COURS DE DROITS FONDAMENTAUX

Leçon n°1 le droit des « droits & libertés fondamentaux : définitions et interactions
Une réflexion générale sur le cadre et l’appréhension des droits et libertés fondamentales…

Introduction
– Une constante : l’inflation du discours sur les libertés fondamentales…
– Des droits et des libertés ! Pour qui ? :
– Dans les régimes totalitaires ou autoritaires
– Dans les démocraties
– Triple constat :
– La démocratie politique ne garantit pas toujours le développement des libertés
– Sensation de peur : La sécurité plus forte que la liberté
– Les nouvelles menaces aux droits fondamentaux : un accroissement des risques
?
– Trois questions à examiner
1. Les rapports existants entre les libertés et le droit ?
2. La distinction entre les droits et les libertés ?
3. Un mouvement continu d’extension des libertés fondamentales ?

Section 1 - Les rapports entre le droit et les libertés 

– Question réversible : Le droit défend-il les libertés ou les limite-t-il ? ou Le droit est-il
la condition de sa reconnaissance sociale et de son accomplissement ?

Plan du cours de droits fondamentaux – Prof. X.Philippe – Licence 3

§ 1 - Des rapports complexes
– Un constat : la liberté précède le droit !
1. Première observation : le « droit » ne peut exister sans reconnaissance préalable
d’une existence de la liberté
2. Seconde observation : le droit introduit un élément perturbateur dans l’exercice des
libertés
– Une contradiction : la loi comporte une fonction de prescription d’un comportement
qui peut être contraire à la liberté !
§ 2- La liberté n’est pas absolue : si la liberté est protégée et garantie par le droit, la liberté est
également limitée par le droit

– Trois manières de percevoir les rapports entre le droit et les libertés :

1. Une liberté absolue dans un monde clos
2. Une liberté affectée par la relativité des destinataires auxquels elle s’adresse
3. Une liberté ancrée dans la réalité sociale
Illustrations :
– La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen
– La jurisprudence constitutionnelle : reconnaissance, compétence et conciliation
– Conséquence : une implication indispensable de la règle de droit dans la mise
en œuvre des libertés et droits fondamentaux (article 28 de la Déclaration
universelle des droits de l’Homme de 1948)
§3 - Liberté et droit forment un couple indissociable

– « Toute liberté a besoin de reconnaissance » juridique

– Les libertés ne peuvent se concevoir sans norme juridique : proclamation &
sanction
– Le passage des libertés aux droits : condition & conséquence ;
concrétisation (opérationnalisation)
– Spécificité de toute théorie générale des libertés fondamentales : la
proclamation des libertés par le droit va de pair avec la garantie juridictionnelle
des libertés

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 – Illustration dans la Déclaration de 1789 : article 16 : « Toute société dans
laquelle la garantie des droits n’est pas assurée n’a point de Constitution ».
– Association du couple « droits et libertés » avec l’idée de Constitution
– De la reconnaissance interne à la reconnaissance internationale…
– Mouvement de constitutionnalisation et mouvement quasi concomitant
d’internationalisation des droits et libertés : Droit international des droits de
l’Homme
– Emprise progressive du Droit international des droits de l’Homme sur
l’ensemble des droits et libertés
– Protection multidimensionnelle des droits et libertés fondamentaux (interne,
régionale, internationale) : se traduit par une multiplication des protections et par un
brouillage des distinctions entre droits et libertés

Section 2 - La distinction entre les droits et les libertés

Débat important : triple distinction : conceptuelle ; opérationnelle ; contentieuse

– Tendance du droit positif : assimilation
– Question : Quelle(s) différence(s) entre un droit et une liberté ?
– Réponse : les conséquences ne sont pas les mêmes
– Entre liberté et droit : effet de concrétisation d’une liberté par un droit ;
ex. : le « mariage entre personnes du même sexe » reconnu en France
en 2013
– Liberté peut exister aussi sans le droit ; ex. « liberté de se suicider »
– Conséquence importante en termes d’effectivité et de protection
juridictionnelle : deux exemples de droits fondamentaux non sanctionnés dans
le cadre de la procédure de référé-liberté (art. L 521-2 CJA)
– Le « droit à un environnement sain »
– Le droit à la santé
– De la reconnaissance à la justiciabilité…
– Consécration des libertés et détermination de leur contenu : proclamation,
reconnaissance et opposabilité
– La liberté : faculté, pouvoir (d’agir, de faire, de penser…)

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 –
Le droit : prérogative ou prétention subjective juridiquement reconnue
et établie en vertu du droit objectif
– Rapprochement entre les deux concepts 
– Maintien de différences :
– Tous les droits ne mettent pas en jeu une liberté
– Toutes libertés ne sont pas des droits
Section 3 - Toujours plus de liberté(s), toujours plus de droits ?

§ 1 – Les termes du débat

– Histoire : une conquête ininterrompue des droits et libertés
– Passage du droit naturel au droit positif
– La naissance de la théorie (explicative) des différentes Générations des droits
– Première génération (bleu) : les droits civils et politiques
– Deuxième génération (rouge) : les droits économiques et sociaux :
– Troisième génération : les droits des nouvelles technologies
– Quatrième génération (vert) : les droits de solidarité
intergénérationnelle
– Un développement infini ?
– Question : la liberté : un exutoire de toutes les revendications ?
– La liberté : un prétexte à la revendication permanente et lieu d’expression de
toutes les outrances ?
– Demande de reconnaissance juridique des revendications soutenues par
différentes sphères (individu, groupe, État)
– Revendications contre les transformations sociétales
– Le sentiment d’insatisfaction : la naissance d’un droit à réclamation ?

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 – Le développement d’une « dogmatique des droits et des libertés »
§ 2 - Les menaces pesant sur le développement continu des droits et libertés

A - Problématique
– Un développement continu ou un possible déclin ?
– Un développement des droits et libertés évolutif avec les transformations de
l’humanité ; Ex. : développement des progrès techniques et technologiques
– Qui protège les libertés ?
– Le juge : interprétation des droits et libertés fondamentaux
– Le législateur ou le pouvoir constituant
– Les autorités internationales ou régionales
– La reconnaissance par le Droit objectif de nouveaux droits subjectifs un facteur
de progrès ?
– La conquête des droits et libertés : suppression de la peine de mort, droit à
l’avortement, égalité successorale des enfants légitimes et naturels, protection
contre les écoutes téléphoniques, dépénalisation d’actes homosexuels entre
adultes
– Le soutien du juge à la progression des droits…
– Cour EDH : la CEDH est « un instrument vivant qui doit être interprété à la
lumière des conditions de vie actuelle »
– Cours constitutionnelles : droits et libertés posés par les textes s’inscrivent
dans une « liste ouverte »
– Illustration : Cour constitutionnelle allemande arrêt du 8 novembre 2017 Von
K… sur le 3ème sexe : « la législation doit tenir compte de l'évolution des
connaissances actuelles sur les problématiques d'indétermination sexuelle »
– UE : Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne prévoit à la fois
– des clauses dites « de non régression des droits »
– une clause dite de la « protection la plus favorable »
B - Les risques ou dangers résultant de l’accroissement des libertés
– Premier danger : plus il y a de droits reconnus, plus il y a d’antagonismes potentiels
entre leurs différents titulaires
– Tous les droits et libertés sont en interaction

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 –Les droits et libertés fondamentaux s’inscrivent dans une pluralité de systèmes
de protection
– Second danger : le risque d’absorption de la liberté par l’égalité
– La liberté se fond dans l’égalité
– Liberté = similarité absolue

§3 - Les critiques formulées à l’encontre des droits et libertés

Deux considérations majeures :

– Les droits de l’Homme sont inefficaces parce qu’ils sont hétérogènes.
– Le relativisme et l’universalisme des droits de l’Homme doit être remis en
cause

A - L’hétérogénéité des droits de l’Homme

– Des droits et libertés contradictoires et conflictuels

– Une succession des « générations de droits » illustrant les conflits et antagonismes :
– Des titularités différentes entre les 1ère et 2ème génération
– De l’abstention de l’État à l’intervention de l’État
– Une distinction entre « droit de » et « droit à » : droit contre l’État et droit sur l’État
– Droits de la troisième génération : quelle justiciabilité ? Des droits
programmatiques plus que des normes contraignantes

B - Relativisme et universalisme des droits de l’Homme

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 – Le relativisme des droits de l’Homme : une condamnation de la prétention à
l’universalité des droits de l’Homme ?
– Droits de l’Homme : un produit de la culture occidentale ?
– Un facteur de domination ?
– Anthropologie politique et ethnologie :
– Un individualisme marqueur spécifique de l’Occident
– Une doctrine se situant à l’opposé de certaines cultures
– Extension de « l’universalisme des droits de l’homme » au modèle politique ?
– Un discours sceptique face aux droits de l’Homme s’étend dans les
démocraties libérales
– Le développement d’un discours anti-droits de l’Homme : respect de
l’autonomie des expériences nationales et d’une autre forme de respect de
l’identité nationale
– La réactivation du discours de condamnation contre toute forme d’ingérence
dans les affaires intérieures des États au nom de la défense des droits de
l’Homme
– Des données politiques et historiques contribuant à augmenter le discrédit
– Illustration : Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples : accent
mis en première intention sur le droit des peuples comme condition de
réalisation des autres droits de l’Homme
– Une critique de l’universalité ?
– La mise en avant de la variante économique : la nécessité économique
justifie le non-respect des libertés (comp. Urgence)
– Efforts déployés par les pays en développement : repenser les niveaux du
standard applicables dans les démocraties industrielles et post-industrielles
– Perception occidentale des droits de l’Homme : à première vue, triplement
condamnable :
– Importée et parfois utilisée pour justifier l’emploi de la force (voir le
cas de l’Afghanistan et de l’Irak),
– Un luxe de pays riches, concrètement inadaptés aux pays pauvres ?
– Freine le développement des pays pauvres en leur imposant des charges
indues.
– La distinction entre universalité et universalisme des droits et libertés

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 – Une première réponse fondée sur la distinction entre universalité et
universalisme des droits et libertés ni le même sens ni la même portée
– Universalité des droits de l’Homme - trois conséquences :
– Attribution des droits et libertés à tous les êtres humains
– Caractère général et abstrait des droits de l’Homme
– Droits de l’Homme concernent potentiellement toutes les sociétés
politiques sans exception
– Conception défendue dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme de
1948
– Universalisme et Relativisme culturel
– Universalisme des droits de l’Homme (philosophie des Lumières) : caractère
irréductible de l’identité de l’être humain
– Condamner le discours universaliste sur les droits de l’Homme : nier dans son
principe leur vocation :
– Valorisation systématique et sans limite d’un droit à la différence
– Relativisme conduit à nier l’universalisme de la personne humaine
– Droits de l’Homme renvoient à l’identité universelle de la personne
humaine : trois éléments qui en constituent l’essence :
– la dignité de tout être humain
– à la liberté et
– l’égalité de tous les êtres humains
– La multiplication des textes proclamant l’universalisme…
– Article 1er DUDH : « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité
et en droit »
– Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 : un emblème
universel ?
– Croissance exponentielle du Droit international des droits de l’Homme
après le Second conflit mondial
– Appartenance de tous les États à la communauté internationale impose une forme
d ’acceptation d’une certaine conception du droit et de la société : contradiction entre
– Le rejet de l’idée de droits de l’Homme
et
– L’acceptation une certaine conception de la société
– Les critiques relatives à l’inefficacité globale des droits de l’Homme
– Les droits de l’Homme : plus qu’une idée ?
– Caractère flou semble s’accentuer par leur augmentation
– « Générations de droits de l’Homme » : hétérogénéité : revendications fort
différentes voire antagonistes
– Reconnaissance : pas de garanties d’effectivité :
– Doutes quant à leur objectif
– Mécanismes de garanties ?

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