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le modèle ricardien
Supposons qu’on est en présence de deux pays A et B qui produisent deux biens, l’un est
agricole (le bien X), et l’autre est industriel (le bien Y). La production d’une unité du bien
industriel nécessite 4 heures de travail dans le pays A et 6 heures dans le pays B. D’un autre
côté, la production d’une unité du bien agricole nécessite respectivement 3 heures de travail
dans le pays A et 2 heures de travail dans le pays B.
La comparaison des deux coûts implique que le pays A dispose d’un avantage absolu dans la
production du bien industriel. Le pays B dispose donc d’un avantage absolu dans la production
du bien agricole.
Pour Smith, l’ouverture à l’échange serait intéressante pour les deux pays dans la mesure où
elle va permettre à chacun d’entre eux de se spécialiser dans la production du bien qu’il produit
au coût le plus faible par rapport à l’autre.
Le problème avec cette conception de la spécialisation et de l’échange est qu’elle peut conduire
à l’exclusion de quelques pays de l’échange international. En effet, si on considère dans
l’exemple précédent que la production d’une unité du bien agricole nécessite 4 heures de travail
dans le pays B, alors ce dernier n’aura aucun intérêt à se spécialiser et à participer à l’échange
international. C’est en partie pour montrer que cette dernière situation n’est pas envisageable
que le raisonnement de Ricardo va conduire.
1
Adam Smith (1776): « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ». Collection Idées,
Gallimard, Paris, 1976, pp257-258. Chapitre 2. P36.
1.2. L’avantage comparatif de Ricardo :
David Ricardo s’est basé sur la notion de l’avantage comparatif pour montrer que, même en
absence d’avantages absolus, un pays peut avoir intérêt à se spécialiser et à entrer dans
l’échange international. La seule condition est que la comparaison des coûts relatifs des deux
biens dans les deux pays montre qu’ils sont différents.
Pour illustrer cette dernière idée, reprenons l’exemple précédent en apportant une seule
modification (le coût du bien X dans le pays B devient 4 au lieu de 2) pour supposer que le pays
A dispose d’un avantage absolu dans la production de chacun des deux biens, c’est à dire que :
Le coût relatif du bien X en termes du bien Y est le rapport du coût du bien X au coût du
bien Y. Il est égal à 3/4 dans le pays A et à 4/6 dans le pays B :
Le même raisonnement conduit à montrer que le coût relatif du bien Y en termes du bien X est
plus faible dans le pays A que ce qu’il est dans le pays B:
Pour Ricardo, l’intérêt de chaque pays serait de se spécialiser dans la production du bien qui
a le coût relatif le plus faible par rapport à l’autre pays. Le pays A aura donc intérêt à se
spécialiser dans la production du bien Y et le pays B dans celui du bien X.
Chez Ricardo, comme chez Smith, l’origine de la différence dans les coûts de production est
une différence de productivités, elles-mêmes expliquées par des différences de technologies de
production. Le pays A serait ainsi comparativement plus productif dans la production du bien
Y par rapport au bien X que le pays B. On dit que le pays A possède un avantage comparatif en
termes de productivité dans la production du bien Y. Pour Ricardo, les pays A et B gagneront
en se spécialisant respectivement dans la production du bien Y et du bien X. Tous les pays
gagnent ainsi de la spécialisation et de l’échange international par rapport à la situation
d’autarcie. Cette situation est toutefois conditionnée par la comparaison des coûts internes au
prix relatif qui s’établirait sur le marché mondial.
- Le pays B arrive à exporter (donc à vendre) au pays A le bien X à un prix supérieur à son coût
relatif interne c’est à dire à 4/6 :
CrX/Y)B = 4/6 < P*X/Y, tel que P*X/Y est le prix mondial du bien X en termes du bien Y.
Les deux pays gagnent donc à l’échange international lorsque le prix mondial du bien X en
termes du bien Y est compris entre les deux prix autarciques représentés par les coûts relatifs
internes, c’est à dire que :
(CrX/Y)B = 4/6 <PX/Y*< (CrX/Y)A = 3/4
La conclusion relative à la condition dans laquelle les deux pays gagnent à l’échange peut aussi
être obtenue en tenant compte du coût relatif du bien Y en termes du bien X :
- Le pays B arrive à importer (donc à acheter) du pays A le bien Y à un prix relatif inférieur à
son coût relatif interne c’est à dire à 6/4 :
P*Y/X < (CrY/X)B = 6/4, tel que P*Y/X est le prix mondial du bien Y en termes du bien X.
- Le pays A arrive à exporter (donc à vendre) au pays B le bien Y à un prix supérieur à son coût
relatif interne c’est à dire à 4/3 :
(CrY/X)A = 4/3 < P*Y/X, tel que P*Y/X est le prix mondial du bien Y en termes du bien X.
Les deux pays gagnent donc à l’échange international lorsque le prix mondial du bien Y en
termes du bien X est compris entre les deux prix autarciques représentés par les coûts relatifs
internes, c’est à dire que :
(CrY/X)A = 4/3 <PY/X*< (CrY/X)B = 6/4
John Stuart Mill (1806-1873) a été le premier à suggérer que les termes de l’échange vont
refléter les demandes mondiales se portant sur chacun des deux biens. Les prix internationaux
(termes de l’échange) résulteraient de la confrontation entre l’offre et la demande mondiales
pour chaque catégorie de bien. Du moment que les demandes relatives à chacun des deux biens
ne sont pas identiques, la répartition du gain mondial procuré par l’échange ne peut être
qu’inégale.