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DEPARTEMENT DES SCIENCES DE LINFORMATION ET DE LA COMMUNICATION (DSIC)

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Année académique : 2021-2022

Intitulé du cours : DROIT DE LA COMMUNICATION


Niveau d’études : Master 1
Volume horaire : 20 heures
Nom de l’Enseignant : Emmanuel Thierry KOUMBA
Titre et grade : Docteur NR en Sciences de l’Information et de la Communication (Université Bordeaux Montaigne)
Téléphone : 077293938/ 066208352
Courriel : mulombikumba@yahoo.fr

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Il s'agit d'un cours de dimension générale et d'initiation au droit de l'information, de la communication et aux médias.
Il fournit les repères essentiels pour mieux comprendre comment certains types de conflits à caractère social sont encadrés
par le droit et interpréter correctement les décisions juridiques prises dans cette même matière.
Il permet de comprendre comment le droit appréhende certaines réalités immatérielles dans une architecture particulière du
droit français.
Il permet de comprendre les principales procédures juridictionnelles utiles en droit de l'information, de la communication et
des médias.
Il permet de comprendre la dimension internationale du droit des de l'information, de la communication et des médias.
Il permet de connaître les institutions qui jouent un rôle important dans le droit de l'information, de la communication et des
médias.
Il permet de connaître les grands principes du droit des journalistes, de l'information et de la communication à travers
n'importe quel média (surtout à cette heure de l'Internet triomphant).
1. Organisation pédagogique du cours
Cours magistraux, travail de groupe, mise en situation, exposés, discussions avec des Universitaires, des journalistes ou
spécialistes de droit et de communication de renom nationaux (ou étrangers de passage à Libreville).
Pour chaque séance, les étudiants doivent avoir lu et analysé un certain nombre de textes (lois, Décrets, Arrêtés…) distribués
ou rencontrés personnellement
2. Procédures/Modalités d’évaluation
Deux modes d’évaluation sont prévus : devoir sur table en classe et travail de groupe avec présentation en équipe (exposé),
sur l'actualité d'une institution gabonaise ou sur un fait d'actualité juridique en lien avec le cours.

a) Devoir sur table


Il s’agit de développer un sujet ayant un rapport avec le cours. L’objectif de l’étudiant ici est de montrer sa capacité à
argumenter avec cohérence et suivi sur une question.
b) Travail de groupe
En équipe raisonnable en fonction du nombre général des étudiants de la classe, le travail consiste à aller chercher des
informations sur le terrain afin de venir faire un exposé en classe.

3. Plan du cours
Introduction générale :
- Définitions des concepts de base: droit, information, communication et média
- Données historiques
- Enjeux actuels
- Problématique du cours : L'étude du droit en général doit-il aider un secteur de l'activité humaine qui connait une
évolution rapide comme celui du droit de la communication, à permettre le développement des habiletés requises afin de
comprendre les phénomènes juridiques et leur évolution?

Chapitre I: Les sources du droit de l'information et de la communication et l'organisation juridique


national
A - Les sources nationales du droit de l'information et de la communication
B - La hiérarchie des normes et la répartition des compétences entre la loi et le domaine réglementaire
C - La dualité de l'ordre juridique français (droit privé/droit public)
Chapitre II: Les sources du droit de l'information et de la communication et l'organisation juridique
africain
A - L'Union Africaine
B - Des missions marquées par l'intérêt général
C - Des publics usagers ou clients?
D - Une éthique de la communication publique
Chapitre III: Les sources du droit de l'information et de la communication et l'organisation juridique
international
A - L'ONU
B - L'UNESCO
C - L'Organisation Mondiale du Commerce
Chapitre IV: La régulation des médias et de la communication
A - Qu'est-ce que la régulation? Pourquoi la régulation médiatique?
B - Trois différentes conceptions de la régulation
C - Les nouvelles formes de régulation médiatique : autorégulation, corégulation
Chapitre V: La régulation des médias et de la communication (suite)
A - La régulation des médias en Amérique
B - La régulation des médias en Europe
C - La régulation des médias en Afrique
Chapitre VI: Les grands principes du droit de la communication et des médias
A - La liberté d'expression et la liberté de communication
B - Le droit du public à l'information
C - Le pluralisme, la concurrence et la limitation de la concentration
Chapitre VII: Les grands principes du droit de la communication et des médias
A - La protection des mineurs, la classification des films et des jeux vidéo
B - Le respect de la dignité humaine et l'interdiction de l'incitation à la haine
C - La diversité culturelle
Chapitre VIII: L'Etat et les médias
A - Histoire de l'intervention de l'Etat dans les médias
B - Le statut des chaînes publiques (ou le service public de radio ou de télévision)
C - Les dispositifs de soutien à l'industrie culturelle
Chapitre IX: Introduction au droit de la presse et à la responsabilité des journalistes
A - Le statut des journaliste
B -La déontologie journalistique
C - La responsabilité des journalistes
Chapitre X: Introduction au droit de la presse et à la responsabilité des journalistes
A - La diffamation
B - Le respect de la vie privée
C - Le droit à l'image
Chapitre XI: Le droit d'auteur et de la propriété intellectuelle
A - Les droits d'auteurs et les droits voisins
B - Le droit moral et le droit patrimonial de l'auteur
Chapitre XII : Le droit d'Internet
A - La neutralité d'Internet
B - La protection des données personnelles
C - La responsabilité des blogueurs dans les réseaux sociaux

4. Orientations bibliographiques
Ouvrages :
 BELLESCIZE (de) DIANE et FRANCESCHINI Laurence, Droit de la communication, Thémis, PUF, 2011.
 CORNU Gérard, Vocabulaire juridique, PUF, 2011.
 DEBBASCH Charles, Droit de la communication et des nouveaux médias, Dalloz.
 DERIEUX Emmanuel, Droit de la communication, LGDJ.
 EDELMAN Bernard, La propriété littéraire et artistique, QSJ, Paris, 2008.
 GAUDU François, Les 100 mots du droit, QSJ, Paris, 2010.
 LARRIEU Jacques, Le droit de l'Internet, Ellipses, Paris, 2010.
 LUCAS André, Propriété littéraire et artistique, Dalloz, Paris, 2010.
 MBONGO Pascal, PICCIO Carine et RASLE Michel (dir.), La liberté de la communication audiovisuelle au
début du XXI è siècle, L'Harmattan, Paris, 2013.
 RAVAZ Bruno et RETTARER Stéphane, Droit de l'information et de la communication, Ellipses, 2006.
 REGOURD Serge, Droit de la communication audiovisuelle, PUF.
 TRUDEL Pierre, Droit de l'information et de la communication-Notes et documents, Thémis, Montréal, 1984.
 TRUDEL Pierre, La responsabilité des médias en ligne,( Etude), GTJAJL, Québec, 2010.

7. Références des travaux de l’Enseignant


a) Thèse de Doctorat
KOUMBA Emmanuel Thierry, Presse écrite et Engagement politique au Gabon, Thèse de Doctorat
NR de l’Université Montaigne de Bordeaux III, mars 1997.
b) Articles et ouvrages
- Etats des lieux de la communication en République gabonaise: Défis et perspectives, Mincom/ Unesco, 2014.

- KOUMBA Emmanuel Thierry, Médias et construction démocratique au Gabon. Enquête sur la


presse et son pouvoir, in Les enjeux de la communication : NTIC, médias, démocratie et relations
publiques au Gabon, Presses Universitaires du Gabon, 2013.
- Etude sur le développement des médias au Gabon, PIDC/Unesco, 2012.

8. Déroulement du cours
Le cours se déroule sur 15 séances de 2 heures chacune (mercredi de 7h30 à 9h20).

Synthèse du cours
- Définitions des concepts de base:

 Droit : ensemble de règles juridiques.


 Information : C'est un bien, un service, une marchandise ou un produit...immatériel? Aujourd'hui et au-
delà du support ou du contenant, l'évolution actuelle des médias mène automatiquement vers le
contenu. C'est-à-dire, l'information. On parle de plus en plus de convergence numérique. Ainsi,
l'information va apparaître comme :
- un bien, au regard de sa rareté;
- un produit, en considérant sa reproduction massive;
- une marchandise, en prenant en compte sa valeur et sa matérialité;
- ou un service, en ne négligeant pas son utilité.
Et lorsque l'on tente de définir ce qu'est l'information, on ne peut tous être d'accord. Parce que, si les nombre
uses définitions ne se complètent pas, elles se superposent.

 Communication : La communication consiste à transmettre des messages aux différents publics afin de
modifier leurs niveaux d'information, leurs attitudes et comportements. Toute communication est un acte
social. Issue de la relation sociale, la communication forme, maintient et/ou transforme la relation.
 Média : La notion de média, concept vaste et stéréotypé, se doit d’être délimitée et précisée pour
comprendre les enjeux des débats les concernant.
En réalité, média - on peut également dire médium (un médium, des média(s) )- est l’abréviation usuelle
du mot américain mass média qui signifie « intermédiaire de masse ». Au sens large, on désigne par ce terme
tout moyen de communication qui permet de transmettre des messages entre un émetteur (la source du
message) et un ou une multitude de récepteurs (les destinataires du message). Dans ce sens, même la tradition
orale, la rumeur, une carte postale ou encore le téléphone sont considérés comme média à part entière.

 Droit de l'information et de la communication : Ensemble de règles applicables aux acteurs et


supports de la communication. Il est subdivisé en diverses branches dont les deux principales sont le
droit de la presse et le droit de la communication.

- Données historiques, enjeux actuels et problématique du cours :

Depuis Guttenberg et son imprimerie, les médias sont le lieu et l'enjeu de toutes les libertés de la pensée. Ils sont
le reflet des systèmes politiques, en même temps qu'ils en constituent un élément essentiel. Moins qu'un
"pouvoir" au sens de Montesquieu (le quatrième pouvoir) ou bien celui qui dépasserait en puissance, les trois
autres, mais beaucoup qu'un enjeu. C'est-à-dire, un moyen pour les forces qui sont à l'œuvre dans la société.

Ce que changent les médias, ce sont les conditions d'exercice de toutes les libertés de la pensée, depuis la
formation de celle-ci jusqu'à son expression. Ce qu'ils influencent ou déterminent, c'est l'aspiration des hommes à
communiquer les uns avec les autres, leurs manières d'être et de vivre ensemble. Ainsi, de la préhistoire de
l'information "publique" à l'explosion actuelle des médias, l'essor des libertés de la pensée connait des étapes
successives, que singularise un certain contexte, décisif pour l'exercice de ces libertés. Ces étapes, sont
également singulières par l'idéal qu'elles se donnent, à l'endroit des libertés de la pensée.

La doctrine libérale de l'information est l'un de ces idéaux : produit de l'histoire, bien plus que schéma de l'esprit,
elle constitue cette ultime justification, dans les démocraties qui se veulent libérales, de la concurrence à laquelle
se livrent des sources et des organes d'information indépendants, également ardents, chacun à conquérir ou à
conserver la plus grande audience possible. Dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ces mêmes démocraties
ont prétendu renouveler la problématique de la liberté d'information en ouvrant un débat autour du "droit du
public à l'information" et de la "responsabilité sociale" des médias. Débat que prolongeait, dans une certaine
mesure, le plaidoyer de jean d'Arcy en faveur du "droit de l'homme à la communication".

Au tournant des années 1980, c'est le défi des nouvelles techniques de diffusion et de communication, en même
temps que la revendication du Tiers Monde pour un Nouvel Ordre Mondial de l'Information et de la
communication, qui pose à nouveau le problème de la liberté d'information, de son champ d'application des
conditions de son exercice. Ce que les uns et les autres réclament, confusément d'abord, de façon un peu moins
implicite ultérieurement, c'est la liberté de communication.

En posant le principe de la liberté d'utilisation des médias, la liberté de communication apparait comme l'une des
modalités de la liberté d'expression, d'autant plus importante que nous nous éloignons de la civilisation des
machines, pour nous diriger vers une société et une économie dominée par les activités de la communication.
Simultanément, elle frappe de caducité la problématique et la doctrine de la liberté de l'information, condamnant
du même coup pour illégitimité certaines des règles qui en sont issues. Ces règles et cette doctrine
appartiennent à cet âge, aujourd'hui révolu, où la presse écrite était encore l'instrument privilégié et l'unique
symbole de la liberté d'expression.

La problématique de ce cours est simple : l'étude du droit en général doit-il aider un secteur de l'activité
humaine qui connait une évolution rapide comme celui du droit de l'information et de la communication, à
permettre le développement des habiletés requises afin de comprendre les phénomènes juridiques et leur
évolution?
Pour le plus grand nombre de spécialistes, le droit de l'information et de la communication est envisagé comme
étant celui qui vise l'encadrement des situations dans lesquelles un émetteur et un récepteur, situés à distance,
sont mis en relation.

Le nombre de règles de droit susceptibles de tomber dans cet ensemble étant évidement considérable, il ne
saurait être question de les étudier toutes dans le cadre limité de ce cours de 2 ème Année. Même si une telle
étude était possible, elle devrait être constamment reprise en raison de la volatilité des règles destinées à régir
un domaine en évolution très rapide.

Une autre approche est donc nécessaire pour se familiariser efficacement avec le droit de l'information et de la
communication. Il importe de se donner les moyens d'agir efficacement dans un monde en changement accéléré.
Tout comme il faut également savoir transposer en règle de droit pratiquement applicable les valeurs de plus en
plus complexes et exigeantes qui confrontent les environnements d'information. Ce sont des habiletés de ce
genre que ce cours veut donc aider à développer.

De ce fait aussi, les chercheurs divergent donc sur le rôle véritable des médias :
Si pour les uns, les journalistes doivent soutenir les instances gouvernantes et divulguer uniquement les
informations ayant reçu l’aval des autorités; pour les autres, au contraire, les médias doivent être les "gardiens"
de l’Etat, pour enquêter sur les abus de pouvoir de cet Etat et les dénoncer.

Si pour certains il faut une presse partisane, qui défend des causes et prend position ; d'autres soutiennent que
les journalistes doivent être objectifs et impartiaux.

Si d’aucuns pensent que la presse doit respecter et refléter les institutions et traditions sociales. D’autres
considèrent qu’elle doit, au contraire, les remettre en question.

Par-delà ces désaccords, ce cours de "Droit de la communication" évoque l’existence de normes présidant aux
privilèges et responsabilités d’une presse libre dans une société libre. Parce que :

- Une presse libre et indépendante est essentielle à toute société libre.

Mais qu’entend-on par " presse libre " ? Il s'agit d’une presse non soumise à une réglementation ou à un contrôle
excessif de la part des pouvoirs publics. Une presse affranchie de toute influence financière immodérée émanant
du privé, notamment des annonceurs, affranchie également des pressions économiques et sociales exercées par
les entreprises du secteur privé.

Parce que encore :

- Une presse libre et indépendante donne à ses lecteurs, à ses téléspectateurs et à ses auditeurs, les
informations dont ils ont besoin pour jouer pleinement leur rôle de citoyen au sein d’une société libre.

- La presse libre est courageuse et enquête sans peur ni complaisance sur les sujets qui comptent aux
yeux de son lectorat et de son audience. Elle rejette les hypothèses toutes faites, remet en cause les
autorités et recherche la vérité quel que soit l’endroit où la mènent ces investigations – aux allées du
pouvoir, aux propriétaires des organes de presse, voire à la mort.

Une presse libre est responsable

Même si la notion de responsabilité diffère selon les pays et évolue même d’année en année. Pour beaucoup, les
critères en temps de paix et de stabilité semblent tout autres que ceux qui prévalent en cas de guerre ou de
catastrophe nationale.

La qualité de l’information aujourd'hui, malmenée par le présentisme des réseaux et des communications
numériques, requiert au contraire un besoin de régulation, tenant compte des médiations déjà existantes mais
souvent réduites à la marge, ouvertes sur les capacités d’analyse et de réflexivité du public, et susceptibles de
maintenir une exigence argumentative. La plupart des sociétés conviendront sans doute que même la presse la
plus libre doit faire usage de sa liberté en gardant à l’esprit que ses actes et ses choix éditoriaux ne sont pas
dénués de conséquences, parfois lourdes. Les médias détiennent un immense pouvoir qui peut affecter la vie de
millions de personnes. Comme toutes les institutions puissantes, ils doivent être disposés à entendre les plaintes,
à expliquer leurs décisions à leur public, à reconnaître et corriger leurs erreurs. Mais il leur faut aussi être prêts à
prendre des positions impopulaires, à affronter vaillamment la critique lorsque des principes essentiels sont en
jeu.

Il n’en reste pas moins que certains principes essentiels sont immuables. Une presse libre doit rechercher et
rapporter la vérité. Elle doit, sans relâche, viser l’exactitude et l’atteindre. Pour Pierre TRUDEL :"Jamais les
médias ne doivent publier sciemment une information mensongère".

Liberté d’expression et liberté de la presse

Aux Etats-Unis, la presse est majoritairement affranchie de la tutelle de l’Etat de par la loi. Le Premier
Amendement à la Constitution interdit au Congrès ou aux assemblées législatives des Etats de prendre toute
disposition qui restreindrait la liberté d’expression ou celle des médias. Ces termes sans aucune équivoque sont
nés sous la plume des révolutionnaires au lendemain de la guerre d’Indépendance (1775-1783), à une époque de
vibrant optimisme mais aussi de grande incertitude.

Durant les deux cents ans et plus qui ont suivi, les tribunaux du pays ont donné du Premier Amendement une
interprétation forte, mais pas tout à fait absolue. La Cour suprême des Etats-Unis a clairement établi que certains
propos, comme le détail des mouvements de troupes en temps de guerre, ne ressortaient pas du Premier
Amendement. Parmi d’autres exceptions, citons les restrictions relatives aux obscénités ou aux provocations
verbales qui pourraient inciter à la violence ou à des actes criminels. Par ailleurs, les médias sont presque
toujours assujettis aux lois d’application générale, c’est-à-dire celles concernant tout un chacun sans faire
mention d’obligations ou de sanctions spéciales pour la presse.
La responsabilité de la presse

Mais qui surveille le gardien ? Qui s’assure que les médias rendront des comptes ?

Dans certains pays, il s’agit des pouvoirs publics. Des lois, règlements et codes régissent le comportement des
organes de presse. Dans ces Etats, les droits des journalistes ont souvent pour pendant des responsabilités.
L’ennui, c’est que la définition que donnent les gouvernants de la responsabilité diffère parfois beaucoup de celle
des médias, voire de celle du public.

Dans d’autres pays, la tutelle est assurée par la presse elle-même, ainsi que par ses lecteurs, auditeurs et
téléspectateurs.

Dans certaines régions du monde, les organes de presse ou les journalistes à titre individuel adhèrent à des
codes de déontologie comme celui de la National Union of Journalists au Royaume-Uni.

Ailleurs, c’est la loi qui impose des normes éthiques. Aux Etats-Unis, certains médias ont élaboré leurs propres
chartes en la matière. En général, ces codes ou guides fixent les règles présidant aux conflits d’intérêt, d’ordre
financier ou autre, au sein de l’entreprise. Par exemple, il y aura une directive pour interdire à un journaliste
d’enquêter sur une société dans laquelle travaille son conjoint. Ou une autre défendant de participer aux
manifestations, d’apposer un slogan politique sur sa voiture, d’arborer une pancarte dans son jardin ou de porter
un drapeau national au revers de sa veste lorsqu’on est en reportage.

Les journalistes peuvent se voir interdire d’accepter de leurs sources un présent, même symbolique. Ce genre de
principe vise à conserver à l’indépendance du journaliste à la fois sa réalité et son apparence.
Il pourrait sembler superflu d’instaurer des règles éthiques concernant l’obligation d’être exact et de rapporter la
vérité. Mais après les affaires de reportages montés de toutes pièces, voire de plagiats, de la part notamment de
Jayson Blair du New York Times, de nombreux médias ont révisé leur code de bonne conduite et affirmé
clairement qu’aucune de ces pratiques ne pouvait être admise ni pardonnée au sein d’un organe de presse
responsable.

Il arrive que l’éthique et le droit se rejoignent. Ainsi, en Irlande du Nord, Suzanne Breen, résidant à Belfast et
rédactrice en chef du Sunday Tribune de Dublin, se retrouva face à un dilemme juridique et déontologique après
avoir reçu une revendication téléphonique pour l’assassinat de deux soldats de la caserne de Massereene à
Antrim. La police exigeait la remise de son téléphone mobile, de ses fichiers informatiques et de ses notes
concernant ses contacts avec l’organisation paramilitaire de l’IRA véritable. La journaliste refusa au motif qu’un tel
acte constituerait une violation de son obligation professionnelle de préserver la confidentialité de ses sources.
Elle avoua aussi franchement qu’elle mettrait en danger sa vie et celle des membres de sa famille en obéissant
aux forces de l’ordre. Mais en se soustrayant à leurs injonctions, elle risquait jusqu’à cinq ans d’emprisonnement
pour outrage à un représentant de la force publique.

En juin 2009, un magistrat de Belfast statua sur la question : obliger Suzanne Breen à se défaire du résultat de
ses investigations la mettrait en danger de mort, ce qui était contraire à la Convention européenne des droits de
l’homme.

En revanche, aux Etats-Unis, la journaliste du New York Times Judith Miller refusa de coopérer à une enquête
criminelle visant à démasquer le fonctionnaire qui avait révélé l’identité d’un agent secret. Judith Miller déclina les
citations à comparaître en qualité de témoin, même après des décisions judiciaires spécifiant que les membres
de la presse n’étaient pas tenus au secret professionnel concernant leurs sources. Elle subit 85 jours de
détention en 2005. Une partie de la magistrature et de l’opinion publique était d’avis que les journalistes ne
pouvaient se placer au-dessus des lois.
Mais les règles déontologiques de la plupart des organes de presse font obligation d’honorer les promesses
effectuées auprès d’une source, même au prix d’une incarcération. Les dispositions juridiques et éthiques
diffèrent selon les pays. Les avis autorisés – même chez les journalistes – divergent quant à leur application dans
certaines situations et à la justesse de l’équilibre qu’elles instaurent entre des intérêts sociaux conflictuels.

Protection de la vie privée et diffamation

Un journaliste a-t-il parfois le droit de violer la vie privée d’autrui ? La Cour suprême des Etats-Unis a rendu un
arrêt autorisant la presse à publier le nom de la victime d’une agression sexuelle. Mais est-il convenable d’agir
ainsi ?

La presse peut-elle se moquer d’un fonctionnaire ou ridiculiser un nom ou une image sacrée pour certains
groupes ethniques ou religieux ? Aux Etats-Unis, après la satire du bouillant révérend Jerry Falwell, pasteur et
télévangéliste, par le magazine pornographique Hustler, la Cour suprême décida qu’une société libre devait
tolérer tous les propos, aussi « outranciers » soient-ils, afin de garantir la vigueur du débat public. « Il n’existe pas
d’idée fausse, écrivit un des magistrats de la Cour. Aussi pernicieuse qu’elle puisse paraître, une opinion ne
saurait être corrigée par la conscience des juges et des jurés, mais par sa confrontation avec d’autres idées. »
En revanche, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a adopté en mars 2008 une résolution
condamnant la « diffamation religieuse ». D’autre part, de nombreux Etats conservent et appliquent des lois
qualifiant de crime ou de délit toute insulte ou « atteinte à la dignité » de la personne, y compris des
fonctionnaires – et même si les faits sont véridiques.

La Cour suprême des Etats-Unis n’a jamais soutenu aucune tentative des autorités visant à empêcher la presse
de publier des informations secrètes. Des débats acharnés ont lieu régulièrement sur la question de savoir si les
journalistes peuvent être poursuivis pénalement pour espionnage. En Chine, par exemple, le vol de secrets d’Etat
est un crime, quel que soit son auteur, et le secret d’Etat se définit de manière extrêmement large. Pourtant,
même si elle n’est pas en infraction avec la loi, la presse a-t-elle raison de révéler des informations classées
secrètes, d’autant que cette divulgation renseignerait les terroristes sur les techniques de surveillance et saperait
les mesures de protection de la sûreté et de la sécurité mises en œuvre par le contre-espionnage ?

Transparence
Malgré ces préoccupations, le terme de « transparence » est devenu un mot d’ordre dans la société civile. Les
institutions, publiques et privées, sont priées d’être plus communicatives en ce qui concerne leurs opérations, leur
financement, leur administration. La numérisation des données et l’omniprésence de l’Internet peuvent y
contribuer. Mais l’accès universel à l’information soulève de nouvelles interrogations sur la sécurité et la
protection de la vie privée et il aggrave les difficultés liées à la protection des droits d’auteur et de la propriété
intellectuelle.

Paradoxalement, certains considèrent la technologie qui accroît l’accès à l’information comme une menace contre
d’autres droits fondamentaux comme le droit au respect de la vie privée ou, comme l’a écrit un juriste américain,
le droit « à la tranquillité ».

Ajoutons à ce mélange instable les légions de blogueurs et journalistes citoyens non identifiés, échappant à tout
contrôle apparent, dont la verve le dispute au manque de formation ou de qualification. Ils fournissent certes un
contrepoint animé aux médias traditionnels, nul n’en doute. Mais leur tendance à remettre en cause les
conventions et à mépriser toute règle ne conduira-t-elle pas à des tentatives plus sérieuses de réglementer la
presse ?

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