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Soufiane Bouchakour

Chapitre III : Les fondements théoriques du


commerce International

D’après le chapitre II, les premiers à étudier et à défendre l’importance des


échanges internationaux entre la fin du 18 et 19 ème siècle sont les économistes
classiques pour qui le commerce extérieur est la source de prospérité et de
richesse.

Selon les économistes classiques, notamment, Adam Smith et David Ricardo, les
échanges commerciaux doivent se faire et se développer sans obstacles entre les
pays. Dès lors ils sont les premiers a développé les fondements théoriques du
commerce international qui seront développés après la présentation des
déterminants des échanges internationaux.

I- Les Déterminants des échanges internationaux

L’internationalisation des économies nationales résulte de l’essor des échanges


internationaux suite l’ouverture croissante des économies nationales. Le
développement des échanges après la deuxième guerre mondiale et durant les
trente glorieuses s’est accompagné de modifications structurelles du commerce
liées principalement à la spécialisation des pays, la division internationale du
travail et les avantages comparatifs.

A- La Spécialisation

La spécialisation est l’action de se spécialiser dans un domaine particulier. Cette


action présente sur le plan économique, notamment des échanges sune meilleure
productivité. Autrement dit, en matière des échanges, un pays a toujours intérêt à

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se spécialiser dans la production d’un bien qui lui procure plus de gain de
l’échange. Donc, la spécialisation est un préalable important à l’échange
fructueux.

La spécialisation, est donc, la concentration de de la production d’un pays dans


des branches d’activités ou des produits particuliers et qui donne lieu à une
division internationale du travail.

Les pays vivant en autarcie ne peuvent satisfaire que leurs besoins de bases via
les biens capables de les produire localement, et donc l’échange est limité au
niveau interne, alors qu’il est rare que les ménages de ces pays consomment
uniquement ce qui ils produisent. D’om l’importance et l’intérêt de la
spécialisation et de l’échange par la suite.

La spécialisation permet aux acteurs économiques de profiter de la diversité de


leurs compétences et de leurs ressources. Ils fabriquent ce qu’ils savent le mieux
produire et l’échange contre les produits dont la production leur couterait plus
cher.

Exemple : un professeur a intérêt d’échanger le fruit de son activité (soit son


revenu) à l’achat des produits alimentaires. Idem pour un agriculteur qui a intérêt
à produire des produits agricoles qu’enseigner puisqu’il n’a ni de savoir ni de de
gain dans l’enseignement. Il s’agit de la spécialisation de fonction.

De la même manière un pays doit se spécialiser pour profiter des opportunités de


l’échange international en se basant sur ses avantages comparatifs et ses dotations
de facteurs.

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Certains pays se sont spécialisés dans la production des biens qui consomment
plus de capital (facteur de production) cas de l’Allemagne et d’autres pays en
Europe (automobiles, aéronautique et d’autres secteurs à fort valeur ajoutée),
d’autres se sont spécialisés dans la production de biens et services consommant la
main d’œuvre (pays d’Asie en textile surtout

La spécialisation demeure aujourd’hui un outil de développement territorial même


au sein d’un seul pays avec la mise en œuvre du processus de régionalisation. Une
région doit se spécialiser dans la production d’un bien ou service dont il dispose
un avantage comparatif afin d’éviter la concentration des activités et de l’emploi
dans une région au détriment des autres et renforcer par conséquent les disparités
territoriales.

B- La Division internationale du Travail

La division internationale du travail est un préalable et un déterminant de


l’échange international, Elle désigne que les pays après la spécialisation ne
fabriquent pas les mêmes produits et s’orientent vers l’échange. De ce fait, les
pays se sont divisés le travail. Donc la Division International du Travail liée à la
spécialisation est un élément fondamental des échanges internationaux.

Aujourd’hui la nouvelle Division Internationale du Travail ne désigne que la


nouvelle spécialisation actuelle des pays. Il faut reconnaître que la spécialisation
n’est pas pérenne et peut changer au sein même d’un pays sous l’effet de
l’évolution technologique de ce pays ou même des autres pays qui l’avance. La
technologie et les recherches permettent de changer l’architecture du commerce
international suite à la nouvelle spécialisation et division international du Travail.

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Ce point de DIT sera développé par la suite en analysant la théorie des avantages
comparatifs.

II- Les Théories classiques du commerce international

Les premiers à étudier les échanges internationaux entre la fin des 17ème siècle
et début du 19ème sont les économistes classiques et ce afin de montrer que le
libre échange est le facteur de création de richesse et de croissance pour les pays
qui y participent. Selon leur doctrine, chaque pays produit les marchandises dont
il a besoin, exporte les produits pour lesquels dispose un avantage en termes de
coûts de production et importe les marchandises que leur production coute plus
cher que les couts de leur importation.

Les classiques, notamment A.Smith et D.Ricardo considèrent que les nations se


spécialisent dans les productions pour lesquelles les coûts sont les plus bas. La
division internationale du travail qui en résulte permet de parvenir à une situation
optimale.

A- Smith et la loi des avantages comparatifs

Les avantages de la spécialisation et de l’échange international ont été mis en


évidence à la fin du XVIIIème siècle par A. SMITH (1723-1790), auteur classique
anglais. Il fonde son analyse sur les avantages absolus de coût qu’un pays peut
posséder sur un autre pays.

Si pour les mercantilistes, le commerce extérieur est un jeu à somme nulle, c'est-
à-dire qu’il n’est profitable que pour le pays qui obtient de l’échange un surplus à

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l’exportation et donc une entrée de devises étrangères qui permettent son


enrichissement (l’autre partenaire ne profite pas de l’échange qui présente pour
lui un aspect négatif car le gain est transféré d’un pays à un autre), pour Adam
SMITH, le commerce extérieur est un jeu à somme positive ,car il profite aux
deux pays pratiquant l’échange. C’est la notion d’avantage absolu.

Selon Smith, un pays a intérêt à produire lui-même une marchandise si son


coût de production est moins élevée que dans les autres pays.

De cette théorie de Smith des avantages absolue découle le principe de la


spécialisation. Chaque pays doit se spécialiser dans les secteurs d’activités pour
lesquels il dispose un avantage absolu.

Cette spécialisation permet la réalisation d’une production mondiale optimale


puisque les biens sont produits là où les coûts sont les plus bas et met en place une
division internationale du travail (DIT) entre les différentes nations. Le commerce
extérieur est donc totalement intégré dans la dynamique économique globale et il
est à la base de la théorie de la valeur.

Exemple :
Supposons deux pays la Grande Bretagne (économie nationale) et le Portugal
(pays étranger) produisant deux biens :le phosphate d’argane et le pétrole dans les
proportions suivantes :

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Coût de production Angleterre Portugal


Drap 100 80
Vin 20 40

D’après le ci-dessus, le commerce entre les deux pays peut être profitable pour
chacun d’eux puisque les produits achetés à l’extérieur reviennent moins chers
que la production nationale. Tel est le cas du vin pour la Grande Bretagne
(80inférieur à 100) et du drap pour le Portugal (20 inférieurs à 40). Donc, la
Grande Bretagne a un avantage absolu dans la production du drap et le
Portugal a un avantage absolu dans la production du vin.

Imaginant cette fois ci que les coûts sont les suivants :

Coût de production Angleterre Portugal


Drap 100 90
Vin 120 80

D’après ce tableau, la grande Bretagne n’a aucun avantage absolu contrairement


au Portugal. Selon le raisonnement d’A Smith stipulant que le pays doit se
spécialiser dans la production si son cout de production est le moins élevé que
dans d’autres pays, le Portugal qui a les couts de production à la fois du Draps et
du vin a intérêts à se spécialiser dans la production des deux biens. Par conséqeunt
la grande Bretagne ne participe pas à l’échange internationaux car le pays ne
réalisera aucun gain. D’où la théorie de Ricardo de raisonner en terme non pas
absolu mais en termes des avantages relatifs.

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B- La théorie des avantages comparatifs de David RICARDO

Un autre économiste anglais, David RICARDO (1772-1823) complète la théorie


de Adam SMITH : -Un pays a toujours intérêt à se spécialiser dans la production
pour laquelle il possède un avantage relatif, c'est-à-dire un avantage le plus élevé
en termes de coût ou un désavantage le moins élevé.
-La spécialisation et le commerce international sont expliqués par des coûts et
donc des techniques de production différentes.
Les nations obtiennent, grâce à l’échange international, une quantité de biens plus
importante que celle dont elles disposaient sans échange.

Exemple des avantages comparatifs

Coût de production Angleterre Portugal


Drap 100 90
Vin 120 80
Drap/Vin 100/120 = 0,8 90/80= 1,125
Vin/drap 120/100= 1,2 80/90= 0,8

Nous remarquons que le Portugal a un avantage absolu dans la production des


deux produits, car le coût unitaire de chaque bien est plus faible que celui de la
G.B. Toutefois, en comparant le coût du drap par rapport au vin dans les deux
pays, nous constatons qu’il est moins élevé en Grande Bretagne qu’au Portugal.

En cas d’autarcie (sur le marché national), Une unité du drap est échangée en
Angleterre contre 0,8 unité du Vin (vin est plus cher que les drap) ; Par contre, en
ouverture, une unité du drap est échangée contre 1,1 unité de vin au Portugal (drap
coute plus cher que le vin). Dès lors, le Portugal a intérêt à se spécialisé dans la
production du vin et la grande Bretagne a intérêt à se spécialiser dans la production

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des draps car elle a un avantage comparatif dans la production du drap par rapport
au vin.

Conclusion
Le cout comparatif du vin par rapport au drap est moins élevé au Portugal (0,8)
qu’Angleterre (1,2), donc le Portugal a intérêt à se spécialiser dans le vin.
Le cout comparatif du drap par rapport au vin est plus élevé au Portugal (1,12)
qu’Angleterre (0,8), donc l’Angleterre dispose d’un avantage comparatif dans la
production du drap par rapport au vin et donc, le pays a intérêt à se spécialiser
dans le vin.

Les gains de l’échange après la spécialisation

Le Portugal après sa spécialisation dans la production du vin va produire deux


unités soit un cout de 200 soit 100x2 (zéro cout pour la production du drap), et
l’Angleterre procèdera à la production de 2 draps soit un cout de 180 soit 90x2
(zéro pour la production du vin), le tableau ci-après montre le gain de l’échange
des deux pays :

Coût de production Angleterre Portugal


Drap Avant Après Avant Après
100 200 90 0
Vin 120 0 80 160
Cout mondial pour 220 200 170 160
deux unités
Gain de l’échange 20 10
Gian mondial 30

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C-La théorie des dotations de facteurs : loi HECKSCHER et OHLIN

Deux auteurs suédois, Eli HECKSCHER (1919) et Bertil OHLIN (1930),


poursuivant la théorie ricardienne, ont cherché à expliquer la configuration des
échanges. Contrairement au modèle de RICARDO qui stipulait que les différences
de technologies utilisées par les pays étaient à la base du commerce international,
dans le modèle d’H-O, ce sont les différences de dotations de facteurs de
production (capital et travail) qui vont caractériser les structures économiques de
chaque pays par l’intermédiaire des prix relatifs.

C’est en 1919 que l’économiste suédois E. HECKSHER présenta dans un article


« les effets du commerce international sur la distribution des revenus » qui sera à
la base de la théorie des dotations des facteurs. Une telle théorie a été développée
en 1933 par son élève B. OHLIN dans son livre « le commerce inter-régional et
international et reprise de nouveau par P. A. SAMUELSON en 1948-1949.

La « loi de proportion des facteurs » constitue le modèle de base de la « théorie


pure » du commerce international. Elle est à la source des spécialisations. Selon
ces auteurs, les avantages comparatifs ne proviennent pas uniquement de la
productivité du travail mais de l’ensemble des facteurs de production (capital,
terres, ressources minérales) dont dispose un pays.

Les canadiens exportent, par exemple, des produits forestiers vers les Etats-Unis,
non parce que les bucherons canadiens sont plus efficaces, mais parce que le
Canada est richement doté en ressources forestières. Les pays vont se spécialiser
et exporter des produits qui nécessitent des facteurs de production relativement
abondants chez eux (et donc peu coûteux) et importer des produits recourant à des
facteurs de production relativement rares (et donc onéreux).

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D-Les insuffisances des théories traditionnelles

Contrairement aux enseignements de la théorie traditionnelle, le commerce


international se développe le plus entre les nations les plus développées dont les
dotations factorielles sont peu différentes. Il s’agit donc d’un commerce entre
nations très peu différenciées les unes des autres, alors que la théorie traditionnelle
met au contraire en avant le rôle des caractéristiques différentes des nations pour
expliquer l’échange international.

La part du commerce international intra-branche, qui existe lorsqu’un pays


importe et exporte simultanément les mêmes biens dans le commerce mondial, est
très significative et plus dynamique. La théorie traditionnelle n’a pas d’explication
à proposer d’un tel phénomène qui est incompatible avec sa vision de la
spécialisation internationale.

La théorie traditionnelle ne laisse aucune place aux firmes multinationales et au


commerce intra-firme dans son schéma, puisque ce sont les nations et elles seules
qui échangent. Cependant, les échanges entre les filiales de firmes multinationales
implantées dans des pays différents représentent plus du tiers du commerce
mondial de marchandises dans les années 1980.

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