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Immunités et privilèges

diplomatiques et consulaires
Immunités et privilèges de la mission
diplomatique :
Conformément au préambule de la convention de Vienne de 1961 sur
les relations diplomatiques, « les privilèges et immunités diplomatiques
[contribuent] à favoriser les relations d'amitié entre les pays, quelle que
soit la diversité de leurs régimes constitutionnels et sociaux ». Aussi, ils
ne sont pas destinés à « avantager des individus mais [à] assurer
l'accomplissement efficace des fonctions des missions diplomatiques en
tant que représentant des États ». En d'autres termes, ils permettent
notamment l'indépendance et l'autonomie totale des missions et des
personnels diplomatiques vis-à-vis de l'État accréditaire.
Cependant, bien que les agents diplomatiques bénéficient de privilèges
et immunités les rendant presque intouchables, ils ont l'obligation de
respecter les lois nationales de l'État accréditaire et de ne pas s'ingérer
dans les affaires intérieurs de cet État.

Immunités
Inviolabilité des locaux

Les locaux des ambassades sont strictement inviolables et il est donc


interdit pour une quelconque autorité du pays qui accueille la mission
diplomatique d'y pénétrer sans le consentement du chef de mission. Par
ailleurs, l'article 22 de la convention de Vienne ajoute que l'État
accréditaire doit tout mettre en oeuvre pour assurer la sécurité des
locaux des missions diplomatiques contre un « envahissement » ou un
« endommagement » qui « troublerait la paix de la mission » ou « sa
dignité ». En plus des locaux, l'ameublement et les objets qui s'y trouvent
sont protégés tout comme les véhicules, les archives et les documents.
Cette inviolabilité totale signifie aussi que l'État accréditaire ne peut pas
les perquisitionner, les réquisitionner ou les saisir, même en application
d'un jugement ou d'une mesure prise par la justice du pays.
L'inviolabilité des locaux permet notamment l'asile diplomatique d'une
personnes en fuite qui trouverait refuge dans les locaux, alors inviolable,
d'une mission diplomatique. Néanmoins, cette pratique est de moins en
moins répandue.
Cette inviolabilité est à nuancer puisqu'elle est peut être brisée par l'État
accréditaire entraînant alors violation aggravée du droit international et
une crise diplomatique avec l'État accréditant. Par exemple, en 1979, le
personnel diplomatique de l'ambassade des États-Unis en Iran a été pris
en otage avec l'implication de l'État iranien. Cette crise a été portée
devant la Cour internationale de justice, chargée de juger les États, qui a
affirmé l'obligation pour l'Iran de respecter les privilèges et les immunités
prévus par la convention de Vienne sur les relations diplomatiques,
quelle que ce soit la situation. Nous verrons par la suite que les relations
entre les deux pays ont longtemps été rompues.
Il faut savoir que cette inviolabilité concerne également les logements
privés, les documents, les correspondances et les biens des agents
diplomatiques.

Inviolabilité de la correspondance

Nous avons parlé de l'inviolabilité des archives et des documents


diplomatiques mais la convention de Vienne de 1961 prévoit aussi que
les communications officielles soient protégées par l'État accréditaire.
Ainsi, la correspondance de la mission diplomatique est inviolable et
notamment les valises diplomatiques, qui ne ressemblent pas réellement
à une valise mais plutôt à un sac, qui permettent la correspondance
entre l'État accréditant et sa mission diplomatique. Elle peut contenir du
courrier mais aussi des colis et des objets à caractère officiel. Selon
l'article 27 de la convention de Vienne, la valise diplomatique doit être
scellée et porteuse de marques extérieures permettant de l'identifier
comme telle et ne peut pas être ouverte, ni retenue, ni passée sous
rayon X par les autorités de l'État accréditaire. Le porteur de la valise
diplomatique est aussi appelé « courrier diplomatique » et jouit des
mêmes immunités que la valise diplomatique puisqu'il ne peut pas être
arrêté ou détenu s'il « est porteur d'un document officiel attestant de sa
qualité » ; néanmoins, la valise diplomatique peut voyager « seule » et
est alors confiée au commandant de bord de l'aéronef par lequel elle
voyage, ce dernier étant alors en possession d'un document officiel
attestant le contenu de la valise diplomatique mais ne devient pas pour
autant un courrier diplomatique.

Inviolabilité des personnes

Selon l’article 29 de la convention de Vienne, la personne de l'agent


diplomatique est inviolable. Il ne peut être soumis à aucune forme
d'arrestation ou de détention et l'État accréditaire doit prendre toutes
mesures appropriées pour empêcher une atteinte à sa personne, à sa
liberté et à sa dignité. Cette immunité diplomatique complète concerne
aussi les familles des personnels diplomatiques.
Pour compléter la convention de Vienne et pour protéger encore
davantage les diplomates, après des enlèvements terroristes de
diplomates, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté en 1973
une « convention sur la prévention et la répression des infractions contre
les personnes jouissant d'une protection internationale, y compris les
agents diplomatiques » qui oblige les États à extrader ou à juger des
personnes présumées impliquées dans des actes terroristes commis à
l’encontre du personnel diplomatique.
En outre, conformément à l'article 31 de la convention de Vienne, le
personnel diplomatique et sa famille ne peuvent pas être poursuivis
juridiquement devant la justice nationale de l'État accréditaire : on parle
d'immunité totale de juridiction pénale. Cette immunité ne concerne pas
la juridiction civile et administrative, si tant est qu'elle existe, concernant
le droit de succession, l'exercice d'une profession libérale ou
commerciale et en dehors des fonctions de personnel diplomatique. Le
personnel diplomatique n'est pas non plus dans l'obligation de témoigner
dans le cadre d'une affaire judiciaire.
D'après l'article 36 de la convention sur les relations diplomatiques, les
bagages du personnel diplomatique sont exemptés de l'inspection
douanière sauf « s'il existe des motifs sérieux de croire qu'il contient des
objets ne bénéficiant pas des exemptions ou des objets dont
l'importation ou l'exportation est interdite par la législation ou soumise
aux règlements de quarantaine de l'Etat accréditaire ». Dans ce cas,
« l'inspection ne doit se faire qu'en présence de l'agent diplomatique ou
de son représentant autorisé ».

Avantages

Avantages fiscaux
Conformément à l’article 34 de la convention de Vienne, les agents
diplomatiques ne peuvent pas être contribuables de l'État accréditaire et
sont donc exemptés d'impôts et de taxes dans l'État accréditaire ; à
l'exception, des impôts indirects (TVA, par exemple), des taxes sur les
biens immeubles (sauf s'il s'agit de biens immeubles utiles pour la
mission diplomatique), des droits de succession, des impôts sur les
revenus privés, des droits d'enregistrement, de greffe, d'hypothèque et
de timbre en ce qui concerne les biens immobiliers. Dans certains cas,
relevant de la courtoisie internationale et selon la volonté de l'État
accréditaire, ils peuvent être exonérés des droits de douane.
Immunités et privilèges de la mission
consulaire :
Les immunités et les privilèges des missions consulaires sont moins
importants que ceux des missions diplomatiques. Les missions
consulaires sont protégées par une autre convention, la convention de
Vienne sur les relations consulaires de 1963.

Immunités
Inviolabilité des locaux

Selon l'article 31 de la convention sur les relations consulaires, les


locaux des missions consulaires sont inviolables dans les mêmes
conditions que ceux des missions diplomatiques. Les archives et
documents consulaires sont inviolables à tout moment et en quelque lieu
qu'ils se trouvent « à condition qu'ils soient séparés des autres papiers et
documents et, en particulier, de la correspondance privée du chef de
poste consulaire et de toute personne travaillant avec lui, ainsi que des
biens, livres ou documents se rapportant à leur profession ou à leur
commerce ».

Inviolabilité de la correspondance

La correspondance consulaire est également inviolable et protégée par


les articles 33 et 35 de la convention de Vienne de 1963 mais dans une
mesure plus souple que la correspondance diplomatique puisque « si les
autorités compétentes de l'État ont de sérieux motifs de croire que la
valise contient d'autres objets que la correspondance, les documents et
les objets à usage officiel, elles peuvent demander que la valise soit
ouverte en leur présence par un représentant autorisé de la mission
consulaire et si les autorités de la mission consulaire opposent un refus
à la demande, la valise est renvoyée à son lieu d'origine ».

Inviolabilité des personnes

Là aussi, la convention sur les relations consulaires, et notamment les


articles 41, 42, 43 et 44, est plus souple sur les conditions d'inviolabilité
des fonctionnaires consulaires. Puisque les agents peuvent être arrêtés
et détenus en cas de crime grave et à la suite d'une décision de l'autorité
judiciaire compétente et ils peuvent même être incarcérés en exécution
d'une décision judiciaire. Aussi, les agents consulaires sont dans
l'obligation de se présenter devant les autorités compétentes si une
procédure est engagée à leur encontre. Leur immunité de juridiction est
aussi limitée et ont obligation de répondre comme témoin.
Les bagages des fonctionnaires consulaires et ceux de leur famille sont
exemptés de la visite douanière sauf « s'il y a de sérieuses raisons de
supposer qu'ils contiennent des objets destinés à l'usage officiel ou
personnel ou des objets dont l'importation ou l'exportation est interdite
par les lois et règlements de l'Etat de résidence ou soumise à ses lois et
règlements de quarantaine ». Néanmoins, « cette visite ne peut avoir lieu
qu'en présence du fonctionnaire consulaire ou du membre de sa famille
intéressé ».

Avantages
Avantages fiscaux

Les personnels consulaires sont exemptés d'impôts et de taxes dans les


mêmes conditions que les personnels diplomatiques, d'après l'article 32
de la convention sur les relations consulaires.

Levée de l'immunité
Selon l’article 32 de la convention de Vienne sur les relations
diplomatiques, « l'État accréditant peut renoncer à l'immunité de
juridiction des agents diplomatiques et des personnes qui bénéficient de
l'immunité ». En d'autres termes, l'État qui envoie un agent dans une
mission diplomatique peut retirer son immunité diplomatique à tout
moment sans que la personne n’y est à consentir quoi que ce soit. La
levée de l’immunité diplomatique intervient régulièrement dans le cadre
d'une affaire judiciaire grave dans laquelle est impliquée un agent dans
l'État accréditaire.
Il existe également une autre possibilité pour lever l'immunité
diplomatique d'un agent voire l'expulser sans le consentement de l'État
accréditant : c'est la déclaration de persona non grata (PNG). Cette
procédure est reconnu par l’article 9 de la convention sur les relations
diplomatiques. Elle permet à l’État accréditaire de déclarer à tout
moment et sans avoir à justifier la décision de déclarer un membre d'une
mission diplomatique non acceptable. Cette déclaration oblige alors l'État
accréditaire à rappeler la personne mise en cause. L'article 9 précise
qu'« une personne peut être déclarée non grata ou non acceptable avant
d'arriver sur le territoire de l'Etat accréditaire ». Néanmoins, si l'État
accréditant ne satisfait pas ses obligations et ne rappelle pas son agent,
l’État accréditaire n'est plus dans l’obligation de reconnaître le statut de
l’agent et peut prendre lui-même les mesures prévues par sa législation.
Cette procédure, décrite à l’article 23 de la convention sur les relations
consulaires, est similaire pour les agents consulaires.

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