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: la chute du
général Wassini
Bouazza, tout-puissant
patron de la sécurité
intérieure
RÉSERVÉ AUX ABONNÉS | 01 juillet 2020 à 16h14 | Par Farid Alilat
Mis à jour le 01 juillet 2020 à 16h34
Ascension fulgurante
Wassini Bouazza n’est pas le premier général de la
période post-Bouteflika à croupir à la prison militaire
de Blida. Deux autres généraux majors, Mohamed
Mediene dit Toufik et Athmane Tartag alias
Bachir, tous deux issus des services de
renseignements, occupent des cellules dans le même
établissement pénitencier pour une « atteinte à
l’autorité de l’armée » et « complot contre l’autorité
de l’État ».
APRÈS LE DÉPART DE
BOUTEFLIKA, WASSINI
DEVIENT L’UN DES HOMMES-
CLÉS DE LA POLITIQUE
AUTORITAIRE DE GAÏD
SALAH
Ingénieur originaire de Tlemcen, dans le nord-ouest
de l’Algérie, Bouazza a d’abord effectué une bonne
partie de sa carrière militaire au sein du
commandement des forces de défense aériennes du
territoire, où il s’occupe de l’infrastructure. Il gravit
ensuite un premier échelon en devenant directeur des
infrastructures militaires. Le poste est stratégique et
sensible, dans la mesure où il est notamment lié aux
programmes d’investissements et d’équipements
relevant du ministère de la Défense. Il se crée alors
un vaste réseau de relations aussi bien dans la sphère
militaire que dans le monde des affaires.
Pouvoirs immenses
Avec la direction du renseignement extérieur et la
direction du renseignement technique, la direction de
la sécurité intérieure constitue la troisième branche
des services d’intelligence algériens. Les pouvoirs de
Wassini sont donc immenses et son influence
tellement importante qu’on le dit derrière la
nomination de certains ambassadeurs, ministres ou
walis (préfets).
Série de rumeurs
Mais la veille du scrutin, la carte Mihoubi s’écroule.
Informé de l’opération visant à faire élire l’ex-
ministre, Gaïd Salah entre dans tous ses états et met
son véto. C’est le début de la fin pour Wassini
Bouazza. Celle-ci commence par une série de rumeurs
évoquant sa disgrâce imminente. Peu de temps
avant la cérémonie d’investiture du nouveau chef de
l’État, jeudi 19 décembre, les bruits faisant état de
l’arrestation de Bouazza et de certaines autres hauts
gradés circulent à la vitesse de la lumière. Fausse
information. Sourire aux lèvres, le général figure
parmi les invités.
SA CONDAMNATION À HUIT
ANS DE PRISON EST LE
PRÉLUDE À D’AUTRES
TOURMENTS JUDICIAIRES
ENCORE PLUS GRAVES
La disgrâce de ce dernier va s’opérer en deux temps.
Mercredi 8 avril, le président Tebboune nomme le
général Abdelghani Rachedi directeur général adjoint
de la sécurité intérieure. Ancien attaché militaire de
l’ambassade d’Algérie à Abu Dhabi, il est investi de «
larges prérogatives » pour accomplir ses nouvelles
missions. Autant dire que Bouazza est poussé
délicatement vers la porte de sortie.