La Constitution de la Vème République (1958) établit que la « souveraineté nationale
appartient au peuple français qui l’exerce par ses représentants et par la voie de référendum ». Il était auparavant établi dans la Constitution de 1946, que le peuple ne pouvait exercer sa souveraineté uniquement par le vote de ces représentants. Or cet ajout à la Constitution de 1958 implique un régime hybride entre démocratie représentative (exercée par le peuple quand il vote) et démocratie directe (exercée sans l’intermédiaire de représentants). En principe dans toutes les démocraties, on considère la communauté, la nation, ou le peuple comme souverain. Mais face à la difficulté de mise en place de mesures, permettant de faire entendre la voix de chacun directement sans menacer le fonctionnement des institutions, l’on a opté pour une démocratie dite « représentative ». On définit toujours la démocratie d’après la citation de Lincoln (1863) comme étant « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple » où le peuple est à la fois souverain et sujet. Dans ce régime, on suppose que soient juridiquement garantis : les droits et libertés individuelles, mais aussi une société où les « individus sont égaux et se sentent égaux » comme l’affirmait Tocqueville. Pour parvenir à ce système égalitaire démocratique, il est nécessaire de mettre en place des élections et des techniques de démocraties directes supposant un consentement explicite des gouvernés, à l’exercice du pouvoir par les gouvernants. Depuis la mise en place de la Vème République par Charles de Gaulle, les dirigeants se sont efforcés de placer les citoyens au cœur du processus décisionnel, afin de légitimer le pouvoir des représentants par le consentement de tous. Ainsi en 1962, par la mise en place d’un suffrage universel pour l’élection du président de la république, le général de Gaulle entendait renforcer la légitimité du chef de l’État. En 2008, dans la même optique de conférer plus de pouvoir décisionnel aux citoyens, Sarkosy a ouvert la QPC (question prioritaire de constitutionnalité) à tous, offrant ainsi aux citoyens la possibilité de défendre leurs droits et libertés individuelles directement. Au vu des diverses mesures établies par les dirigeants dans notre Constitution, pour protéger le pouvoir décisionnel des citoyens, on considère que la France est un régime démocratique semi-représentatif qui allie participation directe du peuple à une participation représentative (via les représentants élus), et ce depuis maintenant 62 ans. La Vème république a en effet déjà fait ses preuves face à plusieurs crises économiques, et même politiques (mai 68). Mais cette apparente stabilité de la démocratie de la Vème république a malgré tout ses limites, et les représentants de la nation ne peuvent répondre à toutes les exigences du peuple français. Face au sentiment d’être laissé pour compte, plusieurs mouvements de contestation sont apparus récemment (gilets jaunes, cheminots), montrant bien les failles du système démocratique. Ces faiblesses du régime se traduisent aujourd’hui par une certaine méfiance des électeurs envers leurs représentants. On a ainsi pu observer aux élections présidentielles de 2017, le « dégagisme » des grands partis traditionnels français, ou encore en 2019 la grève des votes aux élections européennes. Mais alors comment comprendre la longévité de la Vème république alors même que son régime démocratique semble contesté ? Le développement s’ordonnera autour de deux idées, d’une part les facteurs explicatifs de cette stabilité du régime démocratique français, d’autre part la remise en cause de la légitimité des représentants. I. Un régime « présidentialiste » stable, légitimé et en partie efficace A. Un pouvoir légitime attribué par le peuple grâce à un régime représentatif B. Le chef de l’État comme « clef de voûte » du régime parlementaire rationnalisé II. La légitimité du régime républicain mise à mal A. Le risque d’une souveraineté nationale confisquée par les représentants politiques (notamment le chef de l’État) B. Une défaillance des institutions marquée par une défiance citoyenne
Loi #97-243 Du 25 Avril 1997 Modifiant Et Completant La Loi N° 94-440 Du 16 Aout 1994 Determinant La Composition, L'organisation, Les Attributions de La CS