictionnels. Selon cette ordonnance, la justice
est rendue au Togo par trois types de juridiction : les juridictions ordinaires de droit commun,
les juridictions ordinaires spécialisées et les juridictions d’exception. Cependant la
constitution togolaise du 14 octobre 1992 (constitution actuelle) a supprimé les juridictions
d’exception.

NB.1 : le principe de l’unicité de juridiction est la règle selon laquelle le même juge est
compétant pour connaitre les litiges de matières différentes.
NB. 2 : Avec l’avènement de l’OHADA, le domaine du commerce et des affaires se démarque
au fur et à mesure de ce principe de l’unicité. Il faut noter qu’au-delà du fait que les différends
relatifs aux Actes uniformes sont régis par la CCJA (Cours commune de justice et d’arbitrage)
dans l’espace OHADA et par la CATO (Cours d’arbitrage du Togo) sur le plan territorial, le
Togo s’est doté en 2018 de deux tribunaux de commerce (un à Kara et l’autre à Lomé).

NB : le principe de l’unicité de juridiction est la règle selon laquelle le même juge


est compétant pour connaitre les litiges de matières différentes.
Nous étudierons :
 Les différents types de juridiction
 Les règles de compétence
 L’action en justice
 Le déroulement du procès
 Les voies de recours
 Le personnel judiciaire

Section 1 / Les différents types de juridiction


Il existe les juridictions ordinaires de droit commun et les juridictions ordinaires spécialisées.

§1. Les juridictions ordinaires du droit commun


Elles sont composée de :
 Les tribunaux de 1ère instance
 Les cours d’appel
 Et la cour suprême (encore appelée cour de cassation en France)

A. Les tribunaux de première instance


Ce sont des juridictions de 1er degré c’est-à-dire les juridictions qu’il faut saisir en premier
ressort en cas de litige.
1) Organisation des tribunaux de première instance
Les tribunaux de première instance sont repartis en trois classes :
 Le tribunal de 1ère instance de 1ère classe : tribunal de Lomé
 Les tribunaux de première instance de 2ème classe : tribunaux d’Aného, d’Atakpamé,
de kpalimé, de Sokodé, de Kara et de Dapaong.
 Les tribunaux de première instance de 3ème classe : les autres tribunaux. Ex : tribunal
de Notsé, de Blitta.
2) Le rôle des tribunaux de première instance
Les tribunaux de première instance sont les juridictions du 1er degré. Ils sont saisis en premier
des litiges
3) Domaine de compétence des tribunaux de première instance
En raison du principe de l’unicité de juridiction appliqué au Togo, les tribunaux de première
instance sont compétents pour connaitre des litiges en matière civile, commerciale, sociale et
correctionnelle.
NB : au Togo, les litiges administratifs ne sont pas jugés par les tribunaux. Mais le
programme de modernisation de la justice a prévu la création des tribunaux administratifs.
4) Les décisions du tribunal
Le tribunal de première instance siège à juge unique et rend des décisions appelées jugements.
On distingue plusieurs types de jugements :
 Jugement contradictoire : il est rendu en présence des deux parties
 Jugement par défaut : il est rendu en l’absence d’une partie
 Jugement par contumace : il est rendu en matière pénale lorsque le prévenu a pris fuite
 Jugement rendu en premier et dernier ressort : il est insusceptible d’appel. La valeur
du litige doit être inférieure ou égal à 100.000f
 Jugement rendu en premier ressort : il peut être appelable. Ce type de jugement est
rendu lorsque la valeur du litige est supérieure à 100.000f et dans les cas où le litige
n’est pas évaluable en argent.
NB : en matière pénale, le tribunal de première instance est compétant pour connaitre des
infractions (violation de la loi pénale) qui sont qualifiées de délit pénal (ex : abus de
confiance, escroquerie, vol, …). Un délit est une infraction punissable de peines
correctionnelles.

B. Les cours d’appel


La cour d’appel est une juridiction de 2ème degré. Car elle juge en 2ème ressort. En effet
lorsqu’un plaideur est insatisfait du jugement rendu par le tribunal, il a la possibilité de faire
juger l’affaire par une cour d’appel qui est une juridiction hiérarchiquement supérieure au
tribunal. La cours d’appel est saisie au moyen d’appel interjeté contre les jugements rendus en
1er ressort. Cette possibilité est favorisée par l’existence du principe de double degré de
juridiction. Ce principe offre la possibilité de faire juger un litige par la cour d’appel après le
premier jugement du tribunal. Le rôle de la cour d’appel est de juger à nouveau le litige en fait
et en droit. La cour d’appel est juge de droit commun en matière civile, commerciale, sociale,
pénale, et administrative.
NB : en cas de crime, c’est la cour d’appel qui est directement saisie et qui statue en
assises. De même en matière administrative, elle statue en 1er et dernier ressort.
La décision de la cour d’appel : la cour d’appel rend des décisions appelées arrêts. Il
peut être confirmatif ou infirmatif.
 L’arrêt est infirmatif lorsque la décision de la cour d’appel est contraire à celle du
tribunal.
 L’arrêt est confirmatif lorsque la décision de la cour d’appel est conforme à celle du
tribunal.

C. La cour suprême (Cour de cassation en France)

C’est la plus haute juridiction de la République togolaise en matière administrative et


judicaire. Elle est unique et siège à Lomé. La cour suprême ne juge pas l’affaire sur le fond
mais vérifie si les lois ont été correctement appliquées par les juridictions inférieures (tribunal
et cour d’appel). C’est justement pour cela qu’elle est appelée juridiction de droit (NB : et
non juridiction du 3ème degré).

La cour suprême est saisie au moyen d’un pourvoi en cassation formé contre une décision
rendue en 1er et dernier ressort et l’arrêt de la cour d’appel.

Les décisions de la cour suprême : les décisions de la cour suprême sont appelées arrêts. Il
peut s’agir d’arrêt de cassation ou arrêt de rejet.
 Il s’agir d’arrêt de rejet si la cour suprême rejette le pourvoi et estime ainsi que la loi
est bien appliquée par les juridictions inférieures. Dans ce cas l’affaire est terminée.

 Il s’agit d’arrêt de cassation lorsque la loi n’est pas bien appliquée et que la cour
suprême casse la décision.

Mécanisme du pourvoi en cassation

- 1ère phase
 La cour suprême rejette le pourvoi (fin du procès)
 Ou elle casse la décision dans ce cas, elle renvoie l’affaire devant une autre juridiction
de même degré que le 1er.
- 2ème phase : la 2ème juridiction ou juridiction de renvoi se range à l’avis de la cour
suprême (fin du procès) ou bien elle juge différemment.
- 3ème phase : un nouveau pourvoi peut être formé : dans ce cas la cour de cassation se
réunit en assemblée plénière. Elle peut casser et renvoyer devant une autre juridiction
qui doit tenir compte de son avis ou bien elle casse et rend elle-même la décision.

La cour suprême du Togo comprend 2 chambres : la chambre judiciaire (qui règle les litiges
civils, commerciaux, sociaux et pénaux) et chambre administrative.

NB : les pourvois sont portés devant la CCJA et non devant la cour suprême en cas de
violation d’un acte uniforme.

§2. Les juridictions ordinaires spécialisées.

Il s’agit du tribunal de travail et du tribunal pour enfant.

A. Tribunal du travail

C’est la juridiction chargée de connaitre les litiges nés à l’occasion de l’exécution du contrat
de travail entre les salariés et leurs employeurs. Ex : licenciement, non payement de salaire …
Le tribunal territorialement compétant est celui du lieu de travail. Il existe à Lomé,
près du tribunal de première instance, un tribunal du travail.
Le tribunal du travail est composé de : Un magistrat- Un assesseur employeur- Un
assesseur travailleur- Un secrétaire greffier
B. Le tribunal pour enfant

Le tribunal pour enfant est une juridiction collégiale composée du juge des enfants qui joue le
rôle de président et de 2 assesseurs désignés par arrêté du ministre de la justice. En effet les
enfants âgés de plus de 14 ans qui sont prévenus d’infraction à la loi pénale, peuvent être
déférés devant le juge des enfants. Lorsque la culpabilité est établie, le juge peut prendre des
mesures préventives d’éducation ou prononcer des amandes.

Il existe près de chaque tribunal de première instance, un tribunal pour enfant. NB : les
enfants âgés de moins de 15ans sont pénalement irresponsables.

Section2 / Les règles de compétence

La compétence d’une juridiction est l’aptitude d’une juridiction à connaitre d’un litige. Deux
règles permettent de déterminer la compétence : la compétence d’attribution (ou matérielle, ou
rationae materiae) et compétence territoriale.

§1. La compétence d’attribution ou matérielle

C’est l’aptitude d’une juridiction à connaitre d’un litige en fonction de la nature de ce litige.
Au Togo, les tribunaux de première instance ont une compétence générale. Mais les conflits
entre employeur et salarié relèvent d’une juridiction spécialisée : le tribunal du travail.

§2. La compétence territoriale ou relative

La compétence territoriale est l’aptitude pour une juridiction de connaitre d’un litige en
fonction de sa situation géographique. Les règles de compétence territoriale précisent qu’elle
est, de tous les tribunaux d’une même catégorie, celui qui devra connaitre de l’affaire. Elle est
encore appelée compétence rationae loci ou compétence relative.
Principe : Le tribunal territorialement compétant est celui du domicile du défendeur.
Exceptions au principe :
- En matière immobilière, le tribunal compétant est celui du lieu où se trouve
l’immeuble litigieux
- En matière contractuelle, le tribunal compétant est celui du lieu de livraison de la
chose ou celui du lieu de la conclusion du contrat ou celui du lieu de payement.
- En matière délictuelle, c’est le tribunal du lieu de réalisation du dommage. Ex : en cas
d’accident, le tribunal compétant est celui du lieu où l’accident est produit.

Section3/ L’action en justice

L’action en justice est le droit reconnu à une personne de saisir la justice pour faire
reconnaitre son droit. Pour agir ou ester en justice, il faut trois conditions :

- Il faut avoir la capacité : avoir au moins 18ans

- Il faut avoir un intérêt : le demandeur doit se prévaloir d’un intérêt légitime et


juridiquement protégé, d’où l’adage « pas d’intérêt, pas d’action ».

- Il faut avoir la qualité : celui qui agit doit avoir un intérêt. Mais lorsque le demandeur
n’est pas la victime, il doit révéler son identité (héritier, mandataire…) c’est pourquoi
on dit que « nul ne plaide par procureur ».

§1. Le déroulement du procès

Il comprend plusieurs étapes (formalités)

- La demande introductive : elle se fait par une assignation (acte par lequel le
demandeur invite le défendeur à comparaitre devant le tribunal) ou par plainte (en
matière pénale)
- La mise au rôle : c’est l’inscription de l’affaire dans un registre appelé « rôle ». un
juge est désigné pour suivre la procédure. Cette étape s’applique aux affaires
complexes.
- La communication des pièces : la procédure est contradictoire. Les avocats
s’échangent les documents et preuves à l’appui de leurs prétentions
- L’audience : elle est publique. Les avocats plaident et le ministère public si possible
fait sa réquisition.
- Le jugement : il est rendu soit immédiatement soit à une audience ultérieure.

Remarque : dans le procès civil la procédure est accusatoire : les parties doivent rechercher
les preuves. Mais dans le procès pénal, la procédure est inquisitoire : c’est au juge de chercher
les preuves. Cette tâche est attribuée au ministère public (procureur de la République).
En outre le procès pénal se déroule en deux phases : l’instruction et le jugement.

L’instruction est faite par le juge d’instruction dont le rôle est de réunir les preuves, prendre
des ordonnances de mise en liberté provisoire, des ordonnances de non-lieu (renonciation du
juge d’instruction à poursuivre un individu faute de preuve), des ordonnances de renvoi
devant la juridiction de jugement.

§2. Les voies de recours

Une voie de recours est un moyen qui permet au plaideur d’obtenir un nouvel examen du
procès. Il existe plusieurs voies de recours.

A) L’appel

L’appel est une voie de recours de reformation ou d’annulation par laquelle un plaideur porte
le procès devant la cour d’appel. Celui qui fait appel ou interjette appel est l’appelant et son
adversaire est l’intimé.
L’appel n’est possible que contre les jugements rendus en 1er ressort.
L’appel suspend l’exécution du jugement (il a un effet suspensif)
Le délai pour faire appel est d’un mois (1mois)
B : l’opposition

L’opposition est une voie de recours de rétraction ouverte au plaideur contre lequel a été
rendu un jugement par défaut. L’opposition permet de saisir le tribunal qui a rendu le
jugement par défaut pour qu’il juge à nouveau l’affaire. Le délai pour opposition est de 15
jours

C : le pourvoi en cassation

Le pourvoi en cassation est une voie de recours contre une décision rendue en dernier ressort
devant la cour de cassation. Celui qui se pourvoit en cassation ou qui forme le pourvoi en
cassation est le demandeur au pourvoi et son adversaire est le défendeur au pourvoi

Le délai pour se pourvoir en cassation est de deux mois (2mois) ; Le pourvoi en cassation ne
suspend pas l’exécution de la décision attaquée.

D : la tierce opposition
Elle permet à une personne qui n’a pas été partie au procès et dont le jugement lui fait grief de
le remettre en cause
E : le recours en révision
Il permet de réviser la décision en cas de découverte d’un fait nouveau.
NB : ces différentes voies de recours sont classes en voies de recours ordinaires (appel et
opposition) et voie de recours extraordinaire (le reste).

NB. Lorsqu’une décision ne peut plus faire l’objet d’opposition ou d’appel (parce le délai a
expiré ou a été utilisé) on dit que cette décision est passée en force de chose jugée, ou qu’elle
a acquis autorité de chose jugée.

Section 4/ Le personnel judiciaire


Le personnel judiciaire est l’ensemble des personnes qui font fonctionner la justice. Il est
composé des magistrats et des auxiliaires de justice.
§1. Les magistrats
On distingue les magistrats de siège et les magistrats de parquet
A. Les magistrats du siège

Ils sont encore appelés magistrats assis, certains sont des fonctionnaires et d’autres sont élus ;
au Togo, tous les magistrats sont des fonctionnaires. Les magistrats assis sont chargés de
rendre justice (au nom du peuple togolais), ils jugent donc les litiges qui leurs sont soumis.
C’est pourquoi on les appelle les juges. Les magistrats du siège sont indépendants c’est-à-dire
qu’ils ne sont pas placés sous l’autorité du pouvoir exécutif. Ils sont également inamovibles :
c’est une garantie de leur indépendance qui empêche que le pouvoir exécutif ne les révoque,
suspend ou les déplace sans leur avis et celui du conseil supérieur de la magistrature.

B. Les magistrats des parquets


Ils sont encore appelé magistrats debout ou le ministère public. Ils sont fonctionnaires. Leur
rôle est de représenter l’Etat et de requérir en son nom ce qui leur parait être la bonne
application du droit. Ils sont soumis à l’autorité du Ministre de la justice. Ils doivent suivre les
instructions par écrit mais peuvent exprimer oralement une opinion contraire. C’est pourquoi
on dit que (la plume est serve mais la parole est libre ». Ils ne bénéficient pas de la garantie
d’inamovibilité.
§2. Les auxiliaires de justice
Ils ont pour rôle de faciliter la tâche des juges et des justiciables en y apportant leur concours.
A. Les avocats

Ils exercent une profession libérale. Ils ont pour rôle :

- De postuler : il s’agit de représenter les parties devant les juridictions

- De plaider : il s’agit d’exposer verbalement le dossier de leurs clients à l’audience

- De consulter/Conseil : il s’agit de donner un avis verbal ou écrit sur des questions de


droit posées par les clients.

Les avocats sont organisés en un ordre qui est dirigé par un bureau appelé conseil et dont
le président est appelé le bâtonnier.

B. Les greffiers
Ce sont des fonctionnaires chargés de la mise en forme matérielle (rédaction des actes)
des décisions de justice et leur conservation aux archives.
C. Les huissiers
Ce sont des officiers ministériels chargés de signifier les actes judiciaires et
extrajudiciaires. Les actes par lesquels ils font des significations s’appellent des exploits. Ils
sont chargés aussi de l’exécution forcée des décisions de justice. A ce titre ils procèdent à des
expulsions et aux saisies. Ils peuvent procéder aussi aux constats.
D. Les notaires
Ils sont des officiers ministériels chargés d’authentifier les actes qui servent de preuve
(testament, donation,…) et de conseiller leurs clients.
NB : un officier ministériel est un particulier qui a acquis une charge avec l’agrément de
l’Etat.

Les autres auxiliaires de justice sont : les commissaires-priseurs, les médecins


légistes, les experts comptables, les officiers de police judiciaire…
Section 4/ La juridiction commerciale au Togo

Cette partie sera approfondie en droit commercial et des affaires au moment opportun.

Depuis longtemps, le Togo, tout comme les Etats membre de l’OHADA, a consacré l’unicité
de juridiction et pour ce faire les TPI ont aussi compétence en matière commerciale et des
affaires. Cependant, par la loi N°2018-028 du 10 décembre 2018 instituant les juridictions
commerciales en république togolaise, le Togo s’est doté de juridictions commerciales. Un
tribunal du commerce à Lomé qui couvre toute la région maritime et un tribunal commercial à
Kara qui couvre toute la région de la Kara. Par contre, les régions qui ne sont pas encore doté
de tribunaux commerciaux continuent de saisir les TPI pour les litiges en matière
commerciale et des affaires. Par ailleurs, la loi N°2020-002 du 7 janvier 2020 portant
modification de la loi N°2018-028 du 10 décembre 2018 a préciser et délimiter le champ
d’application de ces tribunaux commerciaux au Togo. En effet, elles sont des juridictions
spécialisées et donc doivent connaitre que des litiges qui relèvent de leur domaine spécifique.

§1 Domaine de compétence

L’article 5 de la N°2020-002 du 7 janvier 2020 portant modification de la loi N°2018-028 du


10 décembre 2018, donne une longue liste des litiges dont ces juridictions ont la
compétence. Nous en citons quelques-uns :

- Des contestations relatives aux engagements et transactions entre commerçants et non


commerçants au sens de l’Acte uniforme portant sur le droit commercial général.
- Des contestations entre toute personne au sens de l’Acte uniforme portant sur le droit
commercial, exception faite des actes mixtes dans lesquels la partie non commerçant
peut saisir les tribunaux de droit commun.
- Contestations relatives aux sociétés commerciales et au groupement d’intérêt
économique
- Des procédures collectives d’apurement du passif
- Différends relatifs aux intermédiaires du commerce pour les actes accomplis à
l’occasion ou pour les besoins de leur commerce et les différends qui concernent leurs
relations commerciales
- Les contentieux liés à l’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier
(RCCM)
- Etc. TAF : Chercher et terminer la liste des contentieux aux termes de l’article 5 ci-
dessus
- L’article 6 de la même loi dit que le tribunal de commerce statue en premier et dernier
ressort sur toute les demandes dont le taux du litige n’excède pas un million (1000 000
FCFA) en capital ou cent mille (100000 F CFA) en revenu annuel calculé soit par
rente, soit par prix de bail : en premier ressort sur toutes les demandes dont le taux du
litige est supérieur au montant ci-dessus.

§2 Composition du tribunal

Le tribunal du commerce est composé de :

- Un président
- Un vice-président
- De juges
- Un greffier en chef
- Des greffiers

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