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CHAPITRE I : LES DIFFERENTES THEORIES DE LA - aD : le nombre d’heures de travail qu’il faut pour produire un

SPECIALISATION INTERNATIONALE mètre carrée Drap en Angleterre


- aD : le nombre d’heures de travail qu’il faut pour produire un
I. LA THEORIE DES AVANTAGES ABSOLUS (A.
SMITH) mètre carre de Drap au Portugal
NB : la théorie de SMITH est fondée sur les théories de la valeur de
SMITH fut le premier à élaborer une théorie explicative du commerce
travail : la valeur (ou le prix) d’un bien est déterminée par la quantité
international. Il fonde les échanges internationaux sur les avantages
qu’il fallut pour produire le bien.
absolus des couts de production.
C’est son cout de production que SMITH appelle le prix naturel (PN).
Selon la théorie des avantages absolus, chaque nation a intérêt à se
La production est une quantité : c’est la quantité produite.
spécialiser dans les produits pour lesquels elle est efficace en termes
La productivité est un ratio : c’est le rapport entre la quantité produite
de cout de production. En d’autre terme chaque pays a intérêt à
et les ressources (travail, capital, consommation intermédiaire…)
exporter les produits pour lesquels il a le cout de production le plus
mise en œuvre pour l’obtenir. En d’autre terme la productivité est la
bas et donc la productivité du travail le plus élevée.
contribution d’un ou des facteurs de production, c’est la quantité
Dans le principe des avantages absolus, ce sont donc des différences
produite
de cout absolu de production qui sont la source de l’échange
internationale
Le modèle d’A. Smith est le suivant :
Illustration : soit deux pays l’Angleterre et le Portugal qui produisent
- 2 pays : Grande-Bretagne (G.B) et Etats-Unis (E.U)
deux biens : le vin et le Drap. On désigne
- 2 biens : textile (T) et blé (B)
- av : le nombre d’heures de travail qu’il faut pour produire un
Smith adopte la théorie de la valeur travail. Il existe un seul facteur de
hectolitre de vin en Angleterre production, le travail. Le prix des biens est proportionnel à la quantité
- av : le nombre ‘heures de travail qu’il faut pour produire un de travail direct et indirect contenu, mesuré en unité de travail u.
hectolitre de vin au Portugal
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Temps de travail – Prix Il y a donc gain (ici exprimé en temps de loisir supplémentaire de 5 u
G.B E.U non travaillées pour le même niveau de vie) dans les deux pays
Textile 5 u —> 1 T 10 u —> 1 T

Blé 10 u —> 1 B 5 u —> 1 B Dans l’analyse de SMITH chaque pays dispose d’un avantage de
productivité sur son partenaire commercial, il est donc mutuellement
Dans les deux pays, le travail total fourni est de 15 u pour avantageux que chaque pays concentre toutes ses ressources à
consommation de (1 T + 1 B) produire le bien pour lequel il dispose d’un avantage absolue : c’est la
Le Textile est moins cher en G.B. (5 u) qu'aux E.U. (10 u). spécialisation internationale du travail (S I T)
Le Blé est moins cher aux E.U. (5 u) qu'en G.B. (10 u). PNVinANG
Si chaque pays se spécialise dans la production pour laquelle il a un AAANG =
avantage absolu (il est le moins cher) et si 1 T s'échange contre 1 B PNVin PORT
(puisqu'ils demandent chacun 5 unités de travail là où il est le plus II. LA THEORIE DES AVANTAGES COMPARATIFS (David
facile de les produire), la spécialisation donne par exemple ceci : RICARDO)
Avec les même hypothèses d SMITH, Ricardo s’intéresse a une
G.B E.U
situation ou un pays avait des avantages absolue et considère que ce
Textile 10 u —> 2 T 0 u —> 0 T
pays avait intérêt a se spécialise selon ces avantages comparatifs ou
Blé 0 u —> 0 B 10 u —> 2 B
relatifs.
Selon la durée des avantages comparatifs, chaque pays a intérêt a se
Avec l'échange 1 T <—> 1 B chaque pays retrouve le même niveau
spécialisée dans les produits pour lesquelles il est relativement plus
de consommation qu'en autarcie (1 T + 1 B) mais en ayant travaillé
efficace.
10 au lieu de 15.

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Dans la théorie des avantages comparatifs, la spécialisation des pays
est déterminée par la comparaison des couts de productions relatives
à l’intérieur même du pays
On dit qu’un pays a l’avantage comparatif dans la, production d’un
bien si le cout d’opportunité de ce bien est faible pour ce pays ace
qu’il est pour d’autres.
Le cout d’opportunité (ou cout économique ou cout de renonciation
ou sacrifice) d’un bien est-ce à quoi il faut renoncer (parfois sans le
savoir) pour l’obtenir. Il comprend le cout explicite (cout comptable)
et le cout implicite.
La théorie des avantages comparatifs affirme que les pays à l’échange
obtienne un gain a l’échange en se spécialisant chacun dans le produit
ou sa productivité est la plus bonne et efficace (supériorité la plus
grande) ou la moins mauvaise (infériorité la moins grande)

PNVinPORT
ACPORT =
PNDrap PORT

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LA THEORIE NEOCLASSIQUE DE LA SPECIALISATION Selon cette analyse factorielle, les rémunérations des facteurs de
INTERNATIONALE production (et donc leurs coûts) tendent à converger entre les différents
I. LES PROLONGEMENTS MODERNES DE LA THEORIE pays participants au commerce international. En effet, les facteurs
LIBRE-ECHANGISTE abondants (donc au départ les moins chers) sont les plus utilisés pour
Les différentes théories modernes du commerce international cherchent produire (à destination des marchés intérieurs et extérieurs), ce qui fait
à déterminer les raisons de l’échange et, ce qui va de pair, les sources de diminuer leur abondance relative et donc augmenter leur prix. Les
gains qu’il induit. Dans la tradition des auteurs classiques, ces facteurs rares (au départ les plus chers) seront de moins en moins utilisés
différentes théories demeurent fidèles au libre-échange. puisque les produits qui en incorporent beaucoup sont importés ; ils
1. La dotation factorielle : le théorème de HOS verront donc leurs prix augmenter. Ainsi la spécialisation internationale
provoque une certaine convergence des économies.
Les économistes suédois Bertil Ohlin (1899-1919, prix Nobel en 1977)
2. L’analyse néo factorielle
et Eli F. Heckscher établissent en 1933 le célèbre théorème
d’Heckscher Ohlin, appelé aussi théorème d’Heckscher-Ohli- Selon l’analyse néofactorielle, la qualité des facteurs de production doit être
Samuelson(HOS) car Samuelson en a présenté une formulation particulièrement prise en compte, comme l’évoque Leontief dans son
mathématique. Selon eux, les différentes nations sont amenées à célèbre paradoxe. IL remarque que les Etats-Unis exportent surtout des
exporter les produits incorporant une forte quantité du facteur de produits à forte teneur en travail et non en capital. Ce paradoxe semble
production qu’elles détiennent en abondance et à importer les produits contredire le théorème de HOS, en réalité il ne fait que le prolonger. En effet,
incorporant une forte quantité du facteur de production dont elles sont il faut aussi tenir compte de l’hétérogénéité des facteurs de production.
peu dotées. Cette approche peut être considérée comme un Ainsi, Leontief explique son paradoxe en affirmant que le travailleur
approfondissement de celle de Ricardo, car ce dernier limitait son américain, plus qualifié et plus productif, vaut trois travailleurs étrangers. Le
analyse à un seul facteur de production : le travail. Ici, les auteurs facteur travail doit être décomposé en plusieurs niveaux de qualification ; le
raisonnent explicitement avec plusieurs facteurs de production : le capital ne doit pas être considéré comme un stock homogène car il faut tenir
travail, la terre sont pris en compte ainsi leurs différentes qualités. compte du degré de technologie.

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3. Hypothèses du modèle HOS des prix relatifs des biens, qui engendre à son tour telle fies prix relatif des
Le modèle HOS est étudié à travers un ensemble d'hypothèses connu sous facteurs de production.
le nom de modèle « 2 x 2 x 2» : 𝑃1 𝑃1 𝑤 𝑤
(𝑁) = (𝐸) ⇒ (𝑁) = (𝐸)
 Deux biens: 1 et 2. 𝑃2 𝑃2 𝑟 𝑟

 Deux facteurs de production: le capital (K) et le travail (L). 5. Le courant technologie

 Deux pays: national (N) et étranger (E). Le courant technologique s’est surtout constitué à partir des analyses de
Posner en 1961 et de Vernon en 1966. Ce courant explique les avantages
4. Les principaux résultats du modèle HOS comparatifs par le progrès technique.
Le commerce international conduit chaque pays à se spécialiser dans la Selon Posner, l’avance technologique d’un pays lui permet de produire avec
production intensive en facteur abonda, nt sur le territoire. des coûts de production moindres et de produire de nouveaux produits. Elle
𝐾 𝐾∗ 𝑤 𝑤∗
> ∗ ⇒ > ∗ lui confère ainsi un avantage comparatif en lui offrant une situation de
𝐿 𝐿 𝑟 𝑟
monopole à la production et l’exportation de ce produit. Mais cet avantage
Un pays tend à se spécialise dans la production pour laquelle la
est nécessairement momentané car d’autre pays ou d’autres firmes cherchent
combinaison des facteurs dont il dispose lui donne le maximum, d'avantages
à rattraper l’avance technologique et à imiter le nouveau processus de
ou le minimum de désavantages. Les choix de production optimaux
production. Ainsi la firme ou le pays innovateur devront une fois encore
dépendent donc des prix relatifs des facteurs (w et r) :
innover dans des processus de production ou dans des produits inédits pour
Si le taux de salaire est plus faible que le prix, du capital,' la, production est
se doter d’une nouvelle supériorité. L’avantage comparatif par l’écart
de type capital-saving.
technologique est donc temporaire, mais aussi dynamique.
Si le 'taux de salaire est élevé alors que le prix du capital est faible, la
Cette analyse s’applique aussi bien aux échanges entre pays de niveaux
technique de production utilisée est donc fortement capitalistique ou labour-
différents qu’aux échanges entre pays à développement à peu près similaire.
saving.
Ainsi, dans le premier cas, les pays les plus avancés technologiquement
Egalité internationale des prix relatifs des produits ~ convergence des prix
disposent d’un avantage à l’exportation dans les produits à haute intensité
relatifs des facteurs ': Le commerce international entraîne une convergence
technologique et importent des biens dont la production requiert des

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technologies moins pointues. Dans le second cas, chaque pays pourra produit, à importer le produit qui avait été introduit sur son sol.
connaître une avance dans des branches différentes ; on a alors des échanges L’exemple le plus souvent cité est celui de la Coccinelle de
croisés dus aux innovations. Volkswagen ; alors que la production allemande avait été stoppée, elle
Veron a précisé le processus d’innovation en distinguant les trois phases du se poursuivait en Amérique latine, et certaines Coccinelle furent
cycle de vie du produit : importées par l’Allemagne.
- La première phase est celle de l’innovation et de l’introduction du
En 1935, l’économiste japonais Kaname AKAMATSU a élaboré une théorie
produit sur le marché intérieur de la firme innovatrice. Le coût du
du développement et de l’insertion dans les échanges des pays en phase
produit est élevé car l’entreprise produit en petites séries et cherche à
d’industrialisation, appelée « développement en vol d’oies sauvages». Les
amortir les dépenses de recherche-développement. Le marché intérieur
biens de consommation, importés dans un premier temps, sont ensuite
sert d’observatoire et permet d’étudier les réactions de la demande, qui
produits puis exportés. Quand le cycle des biens de consommation est
reste limitée en raison de la cherté du produit.
bouclé, il se reproduit pour les biens d’équipement.
- La deuxième phase est celle de la production et de la consommation de
Il s’agit en fait d’une politique de substitution aux importations par remontée
masse. Mais de nombreuses autres firmes entrent sur le marché afin de
de filière, puis d’exportations
profiter des nouvelles conditions de croissance. La firme innovatrice,
FIGURE 1
perdant le monopole sur son marché, cherche à en acquérir un sur les
Le « développement en vol d’oies sauvages »
marchés extérieurs et exporte son produit ;
 La troisième phase est celle de la maturité du produit. Le marché Biens de consommation Biens d’équipement
intérieur du pays innovateur est maintenant saturé. Sur les marchés Importations
étrangers, des firmes nationales produisent désormais le produit ; en
raison de leur faible coût de main-d’œuvre, la firme innovatrice doit se
désengager peu à peu de la production du produit et trouver de nouvelles
innovations pour redémarrer un cycle ou bien délocaliser sa production
afin de pouvoir, elle aussi, bénéficier des faibles coûts de la main-
d’œuvre. Souvent, le pays innovateur sera amené, à la fin du cycle du

~6~ Production

Importations Exportations Production Exportations


 L’importance de la demande

L’économiste suédois S.B. Linder pense (1961) que l’existence d’une


« demande représentative » est nécessaire. Un bien n’est exportable que s’il
est établi sur des bases solides et donc s’il a d’abord satisfait de façon
efficiente la demande intérieur. La production est d’autant plus efficiente
que la demande intérieure (demande représentative) est grande. Ainsi, le
volume des échanges entre deux pays sera d’autant plus important que leur
demande intérieure est forte ; la demande intérieure est, selon Linder, un
déterminant de l’ « exportabilité » (on n’importe que ce qui est vendu
évidemment de leur « imputabilité » (on n’importe que ce qui est vendu sur
le marché). Cette théorie propose donc une explication intéressante aux
échanges entre pays semblables et donc ne disposant pas d’avantages, les
uns par rapport aux autres, en terme de facteurs de production.
Bernard Lassudrie-Duchêne propose aussi une explication du commerce
de similarité. Il pense que les consommateurs des pays développés
demandent une grande diversité dans les produits qui leur sont proposés.
L’importation devient alors nécessaire pour proposer aux consommateurs
une large gamme de produits. Cette « demande de différence » explique les
échanges intrabranches l’exemple le plus éloquent est celui de la branche
automobile française, qui est fortement exportatrice, mais aussi fortement
importatrice.

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