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CHAPITRE 1

LES FONDEMENTS THEORIQUES DE L’ECHANGE

Il s’agit à ce niveau de passer en revue quoique succinctement les fondements théoriques


du développement des échanges internationaux.

I- Les fondements des échanges Internationaux

Les économistes classiques ont été les premiers à étudier les échanges internationaux,
entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle. Le but des théories classiques est de
montrer que le développement des échanges internationaux est un facteur de croissance pour
les pays qui y participent.

1. Adam Smith et la loi des avantages absolus

• Adam Smith

Adam Smith (1723-1790) est un philosophe et économiste classique écossais. Son


œuvre principale, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), est
considérée comme l’ouvrage fondateur de la doctrine classique.

• Les avantages absolus

Un pays qui a besoin d’un produit a le choix entre, soit le produire lui-même, soit
l’importer d’un autre pays. Le pays choisit la solution la moins coûteuse.

Selon Adam Smith, un pays a intérêt à produire lui-même une marchandise si le coût de
production de cette marchandise est moins élevé que dans les autres pays. Le pays dispose alors
d’un avantage absolu pour cette marchandise, il doit la produire et l’exporter vers les autres
pays. Les marchandises dont les coûts de production sont trop élevés pour le pays doivent être
importées.
À noter

Les exportations sont les biens et services produits par un pays et vendus à l’étranger.

Les importations sont les biens et services produits par l’étranger et achetés par un pays.

• La division internationale du travail

De la théorie des avantages absolus découle le principe de la spécialisation des pays.


Chaque pays doit se spécialiser dans les secteurs d’activité pour lesquels il dispose d’un
avantage absolu. Il doit exporter ces marchandises vers l’étranger et importer les marchandises
pour lesquelles il ne dispose d’aucun avantage absolu.

Il en résulte une division internationale du travail et le développement des échanges


internationaux qui sont source de croissance pour tous les pays.

2. David Ricardo et la loi des avantages comparatifs

• David Ricardo

David Ricardo (1772-1823) est un économiste classique anglais. Homme d’affaires et


homme politique, il est l’auteur des Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817).

• Les avantages comparatifs

Ricardo met aussi en avant l’intérêt des échanges internationaux pour les pays. Il se base
sur la lecture de La Richesse des nations de Smith pour aborder la notion de coûts comparatifs.

Selon Ricardo, même si un pays ne dispose d’aucun avantage absolu, il peut avoir intérêt à se
spécialiser et à échanger s’il dispose d’un avantage comparatif.

Il présente lui-même l’exemple de la production du drap et du vin en Angleterre et au


Portugal. Cet exemple est basé sur les coûts de production de chaque pays qui correspondent à
la quantité de travail nécessaire pour obtenir ces deux marchandises, quelle que soit l’unité de
mesure utilisée.

Coûts de production Angleterre Portugal

Drap 100 90

Vin 120 80

Interprétation : la production de drap coûte 100 unités en Angleterre.

Selon le raisonnement de Smith, la production d’une marchandise est effectuée par le


pays qui a les coûts de production les moins élevés. Le drap et le vin sont alors produits par le
Portugal, car ce pays a les coûts de production les plus faibles pour ces deux produits. Il s’agit
d’une lecture «horizontale », produit par produit.

Ricardo considère que chaque pays doit se spécialiser dans le produit qui présente les
plus faibles coûts de production. L’Angleterre doit donc produire des draps qui lui coûtent
moins cher que le vin et le Portugal du vin qui lui coûte moins cher que les draps. Il s’agit d’une
lecture « verticale », pays par pays.

L’analyse de Ricardo se base sur Trois hypothèses : facteurs de production immobiles


et dotations de facteurs différentes ; écart de prix relatifs des facteurs entre pays ; libre
échange & marchés concurrentiels.

Ricardo dégage 3 conclusions :

- Chaque pays se spécialiste dans la production pour laquelle il possède un Avantage


Comparatif, d’où la DIT ;
- Chaque pays en tire un enrichissement absolu, augmentation du volume consommé de
tous les produits, diminution des prix d’accès aux biens ;
- Le pays le plus riche ou plus développé en tire le plus grand avantage.

• Le libre-échange
Smith et Ricardo sont tous deux des fervents défenseurs du libre-échange, c’est-à-dire
de la libre circulation des marchandises entre les pays. Aucune barrière ne doit empêcher les
marchandises de passer d’un pays à un autre, pas même des barrières tarifaires comme les droits
de douane.

La doctrine libérale des auteurs classiques se résume dans l’expression « laisser-faire,


laisser-passer ». Chaque pays doit produire les marchandises dont il a besoin, exporter les
marchandises pour lesquelles il a un avantage en termes de coûts de production sur les autres
pays et importer les marchandises pour lesquelles il ne dispose d’aucun avantage.

À noter

La théorie des avantages comparatifs est toujours utilisée pour défendre le libre-échange. Les
pays cherchent à se spécialiser dans les secteurs d’activité pour lesquels ils disposent d’un
avantage comparatif.

3. Le modèle H.O.S.

• Hecksher, Ohlin et Samuelson

Eli Hecksher (1879-1952) et Bertil Ohlin (1899-1979), deux économistes suédois, ont
développé un modèle sur le commerce international en 1933. Paul Samuelson (1915-2009),
économiste américain, « prix Nobel d’économie» en 1970, a contribué à l’amélioration de ce
modèle en 1941. Ce modèle est connu sous le nom de modèle HOS, Hecksher-Ohlin-
Samuelson.

• La loi des proportions de facteurs

Le modèle HOS cherche à comprendre l’origine des avantages comparatifs mis en avant
par Ricardo.

Selon ces trois auteurs, les avantages comparatifs de chaque pays tiennent dans leurs
différences de dotations en facteurs de production, c’est-à-dire le travail et le capital. Un pays
se spécialise dans la production du bien qui utilise le facteur en abondance sur le territoire. En
effet, s’il est abondant, le coût de ce facteur de production sera plus faible et les entreprises ont
tout intérêt à préférer des productions qui l’utilisent. À l’inverse, les pays ont intérêt à importer
les marchandises qui demandent le facteur de production le plus rare sur le territoire.
• Illustration du modèle HOS

L’illustration la plus courante du modèle HOS compare la situation de l’Australie et


celle de l’Angleterre en fonction de l’abondance des terres et de la main-d’œuvre.

L’Australie est un pays qui dispose d’une abondance de terres. En revanche, la main-
d’œuvre est plus rare. Ce pays doit se spécialiser dans une activité qui peut utiliser ces terres et
qui demande moins de main-d’œuvre, comme l’élevage ou l’agriculture.

L’Angleterre est un pays dans lequel la main-d’œuvre est abondante alors que l’espace
cultivable est plus rare. Ce pays doit se spécialiser dans l’industrie qui utilise beaucoup de
travail mais peu de terres.

Cas pratique

L’Allemagne et la France s’interrogent sur leurs avantages à produire ou à importer des


voitures et des bateaux.

L’Allemagne peut produire un bateau en 350 heures de travail et une voiture en 320
heures. La France peut produire un bateau en 400 heures de travail et une voiture en 550 heures.

Remarque

Ces données sont fictives, elles n’ont qu’une valeur d’exemple.

Déterminez si l’Allemagne et la France ont intérêt à produire ou à importer les bateaux et les
voitures selon la théorie des avantages absolus et la théorie des avantages comparatifs.

Solutions

Coûts de production (en Allemagne France


heures de travail)
Bateau 350 400

Voiture 320 550

Selon la théorie des avantages absolus, l’Allemagne a intérêt à produire les bateaux et
les voitures car ses coûts de production sont inférieurs à ceux de la France pour ces deux
produits. Il s’agit d’une lecture « horizontale » du tableau, produit par produit.

Selon la théorie des avantages comparatifs, l’Allemagne a intérêt à produire les voitures
car cela lui coûte moins cher que de produire des bateaux. Elle doit alors importer les bateaux
qui sont le produit le moins cher à produire pour la France. L’Allemagne doit donc se spécialiser
dans la production de voitures et la France dans celle de bateaux. Il s’agit d’une lecture «
verticale » du tableau, pays par pays.

II- Le libre-échange et le protectionnisme

1. Le libre-échange

• Définition

Le libre-échange correspond à la libre circulation des biens et des services entre les
pays. Cette doctrine préconise la suppression de toute entrave aux échanges internationaux. Les
obstacles au libre-échange sont toutes les formes de barrières qui freinent l’entrée d’une
marchandise dans un pays ou sa sortie.

Exemples : Les droits de douane, les quotas…

➔ Les entraves au libre-échange sont considérées comme de la concurrence déloyale.

• Les avantages du libre-échange

– La croissance économique : Selon les théoriciens classiques, le libre-échange


permet aux pays de se spécialiser dans les productions pour lesquelles ils
disposent d’un avantage en termes de coût de production. La spécialisation des
pays permet une utilisation optimale des ressources de chaque pays. Le libre-
échange est alors source de croissance économique.
– L’amélioration de la compétitivité : Le libre-échange force les producteurs à
être plus compétitifs, c’est-à-dire à obtenir des prix de vente toujours plus
faibles. Cela est alors intéressant pour les consommateurs qui profitent des prix
les plus avantageux. De même, la concurrence internationale est aussi un moteur
pour stimuler les innovations.

Exemple : Quand Airbus met au point l’A380, cela encourage Boeing à innover dans un avion
encore plus performant.

À noter

La compétitivité est la capacité des entreprises à maintenir ou à accroître le niveau de leurs


productions et de leurs parts de marché.

- L’ouverture des pays : Enfin, un pays ne peut vivre en totale autarcie, c’est-à-
dire sans aucun échange avec les autres pays. Aucun pays ne dispose de toutes
les ressources nécessaires pour faire vivre sa population. Les pays sont donc
obligés de s’échanger des biens et des services.

Exemple : La France ne peut pas fournir tous les biens et services dont les Français ont besoin,
ne serait-ce qu’en énergie.

Cependant, une trop grande libéralisation des échanges internationaux présente aussi des
limites.

• Les limites du libre-échange

– Les conséquences économiques et sociales

La recherche permanente de compétitivité force les entreprises à baisser leurs coûts de


production, notamment le coût du travail. Certaines sont alors incitées à produire dans des pays
à faible coût de la main-d’œuvre pour augmenter leur compétitivité. Cela correspond à une
délocalisation, c’est-à-dire à la fermeture d’une entreprise sur un territoire pour s’implanter
dans un autre pays. Si un pays subit un nombre important de délocalisations, le niveau de sa
production diminue et son taux de chômage augmente. Les délocalisations sont souvent
considérées comme un effet négatif du libre-échange.
– La dépendance vis-à-vis de l’extérieur

Le développement du libre-échange et la spécialisation des pays rendent les États


dépendants de la situation économique des autres pays.

Un pays spécialisé dans un domaine est plus sensible à la conjoncture économique


internationale et aux volontés de ses partenaires commerciaux.

Exemple : Au début des années 2000, le secteur touristique français a chuté suite à la
baisse de la fréquentation de la France par les Américains.

De même, un pays qui est importateur d’un produit subit les variations de production et de prix
du pays auprès duquel il achète ce produit.

Exemple : En 1973, les pays industrialisés subissent la forte hausse du prix du pétrole
décidée par les pays exportateurs de cette énergie.

– Les inégalités de richesses

Le libre-échange ne profite pas à tous les pays de la même manière. Il est souvent accusé
de creuser les écarts de richesses entre les pays.

Les pays les plus riches sont les plus aptes à échanger avec les autres et deviennent ainsi
de plus en plus riches. Les pays les plus pauvres ne peuvent pas participer à ces échanges.

On trouve à ce niveau l’analyse marxiste. Les marxistes considèrent la mondialisation comme


indispensable à la survie du capitalisme pour lutter contre les deux lois du capitalisme : la
surproduction et la baisse tendancielle du taux de profit, en cherchant des débouchés. Les
relations bilatérales, la colonisation puis, en réaction, le tiers-mondisme, en ont été les
conséquences. Il en résulte un échange inégal (Arghiri Emmanuel) entre le centre et la
périphérie (terme repris par Fernand Braudel) qui subit une spécialisation en produits primaires
: monoculture, ou une polarisation, développement par pôles trop spécialisés. Ces facteurs les
rendent vulnérables et bloquent leur développement.
Enfin, baisse tendancielle du prix relatif des produits primaires par rapport aux produits
industriels au profit du centre, et récupération des hausses de prix grâce à l’inflation par les pays
avancés. Les marxistes considèrent la mondialisation comme indispensable à la survie du
capitalisme pour lutter contre les deux lois du capitalisme : la surproduction et la baisse
tendancielle du taux de profit, en cherchant des débouchés. Les relations bilatérales, la
colonisation puis, en réaction, le tiers-mondisme, en ont été les conséquences. Il en résulte un
échange inégal (Arghiri Emmanuel) entre le centre et la périphérie (terme repris par Fernand
Braudel) qui subit une spécialisation en produits primaires : monoculture, ou une polarisation,
développement par pôles trop spécialisés. Ces facteurs les rendent vulnérables et bloquent leur
développement.

Enfin, baisse tendancielle du prix relatif des produits primaires par rapport aux produits
industriels au profit du centre, et récupération des hausses de prix grâce à l’inflation par les pays
avancés.

2. Le protectionnisme

• Définition

Le protectionnisme correspond à l’ensemble des mesures qu’un pays met en place pour
protéger son économie nationale de la concurrence étrangère.

Les pratiques protectionnistes visent à défendre les intérêts nationaux, c’est-à-dire à favoriser
les produits fabriqués sur le territoire national et à limiter, voire empêcher, les produits étrangers
sur son territoire.

Exemple : Un pays peut décider de protéger une industrie naissante sur son territoire
afin de lui laisser le temps de croître et d’obtenir des coûts de production assez faibles pour
pouvoir entrer en concurrence avec les autres pays.

Dans la majorité des cas, les pays justifient le recours à des mesures protectionnistes pour
protéger l’emploi national.

• Le protectionnisme défensif

Le protectionnisme défensif permet de limiter l’intrusion de la concurrence étrangère. Il


existe plusieurs formes de protectionnisme défensif.
CHAPITRE 2

LA TUNISIE, L’OMC ET LE PARTENARIAT AVEC L’UE

Les MNT du commerce extérieur de la Tunisie avec l’UE et la


convergence règlementaire : Par quoi commencer et à quel prix ?

Pour être en parfaite conformité avec la note conceptuelle du Forum portant sur « La
Tunisie et les Directives Européennes : Convergence VS. Protectionnisme », nous cherchons
dans cette note à répondre à 2 questions :

1- Par quoi il faut commercer la convergence règlementaire ?


2- Quels coûts sont à supporter pour assurer cette convergence ?

Avant ce faire il y’a lieu de rappeler ce qu’on entend par ALECA. L’ALECA au sens
de l’OMC est un Accord Commercial Régional (ACR). Cet accord est à conclure entre la
Tunisie et l’UE ; Il vise la création d’une ZLE entre les deux parties.

Mais en quoi cet accord est-il différent de celui de 1995 ? Le projet de l’accord en cours
de négociation est le processus normal de l’accord de 1995 que ce soit au niveau des objectifs
que du champ et des instruments à utiliser. Le tableau suivant positionne les 2 « accords ».

Tableau 1- ALE v/s ALECA

1995 En cours de négociation

Type d’accord ALE ALECA

Objectif ZLE limité ZLE

Champs L’industrie manufacturière Accord Complet : Tous les secteurs productifs y compris
services et agriculture

Instruments Démentiellement tarifaire Accord Approfondi :


(Suppression DD sur les
Importations) • Lever non seulement les barrières Tarifaires au commerce
mais aussi les MNT
• Pousser au rapprochement des législations vers l’acquis de
l’UE
Source : Compilation auteur

Du moment où l’ALECA est le processus « naturel » de l’Accord de 1995, alors qu’est


ce qui reste à négocier ? L’ALECA se veut être un accord Complet et Approfondi dans le sens
où il couvrira désormais l’ensemble des secteurs d’activité et il prendra en considération non
seulement les barrières tarifaires en rapport avec le commerce mais aussi, il prendra en
considération les MNT.

Q1 - Qu’est ce qui reste à faire au niveau des négociations ?

i) Où se situe l’ALECA dans la pyramide des accords ?

Les ACR sont des accords passés entre plusieurs pays d'une même région du monde
afin de faciliter les échanges de biens, de services, de capitaux et de personnes. La
multiplication des ACR n'a pas faibli depuis le début des années 1990 : Au 8 janvier 2015,
l'OMC avaient reçu 604 notifications d'ACR ; Parmi ceux-ci, 398 étaient en vigueur. Le point
commun entre tous ces ACR est qu'ils sont réciproques entre deux partenaires ou plus.

Les ACR peuvent prendre des formes plus ou moins avancées d'intégration économique
allant d’un simple accord commercial à l’union monétaire tout en passant, entre autres de ZLE
et de l’union économique. Six niveaux d'intégration sont généralement retenus.

- Les accords commerciaux préférentiels, où des réductions de droits de douanes sont


octroyées entre les partenaires commerciaux ;
- La zone de libre-échange (ZLE) instituée par un Accord de libre échange qui prévoit
la suppression de l’essentiel des droits de douane et l’élimination des restrictions
quantitatives entre deux ou plusieurs pays ;
- L'union douanière est un niveau d’intégration économique plus élevé où en plus de
l’élimination des droits de douane entre les pays de la ZLE, tous ces pays devront
appliquer un tarif extérieur commun à tous les pays n’appartenant pas à la ZLE ;
- Ensuite, le marché commun suppose un niveau d’intégration économique encore plus
élevé où il existe une libre circulation des biens, des services des capitaux et des
personnes au sein des pays de la zone ;
- l'union économique qui constitue une forme plus évoluée d’intégration économique
prévoit une coopération entre les pays de la zone en matière de politique économique,
financière, fiscale et sociale et conduisent ensemble les négociations économiques
avec les pays tiers ;
- Enfin, l’union monétaire est le niveau d’intégration économique le plus élevé qui
suppose l’émission d’une monnaie unique pour l’ensemble des pays membres de la
ZLE.

La figure suivante met en valeur ces différents niveaux.

Figure 1- typologie des formes d’intégration

Accord
preférentiel ALE

ZLE ALECA

Union douanière
Marché commun
Union économique
Union Monétaire
Source : reproduction de l’auteur

ii) ….et la Tunisie

Depuis son adhésion au GATT/OMC, et dans l’objectif de mettre en application les


dispositions de l’accord de l’OMC à travers la conclusion d’accords régionaux spécifiques ou
de partenariats, bilatéral ou multilatéral, la Tunisie a conclu une série d’accords :

- Les accords avec l’Union Européenne (ALE, ALECA en cours)


- L’accord avec l’association Européenne de libre échange (la Suisse, le Norvège,
l’Islande et Liechtenstein) signé le 17 décembre 2004 et ratifié le 17 mai 2005.
- L’accord avec les pays arabes
- L’accord avec les pays méditerranéens
- L’accord avec les pays islamiques
- Accords individuels (Turquie, le Maroc, la Lybie, l’Egypte, la Syrie, l’Algérie, la
Jordanie, l’Iran et la Mauritanie).
Figure 2 – Accords commerciaux de la Tunisie

Source : OMC

A vrai dire parmi ces accords et ces conventions seul l’accord d’association avec l’UE
se hisse au niveau des recommandations de l’OMC. Néanmoins, le chemin est encore long dans
la mise en œuvre des recommandations de l’OMC. La Tunisie est à peine au milieu du
parcours : ainsi sur 40 dispositions, 16 ne sont pas ratifiées et 12 ratifiés mais non totalement
ou partiellement adoptées ; 70 % des dispositions ne sont pas mis en œuvre.

Tableau 2- Position de la Tunisie par rapport aux dispositions de l’OMC

Dispositions ratifiées Dispositions


Total
totalement partiellement Non non
adoptées adoptées adoptées ratifiées
15
Marchandises 7 1 4 3

14
Services 1 1 0 12

Dispositions 5 11
4 1 1
générales
40
TOTAL 12 3 9 16
Source : Compilation auteur d’après OMC (Situation juin 2018)

Les détails figurent dans les tableaux suivants :


Tableau 3- Principaux thèmes abordés par l’Accord d’association Tunisie – UE par rapport
aux dispositions de l’OMC : Cas du commerce de Marchandises1

N° DISPOSITIONS DE L’OMC « MARCHANDISES » TUNISIE

1 2.1 Élimination par au moins une Partie de tous les droits de douane à la fin de la mise en œuvre +

2 2.2 Contingents tarifaires +

3 2.3 Interdiction de toutes les restrictions quantitatives à l'importation +

---- 2.4 Règles d'origine +

4 2.4.1 Critères du changement de classification tarifaire (CCT) +

5 2.4.2 Critères de la teneur en valeur régionale (TVR) +

6 2.4.3 Autre(s) critère(s) +

7 2.4.4 Règles de minimis +

8 2.4.5 Perfectionnement passif autorisé +

9 2.4.6 Cumul entre les Parties +

10 2.4.7 Cumul avec des tierces parties autorisé +

11 2.5 Interdiction de tous les droits d'exportation et de toutes les impositions à l'exportation +

12 2.6 Interdiction de toutes les restrictions à l'exportation, y compris les restrictions quantitatives +

---- 2.7 Mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) +

13 2.7.1 Réaffirme expressément ou incorpore l'Accord SPS de l'OMC -

14 2.7.2 Obligations en matière de transparence -

15 2.7.3 Règlement des différends non applicable -

---- 2.8 Règlements techniques, normes, obstacles techniques au commerce (OTC) +

16 2.8.1 Réaffirme expressément ou incorpore l'Accord OTC de l'OMC -

17 2.8.2 Obligations en matière de transparence -

18 2.8.3 Reconnaissance obligatoire des résultats de l'évaluation de la conformité -

19 2.8.4 Reconnaissance obligatoire des règlements techniques -

20 2.8.5 Harmonisation/alignement des mesures OTC au niveau bilatéral/régional -

21 2.8.6 Règlement des différends non applicable -

---- 2.9 Mécanismes de sauvegarde (marchandises) +

1Le signe (+) signifie que lors des négociations entre la Tunisie et l’UE, la disposition est ratifiée.
Le signe (-) signifie que la disposition OU la clause n’a pas fait encore objet de négociation.
Ces dispositions sont extraites du Système D'information Sur Les Accords Commerciaux Régionaux (SI-ACR) de l’OMC.
22 2.9.1 Réaffirme expressément ou incorpore l'Accord de l'OMC sur les sauvegardes -

23 2.9.2 Exclusion d'une Partie à l'ACR d'une mesure de sauvegarde globale -

24 2.9.3 Autorisation des mesures de sauvegarde spécifiques à l'ACR pendant une période
de transition ou peu de temps après -

25 2.9.4 Mesures de sauvegarde spécifiques à l'ACR toujours autorisées -

26 2.9.5 Sauvegarde spéciale pour l'agriculture -

27 2.9.6 Sauvegarde spéciale pour les textiles -

28 2.9.7 Autres sauvegardes spéciales -

29 2.10 Mesures relatives à la balance des paiements (marchandises) +

---- 2.11 Mesures antidumping +

30 2.11.1 Réaffirme expressément ou incorpore l'Accord antidumping de l'OMC +

31 2.11.2 Interdiction des mesures antidumping intra-ACR -

32 2.11.3 Règles plus strictes concernant l'imposition de mesures antidumping intra-ACR -

33 2.11.4 Règlement des différends non applicable -

---- 2.12 Mesures compensatoires -

34 2.12.1 Réaffirme expressément ou incorpore l'Accord de l'OMC sur les subventions et


les mesures compensatoires -

35 2.12.2 Interdiction des mesures compensatoires intra-ACR -

36 2.12.3 Règles plus strictes concernant l'imposition de mesures compensatoires intra ACR -

37 2.12.4 Règlement des différends non applicable -

---- 2.13 Subventions (marchandises) +

38 2.13.1 Interdiction des subventions à l'exportation de produits agricoles -

39 2.14 Clause NPF/extension des préférences accordées dans le cadre d'autres ACR (marchandises) -

40 2.15 Chapitre/section ou autre instrument juridique sectoriel (marchandises) -

Source : OMC

Tableau 4- Principaux thèmes abordés par l’Accord d’association Tunisie – UE par rapport
aux dispositions de l’OMC : Cas du commerce de services et investissement

N° DISPOSITIONS DE L’OMC « SERVICES » TUNISIE

1 3.1 Refus d'accorder des avantages -


---- 3.2 Services -

2 3.2.1 Liste positive -

3 3.2.2 Liste négative -

4 3.2.3 Structure hybride -

5 3.2.4 Disposition relative au statu quo -

6 3.2.5 Disposition cliquet -

7 3.2.6 Disposition NPF (services) -

8 3.3 Clause de rendez-vous/clause de révision/clause évolutive (services) +

---- 3.4 Dispositions sur la libéralisation de l'investissement -

9 3.4.1 Disposition NPF (investissement) -

10 3.4.2 Traitement national pour l'entrée d'investissements (établissement) -

11 3.4.3 Libéralisation de l'investissement -

---- 3.5 Autres dispositions relatives à l'investissement +

12 3.5.1 Protection de l'investissement +

13 3.5.2 Promotion de l'investissement +

14 3.5.3 Règlement des différends entre investisseurs et État -

15 3.6 Clause de rendez-vous (investissement) -

16 3.7 Dispositions relatives aux transferts de capitaux -

17 3.8 Réglementation intérieure -

18 3.9 Reconnaissance mutuelle -

19 3.10 Mécanismes de sauvegarde (services) -

20 3.11 Mesures relatives à la balance des paiements (services) -

21 3.12 Subventions (services) -

22 3.13 Mouvement des personnes physiques -

23 3.14 Chapitre/section ou autre instrument juridique sectoriel (services) -

Source : OMC
Tableau 5- Principaux thèmes abordés par l’Accord d’association Tunisie – UE par rapport
aux dispositions de l’OMC : Dispositions générales de l’accord

N° DISPOSITIONS DE L’OMC « DISPOSITIONS GENERALES » TUNISIE

1 4.1 Exceptions générales (marchandises, services et/ou investissement) +

2 4.2 Exceptions concernant la sécurité (marchandises, services et/ou investissement) +

---- 4.3 Accession -

3 4.3.1 Accession ouverte à toutes les tierces parties -

4 4.3.2 Accession ouverte à certaines tierces parties seulement -

---- 4.4 Règlement des différends +

5 4.4.1 Règlement politique/consultations uniquement -

6 4.4.2 Processus d'arbitrage ad hoc +

7 4.4.3 Tribunal permanent -

8 4.4.4 Choix de l'instance -

9 4.4.5 Recours exclusif à l'instance choisie -

10 4.4.6 Recours au Mémorandum d'accord sur le règlement des différends de l'OMC


interdit -

11 4.4.7 Disposition sur les compensations financières -

12 4.5 Marchés publics +

13 4.6 Toutes les Parties sont parties à l'Accord de l'OMC sur les marchés publics (AMP) au moment de
l'entrée en vigueur -

---- 4.7 Droits de propriété intellectuelle +

14 4.7.1 Réaffirme expressément ou incorpore l'Accord de l'OMC sur les ADPIC -

15 4.7.2 Droit d'auteur et droits voisins -

16 4.7.3 Brevets -

17 4.7.4 Marques -

18 4.7.5 Dessins et modèles industriels -

19 4.7.6 Schémas de configuration (topographies) de circuits intégrés -

20 4.7.7 Indications géographiques -

21 4.7.8 Connaissances traditionnelles -


22 4.7.9 Moyens de faire respecter les droits -

---- 4.8 Concurrence +

23 4.8.1 Adopte ou maintient la législation sur la concurrence -

24 4.8.2 Règlement des différends non applicable -

25 4.9 Dispositions sur les monopoles désignés ou les entreprises d'État +

---- 4.10 Environnement +

26 4.10.1 Pas d'assouplissement de la législation environnementale -

27 4.10.2 Dispositions relatives à la participation/aux consultations publiques -

28 4.10.3 Règlement des différends non applicable -

---- 4.11 Travail +

29 4.11.1 Pas d'assouplissement des lois relatives au travail -

30 4.11.2 Règlement des différends non applicable -

31 4.12 Commerce électronique -

32 4.12.1 Exemption de droits de douane pour les produits numériques transmis par voie
électronique -

Source : OMC

Q2- Par quoi il faut commercer ?

i) Quelles activités pour la Tunisie ?

Pour répondre à cette question on se réfère à l’étude menée par l’IACE en 2016. Il s’agit
d’une étude sur le Positionnement compétitif des filières d’activités objets de
l’ALECA. Dans cette étude il a été question d’élaborer une classification des filières
selon leur compétitivité ; l’objectif de la classification est de comprendre quelles sont les filières
qui pourront être libéralisées de suite, celles qui nécessitent une mise à niveau avant leur
libéralisation et dont le processus de négociation est à engager, et celles qui ne peuvent être
libéralisées et dont le processus de négociation est à reporter. Conformément à la NAT
2009, 3 listes ont ainsi été élaborée :

- Liste A: Liste à libérer


- Liste B: Liste pour laquelle on peut engager la négociation
- Liste C: Liste à reporter

Tableau 6- Positionnement compétitif des filières économique


NAT 2009 Score final Liste

Activités hospitalières 80 A

Commerce de gros de céréales, de tabac non manufacturé, de semences et d'aliments pour le bétail 77 A

Commerce de gros de poissons, crustacés et mollusques 90 A

Commerce de gros de produits laitiers, œufs, huiles et matières grasses comestibles 75 A

Commerce de gros d'habillement et de chaussures 97 A

Fabrication de pâtes alimentaires et couscous 89 A

Industrie des eaux minérales et gazeuses 76 A

Activités comptables 64 B

Activités d'architecture 67 B

Activités des agences de voyage 71 B

Activités d'ingénierie 65 B

Activités juridiques 64 B

Autre imprimerie (labeur) 61 B

Autres activités pour la santé humaine 68 B

Autres commerces de détail de biens neufs en magasin spécialisé 61 B

Autres cultures permanentes 71 B

Boulangerie et boulangerie-pâtisserie 63 B

Commerce d'alimentation générale 62 B

Commerce de détail de fruits et légumes en magasin spécialisé 72 B

Commerce de détail de matériels audio/vidéo en magasin spécialisé 71 B

Commerce de détail de matériels de télécommunication en magasin spécialisé 62 B

Commerce de détail de meubles, appareils d'éclairage et autres articles de ménage en magasin


spécialisé 60 B

Commerce de détail de textiles en magasin spécialisé 56 B

Commerce de détail d'équipements automobiles 63 B

Commerce de détail d'habillement en magasin spécialisé 64 B

Commerce de détail d'ordinateurs, d'unités périphériques et de logiciels en magasin spécialisé 55 B

Commerce de gros d'animaux vivants 61 B

Commerce de gros d'autres biens domestiques 57 B


Commerce de gros d'autres équipements industriels 61 B

Commerce de gros d'autres machines et équipements 70 B

Commerce de gros d'autres matériels électriques 65 B

Commerce de gros de composants et d'équipements électroniques et de télécommunication 57 B

Commerce de gros de fruits et légumes 63 B

Commerce de gros de machines pour l'extraction, la construction et le génie civil 64 B

Commerce de gros de matériel agricole 69 B

Commerce de gros de produits agricoles bruts et d'animaux vivants 65 B

Commerce de gros de textiles 67 B

Commerce de gros de vaisselle, verrerie et produits d'entretien 65 B

Commerce de gros d'équipements automobiles 61 B

Commerce de voitures et de véhicules automobiles légers 58 B

Culture de fruits à pépins et à noyau 57 B

Culture de palmiers-dattiers 61 B

Culture d'oliviers 72 B

Élevage d'autres animaux 61 B

Élevage d'autres bovins à viande 61 B

Élevage de vaches laitières 55 B

Élevage de volailles 64 B

Enseignement primaire 62 B

Enseignement secondaire 60 B

Enseignement supérieur 55 B

Études de marché et sondages 61 B

Exploitation de laiteries et fabrication de fromage 58 B

Fabrication d'aliments pour animaux 58 B

Fabrication d'aliments pour animaux de ferme 69 B

Fabrication d'autres produits alimentaires n.c.a. 67 B

Fabrication de biscuits, biscottes et pâtisseries de conservation 71 B

Fabrication de produits amylacés 68 B

Fabrication de sucre 65 B
Fabrication d'huiles d'olives 60 B

Fabrication d'huiles et graisses raffinées 66 B

Horticulture et autres cultures non permanentes 66 B

Intermédiaire du commerce de gros 63 B

Laboratoires d'analyses médicales 64 B

Transformation du thé et du café 73 B

Transformation et conservation de fruits 66 B

transformation et conservation de fruits et légumes 62 B

Activités des agences de placement de main-d'œuvre 52 C

Activités vétérinaires 34 C

Commerce de détail d'appareils électroménagers en magasin spécialisé 49 C

Commerce de détail de chaussures et d'articles en cuir en magasin spécialisé 51 C

Commerce de détail de produits pharmaceutiques en magasin spécialisé 54 C

Commerce de détail de quincaillerie, peintures et verres en magasin spécialisé 51 C

Commerce de gros d'appareils électroménagers 53 C

Commerce de gros de boissons 52 C

Commerce de gros de meubles, de tapis et d'appareils d'éclairage 54 C

Commerce de gros d'équipement de l'information et de la communication 45 C

Commerce de gros non spécialisé de denrées alimentaires, de boissons et de tabac 40 C

Commerce de véhicules automobiles 16 C

Commerce des produits alimentaire de boisson et de tabac 34 C

Commerces de détail de grains, légumes secs et produits d'épicerie 34 C

Culture d'agrumes 50 C

Culture de céréales (à l'exception du riz) 51 C

Culture de plantes à épices, aromatiques, médicinales et pharmaceutiques 32 C

Élevage d'ovins et de caprins 52 C

Entretien et réparation de véhicules automobiles 54 C

Fabrication d'huiles et graisses brutes 46 C

Pépinières 41 C

Réparation de motocycles 42 C
Supérettes, supermarchés et hypermarchés 54 C

Transformation et conservation de la viande et préparation de produits à base de viande 45 C

Transports maritimes et côtiers de fret 52 C

Source : www.iace.tn

ii) Quelles procédures ?

Une fois la liste des activités est déterminée, le processus de convergence pourra être
déclenché ; ce dernier suivra 3 axes :

- Axe 1 : Commencer par les « Quick-Wins » à bénéfices rapides pour les Tunisiens que
pour les européens.
- Axe 2 : S’attaquer aux domaines où le Gap règlementaire est le plus faible
- Axe 3 : Privilégier les domaines et les activités où le secteur privé a intérêt à accélérer
la convergence règlementaire (Règles de la concurrence, Marché Publics, industrie,
secteur financier, transport, …)

Nous venons de démontrer en haut que suite à l’étude de l’IACE en 2016, les produits
laitiers et le commerce des produits de la mer fond parties des produits à libérer
immédiatement. Lait et poisson sont deux produits omniprésents dans le panier de la
ménagère tunisienne.

Tableau 7- Consommation annuelle par personne (en Kg) en 2015

Produits National

Total céréales 174,3

Dont :

Blé dur 63,8

Blé tendre 84,9

Légumineuses sèches 3,4

Légumineuses vertes 7,1


Légumes frais 85,3

Légumes transformés 64,0

fruits 80,8

Viande et Volaille 32,5

Poissons 9,3

Lait 109,7

Œufs 186,9

Sucre et produits sucrés 15,3

huiles 25,7

Thé 1,0

Café 1,0

Source : INS

124 entreprises assurent la production et la commercialisation du lait et ses dérivés et


des poissons et leurs dérivés sur le marché local et sur les marchés étrangers dont le marché
européen. La répartition de ces entreprises par marché est décrite dans le tableau suivant.

Tableau 8- Nombre d’entreprise par activité et par régime (Situation au 30-06-2018)

Laits et dérivés Poissons

Totalement exportatrice 3 34
• Vers UE
• Autres qu’UE 0 8

3 26

Autres que Totalement 47 40


exportatrice

Total 50 74

Source : APII
Pour les entreprises totalement exportatrices vers le marché européen, le problème de
la convergence ne se pose pas : ces entreprises sont déjà aux normes européennes faute de
quoi elles n’échangent plus avec l’UE.

Par contre, les entreprises non totalement exportatrices sont dans une situation délicate :

- Continuer à alimenter le seul marché local avec une tendance vers la dégradation du
PA du citoyen ordinaire qui trouve refuge dans la prolifération de l’informel et le
développement des marchés parallèles. Le dépassement de ces scénarios passe par la
lutte contre l’informel, la relance de l’activité économique et la valorisation du travail
faute de quoi « converger ou périr ». face à ce slogan on a un dilemme : Le coût de
non convergence à l’acquis communautaire est plus élevé que le coût de convergence
à ce même acquis.
- Par ailleurs le problème ce n’est pas la convergence en absolue.

L’organisation commune des marchés dans le secteur des produits de la pêche et de


l'aquaculture a connu 20 amendements entre 1993 et 2013 et 10 changements de la
règlementation pour l’activité liée au Commerce de produits laitiers.
Tableau 9 - Dynamique de la règlementation européenne pour les 2 activités de produits
laitiers et poissons

Commerce de produits laitiers Commerce de poissons, crustacés et


et dérivés mollusques

Règlements Année

règlement (CEE) no 2847/93 1993

règlement (CE) no 1627/94 1994

règlement (CE) no 847/96 1996

règlement (CE) n ° 104/2000 2000


Règlements Année
règlement (CE) no 2371/2002 2002
règlement (CE) no 2200 1996
règlement (CE) no 811/2004 2004
règlement (CE) no 1255 1999
règlement (CE) no 768/2005 2005
règlement (CE) no 1493 1999
règlement (CE) no 2115/2005 2005
règlement (CE) n ° 1037 2001
règlement (CE) no 2166/2005 2005
règlement (CE) no 2529 2001
règlement (CE) no 388/2006 2006
règlement (CE) no 865 2004
règlement (CE) n ° 1184/2006 2006
règlement (CE) no 797 2004
règlement (CE) no 1966/2006 2006
règlement (CE) no 1544 2006
règlement (CE) no 509/2007 2007
règlement (CE) n ° 1234 2007
règlement (CE) no 676/2007 2007
Règlement (UE) n ° 1308 2013
règlement (CE) n ° 1224/2009 2009

règlement (CE) no 1098/2007 2007

règlement (CE) no 1300/2008 2008

règlement (CE) no 1342/2008 2008

Règlement (UE) n ° 1379/2013 2013

Source : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/ (04/07/2018)

Q3- Quels coûts ?


La convergence règlementaire vers l’acquis communautaire a un coût pour le pays
cherchant à s’adapter aux normes européennes. Les européens conscients de ce coût ; ils le
prennent quoi que en partie, en charge ; c’est le cas par exemple des pays de l’Afrique
Centrale et du Pacifique (ACP)2 . L’adoption des normes internationales (Européenne) et la
convergence règlementaire ont un cout financier, social et économique supporté à la fois par
l’administration et par les entreprises.

i) Coûts pour l’Etat

Pour ce qui est de l’Etat, la Convergence règlementaire dans l’application des Mesures
Sanitaire et Phytosanitaire (SPS) nécessite :

- Le renforcement des capacités des institutions


- Le renforcement du cadre institutionnel de contrôle
- La mise à jour du cadre juridique et règlementaire
- L’amélioration et rationalisation des services d’inspection
- Le renforcement des capacités scientifiques et techniques des labos.
- La formation des responsables de contrôle qualité

En vue d’une convergence réussie, la prise en considération de ces mesures par


l’administration se traduit par un coût estimé à 8 M € par pays. L’adaptation de ces coûts à la
Tunisie laisse montrer qu’à prix constant et au cours de change annuel moyen de 2017, ce
coût s’élève à 21.59 MDT, il s’agit d’un cout minimum abstraction faite du coût salarial des
nouveaux recrus qui veilleront sur les nouvelles structures et institutions crées pour
l’occasion.

Tableau 10- Coûts de convergence vers les mesures SPS à supporter par l’Etat (en MDT)

Renforcement des capacités des institutions 15,612 MDT

Renforcement du cadre institutionnel de contrôle 0,215 MDT

Mise à jour du cadre juridique et règlementaire 0,190 MDT

Amélioration et rationalisation des services d’inspection 1,510 MDT

Renforcement des capacités scientifiques et techniques des labos. 3,762 MDT

Formation des responsables de contrôle qualité 0,300 MDT

2Les conséquences de l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) pour les pays ACP Étude commandée par le CTA, Mai 2003, Rapport préparé
par Cerrex Ltd, Royaume-Uni (2003)
Source : CTA (Etude commandée par l’UE)

ii) Coût pour l’entreprise

Pour les entreprises, la convergence suppose qu’elles disposent des unités de


production, de transformation et de traitement sophistiquées, d’un personnel
technique/d’encadrement qualifié et d’engager davantage de dépenses d’assurance de la
qualité.

Le coût total de convergence d’une entreprise opérant dans l’activité de production et


commercialisation du lait et dérivés et des poissons et dérivés est estimé à 1,495 MDT. Cette
estimation est élaborée sur la base d’étude comparée de convergence règlementaire
commandée par l’UE pour les pays de l’Afrique Centrale et du Pacifique (ACP) à la fin de la
première décennie du XXIème S. la répartition totale du coût est ventilée en :

- Coût d’installation du système de contrôle de la qualité des aliments (HACCP :


Hazard Analysis Critical Control Point)
- coût de certification
- coût lié aux respects des normes ISO
- coût d’une usine de transformation et de congélation

Tableau 11- Coûts de convergence vers les mesures SPS à supporter par une entreprise3

Investissement Coûts

Coût d’installation du système de contrôle de la qualité des 96,100 mDT


aliments (HACCP : Hazard Analysis Critical Control Point)

Cout de certification 24,800 mDT

Cout lié aux respects des normes ISO 9,300 mDT

Cout d’une usine de transformation et de congélation 1364 mDT

En ce qui concerne le coût d’installation du système HACCP, ce dernier est lui-même


décomposé en coûts liés à :

- la Conception du système HACCP


- la formation

3Il s’agit d’un coût élaboré sur la base d’une étude commandée par l’UE à la fin de la décennie 2000 sur la convergence des Pays de l’Afrique Centrale et
Pacifique (ACP) vers les mesures Sanitaires et phytosanitaire (SPS) européenne. Ce chiffre se fonde sur l’estimation selon laquelle les mesures SPS représentent
des frais généraux allant de 2 à 10% de la valeur des produits exportés par la grande majorité des producteurs.
Ce montant ne prend pas en compte le coût initial (souvent plus élevé) de mise en conformité.
- le contrôle et archivage, personnel de surveillance supplémentaire affecté à la gestion
de l’équipement, à l’analyse en laboratoire, etc.

Sous l’hypothèse d’installation de deux points de contrôle, l’évolution du coût est


décrite dans le tableau suivant.

Tableau 12- Coût d’installation du système HACCP

Conception du système HACCP 26,970 mDT

Formation 15,190 mDT

Contrôle et archivage 53,940 mDT

Total 96,100 mDT

Pour la certification, les coûts correspondent aux honoraires versés aux organismes
indépendants de certification : Ceux-ci rémunèrent leurs experts en 5 homme-jour en
moyenne avec frais de voyage et indemnités de séjour. Le cout s’élève à 24.8 mille dinars

Tableau 13- Coûts de certification


une rémunération homme-jour (5 jours en moyenne) 15,500 mDT

frais de voyage et indemnités de séjour. 9,300 mDT

Total 24,800 mDT

Source : honoraires versés aux organismes indépendants de certification (Groupe SGS)

Quant aux coûts liés aux respects des normes ISO 9002 relative à l’industrie de
transformation alimentaire, ils s’élève à 9,300 mDT conformément à l’estimation de Humpal
et Guenette sur la base de l’évaluation d’une usine de 1 000 MT nécessitant une certification
et des réunions avec les responsables et le personnel sur deux ans.

Enfin pour le coût d’une usine de congélation et de transformation, sur la base d’une
étude réalisée par la FAO sur les besoins des entreprises privées du secteur de la
transformation de denrées à base de poisson en Tanzanie, il s’élève à 1.364 MDT.
Tableau 14- Coût d’équipement d’une usine de congélation et de transformation

Investissement Couts

Mise à niveau des usines de transformation

***Mise aux normes générales 204,600 mDT

***Equipement 1159,400 mDT

Total des investissements dans le secteur privé 1364 mDT

Source: FAO

iii) Impact de la convergence règlementaire

La convergence règlementaire dans le cadre de l’accord SPS devrait avoir pour


conséquences :

- une baisse de la production à l’exportation conjuguée à une hausse des coûts de


production ;
- un risque accru de production non commercialisable à l’export et des faillites dans le
secteur ;
- la mise à l’écart des petits exploitants de la chaîne d’approvisionnement ;

Les petits exploitants seraient le plus durement touchés car :

- les importateurs vont se passer des exportateurs qui se fournissent auprès de petits
exploitants ;
- les exportateurs refuseront de sous-traiter aux petits exploitants s’ils ont d’autres
sources d’approvisionnement ;
- les coûts de production vont grimper (avec des produits chimiques et des inspections
et (contrôles plus onéreux) ;
- les petits exploitants risquent, faute d’alternative, de se tourner vers leur marché
local/l’agriculture de subsistance.

L’emploi serait fortement pénalisé par :

- les suppressions de postes, notamment dans les PME ;


- l’augmentation du travail saisonnier et la perte de la sécurité de l’emploi ;
- la baisse des revenus et les troubles sociaux.
CHAPITRE 3 – LA BALANCE DE PAIEMENT

I. Definition et utilite de la B.P.


I.1. Définition

Les agents économiques qui résident dans des pays ouverts aux échanges extérieurs
peuvent réaliser de nombreuses transactions avec l’étranger : échanges de biens (primaires,
semi-finis, manufacturés), de services, échanges financiers, transferts de revenus (par exemple,
l’envoi par un travailleur immigré, dans son pays d’origine, d’une partie de son salaire)...Ces
transactions sont répertoriées avec un grand souci d’exhaustivité dans un document comptable
essentiel, la balance des paiements.

La balance des paiements d’un pays est un document statistique qui retrace sous une
forme comptable l’ensemble des flux d’actifs réels, financiers et monétaires entre les résidents
et les non résidents d’une économie durant une période donnée (1 an, 1 trimestre). C’est un
cadre comptable dans lequel on comptabilise les opérations de multiples agents (ménages,
entreprises, administrations).

La balance des paiements ne retrace pas l’activité d’un agent unique qui serait «Tunisie
» ou « les États-Unis ». Ces opérations portent sur des biens, des services, des capitaux, des
avoirs monétaires. Ce n’est pas un compte de l’État.

La balance des paiements est aussi un document de référence établie selon des règles
internationales établies par le FMI ; historiquement, elle précède la comptabilité nationale d’un
siècle ; les Premiers relevés des transactions commerciales internationales été collecté et publié
au R.U. au 13ème siècle. Les séries régulières en la matière remontent à 1696.

La balance des paiements est par définition toujours équilibrée et les flux sont
enregistrés dans un ordre bien précis afin de dégager des soldes significatifs.

I.2. Notion de résidents

Sont considérées comme résidentes, les personnes physiques et morales ; quelle que soit
leur nationalité ; qui ont leur domicile principal en Tunisie, il s’agit :

– des personnes physique de nationalité tunisienne demeurant en Tunisie ou à


l’étranger depuis moins de deux ans.
– des personnes morales tunisiennes ou étrangères exerçant leurs activités sur le
territoire tunisien.
– des personnes physiques de nationalité étrangère demeurant en Tunisie depuis
plus de deux ans (sauf militaires et fonctionnaires).

Le domicile principal est lié à une installation effective en Tunisie et il doit être distingué
du lieu de 1’activité professionnelle. Ainsi le critère de résidence est distinct de la nationalité :
Les personnes morales (entreprises ou institutions) tunisienne ou étrangères sont résidentes
pour leurs seuls établissements situés en Tunisie. Par exemple une usine d’eau SAFIA installée
en France est non résidente ; une usine d’eau EVIAN installée en Tunisie est résidente.

– les filiales à l’étranger des sociétés tunisiennes sont non résidentes


– les filiales des firmes étrangères en Tunisie sont des unités résidentes

I.3. Utilité de la Balance des Paiements

A quoi sert la publication de la Balance des Paiements et de la position monétaire


extérieure ?

- La Balance des Paiements est un indicateur d’ouverture d’un pays sur


l’extérieur et donne un éclairage sur l’attractivité du pays.
- Elle est aussi un indicateur indispensable pour la conduite de la politique
économique et monétaire d’un pays.
- Elle est utilisée pour offrir des informations importantes pour préparer les
négociations internationales dans le domaine commercial et financier.
- Elle est indispensable pour la détermination de certains agrégats de la
comptabilité nationale.
- Elle permet de quantifier les échanges de biens et services ainsi que les
opérations de répartition (revenus, transferts) d’un pays avec les différents pays
étrangers globalement et bilatéralement et pour mesurer le degré d’ouverture et
de diversification du pays sur l’extérieur.
- Elle permet de comparer la présence du pays sur les marchés extérieurs en
concurrence avec les autres pays.
- Elle permet de suivre l’évolution des investissements directs du pays vers ou en
provenance de l’étranger.
- Elle permet de mesurer l’activité internationale des banques résidentes et
évaluer l’impact des placements des non résidents sur la bourse, l’importance
des financements des entreprises et de l’État par les non-résidents et les achats
ou cessions de titres étrangers par les résidents.
- Elle permet aussi de mesurer l’écart entre l’épargne et l’investissement grâce au
solde des transactions courantes.
- Elle est utilisée pour suivre l’impact éventuel de l’extérieur sur la création
monétaire et analyser l’évolution du taux de change du Dinar, notamment en
raison du comportement des résidents à l’égard des devises et celui des non-
résidents vis-à-vis de l’euro.
- Indicateur pour la détermination de certains agrégats de la comptabilité
nationale, la balance des paiements est une source statistique privilégiée pour
l’établissement du « compte du Reste du monde », à ce titre elle participe à la
cohérence de l’ensemble des comptes de la nation et tient une place importante
dans l’élaboration des prévisions économiques. C’est ainsi qu’elle permet le
calcul du Revenu national brut (RNB) qui remplace aujourd’hui le produit
national brut (le PNB), du produit intérieur brut (le PIB), des exportations et
importations de services ainsi que la position extérieure du pays (compte
financier du Reste du monde).
- Enfin elle sert à expliquer l’origine des variations des réserves de change et des
interventions de la banque centrale.
II. Structure de la B.P.
II.1. Structure générale

La structure de la balance des paiements et les principaux soldes peuvent être


présentés comme suit :

Tableau I.1.-Structure de la P.B.


Crédits Débits

Compte de transactions courantes

Biens Exportations de marchandises Importations de marchandises

Exportation de services Importations de services

(Assurances, transports, voyages, (Assurances, transports, voyages,


Services services de construction, services services de construction, services
informatiques, financiers, informatiques, financiers,
audiovisuels, de communications, audiovisuels, de communications,
négoces international, licences…) négoces international, licences…)

Salaires et revenus du capital verses par Salaires et revenus du capital verses par
Revenus
un non résident à un résident un résident à un non résident

Transferts des revenus des travailleurs


Transferts des revenus des travailleurs
immigrés vers leurs familles
émigrés vers leurs familles
Transferts de revenus par les
Transferts courants Transferts de revenus par les
administrations publiques étrangères
administrations publiques étrangères vers
vers des non résidents soit sous forme de
les administrations tunisiennes (aides,
dons soit sous forme de contribution
subventions…)
(ONU, UE…)

Compte capital

Remise des dettes accordées par des non Remise des dettes accordées par des
Transfert en capital
résidents à des résidents résidents à des non résidents

Acquisitions d’actifs non


Ventes de brevets, marques, logos… Achats de brevets, marques, logos…
financiers

Compte financier

L’achat de titres permettant de contrôler 10% du capital d’une entreprise ou d’un


Investissements direct
groupe

Vente de titres étrangers par de résidents Achats de titres étrangers par de


Tunisien à l’étranger
à des non résidents résidents à des non résidents

Vente de titres tunisiens par des résidents Achats de titres tunisiens par de
Etrangers en Tunisie
à des non résidents résidents à des non résidents

Ventes et achats de titres financiers sans recherche ou abondant du contrôle du


Investissement de portefeuille
capital – l’objectif est la plus value te le profit financier
Avoirs (résidents sur titres Ventes de titres étrangers par des Achats de titres étrangers par des
étrangers) résidents à des non résidents résidents à des non résidents

3.2.1. Engagements (Non Vente de titres tunisiens par des Achats de titres tunisiens par des
résidents sur titres tunisiens) résidents à des non résidents résidents à des non résidents

Autres investissements Crédits commerciaux, délais de paiement, prêts bancaires, dépôts

Rembourses par des non résidents à des Rembourses par des résidents à des non
Avoirs
résidents résidents

Accordes par des non résidents à des Rembourses par des résidents à des non
Engagements
résidents résidents

Ventes de produits financiers dérives par Achats de produits financiers dérives


Produits financiers dérives
des résidents à des non résidents par des résidents à des non résidents

Diminution des avoirs de réserve or Augmentation des avoirs de réserve or


Avoirs de réserves
monétaire, DTS, devises monétaire, DTS, devises

Erreurs et omissions nettes

C’est donc toujours par approximation que l’on parle de Balance des Paiements
déficitaire ou excédentaire. En réalité, la balance permet de mettre en évidence divers soldes
significatifs dont l’analyse est importante pour rendre compte de la situation macroéconomique
d’un pays.

II.2. Principaux soldes

➢ BALANCE COURANTE
– Elle représente l’épargne financière nette de la nation
– Permet de savoir s’endetté vis-à-vis de l’étranger ou pas
➢ SOLDE A FINANCER

– Permet de prendre en compte l’impact économique des investissements directs


– Permet d’avoir une idée de l’insertion du pays dans les échanges économiques
mondiaux

➢ BALANCE GLOBALE

– Sa contrepartie représente le financement monétaire de la balance des


paiements
– Sa contrepartie représente la création monétaire due à l’extérieur

II.3. La BP de la Tunisie

La BP de la Tunisie est rendue publique grâce au lien suivant :


http://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/documents/balance.pdf

L’evolution de la BP de la Tunisie de 2007 a 2010 est décrite dans le tableau I.2 .

La balance générale des paiements a, pour la première fois depuis l’année 2000, accusé un
déficit qui s’est situé à 274 MDT en 2010. L’élargissement du déficit courant qui, rapporté au PIB
a culminé à un niveau jamais atteint au cours de la décennie écoulée, s’est conjugué à une forte
contraction de l’excédent des opérations en capital et financières en comparaison avec les niveaux
relevés au cours des deux années précédentes. Il en est résulté une baisse des avoirs nets en devises
qui ont atteint, au terme de l’année 2010, 13 milliards de dinars, soit 147 jours d’importation.

Source : BP de la Tunisie , 2010

Le déficit de la balance des paiements courants s’est fortement accru en 2010 pour
représenter 4,8% du PIB, élargissement qui s’explique par l’accroissement du déficit commercial
alors que l’excèdent de la balance des services n’a que légèrement progressé sous l’effet de la
poursuite du ralentissement des recettes touristiques.

Pour la deuxième année consécutive, le solde excédentaire de la balance des opérations en


capital et financières s’est inscrit en baisse, évolution attribuable, essentiellement, au repli du solde
excédentaire de la balance des autres investissements par rapport à celui enregistré en 2009, année
marquée par l’attribution par le FMI des allocations en DTS portant sur une enveloppe de 238,5
millions de DTS (soit 496 MDT).
Tableau I.2
Source : BP de la Tunisie , 2010
II.4. Position extérieure

Alors que la balance des paiements est un indicateur conjoncturel qui reflète la situation
économique et monétaire du pays à un moment donné, la position extérieure est un indicateur
structurel. Elle retient des stocks d’avoirs et d’engagements et non des flux annuels.

Si elle est créditrice, le pays est exportateur net de capitaux et détient « des avoirs nets»
placés à l’étranger ; si elle est débitrice, le pays est importateur net de capitaux et c’est au
contraire l’épargne étrangère qui est placée chez lui. Les encours déclarés fournissent
précisément des éléments d’information sur la structure du patrimoine financier des résidents à
l’égard de l’étranger.

Tableau I.2
Position extérieure globale de la Tunisie (en MD)

Source : BP de la Tunisie , 2010


La position extérieure globale est un état statistique qui permet de recenser à un moment
déterminé le stock des avoirs et engagements financiers d’une économie vis-à-vis de l’extérieur.
Elle permet de mesurer le degré d’ouverture financière d’un pays et fournit des indicateurs sur le
caractère soutenable de sa dette extérieure et de l’ensemble de ses engagements à l’égard du reste
du monde.

Au terme de l’année 2010, la position extérieure globale de la Tunisie a dégagé des


engagements nets vis-à-vis de l’étranger de l’ordre de 62.231 MDT, en hausse de 10,3% par rapport
à son niveau enregistré à la fin de 2009. Cette augmentation est imputable à l’accroissement des
engagements bruts sous forme d’investissements étrangers et d’endettement extérieur à un rythme
plus accru que celui des avoirs bruts, sachant que les avoirs de réserve, composante majeure de ces
avoirs, ont accusé une contraction corrélativement avec le déficit dégagé au niveau de la balance
générale des paiements.

III. Enregistrement des opérations

La présentation de la Balance des Paiements distinguait les flux réels et les flux
monétaires. Une exportation de marchandise (flux réel) peut donner lieu à l’ouverture d’un
crédit commercial (flux réel) ou à un paiement en monnaie. Tous les flux réels additionnés
étaient donc forcément compensés par des flux monétaires.

Cette présentation, abandonnée aujourd’hui, était pédagogiquement efficace, mais elle


reposait sur une distinction de plus en plus difficile à établir entre financement monétaire et
financement non monétaire.

Chaque opération donne lieu à une double inscription en crédit d’une part, en débit
d’autre part. Toute opération autonome réelle (importation ou exportation de
marchandises, achat ou vente de service, investissement direct à l’étranger...) donne lieu
à une opération réelle ou monétaire induite de sens contraire.

Pour l’enregistrement des différentes opérations de la BP, on respecte l’ordre suivant :


On enregistre d’abord les flux réels, les flux financiers et enfin les flux monétaires.

– Les flux réels : ce sont les flux de marchandises et de services tels que les
exportations et Importations de marchandises ; les dépenses de tourisme ; les
revenus liés aux investissements ; les ventes ou achats de brevets …
– Les flux financiers : On distingue trois catégories principales : les
investissements directs ; les investissements de portefeuille et les crédits
commerciaux
– Les flux monétaires : Toutes les opérations du secteur bancaire (banques
commerciales et Banque Centrale) avec les non résidents.

Il faut encore définir le mode d’enregistrement (débit ou crédit) des opérations. Il est
fatalement arbitraire puisque toute opération a un double sens : quand on cède une marchandise
on reçoit de la monnaie pour une valeur équivalente. En termes de richesse détenue l’opération
est neutre : il y a simplement substitution d’une forme de richesse à une autre : un actif réel est
remplacé par un actif monétaire.

La règle de comptabilisation retenue est la suivante :


- On inscrit au crédit, toutes les opérations traduisant une diminution d’actifs ou
entraînant le paiement d’un non résident à un résident. Autrement dit Toutes les
opérations assimilables à une vente ou entraînant une diminution des avoirs ou
une augmentation des engagements seront enregistre au crédit. Exemples : les
exportations ; les investissements étrangers en Tunisie ; la perte de devises …
- On inscrit au débit, toutes les opérations traduisant une hausse d’actifs ou
entraînant le paiement d’un résident à un non résident. Autrement dit Toutes les
opérations assimilables à un achat ou entraînantes une augmentation des avoirs
ou une diminution des engagements. Exemples : les importations ; les
investissements tunisien faits à l’étranger ; un prêt bancaire à un non résident.

Un chiffre positif (crédit) correspond à une exportation ou à une recette lorsqu’il se


rapporte à une opération réelle, c’est-à-dire à des échanges de biens, de services et des
paiements de revenus. Un chiffre négatif (débit) représente une importation ou une dépense.
S’agissant du compte financier, un chiffre positif reflète une diminution des avoirs ou une
augmentation des engagements, qu’ils soient financiers ou monétaires.
Un chiffre négatif représente une augmentation des avoirs ou une diminution des engagements.
Ainsi, un chiffre négatif au titre des avoirs de réserve signifie-t-il que les réserves ont augmenté.

Exemple 1

Une entreprise tunisienne réalise une exportation de marchandises en France pour un


montant de 100 000 Dinars, cette opération sera inscrite au crédit de la balance commerciale,
payable en Euro dans trois mois (crédit commercial de trois mois) il faudra enregistrer deux
opérations (on suppose que le taux de change est 1 Euro pour 2 Dinars:

➢ l’exportation de marchandise dans un compte consacré aux marchandises (la


balance commerciale)
➢ le crédit de trois mois (créance sur l’importateur français) dans un compte consacré
aux créances commerciales (crédits à l’exportation dans le compte financier -
capitaux à court terme non monétaire).

A l’échéance (trois mois plus tard) la Banque Centrale de Tunisie gérant le compte de
l’exportateur assurera le recouvrement de la créance, ce qui se traduira par une augmentation
de ses avoirs dans les comptes de son correspondant en France : les avoirs en Euro de la banque
résidente en Tunisie s’accroissent et il faudra à nouveau enregistrer deux opérations :

➢ le règlement en euro dans le compte financier consacré aux mouvements de


capitaux à court terme monétaire (bancaire)
➢ L’annulation de la créance puisqu’elle est remboursée dans le compte financier -
capitaux à court terme non monétaire.

Si on fait le bilan des quatre opérations enregistrées on voit que le compte des capitaux à court
terme non monétaire est équilibré (la créance a été enregistrée puis annulée) et que le compte
commercial est compensé par le compte des opérations monétaires.

Exemple 2
Achat d’une marchandise par une entreprise non résidente pour une valeur de 100, réglé
comptant en devises déposées sur le compte bancaire de l’entreprise résidente (sa banque est
résidente).

Comptes Ligne Crédit Débit

Transactions
Exportations - importations marchandises 100
courantes

Autres investissements - avoirs et


Financier engagements en devises des Institutions 100
Financières Monétaires

L’exportation est une diminution des avoirs en marchandises (la marchandise a quitté le
territoire) et une augmentation des avoirs en devises.

Exemple 3

Achat d’une marchandise par une entreprise non résidente pour une valeur de 100, réglé
comptant en euros déposées sur le compte bancaire de l’entreprise résidente (sa banque est
résidente).

Comptes Ligne Crédit Débit

Transactions Transactions
Exportations - importations marchandises 100
courantes courantes

Autres investissements - avoirs et


Financier engagements des Institutions Financières 100
Monétaires

L’exportation est une diminution des avoirs en marchandises (la marchandise a quitté
le territoire) et une augmentation des avoirs en euros qui est aussi une diminution des
engagements (un euro détenu par un non résident est un engagement des résidents, c’est une
créance sur l’économie détenue par un non résident).

Exemple 4

Achat d’une marchandise par une entreprise non résidente pour une valeur de 100, réglé
par un crédit accordé pour trois mois. Au bout des trois mois le paiement est effectué en devises
déposées sur le compte bancaire de l’entreprise exportatrice résidente (sa banque est résidente).

Comptes Ligne Crédit Débit


Exportations - importations
Transactions courantes 100
marchandises

Financier Crédits commerciaux à court terme 100

Comptes Ligne Crédit Débit

Financier Crédits commerciaux à court terme 100

Autres investissements - avoirs et


Financier engagements des Institutions Financières 100
Monétaires

L’exportation est une diminution des avoirs en marchandises (la marchandise a quitté le
territoire) et une augmentation des avoirs en créances (le crédit accordé est une créance de
l’entreprise résidente sur l’entreprise non résidente). Trois mois plus tard le second
enregistrement correspond au remboursement de la créance (diminution des avoirs en créance
et augmentation des avoirs en devises).

IV. Définition Macro-économique de La Balance Courante

- Une identité comptable traduisant l’équilibre entre l’offre globale et la


demande globale :

(1) PIB+M=C+I+G+X

- Une identité comptable traduisant l’utilisation faite du revenu perçu :

(2) PIB = C+S+T

- Déduction de l’expression de la balance courante

(3) (X-M) = (S-I) + (T-G)

Avec :
PIB = Le Produit Intérieur Brut
M= Les importations
C= La consommation privée
I= L’investissement prive
G= Les dépenses publiques
X= Les exportations
(X – M)= Le solde courant
(S – I) = Capacité de financement du secteur prive
(T – G) = Capacité de financement du secteur public
Interprétation du solde courant

- Par construction, le solde du compte courant est égal et de signe opposé au solde
du compte financier (au compte de capital et au poste erreurs et omissions près)
- Si la balance courante est excédentaire, le pays exporte plus de biens et services
qu’il n’en importe ; il dégage un excès d’épargne par rapport à l’investissement
et il prête ce surplus à l’extérieur : un solde financier négatif traduit donc une
situation de prêteur net.

Dem :

En economie ouverte on a : PIB + M = C+I+G+X


 PIB + Tr = C+I+G+(X-M+tr)
 PNB = C+I+(Cpq+Ipq)+ BOC ou Cpq la consommation publique et Ipq l’investissement
public
 (PNB – CN ) – IN = BOC ou CN = la consommation nationale et IN = investissement
national
 EN – IN = BOC ou EN = Epargne nationale
 BK = BOC ou BK = Blance des capitaux
 BK (i) = BOC (Y) ou est le taux d’interet et y le niveau du revenu (nous reviendrons sur
cette equation au chapitre 2).
V. Applications
V.1. Application 1

Les tableaux annexés décrivent les principaux soldes de la Balance des Paiements (B.P.) de la
Tunisie de 2008 à 2012, Il vous y est demandé de :

1. En se référant au tableau I, commentez les déférents soldes de la Balance des Paiements


2. Comment peut –on financer le solde général ?
3. En se servant des tableaux II et III, commentez la balance commerciale de la Tunisie.
Quels sont les facteurs exogènes et endogènes qui peuvent aggraver le déficit
commercial des marchandises ?
4. Commentez la BP de la Tunisie avec l’UE et avec la banque européenne
d’investissement (tableau IV et V)
5. Commentez la BP de la Tunisie avec le Qatar et avec la France. comparez (tableau VI
et VII)
6. L’approche mercantiliste de la B.P. peut –elle s’appliquer pour le cas des économies en
développement ?
7. A quoi correspond le poste d’ajustement.
8. Définir et évaluer la Balance Globale.

TABLEAU I
PRINCIPAUX SOLDES DE LA BALANCE DES PAIEMENTS (EN MDT)

Source : BCT
TABLEAU II
EVOLUTION DU COMMERCE EXTERIEUR DE LA TUNISIE (EN MDT)

Source : BCT

TABLEAU III
EVOLUTION DE LA BALANCE COMMERCIALE
TABLEAU IV
B.P DE LA TUNISIE AVEC L’UE

Source : BCT

TABLEAU V
B.P DE LA TUNISIE AVEC LA BANQUE EUROPEENNE D’INVESTISSEMENT

Source : BCT
TABLEAU VI
B.P DE LA TUNISIE AVEC LE QATAR

Source : BCT

TABLEAU VII
B.P DE LA TUNISIE AVEC LA FRANCE

Source : BCT
V.1. Application 2

A partir des opérations suivantes, construire la B.P. en dégageant et en commentant les


différents soldes :

1. Au cours du mois d’août, un groupe de touristes passe des vacances en Tunisie et dépenses
en devises l’équivalent de 40 millions de Dinars tunisien (MDT)
2. Un entreprise tunisienne de textile exporte pour un montant de 10 MDT pour les pays de
l’Union Européenne
3. La Tunisie importe pour un montant de 50 MDT de biens d’équipements à une société
française, 50 % payé à la livraison et le reste sur 16 mois
4. Les travailleurs tunisiens en France envoient 25000 Euros à leurs familles réglés en Dinars
Tunisien (DT) au taux de 2 DT par Euro
5. Les étudiants tunisiens aux Etats –Unis reçoivent comme bourse 15000 $ US (1$ = 1 DT)
6. Le gouvernement tunisien emprunte auprès de la Banque Mondiale un montant de 1 MDT
pour la construction d’une route et reçoit un don de 0.5 MDT de la Banque européenne
d’Investissement (B.E.I.) pour l’aménagement de pistes agricoles
7. Un importateur tunisien achète pour 1.2 MDT de banane à une société bolivienne. Le
règlement s’effectue 98 % au comptant et 2 % à crédit sur 18 Mois.
8. Une société étrangère achète 30 % du capital d’une société tunisienne pour 25 MDT, le
paiement a eu lieu en DT.

V.1. Application 3

Le tableau suivant décrit les données macroéconomiques d’une économie.

PIB 13559
Importation 6368.4
Consommation Globale 10540.2
Consommation Publique 2185
Consommation privée 8355.2
FBCF 3597
FBCF administratif 672.1
Variation des stocks 419.5
Exportations 5370.7
Epargne nationale 3018.8
Capacité ou besoin de financement 6997.7
RDB de l’Administration 2860.7

1. Faites apparaître l’absorption dans l’identité ressource – Emploi en biens et services.


Interprétez la relation comptable ainsi obtenue
2. Etablissez la relation comptable entre la Balance des Opérations Courantes et les soldes
financiers intérieurs. Interprétez cette relation.
3. Définissez et déterminez les « déficits jumeaux » de cette économie
4. Evaluez le Balance des Capitaux et écrivez la Balance des Paiements.

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