Vous êtes sur la page 1sur 74

COURS INITIATION AU DROIT

UNIVERSITE OUAGA 3S BURKINA FASO

Unité-progrès-justice

COURS D’INITIATION AU DROIT

SUPPORT DE COURS

- LEG 1 S2
- SDB 1 S2
- FCGC 1 S2
- LST 3 S6

Par :

TCHALIM Samah Abissibiyè

Année universitaire 2020-2021

TCHALIM SAMAH A. 1
COURS INITIATION AU DROIT

INTERET DU COURS

Le droit est une matière fondamentale incluse dans les programmes d’enseignement
supérieur au Burkina Faso sans doute pour permettre aux futurs professionnels que
vous êtes, d’acquérir des connaissances juridiques utiles pour l’exercice futur de vos
activités. Le droit est une garantie de sécurité aussi bien dans la vie civile que dans la
vie des affaires. Connaître le droit, c’est se protégé, c’est savoir qu’on a des droits mais
aussi qu’on est assujetti à des obligations vis-à-vis des autres.

Il est certain que chacun des étudiants que vous êtes a eu à prononcer le mot droit :
« c’est mon droit », « j’ai le droit de… », « les droits de l’homme » etc ou a eu à
l’entendre prononcer sans véritablement savoir ce que c’est que le droit. Ce cours vient
apporter des éclaircissements sur la notion du droit à travers la définition de certains
concepts.

L’objet du présent cours est de fournir une clé d’accès à la compréhension d’une
discipline si vaste, si variée et en profonde et incessante mutation. C’est une forme
d’initiation, une introduction à l’étude du droit. L’introduction n’est-elle pas « l’action
d’introduire, de faire entrer quelqu’un ». C’est ce qui prépare quelqu’un à la
connaissance d’une chose, d’une matière. L’initié est appelé à approfondir les pré-
requis qui lui sont transmis.

TCHALIM SAMAH A. 2
COURS INITIATION AU DROIT

INTRODUCTION

Qu'est-ce qu'une « introduction au droit» ?

Une introduction ... : le terme provient du verbe latin introducere : « conduire, amener
dans ». L'introduction vise donc à faire connaître à quelqu'un ce qui lui est inconnu.

... au droit : le droit, cet inconnu ? L'interrogation n'aurait pas surpris Flaubert gui, dans
son Dictionnaire des idées reçues, affirmait que « le droit, on ne sait pas ce que c'est».
Pourtant, s'il est des idées reçues au sujet du droit, elles seraient plutôt autres: chacun
a son idée sur la définition du droit, l'assimilant le plus souvent à des interdits sociaux
: « tu n'as pas le droit de tuer», et parfois à des aspirations individuelles : « j'invoque
mon droit au bonheur». Dans le langage juridique, ces acceptions courantes ne
traduisent qu'imparfaitement les deux principaux sens du mot «droit» qui permettent
de distinguer le Droit objectif des droits subjectifs.

Malheureusement la notion du mot droit n’est pas toujours bien comprise.

Lorsqu’on observe la planète terre, c’est la diversité du droit qui est frappante : le droit
américain, le droit français, le droit chinois, le droit burkinabè, le droit Sénégalais, le
droit espagnol, suisse ou rwandais etc. Quand on emprunte une approche historique,
on évoque le droit romain, le droit babylonien, l’ancien droit français, le droit
coutumier ou traditionnel africain.

A la diversité ethnique, géographique et historique, correspond une variété juridique.


Cela s’explique par le fait que, Ubi societas, ibi jus : pas de société sans droit.

 Qu’est-ce que le droit ?

Vous avez tous une certaine idée, plus ou moins vague, de ce qu’est le droit. Pour le
commun des mortels, sans doute, le droit est ce qui ordonne, ce qui interdit. L’idée
qu’ils ont du droit est essentiellement liée à la contrainte, à la sanction.

TCHALIM SAMAH A. 3
COURS INITIATION AU DROIT

Mais le droit est aussi beaucoup plus que cela. Le droit est partout. Le droit régit la vie
des hommes. Il surgit dans tous les rapports humains. Il n’est pas étranger aux rapports
d’affection : le droit régit les rapports entre époux, y compris pour des questions aussi
intimes que la fidélité ou l’assistance pendant la maladie mais aussi les rapports entre
les parents et les enfants, détermine les règles de filiation, les rapports d’autorité, les
devoirs réciproques… Le droit régit naturellement les rapports économiques, les
rapports des individus avec l’Etat, les rapports des Etats entre eux. Partout, il y a du
droit….

Le droit est un phénomène vivant. Les règles naissent, vivent, meurent, évoluent dans
leur contenu, parce que la société et les hommes qui la composent, évoluent. Parce
que les rapports humains sont complexes, le droit est complexe.

Mais ce droit désigne plusieurs phénomènes, a plusieurs sens qu’il ne faut pas
confondre. Ces sens ne doivent pas être confondus mais mis en relation.

Le mot droit peut avoir deux sens :

- D’abord, c’est l’ensemble des règles imposées par l’autorité publique dans le
but d’organiser la société et d’aménager les rapports entre les hommes au sein
de cette société. C’est ce droit qu’on appelle le droit objectif1. Il se définit
essentiellement par son objet. Par exemple interdiction de voler, de tuer, de
porter atteinte à l’intégrité physique d’une personne sans son consentement,
etc …..

- Ensuite, le mot droit désigne une prérogative, une faculté reconnue à une
personne par l’autorité publique. C’est le droit subjectif2. Il est dit subjectif

1
Droit Objectif désigne l’ensemble des règles et prescriptions émises par les autorités publiques. Par exemple
Droit burkinabè qui est l’ensemble de règles applicables à tous ceux qui vivent sur le sol burkinabè. En d’autres
termes c’est le droit positif burkinabè.
2
droits qui s’écrit au pluriel et avec minuscule désigne des prérogatives que le droit objectif accorde aux
individus. Les droits subjectifs sont encore appelés droits de la personnalité.
En Anglais Law désigne droit objectif et Rights désigne droit subjectifs.

TCHALIM SAMAH A. 4
COURS INITIATION AU DROIT

parce qu’il est envisagé ici du point de vue de son titulaire qu’on appelle le sujet
du droit. Le sujet du droit, c’est le titulaire d’une prérogative, d’un droit. Par
exemple le droit de vote, la liberté d’association, la liberté d’expression. Le sujet
du droit peut être une personne physique ou une personne morale (un groupe
de personne).

Le droit subjectif est sous la protection du droit objectif. Tels sont donc les deux (2)
sens du mot droit qui retiendront notre attention dans le cadre de ce cours d’initiation
au droit. Ainsi, nous allons d’abord nous intéresser au droit objectif (chapitre I) avant
d’étudier le droit subjectif (chapitre II).

On peut relever trois grandes catégories de droits subjectifs :

- Les droits civils et politiques : Ce sont des droits reconnus à l’individu pour le protéger contre les abus
du pouvoir politique. Exemple : La liberté d’expression
- Les droits économiques sociaux et cultuels : C’est le droit pour chacun à l’éducation, la santé et au
travail
Les droits collectifs : ce sont des droits dont peuvent se prévaloir les groupements de personnes, des
mouvements politiques ou même des Etats. Exemple : droit des peuples à un environnement saint, à
disposer d’eux-mêmes

TCHALIM SAMAH A. 5
COURS INITIATION AU DROIT

PREMIERE PARTIE : LE DROIT OBJECTIF

Nous avons défini le droit objectif comme un ensemble de règles destinées à régir les
rapports entre les hommes. Le concept du droit objectif ne s’applique qu’à un
ensemble déterminé de règles. Il peut s’agir d’un ensemble déterminé :

- soit dans le temps ; c’est un ensemble de règles applicables à une certaine


époque. Par exemple le Burkina Faso suit le droit post colonial ;

- soit dans l’espace ; il s’agit d’un ensemble de règles applicables à certains


territoires, le Burkina Faso par exemple et à une certaine société. Le droit est un
phénomène national, un phénomène étatique et chaque société a son droit.
C’est dans ce sens qu’on parle du droit positif c'est-à-dire l’ensemble de règles
de droit applicables à une époque donnée et dans société donnée.

- Soit quant à la matière concernée ; il s’agit de plusieurs catégories de droit et


de rapports humains que l’on cherche à règlementer. Ainsi, on a le droit privé
qui s’intéresse aux rapports entre particuliers et le droit public quand on a
affaire au droit applicable à l’Etat et aux personnes morales du droit public
lorsque ceux-ci agissent dans leur qualité propre et évoque les prérogatives
attachées à cette qualité.

Le droit en tant qu’un ensemble de règles = c’est le droit objectif. L’élément essentiel
de ce droit c’est la règle de droit.

TCHALIM SAMAH A. 6
COURS INITIATION AU DROIT

CHAPITRE I : DEFINITION ET CARACTERISTIQUES DE LA REGLE DE DROIT

Section I : Essai de définition et d’identification de la règle de droit

La règle de droit est une règle de conduite que la société impose aux hommes qu’elle
fait respecter par le jeu de certaines sanctions. Mais comment peut-on reconnaître
une règle de droit ?

Au nom de quoi, par exemple, le jeune homme qui est le premier à s’introduire dans
le véhicule, et a pu se trouver un siège, devrait se lever et laisser sa place à la femme
enceinte ou au vieil homme resté debout ?

Quand nous ouvrons le code burkinabè des personnes et de la famille, nous lisons à
l’article 292: « Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours et assistance. Ils
s’obligent à une communauté de vie. Ils se doivent respect et affection». A la
mosquée, l’Imam, et à la paroisse, le Curé ou le Pasteur nous prodiguent le même
enseignement.

On dit aussi, à l’article 247 du même code, que le mariage ne peut avoir lieu, ni avec
l’un de ses ascendants, ni avec l’un de ses descendants. C’est ce qu’on appelle un
inceste : c'est-à-dire la relation charnelle entre proches parents ou alliés dont le
mariage est prohibé par la loi. On dit encore qu’à tout âge, l’enfant doit honneur et
respect à ses père et mère. Or, le décalogue enseigne aussi : « tu honoreras ton père
et ta mère ». Le Code pénal dispose aussi, que « l’homicide commis volontairement est
qualifié meurtre ». Cela rappelle un autre commandement, contenu dans le décalogue
: « tu ne tueras point ».

Tous ces exemples cités sont des règles de conduite. Mais à quoi pourrait-on
reconnaître une règle de droit et la distinguer des autres règles de conduite ?

Pour le savoir, il faut rechercher les caractères de la règle de droit. Ces caractères sont
au nombre de trois : la règle de droit est générale et impersonnelle, elle est
permanente et elle est obligatoire.

TCHALIM SAMAH A. 7
COURS INITIATION AU DROIT

Paragraphe 1 : Les caractéristiques de la règle de droit

Les caractères de la règle de droit peuvent se résumer au nombre de quatre : la règle


de droit est générale et impersonnelle, elle est permanente, elle est nécessaire et elle
est obligatoire.

A- La règle de droit est générale et impersonnelle

Toute règle de droit est par définition générale et impersonnelle. Si on considère


l’espace dans lequel elle est édictée, la règle de droit n’a pas vocation à s’appliquer à
un seul individu. Elle envisage de régir tout le groupe pressenti. Exemple, la
constitution burkinabè du 11 juin 1991 s’applique à l’espace territorial burkinabé.

Le caractère général de la règle de droit a une conséquence très importante : une


règle de droit déclarée applicable à une société donnée doit régir de la même façon
tous les membres de cette société. C’est cette situation qu’on traduit par la formule
suivante : « la loi est la même pour tous ». C’est en cela qu’on dit que la règle de droit
a un caractère impersonnel.

Le caractère impersonnel signifie que la règle de droit n’est pas édictée pour un cas
particulier mais s’applique à tous les membres d’un groupe, envisagé de façon
abstraite à partir de certains critères tel que l’âge, le sexe, la profession, etc. C’est
une garantie pour les citoyens, une protection contre l’arbitraire. Ce caractère
s’exprime par l’utilisation des pronoms indéfinis : tout, nul, quiconque… Il s’ensuit
qu’une disposition qui viserait une personne déterminée n’est pas une règle de droit.
Exemple : un texte nommant un préfet n’est pas une règle de droit. En revanche, un
texte qui fixe les conditions d’accès à la profession de préfet est une règle de droit.

Mais, cela ne veut pas dire que toutes les règles de droit en vigueur dans une société
vont s’appliquer indistinctement à tous les membres de cette société. Une règle de
droit peut être appliquée à une catégorie de personnes concernées. Par exemple le

TCHALIM SAMAH A. 8
COURS INITIATION AU DROIT

droit commercial ne s’applique qu’aux commerçants, le droit du travail uniquement


aux employeurs et aux salariés.

B- La règle de droit est permanente

Cela signifie que la règle de droit doit s’appliquer tant qu’elle n’est pas abrogée c’est-
à-dire annulée par une règle nouvelle.

C- La règle de droit est nécessaire

Aucun corps social, quelle que soit sa puissance, ne peut exister sans un minimum de
discipline de ses membres. La règle de droit détermine ce que chacun doit faire ou ne
doit pas faire pour que la vie en société soit possible. Ainsi, la règle de droit est le
produit d’un besoin social.

D- La règle de droit est obligatoire

Une règle de droit se définit par son caractère obligatoire : elle prescrit un
commandement, appelle à être obéit. Elle contient un ordre, soit en ce qu’elle implique
une action : porter secours et assistance à son conjoint, fournir des aliments à un
ascendant dans le besoin ; soit en ce qu’elle interdit d’en accomplir et, prescrit plutôt
une abstention. Exemples : interdiction de voler, de tuer etc. Dire que la règle de droit
est obligatoire, ce n’est pas seulement affirmer qu’elle se présente comme un ordre,
un commandement, c’est également admettre qu’elle est sanctionnée par la
contrainte. La contrainte étatique est la marque la plus caractéristique de la règle de
droit. La règle de droit est alors une règle de conduite ou une norme dont le respect
est assuré, quand il le faut, au moyen de l’intervention de l’autorité publique.

Cela dit, les sanctions qui assurent l’effectivité de la règle de droit sont caractérisées
par leur diversité :

- Il y a des sanctions de nature préventive : un juge ordonne l’apposition des


scellés pour éviter la disparition des pièces ou des preuves à l’occasion d’un

TCHALIM SAMAH A. 9
COURS INITIATION AU DROIT

décès ; il ordonne le huis clos pour éviter les troubles à l’audience, ou pour
protéger la moralité et la dignité de la personne qui comparaît (mineur dans une
procédure de viol ; époux dans une instance de divorce pour faute etc.).

- D’autres sont de nature répressive. Il s’agit des sanctions pénales : amende,


emprisonnement, peine de mort etc. la branche de droit qui s’en occupe est le
droit pénal. Exemple : bruler le feu rouge, conduire sans permis de conduire.

- D’autres encore ont une nature réparatrice : ce sont les sanctions civiles.
Exemples : restitution, annulation d’un contrat contraire à l’ordre public ou aux
bonnes mœurs, remise d’un objet ou bien dégradé dans son état (il s’agit, dans
ces cas, d’une réparation en nature) ; allocation de dommages et intérêt (on dit,
dans ce dernier cas, qu’il y a une réparation par équivalent).

- La sanction peut également avoir une nature disciplinaire (révocation d’un


magistrat, radiation d’un avocat etc.). Elle s’adresse alors à un professionnel qui
a violé les règles d’exercice de sa profession (on parle de règles déontologiques).

- La sanction peut également être fiscale ou administrative.

La sanction joue essentiellement deux rôles :

- Un rôle dissuasif en ce que la menace de la sanction suffit souvent à faire


respecter la règle de droit.

- Un rôle correctionnel : permet de corriger l’auteur d’un fait

- Un rôle répressif qui consiste à sanctionner tout comportement violant la


règle de droit, (il faut infliger à l’auteur une douleur) dans le but de dissuader
les autres.

Il faut néanmoins souligner que la sanction ou contrainte étatique dont la règle de droit
est porteuse n’est appliquée que de manière exceptionnelle, seulement en cas de
violation de la norme protégée et de mise en œuvre de la procédure judiciaire de

TCHALIM SAMAH A. 10
COURS INITIATION AU DROIT

sanction. Ces cas sont peu nombreux, au regard de l’importance de la réalité


conflictuelle dans une société. D’autres mécanismes sont souvent préférés par les
citoyens (règlement par le chef de famille, transaction, intervention d’un responsable
de culte etc.). Il est même souhaitable que la contrainte étatique reste à l’état de
menace (on dit que la contrainte étatique a une vertu comminatoire). La vie humaine
serait difficile à vivre si le droit devrait s’appliquer à toutes les situations. La vocation
de la règle de droit est de faire Reigner la paix sociale.

En conclusion une règle de conduite humaine qui présente les caractéristiques que
nous venons d’analyser est une règle de droit. La règle de droit se distingue des autres
règles de conduite humaine.

Paragraphe 2 : La règle de droit et les autres règles de conduite humaine

Le droit n’a pas le monopole de la règlementation de la vie en société. Il le fait


concurremment avec d’autres règles de conduite, notamment les règles de
bienséance, religieuses et morales. En effet, dans toutes les sociétés, il y a deux grandes
catégories de règle : les règles autonomes et les règles hétéronomes.

Les règles autonomes sont des règles internes à l’individu, des règles qui relèvent de la
conscience et dont la sanction est soit le remord ou la réprobation (critique venant des
autres).

Les règles hétéronomes sont des règles édictées et imposées à l’individu par l’autorité,
c'est-à-dire que ce sont des règles extérieures à l’individu et leur sanction est aussi
extérieure. Exemple : le droit est la règle hétéronome par excellence.

A- La règle de droit et les règles de bienséance.

Les règles de bienséance ou de civilité sont des règles d’usage (pourboire, servir les
clients dans l’ordre de leur arrivée), de courtoisie (laisser sa place à une dame ou à
une personne plus âgée que nous), de jeu (fair play), de politesse (respect des parents,
les jeunes ne doivent pas hausser le ton devant une personne âgée), d’honneur (se

TCHALIM SAMAH A. 11
COURS INITIATION AU DROIT

lever à l’arrivé d’une une autorité, d’un supérieur), de savoir-vivre (avoir les bonnes
manières), etc., c'est-à-dire, un ensemble de comportements qui permettent aux
individus de se respecter dans la société. Ce sont des pratiques non écrites, suivies
d’une manière constante et concordante et considérées comme normales dans un
milieu déterminé.

Les règles de bienséances tout comme les règles de droit ont pour objet d’organiser la
vie en société. Mais contrairement aux règles de droit, le non-respect des règles de
bienséance ne peut entraîner le recours à la contrainte étatique. Leur violation est
sanctionnée par la réprobation ou le remords. Par exemple, si dans le bus le jeune
garçon ne s’était pas levé pour permettre à la femme enceinte ou à l’homme plus âgé
de s’asseoir, il n’y aura que la réprobation de sa communauté, de sa société, de ses
camarades : son comportement tend au respect d’une règle de bienséance et non
d’une règle de droit. La raison est que, s’il ne se levait pas, il n’y aura pas de contrainte
étatique.

Cependant, il faut souligner que les règles de bienséances peuvent évoluer et devenir
des règles de droit. Et même, en cas de litige et en l’absence d’un texte juridique,
l’usage par exemple peut devenir une source de droit. Ainsi, le juge ou même la loi
peuvent reconnaitre un usage et l’appliquer en tant que source secondaire de droit.

B- La règle de droit et les règles religieuses.

Le droit tout comme les règles religieuses sont des règles hétéronomes : D’un côté les
règles religieuses dictées par Dieu et de l’autre les règles de droit, dictées par l’autorité.
Les deux visent également à harmoniser la vie en société. Mais dans les rapports entre
droit et religion on peut faire des constats suivants :

1er constat, il existe des règles de droit qui n’ont rien en commun avec les
commandements religieux. Exemple les dispositions du code de la route.

TCHALIM SAMAH A. 12
COURS INITIATION AU DROIT

2e constat, l’on peut observer que d’autres règles de droit, au contraire, se retrouvent
dans la religion par exemple celles qui gouvernent le mariage ou les règles prescrivant
de ne pas tuer, ne pas voler, ne pas insulter, l’interdiction du mariage homosexuel…

Ainsi, parfois le contenu des prescriptions inspirées par la loi religieuse coïncide avec
celui des règles de droit c’est-à-dire les commandements religieux peuvent être en
osmose avec les règles juridiques, notamment lorsque le législateur adopte ces
normes.

La différence fondamentale entre le droit et les règles religieuses se situe au niveau de


la sanction. En effet, la sanction de la violation de la règle religieuse non seulement
est différée (après la mort), mais aussi elle est probable et hypothétique. Pourtant la
sanction de la règle de droit est immédiate et certaine. Elle est le fait de l’Etat.

C- La règle de droit et les règles de morale

La morale est l’ensemble des critères et des principes qui permettent à l’homme de
distinguer le bien et le mal dans son devoir envers son prochain mais aussi à l’égard de
lui-même. La morale tout comme le droit a pour fonction d’harmoniser la vie en
société. Cependant la morale qui est un perfectionnement intérieur des hommes se
distingue du droit à plusieurs points de vue :

- Premièrement, du point de vue de l’origine, la source de la règle morale se


trouve dans l’intuition et le bon sens individuels, ainsi que la conscience
individuelle et collective, alors que la source du droit c’est l’autorité publique.
Tout comme le droit la morale est relative car les deux diffèrent d’une
civilisation à une autre. Personne ne conteste la morale, par contre il est
possible de contester une règle juridique. Car, la règle morale est produite
spontanément, alors que la règle juridique est née à travers des institutions
politiques, travaillant sur la base d’un programme politiques.
- Deuxièmement, du point de vue du contenu, la morale est fondée sur un
jugement de valeur c’est-à-dire consiste à distinguer le bien et le mal. Par contre

TCHALIM SAMAH A. 13
COURS INITIATION AU DROIT

la règle de droit est neutre car sa vocation première n’est pas de rechercher le
bien ou le mal, mais d’assurer l’ordre.
- Troisièmement, du point de vue de la finalité, tandis que la règle de droit vise
à imposer l’ordre social par la contrainte, la règle morale quant à elle, vise le
perfectionnement personnel de l’individu c’est-à-dire que chacun doit, à partir
d’une logique intérieure, rechercher constamment le bien.
- Quatrièmement, les deux types de règles divergent au niveau de leur sanction,
le non-respect de la règle de droit est socialement sanctionné. Cette sanction
est concrète et appliquée par les pouvoirs publics. Ainsi, le coupable d’un vol est
poursuivi et condamné à une peine privative de liberté, par les autorités
publiques, sans égard à la question de savoir si oui ou non il ressent des
remords. Par contre, la sanction de la règle morale est intérieure et individuelle,
se traduisant par le remord c’est-à-dire la conscience d’avoir mal agi. Elle peut
consister en une réprobation du groupe.

A travers ces critères de distinction, il apparaît souhaitable que le droit soit en


adéquation avec la morale. Cela permettra une meilleure application du droit car si la
règle de droit est conforme à notre conscience, elle sera plus facilement acceptée.
Dans le cas contraire, si elle se heurte à notre conscience on aura tendance à la
transgresser. D’où l’importance de la notion d’éthique qui est ensemble de règles qui
se conjuguent avec la double vertu des règle de droit et des règles morales.

En conclusion, nous pouvons dire que la règle de droit se distingue des autres règles
de conduite humaine à travers ses caractéristiques principales surtout le caractère
obligatoire tel que nous l’avons étudié précédemment.

Il nous faut savoir maintenant d’où proviennent ces règles. C’est le problème dit des
sources du droit objectif.

TCHALIM SAMAH A. 14
COURS INITIATION AU DROIT

Section II : Les sources du droit objectif

Les sources de la règle de droit sont l’ensemble des mécanismes par lesquels
s’établissent les règles de droit.

Paragraphe 1 : Les sources internes ou nationales

I- La loi

La loi est la première et la plus importante des sources formelles du droit. La loi est
la première règle de droit écrite et formulée par l’organe étatique compétent. En
fait, la notion de loi renvoie à deux sens : le sens large et le sens restreint.

Lato sensu, la loi est prise au sens générique : Il s’agira alors de toute règle de droit
formulée par un organe étatique compétent. Que le texte soit pris par le parlement,
par le gouvernement ou par une autorité administrative. Il suffit qu’il soit assorti de
contrainte, c'est-à-dire de la force exécutoire.

Mais c’est au sens strict (stricto sensu) que la loi est le plus souvent désignée,
notamment par les chercheurs et les praticiens. Dans ce sens, c’est la règle de droit
produite par l’organe législatif dans un Etat. Au Burkina Faso, c’est l’Assemblée
nationale qui est l’organe législatif.

La règle de droit produite par le pouvoir exécutif et l’administration d’une manière


générale prend le nom de règlement. Nous examinerons les différents types de
règlement un peu plus loin.

A- Les différentes catégories de loi

- La constitution
- La loi parlementaire
- La loi référendaire
- Les règlements

TCHALIM SAMAH A. 15
COURS INITIATION AU DROIT

A l’intérieur de la loi, il faut distinguer :

1°) Les lois organiques. Les lois organiques sont celles qui fixent, conformément à la
Constitution, les règles relatives au fonctionnement des pouvoirs publics (Cour
constitutionnelle, Cour de cassation, CSC, Assemblée nationale…). L’adoption de ces
lois suit une procédure spéciale. Les lois qui ne sont pas organiques sont des lois
ordinaires.

2°) Les lois de finances déterminent les recettes et les dépenses de l’Etat. On les
distingue des lois de règlement par lesquelles l’Assemblée nationale procède au
contrôle de l’exécution des lois de finance, sous la réserve de l’apurement ultérieur des
comptes de la nation par la Cour des Comptes.

3°) Les lois programmes déterminent les objectifs de l’action économique et sociale
de l’Etat.

A l’intérieur des règlements, il faut distinguer :

1°) Les ordonnances : ce sont des règlements administratifs, c'est-à-dire des décrets,
qui ont pour l’objet de régir une matière relevant du domaine de la loi. C’est une
exception à la délimitation des domaines législatif et réglementaire. Par les
ordonnances, le pouvoir exécutif intervient dans le domaine législatif. Mais cette
intervention est encadrée par la Constitution.

2°) Il y a ensuite les décrets, pris en conseil des ministres, les arrêtés ministériels,
préfectoraux ou municipaux.

3°) Enfin, sans être exhaustif, on peut citer également les circulaires ou instructions
ministérielles. Ce sont des textes susceptibles d’une application générale et
permanente, à l’instar des décrets et arrêtés. Mais, en principe, ces textes n’ont de
protée qu’à l’intérieur de l’administration concernée.

B- La hiérarchie des règles juridiques

TCHALIM SAMAH A. 16
COURS INITIATION AU DROIT

Ces différents textes sont soumis à une hiérarchie que l’on appelle la hiérarchie des
normes juridiques. La hiérarchie des normes signifie qu’aucun texte ne doit aller à
l’encontre d’un texte qui lui est supérieur.

La pyramide classique des normes comprend plusieurs degrés : au sommet, nous avons
la constitution, en-dessous de la constitution, nous avons la loi. La loi est ainsi
subordonnée à la constitution. Mais la loi est supérieure aux règlements qui émanent
du pur exécutif. Ce ne sont que des actions d’application. Il existe plusieurs espèces de
règlement et certains pris par le gouvernement s’appellent décrets. Par contre les
actes qui émanent des ministres s’appellent arrêtés.

Pyramide

Constitution

Loi

Règlements : - décret
-arrêtés
-circulaires
C- Elaboration et caractères de la loi
1- L’élaboration de la loi

Il s’agit d’une présentation sommaire des grandes étapes.

L’initiative de la loi appartient soit au gouvernement qui dépose un projet de loi, soit à
un membre du parlement (député) qui dépose une proposition de loi. Le peuple aussi,
peut par voie de pétitions, faire une proposition de loi. Cette pétition doit comporter
la signature de 15.000 citoyens burkinabè ayant le droit de vote et 30.000 citoyens s’il
s’agit d’une proposition de loi constitutionnelle.

TCHALIM SAMAH A. 17
COURS INITIATION AU DROIT

a- Le déroulement de la procédure législative

Les projets de loi et ou les propositions de loi sont déposés sur le bureau de l’assemblée
nationale. Après le dépôt, le texte est envoyé pour examen à une commission
compétente. Nous avons trois grandes catégories de lois à savoir :

- La loi constitutionnelle qui a pour but de réviser la constitution

- La loi organique qui a pour but de fixer les modalités d’organisation et de


fonctionnement des pouvoirs publics créés par constitution.3

- La loi ordinaire qui constitue l’activité ordinaire de l’assemblée nationale,


c'est-à-dire le vote de la loi.

Après avoir examiné le texte, la commission peut demander que le texte passe en
discussion en séance plénière. Pour être adoptée définitivement le texte doit être voté
par la majorité des députés présents sauf les lois organiques et une majorité qualifiée
(3/4) pour les lois constitutionnelles qui doivent être votées à la majorité absolue.

b- L’entré en vigueur de la loi

La loi une fois votée par le parlement ne devient obligatoire que lorsqu’elle a été
promulguée par le président et publiée au Journal Officiel. La promulgation de la loi
est l’acte par lequel, le président du Faso atteste de l’existence de la loi et donne l’ordre
aux autorités publiques d’observer et de faire observer cette loi. La loi donne un délai
au chef de l’Etat pour la promulgation. Ce délai est de vingt un jours à compter de la
transmission du texte définitivement adopté par le parlement. Ce délai est de huit
jours en cas d’urgence déclarée par l’assemblée nationale.

Après la promulgation, le texte doit être publié au journal officiel. La publication est
l’acte par lequel le texte est légalement porté à la connaissance de population. A partir

3
Les lois organiques de par leur finalité ont pour but de compléter la constitution sans toutefois la
modifier .C’est pourquoi elles sont OBLIGATOIREMENT soumises au contrôle de constitutionalité (contrôle
préventif).

TCHALIM SAMAH A. 18
COURS INITIATION AU DROIT

de ce moment le texte devient obligatoire pour tout le monde. Elle est présumée
connue de tous. Elle entre en vigueur et « nul n’est censé ignoré la loi ».

Une fois en vigueur, elle est destinée à régir l’avenir. Le code civil dispose que « la loi
ne dispose que pour l’avenir, elle n’a pas d’effet rétroactif ». Dire que la loi n’a pas
d’effet rétroactif signifie qu’elle ne régit pas des situations antérieures à son entrée en
vigueur. En outre les lois burkinabè ne s’appliquent que sur le territoire burkinabè.
C’est ce qu’on appelle le principe de la territorialité des lois. Cependant il existe des
cas où la loi burkinabè peut s’appliquer à des burkinabè à l’étranger. Il s’agit
notamment de toutes les situations se rapportant au statut personnel (nom, la capacité
des personnes, mariage, divorce etc.….).

Les lois peuvent prendre fin de deux manières :

- Soit par l’abrogation implicite ou tacite lorsque la nouvelle loi sans dire
expressément que l’ancienne loi est abrogée, prévoit cependant des
dispositions qui lui contraire.

- Soit par l’abrogation explicite ou expresse lorsqu’une nouvelle loi vient


abroger une autre qui lui antérieure

2- Les caractères fondamentaux de la loi

La loi a deux caractères : elle est générale et obligatoire.

D’abord, la généralité de la loi : ce caractère est fondamental. La notion de généralité


est relative. Une loi peut avoir un domaine plus restreint, une vocation plus étroite.
Elle est alors comparée avec une loi qui a un domaine plus étendu. La première est une
loi spéciale, la seconde, une loi générale. On considère que si le législateur accentue
son attention sur une matière plus étroite, c’est qu’il lui accorde plus d’importance. Il
y a des lois qui intéressent seulement une catégorie de citoyens. Par exemple une loi
peut concerner les étudiants et peut avoir un objet particulier.

TCHALIM SAMAH A. 19
COURS INITIATION AU DROIT

Ensuite la force obligatoire de la loi : la loi peut être définit également par son
caractère obligatoires. Mais, il faut marquer des degrés dans ce caractère obligatoire
de la loi.

En effet, il existe des lois dites impératives : c’est de ces règles qu’on dit qu’il est
interdit de substituer à la règle légale une autre règle. Ici, l’application de la loi est
rigide et exclut toute volonté contraire du sujet de droit. Ces lois sont dites d’ordre
public. L’article 6 du Code civil dispose bien que : « On ne peut déroger, par des
conventions particulières, aux lois qui intéressent l’ordre public et les bonnes mœurs
». Souvent, c’est le législateur qui indique dans le texte de loi que celle-ci est d’ordre
public.

Il existe une autre catégorie de lois dites lois supplétives de volonté : il faut entendre
par là que ces lois ne régissent les particuliers qu’à défaut d’une convention. Ainsi les
particuliers peuvent déroger à de telles lois s’ils veulent, la liberté de convention
l’emporte sur ces lois. Dans ce cas, la loi ne sera applicable que si les parties n’ont pas
exprimé une volonté contraire : c’est le domaine de l’autonomie de la volonté.
Exemple : le Code des personnes et de la famille a offert aux futurs époux la possibilité
de choisir leur régime matrimonial, c'est-à-dire de fixer par eux-mêmes les règles
auxquelles ils soumettent leur patrimoine. Mais lorsque les futurs époux n’expriment
pas une volonté, un choix, le Code a prévu qu’il leur sera appliqué le régime de la
séparation des biens. Selon l’article 309 du Code des personnes et de la famille : « A
défaut de contrat de mariage, les époux sont soumis au régime de la séparation des
biens ». La disposition citée de cette loi est supplétive de volonté.

Il existe enfin une 3e catégorie de loi dite loi interprétative de volonté : cela signifie
que le législateur a établi une règle conforme à une volonté préalable des intéressés.
Ces lois reposent sur une interprétation de la volonté présumée par le législateur. En
exemple, les règles concernant l’ordre successoral des personnes décédées sans
testament.

TCHALIM SAMAH A. 20
COURS INITIATION AU DROIT

II- La coutume

La loi est l’expression d’une volonté étatique. La coutume quant à elle peut être définie
comme une règle de droit qui s’est établie par une pratique longue et répétée des
intéressés eux-mêmes. Elle s’est constituée par l’habitude. Son autorité lui vient de son
ancienneté et sa force obligatoire repose sur la force de la tradition. Mais cela ne
saurait signifier que toutes les habitudes constituent une règle coutumière. Deux
éléments doivent être réunis pour qu’on se trouve en présence d’une véritable
coutume au sens juridique du terme. Il s’agit d’un élément matériel ou objectif et d’un
élément psychologique ou élément subjectif.

- L’élément objectif : c’est la pratique effective et répétée d’une certaine


conduite dans certaines circonstances. La coutume résulte d’une longue suite d’actes
constamment répétés qui ont acquis la force des conventions tacite et commune. Elle
suppose donc un élément de temps, de répétition. C’est dans ce sens qu’on dit
communément « qu’une fois n’est pas coutume ». Mais la pratique répétée d’un
individu ne constitue pas non plus la coutume au sens juridique du mot. Il faut que ce
soit la pratique de tout le monde ou alors le plus grand nombre. C’est cela qui fait le
caractère général, indispensable de la règle coutumière.

- L’élément subjectif (Un élément psychologique) : c’est la conviction chez les


intéressés qu’ils sont obligés d’agir ainsi. Cet élément est essentiel, il est indispensable
avant de considérer une pratique répétée comme coutume, une règle de droit. Il faut
que les intéressés se sentent obliger d’agir ainsi.

Exemple les masques lorsqu’ils sortent, il est interdit de les rencontrer, sinon ils ont le
droit de te faire mal. Alors question : s’ils blessent un individu dans le cadre de leur
pratique,

TCHALIM SAMAH A. 21
COURS INITIATION AU DROIT

III- La jurisprudence

Au sens large, la jurisprudence est l’ensemble des décisions rendues par les cours et
tribunaux dans un Etat donné.

Dans un sens plus précis, on entend par jurisprudence, la solution généralement


donnée par les juridictions à une question de droit qui se reproduit fréquemment dans
des affaires similaires. Le juge prend alors l’habitude de juger de semblable (même)
manière. Une telle décision s’érige alors en règle de droit.

VI- La doctrine

C’est l’ensemble des opinions émises dans des ouvrages par les auteurs juristes et les
praticiens du droit sur une question donné du droit. Elle permet de critiquer la règle
de droit ou d’inspirer le juge ou le législateur.

Paragraphe 2 : Les sources externes ou internationales

Ce sont des sources qui résultent d’accords entre Etats ou qui émane d’autorités
supranationales. Lorsque l’on évoque les normes supra nationales ou internationales,
on distingue les traités internationaux et communautaires.

A- Les Traités internationaux

Deux types de convention peuvent être signés par les Etats :

- Les conventions qui s’appliquent seulement aux relations internationales entre


deux pays signataires. Dans ce cas on parle de convention bilatérale

- Les conventions peuvent concerner plusieurs pays signataires. Dans ce cas on


parle de convention multilatérale.

TCHALIM SAMAH A. 22
COURS INITIATION AU DROIT

B- Les sources communautaires

Il s’agit de l’ensemble des règles édictées et mise en place par les institutions
communautaires. Exemple : l’UEMOA, la CEDEAO, l’OHADA, la CEMAC en Afrique
centrale.

NB : La logique veut que les engagements pris par chaque Etat au plan international ne
puissent être remis en cause sur le plan interne. Les normes supra nationales ne
peuvent être négociées que par le Président du Faso et n’entrent en vigueur qu’après
leur ratification ou approbation par une loi. Ils ne peuvent contenir des dispositions
contraires à celles de la Constitution. Le cas échéant, une réforme de la Constitution
devient nécessaire avant la ratification ou l’approbation du Traité. Il s’agit ainsi, ainsi
d’éviter une contrariété entre norme internationale et norme constitutionnelle.

Section III : Les différentes branches du droit ou matières du droit objectif

A chaque question qui se pose dans la société ou à une situation donnée, la règle de
droit tente d’apporter une réponse. Chaque question renvoie à une matière de droit
correspondant souvent à une activité ou un domaine de la vie (famille, commerce, vie
politique, agriculture, enseignement…). D’où, une diversité de matières en droit.

Ces matières du droit appartiennent à deux grandes familles ou branches que sont : le
droit privé et le droit public. On pourrait aussi distinguer le droit national et le droit
international.

Paragraphe 1 : Distinction droit public-droit privé

A- Le droit public

C’est le droit qui régit l’activité de l’Etat. Il règlemente le fonctionnement et


l’organisation de l’Etat et de ses collectivités publiques. Il régit également les relations
entre l’Etat et les particuliers. Le droit public comprend plusieurs disciplines :

TCHALIM SAMAH A. 23
COURS INITIATION AU DROIT

1- Le droit constitutionnel : c’est une subdivision du droit public qui porte sur
l’étude des règles constitutionnelles c’est-à-dire de la loi fondamentale. C’est
l’ensemble des règles juridiques relatives aux « institutions grâce auxquelles
l’autorité s’établit, se transmet ou s’exerce dans un Etat » PERLOT. Les règles
fondamentales de ce droit sont contenues dans un document spécial appelé
constitution. Concrètement, le droit constitutionnel organise l’Etat en précisant
ses missions et ses caractères. Il définit aussi et réglemente les différentes
institutions de l’Etat que sont le Président de la République, le Gouvernement,
l’Assemblée nationale… il contient par ailleurs les principes fondamentaux que
la République considère comme intangibles et définit les libertés fondamentales
de l’individu.
2- Le droit administratif : c’est le droit qui régit le fonctionnement de
l’administration publique ainsi que ses rapports avec les particuliers.
3- Le droit financier : il regroupe les règles relatives à la gestion des finances
publiques (règles relatives aux dépenses et recettes, à l’établissement et à
l’exécution du budget, à la comptabilité publique…).
4- Le droit fiscal : détermine les modalités de participation des particuliers aux
charges publiques aux moyens de l’imposition. Il détermine les contribuables,
l’assiette de l’impôt, le mode de calcul et de recouvrement de l’impôt.
B- Le droit privé

C’est la branche de droit qui régit les activités des particuliers et des collectivités
privées telles que les sociétés, les associations etc. Il se subdivise en plusieurs
disciplines qui sont :

1- Le droit civil : C’est la mère de toutes les disciplines privées du droit privé. Il est
appelé civil car il concerne l’ensemble des relations juridiques entre citoyens
c’est-à-dire entre personnes privées. Il forme le droit commun des rapports
entre particuliers. Il règle :

TCHALIM SAMAH A. 24
COURS INITIATION AU DROIT

• Les relations juridiques des personnes : droit des personnes ;

• Les aspects personnels et patrimoniaux des rapports familiaux : droit des


personnes et de la famille ;

• Les relations d’obligation entre les personnes : droit des obligations ;

• Et enfin, il détermine les droits que les individus peuvent acquérir sur les choses
qui les entourent : droit des biens.

2- Le droit commercial : c’est l’ensemble des règles juridiques applicables aux


commerçants dans l’exercice de leurs activités ainsi qu’à l’activité commerciale.
3- Le droit des sûretés : les sûretés sont des garanties accordées au créancier par
le contrat ou la loi pour lui permettre de recouvrer plus facilement sa créance.
C- Les droits mixtes
1- Le droit social : recouvre deux branches distinctes que sont le droit du travail et
le droit de la sécurité sociale :

 Le droit du travail : C’est une branche du droit privé parce qu’il met en
œuvre les règles régissant les relations des individus dans le cadre du
travail salarié. Il est constitué d’un régime applicable aux relations entre
employeurs et salariés.

 Le droit de la sécurité sociale : il réunit l’ensemble des règles applicables


aux travailleurs salariés pour les garantir contre divers risques sociaux
(accident du travail, chômage, prestation familiales, couverture du risque
maladie).

2- Le droit pénal : également appelé « droit criminel ». c’est l’un des droits mixtes
les plus importants. Il s’agit d’un droit de répression qui a pour principal objet
de définir les comportements constitutifs d’infractions et de fixer les sanctions
applicables à leurs auteurs.

TCHALIM SAMAH A. 25
COURS INITIATION AU DROIT

3- Le droit judicaire privé ou droit de la procédure civile : ce sont les formalités


nécessaires (actions) pour porter un litige (affaire) à une juridiction en vue
d’obtenir d’elle une décision (ordonnance, jugement ou arrêt). Il désigne
également l’ensemble des règles gouvernant l’organisation et le
fonctionnement des juridictions civiles et pénales de l’ordre judiciaire.

Paragraphe 2 : Le droit national et le droit international

Le droit national a pour objet de régir les rapports pouvant naître sur un territoire
national donné.

Quant au droit international, il régit les relations internationales. Selon qu’il s’agit des
relations entre Etats/Organisations internationales ou individus, on distingue le droit
international public du droit international privé.

- Le droit international public : c’est l’ensemble des règles régissant les relations
entre les Etats et les autres sujets du droit international ;

- Le droit international privé : c’est le droit qui régit les rapports entre particuliers
qui comporte un élément d’extranéité (élément étranger). Exemple : Rapport
entre personnes de nationalité différente.

TCHALIM SAMAH A. 26
COURS INITIATION AU DROIT

CHAPITRE II : L’ORGANISATION JUDICIAIRE DU BURKINA FASO

Répondre au mal par le mal ; répondre à la souffrance par la souffrance n’est pas
une bonne solution. Un tel comportement engendre, à coup sûr, l’anarchie. Toutes
les fois qu’il existe un conflit entre particuliers et que ce conflit doit être résolu par
l’application d’une règle de droit, l’intervention de personnages spécialisés qu’on
appelle juges est nécessaire. Il faut que la justice se substitue à la vengeance.

Juger, rendre justice, est une fonction essentielle de l’Etat. Mais, la première image
qu’on a de la justice, c’est son architecture, l’édifice, le lieu où elle est exercée.
Pourtant, la justice a aussi ses hommes et c’est à eux qu’il revient d’animer
l’architecture juridictionnelle. Ainsi, il existe des services civils de
justice comportant les organes : juridictions et les hommes : personnel de la justice.

SECTION I : LES JURIDICTIONS

Paragraphe 1 : Classification des juridictions

Il existe plusieurs ordres judiciaires spécialisés : les juridictions de l’ordre


administratif dont nous n’étudierons pas ici par opposition les juridictions de l’ordre
privé sont dites juridictions de l’ordre judiciaire. Parmi celles-ci, nous avons les
juridictions pénales ou répressives que nous n’étudierons pas non plus.

Les seules juridictions qui nous intéressent, ce sont celles qui sont chargées de
trancher les litiges entre particuliers c’est-à-dire les juridictions de l’ordre judiciaire.

I- Les juridictions de l’ordre judiciaire

Ces juridictions sont elles-mêmes très diverses. On distingue :

- Les juridictions de fond : Tribunal Départemental et Tribunal d’Arrondissement,


Tribunal d’Instance, Tribunal de Grande Instance, Tribunal de commerce, Cour
d’appel

TCHALIM SAMAH A. 27
COURS INITIATION AU DROIT

- Les juridictions d’exception : Tribunal de Travail, Tribunal pour enfant, Tribunal


de commerce...

- La juridiction suprême nationale (de l’ordre judiciaire) : la Cour de Cassation

- La juridiction suprême supranationale (de l’ordre judiciaire) : la CCJA (Cour


Commune de Justice et d’Arbitrage) de l’OHADA.

II- La hiérarchie des juridictions de l’ordre judiciaire

Au Burkina Faso, les juridictions de l’ordre judiciaire peuvent être classées à trois
(3) niveau. On a :

A- Les juridictions de première instance ou de premier degré

Ce sont celles qui ont en principe pour mission de connaître l’affaire dès le début
c’est-à-dire de juger l’affaire avant qu’elle ne puisse être portée devant une
juridiction supérieure.

1- Le Tribunal départemental ou d’Arrondissement

Il est institué au chef-lieu de chaque département et dans chaque arrondissement


du pays.

a- Composition

Il comprend :

- Un président qui est le préfet du département ou le maire de l’arrondissement


ou tout autre agent désigné à cet effet

- Deux accesseurs et d’un secrétaire.

b- La compétence

Il est compétent pour connaître :

TCHALIM SAMAH A. 28
COURS INITIATION AU DROIT

- De toutes les situations non contentieuses relevant de l’état des personnes.


Exemple : les jugements supplétifs d’acte de naissance, les mariages, les
certificats de décès, les certificats d’hérédité ou de tutelle.

- De tous les documents dont la délivrance n’engage pas une procédure


contentieuse.

- Des litiges en matière civile et commerciale dont le taux évalué en argent ne


dépasse pas 100 000f.

- Les différends relatifs à la divagation des animaux, la dévastation des champs,


des récoltes.

L’appel des jugements rendus par les TD et les T Arrdt se fait devant le Tribunal
d’Instance.

2- Le Tribunal d’Instance

Le Tribunal d’Instance comprend : un président et des juges, d’un représentant du


ministère public, d’un greffier en chef, d’un greffier et d’un secrétaire de greffe.

Les Tribunaux d’Instance sont compétents en matière civile et commerciale pour


trancher toutes les affaires et litiges dont le taux évalué en argent est supérieur à
100 000f sans toutefois dépasser 1 000 000f.

L’appel des jugements rendus en 1er ressort par les TI se fait devant la Cour d’Appel.
Par contre, les décisions rendues sur appel des jugements des TD et T Arrdt sont
déférées devant la Cour de Cassation si elles font l’objet d’un pourvoi.

TCHALIM SAMAH A. 29
COURS INITIATION AU DROIT

3- Le Tribunal de Grande Instance

Il existe au Burkina Faso dix-huit (18) TGI : Ouagadougou, Ziniaré, Kaya, Kongoussi,
Manga, Ouahigouya, Dori, Fada N’grouma, Diapaga, Bogandé, Tenkodogo, Bobo,
Gaoua, Dédougou, Tougan, Banfora, Koudougou et Boromo.

Chaque TGI est composé : d’un président, d’un vice-président, de chambres ayant
chacune un président de chambre (chambre civile, commerciale et correctionnelle),
d’un ou de plusieurs juges de siège, d’un parquet composé d’un procureur du Faso
secondé par un ou plusieurs substituts et d’un secrétariat, d’un greffe composé
d’un greffier en chef et de greffiers et secrétaires de greffe.

De manière générale, le TGI est compétent pour connaître de toute les affaires pour
lesquelles compétence n’a pas été expressément attribuée par la loi à une autre
juridiction : on dit pour cela que le TGI est un tribunal de droit commun. Il est
également compétent pour connaître des litiges dont le montant évalué en argent
est supérieur à 1 000 000f.

Les décisions rendues par le TGI peuvent faire l’objet d’un appel devant la Cour
d’appel.

4- Le Tribunal de commerce

De création très récente, le tribunal de commerce est une juridiction spécialisée


exerçant des compétences générales en matière commerciale.

5- Le Tribunal de travail

Il est composé : d’un président qui est un magistrat, de 2 assesseurs employeurs, 2


assesseurs travailleurs et d’un greffier.

Il est compétent pour connaître des différends individuels qui peuvent naître entre
les employeurs et leurs travailleurs à l’occasion du contrat du travail ou
d’apprentissage, des accidents de travail ou des maladies professionnelles.

TCHALIM SAMAH A. 30
COURS INITIATION AU DROIT

B- Les juridictions d’Appel ou de 2e degré

Ce sont les juges au second degré qui connaissent des appels formés contre les
décisions rendues par les tribunaux du 1er degré.

La Cour d’Appel est une juridiction de second degré qui est hiérarchiquement
supérieure aux juridictions de 1er degré que sont les TI, les TGI, et les Tribunaux de
Travail.

La Cour d’appel se compose de six (6) chambres (civile, commerciale,


correctionnelle, sociale, criminelle et d’accusation). Ces chambres ont à leur tête,
des présidents coiffés par le Président de la Cour d’Appel et d’un vice-président.
Elle comprend également un parquet composé d’un procureur général, des
substituts généraux, des avocats généraux et d’un secrétariat. Enfin, il est composé
d’un greffe.

Il existe deux (2) Cour d’appel : Ouagadougou et Bobo Dioulasso.

La Cour d’Appel est compétente pour recevoir les appels formés contre les
décisions rendues par les juridictions ou tribunaux de 1er degré. Ses décisions
appelés Arrêts, peuvent faire l’objet d’un pourvoi devant la Cour de Cassation.

C- La Cour de Cassation

C’est le sommet de la pyramide judiciaire. Elle est unique pour tout le Burkina Faso
et siège à Ouaga.

La Cour de Cassation ne constitue pas le 3e degré de juridiction parce qu’elle ne


revient pas sur les faits déjà examinés par les juridictions inférieures. Elle se
contente de vérifier si les juridictions de fond n’ont pas violé la loi ou si elles n’ont
pas fait une mauvaise application ou une mauvaise interprétation de la loi. Ainsi,
la fonction essentielle de la Cour de Cassation est de veiller à l’unité d’application
du droit dans tout le pays.

TCHALIM SAMAH A. 31
COURS INITIATION AU DROIT

Elle est saisie spécialement par une voie de recours spéciale qu’on appelle pourvoi
en cassation.

Saisie, la Cour de Cassation ne juge pas le fond de l’affaire mais le jugement ou


l’arrêt. Elle vérifie si ce jugement ou cet arrêt est bien conforme à la loi. A cet effet,
deux situations peuvent se produire :

Premièrement, elle peut casser l’arrêt attaqué si elle estime que celui-ci viol la loi.
Dans ce cas, la Cour renvoi l’affaire devant une autre juridiction de même nature
que celle qui a rendu la décision cassée ou devant la même juridiction autrement
composée.

Deuxièmement, la Cour de Cassation peut rejeter le pourvoi si elle estime que la


décision attaquée a respecté la loi.

SECTION II : LE PERSONNEL JUDICIAIRE

(Confère vos notes prises en séance de cours)

TCHALIM SAMAH A. 32
COURS INITIATION AU DROIT

DEUXIEME PARTIE : LES DROITS SUBJETIFS

Le Droit objectif reconnaît aux individus des prérogatives. Ceux-ci peuvent en jouir sous
la protection de l’Etat. Les prérogatives reconnus par le Droit objectif au profit des
individus sont des droits individuels encore appelées droits subjectifs. Ce sont les
droits attachés ou liés à la personne, c'est-à-dire au sujet de droit. Pour certains, le
droit subjectif est un pouvoir de vouloir, c'est-à-dire l’aptitude à exprimer par sa
volonté, ses besoins et à les satisfaire. Pour d’autres, c’est un intérêt pris en
considération par le droit, un intérêt juridiquement protégé.

Ce qu’on peut retenir, c’est que la notion de « droits subjectifs » est si présente en
droit privé car elle en constitue l’un des piliers.

L’être humain ou l’individu a des pouvoirs, c'est-à-dire, au sens du droit privé,


l’aptitude qui permet d’agir sur la personne ou la chose d’autrui. Parmi ces pouvoirs,
(on peut dire aussi « prérogatives »), certains sont fixés par le Droit objectif (c-à-d les
règles de droit) : ce sont les droits subjectifs. Mais d’autres ne relèvent pas de la règle
de droit : ce sont des pouvoirs de fait, c'est-à-dire des maîtrises purement matérielles.
L’exemple souvent cité est la possession. C’est la détention de fait d’une chose par
une personne qui se comporte comme le propriétaire. Exemple : le voleur d’un vélo
en usera comme s’il était le propriétaire alors qu’il n’est qu’un simple possesseur. On
oppose la possession à la propriété.

Mais dans le cadre de ce cours, ce sont les pouvoirs ou les prérogatives organisées par
le droit objectif qui feront l’objet de notre étude. Il convient alors dans un premier
temps de procéder à la classification de ces droits subjectifs (chapitre 1) avant de voir
les sources de ces droits (chapitre 2). Mais une étude des titulaires des droits subjectifs
s’avère aussi nécessaire (chapitre 3).

TCHALIM SAMAH A. 33
COURS INITIATION AU DROIT

CHAPITRE I : LA CLASSIFICATION DES DROITS SUBJECTIFS

Les droits subjectifs sont une prérogative reconnue à une personne à l’encontre d’une
personne ou d’une chose. C’est un droit subjectif portant directement ou
indirectement, immédiatement ou médiatement sur les choses susceptibles d’être
évalué en argent. Ce sont les droits patrimoniaux. Qui dit patrimonial dit pécuniaire.
L’ensemble des valeurs pécuniaire forme notre patrimoine.

Mais certains autres droits ont une valeur simplement morales et peuvent être
appréciés en argent : ce sont des droits extra patrimoniaux.

Droits patrimoniaux (paragraphe 2) et droits extra patrimoniaux (paragraphe 3) sont


les deux (2) grandes catégories du droit subjectif que nous analyserons après avoir
étudié brièvement ce qu’on doit entendre par patrimoine (paragraphe 1).

Section 1 : La notion de patrimoine

On définit généralement le patrimoine comme l’ensemble de biens, des droits et des


obligations d’une personne envisagés comme formant un Tout, c'est-à-dire une
universalité, une unité juridique et attaché à une personne. On dit que le patrimoine
est une universalité de droit. C’est l’expression économique d’une personne juridique.
Nous verrons la composition du patrimoine avant d’analyser ses caractères.

Paragraphe 1 : Composition du patrimoine

Le patrimoine dont est titulaire une personne comprend un actif et un passif,


lesquels réunis forment ce que l’on appelle une universalité de droit.

A- La conjugaison d’un actif et d’un passif

Le patrimoine comprend donc un actif, composé de biens et de créances et un


passif composé de dettes.

TCHALIM SAMAH A. 34
COURS INITIATION AU DROIT

1- L’actif

L’actif d’une personne est composé de tous les droits patrimoniaux dont elle est
titulaire, de sorte qu’il convient d’exclure de cet ensemble tous les droits que l’on
qualifie d’extrapatrimoniaux.

a) L’exclusion des droits extrapatrimoniaux

==> Notion

Les droits extrapatrimoniaux sont ceux qui n’ont pas de valeur pécuniaire.
Autrement dit, ils sont hors du commerce juridique. Ils ne peuvent pas faire l’objet
d’échanges.

Les droits extrapatrimoniaux sont strictement attachés à la personne de leur


titulaire. Ils relèvent en somme de l’être et non de l’avoir, contrairement aux droits
patrimoniaux qui sont attachés, non pas à la personne de leur titulaire, mais à son
patrimoine.

==> Identification

Classiquement, on distingue trois sortes de droits extrapatrimoniaux :

 Les droits de la personnalité (droit à la vie privée, droit à l’image, droit à la


dignité, droit au nom, droit à la nationalité)

 Les droits familiaux (l’autorité parentale, droit au mariage, droit à la filiation,


droit au respect de la vie familiale)

 Les droits civiques et politiques (droit de vote, droit de se présenter à une


élection etc.)

==> Caractères

Les droits extrapatrimoniaux sont :

TCHALIM SAMAH A. 35
COURS INITIATION AU DROIT

 Incessibles

 Intransmissibles

 Insaisissables

 Imprescriptibles

b) L’inclusion des droits patrimoniaux

==> Notion

Les droits patrimoniaux sont les droits subjectifs appréciables en argent. Ils
possèdent une valeur pécuniaire. Ils sont, en conséquence, disponibles, ce qui
signifie qu’ils peuvent faire notamment l’objet d’opérations translatives.

==> Identification

Les droits patrimoniaux se scindent en deux catégories

 Les droits réels (le droit de propriété est l’archétype du droit réel)

 Les droits personnels (le droit de créance : obligation de donner, faire ou ne pas
faire)

Ainsi, les droits réels et les droits personnels ont pour point commun d’être des
droits patrimoniaux et donc d’être appréciables en argent.

==> Caractères

Les droits patrimoniaux se distinguent fondamentalement des droits


extrapatrimoniaux en ce qu’ils sont :

 Cessibles

 Transmissibles

 Saisissables

TCHALIM SAMAH A. 36
COURS INITIATION AU DROIT

 Prescriptibles (prescription acquisitive et extinctive)

==> Distinction entre les droits réels et les droits personnels

 Le droit réel

o Notion

 Il confère à son titulaire un pouvoir direct et immédiat sur une


chose

 Structurellement, le droit réel suppose un sujet, le propriétaire


et un objet, la chose sur laquelle s’exerce le droit réel

 Le droit réel établit, en d’autres termes, une relation entre une


personne et une chose

 Le droit réel s’exerce ainsi sans qu’il soit besoin d’actionner une
personne. Il s’exerce sans l’entremise d’un tiers

 Le propriétaire ou l’usufruitier jouit directement de la chose

 Le droit réel est celui qui naît de l’acquisition de la qualité de


propriétaire

2. Le passif

Le passif se compose de l’ensemble des dettes qui pèsent sur le titulaire du


patrimoine, la dette s’apparentant en la face passive du droit personnel.

À cet égard, la constitution d’une dette procède toujours de la création d’un


rapport d’obligation entre un débiteur (celui qui est obligé) et un créancier (celui
qui oblige).

TCHALIM SAMAH A. 37
COURS INITIATION AU DROIT

Classiquement on dénombre cinq sources d’obligations – et donc de dettes –


auxquelles il faut en ajouter une sixième depuis la réforme du droit des obligations,
l’engagement unilatéral de volonté :

B) Une universalité de droit

Le patrimoine n’est pas seulement la somme d’un actif et d’un passif : il forme un
ensemble abstrait que l’on qualifie d’universalité de droit.

L’universalité de droit se distingue de l’université de fait, laquelle désigne une


masse circonstanciée de biens unis par une même finalité économique et qui ne
sont affectés à aucun un passif déterminé (ex : un fonds de commerce, un cheptel
de vaches etc.).

L’universalité de droit, quant à elle, désigne un ensemble pécuniaire permanent qui


comprend, un actif et un passif réuni autour d’une même personne et dont l’un
répond de l’autre.

Le projet de réforme du livre II du Code civil sur lequel avait travaillé l’association
Henri Capitant définit en ce sens le patrimoine d’une personne comme
« l’universalité de droit comprenant l’ensemble de ses biens et obligations, présents
et à venir, l’actif répondant du passif. »

La conceptualisation de la notion de patrimoine par Aubry et Rau puise sa source


dans l’article 2284 du Code civil qui prévoit que « quiconque s’est obligé
personnellement, est tenu de remplir son engagement sur tous ses biens mobiliers
et immobiliers, présents et à venir. »

Il s’infère de cette disposition que les dettes qui pèsent sur une personne sont
toujours exécutoires sur ses biens.

TCHALIM SAMAH A. 38
COURS INITIATION AU DROIT

Aubry et Rau en ont déduit que s’il existait une corrélation entre l’actif et le passif
d’une personne, c’est parce que ces deux éléments formaient un même ensemble :
le patrimoine.

À cet égard, le patrimoine présente cette particularité d’être distinct des éléments
qui le composent. Tandis que le solde entre l’actif et le passif est en constante
évolution au cours de la vie de la personne, le patrimoine, quant à lui, est immuable
en ce sens qu’il existe indépendamment de ce solde.

Planiol écrivait, dans le droit fil de cette idée, que « le patrimoine constitue une
unité abstraite, distincte des biens et charges qui le composent. Ceux-ci peuvent
changer, diminuer, disparaître entièrement, et non le patrimoine, qui reste toujours
le même, pendant toute la vie de la personne ».

Au bilan, il apparaît que c’est parce que dans l’ensemble que constitue le
patrimoine, un passif est adjoint à un actif que l’on peut parler d’universalité de
droit et pas seulement d’une masse de biens qui, seule, s’apparente à une
universalité de fait.

Aussi, recueillir un patrimoine, ce n’est pas seulement acquérir un actif, c’est


également prendre en charge les dettes qui grèvent cet actif.

Paragraphe 2 : Les caractères du patrimoine

À partir des articles 2284 et 2285 du Code civil Aubry et Rau ont attribué plusieurs
caractères au patrimoine.

A) Seules les personnes peuvent avoir un patrimoine

Selon la thèse développée par Aubry et Rau « l’idée de patrimoine est le corollaire
de l’idée de personnalité ».

Si, dès lors, le patrimoine est une émanation de la personnalité, on peut en déduire
que seules les personnes disposent de l’aptitude d’être titulaires de droits et

TCHALIM SAMAH A. 39
COURS INITIATION AU DROIT

d’obligations. Au nombre de ces personnes figurent, tant les personnes physiques,


que les personnes morales.

Pour disposer d’un patrimoine il faut donc justifier de la personnalité juridique laquelle
s’acquiert à la naissance pour les personnes physiques et au moment de
l’accomplissement de formalités pour les personnes morales (immatriculation pour les
sociétés et déclaration pour les associations).

S’agissant des personnes morales, il convient d’observer que leur patrimoine est
distinct du patrimoine personnel de leurs membres. C’est la raison pour laquelle il
ne saurait y avoir aucune confusion entre le patrimoine d’une société et celui de
ses associés. À défaut, ces derniers s’exposent à des poursuites pénales,
notamment au titre de l’abus bien social.

Quant aux animaux, bien que l’article 515-14 du Code civil leur confère un statut
spécifique en prévoyant qu’ils « sont des êtres vivants doués de sensibilité », ils ne
jouissent pas de la personnalité juridique.

La conséquence en est qu’ils sont insusceptibles d’être titulaire d’un patrimoine, à


l’instar des personnes physiques et morales. Ils ne peuvent donc pas hériter des
biens de leur maître.

Aujourd’hui, le patrimoine demeure exclusivement lié à la personne qui donc


dispose seule de la capacité juridique à le recevoir, à en assurer la gestion, et à le
transmettre.

B) Toutes les personnes ont nécessairement un patrimoine

L’une des particularités du patrimoine est que les opérations accomplies sur les
biens et les dettes qu’il recueille sont sans incidence sur son existence.

Aussi, une personne qui ne détiendrait aucun bien et sur laquelle ne pèseraient que
des dettes est malgré tout titulaire d’un patrimoine.

TCHALIM SAMAH A. 40
COURS INITIATION AU DROIT

La raison en est que « le patrimoine est la représentation pécuniaire de la


personne ». Autrement dit, si le patrimoine exprime la situation financière de son
titulaire, il traduit surtout son aptitude à être titulaires de droits et d’obligations.
Or cette aptitude perdure aussi longtemps que la personne est en vie.

Cette caractéristique du patrimoine emporte plusieurs conséquences :

 Première conséquence : incessibilité entre vifs

o Le patrimoine, en tant qu’universalité de droit, est incessible du vivant


de la personne

o Si rien n’empêche au titulaire du patrimoine de céder tous ses biens et


toutes ses dettes, il ne peut, en revanche, céder son aptitude à acquérir
de nouveaux droits et contracter de nouvelles dettes.

o Cela s’explique par l’attachement du patrimoine à la personnalité


juridique qui, par nature, est indisponible

 Deuxième conséquence : transmissibilité à cause de mort

o Parce que le patrimoine est attaché à la personne et que les héritiers sont
les « continuateurs de la personne du défunt», il est transmissible à cause
de mort.

o Cette transmission s’opère alors à titre universel, ce qui implique que les
héritiers recueillent, tout autant les biens de la personne décédée que
ses dettes.

 Troisième conséquence : transmissibilité à cause de


fusion/scission/dissolution d’une société

TCHALIM SAMAH A. 41
COURS INITIATION AU DROIT

o En cas de fusion de sociétés, le patrimoine de la société absorbée est


transmis à la société qui l’absorbe

o En cas de scission d’une société, son patrimoine est divisé et apporté aux
sociétés créées

o En cas de dissolution d’une société, son patrimoine est transmis aux


associés à proportion de leurs apports

C) Toute personne n’a qu’un patrimoine

Si, en principe, toute personne ne dispose que d’un seul patrimoine, certaines lois
récentes ont assorti ce principe d’exceptions.

1. Principe

Parce que la personnalité juridique est indivisible et que le patrimoine est une
émanation de cette personnalité, une même personne ne peut, par principe, être
titulaire que d’un seul patrimoine. Aussi, parle-t-on, d’unicité ou d’indivisibilité du
patrimoine.

 Positivement, il en résulte que l’actif répond du passif et que l’ensemble des


dettes sont exécutoires sur l’ensemble des biens, conformément aux articles
2284 et 2285 du Code civil

 Négativement, il se déduit qu’il est interdit d’isoler certains éléments du


patrimoine, pour constituer une universalité distincte du reste du patrimoine

Ainsi, une personne qui affecterait certains biens à l’exercice d’une activité
professionnelle n’aurait, par principe, pas pour effet de créer un ensemble de biens
et de dettes séparé de son patrimoine personnel, sauf à créer une personne morale
ou à accomplir les formalités aux fins de constituer un patrimoine professionnel.

2. Exceptions

TCHALIM SAMAH A. 42
COURS INITIATION AU DROIT

Les limites au principe d'indivisibilité du patrimoine: une personne, deux


patrimoines. Dans certains cas, la loi permet des dérogations au principe.

Le principe d’unicité du patrimoine est assorti de plusieurs exceptions qui tiennent :

 Au régime juridique de la fiducie (en droit français)

 Au statut de l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée

 A l’insaisissabilité des biens immobiliers non affectés à l’activité professionnelle


de l’entrepreneur individuel

 Au statut de l’agent des sûretés

La notion du patrimoine tel que nous venons de l’analyser permet de mieux


comprendre la distinction des droits subjectifs : Distinction entre droits
patrimoniaux et droits extra patrimoniaux.

Section 2 : Les droits patrimoniaux

Ils relèvent de l’avoir, le contraire de l’être. Ils sont regroupés au sein du patrimoine.
Ainsi, les droits patrimoniaux sont les droits subjectifs entrant dans le patrimoine. Ils
sont assez divers et assez nombreux. Leur nombre et leur diversité posent le problème
de leur classement.

Paragraphe 1 : La classification des droits patrimoniaux

Les différents droits patrimoniaux sont les droits réels (A), les droits personnels (B) et
les droits intellectuels (C).

A- Les droits réels

Les droits réels confèrent à leur titulaire un pouvoir direct et immédiat sur une chose.
Leur exercice ne nécessite pas l'intervention d'une autre personne. La loi reconnaît
différents droits réels (1) qui portent sur une chose (2).

TCHALIM SAMAH A. 43
COURS INITIATION AU DROIT

1- Choses et biens : définitions et classification


a- Définitions

La chose est un objet matériel susceptible d’être soumis à un rapport juridique. Le


bien, c’est la chose saisie par le droit et qui procure des avantages à l’homme. La
chose devient bien lorsque l’être humain en tire un ou des profits économiques. Si la
chose est une donnée de la nature, le bien est, au premier degré, une émanation de la
chose. Le bien est d’abord perçu comme la chose matérielle susceptible
d’appropriation. C’est la chose qui procure une jouissance, une utilité économique. En
quelque sorte, c’est la chose regardée par l’homme, sous sa maîtrise ou domination,
pour son usage et son épanouissement.

b- Classification des choses et biens

Les biens que les économistes appellent également les richesses sont classés en deux
(2) catégories principales. En effet, selon l’article 516 du code civil, « Tous les biens
sont meubles et immeubles ». C’est la division fondamentale (on parle de summa
divisio).

 Distinction principale des biens

Il faut considérer d’abord les immeubles ; il faut considérer ensuite les meubles.

- Les immeubles

Les biens sont immeubles, ou par leur nature, ou par leur destination, ou par l’objet
auquel ils s’appliquent.

Sont immeubles par leur nature, le sol et tout ce qui s’y attache, notamment les
bâtiments, les arbres etc. Ce sont des biens que l’on ne peut mouvoir, c'est-à-dire
déplacé et qui ne peuvent pas non plus être mû.

TCHALIM SAMAH A. 44
COURS INITIATION AU DROIT

A cette catégorie, il faut ajouter des biens qui ne sont pas immeubles mais qui sont
destinés à servir ceux-ci. Ce sont les objets qui permettent d’exploiter le sol et les
bâtiments. Ils sont si attachés aux immeubles qu’on ne peut pas en disposer (vendre,
saisir…) séparément : ce sont les immeubles par destination, c’est-à-dire des biens
mobiliers destinés à mettre en valeur les immeubles. En fait, c’est en vertu de la théorie
de l’accessoire (accessorium sequitur principale : l’accessoire suit le principal) qu’on
les traite comme des immeubles.

Enfin, la troisième catégorie d’immeuble est beaucoup plus artificielle : il s’agit des
droits qui portent sur les immeubles. Ce sont les immeubles par l’objet auquel ils
s’appliquent. Exemple : Une personne a le droit de percevoir toute sa vie durant des
revenus sur un bien. Ce droit est lui-même regardé comme un bien. S’il porte sur un
meuble, il sera mobilier, s’il porte sur un immeuble, il sera immobilier.

- Les meubles

Tout ce qui n’est pas immeuble, est meuble. On distingue néanmoins entre les meubles
par nature, les meubles par détermination de la loi et les meubles par anticipation.

Les meubles par nature sont les choses mobile, c'est-à-dire « les corps qui peuvent se
transporter d’un lieu à un autre, soit qu’ils se meuvent par eux-mêmes, comme les
animaux, soit qu’ils ne puissent changer de place que par l’effet d’une force étrangère,
comme les choses inanimées ». Exemples : les animaux, les véhicules à moteur, le
navire, l’aéronef etc.

Les meubles par détermination de la loi, c’est de manière artificielle, le législateur a


décidé que certains droits sont également des meubles : ce sont des meubles par
détermination de la loi. En général, ces biens n’ont aucune matérialité physique. Ce
sont des biens incorporels. On cite, dans cette catégorie, les parts sociales c’est-à-dire
les droits des associés dans tous les types de société, le fonds de commerce mais aussi
les propriétés incorporelles telles les droits qu’un médecin a sur sa clientèle ou ceux
qu’un artiste a sur son œuvre littéraire et artistique.

TCHALIM SAMAH A. 45
COURS INITIATION AU DROIT

Enfin, les meubles par anticipation, bien qu’ayant une attache au sol et ne pouvant
être pour l’instant déplacés, certains biens seront quant bien même considérés comme
meubles. Ce sont les meubles par anticipation. En effet, ce sont des immeubles par
nature mais qui vont être traités comme des meubles par anticipation pour certaines
opérations de la vie juridique. Ceci, parce qu’au moment de l’exécution de cette
opération juridique ces biens seront devenus meubles. On range dans cette catégorie
la vente des récoles sur pied, la saisie d’une récolte sur pied, le bois avant la coupe, les
matériaux à provenir de la destruction d’une construction, la vente de produits à
extraire d’une mine ou d’une carrière.

 Distinctions secondaire des biens

On distingue :

Choses corporelles et choses incorporelles : les premières sont celles ayant une réalité
physique alors que les choses incorporelles n’en n’ont pas (droits d’associés d’une
société, romans, poèmes…).

Biens fongibles et biens non fongibles : les choses fongibles ou choses de genre
existent en plusieurs exemplaires identiques. Ce sont des biens interchangeables.
Exemple : sac de riz à la place d’un sac de riz. Les choses non fongibles n’existent qu’en
un seul exemplaire.

Choses dans le commerce et choses hors du commerce : les choses dans le commerce
sont celles qui peuvent faire l’objet d’échanges et de conventions (maisons, voitures…).
Les secondes ne peuvent être l’objet de conventions à titre onéreux entre sujet de
droits (les éléments du corps humain, les produits illicites comme la drogue…).

Distinction entre biens privés et biens publics.

Biens consomptibles et biens non consomptibles : les premières disparaissent par


l’usage qu’on en fait (les aliments, une allumette) alors que les secondes ne
disparaissent pas par cet usage (une maison…).

TCHALIM SAMAH A. 46
COURS INITIATION AU DROIT

2- La classification des droits réels

Les droits réels sont ceux qui portent sur une chose. On distingue les droits réels
principaux des droits réels accessoires.

a- Les droits réels principaux

Les droits réels principaux confèrent à leur titulaire la maîtrise d'une chose. Sont
des droits réels principaux le droit de propriété et les droits démembrés du droit de
propriété.

a.1- Le droit de propriété :

Le droit de propriété assure à la personne une maîtrise complète de la chose. Aux


termes de l'article 544 du Code civil, « la propriété est le droit de jouir et de disposer
des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu'on n'en fasse pas un usage
prohibé par les lois et règlements». Ainsi, le droit de propriété confère à son titulaire
diverses prérogatives qui constituent les attributs de ce droit. Il présente également
certains caractères généraux. En outre, en établissant un rapport de droit entre une
personne et une chose, la propriété se distingue de la possession.

 Attributs du droit de propriété :

- usus : le droit de se servir de la chose.

- fructus : le droit de jouir de la chose en percevant les fruits (périodiques et dont la


perception n'altère pas la substance de la chose. Ex.: les pommes d'un arbre) et les
produits (dont la perception altère la substance de la chose. Ex. : les matériaux extraits
d'une carrière).

- abusus : le droit de disposer matériellement de la chose en la détruisant ou


juridiquement, en cédant son droit sur elle.

 Caractères du droit de propriété :

TCHALIM SAMAH A. 47
COURS INITIATION AU DROIT

- absolu : le propriétaire dispose de la totalité des pouvoirs sur la chose. Ce caractère


doit être nuancé car la loi peur poser des limites aux pouvoirs du propriétaire.

- exclusif : le propriétaire dispose d'un monopole sur la chose qui lui permet d'exclure
les tiers.

- perpétuel : le droit ne s'éteint pas à la mort du propriétaire, il se transmet aux


héritiers; le droit de propriété est imprescriptible, il ne se perd pas par le non-usage.

 Possession et propriété :

Posséder une chose, c'est se comporter, en fait, comme si on éraie titulaire d'un droit
sur cerce chose, même si on ne l'est pas. Alors que la propriété établit un rapport de
droit entre une personne et une chose, la possession consiste en un rapport de fait
entre la personne et la chose.

➔ la possession comporte deux éléments constitutifs :

- un élément matériel, le corpus, qui est l'exercice sur la chose d'actes matériels (usage
de la chose, par exemple) correspondant au droit possédé ;

- un élément psychologique, l'animus domini, qui est l'intention de se comporter


comme le véritable titulaire du droit. Les personnes qui exercent le corpus pour le
compte d'autrui sans animus domini (le locataire) sont des détenteurs précaires et non
des possesseurs.

Le possesseur bénéficie, en cette qualité, de différentes règles juridiques. Un exemple


célèbre réside dans la maxime énoncée par l'article 2276 alinéa 1 du Code civil : « En
fait de meubles, la possession vaut titre ».

➔ La possession remplir alors deux fonctions :

- une fonction probatoire : la possession est un mode de preuve faisant présumer


jusqu'à preuve contraire le droit de propriété. L'hypothèse est la suivante : un

TCHALIM SAMAH A. 48
COURS INITIATION AU DROIT

possesseur a reçu la chose a domino d'une personne (auteur) qui en était propriétaire.
Un conflit survient entre eux, qui porte sur la nature du droit transmis, le propriétaire
originaire niant avoir transmis la propriété de la chose au possesseur (il prétend, par
exemple, lui avoir seulement prêté la chose).

Par sa fonction probatoire, la possession permet de présumer le titre de propriété du


possesseur. Le possesseur, dispensé de faire la preuve de son droit de propriété, sera
le défendeur. Il appartiendra donc à celui qui conteste avoir transmis la chose, à titre
de propriété, de combattre cette présomption.

Le demandeur qui revendique la propriété peut renverser la présomption de deux


manières.

Il peut établir, d'une part, que la possession est viciée, qu'elle n'est pas «utile». Pour
être utile, la possession doit présenter plusieurs caractères. Elle doit être
ininterrompue; paisible (l'entrée en possession ne doit pas être violente); publique (la
possession ne doit pas être clandestine, dissimulée aux tiers); non équivoque (la
possession est équivoque si l'on ne sait pas à quel titre agit le possesseur; ex. : l'époux
qui détient une chose appartenant à son conjoint n'entend pas nécessairement se
comporter comme possesseur et sa possession est donc équivoque).

Le demandeur peut, d'autre part, apporter la preuve du caractère précaire de la


détention en produisant le contrat de prêt ou de dépôt ;

- une fonction acquisitive : la possession est un mode d'acquisition du droit.


L’hypothèse est la suivante : le possesseur a acquis le bien a non domino, d'une
personne qui n'en était pas le propriétaire. Un conflit oppose le possesseur et le
véritable propriétaire.

Par sa fonction acquisitive, la possession permet de tenir en échec l'action en


revendication du véritable propriétaire, dont les droits sont alors sacrifiés.

TCHALIM SAMAH A. 49
COURS INITIATION AU DROIT

La possession fait acquérir de façon instantanée la propriété, si le possesseur est de


bonne foi.

La possession ne fait pas acquérir la propriété de façon instantanée, si le possesseur


est de mauvaise foi (ex. : le voleur).

a.2- Les droits démembrés du droit de propriété

Ils ne confèrent à leur titulaire qu'une partie des prérogatives arrachées au droit de
propriété. Ils sont des droits réels sur la chose d'autrui, reis l'usufruit et la servitude.

➔ l'usufruit confère à l'usufruitier, à titre temporaire, l'usage (usus) et la jouissance


(fructus) d'une chose dont une autre personne, le nu-propriétaire, conserve le droit de
disposer (abusus). L'usufruit s'éteint, au plus tard, à la mort de l'usufruitier (droit viager
ou à durée déterminée) et ne peut être transmis à ses héritiers. À la fin de l'usufruit, le
nu-propriétaire recouvre la pleine propriété de la chose.

➔ la servitude est une charge imposée à un immeuble (le fonds servant) pour l'usage
et l'utilité d'un autre immeuble (le fonds dominant) (article 637 du Code civil).

b- Les droits réels accessoires

Les droits réels accessoires (d'une créance) portent sur des choses dont la valeur est
destinée à garantir le paiement d'une créance (droit sur la valeur de la chose).
Accessoires d'une créance dont ils garantissent le paiement, ils constituent des sûretés
réelles qui confèrent au créancier le droit de se faire payer en priorité sur le prix de
vente de la chose.

➔ Le droit réel accessoire peut porter sur un immeuble: l'hypothèque consiste à


affecter en garantie du paiement d'une créance un immeuble du débiteur dont il ne se
dépossède pas (à la différence du gage immobilier, anciennement appelé antichrèse,
qui entraîne la dépossession du débiteur); elle confère au créancier hypothécaire le
droit de se faire payer en priorité sur le prix de vente de l'immeuble de son débiteur.

TCHALIM SAMAH A. 50
COURS INITIATION AU DROIT

➔ Le droit réel accessoire peut porter sur un meuble : le gage consiste à affecter en
garantie du paiement d'une créance un meuble du débiteur dont ce dernier garde ou
non la possession. Il confère à son titulaire, le créancier gagiste, le droit de se faire
payer en priorité sur le prix de vente du meuble de son débiteur.

C- : Les droits intellectuels

La définition (droits intellectuels) est souvent tirée de la Doctrine juridique. Cette


dernière définit les droits intellectuels comme l'ensemble des droits exclusifs que l'on
accorde sur toutes les créations intellectuelles même si ces dernières sont inachevées.
La propriété intellectuelle se divise en deux branches : la propriété industrielle, qui
comprend les inventions (brevets), les marques, les dessins et modèles industriels, les
indications géographiques ; et les droits d'auteur qui couvrent les œuvres littéraires et
artistiques.

Selon une approche civiliste sur les régimes de bien, les droits intellectuels
n'impliquent pas un lien naturel entre l'individu et l'objet de sa propriété, mais elles
découlent souvent d'un régime juridique qui distribue les droits exclusifs de chacun
pour l'accès à certains objets.

1- Le Droit d'auteur.

Le droit d'auteur est un terme juridique qui désigne les droits conférés aux auteurs
d'un large éventail d'œuvres quel que soit leur genre, mérite ou leur destination. Ces
œuvres doivent être une réalisation personnelle et originale. Le symbole utilisé (c)
signifie copyright (droit de copie). Il indique que personne ne peut copier l'œuvre sans
l'accord de son auteur. Il est précédé du nom de l'auteur et suivi de l'année à laquelle
l'œuvre a été créée.

2- Le brevet d'invention.

Le brevet d'invention peut se définir brièvement comme un titre de propriété


temporaire délivré par le gouvernement d'un pays à un inventeur ou à son ayant-droit

TCHALIM SAMAH A. 51
COURS INITIATION AU DROIT

sur une technologie que cet inventeur vient de développer et qui présente la
particularité d'être à la fois utile, nouvelle et originale au vu de ce qui pouvait déjà
exister dans le même domaine.

Section 3 : Les droits extrapatrimoniaux

Les droits extrapatrimoniaux n'ont, en eux-mêmes, aucune valeur pécuniaire. Arrachés


à la personne de leur titulaire, ils n'assurent pas la protection d'un intérêt pécuniaire.
Pour cerce raison, les droits extrapatrimoniaux ne figurent pas dans le patrimoine
d'une personne. Ce n'est pas dire gue les droits extrapatrimoniaux ne puissent pas
avoir des conséquences pécuniaires. Ainsi, par exemple, la personne donc l'image a été
reproduire sans son autorisation pourra obtenir des dommages et intérêts.

Nous allons essayer de classer les droits extrapatrimoniaux avant de voir quel est leur
régime juridique.

Paragraphe 1 : La classification des droits extrapatrimoniaux

Les droits extrapatrimoniaux sont d’abord ceux proclamés dans les textes
fondamentaux comme la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, la
Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 ou encore la
Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

La constitution burkinabé en cite également un bon nombre : droit à la vie, à la liberté,


à la sécurité, au libre développement de sa personnalité, à l’intégrité corporelle…
D’autres droits extrapatrimoniaux présentent un caractère public : le droit
d’association, de manifestation…

Si l’on essaie de recenser les différents droits extrapatrimoniaux, on s’aperçoit qu’ils


sont tous en fait des droits attachés à la personne de l’être humain. C’est ce qui fait
leur valeur morale et c’est pour cela qu’ils ne sont pas appréciables en argent. Malgré
ce caractère général, on peut classer les droits extrapatrimoniaux autour de deux
idées.

TCHALIM SAMAH A. 52
COURS INITIATION AU DROIT

1- Les droits de la personnalité

Certains droits sont inhérents à la personne elle-même. On les appelle droits de la


personnalité. Ils procèdent de cette idée fondamentale que chaque individu peut
exiger des autres, le respect de sa propre personnalité :

- Il peut ainsi, invoquer le droit à l’intégrité physique pour exiger qu’aucune


atteinte ne soit porté à son corps, à sa santé, à sa vie.
- Il peut également invoquer le droit à une sorte d’intégrité morale pour interdire
immixtion des tiers dans sa vie privée pour s’assurer l’exercice de certaines
libertés individuelles : liberté d’opinion, liberté d’aller et venir, liberté de se
marier.
2- Les droits attachés à l’état familial

Il existe certains droits qui sont attachés à l’état familial c’est-à-dire à la situation
familiale d’un individu. Ce sont par exemple le droit de l’autorité parentale qui
appartient aux parents sur la personne et les biens de leurs enfants mineurs. On a
également le droit de rechercher sa filiation qui appartient à un enfant naturel. On peut
aussi évoquer les droits fondés sur le mariage : les devoirs réciproques du mariage tels
que la communauté de vie, le devoir d’assistance, de secours, de fidélité etc.

Paragraphe 2 : Le régime juridique des droits extra patrimoniaux

Ce sont des droits qui n’ont pas de valeur pécuniaire. Ils sont hors commerce. Mais ce
sont des droits qui peuvent avoir des conséquences pécuniaires.

1- Ce sont des droits hors commerce

À la différence des droits patrimoniaux, les droits extrapatrimoniaux sont


indisponibles, imprescriptibles, intransmissibles er insaisissables.

- Les droits extrapatrimoniaux sont indisponibles : l'individu ne peur en disposer


comme il l'entend, en les cédant. Cette indisponibilité vise le droit lui-même et non les

TCHALIM SAMAH A. 53
COURS INITIATION AU DROIT

éléments qu'il protège. S'explique ainsi que la loi air autorisé le don d'éléments ou
d'organes du corps humain (cession à titre gratuit).

- Les droits extrapatrimoniaux sont imprescriptibles : inhérents à la personne, les


droits extrapatrimoniaux ne peuvent être acquis ou perdus en raison de l'écoulement
du temps.

- Les droits extrapatrimoniaux sont intransmissibles aux héritiers : ils s'éteignent au


décès de la personne et ne se transmettent pas aux héritiers. Néanmoins si les intérêts
du défunt er ceux du groupe familial sont noués, les héritiers peuvent agir lorsque la
divulgation d'un élément de la vie privée d'une personne décédée leur cause un
préjudice personnel.

- Les droits extrapatrimoniaux sont insaisissables : ne faisant pas partie du patrimoine


de la personne, ils ne peuvent être saisis par ses créanciers.

2- Mais ce sont des droits qui peuvent avoir des conséquences pécuniaires

Si les droits extra patrimoniaux sont hors commerce, ils peuvent néanmoins avoir des
conséquences pécuniaires. Ces conséquences peuvent être directes c’est-à-dire elles
peuvent découler de l’exercice même de ces droits par leur titulaire. C’est le cas de
l’exercice du droit à la recherche de sa filiation qui peut aboutir à l’obtention du
secours ou bien à la succession du père retrouvé. C’est également le cas du droit moral
qu’a un auteur de publier son œuvre. La publication de cette œuvre peut avoir pour
l’auteur certains profits pécuniaires.

Les conséquences peuvent aussi être indirectes. C’est le cas quand elles découlent de
la violation du droit par une tierce personne. Le titulaire du droit dans ce cas peut
demander une réparation qui lui sera accordée le plus souvent sous forme de
dommages-intérêts c’est-à-dire en argent. Si en effet le droit à l’image, à l’intégrité
corporelle, à la liberté ne sont pas évaluables en argent, leur violation peut conduire à

TCHALIM SAMAH A. 54
COURS INITIATION AU DROIT

l’obtention de dommages et intérêts en justice c’est-à-dire à une compensation


pécuniaire.

CHAPITRE II – LES SOURCES DES DROITS SUBJECTIFS

Il s’agit techniquement, des mécanismes juridiques qui donnent naissance aux droits
subjectifs. A cet titre, il faut retenir d’emblée que la source fondamentale des droits
subjectifs est le droit objectif. Il convient néanmoins de tenter une classification des
différentes sources des droits subjectifs. Il existe une classification classique à laquelle
s’oppose une classification moderne.

Section 1 : La classification classique

Elle se fonde sur la notion d’obligation. Derrière chaque obligation se trouve un droit.
On distingue, à cet égard, cinq sources d’obligations.

1°) Le contrat. C’est un accord de volontés destiné à créer des obligations. Suivant les
termes de l’article 1101 du Code civil « Le contrat est une convention par laquelle une
ou plusieurs personnes s’obligent, envers une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou
à ne pas faire quelque chose ».

2°) Le quasi-contrat. C’est un fait volontaire, licite, qui oblige son auteur envers les
tiers, parfois les tiers envers lui. Exemple : le toit de l’appartement d’une personne
absente menace de s’écrouler. Son voisin le répare, sans l’accord, bien évidemment,
de la personne absente. Il n’y a pas « accord de volontés » qui forme un contrat. Mais
il y a presque (quasi) un contrat. On considère que si la personne absente avait été
présente, elle admettrait la réparation ou réparerait elle-même le toit.

3°) Le délit (civil). C’est un fait illicite volontaire et même intentionnel. C’est le fait de
causer dommage à autrui avec l’intention de le causer. De cette faute intentionnelle,
découle l’obligation de réparer le dommage ou préjudice. C’est le sens (et le siège de
ce délit) de l’article 1382 du Code civil : « tout fait quelconque de l’homme qui cause
dommage à autrui oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ».

TCHALIM SAMAH A. 55
COURS INITIATION AU DROIT

4°) Le quasi-délit. C’est un fait illicite volontaire mais non intentionnel. C’est la faute
de négligence ou d’imprudence (article 1383 du Code civil). Exemple : en voulant
mettre une chaise dans l’amphi afin de mieux suivre le cours de l’introduction à l’étude
du droit, un étudiant piétine et blesse l’un de ses camarades. En roulant trop vite, un
autre tue un piéton.

5°) La loi. Elle fait naître parfois des obligations en dehors de toute volonté. Il en est
ainsi des obligations des père et mère à l’égard de leur enfant mineur.

La doctrine moderne a proposé une autre classification.

Section II – La classification moderne

Elle se fonde sur la distinction entre acte et fait juridiques.

Le critère de distinction entre ces deux sources réside dans le rôle joué ou non par la
volonté de la personne dans la naissance des droits subjectifs. Les deux sources sont
les actes et les faits juridiques.

Les actes juridiques sont des manifestations de volonté ayant pour objet de produire
des conséquences juridiques déterminantes. C’est la volonté de la personne qui sera à
l’origine des droits subjectifs qui vont naitre des actes juridiques. Exemple type : le
contrat, manifestation de volonté de deux personnes.

Le fait juridique est soit une situation de fait comme la naissance, la mort ou l’âge, soit
il peut s’agir d’une action de la personne qui va entrainer les conséquences juridiques
qui sont déterminés par la loi et non pas voulu par la personne concernée. Exemple,
fait d’avoir 18 ans change les droits des individus, accidents qui entrainent
responsabilité civile, personne agit mais ne veut pas les conséquences juridiques qui
en découlent.

TCHALIM SAMAH A. 56
COURS INITIATION AU DROIT

Paragraphe 1 : Les Actes Juridiques

Les actes juridiques ce sont des manifestations de volonté accomplis en vue


d’accomplir des effets de droit, en vue de créer des droits et des obligations et ce dans
les conditions fixés par le droit objectif. Un acte juridique en principe n’est pas soumis
à une forme particulière, la seule manifestation de volonté suffit à créer un acte
juridique, manifestation verbale.

I- Classifications :

A) Classification des Actes Juridiques :

Distinction des actes juridiques en fonction de leur objet. On peut distinguer 4 types
d’actes juridiques :

 Actes constitutifs : ont pour objet de créer des droits et des obligations.
Exemple type le contrat.
 Actes déclaratifs : ils constatent officiellement un droit ou une situation
préexistante. La reconnaissance d’un enfant. Cette reconnaissance vient
déclarer le lien de filiation entre un homme et un enfant.
 Actes translatifs : objet de transférer des droits préexistant d’une personne à
une autre. Exemple la donation.
 Actes abdicatifs : ont pour objet la renonciation à un droit ou à une situation
juridique préexistant. L’auteur du doit va décider de ne plus sans prévaloir.
Renonciation à la succession.

Distinction fondée sur l’auteur de l’acte qui conduit à envisager deux catégories d’actes
:

 Les conventions/ actes conventionnels : il s’agit d’acte juridique entre plusieurs


personnes. Exemple les contrats.
 Les actes unilatéraux : acte juridique qui repose sur la volonté d’une seule
personne. Pour produire des effets de droit ils doivent être admis soit par la loi

TCHALIM SAMAH A. 57
COURS INITIATION AU DROIT

ou par l’usage. Exemple le testament, reconnaissance de dette. Ces exemples


sont prévus par la loi.

Distinction en fonction du degré de gravité de l’acte. On peut distinguer trois types


d’actes :

 Les actes conservatoires : actes qui ne sont pas graves car ils conservent le
patrimoine dans son état actuel. Exemple : contrat de réparation, quand un bien
est en train de se détériorer on peut conclure un contrat de réparation.
 Les actes d’administration : ont pour objet de faire fructifier le patrimoine,
augmenter la valeur. Contrat de location, percevoir des loyers qui viennent faire
fructifier le bien.
 Les actes de disposition : acte le plus grave des actes juridiques car son effet est
d’entamer le patrimoine, diminuer, faire sortir un bien du patrimoine. Exemple
la vente.

Plus un acte est grave plus la loi vient protéger l’auteur de l’acte. C’est pour ça qu les
personnes incapables n’ont pas le droit de passer seul des actes de disposition.
Distinction fondée sur le motif de l’acte. On distingue deux espèces d’actes juridiques
:

 Actes à titre gratuit : ont pour motif une volonté de bienfaisance, il veut réaliser
une libéralité, acte qui ne recherche pas de contrepartie. Exemple donation
 Actes à titre onéreux : inspiré par une volonté d’échange, conclure un acte afin
de recevoir une contrepartie en échange de la prestation.

Distinction fondée sur le moment de la réalisation des effets de l’acte. On distingue


deux types d’actes :

 Actes entre vifs (entre personnes vivantes) : produisent leur effet du vivant de
leur auteur

TCHALIM SAMAH A. 58
COURS INITIATION AU DROIT

 Actes à cause de mort : actes dont les effets se produisent après la mort de leur
auteur. Exemple le testament.

Au sein des actes juridiques il y a des contrats qui donnent lieu à des classifications qui
leur sont propres.

B) Classifications Propres aux Contrats :

Les contrats sont des actes juridiques qui sont constitutifs, peuvent être translatifs et
ce sont des conventions.

Classification fondée sur les modalités de formation du contrat :

 Contrats consensuels : qui se forment uniquement par la rencontre des


volontés des partis au contrat. Ceux qui peuvent être conclu oralement. C’est le
principe en droit français.
 Contrats solennels : pour leur validité, les contrats solennels doivent être
conclus selon une forme imposée par la loi. Souvent la forme en question est un
écrit, parfois la loi impose que ce soit un écrit notarié, établie par un notaire.
C’est le cas du contrat de mariage. Il constitue une exception au principe des
contrats consensuels = principe du consensualiste.
 Contrats réels : qui se rapportent à une chose, ce sont ceux dont la validité
dépend de la rencontre des volontés des partis et qu’en plus ils ne sont valables
qu’à condition que la chose qui en est l’objet soit remise à l’autre partie.
Exemple, le contrat de dépôt.

Classification fondée sur la réciprocité ou non des obligations des parties :

 Contrat synallagmatique = contrat bilatéral : il y a une réciprocité entre les


obligations des parties, il y a un échange, l’une des parties exécute une
obligation en échange d’un bien. Art 1102 du Code Civil.
 Contrat unilatéral : ce sont des accords entre deux personnes au moins mais cet
accord ne crée d’obligation qu’à la charge de l’une des partis. Deux volontés

TCHALIM SAMAH A. 59
COURS INITIATION AU DROIT

mais des obligations seulement à la charge de l’une d’elle. Il est défini par
l’article 1103 du Code Civil.

La classification fondée sur la certitude ou l’incertitude des effets du contrat :

 Le contrat commutatif : lorsque les effets qu’il doit produire sont certains dès
sa conclusion.
 Le contrat aléatoire : lorsque les avantages et les pertes que le contrat peut
emporter dépendent d’un évènement incertain et extérieur à la volonté des
partis. Exemple le contrat d’assurance.

La classification tenant à la durée d’exécution des contrats :

 Les contrats à exécution instantanée : ils sont exécutés par une seule prestation
et ce en un trait de temps, d’un seul coup. Distinction entre la négociation et
l’exécution.
 Les contrats à exécution successive : ils comportent des obligations dont
l’exécution s’échelonne dans le temps. Ils supposent l’écoulement d’une
certaine durée. Exemple contrat de travail.

II- Condition de Formation des Contrats :

Ils sont de deux types, il y a des conditions de fond et de forme et chacune des
conditions donnent lieu à des sanctions particulières.

A) Conditions de Fond :

Elle concerne le contenu du contrat. Ce sont des conditions de validité des contrats, s’il
elles ne sont pas respectées, le contrat sera nulle, ne pourra produire aucun effet ni
pour le passé, ni pour le futur. Elles sont énoncées par l’article 1108 du Code Civil. Elles
sont au nombre de 4 (consentement, capacité, objet et la cause). Ces quatre conditions
peuvent être sous tendues soit par la volonté du législateur de protéger l’intérêt
particulier, soit l’intérêt général.

TCHALIM SAMAH A. 60
COURS INITIATION AU DROIT

1- Le consentement :

Le contrat se définie comme un accord de volonté entre deux personnes au moins. Il


faut que le consentement soit existant et libre, éclairée cela signifie qu’il doit être
donné sans violence, et en ayant conscience des effets qu’il va produire, sans
qu’aucune ne erreur soit produite. Il y 3 causes de nullité, on parle de vice du
consentement :

 Erreur : hypothèse dans laquelle une partie au contrat se trompe sur un élément
important du contrat, une qualité substantielle du contrat.
 Dole : forme d’erreur présentant la particularité d’être provoqué par le
cocontractant, l’une des partis est trompée par l’autre partie. Elle peut prendre
3 formes (manœuvre, mensonge, silence sur un élément essentiel).
 Violence (contrainte physique ou morale), elle peut émaner soit du
cocontractant ou d’un tiers.

Si l’un de ces vices existe le contrat pourra être annulé par le juge mais ces dernières
années pour éviter que le contrat soit conclu avec un consentement défectueux, des
lois récentes ont prévu les mesures préventives qui visent à améliorer le consentement
avant même qu’il soit donné. Surtout dans le code de consommation, améliorant le
consentement en leur fournissant des informations.

2- La capacité :

Elle se définie comme étant l’aptitude d’une personne à être titulaire de droit et
d’autre part à les exercer par elle-même (sans être assisté ou représentée par une
autre personne). L’incapacité juridique c’est l’inaptitude à être titulaire de droit et à
exercer. Elle concerne deux types de personnes : les mineurs et les majeurs protégés
(ceux dont les facultés physiques ou mentales sont altérés). Si un contrat est conclu
par une personne incapable, il sera nul.

TCHALIM SAMAH A. 61
COURS INITIATION AU DROIT

3- L’objet :

C’est son contenu, c’est-à-dire ce que doivent les partis au contrat. Ce sont les
obligations que fait naitre le contrat à la charge des partis. L’objet du contrat peut être
de trois sortes :

 Obligation de faire, exécuter une prestation.


 Obligation d’abstention, de ne pas faire.
 Obligation de donner, de transférer la propriété d’un bien pouvant être une
somme d’argent.

L’important étant que l’objet remplisse deux conditions :

 Il doit exister et doit être déterminé, les partis au contrat doivent se mettre
d’accord sur ce que chacune doit à l’autre.
 La condition de licéité de l’objet, il doit être licite, le contrat doit être conforme
aux règles impératives fixées par le droit positif. C’est l’article 6 du Code Civil qui
impose cette condition.

Certains biens ne peuvent pas faire l’objet de convention, ils sont hors du commerce.

L’équilibre entre les obligations des partis au contrat n’est pas une condition de
validité, l’objet du contrat n’a pas à être équilibré, un contrat est valable même si l’une
des partis doit exercer une obligation plus importante que le cocontractant. La validité
du contrat même en cas de lésion, déséquilibre entre les parties (principe libérale), art
1118 du Code Civil. Exception pour les incapables, prévoir mesure pour rééquilibrer
des contrats.

TCHALIM SAMAH A. 62
COURS INITIATION AU DROIT

4- La cause :

C’est la raison d’être du contrat. Pourquoi le contrat a-t-il été conclu ?

Dans les contrats synallagmatiques, la cause est la contrepartie que doit recevoir le
cocontractant. Il peut y avoir des mobiles, motifs plus spécifiques à chacune des
parties. Exemple : la cause générale d’une donation, faire un acte de bienfaisance mais
le mobile du donateur peut être plus spécifique. La cause doit exister mais elle doit
aussi être licite et morale.

B) Conditions de Forme :

Extérieur du contrat. Le principe en droit français est celui du consensualisme, la


validité du contrat n’est en principe soumise à aucune forme particulière. Le contrat
est valable par la seule rencontre des volontés des contractants = échange des
consentements. Pas d’article qui pose ce principe de manière générale. Exemple : la
vente, art 1138 du Code Civil prévoit que l’obligation de livrer la chose est parfaite par
le seul consentement des partis. Exception au consensualisme le formalisme,
hypothèse dans laquelle la loi impose certaine forme. Les formes peuvent être
imposées pour différentes raisons :

 Formalité de validité : cela rejoint deux types de contrat, solennel (écrit) et réel
(remise de la chose).
 Formalité de preuve : elles sont imposées pour pouvoir prouver le contrat en
cas de procédure judiciaire relative à ce contrat.
 Formalité de publicité : information des tiers au contrat
 Formalité administrative : prenne la forme d’autorisation administrative, ou
déclaration qui doivent être faite auprès de certaines administrations, souvent
le FISC.

TCHALIM SAMAH A. 63
COURS INITIATION AU DROIT

C) Sanctions :

Non-respect de ces conditions de fond et de forme. Conséquence que le droit positif


attache au non-respect des conditions de fond et de forme.

 La nullité : sanction du non-respect des conditions de validité du contrat Art


1108, et le non-respect des conditions de forme lorsque la formalité est requise
pour la validité. La nullité constitue une sanction judiciaire, elles doivent être
prononcées par un juge. Il faut saisir le juge pour que ce soit lui qui décide de
rendre nul le contrat. Soit la nullité est invoquée en demande (action en nullité)
ou en défense. La nullité emporte l’anéantissement total du contrat à la fois
pour l’avenir mais également pour le passé. La nullité est une sanction
rétroactive. Il faut remettre les partis au contrat dans l’état où elle se trouvait
avant la conclusion du contrat. Elle passe par des restitutions réciproques entre
les partis, restituer mutuellement ce qu’elles ont reçu.

On distingue deux espèces au sein des nullités : la nullité relative et la nullité absolue.
Pour les distinguer le critère c’est quel est l’intérêt qui était protéger par la condition
de la nullité n’ayant pas été respectée ? Intérêt particulier, la sanction est une nullité
relative, car relative à la personne qui était protégée par le consentement. Intérêt
général, la sanction est la nullité absolue, exemple exigence de licéité de l’objet et de
la cause. Des règles différentes doivent s’appliquer suivant les différentes nullités.

 L’inopposabilité du contrat : elle a un champ d’application très précis, sanction


du non-respect des conditions de publicité (formalité qu’impose la loi pour
avertir les tiers de l’existence du contrat). Le contrat est valable mais
inopposable aux tiers, que si un tiers veut faire valoir des droits qui soient
contraire au contrat, il le peut si le contrat n’est pas opposable.

TCHALIM SAMAH A. 64
COURS INITIATION AU DROIT

III- Effets des contrats :

Il faut distinguer les effets entre les partis, le contrat se caractérise par sa force
obligatoire. A l’égard des tiers l’effet du contrat est un effet relatif.

A) Force Obligatoire et Sanctions de l’Inexécution :

L’art. 1134 alinéa 1 du Code Civil dispose les conventions légalement formées tiennent
lieu de loi à ceux qui les ont faite. A partir du moment où le contrat est valable, il a
force de loi c’est-à-dire obligatoire entre les parties. Le contrat doit être exécuté dans
les conditions prévus au moment de sa conclusion même si ultérieurement les
circonstances viennent à changer. Cette force obligatoire s’impose au juge qui pourrait
être saisi par les partis. Le juge qui est saisi d’un contentieux portant sur un contrat n’a
pas le droit en principe de changer les termes du contrat. Si un contrat contient une
clause abusive le juge a le droit de la retirer du contrat. Le juge peut changer les termes
du contrat, il arrive que les juges modifient de leur propre initiative le contrat, s’il est
trop déséquilibré.

Les sanctions en cas d’inexécution ? Elles sont au nombre de trois :

 Exécution forcée en justice : comme le contrat est obligatoire si l’une des


parties n’exécute pas, son cocontractant peut saisir le juge qui ordonne à la
partie qui n’a pas exécuté, de satisfaire ses obligations.
 La responsabilité contractuelle : lorsque l’une des partis n’exécute pas le
contrat on considère que ça relève d’une faute, qui a pour conséquence la
condamnation en justice de ce parti à des dommages et intérêts
 La résolution du contrat : sanction radicale car anéantissement du contrat. Si le
contrat concerné est un contrat à exécution instantanée, la résolution de ce
contrat est rétroactive, il devra y avoir des restitutions réciproques entre les
partis. En revanche lorsque le contrat est à exécution successive, il doit s’écouler

TCHALIM SAMAH A. 65
COURS INITIATION AU DROIT

une certaine durée pour son exécution, la résolution n’est pas rétroactive, elle
anéanti le contrat que pour l’avenir.

Elles ne sont pas prononcées cumulativement. La partie qui est victime de l’inexécution
demande soit l’exécution forcée, soit en résolution soit des dommages et intérêts. Les
dommages peuvent être prononcés de manière autonome ou en plus des deux
sanctions d’exécution.

B) Effet Relatif :

Prévu par l’article 1165 du Code Civil, les conventions n’ont d’effets qu’entre les parties
contractantes, elles ne nuisent pas aux tiers. Cet effet relatif signifie que les contrats
ne peuvent pas nuire au tiers, on ne peut pas demander l’exécution d’un contrat d’une
personne qui ne la pas conclu. L’autre sens c’est que corrélativement les tiers ne
peuvent pas bénéficier des contrats auquel ils n’ont pas été partis. Ce principe dans ses
deux sens connaît des tempéraments car le contrat est une réalité qui peut concerner
les tiers, il arrive qu’un tiers puisse se prévaloir d’un contrat. Lorsqu’un contrat mal
exécuté porte préjudice un tiers. Exemple contrat de réparation qui est conclu entre
un propriétaire et un charpentier, ce dernier exécute mal le contrat car des tuiles se
détachent et un piéton s’en prend une sur la tête. Il pourra engager la responsabilité
du charpentier. Les actes juridiques créent des droits au bénéfice de leurs auteurs.

Paragraphe 2 : Les Faits Juridiques

Ce sont des évènements ou des agissements des individus auquel la loi attache des
effets de droit, création de droit subjectif et ce indépendamment de la volonté des
personnes concernés par ces effets de droit. Au sein de ces faits on distingue ceux qui
sont totalement involontaire (= effet de la nature), et ceux qui sont volontaires (= fait
de l’homme).

TCHALIM SAMAH A. 66
COURS INITIATION AU DROIT

I- Faits involontaires (faits de la nature) :

Ce sont des faits qui se produisent indépendamment de toute volonté humaine et qui
vont engendrer des effets totalement imprévus par la loi. Les faits involontaires sont
tout d’abord les évènements qui jalonnent la vie des personnes physiques et qui sont
indépendants de la volonté même de ces personnes physiques. La naissance, la
majorité dans ces cas la loi attachent des effets de droit. La force majeure constitue un
autre exemple de fait involontaire car se définit comme un évènement devant remplir
trois conditions : évènement extérieur à la volonté des individus, il doit être
imprévisible et il doit être insurmontable. Il constitue une cause d’exonération de
responsabilité.

II- Faits volontaires (faits de l’homme) :

Les faits volontaires ou faits de l’homme se définissent comme des faits voulus mais ce
qui est voulu c’est l’évènement déclencheur mais pas les effets de droit qui en
découlent (ils sont imposés par la loi).

A) Faits Volontaires Illicites :

Comportement volontaire répréhensible il constitue une violation à une obligation


générale de prudence ou de loyauté. Ce manque de loyauté est appel un délit en
matière civil (manquement à l’obligation général de prudence, de loyauté, de diligence.
Quand une personne commet une faute elle engage sa responsabilité civile sur le
fondement de l’art 1382 du Code Civil. Mais il y a aussi des responsabilités sans faute
qui existent dans le code civil :

La responsabilité du fait des choses : prévu par l’Art 1385 du CC lorsque la chose en
question est un animal. Le propriétaire d’un animal est responsable des dommages
causé par son animal. Article 1384 alinéa 1 : la cour de cassation décide que l’on est
responsable de tous les objets dont ont à la garde.

TCHALIM SAMAH A. 67
COURS INITIATION AU DROIT

La responsabilité du fait d’autrui, initialement était prévu par l’art 1384 alinéa 4 et
suivants, impose la responsabilité des parents pour le fait des dommages que cause
leurs enfants mineurs (art 1384 alinéa 4), responsabilité des employeurs du fait de leur
salarié.

On est responsable du fait des personnes dont on contrôle soit le mode de vie, soit
l’activité. Depuis 1991, la cour de cassation sur le fondement de l’article 1384 alinéa 1
décide qu’il existe une responsabilité générale du fait d’autrui indépendamment des
cas spéciaux des autres alinéas.

B) Faits Volontaires Licites :

Ils constituent eux aussi une source de droit subjectif. Les principaux faits volontaires
licites sont appelés les quasi contrats. Ils sont définis par l’article 1371 du Code Civil. Il
définit le quasi contrat comme étant un acte voulu qui se rapproche d’un contrat, qui
peut ressembler à un contrat (va faire naitre des obligations entre deux personnes)
mais en réalité il ne repose pas sur la manifestation de deux volontés comme dans le
contrat. Ce qui engendre les obligations c’est un déséquilibre qui va naitre entre les
personnes concernés.

La gestion d’affaire, hypothèse dans laquelle une personne sans en avoir le pouvoir (ni
par un texte, ni par un contrat de mandat) va s’occuper des affaires d’autrui. Exemple
: entre voisins, il y en a un qui part en vacances, il survient une tempête le voisin
présent prend de sa propre initiative de faire appel à un charpentier pour remettre des
tuiles. Il devra rembourser celui qui a fait venir le charpentier du prix. Le paiement de
l’indu : hypothèse dans laquelle une personne paie une dette qui n’existait pas, si elle
se rencontre son erreur elle peut demander le remboursement. L’enrichissement sans
cause : règle crée par la cour de cassation en 1892 : celui qui s’approprie sans cause
(sans qu’un texte ou contrat ne le prévoit) et ce avec un enrichissement corrélatif d’une
autre personne et bien l’appauvrit a droit d’exercer une action en paiement contre
l’octroi.

TCHALIM SAMAH A. 68
COURS INITIATION AU DROIT

Section III : La sanction des droits subjectifs

Comment le titulaire d’un droit peut-il faire respecter son droit ? Comment peut-il être
assuré que l’on respectera ses droits ? C’est le problème de la sanction des droits. Ce
qui est sûre, c’est que le titulaire d’un droit ne peut se faire justice à lui-même. Il doit
prouver son droit, ensuite il est admis à faire reconnaitre judiciairement son droit et
enfin une fois ce droit reconnu judiciairement, il peut l’exercer de force.

Ainsi, l’existence des droits subjectifs serait sans pertinence s’il n’y avait pas un
mécanisme de sanction pour assurer leur réalisation. La sanction des droits subjectifs
devient une donnée importante de leur protection.

Cette protection est nécessaire à la jouissance des droits. La protection est inscrite
dans des délais, c'est-à-dire le temps qui est accordé par la loi en vue de l’exercice d’un
droit. On parle de délai légal.

Mais le délai peut être contenu dans un contrat : on parle de délai conventionnel.
Lorsqu’on agit hors le délai, le droit ne se réalise pas. Il n’est pas protégé. Le titulaire
du droit est forclos.

La forclusion est la déchéance de la faculté d’agir, à la suite de l’écoulement du délai


prévu par la loi, par le contrat ou une décision de justice, pour accomplir une formalité,
poser un acte juridique, exercer une voie de recours.

Le temps agit ainsi sur le droit par l’effet de la prescription. Le délai de prescription est
celui au terme duquel les droits subjectifs s’éteignent à la suite de l’écoulement d’un
temps. Le délai de prescription, en droit commun est de 30 ans. Mais la prescription
peut être abrégée.

Mais, c’est la preuve qui permet au sujet d’assurer une protection efficace de son droit.
Prouver, c’est établir la vérité d’un acte ou d’un fait et en tirer des conséquences
juridiques.

TCHALIM SAMAH A. 69
COURS INITIATION AU DROIT

On distingue la preuve extrajudiciaire de la preuve judiciaire.

Paragraphe 1 : La preuve extrajudiciaire

Dans l’accomplissement des actes de la vie courante, toute personne cherche à


prendre connaissance de la preuve du droit ou du bien pour lesquels elle compte
s’engager. Avant d’acheter un terrain, on cherche à avoir la preuve de la propriété du
vendeur. Avant de conclure un contrat de travail, l’employeur requiert, souvent, la
preuve de la nationalité burkinabé du demandeur d’emploi, quelques fois, la preuve
de son état civil pour éviter d’engager un mineur. La femme établit dans certains cas
sa situation de mariée, et l’homme, dans d’autre, celle suivant laquelle il aurait la
charge des enfants au profit desquels il réclame à l’Etat des pensions. Ce sont des
preuves qui sont établie en dehors de toutes contestations judiciaires : ce sont des
preuves extrajudiciaires. Elles ne soulèvent pas des difficultés de l’importance des
preuves judiciaires.

Paragraphe 2 : Les preuves judiciaires

Le plaideur qui pose une prétention devant le juge doit-il prouver l’existence de la règle
de droit objectif qui fonde son droit ? La réponse donnée à cette question est négative
puisque le juge est censé, mieux que quiconque, connaître les règles du droit objectif.
Mais, on peut noter deux exceptions à ce principe :

- La première est que la partie qui se prévaut d’un usage doit en apporter la
preuve par la production d’attestations établissant cet usage.
- La seconde exception provient du fait que le juge n’est pas censé connaître la
loi étrangère. Ainsi, le plaideur qui se prévaut d’une règle de droit étranger est
tenu d’apporter la preuve de l’existence et du contenu de cette loi étrangère.
Exemple, un ressortissant de l’Ukraine veut divorcer au Burkina et le conflit
renvoie le juge burkinabé à appliquer la loi ukrainienne sur le divorce. Il faut
apporter la preuve de l’existence et de l’authenticité de la loi ukrainienne sur la
question.

TCHALIM SAMAH A. 70
COURS INITIATION AU DROIT

Si le plaideur n’est pas tenu de prouver le contenu de la règle de droit, il lui appartient
cependant de prouver que les circonstances prévues par la règle de droit objectif sont
réunies. Par exemple, l’article 1182 du Code civil prévoit que quiconque cause un
dommage à autrui, par sa faute, est tenu de le réparer. Il n’appartient pas au plaideur
de prouver au juge l’existence de l’article 1182 du C.Civ. Par contre, il lui faudra
démontrer qu’une personne lui a causé un dommage en commettant une faute.

Il se pose alors deux (2) questions : Qui doit prouver et comment doit-il prouver ?
Autrement, qui à la charge de la preuve ? Quels sont les moyens de preuve ?

A- La charge de la preuve

Dans le procès civil, il y a personnages qui jouent un rôle essentiel : le demandeur, le


défendeur et le juge.

La demande en justice est l’acte par lequel un plaideur saisit la juge afin que ce dernier
se prononcer sur le bien-fondé d’une prétention. Par exemple, celui qui revendique la
propriété d’un immeuble demande au juge de se prononcer sur la réalité de son droit
de propriété.

La question de la charge de la preuve amène à se demander qui doit prouver la


prétention du demandeur. Le demandeur lui-même ? Le juge ? Le défendeur c’est-à-
dire l’adversaire du demandeur ?

La preuve est une exigence en droit car : celui qui ne prouve pas sa demande, perd son
procès et, dans bien des cas, son droit. La solution judiciaire dépend ainsi de
l’établissement de la preuve.

En droit, il appartient à chaque partie de soutenir sa demande par les éléments de


preuve. C’est le sens de l’article 1315 du Code civil :

« Celui qui réclame l’exécution d’un obligation doit la prouver.

TCHALIM SAMAH A. 71
COURS INITIATION AU DROIT

Réciproquement, celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait qui a
produit l’extinction de l’obligation ».

La charge de la preuve incombe donc, en premier lieu au demandeur. Ce principe est


traduit par la formule latine : « actori incumbit probatio ».

Mais si le demandeur a fini de démontrer son droit, le défendeur qui veut contester
doit aussi fournir la preuve de sa prétention. C’est le sens de l’alinéa 2 de l’article 1315.

Par contre, le juge n’est qu’un acteur neutre : c’est un arbitre du débat entre
demandeur et défendeur. C’est lorsque les parties ont fini d’épuiser leurs moyens de
preuve, que le juge tranche.

Cependant, dans certains cas, le demandeur est dispensé de prouver. La loi établit
alors, dans ces cas, des présomptions. Suivant les termes de l’article 1349 du Code civil,
« les présomptions sont des conséquences que la loi ou le magistrat tire d’un fait connu
à un fait inconnu ». L’enfant qui naît dans un ménage où les conjoints sont mariés est
dispensé de fournir la preuve que son père est le mari de sa mère : c’est la présomption
de paternité. Le fait connu, c’est la situation maritale des parents. Le fait inconnu, c’est
la paternité de l’enfant. Puisque les conjoints sont mariés, le père de l’enfant est le
mari de la mère.

B- Les moyens de preuve

Par quels moyens, alors, peut-on faire la preuve d’un acte juridique ou d’un fait
juridique ?

Il existe divers modes de preuve mais on peut les classer en deux catégories : les
preuves préconstituées, ou a priori, et les preuves post-constituées ou, a postériori.

TCHALIM SAMAH A. 72
COURS INITIATION AU DROIT

1- Les preuves préconstituées ou preuves a priori

Il s’agit des preuves qui ont été constitués au moment où s’accomplit l’acte juridique.
Le type le plus achevé des preuves préconstituées est la preuve écrite ou preuve
littérale.

Cette preuve écrite peut être authentique. On parle d’acte authentique. L’acte est
authentique lorsqu’il est reçu par les officier publics qui ont le droit d’instumentum
selon les formalités requises. C’est la qualité du rédacteur qui communique certaines
vertus à l’acte qu’il dresse.

Au contraire, lorsque les parties après un acte juridique rédigent elle-même sans
officiers publics, on parlera d’acte sous seing privé.

2- Les preuves post-constituées ou preuves a posteriori

Ces preuves sont constituées après coup, lorsque le litige naît. Parmi ces preuves a
posteriori, certaines sont subjectives tandis que d’autres sont de nature objectives.

a- Les preuves de nature subjective

Ce sont des déclarations qui n’émanent pas des tiers mais de l’un des protagonistes du
procès. On range dans cette catégorie l’aveu et le serment.

- L’aveu : L’aveu est la déclaration par laquelle, en présence du juge, l’une des
parties reconnaît l’exactitude d’un fait qui lui est défavorable, allégué par son
adversaire. L’aveu est le devoir des honnêtes gens et est présenté comme une
présomption légale. On considère (on présume), en effet, que nul ne peut
mentir contre soi-même. Si on fait une déclaration contre ses propres intérêts,
c’est donc vrai. L’aveu doit être spontané. Mais le juge peut le provoquer par
ses interrogations à l’occasion de la comparution personnelle des intéressés. Le
sujet est lié par son aveu. Le juge également.

TCHALIM SAMAH A. 73
COURS INITIATION AU DROIT

- Le serment : Le serment est l’affirmation solennelle ou même religieuse par une


partie d’un fait ou de l’existence d’un acte qui lui est favorable. Le mot vient du
latin sacramentum qui signifie sacré, duquel résulte aussi « sacrément ». Dans
le serment, il y a l’honneur, la crainte du parjure, et chez certains, de Dieu ou
des mânes des ancêtres.
b- Les preuves de nature objective

Il s’agit des constatations effectuées par le juge lui-même, à l’occasion des transports
judiciaires. Le juge pourrait également procéder aux constats par voie de délégation. Il
délègue son pouvoir aux techniciens à qui il confie des missions précises : c’est
l’expertise.

Il s’agit également de la preuve par témoin, encore appelé preuve testimoniale. Le


témoin n’est pas une partie au procès. Il est supposé être impartial. Il pourrait prêter
serment dans les conditions fixées par la loi. Le témoin est celui qui, par lui-même a
vécu l’événement ou assisté au fait qu’il entend rapporter. Le témoin n’est pas un
sachant. Celui-ci est plutôt une personne qui détient des renseignements sur un fait ou
un événement et qui ne l’a pas vécu lui-même. Les déclarations d’un témoin sont plus
importantes que celles d’un sachant. Cela dit, il est interdit au témoin de mentir : il
aurait commis l’infraction punie par la loi pénale appelée faux témoignage et violé en
outre son serment.

Chapitre III : Les titulaires des droits subjectifs : les personnes juridiques

TCHALIM SAMAH A. 74

Vous aimerez peut-être aussi