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Semestre 5
2022/2023
BEL-AMIN SAMIR
Enseignant chercheur à la FSJES Ain Sebaa
Première partie :
Les procédures extrajudiciaires de traitement des difficultés de
l’entreprise
Adoptant une logique médicale inspirée du droit Français, le droit marocain a entamé
la réglementation des procédures collectives de traitement des difficultés de l’entreprise,
par la recherche des causes susceptibles de conduire une entreprise à la cessation des
paiements. Il a ainsi préconisé la règle selon laquelle : « prévenir vaut mieux que guérir ».
C'est-à-dire la prévention des crises demeure plus garantie et efficace que leur traitement.
Conscient du rôle utile joué par l’entreprise, le législateur marocain a mis en place
une procédure extrajudiciaire et une autre quasi-judiciaire, dans le cas où les difficultés
que l’entreprise fait face n’entraineraient pas la cessation des paiements, en laissant au
président de l’entreprise la liberté de prendre ou non les décisions susceptibles de les
surmonter.
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prévoyant des mécanismes procéduraux nouveaux afin de réussir les procédures
extrajudiciaires de traitement.
Ces motifs étaient derrière l’instauration de règles visant le diagnostic anticipé des
difficultés, ces règles appelées en droit français de 1984 reprises dans les réformes
postérieures : Les règles d’alerte
Les articles 547 et 548 ont déterminé le champ de mise en œuvre de la procédure de
la prévention interne (section1) puis les personnes habilitées à informer (section 2) et la
procédure de l’information (section 3).
L’article 547 de la loi 73/17, dispose que « lorsque le chef de l’entreprise ne procède
pas de son propre chef, au redressement des faits de nature à compromettre l’exploitation,
le commissaire aux comptes, s’il en existe, ou tous associés dans la société… »
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Les entreprises prenant la forme de société commerciale à savoir les sociétés
anonymes régies par la loi 17.95 et les autres sociétés commerciales régies par la loi 05.96,
ainsi que les groupements d’intérêt économique à caractère commercial régis par la loi
13.97, ou la désignation du commissaire aux comptes est soit obligatoire ou facultative.
Ceci étant, la prévention interne ne peut être mise en œuvre que pour les sociétés
commerciales dont la désignation du commissaire aux comptes est obligatoire ainsi que
celles dont la désignation d’un commissaire aux comptes est facultative.
Ainsi l’article 159 de la loi 17-95 prévoit que : « Chaque société anonyme doit
désigner un ou plusieurs commissaires aux comptes, les sociétés anonymes faisant appel
public à l’épargne sont tenues de désigner au moins deux commissaires aux comptes ».
Même dans le cas où la désignation d’un commissaire aux comptes n’est pas
obligatoire, les clauses peuvent envisager une telle nomination. Il peut également être
désigné à la majorité des associés. De même, un ou plusieurs associés peuvent demander
au président du tribunal de commerce, la désignation d’un ou de plusieurs commissaires
aux comptes.
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Force est de constater, que l’approche adoptée par le droit marocain est relative en ce
qui concerne la délimitation des entreprises pouvant bénéficier du régime de la prévention
interne.
Le droit français quant à lui, il a adopté une approche beaucoup plus inclusive en
soumettant, en vertu de la loi ( L 611-1 du C.C.F), à cette procédure, toutes les sociétés
commerciales et G.I.E et les entreprises individuelles, commerciales, artisanales ou
agricoles.
L’article 547 C.C dispose que : « ………. Informe ……….des faits ou des difficultés
de nature à compromettre la continuité de l’exploitation, notamment ceux de
nature juridique, économique, financières ou sociales »
Il a utilisé une expression générale, car il est tellement difficile de dresser une liste
exhaustive des difficultés susceptibles de compromettre la continuité de l’exploitation de
l’entreprise une fois non rétablies, sachant qu’il a regroupé ces faits ou difficultés dans le
cadre des aspects juridiques, économiques, financières ou sociales.
La condition principale c’est que les faits et les difficultés qui requièrent le recours
aux procédures de prévention interne et de prévention de façon générale, ne doivent pas
être au stade de la cessation des paiements exigeant ainsi l’ouverture de la procédure de
traitement.
L’utilisation du pluriel « des faits » montre que l’information ne peut être déclenchée
qu’en présence d’un ensemble convergeant de faits significatifs.
Ceci dit un fait préoccupant, isolé, peut être contrebalancé par un fait favorable de
sens contraire, le déclenchement de l’information serait alors inutile.
L’information doit être accomplie lorsqu’il y a une rupture de l’équilibre des flux
financiers, c'est-à-dire lorsque les recettes normalement prévisibles ne permettront pas de
régler des dettes qui vont venir à échéance dans un avenir relativement proche.
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Section 2 : Les organes chargés du déclenchement de la prévention interne.
La finalité ne réside pas à avertir les dirigeants. Ceux-ci sont généralement conscients
des difficultés traversées par leur entreprise. Elle demeure également et principalement de
les mettre en face de leur responsabilité, en les incitant à prendre des mesures de
redressement.
Il faut rappeler que cette disposition a été prévue depuis 2014 et reprise en 2018, via
la loi 73/17, et remarquer ensuite que cette disposition est inutile pour deux raisons :
L’article 547, a reconnu à l’associé non gérant le droit d’intervenir comme une forme
de contrôle de gestion, sans tenir compte de sa part dans le capital qu’il détient ou qu’il
représente.
Il faut souligner que le genre de contrôle, ne doit pas se confondre avec « l’expertise
de gestion », celui qui est reconnu à l’associé en tant qu’actionnaire conformément aux
dispositions de l’article 157 de la loi sur la société anonyme, et celui reconnu à l’associé
non gérant dans la société à responsabilité limitée conformément aux dispositions de
l’article 82 de la loi 05/96.
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C’est ainsi que l’article 157 ci-dessus dispose qu’un ou plusieurs actionnaires
représentant au moins le dixième du capital social peuvent soit individuellement, soit en
groupant sou quelle que forme que ce soit, peuvent demander au président du tribunal de
commerce, statuant en référé, la désignation d’un ou plusieurs experts chargés de présenter
un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion.
Et c’est à juste titre que l’article 82 de la loi 05/96 dispose qu’un ou plusieurs
associés représentant au moins le quart du capital social peuvent demander au président du
tribunal, statuant en référé, la désignation d’un ou de plusieurs experts chargés de
présenter un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion.
En effet, l’associé concerné par les dispositions de l’article 547, est celui qu’est loin
des actes et missions de gestion du fait que l’associé (actionnaire) appartenant à l’organe
de gestion (conseil d’administration ou conseil du directoire ou de surveillance), ou
l’associé gérant dans les autres sociétés, portent la qualité de chef de l’entreprise
conformément à la définition donnée à l’article 546, alinéa 2 du même code.
De même, les dispositions régissant les sociétés commerciales ont institué des règles
de contrôle de gestion entre les associés gérants.
Le commissaire aux comptes ne doit pas être très loin des actes de gestion,
contrairement aux dispositions de l’article 166 de la loi sur la société anonyme, qui lui
interdit expressément d’intervenir dans la gestion lorsque la situation de l’entreprise est
normale et n’est pas menacée de faits susceptibles de compromettre son activité.
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Suivant une approche progressive, l’article 547 a commencé par l’information du
responsable de gestion (sous-section 1) puis la convocation de l’organe collectif de gestion
à délibérer (sous-section 2) ainsi que l’assemblée générale (sous-section 3) en finissant par
l’implication du président du tribunal dans le cadre de la prévention externe
L’article 547, tend à réaliser deux objectifs afin de réussir la procédure de prévention
dès le départ en l’occurrence :
1- La promptitude :
L’article 547 a prévu un très court délai qu’est de 8 jours courant à partir de
l’apparition des premières difficultés susceptibles de compromettre la continuité de
l’exploitation et ce à travers lettre recommandée.
2- La discrétion :
Ce qui a fait que la partie devant être informée demeure le chef de l’entreprise de
façon personnelle et individuelle, sans transmettre l’information à l’organe collectif de
gestion s’il existe, le conseil d’administration ou de surveillance.
Ceci dit, pour mettre fin à la procédure de prévention interne et renoncer aux étapes
suivantes, le chef de l’entreprise est tenu, conformément à l’article 547 de répondre aux
questions qui lui sont transmises, et présenter des explications sur les points soulevés, et ce
dans un délai de 15 jours à partir de la réception de l’information.
Le commissaire aux comptes et l’associé non gérant, deviennent dans cette situation
une partie habilitée à apprécier ses explications, et estimer sa fermeté et sa capacité à
dépasser la situation critique de l’entreprise.
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sauf en cas de la réunion des assemblées générales des actionnaires ou à travers la gestion
d’expertise.
C’est ce qui nous incite à nous interroger comment envisager à ce que le commissaire
aux comptes ou l’associé, soit celui qui a décelé les faits ou les difficultés et pourtant
l’éradiquer de la réunion du conseil d’administration ou le conseil de surveillance, surtout
si la gravité des faits est apparente.
Car dans le cas contraire, le chef de l’entreprise aurait pu répondre aux questions du
commissaire aux comptes, de l’associé et proposer des solutions sans avoir le besoin de
convoquer le conseil à se réunir.
L’article 547, a confié, la gestion de la période de crise que traverse la société entre
l’organe de contrôle et celui de gestion ; et ce en vue de ne pas troubler la marche normale
de l’entreprise et porter atteinte à son crédit, et trouver des solutions pertinentes à ces
difficultés.
Par cette attitude, le droit Marocain, minimise le rôle des commissaires aux comptes
et de l’associé, qui ont découvert les difficultés que vit une entreprise.