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Séance 4 DCB

Cas pratique « Lettre de change »

Cas n° 1 :

La Société MAY a livré 2 000 mètres de câbles à la Société NEIGE en juin 2018, pour un
montant de 1 981 euros et 6 000 mètres de câbles haut de gamme à la Société TAHO, pour un
montant de 6 666 euros.

Le 2 juillet 2018, la Société MAY tire une lettre de change sur chacun de ses clients, avec
comme échéance le 2 août 2018. Les tirés ont accepter ces lettres de change. Le 10 juillet
2018, la Banque HEAVEN accepte ces traites à l’escompte.

À l’échéance, la banque HEAVEN demande le paiement à chacune de ces sociétés.


Toutefois :
- La Société NEIGE refuse de payer, prétendant d’une part, que la traite comprend une
erreur dans la mesure où il est inscrit le bon montant en lettres mais « 1 921 euros » en
chiffres et, d’autre part qu’elle a été signée au moyen d’une griffe.
- Et la Société TAHO, quant à elle, refuse également de payer car la traite ne comporte
pas son lieu de création et car il n’y a pas de clause de domiciliation.

Les refus de paiement des lettres de change par la Société NEIGE et la Société TAHO
soulèvent des questions quant à la validité de la lettre de change.

I. Le refus de paiement de la société NEIGE

A titre liminaire, il convient de préciser que l’article L. 511-1 du Code de commerce énumère
8 mentions obligatoires que doit contenir la lettre de change. En l’espèce seule la signature et
l’inscription d’une somme déterminée semble faire obstacle au paiement de la société May.

A. Le montant en chiffre et lettre

Quid d’une différence entre le montant en lettre et en chiffre ?

L’article L.511-1 al 2 du C.com dispose que dois figurer dans la lettre de change « le mandat
pur et simple de payer une somme déterminée. »

En ce qui concerne le caractère déterminé de la somme à payer, le législateur prévoit que le


montant à payer est écrit à la fois en toutes lettres et en chiffres c’est le montant en toutes
lettres qui doit être retenu (article L. 511-4, al 1 C.com)

En l’espèce, la Société NEIGE refuse de payer prétendant que la traite comprend une erreur
dans la mesure où il est inscrit le bon montant en lettres mais « 1 921 euros » en chiffres.
Donc la société NEIGE ne peut pas se défaire du paiement du fait de cette erreur car la lettre
de change reste valable : Elle est tenue de payer le montant inscrit en lettre.

B. La signature au moyen d’une griffe.

Quid d’une signature non-manuscrite ?

L’article L.511-1 al 8 du C.com dispose que dois figurer dans la lettre de change « La
signature de celui qui émet la lettre dénommé tireur » Cette signature est apposée, soit à la
main, soit par tout procédé non manuscrit.

La signature du tireur doit elle aussi être apposée avec soin sur le titre lui-même, et non sur le
timbre fiscal collé sur celui-ci (Cass. com., 1er déc. 1998, n° 96-11.365) elle peut d’ailleurs
être apposée à la main ou par un procédé non manuscrit (utilisation d’une griffe ou d’une
imprimante).

En l’espèce, la Société NEIGE refuse de payer prétendant qu’elle a été signée au moyen d’une
griffe.

Donc la société NEIGE ne peut pas se défaire du paiement du fait de la signature non
manuscrite car ce procédé est autorisé par le législateur.

II. Le refus de paiement de la société TAHO

A titre liminaire, il convient de préciser que l’article L. 511-1 du Code de commerce énumère
8 mentions obligatoires que doit contenir la lettre de change. En l’espèce seule l’omission du
lieu de création et lieu de paiement semble faire obstacle au paiement de la société TAHO.

A. L'indication du lieu où la lettre est créée

L’article L.511-1 al 7 du C.com dispose que dois figurer dans la lettre de change
« l’'indication du lieu où la lettre est créée » Le lieu est utile pour trancher d’éventuels conflits
de lois ; à défaut d’indication spéciale, la lettre de change est considérée comme ayant été
créée dans le lieu désigné à côté du nom du tireur (article L. 5111-V).

En l’espèce, la Société TAHO refuse de payer car la traite ne comporte pas son lieu de
création

Donc la société TAHO ne peut pas se défaire du paiement car la lettre de change est
considérée comme ayant été créée dans le lieu désigné à côté du nom du tireur (société MAY)

B. Lieu où le paiement doit s'effectuer


L’article L.511-1 al 5 du C.com dispose que dois figurer dans la lettre de change «
l’'indication du lieu où le paiement doit s'effectuer » le lieu du paiement est choisi par le
tireur.

En pratique, le lieu indiqué sur la lettre de change est généralement l’adresse de


l’établissement de crédit l s’agit de ce que l’on appelle une clause de domiciliation bancaire
comme le permet l’article L.511-2, alinéa 4.

Mais à défaut d’indication spéciale, le lieu désigné à côté du nom du tiré est réputé être le lieu
du paiement et, en même temps, le lieu du domicile du tiré (article L. 511-1, IV).

En l’espèce, la Société TAHO refuse de payer car la traite ne comporte pas de clause de
domiciliation.

Donc la société TAHO ne peut pas se défaire du paiement car la lettre de change est
considérée valide et le lieu désigné à côté du nom du tiré est réputé être le lieu du paiement
(société TAHO)

Cas n° 2 :

La SARL AVIMA conclu le 25 mars 2018 avec la SARL ALLIAS un contrat d’entreprise le -
qui s’élève à 120 000 euros. Les parties ont convenu que la société ALLIAS bénéficierait
d’un délai de paiement d’un mois.

Le 26 mars 2018, par l’intermédiaire de son dirigeant, la société AVIMA tire une lettre de
change d’un montant de 120 000 euros sur la société ALLIAS, qui l’accepte. Mme Dupuis,
gérante de la société ALLIAS, de se porter avaliste de l’effet. Mme Dupuis accède à cette
requête et inscrit diligemment, au recto de la traite et sous le relevé d’identité bancaire de la
société ALLIAS, la mention « bon pour aval pour le compte de la société ALLIAS »
accompagnée de sa signature.

Le 29 mars de la même année, la société AVIMA endosse la traite au profit de la Banque LA


PARISIENNE (avec laquelle la SARL AVIMA entretient de longue date une relation de
compte courant) qui accepte l’effet à l’escompte. L’établissement de crédit nscrit
immédiatement le montant de l’effet ‒ minoré des agios d’escompte ‒ au crédit du compte
courant de son client.

À l’échéance de l’effet, la banque apprend que la société ALLIAS a été mise en redressement
puis en liquidation judiciaire. Cette défaillance de la société ALLIAS a mis en péril le fragile
équilibre financier de la société AVIMA. Par ailleurs, la banque apprend également que les
travaux réalisés par la société AVIMA ont donné lieu à quelques malfaçons.
Quelles sont les recours que l’établissement bancaire peut faire valoir pour que la lettre de
change soit payée ? (I) On se demande ensuite quels sont les recours que peuvent disposer le
tireur s’il était finalement porteur de la lettre de change ? (II)

I. Les recours possibles pour la banque diligente.

La banque peut en principe, mener un recours contre le tireur (A) et tout autre signataire de
la lettre de change (B)

A. Le tireur

L’article 511-44 du code de com dispose que tous ceux qui ont tiré, accepté, endossé ou
avalisé une lettre de change sont tenus solidairement envers le porteur. Le porteur a le droit
d'agir contre toutes ces personnes, individuellement ou collectivement, sans être astreint à
observer l'ordre dans lequel elles se sont obligées.

En d’autres termes si le porteur de la lettre de change est diligent, il peut exercer des recours
que le droit cambiaire lui offre.

L’article 511-45 détails ce qu’il peut réclamer à s’avoir principalement le montant de la lettre
de change non acceptée ou non payée avec les intérêts.

En l’espèce, le tireur est un signataire de la lettre de change de plus rien n’indique que
l’établissement de crédit soit de mauvaise foi ou soit négligent. Donc la banque peut
réclamer le montant de lettre de change au tireur ainsi que les intérêts.

De plus Le recours de la banque peut aussi prendre la forme d’une contre-passation en


compte (courant) : de la même manière que l’écriture passée au crédit du compte du client
avait matérialisé l’avance faite à ce dernier à titre d’escompte, l’écriture en sens inverse
passée au débit du compte du client vaut paiement du banquier. Pour autant, la contre-
passation en compte aux lieux et place d’un recours n’est qu’une faculté pour le banquier.

En l’espèce, le tireur et le banquier, entretienne une relation de compte courant depuis


longtemps et peuvent alors utiliser la contre-passation en compte courant.

B. Les autres signataires.

1. Un recours contre le tiré peu envisageable.


En principe le porteur de la lettre de change dispose d’un recours cambiaire contre le tiré. Il
nous toute fois précisé que le droit des entreprises en difficulté interdit à la société du fait de
son placement en redressement puis en liquidation judiciaire, de payer la lettre de change.

En l’espèce, la société ALLIAS a été mise en redressement puis en liquidation judiciaire. Cette
défaillance ne permet donc pas à la banque d’exercer son recours sur elle.

2. Recours contre l’avaliste.

L’aval est une forme cambiaire de garantie personnelle : il s’agit de l’engagement cambiaire
par lequel une personne dénommée donneur d’aval, avaliste ou avaliseur s’engage à payer
tout ou partie de la lettre à l’échéance en cas de défaillance de la personne à qui l’aval est
donné, dénommée quant à elle avalisé.

Dans un arrêt de la chambre commerciale de la Cour de cassation du 13 janvier 1987, le juge


a estimé que lorsqu’un dirigeant d’une société signe deux fois le titre sans précision sur sa
qualité, il engage la société en tant que tiré accepteur et s’engage personnellement comme
avaliste.

En l’espèce, la dirigeante Madame Dupuis a signé une première fois lors de son acceptation
et a signé la lettre une seconde fois lors de l’aval avec la mention « bon pour aval pour le
compte de la société ALLIAS ». Elle s’est donc engagée personnellement en tant qu’avaliste
de sa propre société.

Donc, la banque pourra se prévaloir de la signature de Madame Dupuis qui s’est engagée
personnellement en tant qu’avaliste de sa propre société pour obtenir le paiement de la
lettre de change.

Qui de l’opposabilité des exceptions :

L’article L. 511-12 prévois en d’autres termes le principe d’inopposabilité des exceptions si le


porteur légitime et de bonne foi des exceptions qui seraient liés aux rapports personnels
entre eux.

En l’espèce, la banque a appris au jour de l’échéance que les travaux réalisés par le tireur
possèdent des malfaçons. On présume sa bonne foi et sa légitimité.

En conclusion, cette exception n’est pas opposable au porteur de la lettre, par conséquent,
la personne à qui est demandé le paiement ne peut pas faire valoir cet argument.
II. Les recours possibles du tireur.

A) Recours contre le tiré peu envisageable

En principe le porteur de la lettre de change dispose d’un recours cambiaire contre le tiré.
Mais le droit des entreprises en difficulté interdit à la société du fait de son placement en
redressement puis en liquidation judiciaire, de payer la lettre de change.

En l’espèce, la société ALLIAS a été mise en redressement puis en liquidation judiciaire. Cette
défaillance ne permet donc pas à la société d’exercer son recours sur elle.

B) Recours contre l’avaliseur

Le paiement d'une lettre de change peut être garanti pour tout ou partie de son montant par
un aval.

En tant qu’obligé cambiaire, il subit la rigueur du principe de l’inopposabilité des exceptions :


il ne peut opposer les exceptions tirées de ses rapports avec l’avalisé ou avec un autre
signataire. Pour le reste l’avaliseur peut opposer au porteur les exceptions que l’avalisé
pourrait lui-même lui opposer.

En l’espèce, Madame dupuis s’est donc engagée personnellement en tant qu’avaliste de sa


propre société.

En conclusion, le porteur tireur possède un recours contre l’avaliste. Toute fois L’avaliste
pourras opposer la mal façon à la société Tireur.

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