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LES SOURCES DU DROIT INTERNATIONAL PRIVE

➔ LES SOURCES INTERNES


la loi (I), la jurisprudence (II) et la doctrine (III).

I. La loi
Les dispositions législatives concernent le domaine du conflit de lois (A), celui des conflits de juridictions (B), et le
droit de la nationalité (C).

A. En matière de conflit de lois

Il en est ainsi du Code de la famille (2) et du Code de commerce (3).

1 Le DCC

Élaboré par les autorités françaises du protectorat, ce texte était considéré par ses promoteurs comme « un véritable
code de droit international privé ».

Afin d’étendre son pouvoir sur le Maroc, la France s’était engagée à garantir aux ressortissants des autres puissances
le respect intégral de leur loi nationale ainsi que la jouissance des droits dont ils bénéficiaient sous le régime des
capitulations. Ce respect quasi sacré des lois étrangères de statut personnel constituait le principal fil conducteur de la
confection des règles du DCC.

Soucieux d’assurer aux français et étrangers établis au Maroc une application scrupuleuse de leur loi nationale, le
DCC renferme principalement des règles de conflits de lois. Il en est ainsi par exemple de l’article 3 aux termes
duquel « l’état et la capacité des français et des étrangers sont régis par leur loi nationale » ; ou encore l’article 13 qui
soumet les conditions de fond et les effets des contrats à la loi d’autonomie de la volonté tout en instaurant un certain
nombre de présomptions hiérarchisées permettant de déterminer la loi applicable à défaut de choix par les parties.

D’autres dispositions concernent la nationalité des sociétés (art. 7), le divorce (art.9), la forme des actes (art. 10), les
délits et quasi-délits (art. 16), les biens (17) et les successions (art. 18).

Présenté par la doctrine du protectorat comme « le Code de droit international privé marocain », le DCC présente de
nombreux défauts et anomalies. La remarque qui suit se contente d’en rappeler la plus criante.
2 Le Code de la Famille

Celui-ci prévoit une règle de conflit de lois contenue dans l’article 2 en vertu duquel : « les dispositions du présent
code s’appliquent :

1/ à tous les Marocains même ceux portant une autre nationalité ;


2/ aux réfugiés y compris les apatrides conformément à la convention de Genève du 28/07/1951 relative aux statuts
des réfugiés ;
3/ à toutes les relations entre deux personnes lorsque l’une d’elles est marocaine ;
4/ à toutes relations entre deux personnes de nationalité marocaine lorsque l’une d’elles est musulmane ». Cette règle
consacre le principe de la primauté de la nationalité du for.

3 Le Code de commerce

Le Code de commerce renferme quelques règles qui s’appliquent aux rapports privés internationaux abstraction faite
de la nationalité de l’intéressé. Il en est ainsi de l’article 17 aux termes duquel, « la femme mariée peut exercer le
commerce sans autorisation de son mari. Toute convention contraire est réputée nulle ».

Dès lors, la femme mariée pourrait exercer des activités commerciales au Maroc quand bien même sa loi nationale
subordonnerait l’exercice du commerce par une femme mariée à une autorisation préalable de son mari. L’article 16
constitue une règle d’application impérative.

B. En matière de conflits de juridictions :

Le Code de procédure civile pose un certain nombre de règles de compétence territoriale qui s’appliquent au droit
international privé en vertu du principe de l’extension à l’ordre international des règles de compétence territoriale
interne.

Ainsi, en vertu de l’article 27 du CPC, « la compétence territoriale appartient au tribunal du domicile réel ou élu
du défendeur. Si le défendeur n’a ni domicile ni résidence au Maroc il pourra être traduit devant le tribunal du
domicile ou de la résidence du demandeur ou de l’un d’eux ».

En vertu de cette disposition, les juridictions marocaines sont donc compétentes lorsque le domicile du défendeur est
situé au Maroc.

En matière de l’exequatur, l’article 430 du CPC énonce que « les décisions de justice rendues par les juridictions
étrangères ne sont exécutoires au Maroc qu’après avoir été revêtues de l’exequatur par le tribunal de 1ère instance
du domicile ou de la résidence du défendeur ou à défaut, du lien où l’exécution doit être effectuée ».
C. En droit de la nationalité

Le texte de base est le Dahir n° 1-58-250 du 6 septembre 1958 portant Code de la nationalité marocaine modifié par la
loi n° 62-06 du 23 mars 2007. Divisé en 7 chapitres, le Code de la nationalité contient 46 articles. Il détermine les
règles relatives à :

- L’attribution de la nationalité marocaine ; il s’agit ici d’octroyer cette nationalité à un individu dès sa naissance
sur la base de critères précis comme la filiation ou la naissance au Maroc ;

- L’acquisition de la nationalité marocaine par un individu né non-marocain (mariage, kafala) ;

- La réintégration dans la nationalité marocaine ; il s’agit ici d’un cas d’acquisition par des personnes qui, ayant
possédé la nationalité marocaine comme nationalité d’origine, l’avaient perdue (acquisition volontaire d’une
nationalité étrangère, mariage de la femme marocaine avec un étranger + acquisition de la nationalité de son mari +
autorisation par décret) ;

- La perte et la déchéance de la nationalité marocaine (crime contre la sûreté de l’État, acte de terrorisme) ;

- La preuve et le contentieux en matière de nationalité.

Si le Code de la nationalité demeure le texte fondamental en la matière, d’autres textes contiennent certaines
dispositions en rapport direct avec la nationalité (nous n’en retiendrons que deux). Il en est ainsi par exemple du Code
de la famille dont l’article 2 dispose que celui-ci (le Code) « s’applique :

1) À tous les Marocains, même ceux portant une autre nationalité ;


2) Aux réfugiés, y compris les apatrides conformément à la convention de Genève du 28 juillet 1951 relative à la
situation des réfugiés… » Il en va de même pour la loi n° 37-99 du 3 octobre 2002 relative à l'état civil dont l’article
18 précise la procédure d’inscription sur les registres de l’état civil du ressortissant étranger qui acquiert la nationalité
marocaine.

II. La Jurisprudence
C’est une autre source du diprivé . Elle consiste en Diprivé marocain dans l’élaboration de certaines solutions
relativement à des points à propos desquels les règles applicables sont devenues caduques. La jurisprudence peut
également être à la base d’une œuvre créatrice du droit lorsque la nécessité de suppléer la loi, incomplète, se fait
sentir.

Après l’indépendance, les juges marocains ont élaboré un certain nombre de solutions qui n’avaient pas droit de cité
au cours de la période des tribunaux Français du protectorat. Il en est ainsi en matière de conflits de juridictions. En
effet, la Cour suprême a décidé dans un arrêt du 5 juillet 1967 que l’exercice du pouvoir juridictionnel en tant
qu’attribut de la souveraineté marocaine ne peut être exercée par aucune autorité religieuse ou autre n’ayant pas reçu
une délégation du Roi pour le faire. Cette décision du 5 juillet 1967 est un simple rappel d’un attribut fondamental de
la souveraineté d’un État indépendant.

Un autre arrêt relatif aux conflits de lois a été rendu par la haute juridiction le 5 juillet 1974 dans le cadre d’un litige
relatif au partage de la succession d’un français décédé et qui s’était converti à l’Islam juste avant sa mort.

La règle alors applicable est l’article 18 du DCC qui soumet la succession à la loi nationale du défunt.
Or, la Cour suprême n’a pas appliqué dans ce cas le droit français comme l’exige l’article 18 du DCC et a décidé de
soumettre la succession aux règles du statut personnel marocain en considérant que l’application des règles du Chraâ
(droit musulman) s’impose dès lors que cette conversion est intervenue sans fraude et qu’elle est conforme aux règles
de procédure légale.
III. La doctrine
La doctrine constitue une source informelle du droit international privé. Sous le protectorat et même après, la
« Doctrine marocaine » était principalement représentée par des juristes français ayant œuvré pour l’application et
le respect sur le territoire marocain des différentes lois étrangères.

Ils ont effectué un remarquable travail bibliographique en répertoriant les décisions judiciaires qui consistent à éclairer
le fonctionnement du DCC.

Après l’indépendance, un certain nombre de professeurs marocains ont commencé à se spécialiser en droit
international privé. Trois noms se dégagent que sont les professeurs Moussa Abboud, Abderrazak Moulay Rachid et
Layachi Messaoudi.

Il faut toutefois signaler que cette doctrine est dispersée, son travail et rarement porté à la connaissance du public et
des spécialistes de la matière. Les conférences relatives au diprivé sont rarement suivies de la publication des travaux,
ce qui est regrettable et se fait cruellement sentir sur le terrain de la formation des étudiants, des avocats et des
magistrats. Aujourd’hui, on peut difficilement parler de doctrine marocaine en matière de droit international privé.

➔ LES SOURCES INTERNATIONALES DU DROIT INTERNATIONAL PRIVE

I. Les Conventions multilatérales


Ce sont des traités qui engagent plus de 2 Etats.
Il en est ainsi par exemple de la Convention de New York du 10 juin 1958 relative à la reconnaissance et l’exécution
des sentences arbitrales étrangères, ainsi que de la Convention de Hambourg du 31 mars 1978 relative au
transport maritime.

Ces conventions ont pour objet d’établir des règles substantielles qui s’appliquent à la matière concernée comme
l’arbitrage ou le transport maritime. Chaque État contractant à l’obligation d’appliquer les règles de la convention au
lieu et place des règles de sa législation interne.

Les Conventions bilatérales :

Plusieurs conventions ont été conclues par le Maroc avec des pays comme par exemple l’Algérie, la Tunisie, le
Sénégal, la France. La plus ambitieuse est la convention Marocofrançaise du 10 Août 1981 qui pose à la fois des
règles de conflit de juridictions et des règles de conflit de lois.

Avant la nouvelle Constitution, la primauté des traités internationaux sur le droit interne n'était pas explicitement
établie au Maroc. Depuis la révision constitutionnelle de juillet 2011, les conventions internationales ratifiées par le
pays ont une primauté dès leur publication, selon le préambule de la nouvelle Constitution.
Chapitre 1 : La compétence directe
Section1 : Règles de compétence judicaire internationale.

I. Principe général de compétence :

Le principe de l’extension à l’ordre international des règles de compétence territoriale interne conduit naturellement à
transposer le principe prévu par l’art 27 du CPC selon lequel la compétence territoriale appartient au tribunal du
domicile du défendeur, cette transposition se traduit sur le plan international par la compétence des juridictions
marocaines chaque fois que le défendeur y possède un domicile. Par conséquent, la localisation au Maroc du domicile
du défendeur suffit à fonder la compétence des juridictions marocaines quelle que soit la nationalité du défendeur.

II. Règles spécifiques de la compétence internationale :

La transposition à l’ordre international des règles de compétence territoriale interne conduit à étendre l’art 28 du
CPC. Ici on va se contenter d’en rappeler les plus importantes :

*En matière immobilière, l’action est portée devant le tribunal de la situation des biens litigieux. Dès lors, si
l’immeuble est situé au Maroc, la juridiction marocaine est compétente même si l’immeuble appartient à une personne
ou à une société étrangère.

*En matière de réparation des dommages, l’action est portée devant le tribunal du lieu ou l’effet dommageable s’est
produit ou devant celui du défendeur au choix du demandeur.

*En matière de pension alimentaire l’action est portée devant le tribunal du domicile ou de la résidence du
défendeur ou du demandeur au choix de ce dernier.

*En matière de divorce judiciaire, l’art 212 du CPC dispose que le tribunal de 1ère instance compétant est celui du
lieu du domicile conjugal ou celui du domicile de l’épouse ou du lieu de la conclusion du contrat de mariage.

III. Règles de compétence exclusive :

Les actions immobilières doivent obligatoirement être portées devant les juridictions marocaines lorsque
l’immeuble en question est situé au Maroc.

Les inscriptions sur les registres publics relèvent obligatoirement de la compétence des tribunaux marocains lorsque
les registres en question sont tenus par des organismes marocains. Il en est ainsi en matière d’état civil.

En effet, l’article 36 de la loi du 3 octobre 2002 relative à l’état civil dispose que les demandes de rectification des
mentions des actes de l’état civil sont du ressort du tribunal de 1ère instance du lieu du bureau de l’état civil où est
enregistré l’acte dont la rectification est demandée. Dans ce cas, il y´a une compétence exclusive pour les juridictions
marocaines lorsque le bureau qui tient le registre public est situé au Maroc.

Les litiges relatifs à la validité ou à l’inscription des brevets, dessins et modèles relèvent exclusivement de la compétence
de l’état de dépôt ou de l’enregistrement.
Section 2 : Dérogation aux règles de compétence internationale

Il s’agit des conventions d’arbitrage (I), et des clauses attributives de juridiction (II).

I. Convention d’arbitrage :

Elles sont de 2 sortes, le compromis et la clause compromissoire ;


Le compromis est une convention par laquelle les partis s’engagent à soumettre à l’arbitrage un litige déjà né.
La clause compromissoire, elle, est la convention par laquelle les partis s’engagent à soumettre à l’arbitrage un litige
qui n’est pas encore né, et qui se rapporte à l’exécution de ce contrat.

En vertu de l’article 327 du CPC, lorsqu’un litige soumis à un tribunal arbitral est porté devant une
juridiction,celle-ci doit déclarer l’irrecevabilité de l’action à la demande du défendeur.

C’est en cela que les conventions d’arbitrage sont considérées comme des règles qui dérogent au régime de la
compétence.

II. Clauses attributives de juridiction

Ce sont des conventions qui ont pour objet de permettre aux parties de déterminer le tribunal compétent pour statuer
sur un litige relativement à l’exécution d’un contrat. L’article 12 du dahir relatif aux juridictions de commerce
permet aux parties de désigner le tribunal de commerce territorialement compétent en matière interne. Toutefois, le
problème reste entier en matière internationale.

Faute de dispositions spécialement prévues à cet effet, la jurisprudence de la cour d’appel de Casablanca, s’appuyant
sur la pratique internationale en la matière, a considéré les clauses attributives de juridiction comme étant licites en
matière internationale.

Cependant la Cour de cassation marocaine, dans un arrêt du 20 janvier 2011, a opté pour la position contraire et a
décidé de ne pas donner effet aux clauses attributives de juridiction conclues en matière internationale en considérant
celles-ci comme un privilège auquel l’intéressé peut renoncer.

La jurisprudence a évolué en faveur de la validité des clauses attributives de juridiction dans les contrats
internationaux, reconnaissant ainsi l'importance de la souplesse dans les relations commerciales transfrontalières et
encourageant les investisseurs étrangers au Maroc.

Chapitre2 : Les effets de la reconnaissance et de


l’exequatur

I. Décisions susceptibles de reconnaissance et d’exequatur


Les jugements étrangers susceptibles de reconnaissance et d’exequatur sont ceux rendus ou non d’un Etat étranger.
Ceci implique,

Que les sentences arbitrales internationales, qui ne sont pas prononcées au nom d’un État souverain, mais plutôt par
des personnes PRV ne sont pas soumises au même régime que les décisions judiciaires étrangères.
Donc La reconnaissance et l’exequatur des sentences arbitrales internationales sont donc soumis à un régime distinct
prévu par les articles 327 - 46 du CPC.

Pour déployer ses effets au Maroc, les décisions étrangères rendues en matière pénale, fiscale ou administrative ne sont
pas susceptibles de produire des effets au Maroc.
II. La procédure de contrôle des décisions étrangères :

En vertu de l’article 430 alinéa 1 du CPC, « les décisions de justice rendues par les juridictions étrangères ne
sont exécutoires au Maroc qu’après avoir été revêtues de l’exequatur par le tribunal de 1ère Instance du
domicile ou de la résidence du défendeur ou, à défaut, du lieu où l’exécution, doit être effectuée. »

La demande d’exequatur doit donc être formée par voie de requête auprès du tribunal de1ère instance (ou tribunal de
commerce selon les cas) du domicile du défendeur ou auprès du tribunal du lieu de l’exequatur (lieu de la situation des
bien à saisir).

A défaut des conventions bilatérales conclues entre le Maroc et l’Etat dont la décision est
originaire, l’intéressé doit, comme l’exige l’article 431 CPC, joindre à sa demande les pièces
suivantes :

1. Une expédition authentique de la décision ;


2. L’original de la notification ou de tout autre acte en tenant lieu ;
3. Un certificat de greffe compétent constatant qu’il n’existe contre la décision ni opposition, ni appel, ni pourvoi en
cassation ;
4. Éventuellement, une traduction complète en langue arabe des pièces énumérées ci-dessus certifiées conformes par
un traducteur assermenté. ‘

En droit conventionnel, on retrouve les mêmes pièces à fournir (Exemple, article 28 de la convention Maroco-
espagnole du 30 mai 1997 ; articles 23 de la convention Maroco-italienne du 12 février 1971).

III. Conditions d’efficacité internationale des décisions étrangères :

En vertu de l’article 430 alinéa 2 du CPC, le tribunal saisi de l’exequatur doit s’assurer de la régularité de l’acte et de
la compétence de la juridiction étrangère de laquelle il émane. Il vérifie également si aucune stipulation de cette
décision ne porte atteinte à l’ordre public marocain.

Il ressort de cette disposition, que les conditions de régularité internationale des décisions étrangères sont au nombre
de trois. Il s’agit de la régularité de l’acte (I), de la compétence de la juridiction étrangère (II) et de la conformité à
l’ordre public marocain (III).

Toutefois, en ce qui concerne les décisions étrangères rendues en matière de dissolution du lien conjugal. L’article
128, alinéa 2 du code la famille ajoute une quatrième condition : pour recevoir l’exequatur au Maroc, la décision
étrangère ne doit pas être fondée sur des motifs incompatibles avec ceux prévus par le code marocain de la famille
(IV).

1. Régularité de l’acte
Cette condition impose au juge de l’exequatur de vérifier deux points :

- La décision doit avoir respecté le principe du contradictoire et les droits de la défense. Les parties doivent
avoir été légalement convoquées, représentées ou déclarées défaillantes. Il est inconcevable d’accorder
l’exequatur à une décision d’étrangère, si les pièces du dossier ne permettent pas d’établir qu’une partie en
litige n’a pas été convoquée ou en mesure de faire valoir ses droits.
Ainsi la cour suprême marocaine arefusé dans un arrêt en date du 12 décembre 2004 d’accorder l’exequatur à
une décision belge ayant condamné l’époux à payer une pension alimentaire sans que celui-ci ait été en mesure de
faire valoir ses droits.

- La décision étrangère doit avoir acquis la force de la chose jugée (qu’il ne faut pas confondre avec l’autorité
de la chose jugée) . Il est tout-à-fait normal qu’un juge marocain refuse d’accorder l’exequatur à une
décision étrangère non encore définitive car elle pourrait être infirmé en appel ou cassée par la cour de
cassation dans le pays d’origine.
2. Compétence internationale des juridictions étrangères

L’article 430 alinéa 2 du CPC impose au juge marocain de s'assurer de la compétence de la juridiction étrangère
ayant rendu la décision mais sans lui donner de directives. L’article 430 du CPC reste muet et la doctrine, quant à
elle, est divisée.

- Une partie, (Moussa Aboud, Serhane et Rachdi) estime que la compétence du juge étranger doit être vérifiée
d’après les règles du juge de l’exequatur, cád selon la règle de compétence du juge marocain, il s’agit ici du
critère dit critère de la bilatéralité simple.

- L’actuel projet de réforme du Code de procédure civile prévoit que la compétence du juge étranger doit être
appréciée d’après les règles de compétence du juge ayant rendu la décision, ce critère est dit critère de
l’unilatéralité simple.

Les conventions ratifiées par le Maroc, n’ont pas opté pour un seul critère :

Il y a des conventions qui ont adopté le critère de la bilatéralité simple, selon lequel la compétence est appréciée
d’après la règle de compétence de juge de l’exequatur cád le juge marocain (Convention avec la France et avec
l’Italie).

D’autres conventions (avec l’Algérie, la Tunisie et le Sénégal) ont adopté le critère de l’unilatéralité simple.Ces 2
critères ne sont pas pertinents.

En réalité, le juge de l’exequatur doit s’assurer si la décision étrangère n’a pas été rendue
relativement à une matière où la compétence des juridictions marocaines est exclusive. Il en
est ainsi dans les matières suivantes :

-Litiges portant sur des immeubles


Inscription sur les registres publics
Exécutions des décisions
Les litiges relatifs à la validité ou à l’inscription des brevets.

En dehors de ces matières, le juge de l’exequatur doit seulement s’assurer si le litige


présente un lien prépondérant avec le juge étranger ayant rendu la décision. Si c’est le cas, il
doit considérer la condition de la compétence indirecte comme étant remplie.

3. Conformité à l’ordre public

Le juge de l’exequatur doit s’assurer que la décision étrangère ne contient rien de connaitre à l’ordre public
international marocain.

Il s’agit de l’ensemble des principes politiques, économiques, sociaux et moraux considérés comme fondamentaux par
l’ordre juridique du for. Si l’exequatur pourrait consacrer une situation incompatible avec l’ordre public marocain, le
juge devrait refuser de l’accorder. '

Ainsi, par exemple, la cour d’appel de casa, le 30 décembre 1996, a statué pour la non-reconnaissance d’un divorce
par consentement mutuel entre deux marocains prononcé en France. De même, certaines juridictions marocaines se
sont prononcées contre l’exequatur des décisions étrangères ayant condamné des pères marocains à payer une pension
alimentaire à leurs enfants naturels.
4. Spécificité des décisions étrangères en matière de divorce :
(La condition relative à l’équivalence des causes(motifs) du
divorce.)

En vertu, de l’article 128, alinéa 2, du code de la famille, les décisions étrangères prononcées en matière de dissolution
du mariage « sont susceptibles d’exécution s’elles sont rendues par un tribunal compétent et fondées sur des motifs
qui ne sont pas incompatibles avec ceux prévus par le présent code en matière de la dissolution de la relation
conjugale. Il en est de même pour les actes conclus à l’étranger devant les officiers et les fonctionnaires publics
compétant, après que ces jugement et actes aient satisfait aux procédures légales relatives à l’exequatur,
conformément aux dispositions des articles 430,431et 432 du CPC ».

Cette disposition a souvent été mal interprétée par certaines juridictions. La pratique a révélé que les décisions
(tribunal de 1ère instance + cour d’appel) accordant l’exequatur à des décisions rendues à l’étranger en application des
lois étrangères entre ressortissants marocains faisaient systématiquement l’objet de recours initiés par le ministère
public sous prétexte que le juge étranger a violé les dispositions prévues par le code de la famille (cour suprême 30mai
2005 + cour suprême 15 juin 2005). Deux reproches sont adressés à ces décisions. Le 1er relatif à la non application
par le juge étranger de la loi désignée par la règle de compétence marocain. Le 2ème est relatif à la non application par
le juge étranger des dispositions marocaine code de la famille.

Dans les deux décisions précitées, la cour suprême a rejeté les pourvois formés par le ministère public en relevant que
les deux divorces prononcés aux pays bas ont pour cause la mésentente des époux qui a constitué un motif équivalent
à la discorde prévue par le code de famille.

D’ailleurs, le guide pratique du code de la famille publié par les soins du ministère du justice fournit un important
éclairage à cet égard en insistant sur le fait que le tribunal marocain ne doit pas se fonder sur l’absence de références
aux dispositions marocaines relatives à la dissolution du lien conjugal, ce qui implique que la non – applicabilité par le
juge étranger du droit marocaine désigné par la règle de compétence marocaine ne constitue par un motif de nature à
fonder le refus de l’exequatur.

IV. Les effets de la reconnaissance et de l’exequatur.

Les effets de l’exequatur sont de deux ordres :

1. L’autorité de la chose jugée : cád en ce qui concerne le rapport de droit privé qui a été objet de la décision,
aucune autre juridiction n’a la possibilité de statuer à nouveau sur le même rapport de droit privé, qu’il s’agit du pays
d’origine cád le pays qu’a vu naître la décision ou le pays du juge accueil, cád le Maroc.

C’est pour cela que l’on dit que la décision a acquis l’autorité de la chose jugée, qu’il faut absolument distinguer de la
force de la chose jugée, qui signifie que la décision est devenue définitive.

2. La force exécutoire : cád , qu’une fois le juge marocain accorde la formule exécutoire à la décision étrangère, dès
lors, les autres juges marocains ont l’obligation de la traiter comme il s’agissait exactement d’une décision rendue par
un juge marocain.

Il faut retenir que lorsqu’on accorde l’exécutoire à une décision étrangère, on ne serait pas devant une création d’un
nouveau droit, mais il s’agit tout simplement de la reconnaissance de la consécration d’un droit qui a été créé à
l’étranger et dont on demande l’exécution sur le territoire marocain.

La différence est fondamentale car de la distinction peut découler un certain nombre de conséquences sur le plan de la
pratique,
Donc la jurisprudence marocaine est claire à cet effet et considère que la décision étrangère qui a obtenu l’exequatur
au Maroc produit ses effets à partir de la date fixée par le dispositif de la décision étrangère, et non pas à partir de la
date du prononcé de l’exequatur ou de la date de son prononcé, (Cour suprême 13 septembre 2006 + cour suprême 14
janvier 2009).

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