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Introduction
→ Précision : Cette accroche est intéressante car elle permet de justifier l'ordre de définition des
termes du sujet : l'administration étant responsable, il appartient de définir ce qu'est
l'administration et la responsabilité.
◦ Responsabilité
▪ De manière générale, la responsabilité est le fait de répondre de ses actes.
▪ Juridiquement
La responsabilité se définit comme l'obligation de répondre devant la justice de
son fait ou du fait commis par autrui.
Il existe plusieurs responsabilités juridiques qui se caractérisent par des finalités
différentes: la responsabilité civile, la responsabilité pénale (et la responsabilité
disciplinaire).
◦ La responsabilité civile est l'obligation de réparer le préjudice que l'auteur ou
non d'un fait générateur a causé à une ou des victimes.
◦ La responsabilité pénale est l'obligation de répondre d'une infraction. Cette
responsabilité n'a pas pour fonction de réparer le préjudice. Elle punit l'auteur
d'une infraction car celui-ci a porté atteinte aux valeurs protégées de la
société.
▪ L'administration peut être responsable civilement (et pénalement). Quand
l'administration commet un fait générateur qui cause un dommage constitutif de
préjudice à autrui, elle est responsable civilement.
▪ L'administration peut précisément être responsable civilement, extra-contractuelle ou
contractuelle) pour faute ou sans faute. Au titre de la responsabilité sans faute,
l'administration peut être responsable du fait de la création d'un risque.
→ Précision : Il n’était pas nécessairement obligé de définir la responsabilité en général. Il fallait
du moins absolument définir responsabilité pour risque spécial en précisant que c’est un
mécanisme de responsabilité civile sans faute de l’administration.
Contextualisation :
◦ La responsabilité pour risque spécial a différentes manifestations
▪ Utilisation de choses dangereuses : C.E., 28 mars 1919, Regnault-Desroziers
(G.A.J.A.) : premier cas de responsabilité pour risque.
▪ Utilisation d'armes dangereuses : C.E., Ass., 1949, Consorts Lecomte (doc. 1) et
C.A.A., Nantes, 5 juillet 2018 (doc. 2).
▪ Utilisation de méthodes dangereuses, dont des méthodes d'éducation surveillée
(C.E., Sect., 3 février 1956, Ministre de la Justice c./ Thouzellier, doc. 3) ret des
méthodes de détention (C.E., 2 décembre 1981, Ministre de la Justice c./ Theys,
doc. 4).
▪ Des situations dangereuses : C.E., Ass., 6 novembre 1968, Dame Saulze (doc. 6).
Problématique :
◦ La responsabilité pour risque spécial de l'administration s'est-elle élargie ?
◦ Proposition de reformulation en lien avec le contexte : La responsabilité pour risque
spécial de l'administration est-elle restée cantonnée à ses exigences initiales ?
Réponse à la problématique :
◦ Exposé de la réponse : La responsabilité de l'administration pour risque spécial s'est
élargie, même si l'élargissement est mesuré.
◦ Explication de la réponse
▪ Elle s'est élargie au niveau des victimes qui sont fondées à agir en responsabilité
pour risque spécial. D'une part, cette responsabilité n'est plus subordonnée à la
condition de voisinage pour identifier les tiers et, d'autre part, elle tend à s'étendre
aux usagers du service public.
▪ Mais l'élargissement est mesuré eu égard aux caractères du risque. Le risque
exceptionnel n'est plus requis par principe. Or, tout risque ne permet pas d'engager la
responsabilité sans faute de l'administration.
Par principe, seuls les tiers peuvent se prévaloir d'un régime de responsabilité sans faute pour risque
spécial. Or, les tiers ne sont plus identifiés par la condition du voisinage. Les tiers sont alors
identifiés de manière élargie (A). De plus, la jurisprudence tend à ouvrir le bénéfice de cette
responsabilité pour risque spécial aux usagers (B).
Pour débuter, commencez par expliquer que seuls les tiers peuvent agir sur le fondement de
la responsabilité sans faute pour risque spécial. Pour ce faire, évoquez le cas des usagers et
des participants (en ce qui concerne les travaux publics).
◦ Usagers : responsabilité pour faute prouvée ou pour faute présumée.
◦ Participants de travaux publics : responsabilité pour faute prouvée.
◦ Tiers : à l'appui des grands arrêts cités dans l'introduction, démontrez que la
responsabilité sans faute pour risque a bien été consacrée au profit des tiers.
Expliquez la différence.
◦ Les usagers tirent profit du service public, à l’inverse des tiers.
◦ C’est la raison pour laquelle il existe une différence. Les tiers doivent pouvoir agir plus
aisément en responsabilité.
Puis enchaînez précisément sur le cas des tiers pour démontrer votre idée du A qui est
l'élargissement des tiers par l'abandon de la condition du voisinage.
◦ Exposez cette condition.
▪ La condition du voisinage a permis au C.E. d'étendre la jurisprudence Regnault-
Desroziers, dont un terme a été mis à la solution par le législateur : v. doc. 10, pt.
135.
▪ La responsabilité pour risque n'est engagée que lorsque le risque excède les limites
normales du voisinage.
▪ Par voisinage, il faut attendre que tous les tiers ne peuvent agir en responsabilité.
Seuls les tiers qui étaient à proximité au moment du fait dommageable sont des
victimes pouvant agir en responsabilité.
▪ Cette solution ne fut que très peu reprise.
D'une part, de 1919 à 1946, à cause de la loi qui a mis un terme à la solution
Regnault-Desroziers.
D'autre part, à partir de 1946 (date à laquelle la jurisprudence Regnault-
Desroziers peut de nouveau s'appliquer par l'abrogation de la loi antérieure qui
avait mis un terme à sa solution). Il faut même noter que, si la condition persiste,
elle est d'ores et déjà appréciée + souplement.
◦ Évoquez l'évolution de cette condition
▪ La condition doit être entendue, selon le commissaire du gouvernement LEFAS
concluant sur l'arrêt « S.N.C.F. » (C.E., Ass., 16 mars 1945), « dans une acception
[…] large, celle de proximité ».
▪ Cette extension laisse, en réalité, présager l'abandon de cette condition. C'est ainsi
que, par exemple, purent être indemnisés les préjudices subis par un maire se
trouvant sur un autre navire de guerre que celui qui avait explosé, ou encore ceux
subis par le propriétaire d'une maison incendiée suite à l'ordre de destruction pour
hygiène concernant un immeuble voisin (C.E., 21 mai 1920, Épx. Colas et C.E., 24
déc. 1926, Walther).
▪ Amorce de l'abandon avec la jurisprudence C.E., Ass., 1949, Consorts Lecomte
(doc. 1) qui vise « des personnes et [des] biens » - et non seulement des voisins :
« qualification apparemment plus souple que sous l'empire de la jurisprudence
''Regnault-Desroziers'' » (doc. 10, pt. 137). Il n’y a plus de référence au voisinage.
▪ Consécration progressive de l'abandon avec l'arrêt C.E., Sect., 3 février 1956,
Ministre de la Justice c./ Thouzellier (doc. 3)
Certes, référence au voisinage par l'expression « les tiers résidant dans le
voisinage ».
Mais l'utilisation de la notion de tiers et l'exigence du risque spécial permettent
de retenir une vision plus large des victimes : les tiers qui sont dans un voisinage
plus large, à l'instar de la responsabilité du fait des dommages d'ouvrages publics
(doc. 10, pt. 138).
▪ Consécration réelle de l'abandon avec la jurisprudence C.E., 9 mars 1966, Garde
des Sceaux, Ministre de la Justice c./ Trouillet : responsabilité pour risque spécial
pour les tiers. Pas de référence au voisinage. Tous les tiers peuvent agir à condition
de démontrer toutes les conditions de la responsabilité.
▪ Confirmation de l'abandon avec l'arrêt C.E., 2 décembre 1981, Ministre de la
Justice c./ Theys (doc. 4).
◦ Expliquez l'incidence de son abandon : L'abandon de la condition du voisinage a des
répercussions évidentes. Il permet en effet d'accroître le nombre de victimes potentielles
et, partant, l'engagement de la responsabilité sans faute pour risque de l'administration.
Des tiers qui ne résident pas dans le voisinage dans lequel le risque créé s'est réalisé peut
être une victime.
→ Transition avec le B : De plus, la responsabilité sans faute pour risque ne se cantonne plus
seulement au tiers. Elle s'ouvre également aux usagers (B).
Initialement, la responsabilité sans faute pour risque était subordonnée à un risque exceptionnel. Or,
cette exigence a été abandonnée par le juge administratif (A). À l'abandon du risque exceptionnel, le
juge administratif ne reconnaît pas toujours l'existence d'un risque spécial de nature à justifier une
responsabilité sans faute de l'administration (B).
Commencez par annoncer l'idée : Après le risque excédant les limites normales du voisinage
selon la jurisprudence Regnault-Desroziers, le C.E. est venu exiger par la suite un risque
exceptionnel : C.E., Ass., 1949, Consorts Lecomte (doc. 1).
Commencez par présenter l'idée : le reflux partiel du risque spécial → Le juge contrôle
effectivement l'existence du risque. Tout risque ne sera pas nécessairement considéré comme
spécial.
Puis commentez
◦ Tout risque qui n'excède pas la moyenne, la normalité n'est pas qualifié de spécial. Un
risque spécial repose sur le choix opéré par la collectivité qui accroît la probabilité d’un
dommage par rapport à un autre choix jugé plus conventionnel.
◦ Tout risque qui n'est pas qualifié de spécial ne peut alors permettre l'engagement de la
responsabilité sans faute de l'administration. Illustration avec la prise d'un décret de
grâce collective et les mesures de réduction de peine : C.E., 15 février 2006, Ministre
de la Justice c./ Maurel-Audry (doc. 5) → « les décrets de grâce collective pris par le
Président de la République ni les mesures de réduction de peine accordées par le juge de
l'application des peines (…), ne créent pour les tiers un risque spécial susceptible