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Deuxième partie 

: La situation des travailleurs étrangers dans les relations


internationales

La situation des travailleurs étrangers sera abordée dans le cadre de leur condition, tout
en précisant l’incidence de certains traités sur celle-ci.

Chapitre I : La condition des travailleurs étrangers

La condition des travailleurs étrangers soulève deux problèmes : l’un relatif au régime
au régime administratif qui leur est applicable, et l’autre portant sur les droits qui leur sont
reconnus.

Section I : Le régime administratif des travailleurs étrangers

L’ordonnance 84-49 du 4 août 1984 fixe les conditions d’entrée, de séjour et de sortie
du Burkina Faso des nationaux et des étrangers. Cette source interne doit cependant être
complétée par des dispositions internationales liant le Burkina Faso, soit dans un cadre
bilatéral, soit dans un cadre multilatéral, et qui ont pour objet d’assouplir les conditions
d’entrée ou de séjour des ressortissants des Etats parties à ces conventions.

§I : L’entrée

L’entrée sur le territoire du Burkina Faso est subordonnée à la production de quatre


documents :
- Un passeport délivré par les autorités du pays de l’étranger revêtu d’un visa délivré par
les représentations diplomatiques ou consulaires du Burkina. Le visa peut être
discrétionnairement refusé, ce qui constitue un premier moyen de contrôle d’accès au
territoire ;
- Un document établissant que l’étranger est en règle vis-à-vis des règlements sanitaires
internationaux. Il s’agit du carnet international de vaccination de l’organisation
mondiale de la santé.
- Un titre de transport retour ou une caution ou une dispense de caution ;
- Une fiche de renseignements remise par l’administration burkinabé et remplie par
l’intéressé.
La sanction de la non production d’un de ces documents est l’interdiction d’entrée sur le
territoire burkinabé.

§II : Le séjour

Le séjour de plus de trois mois, ainsi que l’établissement au Burkina Faso, sont
subordonnés, outre les formalités prévues pour l’accès au territoire, à la possession d’un
carnet de séjour. Sont toutefois dispensés de ce carnet les membres des missions
diplomatiques et leur famille (conjoint, ascendant, enfant mineur), ainsi que les ressortissants
de pays dont la liste est fixée par décret. Le carnet de séjour doit être réclamé par l’intéressé
dans les quinze jours qui suivent l’entrée sur le territoire burkinabé.
La sanction d’une situation irrégulière est le refoulement.

§III : L’établissement
L’établissement, outre qu’il suppose réunies les conditions générales du séjour de plus
de trois mois, n’est pas libre au Burkina. L’établissement est défini par l’article 1 de la loi 24-
65 du 16 décembre 1965 relative au droit d’établissement et de prestation de services des
étrangers. L’établissement désigne l’accès aux activités non salariées et l’exercice de ces
activités, la constitution et la gestion d’entreprise constituées ou non en sociétés, ainsi que la
création d’agences, de succursales et de filiales. Les prestations de service désignent, dans la
mesure où elles ne sont pas couvertes par l’établissement, les activités industrielles,
commerciales, artisanales et des professions libérales, à l’exclusion des activités salariées.

§IV : Les activités salariées

Il est interdit à quiconque d’employer un étranger non muni d’un titre de séjour en
bonne et due forme.
Le travailleur salarié étranger doit être titulaire d’une carte de travailleur étranger
délivrée par le service chargé de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle
(l’ANPE). Cette carte professionnelle, à l’instar de celles qui conditionnent l’exercice d’une
profession commerciale et artisanale, traduit l’exigence d’une autorisation administrative,
distincte de celle qui conditionne le séjour de l’étranger, nécessaire à l’exercice d’une activité
salariée par un étranger au Burkina.
Le visa des travailleurs étrangers est subordonné à l’acquittement des frais fixés par
l’arrêté 2004-299 MTEJ/MFB du 22 juin 2004 fixant les taux et les modalités d’acquittement
des frais de visas des contrats des travailleurs étrangers.
Le code du travail limite la durée des contrats de travail à durée déterminée des
travailleurs étrangers à trois ans, alors que cette limite est de deux ans pour les travailleurs
nationaux.

Section II : Les droits reconnus aux travailleurs étrangers

L’étude des droits dont les travailleurs étrangers sont titulaires, ainsi que les
restrictions éventuelles y afférant, portera sur les droits économiques et sociaux.

§I : L’exercice d’une activité économique

S’agissant de l’exercice d’une activité économique, il faut distinguer plusieurs types


de professions.
La réglementation des professions fournit de nombreux exemples où l’exercice d’une
profession est subordonné à une condition de nationalité, à laquelle il peut, le cas échéant être
dérogé, tantôt sur la base de la réciprocité diplomatique, tantôt sur la base d’une décision
individuelle de l’autorité publique compétente.
La qualité de national est, par exemple, requise pour l’exercice des professions
suivantes : comptable (expert comptable ou comptable agréé), commissaire aux comptes,
gérant de station service, gérant ou dirigeant d’une société de gardiennage, gérant ou dirigeant
d’une société privée d’investigation, dirigeant ou gérant d’une entreprise de fabrication de
clés.
L’exercice de certaines professions requiert la qualité de national tout en réservant
expressément la réciprocité diplomatique. Il en est ainsi, par exemple, pour la profession
d’avocat ou de dirigeant ou administrateur d’une banque ou d’un établissement financier. En
ce qui concerne cette dernière activité, il faut préciser qu’elle est également ouverte aux
ressortissants des pays de l’UMOA. Les mêmes conditions sont posées pour l’exercice des
professions médicales (médecin, chirurgien, dentiste, pharmacien, infirmier et sage-femme).
Certaines professions, celles d’entrepreneur de bâtiments, de mécanicien de véhicules
automobiles, d’architectes, d’entrepreneurs d’installations électriques, d’urbaniste ne sont
ouvertes qu’aux étrangers ayant au moins cinq années de résidence au Burkina.

§II : Les droits du travailleur étranger

En droit du travail, les travailleurs étrangers ont, en vertu de la convention OIT n°97
concernant les travailleurs migrants, les mêmes droits sociaux (rémunération, droit
syndicaux,sécurité sociale) que les nationaux. Du point de vue syndical, si le travailleur
étranger a le choix de s’affilier au syndicat de son choix, il ne peut cependant être chargé de
l’administration ou de la direction d’un syndicat, fonction qui est réservée aux burkinabé, sauf
réciprocité diplomatique. De même l’élection en tant que délégué du personnel dans une
entreprise suppose la qualité de national, sauf réciprocité diplomatique.
En matière de sécurité sociale, les différentes branches de la sécurité sociale burkinabé
sont applicables aux étrangers qui exercent une activité salariée au Burkina Faso. Cette règle,
contenue dans l’article 3 de la loi 015-2006 du 11 mai 2006 portant régime de sécurité sociale
applicables aux travailleurs salariés et assimilés au Burkina Faso, est parfaitement conforme
aux conventions OIT n° 97 sur les travailleurs migrants et n° 118 sur l’égalité de traitement
des nationaux et non nationaux en matière de sécurité sociale. Cependant, les prestations de
sécurité sociale sont suspendues lorsque le titulaire ne réside pas sur le territoire national.

Chapitre II : La condition des étrangers et les conventions internationales

Des conventions internationales sont susceptibles de déroger au droit commun de la


condition des étrangers, soit du point de vue de la circulation des personnes, soit du point de
vue de la jouissance des droits. Elles utilisent pour ce faire certaines méthodes et clauses
usuelles.

Section I : Méthodes et clauses usuelles

§I : La réciprocité

Les traités internationaux relatifs à la condition des étrangers peuvent être fondés sur
la notion de réciprocité. Il en est ainsi lorsque la nationalité de l’une des parties contractantes
est une condition nécessaire au bénéfice des dispositions d’un traité ; dans ces hypothèses, les
Etats stipulent au profit de leurs seuls ressortissants. En d’autres termes, ces conventions ne
concernent que les seuls nationaux de chacune des parties contractantes ou les seuls
ressortissants des Etats membres.
Au contraire, certains traités peuvent ne pas faire de la réciprocité le ressort de leur
application. Dans ces cas, le bénéfice des dispositions de la convention n’est pas réservé aux
seuls nationaux, mais à toutes les personnes relevant de la juridiction des Etats parties. Tel es
le cas dans les conventions relatives aux droits de l’Homme (Par exemple le pacte
international relatif aux droits civils et politiques adopté par l’Assemblée générale des Nations
unies, le 16 décembre 1966, la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, ratifiée
par le Burkina le 6 juillet 1984 et entrée en vigueur le 21 octobre 1986, …).

§II : Les clauses usuelles


Les clauses usuelles dans les traités relatifs à la jouissance des droits des étrangers,
c'est-à-dire les conventions d’établissement, sont de trois types : clauses d’assimilation aux
nationaux, clauses de réciprocité, clauses de la nation la plus favorisée.
L’assimilation au national implique qu’un Etat contractant traitera les ressortissants de
l’autre partie contractante dans une convention bilatérale ou des autres parties contractantes
dans une convention multilatérale, comme ses nationaux.
La clause de réciprocité prévoit que les ressortissants de chaque Etat partie à la
convention jouissent sur le territoire de l’autre des droits reconnus dans leur pays aux
ressortissants de ce second Etat. En d’autres termes, les étrangers bénéficiaires d’une telle
clause jouissent au Burkina des droits dont les burkinabé jouissent dans le pays d’origine de
ces étrangers et inversement.
Par la clause de la nation la plus favorisée, un Etat s’engage à accorder aux
ressortissants de l’autre partie contractante le traitement le plus favorable qu’il ait accordé ou
accorderait à des étrangers ressortissants d’un autre Etat. Cette clause est rencontrée assez
fréquemment dans les traités de commerce. Pour que cette clause s’applique, il faut que le
traité qui la contient et le traité favorable dont le bénéfice est demandé concernent la même
matière.
Il faut préciser que, s’il est exact que cette clause se rencontre fréquemment dans les
traités de commerce, elle peut aussi être stipulée pour régler la jouissance de certains droits au
bénéfice d’étrangers. Par exemple, l’article 17 §1 de la convention de Genève du 28 juillet
1951, relative au statut des réfugiés, confère au réfugié « le traitement le plus favorable
accordé aux ressortissants d’un pays étranger », en ce qui concerne l’exercice d’une activité
professionnelle salariée.

Section II : Les conventions multilatérales

Outre la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, qui a des incidences
sur la condition de n’importe quel étranger, dans la mesure où le droit commun de la
condition des étrangers doit satisfaire aux exigences de cette convention, les conventions
multilatérales, liant le Burkina et portant sur la condition des étrangers, sont principalement
des conventions conclues dans le cadre d’organisations d’intégration régionale.

§I : La convention du 8 septembre 1961 entre les Etats de l’ex-UAM

En application de cette convention, l’accès aux activités professionnelles salariées,


l’exercice des professions libérales et d’activités commerciales, industrielles, agricoles,
artisanales sont gouvernées par le principe d’assimilation aux nationaux avec cependant la
possibilité de dérogations imposées par la situation économique et sociale.
L’article 4 de cette convention prévoit que « les nationaux de chacune des hautes
parties contractantes pourront être employés au service des administrations d’un autre Etat
dans les conditions déterminées par la législation de cet Etat ».

§II : Le droit CEDEAO

La CEDEAO, créée par le traité du 28 mai 1975, révisé à Cotonou le 24 juillet 1993,
ambitionne de créer un marché commun dont l’un des piliers porte sur la libre circulation des
personnes. Les normes organisant cette liberté, dans l’espace CEDEAO, sont principalement
constituées des Protocoles de Dakar du 29 mai 1979 et des protocoles d’Abuja du 1 juillet
1986 et de Banjul du 29 mai 1990.
Le protocole additionnel d’Abuja du 1 juillet 1986 organise la question du droit de
résidence défini comme celui de « demeurer dans un Etat membre autre que son Etat d’origine
pour y occuper ou non un emploi ». Toutefois, chaque Etat ne « reconnaît…le droit de
résidence sur son territoire qu’en vue d’accéder à une activité salariée et de l’exercer ».
L’article 3 du Protocole énumère les prérogatives constitutives du droit de résidence ainsi
qu’il suit :
- le droit de répondre à des emplois effectivement offerts ;
- le droit de se déplacer à cet effet librement sur le territoire des Etats membres ;
- le droit de séjourner et de résider dans un des Etats membres afin d’y exercer un
emploi conformément aux dispositions législatives, réglementaires et administratives
régissant les travailleurs nationaux ;
- le droit de demeurer, dans les conditions définies par les dispositions législatives,
réglementaires et administratives des Etats membres d’accueil, sur le territoire d’un
Etat membre après y avoir exercé un emploi.
Le droit de résidence est subordonné à l’obtention d’une carte ou d’un permis de
résident (Décision de la Conférence des chefs d’Etat, prise à Banjul le 30 mai 1990 portant
institution d’une carte de résident de la CEDEAO).
Le Protocole de Banjul du 29 mai 1990 retient la nécessité de la reconnaissance
mutuelle des diplômes, titres et certificats qui devront donner lieu à des décisions de la
Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement.
Après plus de trente années d’existence, il faut observer que le droit de la CEDEAO
sur la circulation des personnes, notamment en ce qui concerne les droits de résidence et
d’établissement est dans l’ensemble ineffectif. Les causes peuvent être liées à l’absence d’un
véritable organe représentant et défendant les intérêts de la communauté et à l’important
travail normatif qui n’a pas été réalisé au sein de la CEDEAO pour concrétiser les droits
reconnus par les protocoles de Dakar, Abuja et Banjul. En effet, on ne réalisera pas
concrètement les libertés de résidence et d’établissement sans édicter un certain nombre
d’actes communautaires qui auront pour objet de lever les entraves concrètes à l’exercice de
ces libertés. Il s’agit notamment des questions suivantes : les conditions de résidence de la
famille du travailleur migrant, la coordination des régimes de sécurité sociale afin d’assurer la
totalisation des périodes d’emploi dans les différents Etats membres, la reconnaissance
mutuelle des diplômes, titres et certificats, l’harmonisation des conditions d’accès et
d’exercice des professions, etc.

§III : Le droit de L’U.E.M.O.A.

Le traité de Dakar du 10 janvier 1994 créant l’UEMOA entend réaliser un marché


commun ouest africain en s'inspirant de l’agencement institutionnel et normatif européen. La
libre circulation des personnes est reconnue juridiquement par les articles 91 et suivants dudit
traité.
L’article 91 du traité de Dakar est consacré au droit de résidence. Il est défini dans des
termes très voisins de ceux du Protocole d’Abuja dans la CEDEAO. Il faut cependant relever
deux différences importantes dont l’une concerne le champ d’application personnel et l’autre
la notion même de droit de résidence.
Dans la CEDEAO, le droit de résidence est conféré aux « citoyens de la
communauté », tels que définis par le protocole de Cotonou du 29 mai 1982. Dans l’UEMOA,
les destinataires du droit de résidence sont les «ressortissants des Etats membres ». La
définition de ceux-ci relève du droit interne et non du droit communautaire. La détermination
de la nationalité reste, en effet, entière de la compétence des Etats.
La deuxième différence réside dans le fait que dans la CEDEAO, le droit de résidence
n’est reconnu qu’en vue d’accéder à une activité salariée et de l’exercer. La circulation et le
séjour dans les Etat de la CEDEAO ne sont assurés qu’à cet effet. Ceci résulte de l’article 2 du
protocole d’Abuja aux termes duquel chaque Etat ne «reconnaît… le droit de résidence sur
son territoire qu’en vue d’accéder à une activité salariée et de l’exercer ». L’article 91 du
traité de l’UEMOA ne contient pas cette restriction de sorte que le droit de se déplacer et de
séjourner sur le territoire des Etats de l’Union n’est pas limité à la seule fin de recherche ou
d’exercice d’un emploi.
Une troisième différence, quelque peu moindre, peut être relevée entre le droit
UEMOA et le droit CEDEAO. Alors que la CEDEAO n’affirme l’égalité de traitement que
pour l’exercice d’un emploi, l’article 91, §I du traité créant l’UEMOA étend cette égalité à la
recherche d’un emploi. Cet article dispose que la liberté de circulation et de résidence
implique « l’abolition entre les ressortissants des Etats membres de toute discrimination
fondée sur la nationalité, en ce qui concerne la recherche et l’exercice d’un emploi… ». Pour
ce qui concerne la recherche d’un emploi, le traitement national impose que les dispositions
ou pratiques limitant l’accès à l’emploi pour les étrangers soient inapplicables aux
ressortissants des Etats de l’Union. Les restrictions au droit de résidence sont rédigées en des
termes voisins dans l’UEMOA et la CEDEAO. Il s’agit, d’une part, des exceptions fondées
sur des motifs d’ordre, de sécurité et de santé publiques et des emplois dans la fonction
publique, d’autre part. Toutefois, alors que ces notions ne font l’objet d’aucune définition
communautaire dans la CEDEAO, le traité de l’UEMOA prévoit expressément qu’il revient
au Conseil, sur proposition de la commission, de définir par voie de règlements ou de
directives la portée des limitations justifiées par des motifs d’ordre, de sécurité ou de santé
publique.

Section III : Les conventions bilatérales

§I : Conventions bilatérales avec des pays en dehors de l’Afrique

Certaines conventions bilatérales ont seulement pour objet de faciliter la circulation


des personnes par l’abolition du visa d’entrée. Tel est l’objet des accords conclus avec l’Italie,
les pays du Benelux (Pays-bas, Belgique, Grand-duché du Luxembourg), l’Allemagne et
Cuba. A l’exception de l’accord du 21 décembre 1983 avec Cuba, tous ces accords ont été
dénoncés par les Etats concernés dans le cadre de l’harmonisation de la politique des visas
poursuivie par les Etats européens parties aux accords de Schengen. Après la dénonciation par
la France de la convention Franco-burkinabé du 17 novembre 1978, la matière est
actuellement régie, entre ces deux pays, par une convention du 14 septembre 1992 relative à
la circulation et au séjour des personnes.

§II : Conventions bilatérales avec certains pays africains

Le Burkina Faso est lié au plan bilatéral avec le Mali par une convention
d’établissement et de circulation des personnes du 30 septembre 1969. Cet accord prévoit en
ce qui concerne l’exercice des professions, que les nationaux de l’une des parties établis sur le
territoire de l’autre, à la date d’entrée en vigueur de l’accord, « continuent à exercer librement
leur profession dans les mêmes conditions que les nationaux de l’Etat de résidence ». Pour les
autres, c'est-à-dire les personnes qui viendraient s’établir après la mise en vigueur de la
convention, il y a une assimilation de principe aux nationaux « sauf dérogation imposée par la
situation économique et sociale ». Enfin, la convention réserve le cas des emplois publics qui
sont ouverts aux nationaux de chacune des parties dans l’autre Etat « dans les conditions
déterminées par la législation de cet 4Etat ».
Le Burkina était lié par deux conventions aujourd’hui suspendues, relatives à
l’immigration des nationaux en côte d’Ivoire, et le Gabon.

Section IV : Les réfugiés et les apatrides

Les textes internationaux et nationaux régissant ces catégories de personnes sont : la


convention de New York du 28 septembre 1954 relative au statut des apatrides, la convention
de Genève du 28 juillet 1951 et le Protocole du 31 janvier 1967 relatif au statut des réfugiés,
la convention de l’OUA du 6 septembre 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des
réfugiés en Afrique, la Zatu An V 0028 du 3 août 1988 portant statut des réfugiés, le Kiti An
V 360 du 3 août 1988 relatif à la commission nationale pour les réfugiés et le décret 94-55 du
10 février 1994 portant application du statut des réfugiés.

§I : Définitions

Le réfugié est défini par l’article premier de la convention de Genève du 28 juillet


1951 ; cette définition doit être complétée par les dispositions du Protocole du 31 janvier 1967
relatif au statut des réfugiés ainsi que dans le cadre régional par l’article premier de la
convention de l’OUA du 6 septembre 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des
réfugiés en Afrique.
Aux termes des deux premières dispositions, le réfugié est la personne qui se trouve
hors du pays dont elle a la nationalité ou, si elle n’a pas de nationalité, se trouve hors du pays
de sa résidence habituelle, et qui craint avec raison d’être persécuté du fait de sa race, de sa
religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions
politiques, et de ce fait, ne peut ou ne veut se réclamer de la protection de ce pays.
L’article premier de la convention de l’OUA du 6 septembre 1969 régissant les aspects
propres aux problèmes des réfugiés en Afrique reprend cette définition en l’étendant
ainsi : « le terme réfugié s’applique également à toute personne qui, du fait d’une agression,
d’une occupation extérieure, d’une domination étrangère ou d’évènements troublant
gravement l’ordre public dans une partie ou la totalité de son pays d’origine ou du pays dont
elle a la nationalité, est obligée de quitter sa résidence habituelle pour chercher refuge dans un
autre endroit à l’extérieur de son pays d’origine ou du pays dont elle a la nationalité ». Cette
disposition ne fait pas, à la différence de la convention universelle de Genève, de la crainte
fondée de persécution une condition de la qualité de réfugié.
Au Burkina, la reconnaissance du statut de réfugié est décidée par la commission
nationale pour les réfugiés à laquelle participe avec voix consultative, le représentant du Haut
Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
Quant à l’apatride, c’est la personne qui ne peut se prévaloir d’aucune nationalité.

§II : La jouissance des droits

En application de la convention de Genève, les réfugiés jouissent, pour certains droits,


du traitement de la nation la plus favorisée, c'est-à-dire qu’ils bénéficient du traitement le plus
favorable accordé aux ressortissants d’un pays étranger. Il en est ainsi pour le droit
d’association et pour l’exercice d’une activité professionnelle salariée pour les réfugiés qui ne
comptent pas trois ans de résidence ou qui n’ont pas pour conjoint ou d’enfant possédant la
nationalité du pays de résidence.
Les conventions de Genève et de New York assimilent les réfugiés et apatrides aux
nationaux de l’Etat de résidence pour la jouissance de certains droits dont la législation du
travail et la sécurité sociale.
En ce qui concerne l’importante question de l’exercice d’une profession salariée, les
réfugiés qui comptent trois ans de résidence dans le pays ou qui ont un conjoint ou un ou
plusieurs enfants de la nationalité du pays de résidence, échappent aux mesures restrictives
imposées à l’emploi d’étrangers pour la protection du marché national du travail.
Les dispositions des conventions internationales relatives aux réfugiés et aux apatrides
nécessitent une mise en œuvre effective par l’adaptation de la législation et de la
réglementation interne. Au Burkina, la question des réfugiés fait l’objet de la Zatu An V 0028
du 3 août 1988 portant statut des réfugiés et du Kiti An V 360 du 3 août 1988 relatif à la
commission nationale pour les réfugiés et le décret 94-55 du 10 février 1994 portant
application du statut des réfugiés.
Du point de vue de la jouissance des droits sociaux l’article 5 de ce texte accorde aux
réfugiés le traitement de la nation la plus favorisée pour l’exercice d’une activité
professionnelle.

Troisième partie : Les contrats de travail en droit international privé

L’étude des contrats de travail en droit international du travail suppose que l’on
s’attache à déterminer les règles de conflit applicables et le domaine de la loi applicable.

Chapitre I : Les règles de conflit

L’application de la règle de conflit est conditionnée par le caractère international du


contrat. Rechercher la loi applicable au contrat conduit à identifier des critères de
rattachement.

Section I : Définition du contrat de travail à caractère international

En général, le contrat peut être international d’un point de vue juridique ou


économique.

§I : Définition juridique

Juridiquement, le contrat international est celui qui présente des liens avec plusieurs
systèmes de droit. Les critères d’internationalité retenus par cette définition sont : les lieux où
sont élaborés les actes relatifs à la conclusion et l’exécution du contrat, la nationalité ou/et le
domicile des parties et enfin la localisation de l’objet du contrat. Ces facteurs n’ont pas une
égale importance, et doivent se compléter pour caractériser l’internationalité d’un contrat.
A titre d’exemple de contrat international de travail on peut citer le cas du contrat
conclu pour être exécuté en France par un burkinabé au profit par exemple d’un français. Ce
dernier même non résident au Burkina pourra être attrait devant les juridictions burkinabé en
cas de résiliation du contrat de travail de son fait. Se posera donc dans ce cas la question de la
loi applicable à ce contrat devant le juge burkinabé.

§II : Définition économique


Une autre définition du contrat international est celui intéressant les opérations
commerciales internationales. Le contrat international ici est celui qui met en jeu les intérêts
du commerce international ou encore plus largement celui qui ne se déroule pas
exclusivement dans la sphère économique d’un seul Etat.

Section II : La loi d’autonomie et les règles de conflit subsidiaires

Il est question ici de rechercher s’il faut pour la détermination de la loi applicable se
référer à l’autonomie de la volonté des parties au contrat ou se référer à tout autre lien de
rattachement.

§I : La règle d’autonomie de la volonté

Une première conception consiste à accorder à la volonté des parties une fonction de
fondement du droit applicable au contrat. Dans ce cas, on estime que le contrat étant
international il faut rechercher la loi applicable dans la volonté des parties au contrat. Les
parties décident de la loi qui doit régir leur relation contractuelle.
Le problème ici est celui de savoir si le choix des contractants est libre ou s’il est
limité aux seules lois ayant un lien avec le contrat.
Cette règle de l’autonomie de la volonté ne semble pas être d’un recours possible au
Burkina Faso en raison des dispositions du code du travail qui obligent le juge à se référer à
des règles de conflit subsidiaires.

§II : Les règles de conflit subsidiaires

L’article 42 du code du travail burkinabé prévoit que « quels que soient le lieu de la
conclusion du contrat et la résidence de l’une ou l’autre partie, tout contrat de travail conclu
pour être exécuté au Burkina Faso, est soumis aux dispositions de la présente loi. Il en est de
même de tout contrat de travail conclu pour être exécuté sous l’empire d’une autre législation
et dont l‘exécution partielle au Burkina Faso excède une durée de trois mois. ».
Cet article en visant les contrats de travail conclus pour être exécutés sous l’empire
d’une autre législation, par exemple en vertu de la loi d’autonomie, pour les soumettre à la loi
burkinabé, écarte la loi d’autonomie en matière de contrat international de travail devant les
juridictions burkinabé.

Chapitre II : Le domaine de la loi du contrat

Le contrat du travail est un acte juridique générateur de droits et d’obligations


découlant de la loi qui lui est applicable. Cette loi est susceptible de subir, dans certains cas, la
concurrence d’autres lois qui empièteront sur son champ d’application.

Section I : Les conditions de validité du contrat

Les conditions de validité du contrat au fond portent sur les parties au contrat et
l’opération contractuelle.

§I : Les conditions relatives aux parties


L’existence du consentement et la présence éventuelle de vices dont il serait affecté,
relèvent de la loi du contrat. La sanction de l’absence ou de vices de consentement relève
également de cette loi.
La capacité échappe à la loi du contrat car cette matière est rattachée au statut
personnel soumis, d’après la règle de droit international privé burkinabé, à la loi nationale.
Les pouvoirs de représentation doivent être appréciés selon la loi qui régit la source de
la représentation : loi des effets du mariage pour la représentation légale entre époux, ou des
enfants mineurs relevant du régime d’administration légale, loi de la tutelle pour la
représentation de l’incapable mis sous tutelle et enfin loi du contrat de mandat pour la
représentation conventionnelle.

§II : Les conditions relatives à l’opération contractuelle

L’existence et la licéité de la cause et de l’objet relèvent de la loi du contrat. De même,


le contenu des droits et obligations et leur interprétation relèvent de la loi du contrat.
Il appartient également à la loi du contrat de déterminer les sanctions applicables aux
éléments constitutifs du contrat qu’elle régit.
Il faut relever cependant que les lois de police du for reçoivent application quelle que
soit la loi du contrat. Bien qu’il soit impossible a priori de préciser les lois qui relèvent de la
catégorie des lois de police (parce que relevant de l’appréciation souveraine du juge), on peut
penser que les lois relatives à la protection de la santé des travailleurs et à la sécurité du
travail constituent sans nul doute des lois de police contractuelle.

Section II : Les effets du contrat

Les effets du contrat désignent les caractères et la portée du lien obligatoire ainsi que
l’extinction des obligations.

§I : Le lien obligatoire créé par le contrat

La loi du contrat détermine les personnes liées par les obligations créées par le contrat.
Elle détermine la portée du lien obligatoire. C’est donc cette loi qu’il faut interroger pour
interpréter les droits et obligations contractuels et préciser, par exemple, si telle ou telle
obligation constitue, du point de vue de sa portée, une obligation de moyen ou de résultat. La
sanction de la force obligatoire relève également de la loi du contrat. Dès lors la responsabilité
contractuelle est régie par cette loi.

§II : L’extinction du contrat

L’exécution des obligations contractuelles, principale mode d’extinction des


obligations, est du ressort de la loi du contrat, sous réserve de l’intervention des lois de police
contractuelle.
L’extinction d’une obligation contractuelle par d’autres modes que son exécution
relève en principe, de la loi du contrat sous réserve de certaines exceptions comme par
exemple la compensation judiciaire qui est régie par la loi du tribunal saisi.
La prescription est soumise à la loi qui régit le contrat.

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