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2019
2-
02
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Cours de droit spécial des

Semestre 3

sociétés
Filière : Comptabilité- Finances- Audit
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Introduction
Le présent cours est une continuité de l’enseignement en droit des sociétés dispensé au
semestre précédent et qui traitait des règles communes à toutes les sociétés.

L’objectif de ce cours est de présenter les règles propres aux différentes formes de société
ainsi qu’au groupement d’intérêt économique (GIE). Ainsi, il s’agit de faire la distinction
entre les différentes sociétés et le groupement d'intérêt économique, dégager ses
caractéristiques, énumérer et analyser les règles propres à chaque société.

Cette étude sera consacrée uniquement aux sociétés commerciales et ne traitera donc pas
des sociétés civiles.

Les sociétés commerciales reconnues par l’Acte Uniforme relatif aux Sociétés commerciales
et au Groupement d’Intérêt Économique (AUSG révisé en 2014) sont :

- La société en nom collectif ;

- La société en commandite simple ;

- La société anonyme ;

- La société à responsabilité limitée ;

- La société par actions simplifiées.

Ces différentes sociétés commerciales peuvent être reparties d’une part en sociétés de
personnes qui correspondent généralement aux sociétés à risque illimité ; d’autre part en
sociétés de capitaux correspondant aux sociétés à risque limité.

Titre I : Les sociétés de personne


Elles se caractérisent par la prépondérance de l’intuitu-personae c'est-à-dire la prise en
compte de la personne des associés et de leur qualité. Autrement dit, c’est la personnalité
des associés qui détermine la constitution de la société.

Les sociétés de personnes sont la société en nom collectif et la société en commandite


simple. A ces deux sociétés, certains auteurs ajoutent la société en participation qui
fonctionne également selon les règles de la société en nom collectif.

Chapitre I : La société en nom collectif (SNC)


Paragraphe 1 : Caractéristiques générales
La SNC est une société dans laquelle tous les associés sont des commerçants et doivent
répondre indéfiniment et solidairement des dettes sociales de la société sur leurs biens
personnels.

C’est le type même de la société de personne. Elle est constituée entre commerçants qui
acceptent de prendre des risques illimités et de s’investir personnellement dans la gestion.
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C’est pourquoi, elle comprend généralement peu d’associés et ne convient qu’aux petites
entreprises.

La SNC est régie par les articles 270 à 292 de l’AUSG révisé, adopté le 30 janvier 2014. De
cette réglementation, il se dégage que cette société se distingue des autres sociétés
commerciales par trois caractéristiques principales :

1) La qualité de commerçant

Tout associé d’une SNC a la qualité de commerçant au sens des dispositions de l’article 2 de
l’Acte Uniforme relatif au droit commercial général et exerçant le commerce en son nom
propre. Si l’un d’entre eux n’a pas la qualité de commerçant au moment de la constitution de
la société, il acquiert cette qualité du fait de l’acquisition de la qualité d’associé.

En conséquence :

- Ils doivent avoir la capacité pour exercer le commerce. Il en résulte qu’un mineur ne
peut pas être associé dans une SNC sauf si les statuts prévoient la continuation de la
société avec les héritiers ou successeurs, d’un associé décédé.
- Ils ne doivent pas tomber sous le coup d’une déchéance, d’une interdiction ou d’une
incompatibilité.
- Ils sont soumis aux obligations particulières imposées aux commerçants et
notamment l’immatriculation au registre de commerce et du crédit mobilier.

2) L’obligation indéfinie et solidaire au passif social

Il est de l’essence même de la SNC que les associés soient tenus personnellement des dettes
de la société sur la totalité de leurs biens. Autrement dit, les associés seraient obligés de
payer la dette de la société si la mise en cause de celle-ci par ses créanciers s’avérait
infructueuse.

L’obligation est indéfinie parce que les associés sont tenus de payer les dettes de la société
quel que soit le montant. Elle est solidaire parce que les créanciers peuvent réclamer la
totalité des créances à l’un quelconque des associés.

3) Incessibilité des parts sociales

C’est la conséquence du caractère intuitu-personae de la SNC et de la solidarité qui existe


entre les associés.

Les parts sociales ne peuvent être cédées qu’avec l’agrément de tous les associés. Cette
règle est d’ordre public, toute clause contraire est réputée non écrite, c'est-à-dire que les
associés ne peuvent convenir librement des conditions de la cession des parts sociales.

Il s’en suit qu’à défaut de consentement des autres associés, un associé risquerait de rester
prisonnier dans la société. C’est pourquoi, l’article 274 alinéa 2 de l’AUSG révisé dispose : « À
défaut d’unanimité, la cession ne peut avoir lieu, mais les statuts peuvent aménager une
procédure de rachat pour permettre le retrait de l’associé cédant ».

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En cas de cession, le cessionnaire est subrogé purement et simplement dans les droits et
obligations du cédant.

La cession doit être constatée par écrit à peine de nullité. Elle n’est opposable à la société
que si elle lui a été : soit notifiée par exploit d’huissier ; soit acceptée par elle dans un acte
authentique ; soit à travers le dépôt d’un original de l’acte de cession au siège social contre
remise d’une attestation de dépôt.

Pour l’opposabilité aux tiers, il faut en outre que la cession soit inscrite au registre de
commerce.

Ceci étant, la SNC obéit à des règles particulières pour sa constitution, son fonctionnement
et sa dissolution.

Paragraphe 2 : Constitution
Pour la constitution de la SNC, il faut se référer aux règles générales de formation communes
à toutes les sociétés qui ont également vocation à s’appliquer pour cette forme de société.

Cette partie du cours ne fera donc mention que des règles spécifiques applicables à la SNC.

A- Condition de fond

1) Les associés

Ils doivent être au minimum de 2, aucun nombre maximum n’est prévu. En outre, ils doivent
tous être des commerçants.

D’autre part, il faut préciser que deux époux ne peuvent être associés au sein d’une SNC.

2) Le capital

La notion de capital est secondaire dans les SNC puisque les associés sont responsables
indéfiniment et solidairement du passif social. Les créanciers de la société sont considérés
comme les créanciers personnels des associés.

C’est pourquoi, l’AUSG exige la constitution d’un capital social mais n’en fixe pas un montant
minimum. Il est même silencieux sur la question, sauf si l’on se réfère à son article 65 qui
dispose que « le montant du capital social est librement déterminé par les associés ».

Cependant, l’article 500 du Code de commerce 1 malien précise que ce capital social ne peut
être inférieur à un million de francs. Cette disposition ne pourrait s’appliquer que dans la
mesure où elle ne serait pas contraire à l’AUSG.

Le capital social doit être divisé en parts sociales, de même valeur nominale.

3) La dénomination sociale

Cette dénomination est librement choisie. Les associés ont la possibilité d’ajouter à la
dénomination le nom d’un ou de plusieurs d’entre eux.

1 Loi n°92-00 portant Code de commerce


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Pour l’information des tiers, la dénomination doit être précédée ou suivie immédiatement
des mots « société en nom collectif » ou du sigle « SNC ».

B- Conditions de forme

Les statuts doivent être écrits et comprendre toutes les mentions énoncées à l’article 13 de
l’AUSG révisé. Il s’agit de :

1°) la forme de la société ;

2°) sa dénomination suivie, le cas échéant, de son sigle;

3°) la nature et le domaine de son activité qui forment son objet social;

4°) son siège social;

5°) sa durée ;

6°) l'identité des apporteurs en numéraire avec, pour chacun d'eux, le montant des apports,
le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque apport ;

7°) l'identité des apporteurs en nature, la nature et l'évaluation de l'apport effectué par
chacun d'eux, le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque
apport;

8°) l'identité des apporteurs en industrie, la nature et la durée des prestations fournies par
chacun d'eux, le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque
apport;

9°) l'identité des bénéficiaires d'avantages particuliers et la nature de ceux-ci ;

10°) le montant du capital social;

11°) le nombre et la valeur des titres sociaux émis, en distinguant, le cas échéant, les
différentes catégories de titres créées ;

12°) les clauses relatives à la répartition du résultat, à la constitution des réserves et à la


répartition du boni de liquidation;

13°) les modalités de son fonctionnement.

C- Conditions de publicité

Elles sont les mêmes que celles évoquées pour les règles générales. Il est à rappeler que
l’inobservation des formalités de publicité est sanctionnée par la nullité de la société.

Toutefois, l’action en nullité est éteinte lorsque la cause de nullité a cessé d’exister le jour où
le tribunal statue sur le fond au 1 er degré. Autrement dit, tant que le tribunal n’a pas statué
sur la nullité, la société a la possibilité de régulariser la situation et d’accomplir les formalités
omises. Le tribunal peut même d’office impartir un délai pour couvrir la nullité.

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Paragraphe 3 : Fonctionnement
Le fonctionnement concerne les organes qui composent la SNC ainsi que la manière dont les
décisions sont prises au sein de cette société. Deux organes participent au fonctionnement
de cette forme de société : les gérants et l’assemblée des associés.

Cependant, sous certaines conditions, on peut ajouter l’obligation de désignation d’un


commissaire aux comptes.

A- Les gérants

La SNC est administrée par un ou plusieurs gérants.

1) Statut juridique du gérant


a) Nomination

Les statuts organisent la gérance de la Société en nom collectif.

Ainsi, les gérants peuvent être désignés dans les statuts et dans ce cas, ils sont appelés
gérants statutaires ; ou dans un acte extrastatutaire. D’autre part, ils peuvent être choisis
soit parmi les associés, soit en dehors des associés. La gérance peut être assurée par une
personne physique ou par une personne morale.

Si une personne morale est gérante, ses dirigeants sont soumis aux mêmes conditions et
obligations et encourent les mêmes responsabilités civiles et pénales que s’ils étaient
gérants en leur nom propre, sans préjudice de la responsabilité solidaire de la personne
morale qu’ils dirigent (art 276 al 2 de l’AUSG révisé).

La nomination des gérants doit se faire conformément aux dispositions des statuts. Si aucun
gérant n’est désigné, la loi considère que dans ce cas, tous les associés sont gérants et
chacun peut accomplir les actes de gestion par sa seule signature.

b) Révocation

La loi prévoit différentes modalités de révocation :

- Si tous les associés sont gérants ou s’il s’agit d’un gérant associé statutaire, la
révocation de l’un d’eux doit être décidée à l’unanimité des autres associés.

Cette révocation entraine la dissolution de la société à moins que la continuation de la


société ne soit prévue dans les statuts ou décidée à l’unanimité des autres associés. En cas
de continuation, le gérant révoqué peut décider de se retirer de la société en demandant le
remboursement de sa part.

- Pour le cas du gérant statutaire non associé, sa révocation est faite suivant les
conditions de quorum et de majorité fixées par les statuts.
- S’il s’agit des gérants associés non statutaires, ils sont révoqués par décision de la
majorité en nombre et en capital des autres associés.
- Le gérant non associé et non statutaire est révoqué par décision de la majorité en
nombre et en capital des associés.
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Dans tous les cas, si la révocation est décidée sans justes motifs, elle peut donner lieu à des
dommages-intérêts au profit du gérant révoqué.

2) Les pouvoirs du gérant

Ces pouvoirs doivent être organisés dans l’ordre interne et dans l’ordre externe.

a) Dans les rapports entre les gérants

Dans l’ordre interne, ce sont les statuts qui fixent les pouvoirs des gérants. Si les statuts
n’ont rien prévu, le gérant unique peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la
société.

Par acte de gestion, il faut entendre les actes d’administration et de disposition nécessaires à
la réalisation de l’objet social.

En cas de pluralité de gérants, chacun peut agir séparément comme s’il était seul gérant de
la société, sauf la possibilité qui est donnée à un co- gérant de s’opposer à toute opération
avant qu’elle ne soit conclue.

b) Dans les rapports avec les tiers

La société est engagée par les actes du gérant et qui relèvent de l’objet social. Toute clause
statutaire qui limite les pouvoirs du gérant est inopposable aux tiers de bonne foi.

En cas de pluralité de gérants, chacun détient la totalité des pouvoirs pour engager la société
à l’égard des tiers. L’opposition formée par un gérant aux actes d’un autre gérant est
inopposable aux tiers, à moins qu’il ne soit établi qu’ils en ont eu connaissance.

3) Responsabilité du gérant

Les gérants sont responsables personnellement des actes accomplis de manière contraire à
la loi ou aux statuts. Ils sont également responsables de leurs fautes de gestion tant à l’égard
des associés qu’à l’égard des tiers. En effet, le gérant en tant que mandataire doit agir en
bon père de famille.

B- Pouvoirs des associés

Ils ont des pouvoirs légaux et statutaires.

1) Les pouvoirs légaux


a) Toutes les décisions qui excèdent les pouvoirs des gérants sont prises à l’unanimité
des associés, qu’ils soient gérants ou non. Mais les statuts peuvent décider que
certaines décisions soient prises à une majorité qu’ils fixent.
Les décisions collectives sont ainsi prises soit en assemblée ; soit par consultation écrite si la
réunion d’une assemblée n’est pas demandée par l’un des associés. Les statuts déterminent
les règles relatives aux modalités de consultation, aux quorums et aux majorités (article 285
de l’AUSG révisé)

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b) Les associés doivent se réunir en assemblée générale (AG) une fois par an dans les 6
mois de la clôture de l’exercice pour statuer sur les comptes annuels de la société.

À cet effet, les associés doivent recevoir communication des états de synthèse, du rapport
de gestion établi par les gérants ainsi que le texte des résolutions proposées et ce, dans les
15 jours qui précèdent la réunion de l’assemblée générale annuelle.

Toute délibération prise en violation de cette disposition peut être annulée (art 288 al 3, in
fine).

L’assemblée générale annuelle est présidée par l’associé représentant par lui-même ou
comme mandataire le plus grand nombre de parts sociales. Le quorum est la majorité
d’associés représentant la moitié du capital social.

c) Ils ont un pouvoir de contrôle individuel qui leur donne le droit 2 fois par an de
prendre connaissance au siège, des livres et documents sociaux et ont le droit de se
faire assister par un expert-comptable ou un commissaire aux comptes à leurs frais.

Cependant, pour exercer ce droit, ils doivent avertir les gérants de leur intention au moins 15
jours à l’avance, notamment par lettre recommandée avec demande d’avis de réception (art
289 al 2 de l’AUSG révisé).

2) Les pouvoirs statutaires

Les statuts peuvent conférer aux associés non gérants le pouvoir d’autoriser certaines
opérations qui relèvent normalement des pouvoirs légaux du gérant. Ainsi, il est fréquent de
trouver dans les statuts une clause qui soumet à l’autorisation des associés les actes de
dispositions et notamment la cession des biens de la société.

C- Désignation d’un commissaire aux comptes

En principe la désignation d’un commissaire aux comptes est facultative dans une SNC.
Cependant selon l’article 289-1de l’AUSG révisé, un ou plusieurs associés détenant, au
moins, le dixième du capital social peuvent demander en justice la nomination d’un
commissaire aux comptes.

D’autre part, la désignation d’au moins un commissaire aux comptes est rendu obligatoire
pour les sociétés en nom collectif qui remplissent, à la clôture de l'exercice social, deux (2)
des conditions suivantes :

1) Total du bilan supérieur à deux cent cinquante millions (250.000.000) de francs CFA ;

2) Chiffre d'affaires annuel supérieur à cinq cents millions (500.000.000) de francs CFA;

3) Effectif permanent supérieur à 50 personnes.

La société en nom collectif n'est plus tenue de désigner un commissaire aux comptes dès lors
qu'elle n'a pas rempli deux (2) des conditions fixées ci-dessus pendant les deux (2) exercices
précédant I' expiration du mandat du commissaire aux comptes.
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Paragraphe 4 : Dissolution
La SNC est soumise aux causes de dissolution communes à toutes les sociétés et en outre aux
causes particulières qui affectent la personne des associés.

1) Décès d’un associé

En principe, la société prend fin par le décès d’un associé. C’est une dissolution de plein droit
qui est liée au caractère personnel de la société.

Cette dissolution automatique peut se révéler gênante dans la pratique. C’est pourquoi la loi
permet des aménagements contractuels pour permettre la continuation de la société.

Les statuts peuvent donc contenir des clauses de continuation qui peuvent être de deux
sortes:

a) Continuation avec les associés survivants

Cette clause suppose que la société comprend plus de deux associés. Dans ce cas, les
héritiers de l’associé décédé doivent recevoir la valeur de la quote- part de leur auteur.

Pour ce faire, les associés survivants doivent racheter les parts sociales de l’associé décédé,
et répondent indéfiniment et solidairement du paiement de ces parts.

b) Continuation avec les héritiers ou les successeurs

Dans cette hypothèse, la société va continuer avec les associés survivants et les héritiers de
l’associé décédé. Dans cette formule, il y a transmission des parts du défunt à ses héritiers.

Les statuts peuvent prévoir la continuation avec ou sans l’agrément des associés survivants.
Si les associés survivants n’acceptent pas les héritiers ou n’acceptent que certains d’entre
eux, il est procédé au rachat des parts sociales des héritiers non agrées.

Si parmi les héritiers, il y a des mineurs non émancipés, ces derniers ne répondent du passif
qu’à concurrence de leurs parts dans la succession et la société doit être transformée dans le
délai d’un an, à compter du décès, en société en commandite simple dont les héritiers
mineurs vont devenir des commanditaires. A défaut, la société est dissoute.

2) La révocation du gérant statutaire associé

Cette révocation entraine la dissolution de la société sauf si les statuts prévoient la


continuation ou si cette continuation est décidée à l’unanimité.

3) Liquidation judiciaire, interdiction, incapacité

Lorsqu’un jugement prononce la liquidation judiciaire ou une mesure d’interdiction d’exercer


la profession commerciale ou une incapacité à l’égard d’un associé, la société est dissoute à
moins que sa continuation n’ait été prévue dans les statuts ou que les autres associés ne
décident cette continuation à l’unanimité.

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En conclusion, il convient de relever que la SNC est une forme de société très peu utilisée
dans la pratique, compte tenu du danger que présente pour les associés, l’obligation
indéfinie et solidaire au passif social.

Cette forme est d’autant moins utilisée que la loi met à la disposition des PME un autre
mode de société qui a un caractère personnel et dont les risques sont limités, à savoir la
Société à responsabilité limitée.

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Chapitre II : La société en commandite simple (SCS)
Cette société se distingue par le fait qu’elle se constitue de deux catégories d’associés qui
sont soumises à des régimes juridiques distincts.

1) Les associés commandités qui ont le statut d’associés en nom collectif c'est-à-dire
qu’ils sont commerçants et sont responsables indéfiniment et solidairement des
dettes de la société au sens de l’article de 270 de l’Acte Uniforme révisé relatif aux
sociétés commerciales.
2) Les associés commanditaires qui ne sont pas nécessairement des commerçants et ne
sont responsables du passif social qu’à hauteur de leurs apports.

La SCS trouve son origine notamment dans les pratiques du commerce maritime du moyen
âge.

La raison d’être des sociétés en commandite simple est de permettre aux détenteurs de
fonds de recueillir les fruits d’une activité commerciale sans l’exercer personnellement tout
en limitant leur responsabilité au montant de leur apport.

La dualité d’associés traduit la diversité de leurs aspirations. Le commandité veut


entreprendre et prendre des risques, le commanditaire veut se cantonner dans le rôle de
financier prudent.

La SCS obéit pour sa constitution, son fonctionnement et sa dissolution aux mêmes règles
que la SNC sous réserve des dispositions particulières prévues aux articles 293 à 308 de
l’AUSG révisé.

Paragraphe 1 : Constitution
Il faut remplir toutes les conditions de validité relatives à toutes les sociétés. En outre, les
statuts doivent comprendre :

- Le montant ou la valeur des apports de tous les associés ;

- La part dans ce montant ou cette valeur de chaque associé commandité ou


commanditaire ;

- la part globale des associés commandités et la part de chaque associé commanditaire


dans la répartition des bénéfices et dans le boni de liquidation.

A- Dénomination sociale

La loi permet d’incorporer à la dénomination sociale qui est librement choisie le nom d’un ou
plusieurs commandités. Cette dénomination doit être précédée ou suivie immédiatement de
la mention « société en commandite simple » ou du sigle « SCS ».

Cependant, le nom d’un associé commanditaire ne peut en aucun cas être incorporé à la
dénomination sociale, à défaut de quoi ce dernier répond indéfiniment et solidairement des
dettes sociales.

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B- Statut du commanditaire
1) L’apport d’un commanditaire peut être en numéraire ou en nature mais il ne peut
faire d’apport en industrie
2) La société continue malgré le décès d’un commanditaire
3) Il est interdit au commanditaire de faire des actes de gestion qui engagent la
société vis-à-vis des tiers. Cette interdiction trouve sa justification dans deux
séries de considération :
- D’abord dans l’intérêt des tiers
- Ensuite de manière incidente dans l’intérêt de la société elle-même.

En premier lieu, on peut craindre que les tiers en traitant avec les commanditaires, soient
amenés à penser que ces derniers engagent leurs biens personnels.

D’autre part, les commanditaires n’étant pas responsables sur leurs biens pourraient être
tentés de ne pas prendre suffisamment de précaution et d’engager la société dans des
opérations à risque.

Cette interdiction joue même lorsque le commanditaire agit par procuration. Toutefois,
l’interdiction ne vise que les actes de gestion externes. Elle n’empêche pas les
commanditaires de faire des actes de gestion internes en participant au fonctionnement de
la société.

Ainsi, les commanditaires peuvent prendre part aux décisions collectives ; ils ont un droit de
contrôle sur la gestion de la société ; ils peuvent même exercer un emploi salarié au sein de
la société qui ne soit pas en rapport direct avec la gestion externe de la société.

Si le commanditaire contrevient à cette interdiction, les actes de gestion accomplis par lui
seront valables mais il sera tenu responsable solidairement avec les commandités des
conséquences des actes qu’il a accomplis. Autrement dit, le commanditaire perd le bénéfice
de la limitation de responsabilité.

C- Statut du commandité
1) La SCS doit comprendre au minimum un commandité et un commanditaire
2) Le décès d’un commandité entraine la dissolution de la société sauf si les statuts
prévoient la continuation de la société. Si la société continue avec des héritiers
mineurs, ces derniers deviennent des commanditaires et la société continue à
fonctionner avec les mineurs.
3) Si l’associé décédé était seul associé commandité et si ses héritiers sont alors
mineurs non émancipés, il doit être procédé à son remplacement par un nouvel
associé commandité ou à la transformation de la société dans un délai d’un an à
compter du décès.
D- Cession des parts sociales

Les droits des associés sont représentés par des parts sociales. Ces parts ne peuvent être
cédées qu’avec le consentement de tous les associés. Cette règle n’est cependant pas
d’ordre public. En effet, les statuts peuvent stipuler :

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- Que les parts des commanditaires sont librement cessibles entre associés
- Que les parts des commanditaires peuvent être cédées à des tiers avec le
consentement de tous les associés commandités et de la majorité en nombre et en
capital des commanditaires ;
- Qu’un associé commandité peut céder une partie de ses parts sociales à un
commanditaire ou à un tiers avec le consentement de tous les commandités et de la
majorité en nombre et en capital des commanditaires.

Pour son opposabilité, l’acte de cession doit respecter les mêmes conditions de forme que
celles mentionnées pour les sociétés en nom collectif.

Paragraphe 2 : Fonctionnement
A- Gérance

La SCS est gérée par tous les associés commandités sauf stipulation contraire des statuts qui
peuvent désigner un ou plusieurs gérants parmi les associés commandités ou prévoir les
modalités de leur désignation par un acte ultérieur.

La situation de l'associé ou des associés commanditaires concernant la gérance est évoquée


dans les articles 299 et 300 de l’AUSG révisé. Ainsi, ils ne peuvent faire aucun acte de gestion
externe, même en vertu d'une procuration. En cas de contravention à cette interdiction, I'
associé ou les associés commanditaires sont obligés indéfiniment et solidairement avec les
associés commandités pour les dettes et engagements de la société qui dérivent des actes de
gestion qu'ils ont faits.

Suivant le nombre ou la gravite de ces actes, ils peuvent être obligés pour tous les
engagements de la société ou pour quelques- uns seulement.

B- Décisions collectives des associés

Toutes les décisions qui excèdent les pouvoirs des gérants sont prises par la collectivité des
associés. Ce sont les statuts qui fixent les conditions de prises de décisions (modalités de
consultation, en assemblée ou par consultation écrite, règles de quorum et de majorité).

Toutefois, la réunion d’une assemblée de tous les associés est de droit, si elle est demandée
soit par un associé commandité, soit par le quart en nombre et en capital des associés
commanditaires.

Enfin, il faut signaler que toute modification des statuts doit être décidée avec le
consentement de tous les commandités et de la majorité en nombre et en capital des
associés commanditaires.

Les règles de tenue de l’assemblée générale annuelle et les conditions de désignation d’un
commissaire aux comptes dans la SCS sont les mêmes que dans une SNC.

Il convient d’ajouter que dans le cadre du contrôle, les associés commanditaires et les
associés commandités non gérants ont le droit, deux (2) fois par an, d'obtenir
communication des livres et des documents sociaux et de poser par écrit des questions sur
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la gestion sociale, auxquelles il doit être répondu également par écrit. Cette dernière
possibilité n’est pas prévue dans le cadre d’une SNC.

Paragraphe 3 : Dissolution de la société en commandite simple


La SCS obéit aux conditions de dissolution commune aux autres sociétés (expiration de la
durée, réalisation de l’objet social…). Cependant, la société continue malgré le décès d'un
associé commanditaire.

Concernant le décès d’un associé commandité, les différentes hypothèses ont déjà fait
l’objet d’un développement dans la partie traitant du statut du commandité. Il importe donc
de s’y référer.

Chapitre III : La société en participation


Selon les articles 114 et 854 AUSG, la société en participation est celle dans laquelle les
associés conviennent qu’elle ne sera pas immatriculée au registre de commerce et du crédit
mobilier et qu’elle n’aura pas la personnalité morale. Elle n’est pas soumise à publicité et son
existence peut être prouvée par tous moyens.

Dans la pratique, ce sont les pools bancaires qui font généralement recours à la société en
participation. Celle-ci leur permet de financer ensemble une activité importante sans
recourir à la constitution d’une société ordinaire entre elles.

La société en participation est régie par les dispositions des articles 854 et suivants de
l’AUSG.

Paragraphe 1 : Les rapports entre associés


Les associés conviennent librement de l’objet, de la durée, des conditions du
fonctionnement, des droits des associés, de la fin de la société en participation sous réserve
de ne pas déroger aux règles impératives des dispositions communes aux sociétés, exception
faite de celles qui sont relatives à la personnalité morale (article 855 AUSG).

Les rapports entre associés sont régis par les dispositions applicables aux sociétés en nom
collectif, à moins qu’une organisation différente n’ait été prévue par les associés.

Les biens nécessaires à l’activité sociale sont mis à la disposition du gérant de la société.
Toutefois, chaque associé reste propriétaire des biens qu’il met à la disposition de la société
(article 857).

Sont réputés indivis entre les associés les biens acquis par emploi ou par remploi de deniers
indivis pendant la durée de la société, ainsi que ceux qui se trouvaient indivis avant d’être
mis à la disposition de la société. Il en est de même de ceux que les associés auraient
convenu de mettre en indivision (article 859). Sauf stipulation contraire des statuts, aucun
associé ne peut demander le partage des biens indivis tant que la société n’est pas dissoute
(article 860 AUSG).

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Paragraphe II : Les rapports avec les tiers
Selon l’article 861 AUSG, chaque associé contracte en son nom personnel et est seul engagé
à l’égard des tiers.

Toutefois, si les associés agissent expressément en leur qualité d’associé auprès des tiers,
chacun de ceux qui ont agi est tenu par les engagements des autres. Les obligations
souscrites dans ces conditions les engagent indéfiniment et solidairement.

Il en est de même de l’associé qui, par son immixtion, a laissé croire au cocontractant qu’il
entendait s’engager à son égard et dont il est prouvé que l’engagement a tourné à son
profit.

Paragraphe III : La dissolution de la société en participation


La société en participation est dissoute par les mêmes évènements qui mettent fin à la
société en nom collectif (en cas de décès d’un associé ou lorsqu’un jugement de liquidation
des biens, de faillite ou des mesures d’incapacité ou d’interdiction d’exercer une activité
commerciale est prononcée à l’égard d’un associé). Il n’en va autrement que lorsque les
associés ont expressément prévu le contraire dans les statuts ou dans un acte ultérieur.

Par ailleurs, lorsque la société est à durée indéterminée, sa dissolution peut résulter à tout
moment d’une notification, par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre
recommandée avec demande d’avis de réception, adressée par l’un d’eux à tous les associés,
pourvu que cette notification soit de bonne foi et non faite à contretemps (article 863
AUSG).

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Titre II : Les sociétés de capitaux
Cette catégorie de société repose davantage sur l’apport de capitaux que sur la
considération de la personne des associés. On les appelle également société par actions.

La forme par excellence de la société de capitaux est la société anonyme ; la société par
commandite par actions n’étant pas prévue par l’acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et du groupement d’intérêt économique (AUSG). L’Acte uniforme de 2014 a
par ailleurs prévu une nouvelle forme de société à savoir la Société par actions simplifiées.

La société anonyme (SA) est une société dans laquelle les associés appelés actionnaires
reçoivent en contrepartie de leurs apports des titres négociables et dont la responsabilité est
limitée au montant des apports.

Au-delà des caractéristiques découlant de cette définition, la SA est une société dont
l’organisation est complexe. En effet, c’est une organisation dans laquelle la loi a laissé peu
de places à la liberté contractuelle et à l’autonomie de la volonté.

Cette forme de société est dite « anonyme » parce qu’elle ne doit pas porter le nom des
associés qui la composent. La Société anonyme est régie par les articles 385 à 853 de l’AUSG.

Chapitre I : La société anonyme


Section I : Constitution
La loi distingue entre deux modes de constitution selon que la société fait ou ne fait pas
appel public à l’épargne.

Selon l’article 81 de l’AUSG, est réputé faire appel public à l’épargne, toute SA :

- Dont les titres sont inscrits à la bourse des valeurs mobilières d’un État-partie. Ces
sociétés sont appelées dans la pratique, sociétés cotées.
- Qui émet ou cède ses titres dans le public en ayant directement ou indirectement
recours au démarchage2 ou à la publicité ou par l’entremise d’établissements de
crédit ou d’agents de change.

Ceci étant, il y a des exigences légales qui sont communes à toute constitution de SA mais les
procédures de constitution diffèrent selon qu’il y a ou non appel public à l’épargne (APE).

Paragraphe 1 : Les exigences communes


Elles concernent la dénomination sociale, les associés et le capital.

2 Le démarchage consiste soit : - à rendre au domicile des personnes ou sur leurs lieux de travail ou dans les
lieux publics en vue de conseiller la souscription, l’achat ou la vente des valeurs mobilières ; - à faire des offres
de services ou à donner des conseils par l’envoi de documents, par téléphone ou par tout autre moyen de
communication (fax ; emails ; télécopie…)
1
7
A- La dénomination sociale

La dénomination de la SA peut être tirée de la nature de son objet, du lieu de son activité ou
qui peut être simplement de pure fantaisie. Dans la pratique, elle est souvent désignée par
un sigle ou une abréviation.

Dans tous les cas, cette dénomination doit être précédée ou suivie immédiatement de la
mention en toutes lettres « Société Anonyme » ou du sigle « SA » et du mode
d’administration de la société.

B- Les associés

Les actionnaires de la SA peuvent être deux ou plusieurs.

Cependant, la société anonyme peut même se créer avec un seul actionnaire, c’est la société
anonyme unipersonnelle (SAU).

Les actionnaires peuvent être des personnes physiques ou des personnes morales non
frappées d’interdictions et/ou d’incompatibilités. Ainsi, un mineur peut être actionnaire dans
une SA, dans la mesure où il n’est pas responsable des dettes sociales au delà de son apport.
Deux époux peuvent également être associés.

Les apports peuvent être en numéraire ou en nature. L’apport en nature requiert


l’intervention d’un commissaire aux apports. Les apports en industrie sont interdits dans la
société anonyme (art 50-1 al 2 ; art 389 in fine AUSG révisé).

C- Le capital

La SA doit avoir un capital minimum. Ce capital social minimum est de 10 000 000 Frs CFA si
la société ne fait pas appel public à l’épargne et de 100 000 000 Frs CFA si la société fait
appel public à l’épargne. Le capital est divisé en actions dont le nominal est librement fixé
par les statuts. Le montant nominal est exprimé en nombre entier (article 387 AUSG révisé).

Ce capital doit être intégralement souscrit avant la date de la signature des statuts ou de la
tenue de l’assemblée générale constitutive. À défaut la société ne peut pas être constituée.

Lorsqu’il y a des apports en numéraire, la loi n’exige pas le versement de la totalité au


moment de la constitution mais seulement le quart du capital.

Le reliquat doit être libéré en une ou plusieurs fois soit selon les modalités définies dans les
statuts, soit sur appel de fonds du conseil d’administration ou de l’administrateur général et
ce, dans un délai de trois (3) ans à compter de l’immatriculation de la société au Registre de
commerce et du crédit mobilier.

Les fonds provenant de la souscription des actions de numéraire doivent être déposés dans
le délai de huit (8) jours à compter de la réception des fonds, soit chez un notaire, soit dans
une banque et sur un compte spécial ouvert au nom de la société en formation (art 393 de
l’AUSG). Ces fonds ne peuvent être débloqués qu’après la constitution définitive de la
société et présentation du certificat d’immatriculation au Registre de commerce.
1
8
Si la société n’est pas constituée dans le délai de six (6) mois après le dépôt des fonds, tout
souscripteur peut demander la restitution de son apport auprès du tribunal compétent qui
statue en référé.

Les souscriptions en numéraire sont constatées par un bulletin de souscription signé par les
souscripteurs. Les souscriptions et les versements sont constatés par une déclaration qui
doit être faite par les fondateurs dans un acte notarié.

La loi a ainsi dévolu au notaire, le soin de contrôler la souscription intégrale du capital et la


libération du quart au moins du capital. Ainsi donc, le notaire se fait présenter les bulletins
de souscription pour constater la souscription intégrale du capital et un certificat délivré par
la banque dépositaire constatant le versement des fonds.

Il est enfin à noter que les mentions obligatoires qui doivent être contenues dans le bulletin
de souscription sont indiquées dans l’article 392 de l’AUSG.

Paragraphe 2 : Les procédures spécifiques de constitution


A) Constitution sans APE3

Les formalités de constitution sont les suivantes :

1) Les statuts

Ils doivent être établis par écrit et être signés par tous les souscripteurs ou leurs
mandataires. En plus des mentions communes à toutes les sociétés, pour la constitution de
la SA, les statuts doivent contenir d’autres mentions obligatoires prescrites par l’art 397 de
l’AUSG. Il s’agit notamment du mode d’administration et de direction retenu ; la forme des
actions émises…

Il faut rappeler qu’à compter de la signature, la société existe mais seulement dans les
rapports entre les associés puisqu’elle n’a pas encore la personnalité morale.

2) La procédure de vérification des apports en nature

La loi a institué pour les apports en nature une procédure de vérification pour s’assurer de la
valeur de ces apports. Cette vérification est effectuée sous sa responsabilité par un
commissaire aux apports choisis à l’unanimité par les futurs associés parmi la liste des
commissaires aux comptes.

Le commissaire doit établir un rapport qui est soumis à l’assemblée générale constitutive.

3) L’assemblée générale constitutive

En vue de la tenue de l’assemblée constitutive, une convocation est adressée à chaque


souscripteur, quinze jours au moins avant sa date.

Cette assemble ne délibère valablement que si au moins la moitié des actions souscrites est
présente ou représentée.

3 APE= Appel Public à l’Épargne


1
9
À défaut de ce quorum, une deuxième convocation est lancée (six jours avant la date fixée
pour l’assemblée) à la suite de laquelle le quorum doit être au moins du quart des actions
présentes ou représentées.

À défaut, une troisième assemblée est provoquée (dans un délai de 2 mois à compter de la
2e assemblée) et le même quorum est exigé.

D’autre part, l’assemblée ne statue qu’à la majorité des 2/3 des voix dont disposent les
souscripteurs présents ou représentés, sauf s’il s’agit de réduire. Pour le calcul de la
majorité, il n’est pas tenu compte des bulletins blancs (art 406 al 2).

4) Publicité

Ces formalités sont les mêmes que pour les autres formes de sociétés commerciales.
Rappelons que la société n’acquiert la personnalité morale qu’à partir de son
immatriculation au Registre de commerce et du crédit mobilier.

B) Constitution avec APE

S’il s’agit d’une SA faisant APE, les formalités de constitution sont plus complexes dans la
mesure où la société est appelée à réunir un grand nombre d’associés et à mobiliser des
capitaux importants. Ainsi :

1) Les fondateurs doivent publier avant le début des opérations de souscription des
actions, une notice dans les journaux d’annonces légales. Les mentions obligatoires
de cette notice sont indiquées dans l’art 826 de l’AUSG.
2) Pour l’information du public sur l’émission d’actions projetées, sont établies des
circulaires dans lesquelles les énonciations de la notice sont reproduites. Elles
doivent en outre compter les projets des fondateurs quant à l’emploi des fonds
provenant de la libération des actions souscrites (art 827 de l’AUSG).
3) D’autre part, un document d’information à l’intention du public doit être établi
préalablement. Ce document porte sur l’organisation, la situation financière, l’activité
et les perspectives de l’émetteur ainsi que les droits attachés aux titres offerts au
public.

Après la réunion de l’assemblée constitutive et approbation des statuts, il est procédé aux
mêmes formalités de publicité que les sociétés ne faisant pas APE.

Rappelons que l’inobservation des formalités de constitution est la nullité avec toutefois des
possibilités de régularisation visant à maintenir la société dans le circuit économique.

Section II : Organisation et fonctionnement de la SA


À partir du moment où la SA a vocation à réunir une multitude d’actionnaires, il est
nécessaire de mettre sur pied une organisation suffisamment élaborée pour permettre
d’assurer l’expression de la volonté du groupement et pour canaliser les pouvoirs au sein de
la SA. C’est ce qui explique que l’organisation de la SA est complexe puisqu’elle repose sur
une structure pyramidale.
2
0
Elle fonctionne en théorie à l’image d’un État démocratique avec une constitution (les
statuts) ; des organes de délibérations (les AG), des organes exécutifs (le Conseil
d’administration) et des organes de contrôle (le commissaire aux comptes).

Contrairement à ce qui se passe dans les sociétés de personnes, les actionnaires ne sont pas
libres d’organiser le fonctionnement de la société comme ils le veulent. La loi leur impose
une organisation et une hiérarchie qu’ils doivent respecter.

Sous- section I : Les assemblées générales d’actionnaires


Les assemblées générales détiennent en principe le pouvoir suprême dans la société. C’est
l’organe le plus élevé dans la hiérarchie. C’est dans le cadre des AG que le simple actionnaire
peut intervenir dans le fonctionnement de la société en exerçant son droit de vote.

C’est la loi de la majorité qui préside aux décisions des AG. Ainsi, lorsqu’une décision a été
prise régulièrement par la majorité, elle s’impose à tous et aucune autorité, y compris
l’autorité judiciaire ne peut modifier une décision de l’AG.

Les assemblées se divisent en deux catégories : les assemblées générales qui regroupent
tous les actionnaires sans distinction et ensuite les Assemblées spéciales qui ne réunissent
que les actionnaires d’une même catégorie d’actions.

Au sein des assemblées générales, la loi distingue entre les assemblées ordinaires et les
assemblées générales extraordinaires.

Toutes ces assemblées obéissent à un ensemble de règles qui leur sont communes mais elles
se distinguent les unes par rapport aux autres par des règles spécifiques.

Paragraphe 1 : Les règles communes à toutes les AG

Ces règles sont relatives à la tenue des assemblées et aux délibérations. Elles se caractérisent
par un certain formalisme qui a pour objet de protéger les actionnaires.

I- La tenue des assemblées

Toute réunion d’une assemblée doit nécessairement être précédée par la convocation des
actionnaires. En général, c’est le conseil d’administration ou l’administrateur général qui est
habilité à provoquer l’assemblée. Elle peut exceptionnellement être convoquée par le
commissaire aux comptes, un mandataire désigné par la juridiction compétente ou par le
liquidateur.

La convocation indique notamment la date, l’heure et le lieu de la réunion ainsi que l’ordre
du jour. L’avis de convocation est inséré dans un journal d’annonces légales et doit intervenir
au moins 15 jours avant sur 1ere convocation et 6 jours avant pour les convocations
suivantes (art 518 al 4).

L’assemblée ne peut délibérer valablement que sur les points inscrits à l’ordre du jour à
l’exception de la révocation et du remplacement des administrateurs.

2
1
L’assemblée est dirigée par un bureau désigné dont la composition et le rôle font également
l’objet d’une règlementation.

II- Les délibérations

L’assemblée ne pourra valablement délibérer que si une fraction minimale du capital est
présente ou représentée. Ce quorum permet de vérifier que l’assemblée est suffisamment
représentative pour statuer sur les décisions à l’ordre du jour et pour prendre des
résolutions qui s’imposent à tous.

Les statuts ont la possibilité de renforcer le quorum prévu par la loi. Il en est de même
concernant les règles de la majorité.

Pour le calcul de la majorité, chaque action donne en principe droit à une voix et un
actionnaire a autant de voix qu’il représente d’actions.

Paragraphe 2 : Les règles particulières aux différentes assemblées

Il faut distinguer entre l’Assemblée générale ordinaire (AGO) et l’assemblée spéciale (AS).

I- L’assemblée générale ordinaire (AGO)

A- Attributions

L’AGO est appelée à prendre toutes les décisions qui n’entrainent pas une modification des
statuts et des autres compétences reconnues à l’assemblée générale extraordinaire. Elle a
donc une compétence résiduelle, c'est-à-dire que tout ce qui ne relève des domaines
précités est nécessairement de la compétence de l’AGO.

Dans la pratique, l’AGO peut être annuelle (obligatoire) ou réunie extraordinairement


(facultative).

Les statuts peuvent exiger un nombre minimal d’actions, sans que celui-ci ne puisse être
supérieur à dix, pour ouvrir le droit de participer aux AGO. Mais plusieurs actionnaires
peuvent se réunir pour atteindre le minimum prévu par les statuts et se faire représenter par
l’un d’entre eux (art 548 al 2 et suivants de l’AUSG).

B- Délibération

L’AGO ne délibère valablement sur 1 ère convocation que si les actionnaires présents ou
représentés possèdent au moins le quart des actions ayant le droit de vote. Sur 2è
convocation, aucun quorum n’est exigé.

Les décisions en AGO sont prises à la majorité simple des voix exprimées.

II- L’assemblée générale extraordinaire (AGE)

A- Attributions

L’AGE est le seul organe habilité à modifier les statuts, toute clause contraire est réputée non
écrite (art 551 de l’AUSG). En outre, l’AGE peut procéder aux modifications suivantes :
2
2
- Modification du capital dans le sens de l’augmentation ou de la réduction
- Transfert du siège social dans une autre ville ou sur un autre territoire
- Dissolution par anticipation de la société ou prorogation de la durée

Cependant l’AGE n’a pas une compétence absolue. En effet, elle ne peut augmenter les
engagements des actionnaires. Ces derniers ne peuvent être engagés qu’à concurrence de
leurs apports. C’est pourquoi la transformation de la SA en SNC requiert une décision
unanime des actionnaires.

B- Délibération de l’AGE

Tout actionnaire peut participer à l’AGE sans qu’aucune limitation de voix ne puisse lui être
opposée. Toute clause contraire est réputée non écrite (art 552 de l’AUSG).

La loi exige pour la validité des délibérations, la présence ou la représentation de la moitié au


moins du capital sur 1ère convocation et le quart des actions sur 2è convocation. Si ce dernier
quorum n’est pas atteint, la 2è assemblée peut être renvoyée à une date ultérieure qui ne
doit pas être éloignée de plus de 2 mois mais le quorum du quart reste exigé. Les résolutions
ne peuvent prises qu’à la majorité des 2/3 des voix exprimées.

III- Les assemblées spéciales (AS)

Il arrive que dans une société, il existe plusieurs catégories d’actions. Les actionnaires d’une
même catégorie se réunissent en AS pour veiller à la défense de leurs privilèges.

Si des assemblées générales décident de modifier les droits d’une catégorie d’actionnaires,
cette décision ne sera définitive qu’après approbation de l’AS des actionnaires de la
catégorie concernée. À défaut, la modification restera sans effet.

Les A.S délibèrent aux conditions de quorum et de majorité requises pour les AGE.

Sous- section II : Les organes de direction et de gestion


La loi offre aux actionnaires deux solutions pour gérer et administrer une SA : une SA avec
administration générale et une SA avec conseil d’administration.

Paragraphe 1 : La Société anonyme avec administration générale

Les SA dont le nombre d’actionnaires est au plus égal à trois peuvent ne pas constituer un
conseil d’administration. Elles peuvent désigner un administrateur général qui assume les
fonctions d’administration et de direction de la société.

Cet administrateur général est nommé soit par les statuts, soit par l’assemblée générale. Il
doit nécessairement être une personne physique pouvant cumuler ses fonctions
d’administrateur avec un contrat de travail. Ce contrat de travail est soumis à l’autorisation
préalable de l’AG.

Sa nomination est faite pour une durée maximale de six ans si elle a été faite en cours de vie
sociale. Dans le cas contraire, la durée de son mandat ne peut excéder 2 ans s’il a été
nommé dans les statuts ou par l’AG constitutive.
2
3
Nul ne peut exercer simultanément plus de trois mandats d’administrateur général de SA
ayant leur siège sur le territoire d’un même État partie. De même, on ne peut cumuler ce
mandat avec plus de deux mandats de PDG ou de DG de SA dans un même pays.

I- Attributions et rémunérations

Elles sont contenues dans les articles 498 à 501 de l’AUSG. Ainsi, il est investi des pouvoirs les
plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société et ce, dans le cadre de
l’administration et de la direction de celle-ci.

En ce qui concerne sa rémunération, elle doit correspondre à une somme fixe annuelle à
titre d’indemnité de fonction et est décidée par l’AGO.

II- Conventions règlementées/ Conventions interdites/ Conventions libres

L’étude de ces conventions s’impose dès lors qu’on s’intéresse aux relations financières
entre les administrateurs et la société qu’ils représentent.

En effet, les administrateurs ne doivent pas confondre leurs affaires personnelles avec celles
de la société. Toute interférence doit être sérieusement contrôlée pour éviter les tentations
et les abus.

Ainsi, un administrateur peut se trouver dans la situation où il doit traiter à la fois pour le
compte de la société et pour son propre compte. Il peut donc être tenté, en passant un
contrat avec lui-même, de favoriser ses propres intérêts au détriment de ceux de la société.

C’est pourquoi, la loi règlemente minutieusement les conventions passées entre la société et
ses dirigeants. Cette règlementation fait apparaître trois cas de figure.

1) Les conventions règlementées

Selon l’article 502 de l’AUSG, c’est au commissaire aux comptes et à l’AGO et qu’incombe le
contrôle a posteriori, des conventions conclues par l’administrateur général avec la société.
Ces conventions peuvent avoir été conclues directement ou indirectement, ou par personne
interposée. Il peut également s’agir de sociétés dont il serait propriétaire, associé
indéfiniment et solidairement responsable ou simple dirigeant social.

Le commissaire aux comptes doit établir un rapport spécial sur les conventions et le présente
à l’AGO annuelle qui doit les approuver à travers une délibération (article 503, alinéa 4).

Par ailleurs, les cautionnements, avals et garanties donnés par l’administrateur général
doivent faire l’objet d’une autorisation préalable de l’AGO, soit d’une manière générale, soit
d’une manière spéciale. Exception est toutefois faite de ceux donnés dans des sociétés
exploitant des établissements de crédit, de microfinance ou d’assurance caution.

Dans tous les cas, il faut signaler que les conventions désapprouvées continuent à produire
tous leurs effets à l’égard des cocontractants et des tiers de bonne foi. Mais l’administrateur
général engage sa responsabilité du fait de cette conclusion irrégulière.

2
4
2) Les conventions interdites

Il est interdit à l’administrateur général de contracter sous quelque forme que ce soit des
emprunts auprès de la société, de se faire consentir par elle un découvert et de faire
cautionner ou avaliser par la société leurs engagements personnels.

L’interdiction s’applique également au conjoint, descendant et ascendant et personne


interposée liée à l’administrateur général ou son adjoint.

Toute contravention à cette règle est sanctionnée par la nullité de la convention.

Toutefois, cette interdiction ne concerne pas l’administrateur général d’un établissement


bancaire ou financier.

3) Les conventions libres

Ce sont les conventions qui ne sont soumises à aucune autorisation et ne sont pas interdites.
Il s’agit des conventions portant sur les opérations courantes conclues à des conditions
normales.

Par opération courante, il faut entendre les opérations qui sont effectuées par une société,
d’une manière habituelle, dans le cadre de ses activités.

Quant aux conditions normales, ce sont celles qui sont appliquées pour des conventions
semblables, non seulement par la société en cause, mais également par les autres sociétés
du même secteur d’activité. (Art 439 de l’AUSG).

III- Révocation de l’administrateur général

Selon l’article 509 de l’AUSG, l’administrateur général peut être révoqué à tout moment par
l’assemblée générale. Il s’agit là d’une disposition impérative, c'est-à-dire d’ordre public.

Paragraphe II : La société anonyme avec conseil d’administration

C’est la seconde forme de gestion et d’administration de la SA. Elle est la plus couramment
utilisée puisqu’elle s’impose dès que le nombre d’actionnaires dépasse trois associés.

I- Nomination, attributions et rémunération

1) Nomination

Dans cette variante, la SA est administrée par un organe collégial composé de plusieurs
membres appelés Conseil d’Administration (CA). Ce conseil a à sa tête un président désigné
parmi ses membres et qui peut être assisté d’un Directeur général pour assurer les fonctions
de direction.

Ainsi, le CA doit être composé de 3 membres au minimum et 12 membres au maximum. Ces


membres peuvent être des personnes physiques ou des personnes morales, actionnaires ou
non.

2
5
Ils sont élus par l’assemblée générale pour une durée qui ne peut excéder deux (02) ans, en
cas de nomination par les statuts ou par l’AG constitutive, ou six (06) ans dans le cas d’une
nomination au cours de la vie sociale. Ils sont rééligibles dans les mêmes conditions.

Un non actionnaire peut accéder aux fonctions d’administrateur, dans la limite du tiers des
membres du conseil.

D’autre part, un administrateur peut cumuler sa fonction avec un contrat de travail au sein
de la société à condition que ce contrat corresponde à un travail effectif exercé au sein de la
société.

2) Attributions et pouvoirs

Le CA dispose des pouvoirs les plus étendus pour agir, en toutes circonstances, au nom de la
société. Ces pouvoirs doivent toutefois s’exercer dans le cadre de la réalisation de l’objet
social ou dans les limites fixées par les statuts.

D’autre part, le CA dispose également de pouvoirs spéciaux, tels la nomination et la


révocation du Président du CA ; le contrôle de la gestion et du bon fonctionnement de la
société ainsi que l’arrêt des comptes pour chaque exercice.

En ce qui concerne les conventions règlementées entre les administrateurs et la société,


celles-ci doivent faire l’objet d’une autorisation préalable et respecter un certain nombre de
procédures (art 438 et suivants de l’AUSG).

Ainsi :

- L’administrateur intéressé doit informer le CA du projet de convention. Le conseil


doit se prononcer par un vote auquel l’administrateur concerné ne peut prendre
part.
- Si la convention est autorisée, elle est transmise au commissaire aux comptes dans
un délai d’un mois à compter de l’approbation
- L’AGO doit enfin statuer sur ces conventions et ce, sur la base d’un rapport spécial
fourni par le commissaire aux comptes.

Il faut par ailleurs souligner que les décisions du CA sont prises à la majorité des
membres présents ou représentés. Les administrateurs peuvent engager à la fois leur
responsabilité pénale et civile tant à l’égard des actionnaires qu’à l’égard des tiers.

3) Rémunération

L’administrateur est rémunéré par une indemnité de fonction fixe annuelle déterminée par
l’AG. Le CA peut lui allouer une rémunération exceptionnelle à l’occasion d’une mission
spéciale.

Quant à la rémunération du président du CA, celle-ci est déterminée par le CA qui détermine
également la nature des autres avantages qui lui sont octroyés.

2
6
II- Révocation

La révocation des membres du CA peut intervenir à tout moment. Elle est décidée par l’AGO,
même lorsque cette révocation n’avait pas été inscrite au préalable à l’ordre du jour.

Sous- Section III : L’organe de contrôle dans les SA

1) Nomination, durée du mandat, révocation du CAC

En dehors des assemblées générales d’actionnaires, le contrôle des activités de la SA est


assuré de manière permanente par les commissaires aux comptes et ponctuellement par
tout expert désigné par un juge pour procéder à une enquête sur un acte de gestion de la
société.

Toute SA est tenue de se doter d’au moins un commissaire aux comptes (CAC) et un
suppléant. Dans les SA faisant APE, il faut deux commissaires aux comptes et deux
suppléants.

À défaut de nomination du commissaire aux comptes par la société, tout actionnaire peut
demander au juge des référés d’en désigner un jusqu’à ce que l’assemblée générale ait
procédé aux nominations exigées.

Les CAC occupent une place particulière dans les SA, jouissant d’une certaine indépendance
pour l’accomplissement de leur mission. En effet, la durée de celle-ci ainsi que son contenu
sont déterminés par la loi et non par la volonté des actionnaires. Leur mandat est de 2 ans
s’ils sont nommés par les statuts ou par l’assemblée générale constitutive ; 6 exercices s’ils
ont été nommés par une AGO en cours de vie sociale.

Pour garantir leur indépendance, la loi prévoit qu’ils ne peuvent être révoqués que par le
président de la juridiction compétente sur demande des actionnaires représentant le 1/10è
du capital, le ministère public ou l’AGO.

2) Rôle du CAC

Les CAC ont d’abord une mission de contrôle et disposent à cet effet d’importants pouvoirs
de contrôle et d’investigation. Ils sont tenus d’informer les dirigeants sociaux et les
actionnaires sur toutes les irrégularités et les inexactitudes constatées. Les missions du CAC
sont contenues des articles 710 à 717 de l’AUSG.

Section III: Les titres émis par les SA


La SA peut émettre des actions et des obligations. Ces titres font partie des valeurs
mobilières.

Sous- Section I : Les actions

L’action est un titre négociable qui représente une fraction du capital d’une SA.

On peut classer les actions selon les formes, leur nature et selon l’étendue des droits qu’elles
concernent.
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Suivant la forme, les actions nominatives et les actions au porteur. Les actions nominatives
sont celles dont le propriétaire est connu et inscrit sur les registres de la société. Les actions
au porteur sont représentées par un titre qui ne mentionne pas le nom de leur propriétaire.
Ce titre est seulement identifié par un n° d’ordre.

Selon la nature des actions, les actions de numéraire et les actions d’apport ; les actions de
capital et les actions de jouissance.

Les actions en jouissance sont des titres qui sont remis aux actionnaires auxquelles la société
a remboursé par anticipation la valeur nominale de leurs actions.

En fonction de l’étendue de leur pouvoir, il peut exister des actions de priorité qui confèrent
à leurs titulaires soit un supplément de bénéfices, soit un droit de préférence pour le
paiement des bénéfices ; soit un droit de priorité sur le remboursement du capital. Ces 3
privilèges peuvent être cumulés en totalité ou en partie (art 755 de l’AUSG).

Les actions de priorité peuvent être créées pour récompenser les fondateurs de la société ou
certains actionnaires qui ont rendu des services particuliers à la société. Ensuite, elles
peuvent être attribuées à l’occasion d’une augmentation de capital, lorsque la société
traverse des difficultés financières afin de permettre à la société d’obtenir de l’argent frais.

Les actions à droit de vote double sont créées pour attacher les actionnaires à la société et
les récompenser par une sorte de prime de fidélité. En effet, la loi permet, par exception au
principe de la proportionnalité des voix au nombre d’actions, l’attribution d’un droit de vote
double sous deux conditions :

- Que les actions bénéficiant de ce droit soient entièrement libérées

- Que les actionnaires pouvant bénéficier de ce droit soient titulaires d’actions


nominatives de manière ininterrompue pendant au moins 2 ans.

Ce droit de vote doit être accordé à tous les actionnaires qui remplissent ces conditions sans
aucune distinction. Le droit de vote double se perd par la cession de l’action qui en bénéficie
ou par le changement de sa forme au porteur (art 544 de l’AUSG).

Les actions à dividendes prioritaires sans droit de vote sont créées en faveur d’épargnants
peu intéressés par le pouvoir de gestion au sein de la SA mais qui recherchent une meilleure
rentabilité de leur investissement.

Sous- Section II : Les obligations

Les obligations sont des titres négociables qui représentent une fraction de la dette sociale
de la société. Elles confèrent les mêmes droits de créance pour une même valeur nominale.

L’obligataire est un bailleur de fonds de la société. Il reçoit en contrepartie un titre de


créance de somme d’argent.

L’émission d’obligation est un mode de financement généralement à long terme des


entreprises. Elle présente un double avantage. D’abord pour la société émettrice, elle
2
8
permet de mobiliser des sommes importantes au moyen de l’emprunt obligataire sans avoir
à recourir à l’augmentation du capital et d’emprunter à des conditions qui peuvent être
moins onéreuses que les prêts bancaires classiques.

Ensuite, pour les souscripteurs, ils sont assurés d’avoir un revenu fixe garanti qui peut être
assez élevé par rapport au rendement fluctuant et aléatoire des actions.

Pour les conditions d’émission, il faut que la SA ait clôturé 2 exercices successifs avec des
bilans régulièrement approuvés par les actionnaires. En outre, il faut que le capital soit
entièrement libéré.

Pour la défense de leurs intérêts, les obligataires sont regroupés de plein droit en une masse
dotée de la personnalité morale. Ils vont désigner un ou plusieurs mandataires qui vont les
représenter.

Section IV: Modification du capital


Sous- section I : Augmentation du capital

- Par apport en numéraire ou en nature : en augmentant le capital, les actionnaires


peuvent bénéficier de deux avantages (le droit préférentiel de souscription et la
prime d’émission)

- Augmentation du capital par incorporation des réserves

- Compensation avec des créances sur la société

Sous- section II : La réduction du capital

- Réduction d’allègement

- Réduction d’assainissement

Section V : Dissolution de la SA
Elle obéit à toutes les conditions de dissolution des autres sociétés et à certaines qui lui sont
particulières.

C’est le cas notamment lorsque les états de synthèse font apparaitre que la situation nette
de la société est inférieure à la moitié du capital, le CA ou l’administrateur doit convoquer
une AGE pour décider la dissolution anticipée de la société.

Chapitre II : La Société à responsabilité limitée (SARL)


Il s’agit d’une société hybride dont les traits caractéristiques empruntent à la fois aux
sociétés de personne et aux sociétés de capitaux. C’est la forme la plus couramment utilisée
dans notre pays, en raison de sa souplesse en termes de constitution et de fonctionnement
notamment. Elle est la forme qui convient le mieux aux PME.

La SARL est une société commerciale par la forme constituée entre les associés qui n’ont pas
la qualité de commerçant et dont la responsabilité est limitée au montant de leurs apports.
2
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Les droits des associés sont représentés par des parts sociales. La SARL présente des
caractéristiques communes aux deux catégories de sociétés.

Ainsi par rapport aux sociétés de personnes :

1) La SARL est dominée par l’intuitu personae. Deux conséquences en résultent. En 1 er


lieu, son capital est divisé en parts qui ne sont pas librement cessibles. En second
lieu, les prises de décisions collectives peuvent également se faire par consultation
comme dans le cas des sociétés de personnes. Enfin, pour les décisions importantes,
la loi exige une règle de majorité plus renforcée.
2) La SARL est désignée par une dénomination librement choisie à laquelle, on peut
incorporer le nom d’un ou de plusieurs associés.

Par rapport aux sociétés de capitaux :

a) Les associés ne sont tenus des dettes sociales qu’à concurrence leur mise.
b) Les évènements qui affectent la situation juridique des associés n’ont pas en principe
d’incidence sur la vie de la société.
c) Les dirigeants de la SARL sont soumis à l’obtention d’autorisation en cas de
conventions conclues entre eux et la SARL, comme dans la SA.
d) Enfin la désignation d’un commissaire aux comptes est obligatoire pour les SARL qui
remplissent certaines conditions (art 376 et suivants de l’AUSG) 4.

Ceci étant, il faut souligner que la SARL est régie par les articles 309 à 384 de l’Acte uniforme
relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique.

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Selon cet article, « Les sociétés à responsabilité limitée qui remplissent, à la clôture de l’exercice social, deux
des conditions suivantes :
• total du bilan supérieur à cent vingt- cinq millions (125.000.000) de francs CFA,
 chiffre d’affaires annuel supérieur à 250.000.000 FCFA,
• effectif permanent supérieur à 50 personnes, sont tenues de désigner au moins un commissaire aux comptes
».
Section I : Constitution
La SARL doit satisfaire pour sa constitution à des conditions de fond, de forme et de
publicité.

Sous- section I : Les conditions de fond

Paragraphe 1 : Les associés

La loi exige un nombre minimum de deux personnes, le maximum étant illimité. Mais elle
permet également la création d’une SARL d’associé unique (art 309 al 2). Les associés
peuvent être des personnes physiques ou morales.
3
0
Par ailleurs, la qualité de commerçant n’est pas exigée pour faire partie d’une SARL.

Paragraphe 2 : Le capital social

Le capital social minimum est de 1 000 000 de FCFA (article 311). Cependant cette
disposition de l’AUSG donne la priorité aux textes nationaux et ne s’applique que s’il n’existe
aucun texte national.

Ainsi, au Mali, l’article 2 de la loi n°2015- 014 du 30 mai 2015 dispose que : « Le montant du
capital social de la Société à Responsabilité Limitée (SARL) est librement fixé par les associés
dans les statuts… ».

Les apports en numéraire doivent faire l’objet d’une énumération dans les statuts.

Quant aux apports en nature, ils doivent faire l’objet d’une évaluation sur la base d’un
rapport établi par le commissaire aux apports.

Les fonds provenant de la libération des parts sociales doivent être déposés dans un compte
bancaire bloqué jusqu’à l’immatriculation de la société au Registre de commerce. Il est en
outre, nécessaire de préciser, dans un acte notarié, les apports en numéraire et en nature
effectués par chacun des associés pour libérer sa part dans le capital social.

Les apports représentant le capital social de la SARL sont ainsi divisés en parts sociales dont
le montant minimum ne peut être inférieur à 5 000 FCFA.

Paragraphe 3 : Le régime juridique des parts sociales

Les parts sociales sont en principe librement cessibles entre associés mais également entre
conjoints, ascendants et descendants des associés, sauf stipulation contraire des statuts.
Enfin, elles sont librement transmissibles par voie de succession sauf clause d’agrément
insérée dans les statuts.

En cas de cession à des tiers, les parts sociales ne peuvent être cédées qu’avec le
consentement de la majorité des associés non cédants représentant au moins les ¾ des parts
sociales, déduction faite des parts de l’associé cédant. En cas de refus d’agrément, les
associés sont tenus solidairement et indéfiniment, dans les trois mois de la notification,
d’acquérir les parts mises en vente. Autrement dit, un associé dans une SARL ne peut rester
prisonnier de ses titres.

Dans tous les cas, la cession doit être constatée par écrit à peine de nullité. La cession n’est
opposable à la société que si l’acte de cession lui est signifiée ou qu’elle ait accepté ladite
cession dans un acte authentique. Aussi, la cession sera opposable à la société en cas de
dépôt de l’acte de cession au siège social contre remise d’une attestation de dépôt.

À l’égard des tiers, la cession ne leur est opposable qu’après accomplissement de l’une des
formalités précitées ainsi que la modification des statuts et une publicité au registre du
commerce et du crédit mobilier.

3
1
Sous- Section II : Les conditions de forme

Les statuts doivent être établis par écrit et signés par tous les associés, en personne ou par
mandataire justifiant d’un pouvoir spécial. Le non-respect de cette formalité est sanctionné
par la nullité de la société.

En outre, à peine de nullité, les statuts doivent contenir toutes les mentions exigées pour
toute société commerciale. Il en de même pour le respect des conditions de publicité
communes à toutes les sociétés commerciales.

Les irrégularités qui entachent la constitution de la SARL sont soumises au même régime
juridique que celui applicable aux SA, c'est-à-dire avec une possibilité de régularisation a
posteriori.

Section II : Fonctionnement de la SARL


La SARL a avec les sociétés de personne la simplicité de leur organisation. Il n’y a qu’un seul
organe qui assure l’administration et la direction de la société à savoir le gérant. Cependant,
la loi a dévolu aux associés non gérants un rôle dans le fonctionnement de la société et a
imposé un organe de contrôle pour les sociétés les plus importantes.

Sous- Section I : La gérance

Paragraphe 1 : Statut juridique du gérant

I- Nomination

La SARL est gérée par une ou plusieurs personnes physiques choisies parmi les associés ou
en dehors de la société. La nomination peut se faire soit dans les statuts, soit dans un acte
postérieur. Dans ce dernier cas, la nomination intervient par décision des associés à la
majorité en nombre et en capital (art 323 de l’AUSG). Les statuts peuvent toutefois fixer une
majorité supérieure.

II- Cessation de fonction

Les gérants peuvent être nommés pour une durée limitée ou illimitée. Dans le second cas,
leurs fonctions peuvent prendre fin par la démission ou par la révocation.

Cette révocation peut intervenir de deux manières :

- Soit par décision des associés représentant plus de la moitié des parts sociales. Cette
règle est d’ordre public. Si la révocation ne repose pas sur de justes motifs, le gérant
révoqué a droit à des dommages intérêts.
- Soit par décision du tribunal de commerce à la demande de tout associé qui justifie
d’une cause légitime de révocation.

D’autre part, le gérant peut démissionner pour mettre fin à ses fonctions et cette démission
est libre en principe. Cependant, en cas de démission d’un gérant sans juste motifs, celui-ci
s’expose au paiement de dommages et intérêts au profit de la société.

3
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Paragraphe 2 : Pouvoirs du gérant

La loi fait une distinction entre les rapports internes aux associés et les rapports avec les
tiers.

I- Dans l’ordre interne

Ce sont les statuts qui déterminent en principe les pouvoirs du gérant. En cas de silence des
statuts, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société. En cas de
pluralité de gérants, chacun détient séparément ces pouvoirs, comme s’il était le gérant
unique.

Les autres gérants ont toutefois la possibilité de s’opposer aux actes d’un autre gérant avant
que ceux-ci ne soient conclus. Cette opposition demeure inopposable aux tiers de bonne foi,
c'est-à-dire qui n’avait pas eu connaissance d’une telle opposition.

II- Dans l’ordre externe

Dans les rapports avec les tiers, le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir
en toute circonstance au nom de la société. Toute clause qui limite les pouvoirs légaux du
gérant est inopposable aux tiers. Toutefois, les pouvoirs du gérant sont limités par le pouvoir
que la loi attribue aux associés et dans une certaine mesure, par l’objet social.

Par ailleurs, il faut souligner que toute convention signée entre la société et l’un de ses
gérants ou l’un de ses associés doit être approuvée par les autres associés, sur rapport du
gérant ou du commissaire aux comptes s’il en existe (art 350 à 356 de l’AUSG).

Paragraphe 3 : Responsabilité du gérant

I- Responsabilité civile

Le gérant est responsable envers la société et envers les tiers dans trois séries de cas :

- En cas d’infractions aux dispositions légales applicables aux SARL


- En cas de violation des statuts
- En cas de faute de gestion

Chaque gérant répond en principe de ses propres fautes. Si plusieurs gérants ont agi
ensemble, ils sont solidairement responsables, le tribunal déterminant la part contributive
de chacun dans la réparation du dommage.

La mise en œuvre de la responsabilité civile du gérant peut donner lieu à l’exercice de trois
actions :

• L’action sociale exercée par la société contre le gérant


• L’action sociale exercée par un ou plusieurs associés représentant le quart des
associés et le quart des parts sociales
• L’action individuelle en réparation du préjudice personnel subi par un associé.

3
3
L’action en responsabilité civile se prescrit par trois ans à compter du fait dommageable ou
de sa révélation (s’il a été dissimulé). Au-delà de ce délai, aucune action ne peut être
intentée contre le gérant, sur un plan civil du moins.

II- Responsabilité pénale

Les infractions qui peuvent être retenues contre les gérants sont entre autres la distribution
de dividendes fictifs, l’abus de biens sociaux…

Il faut préciser que lorsque le fait reproché au gérant est qualifié de crime, l’action contre ce
gérant se prescrit par dix ans à compter du fait dommageable.

Sous- Section II : Les associés non gérants

La loi leur reconnait des droits individuels et des droits collectifs.

Paragraphe 1 : Les droits individuels

I- Le droit d’information A- Information périodique

La société est tenue d’adresser à chaque associé, quinze jours au moins avant la réunion de
l’assemblée générale annuelle, les documents suivants :

- Les états financiers et de synthèse


- Le rapport de gestion du gérant

- Le texte des résolutions proposées


- Et s’il y a lieu, le rapport du commissaire aux comptes

Le non- respect de ce droit d’information peut entrainer la nullité des délibérations de cette
assemblée (art 345 alinéa 5) de l’AUSG.

À compter de l’envoi des documents précités, les associés ont la faculté de poser par écrit
des questions auxquelles le gérant est tenu de répondre au cours de l’assemblée.

B- Information permanente

Un associé peut, à tout moment, obtenir au siège social, communication et copie des
documents énumérés plus haut ainsi que des PV des assemblées, concernant les trois
derniers exercices de la société.

II- Le droit de vote

Chaque associé a le droit de participer à la prise de décisions collectives quelque soit le


nombre de parts qu’il détient dans la société. Il dispose d’un nombre de voix égal au nombre
de parts qu’il possède.

Il peut se faire représenter dans les assemblées par son conjoint ou par un autre associé, à
condition que ces représentants disposent d’un mandat en ce sens.

3
4
III- Contrôle de la gestion

Tout associé peut, deux fois par exercice, poser par écrit des questions au gérant sur tout fait
de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. Cette règle est une disposition
impérative. La réponse du gérant est communiquée aux commissaires aux comptes s’il en
existe.

Paragraphe 2 : Les droits collectifs

I- Les décisions collectives

Les décisions collectives prises par les associés peuvent être ordinaires 4 ou extraordinaires.
Elles concernent en général toutes les décisions qui excèdent la compétence du gérant. Ces
décisions sont donc prises par la collectivité des associés, soit en assemblée ou par
consultation écrite, lorsque les statuts le prévoient. Toutefois, les décisions de l’assemblée
annuelle ne peuvent être prises par consultation écrite (article 333 AUSG révisé).

Lors des AGO ordinaires ou des consultations écrites, les décisions sont prises par un associé
ou plusieurs associés représentant plus de la moitié du capital social lors de la 1 ère
convocation.

Si cette majorité n’est pas obtenue, une 2 ème assemblée est convoquée et les décisions sont
alors prises à la majorité des votes émis, quelle que soit la portion de capital représentée
(article 349 AUSG révisé).

Toutefois la révocation des gérants ne peut, dans tous les cas, intervenir qu’à la majorité
absolue.

Concernant les décisions collectives extraordinaires qui ont pour objet de statuer sur la
modification des statuts, il est exigé pour le vote, des associés représentant les ¾ des parts
sociales. Toute clause contraire est réputée non écrite.

Cependant l’unanimité est exigée lorsque l’assemblée extraordinaire porte sur


l’augmentation des engagements des associés, la transformation de la société en SNC ou en
SAS et le transfert du siège social dans un autre État.

L’augmentation du capital par incorporation de bénéfices, de réserves ou de primes


d'apports, d'émission ou de fusion est décidée par les associés représentant au moins la
moitie des parts sociales.

II- Contrôle des conventions passées entre la société et l’un de ses gérants ou
associés

La loi a transposé aux SARL les règles de la SA concernant les conventions dites règlementées
c'est-à-dire celles conclues entre la société et ses gérants avec cette différence que pour la

4 Les décisions collectives ont pour but de statuer sur les états financiers de synthèse de l’exercice écoulé ;
d’autoriser la gérance à effectuer les opérations subordonnées dans les statuts, à l’accord préalable des
associés ; de procéder à la nomination et au remplacement des gérants et, le cas échéant, du commissaire aux
comptes ; d’approuver les conventions intervenues entre la société et l’un de ses gérants ou associés et, plus
généralement, de statuer sur toutes les questions qui n’entraînent pas modification des statuts.
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SARL, cette règlementation vise aussi les conventions conclues entre la société et les associés
qui la composent.

Sous- section III : Le commissaire aux comptes

En règle générale, la nomination d’un commissaire aux comptes n’est pas obligatoire dans
les SARL. Cette règle s’explique par le fait que les associés d’une SARL ont un droit de
contrôle personnel sur les comptes et sur la gestion de la société.

Toutefois la loi prévoit la nomination d’un commissaire aux comptes dans certains cas (voir
la note de bas de page n° 4, page 32).

Le régime juridique des commissaires aux comptes est celui qui a été étudié pour les SA.

Section III : Dissolution


La SARL est soumise aux mêmes conditions de dissolution que les autres sociétés.

Elle n’est pas dissoute par le décès d’un associé, sauf stipulation contraire des statuts. De
même, l’interdiction, la faillite ou l’incapacité d’un associé n’entraine pas la dissolution de la
société.

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Chapitre III : La société par actions simplifiée (SAS)
La société par actions simplifiée est une société instituée par un ou plusieurs associés et dont
les statuts prévoient librement I' organisation et le fonctionnement de la société (article 853-
1). Les associés de la société par actions simplifiée ne sont responsables des dettes sociales
qu'à concurrence de leurs apports et leurs droits sont représentés par des actions.

Lorsque cette société ne comporte qu’une seule personne, celle-ci est dénommée « associé
unique ».

La S.A.S est traitée par les dispositions des articles 853-1 à 853-23 de l’AUSG du 30 janvier
2014.

Section I : Constitution
A- Dénomination sociale

La société est désignée par une dénomination sociale qui doit être immédiatement précédée
ou suivie en caractères lisibles des mots « société par actions simplifiée» ou du sigle « SAS ».

Lorsque la société ne comprend qu'un associé, elle est désignée par une dénomination
sociale qui doit être immédiatement précédée ou suivie en caractères lisibles des mots
«société par actions simplifiée unipersonnelle» ou du sigle « SASU ».

B- Capital social

Le montant du capital social ainsi que celui du nominal des actions est fixé par les statuts
(article 853-5 AUSG).

La société par actions simplifiée peut émettre des actions inaliénables résultant d'apports en
industrie. Les statuts déterminent les modalités de souscription et de répartition de ces
actions.

Section II : Organisation et fonctionnement


Paragraphe 1 : Organes de gestion

Les statuts fixent les conditions dans lesquelles la société est dirigée.

La société est représentée à l'égard des tiers par un président désigné dans les conditions
prévues par les statuts. Le président est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en
toute circonstance au nom de la société dans la limite de I' objet social.

Dans ses rapports avec les tiers, la société est engagée même par les actes du président qui
ne relèvent pas de l'objet social.

Les statuts peuvent prévoir les conditions dans lesquelles une ou plusieurs personnes autres
que le président, portant le titre de directeur général ou de directeur général adjoint,
peuvent exercer les pouvoirs confiés à ce dernier.

3
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Paragraphe 2 : Décisions collectives

Les statuts déterminent les décisions qui doivent être prises collectivement par les associes
dans les formes et conditions qu'ils stipulent. Les décisions prises en violation des clauses
statutaires sont nulles. Chaque action donne droit à une voix au moins.

Paragraphe 3 : Organe de contrôle

Les associes peuvent nommer un ou plusieurs commissaires aux comptes (article 853-13)
pour les sociétés par actions simplifiées qui remplissent, à la clôture de I' exercice social,
deux des conditions suivantes :

1°) total du bilan supérieur à cent vingt cinq millions (125.000.000) de francs CFA;

2°) chiffre d'affaires annuel supérieur à deux cent cinquante millions (250.000.000) de francs
CFA

3°) effectif permanent supérieur à cinquante (50) personnes.

Sont également tenues de designer au moins un commissaire aux comptes les sociétés par
actions simplifiées qui contrôlent, une ou plusieurs sociétés, ou qui sont contrôlées par une
ou plusieurs sociétés.

TITRE III : Le Groupement d’Intérêt Économique


L’article 869 AUSG dispose : « Le groupement d’intérêt économique est celui qui a pour but
exclusif de mettre en œuvre pour une durée déterminée, tous les moyens propres à faciliter
ou à développer l’activité économique de ses membres, à améliorer ou à accroître les
résultats de cette activité. Son activité doit se rattacher essentiellement à l’activité
économique de ses membres et ne peut avoir qu’un caractère auxiliaire par rapport à celleci.
»

Le groupement d’intérêt économique ne donne pas lieu par lui-même à réalisation et à


partage des bénéfices5. Cependant, lorsqu’il y a des bénéfices, les membres peuvent les
partager entre eux.

Les membres du groupement d’intérêt économique sont tenus des dettes du groupement
sur leur patrimoine propre. Toutefois, un nouveau membre peut, si le contrat le permet, être
exonéré des dettes nées antérieurement à son entrée dans le groupement. La décision
d’exonération doit être publiée7. Les membres du groupement d’intérêt économique sont
solidaires du paiement des dettes de groupement, sauf convention contraire avec le tiers
cocontractant6.

Les créanciers du groupement ne peuvent poursuivre le paiement des dettes contre un


associé qu’après avoir vraiment mis en demeure le groupement par acte extrajudiciaire 7.

5 AUSG, article 870. 7 AUSG,


article 873, alinéa 1er
6 AUSG, article 873, alinéa 2
7 AUSG, article 874
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Chapitre I : La constitution du GIE
Deux ou plusieurs personnes physiques ou morales peuvent constituer entre elles un
groupement d’intérêt économique, y compris les personnes exerçant une profession libérale
soumise à un statut législatif ou réglementaire ou dont le titre est protégé.

Le groupement d’intérêt économique peut être constitué sans capital 8. Les droits des
membres ne peuvent être représentés par des titres négociables. Toute clause contraire est
réputée non écrite9.

Le groupement d’intérêt économique jouit de la personnalité morale et de la pleine capacité


à compter de son immatriculation au registre du commerce e du crédit mobilier 12.

Le groupement d’intérêt économique peut émettre des obligations aux conditions générales
d’émission de ces titres s’il est lui-même composé exclusivement de sociétés autorisées à
émettre des obligations10.

Le contrat de groupement d’intérêt économique est rédigé par écrit et soumis aux mêmes
conditions de publicité que les sociétés visées par l’AUSG11.

Il contient, selon l’article 876, alinéa 5, notamment les indications suivantes :

1°) la dénomination du groupement d’intérêt économique ;

2°) les noms, raison sociale ou dénomination sociale, forme juridique, adresse du
domicile ou du siège social et, s’il ya lieu, le numéro d’immatriculation au registre du
commerce et du crédit mobilier de chacun des membres du groupement d’intérêt
économique ;

3°) la durée pour laquelle le groupement d’intérêt économique est constitué ;

4°) l’objet du groupement d’intérêt économique ;

5°) l’adresse du siège du groupement d’intérêt économique.

Sous réserve des dispositions de l’AUSG, le contrat détermine l’organisation du groupement


d’intérêt économique et fixe librement la contribution de chaque membre aux dettes. À
défaut, chaque membre supporte une part égale12.

Toutes les modifications du contrat sont établies et publiées dans les mêmes conditions que
le contrat lui-même. Elles ne sont opposables aux tiers qu’à dater de cette publicité.

Les actes et document émanant du groupement d’intérêt économique et destinés aux tiers,
notamment les lettres, factures, annonces et publications diverses doivent indiquer
lisiblement la dénomination du groupement, suivie des mots ‘’ groupement d’intérêt
8 AUSG, article 870, alinéa 2
9 AUSG, article 871
12
AUSG, article 872
10 AUSG, article 875
11 AUSG, article 876, alinéa 4.
12 AUSG, article 876, alinéa 1er
3
9
économique ‘’ ou du sigle ‘‘G.I.E. ‘’. Toute infraction à cette règle est punie d’une peine de
contravention.

Chapitre II : L’administration du GIE


Le groupement d’intérêt économique est administré par une ou plusieurs personnes
physiques ou morales, sous réserve, si c’est une personne morale, qu’elle désigne un
représentant permanent, qui encourt les mêmes responsabilités civiles et pénales que s’il
était administrateur en son nom propre13.

Sous cette réserve, le contrat ou, à défaut, l’assemblée des membres du groupement
d’intérêt économique organise librement l’administration du groupement et nomme les
administrateurs dont il détermine les attributions, les pouvoirs et les conditions de
révocation14.

Dans les rapports avec les tiers, un administrateur engage le groupement d’intérêt
économique pour tout acte entrant dans l’objet de celui-ci. Toute limitation de pouvoirs est
inopposable aux tiers15.

Chapitre III : les décisions collectives des membres du GIE


L’assemblée générale des membres du groupement d’intérêt économique est habilitée à
prendre toute décision, y compris de dissolution anticipée ou de prorogation dans les
conditions déterminées par le contrat 19. Celui-ci peut prévoir que toutes les décisions ou
certaines d’entre elles seront prises aux conditions de quorum et de majorité qu’il fixe. Dans
le silence du contrat, les décisions sont prises à l’unanimité20.

Le contrat peut également attribuer à chaque membre du groupement d’intérêt économique


un nombre de voix différent de celui attribué aux autres. A défaut, chaque membre dispose
d’une voix16.

L’assemblée est obligatoirement réunie à la demande d’un quart au moins des membres du

groupement d’intérêt économique en nombre17. Chapitre IV : Le contrôle du GIE


L’AUSG distingue le contrôle de gestion et le contrôle des états financiers.

Le contrôle de la gestion est exercé dans les conditions prévues par le contrat. Toutefois,
lorsqu’un groupement d’intérêt économique émet des obligations dans les conditions
prévues à l’article 874 AUSG, le contrôle de gestion doit être exercé par une ou plusieurs

13 AUSG, article 879, alinéa 1er


14 AUSG, article 879, alinéa 2.
15 AUSG, article 879, alinéa 3.
19
AUSG, article 877, alinéa 1er
20
AUSG, article 877, alinéa 2.
16 AUSG, article 877, alinéa 3.
17 AUSG, article 878.
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personnes physiques nommées par l’assemblée. La durée de leurs fonctions et leurs
pouvoirs sont déterminées par le contrat18.

Le contrôle des états financiers de synthèse doit être exercé par un ou plusieurs
commissaires aux comptes choisis sur la liste officielle des commissaires aux comptes et
nommé par l’assemblée pour une durée de six exercices. Sous réserve des règles propres aux
groupements d’intérêt économique, le commissaire aux comptes a le même statut, les
mêmes attributions et les mêmes responsabilités que le commissaire aux comptes de société
anonyme19.

Chapitre V : La transformation
L’article 882 AUSG permet à toute association dont l’objet correspond à la définition du
groupement d’intérêt économique de se transformer en groupement d’intérêt économique
sans donner lieu à dissolution ou à création d’une personne morale nouvelle.

Il permet également à un groupement d’intérêt économique de se transformer en société en


nom collectif sans donner lieu à dissolution ni à création d’une personne morale nouvelle.

Chapitre VI : L’adhésion et le retrait d’un membre


Au cours de la vie sociale, le groupement peut accepter de nouveaux membres dans les
conditions fixées par le contrat20.

De même, tout membre peut se retirer du groupement d’intérêt économique dans les
conditions prévues dans le contrat, sous réserve qu’il ait exécuté ses obligations21.

Sous-section VII : La fin du GIE


Selon l’article 883 AUSG, le groupement d’intérêt économique est dissout :

1°) Par l’arrivée du terme ;

2°) Par la réalisation ou l’extinction de son objet ;

3°) Par la décision de ses membres dans les conditions prévues à l’article 877 du présent
Acte uniforme ;

4°) par décision judicaire, pour justes motifs ;

5°) par décès d’une personne physique ou dissolution d’une personne morale membre
du groupement d’intérêt économique, sauf clause contraire du contrat.

De même, selon l’article 884 AUSG, si l’un des membres est frappé d’incapacité, de faillite
personnelle ou d’interdiction de diriger, gérer, administrer ou contrôler une entreprise
quelle qu’en soit la forme ou l’objet, le groupement d’intérêt économique est dissout à
18 AUSG, article 880, alinéas 1er, 2 et 3.
19 AUSG, article 880, alinéas 4 et 5
20 AUSG, article 876, alinéa 2
21 AUSG, article 876, alinéa 3
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moins que sa continuation ne soit prévue par le contrat ou que les autres membres ne le
décident à l’unanimité.

La dissolution du groupement d’intérêt économique entraîne sa liquidation. Celle-ci s’opère


conformément aux dispositions du contrat. A défaut, un liquidateur est nommé par
l’assemblée générale des membres du groupement d’intérêt économique ou si l’assemblée
n’a pu procéder à cette nomination, par décision du président de la juridiction compétente 22.

Après paiement des dettes, l’excédent d’actif est réparti entre les membres dans les
conditions prévues par le contrat. A défaut, la répartition est faite par parts égales 23.

22 AUSG, article 885, alinéa 1er et 2


23 AUSG, article 885, alinéa 3
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