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La procédure d’alerte a été organisée par le législateur à travers les articles 418 à
421 du code de commerce.
Elle est dite interne parce qu’elle est faite par un organe ou un membre se
trouvant au sein de l’entreprise. Il peut s’agir du propriétaire de l’entreprise
individuelle ou de son dirigeant (Paragraphe1), du commissaire aux comptes de
l’entreprise en difficultés (paragraphe 2), ou des associés (paragraphe 3).
L’obligation pesant ainsi à leur charge, est celle de tenir la commission de suivi
informée de ces difficultés.
Le simple avis laissant une trace écrite, suffirait pour les décharger de toute
responsabilité. Le propriétaire et le dirigeant sont en effet les personnes les plus
et mieux informés sur la situation économique et financière de l’entreprise et
peuvent se rendre compte en temps opportun de la gravité et du sérieux de
certains actes et de l’effet qu’ils peuvent avoir sur le fonctionnement futur de la
société et sa survie.
-fait une fausse déclaration ou a dissimulé ses biens ou ses dettes même
partiellement ou créé intentionnellement un document de nature à influer sur le
déclenchement de la procédure de redressement ou sur le plan de redressement.
Elle trouve son fondement légal dans les dispositions de l’article 419 du code de
commerce, qui met à la charge des associés une obligation d’alerter la
commission de suivi des entreprises économiques. Ainsi, l’article dispose que
l’alerte doit être déclenchée par le ou les associés détenant 5 pour cent du capital
de la société connaissant des difficultés économiques, lorsque celle-ci est une
société de capitaux ou une société à responsabilité limitée. Dans les autres types
de sociétés, l’alerte doit être déclenchée par un ou plusieurs associés, quelque
soit la proportion qu’ils détiennent dans le capital social.
Les associés ont donc l’obligation de procéder à l’alerte à chaque fois qu’ils
constatent une anomalie dans la gestion qui risque de compromettre la continuité
de l’activité sociale.
Les associés sont tenus d’alerter, mais le texte ne précise pas quel organe alerter,
doivent ils informer le commissaire aux comptes qui a son tour informera le
président du tribunal ? ou d’alerter la commission de suivi ?
L’alerte est ainsi une obligation mise à sa charge, il convient de déterminer son
domaine d’intervention (A) et les sanctions qui découlent du défaut d’alerte (B).
A- Le domaine de l’Alerte
A la lecture de l’article 420 du code de commerce, on remarque que l’alerte faite
par un commissaire aux comptes concerne essentiellement les entreprises
sociétaires à qui la loi exige la nomination d’un commissaire aux comptes.
La procédure d’alerte profite ainsi à toute société dotée d’un commissaire aux
comptes, ce dernier est doté d’un pouvoir discrétionnaire pour décider de
demander au dirigeant des éclaircissements et des explications, si des données
ou des actes sont de nature à menacer la poursuite de l’activité. Cette expression
du législateur est assez vaste et seul un expert peut réellement détecter si un acte
ou une donnée est effectivement menaçante.
Si le dirigeant répond dans le délai qui lui a été accordé (huit jours dans la loi de
2016), et que sa réponse est convaincante pour le commissaire aux comptes la
procédure d’alerte s’arrête à ce niveau.
Il convient de noter que dans les entreprises individuelles qui n’ont pas de
commissaire aux comptes, la procédure d’alerte ne pourra être déclenchée ! Le
législateur a-t-il ignoré ces entreprises ou compté sur les autres organes, tels que
les organes externes pour le faire ?
C’est dans ce contexte que la loi du 17/4/1995 a prévu dans son article 5 que ces
administrations doivent, en cas de non-paiement des dettes 6 mois après leurs
échéances, ces administrations sont tenues d’informer la commission de suivi.
Cependant, il convient de noter que le critère du non-paiement des dettes 6 mois
après leurs échéances a été supprimé par le législateur qui s’est contenté à
travers l’article 419 d’unifier le critère de notification soit la notification des
actes menaçants la poursuite de l’activité de l’entreprise.
Le même article précise dans son dernier paragraphe que les critères de la
notification seront fixés par décret. Lequel décret n’a pas encore été pris ni
publié.
Elle a été créée en 1995 par la loi du 17/4/1995 relative au redressement des
entreprises.
La commission de suivi fait le relais entre ces divers organes aussi bien internes
qu’externes pour transmettre les informations et les signes précurseurs de
difficultés économiques au président du tribunal, dont le rôle est déterminant
dans la procédure de notification et dont la décision a un grand impact sur
l’avenir de la société. Le président décidera du sort de l’entreprise à
l’achèvement de la notification par la commission de suivi ou par le
commissaire aux comptes qui a le pouvoir de lui révéler directement des
anomalies de fonctionnement après avoir accompli son devoir en réunissant les
organes de gestion et de délibération de la société.
L’article 421 du code de commerce prévoit que le président joue aussi un rôle
dans la notification. Il a la charge de convoquer le dirigeant de l’entreprise ou
son propriétaire dès la réception des signes précurseurs des difficultés
économiques.
La convocation doit être faite par écrit afin d’en conserver la preuve, laquelle
preuve est nécessaire, car celui qui ne comparait pas devant le juge malgré sa
convocation, commet le délit d’entrave à la procédure de redressement tel que
prévu à l’article 593 du code de commerce.
La loi fixe ce délai à un mois. Passé ce délai, avec ou sans réponse, le président
du tribunal est tenu de statuer sur la situation de l’entreprise et de prendre sa
décision. Il peut ordonner si le débiteur accepte l’ouverture d’une procédure de
règlement amiable, ou d’une procédure de règlement judiciaire si ses conditions
sont réunies essentiellement si l’entreprise se trouve en état de cessation des
paiements.