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Séance 4-La fonction constituante dans l’UE

Document 1 : Article 48 du TUE

§1 : mise en avant de deux types de procédures de révision des traités:

- Ordinaire
- Simplifiées

§2 :

Le gouvernement de tout Etat membre, le Parlement européen ou la Commission peut être à l’initiative de
projets de révision des traités. Ces projets doivent être transmis au Conseil européen par le Conseil. Les
parlements nationaux sont notifiés de cette transmission.

§3

Parlement européen
Et Commission (2)

Adopte une décision favorable à l’examen


des modifications proposées (3)

Le Conseil européen
consulte (1)

Consultation de la BCE si Le président du conseil


modifications dans le
européen convoque une
domaine budgétaire
convention (4)

Adoption d’une consensus Examen par la convention des


recommandation à une projets de révision (5)
conférence (6)

Si l’ampleur de la modification ne justifie pas une telle procédure:

1
Le conseil européen Mandat pour une conférence
décide de pas de représentations des
convoquer gouvernements des EM (3)
de Convention (maj
simple) (2)

Approbation du
parlement (1)

§4 : convocation d’une conférences des représentants des gouvernements des Etats membres par le président
du conseil pour arrêter les modifications apportées aux traités.
Entrée en vigueur : ratification par tous les Etats membres selon les règles constitutionnelles nationales.

DONNER EX
4/5 des Etats ont ratifié
§5
Le Conseil
Signature d’un 2 ans européen se
traité
saisit de la
modifiant les Un ou plusieurs
question
traités Etats rencontrent
des difficultés

§6 : Qui peut soumettre un projet tendant à la révision d’une ou plusieurs dispositions de la troisième partie
du TFUE ?

Le gouvernement de
tout Etat membre (1)

ou Soumission au Conseil
européen de projets
Le parlement européen tendant à la révision de
(1) tout ou partie de la partie
du III du TFUE (2)
ou

La Commission (1)

Consultation du parlement
européen et de la
Commission (3)
Consultation de la BCE si
modification dans le
domaine monétaire (3) 2
Le Conseil Européen
statue à l’unanimité (4)

Nb : la décision n’entre en vigueur qu’après l’approbation des Etats membres

Document 2 : CJUE Ass. Plénière 27 novembre 2012, Pringle

Faits : les gouvernements de l’Irlande, la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, Chypre, les
Pays-bas, l’Autriche et la Slovaquie, le Conseil Européen et la Commission européenne soutiennent que la
CJUE n’est pas compétente pour examiner la validité du Droit primaire en vertu de l’art 267 du TFUE. Ici, il
est question de l’insertion d’une nouvelle disposition de Droit primaire dans le TFUE.

(correction de l’an dernier) La procédure de révision simplifiée a été mise en œuvre une seule fois pour mettre
instituer un mécanisme de stabilité entre les États de la zone euro (=mécanisme d’assistance financière) =
décision 2011/199/UE du Conseil européen du 25 mars 2011 modifiant l’article 136 TFUE
La CJ a été saisie via une question préjudicielle et se pose donc la question de la compétence de la Cour pour
connaître d’un acte révisant les traités.

Estimant qu’elle est en principe compétente pour connaître d’une décision prise par le Conseil Européen, et
que le respect et l’interprétation des traités étaient en jeu, puisqu’ils imposent des conditions de recours à la
procédure simplifiées, la Cour s’estime compétente.
Elle vérifiera l’ensemble des conditions de fond et de procédure posées par l’article 48§6 (et conclura à la
validité de l’acte).

Art 267 du TFUE :

La Cour de justice de l'Union européenne est compétente pour statuer, à titre préjudiciel:
a) sur l'interprétation des traités,
b) sur la validité et l'interprétation des actes pris par les institutions, organes ou organismes de
l'Union.
Lorsqu'une telle question est soulevée devant une juridiction d'un des États membres, cette juridiction
peut, si elle estime qu'une décision sur ce point est nécessaire pour rendre son jugement, demander à
la Cour de statuer sur cette question.
Lorsqu'une telle question est soulevée dans une affaire pendante devant une juridiction nationale dont
les décisions ne sont pas susceptibles d'un recours juridictionnel de droit interne, cette juridiction est
tenue de saisir la Cour.
Si une telle question est soulevée dans une affaire pendante devant une juridiction nationale
concernant une personne détenue, la Cour statue dans les plus brefs délais.

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Document 3 – Rapport d’information sur les conventions démocratiques de refondation de l’Europe,
Sénat 2017

Idée : contribuer à la définition des modalités d’organisation des conventions démocratiques de refondation
de l’UE afin de répondre au constat de déficit démocratique ressenti dans le cadre de l’UE. L’objectif est
d’entendre tous les acteurs dont une liste exhaustive est citée dans le document.

Organisation :

- Consultation numérique en premier (possible de faire un lien avec les conventions citoyennes
prévues en Droit interne français) afin d’interroger les citoyens via un questionnaire
- Conventions physiques avec des débats généralistes. Si les conventions étaient sectorielles, des
spécialistes des questions pourraient intervenir.

Signature de charte interétatique par le Conseil Européen pour une organisation commune. Les Etats
membres se mettraient d’accord sur les principes directeurs de ces conventions.

La restitution permettrait de faire émerger des grands axes prioritaires.

Document 4 : Déclaration commune sur la conférence sur l’Avenir de l’Europe « dialoguer avec les
citoyens pour promouvoir la démocratie. Construire une Europe plus résiliente » par le président du
parlement européen.

QUI ?

Mise en par la Conférence sur l’avenir de l’Europe d’un espace de débat avec les citoyens pour « examiner
les priorités de l’Europe et les défis auxquels elle est confrontée ». l’initiative provient du parlement
européen, du Conseil, de la Commission européenne. Un secrétariat commun assurant la représentation des
trois institutions. Une assemblée plénière veillant à ce que les recommandations fassent l’objet de débats.

Organisation La conférence est placée sous l’autorité du parlement européen, du conseil et de la commission
européenne. Un conseil exécutif sera mis en place, co-présidé par les trois institutions.

Approche ascendante afin que tous les Etats aient leur mot à dire, rôle accru des citoyens.

Les institutions de l’UE s’engagent à « consulter des panels de citoyens européens » = rejoint ce qui a été dit
ci-dessus, une volonté de représentation de la population européenne.

Un mécanisme de retour d’information sera également mis en place.

QUOI ?

Dans le prolongement du programme stratégique du Conseil Européen des orientations politiques de la


Commission européenne pour la période de 2019-2024 et les défis posés par la Covid-19 : liste de thèmes.
Les questions peuvent également être transversales

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Document 5 : la convention dans la procédure de révision ordinaire des traités de l’UE

L’étape conventionnelle a été insérée dans la procédure de révision des traités constituant l’UE à deux reprises :

- En vue de l’élaboration de la charte des droits fondamentaux (convention Herzog)


- En vue de l’élaboration du traité constitutionnel de 2004 (Convention Giscard d’Estaing)
- Pérennisée par le traité de Lisbonne : présence d’une nouvelle étape dans la procédure de révision
ordinaire. Objectif : résorber le déficit démocratique

Néanmoins, l’art 48 du TUE laisse des zones d’ombre concernant sa composition et missions exactes, les
instances dirigeantes, la durée de la convention, la valeur juridique de la recommandation adressée à la CIG,
la question du consensus, son modèle unique de délibération

L’art 48 al 3 n’envisage pas formellement la participation d’autres organes dans la mesure où la convention
s’estime « représentative de la société civile ».

Composante majeure de la convention : collège des représentants des chefs d’Etat ou de gouvernement. La
place du Parlement et de la Convention n’est pas à négliger en tant que détenteurs de l’initiative révisionnelle
ou en tant qu’organes devant consultés en vertu de l’art 48 al 3.

Nature d’une recommandation adoptée par la Convention : non binding agreement. Elle sera la base de départ
pour les travaux de la future CIG

Document 6 : Emmanuel Macron à Strarsbourg pour lancer la conférence sur l’avenir de l’Europe

Lancement le 9 mai de la Conférence sur l’avenir de l’Europe à Starsbourg dont E. Macron est à l’initiative.
La déclinaison de la conférence nationale est prévue dans 18 régions françaises. Elle a en vérité débuté en
mars à Bruxelles, lors de la signature des trois institutions européennes puis avec l’ouverture de la plateforme
en ligne sur laquelle les Européens ont pu donner leur vision du futur de l’UE. Elle a pas pareil été retardée
en raison de la crise sanitaire et « d’âpres tractions » entre parlement, commission et conseil.

8 européens sur 10 considèrent que la Convention sur l’avenir de l’Europe doit aborder la manière dont l’UE
pourrait gérer des crises similaires.

Document 7 : la proposition de M. de consulter sur l’Europe est nécessaire et réalisable. (2017)

Choix techniques mais aussi choix de valeurs concernant les intérêts et préoccupations de l’UE.

Notion « d’ignorance rationnelle » :

Notion de « sondage délibératif » : sondage d’un échantillon représentatif de la population avant et après que
cet échantillon ait pu délibérer sur un sujet sonné. Nécessite d’avoir de la documentation pour et contre le sujet
débattu, des modérateurs.

5
Processus utilisé dans 7 cas auparavant.

Document 8 : quelle stratégie dans la conférence sur l’avenir de l’Europe entretien avec Marion Aubry et
Sandro Gozi

S. GOZI (Liste Renaissance, Renew M. AUBRY (Liste LFI, GUE/NGL)


Europe)

Position par rapport à l’exercice Opportunité sans précédent, réforme de Nécessaire refonte des règles
de la conférence sur l’avenir de l’Europe avec une légitimité émanant soutenant l’UE.
l’Europe de la participation citoyenne. Nécessite
une dynamique, harmonie et un sens du Doute par rapport aux conditions de
travail collectif. Souhaite que l’art 48 mise en place de la conférence.
du TUE soit utilisé par le parlement
Considère que les Etats européens
ne souhaitent pas faire de la
Conférence un processus
contraignant

Positionnement relatif à la Risque de statu quo. Considère que la Qualifie l’organisation de


méthode de la Conférence Conférence est un pari qui sera gagné si « chaotique », pas de transparence
on dégage des majorités citoyennes et sur le choix des représentants
démocratiques claires autour des citoyens au sein de l’assemblée
enjeux fondamentaux. plénière
Evoque le référendum comme
nécessité de saisir cette opportunité solution pour acter les propositions
émanant de la Conférence

Document 9 Conclusions de la conférence sur l’avenir de l’Europe du 9 mai 2022

Lien entre les intérêts du commerce extérieur et les Recommandations de lancer des mesures
mesures de politique climatique d’investissement en faveur de technologies et
d’innovations respectueuses du climat
Créer des incitations à implanter la production dans Accélérer et normaliser les procédures d’approbation
l’UE, en particulier en ce qui concerne les produits de aux entreprises qui s’installent dans l’UE ou qui
base établissement des sites de production dans l’UE
Plateforme d’information pour un échange de Mettre en commun les informations sur les activités
connaissances et d’expérience à l’échelle de l’UE transnationales d’éducation et de formation existant
dans l’UE, présenter les bonnes pratiques
Campagne à long terme de l’UE en faveur d’une Création d’un organisme européen avec des antennes
consommation et d’un mode de vie durables dans les pays de l’UE pour diriger cette campagne

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Créer davantage de possibilités d’échange pour les En plus de l’Erasmus, proposition d’adoption d’un
étudiants en Europe règlement concernant un programme d’échange pour les
élèves et étudiants mis en place au niveau local
Mise en place d’un salaire de base spécifique à l’emploi Mise en base d’un salaire de base dans tous les Etats
membres se composant d’un revenu minimum afin que
les performances professionnelles et les salaires soient
comparables dans tout l’UE.
Incarner les valeurs européennes et les communiquer en Communiquer sur les valeurs européennes
faisant appel aux émotions

Document 10 : discours d’Emmanuel Macron devant le parlement, 9 mai 2022

En premier lieu, rappel de la situation politique en Europe en faisant un focus sur la crise ukrainienne.

Par la suite, le président français revient sur les travaux de la conférence : indépendance et efficacité.
Récapitulatif de tous les points évoqués dans les conclusions de la conférence sur l’avenir de l’Europe.

Document 11 Résolution du parlement européen du 3 mai 2022 sur la proposition de règlement du


conseil portant élection des députés au parlement européen au suffrage universel

Rappel historique de la procédure du spitzenkandidat avec l’élection de 2014. Suggère la réforme de la


procédure électorale en vue de l’élection européenne de 2024 notamment avec la création d’une
circonscription européenne dans laquelle serait élus 28 députés afin de renforcer la dimension démocratique
et transnationale des élections européennes. Propose la mise en place d’une autorité électorale européenne
chargée de coordonner les informations relatives aux élections européennes. Suggère de réformer les traités
afin que la qualité de membre de la commission européenne soit compatible avec celle de député européen.

Demande que les traités soient modifiés et notamment l’art 223 du TFUE afin que le système d’unanimité au
conseil soit remplacé, comme pour les ratifications nationales par une prise de décision à la majorité qualifiée
au Conseil.

Soumission de la proposition au Conseil

Document 12 Résolution du parlement européen du 9 juin 2022 sur la convocation d’une convention
pour la révision des traités.

Un processus de réformes institutionnelles doit être lancé afin de mettre en œuvre les recommandations et
répondre aux attentes formulées lors de la Conférence.

Plusieurs propositions supposent de modifier les traités. Le parlement souligne la nécessité de modifier
rapidement les traités afin que l’union agisse plus efficacement à l’occasion de crises futures. Soumet au
Conseil dans le cadre de la procédure de révision les propositions suivantes :

7
- Accroissement de la capacité de l’ue à agir en réformant les procédures de vote en permettant au
conseil d’adopter des décisions à ma majorité qualifiée
- Adapter les compétences que les traités confèrent à l’ue notamment dans la santé et les menaces
transfrontalières, sur l’union de l’énergie, soutenir le renforcement de la compétitivité et de la
résilience de l’économie.
- Doter le parlement d’un plein exercice du droit de codécision sur le budget de lue et du droit
d’initiative
- Renforcer la procédure de protection des valeurs sur lesquelles se fonde l’UE

Invite le conseil à soumettre ces propositions au Conseil Européen pour examen en vue de convoquer une
convention composée de représentants des parlements nationaux, des chefs d’Etats ou de gouvernement.
Liste les observateurs possibles dans ce cadre.

Les exercices

1) Etats membres et révisions des traités

Dans le cadre de l’Union européenne (UE), il est possible de distinguer deux types procédures de révision des
traités comme l’énonce l’art 48 §1 du traité sur l’Union européenne (TUE) (document 1);

La première, dite « procédure ordinaire » concerne les révisions les importantes. La procédure prévue
est la suivante : le gouvernement d’un Etat membre, le parlement européen ou la commission européenne peut
soumettre un projet de révision au conseil de l’Union européenne. Ce dernier le transmet au Conseil européen
et notifie concomitamment les parlements nationaux. Par la suite, le Conseil européen peut décider à la
majorité simple après consultation du parlement et de la commission de convoquer une convention composée
de représentants des parlements nationaux, des chefs d’Etats et de gouvernement, du parlement et de la
commission. Le projet de révision est par la suite examiné par la convention. Cette dernière adopte par
consensus les recommandations adressées à une conférence intergouvernementale (CIG). Les amendements
adoptés par la CIG rentrent par la suite en vigueur après approbation des Etats membres. Le Conseil européen
peut également décider de ne pas convoquer la CIG après approbation du parlement si l’ampleur des
modifications ne le justifie pas.

Quant à la procédure de révision simplifiée, elle ne s’applique qu’aux politiques et actions internes de
l’UE soit la troisième partie du TFUE. La procédure est la suivante : le gouvernement d’un Etat membre, le
parlement ou la commission peut soumettre au conseil européen des projet de révision de tout ou partie des
dispositions sur le fonctionnement de l’UE. Le Conseil européen par la suite peut en statuant à l’unanimité et
après consultation du parlement et de la commission adopter une décision modifiant tout ou partie de ces
dispositions. Cette décision n’entre en vigueur qu’après l’approbation des Etats membres.

Quant aux clauses passerelles prévues au §7 de l’art 48 du TUE, elles « permettent de passer, du mode de
décision à l’unanimité au mode de décision à la majorité qualifiée ou de la procédure législative spéciale à la
procédure législative ordinaire ». Le Conseil européen doit adopter une décision autorisant le vote à la majorité
qualifiée ou la mise en œuvre de la procédure législative ordinaire. L’initiative de la mise en œuvre de la clause
passerelle doit être soumise aux parlements nationaux. Si un parlement national s’y oppose dans un délai de
6 mois, la décision du Conseil européen n’est pas adoptée. Si aucune opposition ne s’est élevée, le Conseil
européen statue à l’unanimité après approbation du parlement européen.

8
Au regard de ces éléments, il est possible de se demander : quelle est la place des Etats membres dans la
révision des traités ?

L’initiative de la révision : que ce soit dans la procédure dite ordinaire ou dans le cadre de la procédure dite
simplifiée, les gouvernements des États membres ont la possibilité de soumettre un projet de révision au
conseil de l’UE. La place des États membres peut être prépondérante dès le début du processus de révision
des traités.

La convention : « Pérennisée par le traité de Lisbonne de 2007, la Convention, expérience évaluée


positivement notamment en ce qui concerne la lutte pour résorber le déficit démocratique n’en pose pas moins
nombre de question » (Document 5). Cette étape de la procédure de révision ordinaire des traités permet
d’apporter un rôle plus important aux Etats. En effet « il y a une quasi-unanimité pour considérer que la
« Convention apporte un bol d’air frais dans des procédures de révision jugées jusqu’alors un peu trop
intergouvernementales et opaques. » (Document 5). Néanmoins, des incertitudes demeurent comme le
souligne S. KARAGIANNIS concernant la composition, la mission, la durée ou encore la valeur juridique des
recommandations adressées à la conférence intergouvernementale. L’étape conventionnelle permet donc aux
Etats d’avoir une place prépondérante dans la procédure ordinaire de révision des traités mais les contours de
cette dernière doivent être mieux dessinés. Cependant, le §3 de l’article 48 du TUE prévoit que le Conseil
européen, après approbation du parlement, peut décider à la majorité simple de ne pas convoquer de
convention. (Document 1) si l’ampleur des modifications ne le justifie pas. Ce terme n’est pas explicité par
le TUE ce qui laisse au Conseil européen une marge de manœuvre assez grande pour contourner le processus
conventionnel. De même, cette convention émet une recommandation dont la portée semble limitée.

La place des Etats dans le cadre de la conférence inter gouvernementale : la CIG est considérée en Droit
de l’Union européenne comme « la réunion des ministres des représentants des Etats membres. » Dans le cadre
de la procédure ordinaire de révision des traités prévue à l’article 48§3 du TUE (document 1), « une
conférence des représentants des gouvernements des Etats membres est convoquée par le président du conseil
en vue d’arrêter d’un accord commun, les modifications à apporter aux traités. Dans le cadre où le Conseil
européen ne convoque pas la convention, un mandat est établi pour une conférence des représentants des
gouvernements des Etats membres. L’opacité de la procédure de la CIG « est décriée » (document 5). Même
s’il est possible de craindre que la CIG ne suive pas la recommandation émise par la convention, « il sera
difficile de considérer que ce qui a été fait lors de la Convention puisse être défait lors de la CIG » (Document
5)

Approbation de la révision : s’il existe un pouvoir d’initiative de révision des traités pour les Etats membres,
leurs prérogatives ne s’arrêtent pas ici. En effet, les Etats doivent ratifier le traité en vertu en fonction de leurs
règles constitutionnelles. Les parlements nationaux se prononceront lors de la ratification nationale, qualifiée
dans le document 5 comme « l’ultime et la plus délicate étape de la procédure ».

Néanmoins, en cas de blocage dans un délai de 2 ans, si 4/5 des Etats ont ratifié le traité en question, le Conseil
se saisit de la question.

Que faut-il déduire de ces éléments ? les Etats membres possèdent en effet une place importante dans le cadre
de la révision des traités sans que celle-ci soit prédominante.

9
2) Quel bilan pour la conférence sur l’avenir de l’Europe

« Si Bruxelles est la capitale des bureaux de l’Europe, Strasbourg est la capitale de son âme et de son cœur :
là où on la pense, là où on défend ses valeurs » a déclaré Emmanuel Macron (Document 6)

En 2017, les prémices d’une consultation sur l’Europe commençaient à émerger. Emmanuel Macron, lors de
la première année de son premier quinquennat a rappelé le 26 septembre 2017 « sa promesse d’organiser une
grande consultation sur l’avenir de l’Europe. » (Document 7). Face au scepticisme de certains face à
l’ampleur du projet, il est nécessaire de rappeler que cette procédure a déjà été réalisée en 2007 et en 2009,
avec des échantillons représentatifs de citoyens européens, réunis à Bruxelles et débattant dans 22 langues.

Par la suite, la conférence sur l’avenir de l’Europe, lancée le 9 mai 2021 à Strasbourg avait pour ambition de
« déboucher sur des conclusions au printemps 2022, assurera la présidence tournante de l’UE » (Document
6). Il a pu faire face à certains doutes, voire certaines critiques. A ce titre, il est possible de citer Manon Aubry
ou encore Sandro Gozi, entendus par le journal Le Monde en juillet 2021. (Document 8). Ces derniers, dont
l’avis oscille entre enthousiasme « cet exercice est une opportunité sans précédent » et de doutes relatifs aux
modalités de mise en place de la Commission, reconnaissent néanmoins la nécessité d’une refonte des règles
de l’Union européenne.

Face à ces éléments à la fois ambitieux et critiques, il est possible de se demander : quel est le bilan de la
conférence sur l’avenir de l’Europe ?

I- Des conclusions de la conférence sur l’avenir de l’Europe ambitieuses

Achevée le 2 décembre 2022, la conférence sur l’avenir de l’Europe a donné lieu le 9 mai 2022 à un rapport
conclusif mettant en avant des éléments sur lesquels les participants ont élaboré des propositions (document
9) La conférence est par ailleurs une iniative commune du parlement européen, du conseil et de la commission
européenne, agissant sur un pied d’égalité conjointement avec les Etats membres.

Pour rappel, la conférence portait sur 10 grands thèmes :

- Le changement climatique
- La santé
- Une économie plus forte, justice sociale et emploi
- L’UE dans le monde,
- Valeurs et droits, état de droit, sécurité
- Transformation numérique
- Démocratie européenne
- Migration
- Éducation, culture, jeunesse et sport
- Autres idées

Parmi ces thèmes exhaustifs, des conclusions ambitieuses en sont ressorties : (voir tableau récapitulatif en
page 6 sur les conclusions mises en avant par le Document 9)

10
II- De timides réalisations consécutives à la conférence sur l’avenir de l’Europe.

Si le bilan de la conférence sur l’avenir de l’Europe mettait en avant des propositions ambitieuses, les
réalisations se veulent pour l’instant timides, sans véritables apports dans l’ordre juridique européen.

Pour commencer, il est essentiel de relever que le climat géopolitique entre la genèse, le lancement et
la clôture de la conférence sur l’avenir de l’Europe n’est pas le même. En effet, l’entrée en guerre de l’Ukraine
contre la Russie vient modifier les propriétés de l’UE, notamment en ce qui concerne « la préservation de la
paix sur le reste du continent européen » (document 10) et afin d’éviter tout escalade. La question de la
souveraineté alimentaire de l’Europe est alors plus que jamais d’actualité ou encore de l’autonomie en matière
d’énergie.

De même, le parlement européen s’est emparé de ces propositions dans le cadre d’une résolution en date du 9
juin 2022. Néanmoins, il est essentiel de rappeler qu’il ne s’agit pour l’instant que de la première étape, celle
de l’initiative.

Sur la question du déficit démocratique, la question reste ouverte jusqu’en 2024. Même si
« L’augmentation du taux de participation lors des élections européennes de 2019 montre que les citoyens
européens sont de plus en plus désireux de jouer un rôle plus actif dans ce qui est de décider de l’avenir de
l’Union et de ses politiques (Document 4) les élections européennes de 2024 permettront également d’avoir
un aperçu sur l’impact de cette conférence sur la participation à ces élections dont le taux d’abstention est non
négligeable.

3) Que vous inspirent la résolution parlement européen du 9 juin 2022 et le discours d’E. Macron du
9 mai 2022 ?

Le président Emmanuel Macron a prononcé le 9 mai 2022 un discours (Document 10) afin de clôturer la
conférence sur l’avenir de l’Europe lancée un an plus tôt. Ce discours porte à la fois sur les conclusions rendues
par la conférence sur l’avenir de l’Europe mais également sur la situation géopolitique dans laquelle se trouve
l’Ukraine depuis la fin du mois de février 2022. Le président E. MACRON revient sur les différents grands
thèmes prévus dans le cadre des débats ayant eu lieu durant un an.

Un mois plus tard, le parlement européen prenait une résolution concernant la convocation d’une convention
pour la révision des traités (Document 12). Pour rappel, les résolutions sont « des textes produits par le
Parlement européens. Rédigées à l’initiative des eurodéputés, elles n’ont pas de valeurs contraignantes, à
l’inverse des directives et des règlements. Les résolutions permettent d’exprime aux eurodéputés d’exprimer
leur avis sur tout sujet. Dès lors qu’une majorité de députées votent en leur faveur, elles engagent le parlement
européen dans son ensemble en représentant sa position officielle. »

En premier lieu, il est nécessaire de constater que le parlement « accueille favorablement les conclusions du
9 mai 2022 de la conférence ». Il y a donc une reconnaissance de l’importance et la pertinence des conclusions
émises par la Conférence. Les propos de Sandro Gozi dans son entretien au Monde « et je voudrais que le
parlement européen, dès le départ, assume cet engagement et active la procédure de révision des traités qui
nous est offerte par l’article 48 du TUE » (document 8) ont donc trouvé une application concrète à la suite
de la conférence sur l’avenir de l’Europe.

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De plus, le Parlement rejoint le président Macron concernant la nécessité de modifier rapidement les traités
afin d’agir efficacement si des crises futures venaient à survenir. Par ailleurs, la « notion de crise récente »
fait notamment référence à la crise Ukrainienne à laquelle le président Macron fait référence à des nombreuses
reprises dans son discours.

Dans un second temps, le parlement soumet au Conseil des propositions de modifications des traités en vertu
des prérogatives qui lui sont données par l’article 48 du TUE relatives à la révisions des traités (document 1).
Ces propositions de modifications concernent les thèmes suivants :

- La modification des procédures de vote et la possibilité permettant au conseil d’adopter des décisions
à la majorité qualifiée
- L’adaptation des compétences que les traités confèrent à l’UE notamment dans le domaine de la santé
et des menaces transfrontalières sur la santé, dans le cadre de l’achèvement d’une union de l’énergie
- Le renforcement de la procédure de protection des valeurs sur lesquelles sr fonde l’UE

Qu’est-il possible de déduire de ce discours et de cette proposition ? En premier lieu, ils sont très marqués par
le climat géopolitique touchant l’Ukraine mais aussi par la situation sanitaire touchant l’Europe et plus
globalement le monde depuis 3 ans. Il y a ici une volonté marquée de simplifier les procédures de révisions
des traités afin que l’action puisse être rapide afin de contrer les menaces dès que celles-ci se présenteront.

De plus, un maximum d’acteurs ont été invités afin de rendre représentatif ce projet de révision. Ainsi, la
conférence sur l’avenir de l’Europe a permis de réunir 800 citoyens. Le parlement européen, dans la résolution
suscitée, « estime que des représentants des partenaires sociaux de l’Union, du Comité économique et social,
du comité européen des régions ; de la société civile de l’Union et des pays candidats devraient être invités
en qualité d’observateurs à la convention. ». Il y a ici une véritable volonté d’affaiblir le déficit démocratique
tant reproché à l’Union européenne.

En outre, il s’agit ici de document qui sont un discours et d’une résolution. Même si la résolution soumet un
projet de révision au Conseil européen, ce dernier doit s’en saisir afin qu’une procédure de révision du TUE
aboutisse. Il ne s’agit pour l’instant que de vœux pieux.

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