Vous êtes sur la page 1sur 4

TD n°2 : LA SNC

Cas pratique :
Trois amis décident à eux trois de constituer une SNC, la société ‘’Trobon’’. Malheureusement, la
société connaît quelques soucis financiers.

I. Le cas de Pierre
La société ‘’Trobon’’ connaît une difficile passe financière. En effet, cette dernière affiche un solde
débiteur de 30 000 euros. Leur banque créancière, la BPN, négocie avec Pierre, l’un des associés
fondateurs la cession de toutes les parts sociales de ce dernier dans la société à une filiale de la
banque, la société Parihaut. Cette cession permettrait, selon la banque, de libérer Pierre de son
obligation et donc que la banque renonce à sa créance envers lui. Quelques mois plus tard,
l’opération a échoué : le solde est débiteur à présent de 50 000 euros et la banque créancière
demande aux trois associés l’exécution de leur obligation de paiement.

Un associé d’une SNC peut-il être déchargé du passif de la société en question ?

L’article L221-1 du CCom dispose que les associés en nom collectif répondent des dettes sociales
indéfiniment et solidairement.

En l’espèce, Pierre est associé d’une SNC, qui est une société à responsabilité illimitée. Il a une
obligation aux dettes de la société ce qui est spécifique dans ce type de société.

En conclusion, Pierre est bien responsable de l’actif et du passif de la société, même si un accord avec
la banque a été passé et même s’il sort de la société puisque les dettes ont été contractées quand il
était encore dans la société. Il engage alors son propre patrimoine.

Après le départ de Pierre de la société, la dette s’est aggravée de 20 000 euros (passe de 30 000
euros à 50 000 euros). Les créanciers ne pourront lui demander que 30 000 euros. On ne peut pas
être responsable des dettes qui ont été développées après la sortie (mais ne marche pas pour le
passif qui a été contracté avant). Pierre peut mettre en avant qu’il a eu une remise de dettes, elle va
être efficace puisqu’elle a été faite au 1er septembre 2020, donc sur les 30 000.

Différence entre une clause de non-recours et une remise de dettes : une clause de non-recours est
un engagement contractuel de ne pas nous traduire en justice pour un engagement qui est dû  la
dette est existante mais pas exécutée. La remise de dettes est un abandon une partie ou l’intégralité
de la dette.

II. Le cas de Paula


L’associée estime que si l’un des associé est déchargé de son obligation aux dettes, il en est de même
pour tous les autres associés.

Si un associé d’une SNC est libéré de son obligation aux dettes, en est-il de même pour tous les autres
associés ?

L’article L221-1 du CCom dispose que les associés en nom collectif répondent des dettes sociales
indéfiniment et solidairement.

En l’espèce, les associés de la SNC sont bien solidaires entre eux. Cela veut dire que le créancier peut
demander l’intégralité de la dette à un seul des associés.
En conclusion, si Pierre avait effectivement été déchargé de son obligation aux dettes par la cession
de ses parts sociales, il aurait permis de libérer tous les autres. Le raisonnement de Paula est donc
juste.

L’article 1350-1 du CCiv dispose que : « La remise de dette consentie à l'un des codébiteurs solidaires
libère les autres à concurrence de sa part.

La remise de dette faite par l'un seulement des créanciers solidaires ne libère le débiteur que pour la
part de ce créancier. »

La banque BPN peut réclamer que 40 000 à Paula et Jack.

III. Le cas de Jack


L’associé Jack se demande effectivement si la société Parihaut est tenue de payer les dettes de la
société dont elle vient de racheter les parts d’un associé.

Le nouvel associé entrant dans une SNC en cours de vie sociale est-il tenu aux dettes de cette
dernière, même si contractées avant son arrivée ?

L’article L221-1 du CCom dispose que les associés en nom collectif répondent des dettes sociales
indéfiniment et solidairement.

En l’espèce, la société Parihaut qui a acheté les parts de l’associé savait parfaitement à quoi il
s’engageait au vu du type de responsabilité de la société (illimitée, indéfinie et solidaire). Il accepte le
passif et l’actif en y entrant.

En conclusion, la société Parihaut, nouvelle associée de la SNC ‘’Trobon’’ sera tenue des dettes de la
société et ne peut donc échapper à son obligation. Jack a donc raison dans son raisonnement 
Raisonnement juste.

Elle peut aussi se prévaloir de la remise de dettes donc se prévaloir que de 40 000 euros comme
Paula et Jack.

On peut se retourner, via une action récursoire, contre l’associé qui n’a pas payé la dette. Même si
Parihaut n’est pas attaquée en justice par BPN, les associés pourront lui demander le remboursement
de la partie qu’ils ont payé en trop.

CORRECTION
Fiches d’arrêts :
Cass. Com. 18 mars 2003
Plusieurs prêts accordés par une banque à des associés de la SNC. Il y a eu un consentement unanime
des associés. La SNC va cautionner ces prêts. Cette société est en liquidation judiciaire et le
liquidateur va contester. La CA dit que les prêts en question sont des prêts personnels des associés
donc l’opération est personnelle. Dès que ce n’est pas dans l’objet social, la SNC n’est pas engagée
par les cautionnements. La CCASS va répondre en cassant et annulant l’arrêt en considérant que les
associés avaient donné leur accord unanime et que la garantie n’était pas contraire à l’objet social.

La CCASS rappelle l’unanimité mais surtout va parler de l’intérêt social alors que personne n’en a
parlé dans la procédure. La CA parlait de l’objet social mais pas de l’intérêt social. Elle vient intégrer
la notion d’intérêt social comme pour donner un indice que dans le futur, c’est cette notion là qui
allait être importante.

Cass. Civ. 8 novembre 2007


Société à responsabilité illimitée qui vient cautionner un prêt qui n’est pas pour elle-même.

La CCASS pose des conditions alternatives de validité pour que le cautionnement soit valable : il faut
que l’opération entre dans l’objet social, ou s’il existe une communauté d’intérêts entre la société et
la personne cautionnée, ou encore s’il résulte du consentement unanime des associés.

En dehors de la question de l’objet social ou du consentement unanime des associés, la CCASS crée
une espèce de 3ème voie  la communauté d’intérêts.

Cass. Com. 8 novembre 2011


On a une société à responsabilité illimitée qui vient cautionner un prêt qui n’a pas été conclu par et
pour elle.

La CCASS abandonne complètement sa jurisprudence de 2007. Elle ne garde que le consentement


unanime des associés, mais retient un nouveau critère : la conformité à l’intérêt social. Ces deux
conditions sont maintenant cumulatives.

Le consentement unanime est facile à prouver en cas pratique. Mais pour l’intérêt social, c’est plus
dur que l’objet social. C’est subjectif, est-ce que cela a été fait dans l’intérêt de la société ? Il faut
trancher. On doit expliquer pourquoi car le cas pratique est un exercice de professionnel.

L’opération ne lui rapportait aucune ressource, met en danger la vie de la société, l’opération mettait
en garantie le seul bien détenu par la société  la CCASS ne se prononce pas uniquement sur le
risque de perdre l’immeuble, mais également les conséquences.

Cass. Com. 26 juin 2012


La CCASS ici, pour rejeter le pourvoi, revient à une règle simple où elle ne s’intéresserait qu’à l’objet
et à l’intérêt de la société.

Cet arrêt est de la chambre commerciale, il y a une divergence entre la chambre civile et
commerciale.

Cass. Civ. 12 septembre 2012


Elle reprend les deux conditions cumulatives, la manière de rédiger de le CCASS est étonnante, elle
n’est cependant pas contraire à sa jurisprudence de 2011, mais elle met quand même en avant
l’intérêt social même sur le consentement unanime.

On voit qu’une condition prend le pas sur l’autre. « Alors que le cautionnement, même accordé par
le consentement unanime des associés n’est pas valide s’il est contraire à l’intérêt social… »

Cass. Civ. 9 décembre 2014


La CCASS réaffirme ce qu’elle dit auparavant, mais l’arrêt est intéressant car il ne parle que de
l’intérêt social. Il ne parle plus du consentement unanime. Cela marque une tendance lourde depuis
2003 à faire primer l’intérêt social sur les autres critères y compris le consentement unanime des
associés.
1° : L’article L221-6 du CCom : accord unanime des associés pour tout acte du gérant qui dépasse
l’objet social

2 ° : On n’a pas de JP claire qui fixe des critères excluant le consentement unanime, celui de 2014
n’est pas suffisant pour faire jurisprudence (arrêt dit ‘’inédit’’). Tant que l’on n’a pas de jurisprudence
qui l’exclut clairement, on ne peut pas facilement s’en extraire.

Vous aimerez peut-être aussi