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Chapitre introductif

I. Définition de la Sté
Art 2 C.S.C. « La société est un contrat par lequel 2 ou plusieurs personnes conviennent d’affecter en commun
leurs apports en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourrait résulter de l’activité de la Sté.
Toutefois, dans la SUARL la Sté est constituée par un associé unique. »

La Sté est un contrat → aspect contractuel

Art 4 C.S.C. « Toute Sté commerciale donne naissance à une personne morale distincte de la personne de chaque
associé à l’exception de la Sté en Participation » → caractère institutionnel

II. Intérêts de la création d’une Sté commerciale

Intérêt économique de la Sté : elle permet d’augmenter les capitaux, de maximiser les profits, de minimiser
les pertes, faciliter l’obtention des prêts…

Intérêt juridique de la Sté : elle permet de séparer le patrimoine de la personne morale de celui des différents
associés.

Intérêt social : création d’emploi donc réduction de chômage.

III. Les différents types de Sté


1. La Sté commerciale
Art 2 C.C. « est commerçant quiconque à titre professionnel procède à des actes de production, spéculation,
entremise, circulation… » → Le critère de l’objet.

Art 7 C.S.C. « sont commerciales par la forme et quelque soit l’objet de leur activité les Sté en Commandite par
Actions (S.C.A.), les S.A.R.L. et les S.A. »→ Le critère formel.

2. Les Sté civiles


• Les professions libérales : avocats, médecins…
• L’activité agricole : régie par l’al. 2 art.2 C.C.
• La profession artisanale

3. Les Sté de Personnes


Sont fondées dur la considération de la personne (intuitu personae) : tous les associés se connaissent et se
regroupent en considération de la personne de chacun d’entre eux. Les associés sont solidairement et
personnellement tenus des dettes sociales.

4. Les Sté de Capitaux


L’essentiel réside dans la réunion d’un capital important. Libre cession des parts. Chaque associé n’est
pas tenu en principe qu’à la concurrence de son apport

5. Les Sté hybrides


Sont fondées sur l’intuitu personae puisque la cession des parts n’est pas libre. Tous les associés se
connaissent et se font confiance. Responsabilité limitée à concurrence de l’apport des associés

6. Les Sté à caractère privé


Sont constitués par des associés particuliers (P.P. ou P.M.) mais les autres P.M. de droit public peuvent
détenir des participations → peuvent être associés ou administrateurs.
7. Les Sté à caractère public
Ils appartiennent uniquement à l’état (nationalisation des Sté). Leur capital est entièrement détenu par
l’état. Elles sont soumises au C.S.C.et disposent d’un statu propre organisé par la loi.

Ch1 : Le caractère contractuel de la Sté


I. La mise en commun d’apports
1. Apports en numéraire
C’est un apport en une somme d’argent qui passe par 2 étapes :

1- La souscription : c’est l’engagement de payer une somme d’argent à titre d’apport.


2- La libération : c’est l’exécution de l’engagement souscrit.

La distinction entre la souscription et la libération engendre des conséquences importantes :

• Dans la S.C.A. 25% au moins des apports en numéraire doit être libéré à la souscription et le reste
doit être libéré dans un maximum de 5 ans à partir du jour de la constitution de la Sté.
• Dans les S.A.R.L. les apports doivent être libérés immédiatement et intégralement dès la
souscription.
• Pour les Sté de personnes le principe est la libération immédiate et intégrale à la souscription mais
les partis peuvent fixer un autre délai et mode de libération dans les statuts.

2. Apports en nature
C’est un apport en toute sorte de bien autre que l’argent → objet immobilier ou mobilier / corporel ou
incorporel.

Les modalités d’apport en nature


L’apport en pleine propriété : c’est le transfert de propriété pleine et entière du bien apporté au profit de la
Sté.

L’apport d’usufruit : il transmet en propriété à la Sté son droit d’usage et de jouissance mais sans lui
transmettre le droit de disposer.

L’apport en jouissance : il consiste dans la mise d’un bien à la disposition de la Sté en vu de son usage
pendant un temps déterminé sans pouvoir en disposer ou en tirer les fruits.

L’évaluation de l’apport en nature


Dans la S.A.R.L. : l’évaluation est faite par un commissaire aux apports désigné à unanimité (100% d’accord)
des associés ou à défaut par le tribunal de première instance du lieu du siège social. L’intervention du
commissaire aux apports n’est pas nécessaire si la valeur des apports ne dépasse pas 3000 Dt.

Pour les S.A. et S.C.A. : les commissaires aux apports sont désignés par ordonnance sur requête du président
du T.P.I. du lieu de siège social et ce quelque soit la valeur de l’apport en nature effectué.

Pour les Sté de Personnes : l’évaluation est laissée à la liberté des parties.

3. L’apport en industrie
C’est un apport en travail. Ses caractères :

• Il est exclu dans la S.A. et il est interdit aux commanditaires dans les S.C.S. et S.C.A.
• C’est un apport futur et successif : il impose à son auteur de ne pas faire concurrence à la Sté continuant
d’exercer une activité similaire à celle dont bénéficie la Sté.
• Il n’est pas capitalisable.

4. Le capital social
Art5 C.S.C. « Les apports peuvent être soit en numéraire, soit en nature, soit en industrie. L’ensemble de ces
apports, à l’exception de l’apport en industrie, constitue le capital de la société. Ce dernier est le gage exclusif des
créanciers sociaux. »
Ses caractéristiques : fixe, intangible (les associés ne peuvent pas reprendre leurs apports), gage exclusif
des créanciers.

II. La vocation de participer aux bénéfices et de contribuer aux pertes


1. La participation aux bénéfices et le profit aux économies
Le bénéfice est un gain pécuniaire (dividendes) ou matériel (jouissance ou répartition d’un bien) qui
s’ajouterait à la fortune des associés.

La réalisation d’économie n’accroit pas la fortune des associés mais l’empêche de diminuer.

2. La vocation de contribuer aux pertes


Les S.N.C. et pour les associés en commandités sont tenus solidairement et indéfiniment des dettes sociales
à coté de la Sté.
La S.A.R.L. et les Sté par Actions : les associés sauf les commandités sont tenus jusqu’à concurrence de
leurs apports. La contribution aux pertes ne se vérifie qu’une fois les opérations de liquidation terminées.

3. Le principe de proportionnalité
Selon l’art 1300 C.O.C.la participation aux bénéfices et aux pertes doit être proportionnelle aux apports
effectués : c’est le principe de proportionnalité.

En cas de doute sur la valeur de participation de chaque associé ils sont présumés avoir effectué des apports
égaux.

L’apport de l’associé en industrie est prit en considération et est évalué selon l’importance de son travail.

L’inégalité partielle
L’art. 1301 C.O.C. « Est nulle et rend nul le contrat de société, toute stipulation qui attribuerait à un associé une
part dans les bénéfices, ou dans les pertes, supérieurs à la part proportionnelle à sa mise. L'associé lésé par une clause
de ce genre, aura recours contre la société, jusqu'à concurrence de ce qu'il aura touché en moins, ou payé en plus, de
sa part contributive. »

L’inégalité totale
L’art 1302 C.O.C. « Lorsque le contrat attribue à l'un des associés la totalité des gains, la société est nulle et le
contrat constitue une libéralité de la part de celui qui a renoncé aux bénéfices. La clause qui affranchirait l'un des
associés de toute contribution aux pertes est nulle, mais n'annule pas le contrat. »

III. L’affectio societatis


L’affectio societatis est la volonté des associés de collaborer ensemble sur un pied d’égalité au succès de
la Sté commune.

Les traits caractéristiques de l’affectio societatis :


• La volonté de collaborer ensemble à la vie sociale.
• La convergence des intérêts
• L’égalité et l’indépendance entre les associés

La disparition de l’affectio societatis est une cause de dissolution ; c’est un juste motif de dissolution (art
26 C.S.C.)

Ch2 : les conditions générales de constitution


de la Sté
I. Les conditions de fond
Art 2 C.O.C. : « Les éléments nécessaires pour la validité des obligations qui dérivent d'une déclaration de volonté
sont : 1) la capacité de s'obliger ; 2) une déclaration valable de volonté portant sur les éléments essentiels de l'obligation
; 3) un objet certain pouvant former objet d'obligation ; 4) une cause licite de s'obliger. »

1. Le consentement
Le consentement doit être existant c.à.d. la volonté de s’associer est sincère et réelle chez les associés.

Le consentement ne doit pas être vicié. Art 43 C.O.C. : « Est annulable le consentement donné par erreur,
surpris par dol ou extorqué par violence. » ainsi que l’état d’ivresse, l’état de maladie, la lésion dolosive, les
mineurs ou incapables même assisté de son tuteur sont aussi des vices de consentement.

2. La capacité
Art 11 C.S.C. « Nul ne peut être associé dans une société en nom collectif ou commandité dans une société en
commandite simple ou par actions s’il n’a pas la capacité requise pour la profession commerciale. »

La capacité de principe requise pour l’exercice de la profession commerciale est la majorité qui est fixée,
selon l’art. 7 C.O.C., à l’âge de 18 ans révolus. De plus, il faut être sain d’esprit puisque le dément, le faible
d’esprit et le prodigue sont des majeurs incapables.

3. L’objet
L’objet social de la Sté réside dans le genre d’activité que la Sté propose d’exercer. Il doit être spécifié
dans les statuts. Parmi les mentions obligatoires des statuts prévues par l’art. 9 du C.S.C., l’objet social, la
forme, la durée, le nom, le siège et le montant du capital.

L’objet social doit être déterminé (condition de validité des statuts), il doit être suffisamment explicite
(principe de spécialité de l’objet)

L’objet social doit être possible ; l’impossibilité initiale entraine la nullité de la Sté et si elle est ultérieure
elle peut justifier la résolution. Néanmoins si la Sté prévoit d’autres objets réalisables elle continue à exister.

L’objet social doit être licite. Les activités illicites sont celles qui sont contraires à la loi, à l’ordre public
et aux bonnes mœurs. Si l’objet est licite mais constitue une activité réglementée, le non respect de la
réglementation peut rendre l’activité illicite.

4. La cause
La cause du contrat est le but pour lequel il a été contracté. Elle doit être licite.

II. Les conditions de forme


1. L’écrit
L’écrit du contrat de Sté commerciale est connu sous le nom de statuts.
Art 9 C.S.C. « La forme, la durée, la raison ou la dénomination sociale, le siège social, l'objet social et le montant
du capital social doivent être obligatoirement mentionnés dans les statuts de la société. »
A défaut de forme, la Sté est considérée S.N.C. De même la durée de la Sté peut ne pas être précisée, la Sté
est alors à durée indéterminée qui peut être propagée jusqu’à 99 ans à partir de la date de son immatriculation.
En revanche, toutes les autres mentions de l’art. 9 sont nécessaires à énoncer, leur défaut risque d’entrainer la
nullité de la Sté à moins de régularisation.

Les statuts prennent la forme d’un acte sous seing privé ou d’un acte authentique. Cependant, lorsqu’il y a
un rapport en nature l’acte doit être établi des rédacteurs de la propriété de la conservation foncière, soit des
notaires, soit d’un avocat non stagiaire.

Les associés doivent signer les statuts par eux-mêmes ou par un mandataire muni d’un pouvoir spécial.
Cette signature manifeste l’engagement de l’associé de créer la Sté et d’en faire partie. Néanmoins, les
actionnaires dans les Sté par Actions Faisant appel Public à l’Epargne (S.A.F.P.E.) ne signent pas les statuts
mais le bulletin de souscription. Il est à remarquer également que les Sté en Participation et en vertu de l’art.
3 qui dispense de rédiger un écrit, les associés n’ont pas en conséquence à signer des statuts.

2. La publicité
Art 15 C.S.C. « Toutes les sociétés à l’exception de la société en participation doivent procéder à la
publication de leurs actes constitutifs. La publicité est faite par une insertion au Journal Officiel de la
République Tunisienne et ce, dans un délai d’un mois à partir soit de la constitution définitive de la société,
soit de la date du procès verbal ou de la délibération de l’assemblée générale constitutive de la société. »
Les formalités de publicité sont effectuées par le représentant légal de la Sté et sous sa responsabilité.

3. L’immatriculation au registre de commerce


La Sté doit être immatriculée au registre de commerce du tribunal de son siège social dans un délai d’un
mois à compter de la date de sa constitution. Elle se fait par le dépôt des statuts de la Sté et des documents
prévus par la loi relative au R.C.

III. La sanction des conditions de formation du contrat


1. Le domaine de la nullité
L’hypothèse de la nullité se réalise dans les Sté de personnes. En revanche dans les Sté par actions ou à
responsabilité limitée l’intuitu personae est très réduit et n’entraine pas la nullité de la Sté mais il permet à
l’associé victime de quitter la Sté.

Le non-respect d’une règle de fond


La nullité absolue : Art 325 C.O.C. « L’obligation est nulle de plein droit : 1) lorsqu’elle manque d’une des
conditions substantielles de sa formation ; 2) lorsque la loi en édicte la nullité dans un cas déterminé. »

On parle de nullité absolue lorsqu’il n’y a pas eu rencontre des volontés, lorsque l’objet et la cause
n’existent pas ou sont illicites, lorsque les statuts contiennent une cause léonine sauf pour la Sté anonyme où
seule la clause est nulle, elle n’a pas d’incidence sur la validité du contrat de Sté. De même, l’incapacité
absolue est également cause de nullité absolue dans les Sté de personnes.

La clause léonine est la clause qui affranchie un associé de toute contribution aux pertes ou attribue la totalité
des bénéfices à un seul associé.

La nullité relative : Elle est encourue selon l’art. 330 du C.O.C. pour vice de consentement, incapacité
relative, ou lorsque la loi l’énonce expressément.
Le non respect d’une règle de forme
Le non respect des conditions de forme relatives à l’écrit et à la publicité est sanctionné par la nullité
relative.

Par contre l’inobservation de l’immatriculation, priverait la Sté de l’octroi de la personnalité elle sera donc
traitée comme un Sté de faits.

2. L’action en nullité

La qualité pour agir


Lorsque la nullité est absolue, l’action en nullité peut être invoquée par les associés, leurs créanciers
personnels, les dirigeants sociaux, les créanciers de la Sté… elle peut être aussi invoquée par le juge et
soulevée pour la 1ére fois devant la cours de cassation.

Lorsque la nullité est relative, seule la personne protégée est en mesure de l’invoquer (associés, tiers…)

Délai de prescription
Nullité absolue : 15 jours à partir de la date du contrat.
Nullité relative : 1 an à partie de la date de cessation de la cause en raison de laquelle la nullité est encourue ;
à moins qu’une loi spéciale n’indique un délai différent.

La régularisation
Elle n’est possible que lorsque la nullité est relative et elle varie selon :
Vice de fond : la victime de la cause de nullité relative peut déclarer qu’elle entend réparer le vice qui
donne lieu à la nullité.
Vice de forme : l’action en nullité se trouve éteinte lorsque la cause de nullité a cessé d’exister le jour où
le tribunal statue le fond en première instance.

3. Les effets de la nullité

La nullité remet les parties dans le même et semblable état où elles avaient été avant le moment où
l’obligation a été constituée.
Lorsque la nullité de la Sté est prononcée, elle met fin sans rétroactivité au contact de la Sté.

La Sté de fait
Est une Sté conclue d’un commun accord des parties mais à laquelle manque une condition de validité. Elle
est considérée comme tel par le tribunal en vue de maintenir les actes passés par les tiers.

La Sté créée de fait


C’est une technique juridique principalement destinée au profit des associés car chacun d’eux reprend ses
apports, et les bénéfices et perte se répartissent entre eux proportionnellement au montant des apports sinon
en parts égales.

Ch3 : le caractère institutionnel de la Sté


I. La naissance de la personnalité morale
Art 4 C.S.C. « Toute société commerciale donne naissance à une personne morale indépendante de la personne de
chacun des associés à partir de la date de son immatriculation au registre du commerce, à l'exception de la société en
participation. »

1. Les engagements pris avant la signature des statuts


Un état des actes au nom et pour le compte de la Sté en formation doit être présenté aux associés avant la
signature des statuts. Cet état est soumis à la signature de chaque associé ou au vote de l’A.G.C. pour décider
de sa reprise par la Sté.

2. Les engagements pris entre la signature des statuts et l’immatriculation des statuts
Les associés peuvent donner mandat aux fondateurs pour contracter et finir les opérations constitutives
pour reprendre les engagements au nom de la Sté. → À l’immatriculation la Sté reprend automatiquement ces
engagements.

3. Les effets de la reprise


La Sté reprend les engagements pris par les fondateurs présumés avoir été pris par elle de manière
rétroactive. En cas de défaut de reprise, les fondateurs qui ont accomplis ces actes se trouvent seuls tenus
envers les contractants sur leur patrimoine propre.et si la Sté a tiré profit de l’engagement qu’elle a refusé de
reprendre elle peut être condamnée au remboursement.

II. Les attributs de la personnalité morale de la Sté


1. Le patrimoine social
La Sté étant une personne elle a son patrimoine propre qui est distinct de celui de chacun des associés. Ce
patrimoine comprend l’ensemble des biens, droits et obligations de la Sté. Il est distinct du capital social.

2. Le nom de la Sté
Art 4 C.S.C. « La société est désignée par sa raison sociale ou sa dénomination sociale. »
Le nom social est une mention statutaire obligatoire (d’après l’art 9 C.S.C.) donc il ne peut être changé que
lors d’une A.G.E.

Les Sté de personne (S.N.C. et S.C.S.) ont une raison sociale qui est composé du nom de tous les associés
ou de l’un ou de quelques uns d’entre eux suivi des mots –et compagnie- / .cie / .co

Pour les S.C.S. la raison sociale comprend les noms des commandités suivi ou procédé des mots « Sté en
commandite simple »

La Sté anonyme est désignée par une dénomination sociale librement choisie par les associés mais elle doit
être procédée ou suivie de l’indication « de la forme S.A. » et du capital.

Pour la S.A.R.L. est désignée par une dénomination sociale qui doit être précédée ou suivie immédiatement
par la mention de la forme de la Sté en abrégé (S.A.R.L. ou S.U.A.R.L.) et de l’énonciation du capital.

La Sté en Commandite par Action (S.C.A.) doit se manifester avec une raison sociale qui doit comprendre
exclusivement les noms des commandités et elle doit être suivie de l’indication de la forme de la Sté.

Le choix de la détermination sociale est libre mais ne doit pas être identique à celui d’une autre Sté
préexistante, ni présenter avec elle une ressemblance de nature à induire les tiers en erreur. Ce serait alors une
usurpation de nom créant concurrence déloyale.
3. Le siège social
Art. 10 C.S.C. « Le siège social est le lieu du principal établissement dans lequel se trouve l'administration effective
de la société. »

Le siège social permet de procéder devant la justice, de déterminer la compétence territoriale, la loi
applicable à la Sté et sa nationalité.

La Sté choisit librement le lieu de son siège qui doit être indiqué dans ses statuts. C’est une mention
obligatoire par conséquent la Sté ne peut la modifier que dans une A.G.E.

Si le siège statutaire ne correspond pas au lieu du principal établissement il est alors un siège fictif, dans ce
cas les tiers peuvent en fonction de leurs intérêts choisir entre le siège fictif et le siège réel.

En procédure la Sté commerciale est assignée devant le tribunal du lieu du siège social statutaire.

4. La nationalité
Chaque société est sous la dépendance d’un état → elle a une nationalité.

Les conditions de la reconnaissance de la nationalité tunisienne au Sté commerciales sont :


• Avoir leur siège social en Tunisie et être constitué conformément aux lois en vigueur.
• Avoir leur capital social représenté à concurrence de 50% au moins par des titres nominatifs
détenus par des P.P. ou P.M. Tunisiennes.
• Avoir leur conseil d’administration, de gérance ou de surveillance constitué en majorité par des
P.P de nationalité tunisienne.
• Avoir leur présidence, leur D.G. ou leur gérance assurée par des P.P. de nationalité tunisienne.
Lorsqu’il s’agit d’une S.A. qui a opté pour la dissolution entre les fonctions du Président du
Conseil d’Administration et de D.G. ce dernier doit avoir le statut de résident.

Le législateur tunisien exige le cumul de 2 critères pour l’obtention de la nationalité Tunisienne qui sont
le critère du siège social et celui du contrôle effectif. Cependant le siège social est un élément suffisant pour
que la Sté soit soumise à la loi tunisienne (art 10 C.S.C.).

III. La durée de la P.M.


La durée de la P.M. est une mention statutaire obligatoire et selon l’art 8 du C.S.C. « La durée d'une société
ne peut excéder quatre-vingt dix neuf ans. »

Si la Sté a une durée indéterminée chacun des associés peut y renoncer. La renonciation ne produit d’effets
qu’après la fin de l’exercice social, elle doit être donnée au moins 3 mois avant cette date.

Si la Sté a été constituée pour une durée déterminée, les associés peuvent poursuivre la dissolution avant
le terme soit par la majorité nécessaire ou même par une volonté unilatérale lorsqu’il ya un juste motif.

A l’expiration de la durée ou des 99 ans la Sté est dissoute de plein droit sauf en cas de prorogation faite
expressément par les associés qui peuvent déterminer une nouvelle durée ou reprendre la dernière. La
prorogation est une modification statutaire admise par la loi, elle ne doit pas être tacite, les associés doivent la
décider avant un an de la fin du terme.

IV. La fin de la personnalité morale

1. Les causes de la dissolution


Art 21 C.S.C. « La société est dissoute dans les cas suivants : 1) par l’expiration de sa durée, 2) par la fin de son
activité sociale, 3) par la volonté des associés, 4) par le décès de l’un de ses associés, 5) par sa dissolution judiciaire. »
L’arrivée à terme
A l’expiration de la durée la Sté prend fin de plein droit à moins de prorogation expresse.

La fin de l’activité sociale ou l’extinction de son objet


Art 25 C.S.C. « La société est dissoute de plein droit par l'extinction de l’objet social. »
Il y a extinction de l’objet social lorsque l’opération pour laquelle la Sté a été constituée se trouve totalement
accomplie ou il s’avère ou devient impossible.

Dissolution volontaire
Art. 26 C.S.C. « La dissolution de toute société peut être volontaire ou judiciaire. »
La Sté peu être dissoute par une décision prise par les associés aux conditions prévues par les statuts. A
défaut de précision statutaire, la décision est prise selon la majorité nécessaire pour modifier les statuts ou
même l’unanimité lorsqu’il s’agit d’une Sté de personnes.

Dissolution judiciaire
La réunion de toutes les parts en une seule main : Art. 23 C.S.C. « En cas de réunion de toutes les parts sociales
d’une société de personnes ou d'une société à responsabilité limitée entre les mains d'un seul associé, la société se
transforme en société unipersonnelle à responsabilité limitée. A défaut, de régularisation dans un délai d'un an à partir
de la date de la réunion de toutes les parts en une seule main, tout intéressé pourra demander en justice la dissolution
de la société. » Cette règle s’applique aussi aux Sté par Actions.

Dissolution pour juste motif : Art 26 C.S.C. « tout associé peut conformément aux dispositions spécifiques à
chaque société, saisir la juridiction compétente en vue de faire prononcer la dissolution de la société pour justes
motifs. »

La notion de juste motif a été prévue par l’art 1323 du C.O.C. Il s’agit des mésintelligences graves entre
associés, du manquement de l’un des associés à ses obligations et de l’impossibilité d’accomplir ses
obligations. Les tribunaux refusent la dissolution lorsque le conflit est provoqué par la faute du demandeur.
Mais ils peuvent suite à la demande des autres associés voulant continuer la Sté entre eux, pronocer
l’exclusion de l’associé demandeur de la dissolution dans ce cas le juge ordonne une expertise afin d’estimer
les parts détenues par l’associé exclu.
Perte importante sur les fonds propres : la Sté peut être dissoute quand ses fonds propres se trouvent
inférieurs à la moitié du capital social constaté dans les documents comptables.

2. Les effets de la dissolution


La décision de dissolution doit être publiée afin d’informer les tiers. La publicité exigée est double :
• Déposer l’acte de dissolution ou le procès verbal au R.C. puis dans un délai d’un mois il faut faire
une publicité au J.O.R.T. et dans deux quotidiens.
• Le nom de la Sté doit être suivi de la mention « société en liquidation » sur tous les documents
émanant de la Sté.
La publicité doit être accomplie par le liquidateur.

La liquidation
Le maintien de la personnalité morale de la Sté en liquidation : La P.M. de la Sté se poursuit jusqu'à la
publication de la décision de dissolution. Lors d’une dette deux solutions sont envisageables :
• Rouvrir la liquidation : P.M. jusqu’à la fin de la liquidation
• Le créancier retardataire agit directement contre les associés

La nomination du liquidateur : régit par l’art. 30 C.S.C. le liquidateur est nommé conformément aux statuts
et en cas de silence, par décision prise en A.G. Sinon celui-ci sera désigné par ordonnance sur requête à la
demande de tout intéressé. Si la dissolution est judiciaire le liquidateur sera nommé par le tribunal.

Durée de la fonction du liquidateur : régit par l’art 40 C.S.C. la fonction du liquidateur est pour une durée
d’une année susceptible de renouvellement deux fois pour la même durée. Durant cette période le liquidateur
est rémunéré selon l’accord des parties et à défaut par le juge.

Le rôle du liquidateur : Avant de commencer ses opérations, le liquidateur doit faire les publications
nécessaires sous peine de sanctions pénales prévues dans l’art. 49 C.S.C. Il doit dresser un inventaire spécial.
Cet inventaire est élaboré avec les dirigeants sortants. Si ces derniers refusent de signer, l’inventaire est
homologué par le juge, sinon le liquidateur démissionne.
Le liquidateur a un étendu de pouvoir lui permettant d’agir au nom de la Sté. Toutefois :
- Le liquidateur ne peut pas conclure de nouvelles opérations sauf celles nécessaires à la liquidation
- Ne peut pas donner des suretés
- La cession globale de l’actif ou l’apport de celui-ci à une autre Sté est subordonné à une décision
d’A.G.E. ou une décision du juge lorsque la dissolution est judiciaire.
- Enfin la loi frappe de nullité absolue toute cession de l’actif social totalement ou partiellement au
liquidateur, à son conjoint, à ses ascendants ou descendants, à ses employés ou toute P.M. à laquelle il
est intéressé. (art 34 C.S.C.)
- Doit distribuer les fonds proportionnellement.
Le contrôle du liquidateur : se fait par les associés. Ils sont réunis en A.G. au moins 2 fois à savoir la
1ére est provoquée 3mois après la nomination du liquidateur là où il présente un rapport de la situation. L’autre
est la clôture de liquidation à publier au JORT et 2 quotidiens dans 5 jours à partir de l’inscription de la dite
clôture au registre de commerce.

Le partage
Les éléments d’actif désintéressé par les créanciers reviennent aux associés. Les associés reprennent leurs
apports sous forme pécuniaire ou en nature sauf pour l’apport en industrie. Si après le remboursement des
apports il reste un surplus il est distribué à tous les associés en fonction de leurs apports initiaux.

Les règles particulières aux S.A.

I. Les conditions de fond

1. Le nombre d’actionnaires
Les actions émises par une S.A. doivent être détenues par 7 actionnaires au moins.
Exception :
- S.A. d’avocats nombre minimum d’actionnaires est réduit à 3
- Les Sté qui demandent l’admission de leur titre à l’un des marchés de la bourse des valeurs
mobilières de Tunis minimum 200 actionnaires

2. Le capital social
Depuis 2005 le capital minimum pour les S.F.A.P.E. 5.000 Dt, pour les S.N.F.P.A.P.E. 50.000 Dt.

Le capital social est divisé en actions d’une valeur nominale d’un dinar au moins chacune.

3. La capacité
Selon l’art 11 C.S.C. les personnes qui n’ont pas la capacité requise pour l’exercice du commerce peuvent
être des actionnaires dans une S.A.

4. La dénomination sociale
La S.A. est définie par une dénomination sociale précédée ou suivie de la forme et du montant du K.S.
elle doit être différente de celles de toutes les Sté préexistantes.

II. Les conditions de forme

1. Le formalisme de constitution d’une S.F.A.P.E.


Selon l’art. 162 C.S.C. « Sont réputées sociétés faisant appel public à l’épargne celles qui émettent ou
cèdent des valeurs mobilières en appelant le public à l'épargne. » cet article met en valeur le statut de
l’émetteur : c’est le fait pour un actionnaire de céder ses titres.
- Critère formel de l’A.P.E. : tiré des statuts mêmes de la Sté la qualifiant expressément comme une
S.F.A.P.E.
- Critère matériel de l’A.P.E. : tiré de l’activité exercée par la Sté.
- Critère quantitatif de diffusion des titres : toute Sté dont le nombre d’actionnaire >=100
- Critère quantitatif de procédé de diffusion : cote en bourse…

Les formalités:
Le dépôt du projet des statuts : se fait au T.P.I. su futur siège social. A partir de cette date commence à
courir un délai de 6 mois pour la constitution définitive de la Sté.
La publication d’une notice : est destinée à donner au public des indications obligatoires telles que les délais
d’ouverture à la souscription, les modalités de convocation à l’A.G.C., le lieu de sa réunion. Elle est publiée
au J.O.R.T. et dans 2 journaux quotidiens dont l’un d’eux au moins en langue arabe.

Le prospectus : est destiné à l’information du public portant sur l’organisation de la Sté, sa situation
financière, l’évolution de son activité ainsi que les caractéristiques du titre ou du produit émis. Le prospectus
doit être déposé au siège de la Sté et chez les intermédiaires chargés de recueillir les souscriptions.

La souscription au capital :
- La souscription aux actions de numéraire : elle est constatée par la signature d’un bulletin de
souscription qui doit comprendre le montant du capital, la part de ce capital à réaliser en numéraire
et celle qui consiste en apport en nature, l’établissement bancaire, le numéro de J.O.R.T. où a été
publié la notice ainsi que la date du projet des statuts. Une copie du bulletin de souscription doit
être remise au souscripteur. La souscription doit s’accompagner du versement du quart au moins de
la V.N. du titre. La libération intégrale des actions en numéraires doit être au plus tard dans un délai
maximum de 5 ans à partir de la date d’immatriculation au R.C. sinon la Sté peut être annulée.
- L’apport en nature : la vérification de la valeur de l’apport en nature se fait par le commissaire aux
apports nommé par le juge. Pour constater l’apport en nature le fondateur doit conclure une
convention d’apport avec l’apporteur dans laquelle sont précisées l’objet de l’apport la valeur pour
laquelle il a été évalué, le nombre d’actions qui lui seront attribués. Cette évaluation doit être
approuvée par l’A.G.C.

L’assemblée générale constitutive : est tenue au plus tard 6 mois après la date de dépôt des statuts et dans
un délai de 15 jours à partir de la date de clôture du projet des statuts. Elle a pour mission :
• La vérification de la souscription intégrale du K.S. et de la libération du montant exigé par la loi
(25% au moins)
• L’approbation de l’apport en nature
• L’approbation des statuts définitifs
• La désignation des premiers administrateurs ou des premiers membres du C.S.
• La désignation du commissaire aux comptes
• La reprise des engagements pris par les fondateurs au nom de la Sté en formation

La publicité légale : se fait dans un délai d’un mois à partir de l’A.G.C. la S.A. doit faire la publicité au
J.O.R.T. et dans 2 journaux quotidiens dont l’un d’eux est en langue arabe.

Immatriculation au registre du commerce.

2. Le formalisme de constitution des S.N.F.A.P.E.


Le législateur a écarté les procédures suivantes :
- L’établissement du projet des statuts et son dépôt au T.P.I.
- La publication de la notice
- L’obtention d’un prospectus
- La tenue d’une A.G.C.

Les souscripteurs doivent se réunir pour désigner les 1ers administrateurs ou bien les 1ers membres du
conseil d’administrateur ainsi que le commissaire aux comptes. Ils décident aussi s’il y a lieu de reprendre
les engagements pris par les fondateurs antérieurement de la constitution de la Sté. Les délibérations se font
dans une A.G.E.

Fonctionnement de la S.A.
I. Le modèle classique : un C.A. et une D.G.
1. Le conseil d’administration
• Composition : min 3, max 12 membres.
• L’administration :
- peut être P.P. ou P.M.
- actionnaire ou tiers, salariés si ancienneté de 5 ans + un emploi effectif
- doit avoir la capacité d’exercice, ne doit pas être dans une situation d’incompatibilité, de
déchéance ou d’interdiction
• Les premiers administrateurs sont nommés à l’A.G.C. puis nommé à l’A.G.O. mais
exceptionnellement il y a possibilité de cooptation (nomination provisoire par le C.A. jusqu’à
prochaine A.G.O.)
• Mandat de 3 ans renouvelables. Rémunération par jetons de présence et rémunération exceptionnelle
pour mission supplémentaires.
• Président C.A. est une P.P. il convoque et préside le conseil
• Pouvoir général de gestion de la S.A. et des pouvoirs spéciaux (nommer et révoquer le président du
C.A., du D.G., du D.G.A., la cooptation, convoquer des A.G.O. et A.G.E.)
• Délibération au moins les moitié des membres présents. Décisions sont prises à la majorité.
• Responsabilité civile (faute préjudiciable / faute de gestion : possibilité de condamnation au
comblement du passif social) + responsabilité pénale.
2. La Direction Générale
• P.P. pouvant être administrateurs ou pas, pouvant être actionnaires ou pas.
• P.D.G. est une P.P., doit être actionnaire et administrateur. Il est le président du C.A. et de la D.G.
• Le P.D.G. ou le D.G. est désigné et révoqué par le C.A. doit être commerçant, peut être salarié. A un
pouvoir de direction interne et pouvoir de représentation externe de la Sté

II. Le modèle moderne : directoire et conseil de surveillance


1. Le directoire
• Composition : min 2 max 5 membres. Si K.S. <100.000dt possible d’avoir un directoire avec un
directeur unique. Obligatoirement des P.P. pouvant être actionnaires ou tiers, salariés ou pas. Doit
avoir la capacité d’exercice, ne doit pas être dans une situation d’incompatibilité, de déchéance ou
d’interdiction. Les membres sont nommés par le C.S. avec un mandat de 6 ans renouvelable sauf
stipulation contraire des statuts et ne peuvent pas être des membres du C.S.
• Il est investi de la D.G. de la Sté + établissement des comptes annuels, des rapports de gestion et
trimestriels pour le C.S. + rapports externes
• Pouvoir étendue : agit au nom de la Sté
• Responsabilité civile (faute préjudiciable / faute de gestion : possibilité de condamnation au
comblement du passif social) + responsabilité pénale.

2. Le Conseil de Surveillance (C.S.)


• Composition : min 3 max 12
• Durée du mandat 2 à 6 ans
• Révoqués par l’A.G.A. avec possibilité de cooptation
• P.P. ou P.M. nécessairement actionnaires et propriétaires d’un nombre déterminé d’actions fixé par les
statuts
• Ne doivent pas être membre du directoire et ne peuvent pas être des salariés dans la Sté. Doivent avoir
la capacité d’exercice, ne doivent pas être dans une situation d’incompatibilité, de déchéance ou
d’interdiction.
• Délibération au moins les moitié des membres présents. Décisions sont prises à la majorité.
• Contrôler la gestion de la Sté par le directoire + nominer les membres du directoire et leurs
rémunérations + autoriser certaines conventions réglementées conclues entre la Sté et ses dirigeants.
• Responsabilité civile en cas de négligence dans la surveillance non pour faute de gestion sauf s’il s’est
immiscé dans la gestion de la Sté

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