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Ajimi Adnene

Cours
Economie Internationale
Plan
Introduction
Chapitre 1 Les approches théoriques de l’échange international
Section 1 Les approches traditionnelle du commerce international
1- Coûts absolus et coûts comparatifs

2- Avantages comparatifs et dotations en facteurs de production.


Section 2 Les nouvelles théories du commerce international.
Chapitre 2 L’évolution du commerce mondial
Section 1 Le développement des échanges de 1800 à 1945

Section 2 Les grandes évolutions du commerce international depuis 1945


Chapitre 3 Les politiques commerciales
Section 1 Le libre échange
Section 2 Le protectionnisme
Chapitre 4 L’intégration
Section 1: Définition conceptuel
Section 2 Les Différents formes d’intégration par le marché
Section 3 Les fondements théoriques et historique de l’intégration
INTRODUCTION

Les échanges internationaux désignent des échanges entre des nations. Leur développement
entraine un mouvement d’internationalisation qu’on peut définir comme l’élargissement du
champ d’activité d’une économie au-delà du territoire national par le biais des importations,
des importations et des investissements à l’étranger principalement.
Ce phénomène n’est pas nouveau puisque dès le IIème siècle avant J.C., les Chinois avaient
mis en place un réseau commercial pour exporter la soie vers l’Occident. Sans remonter aussi
loin, avant la révolution industrielle plusieurs villes avaient connu un essor considérable grâce
au commerce extérieur : Bruges (1200-1350), Venise (1350-1500), Anvers (1500-1560),
Gênes (1560-1620), Amsterdam (1620-1788). Pendant la Belle Epoque, les taux d’ouverture
des pays européens étaient presque aussi élevés qu’à la fin du XXème siècle.
Il semble pourtant s’accélérer depuis le début des années 1980 si bien qu’un nouveau terme a
été élaboré, celui de mondialisation.
La mondialisation désigne un processus qui tend vers la circulation accrue des biens, des
capitaux, des hommes, mais aussi des informations, des valeurs, des modes, etc. entre les
pays. Elle n’est donc pas qu’économique ou commerciale mais aussi culturelle. Jacques Le
Cacheux de l’OFCE la définit comme « un processus d’interpénétration croissante des
économies nationales, donc d’effacement progressif des frontières, d’affaiblissement des
régulations nationales, de déterritorialisation des activités économiques (…) »(2002). Le
géographe Laurent Carroué comme un « processus géo historique d’extension du capitalisme
à l’échelle planétaire ». (2005).
Ce terme est la traduction de la notion anglo-saxonne de globalization. Le concept de
globalisation a été popularisé par l’économiste Théodore Levitt dans un article de la Harvard
Business Review de 1983, intitulé « Globalization of Markets ». Il avait expliqué que les
avancées technologiques et les nouveaux comportements sociaux permettaient aux entreprises
de vendre les mêmes produits à travers le monde. Émergeaient de cette «globalisation» des
produits standardisés, vendus à bas prix, une convergence des marchés dans le monde entier
et un commerce international dominé par des firmes globales définissant leur stratégie au
niveau mondial. Avec la hausse du commerce international et la baisse des droits de douane,
l’entité de production ne serait plus la nation mais le « village planétaire ». La métaphore du
‘village global’ fut énoncée pour la première fois en 1967 par le philosophe canadien
Marshall McLuhan pour décrire les effets de la mondialisation, des médias et des technologies
de l’information et de la communication.
Chapitre 1 Les approches théoriques de l’échange international.
Les développements théoriques relatifs à l’échange international qui seront présentés dans ce cadre se
basent sur deux hypothèses : la concurrence est supposée parfaite et les biens produits sont
homogènes. Ces deux hypothèses sont dans la réalité très restrictives au moins pour les deux raisons
suivantes : d’abord, certains biens sont produits par un nombre réduit de firmes. A titre d’exemple,
les automobiles sont fabriquées par un nombre limité de grands constructeurs. Dans ces conditions, la
concurrence ne peut être considérées comme parfaite vu le nombre réduit d’offreurs. Ensuite,
s’agissant des biens produits, la condition de l’homogénéité est de plus en plus dépassée car, pour
répondre à des besoins spécifiques de la demande, les producteurs s’adaptent en offrant des biens
différenciés. L’exemple de l’automobile cité précédemment en est un bon exemple.
Cette brève introduction sur les fondements théoriques de l’échange international nous amène ainsi à
distinguer ce que l’on appelle la théorie traditionnelle des nouvelles théories du commerce
international. En s’inscrivant dans le cadre de la concurrence parfaite avec biens homogènes, c’est
l’orthodoxie classique qui sera privilégiée dans la section 1.
Section 1 Les approches traditionnelle du commerce international.
Les développements théoriques relatifs à l’échange international qui seront présentés dans ce cadre se
basent sur deux hypothèses : la concurrence est supposée parfaite et les biens produits sont
homogènes. Ces deux hypothèses sont dans la réalité très restrictives au moins pour les deux raisons
suivantes : d’abord, certains biens sont produits par un nombre réduit de firmes. A titre d’exemple,
les automobiles sont fabriquées par un nombre limité de grands constructeurs. Dans ces conditions, la
concurrence ne peut être considérées comme parfaite vu le nombre réduit d’offreurs. Ensuite,
s’agissant des biens produits, la condition de l’homogénéité est de plus en plus dépassée car, pour
répondre à des besoins spécifiques de la demande, les producteurs s’adaptent en offrant des biens
différenciés. L’exemple de l’automobile cité précédemment en est un bon exemple.
Cette brève introduction sur les fondements théoriques de l’échange international nous amène ainsi à
distinguer ce que l’on appelle la théorie orthodoxe des nouvelles théories du commerce international.
En s’inscrivant dans le cadre de la concurrence parfaite avec biens homogènes, c’est l’orthodoxie
classique qui sera privilégiée dans cette présentation.
1 Coûts absolus et coûts comparatifs
A/ L’avantage absolu ou coûts absolus
Derrière la notion d’avantage absolu avancée par A.Smith, il y a une notion fondamentale qui se
dégage, celle de l’efficacité dans la production comme déterminant de la spécialisation et des
échanges. Pour Smith, « quand un pays est plus efficace dans la fabrication d’un produit X
relativement à son partenaire commercial, alors que ce même pays est moins efficace dans la
fabrication d’un produit Y (toujours relativement à son partenaire commercial), chaque pays est alors
considéré comme disposant d’un avantage absolu pour l’un des produits. Par conséquent, chaque
pays doit se spécialiser dans la production du bien où il a un tel avantage ».
L’efficacité sous entend ici le coût de production. Dans l’optique classique de la valeur travail, le
coût de production d’un bien correspond à la quantité de travail nécessaire à sa production.
B/ Avantage comparatif ou coûts comparatifs
La théorie de l’échange international est essentiellement l’œuvre de David Ricardo (1817). L’apport
essentiel de cette théorie consiste à considérer que la technologie de production constitue une variable
déterminante de l’échange international. En effet, le différentiel de coûts comparatifs de production,
condition nécessaire à l’échange international, reflète en réalité une différence dans les techniques de
production.
1) Le contexte.
Sa réflexion sur le CI se repose sur sa réflexion sur l’évolution économique. Notamment Ricardo
prédit une diminution de la rémunération du travail et du capital. Une des solutions pour échapper à c
diminutions  limiter la mise en culture de nouvelles terres en augmentant des importations de blés.
La réflexion de Ricardo se développe au m moment qu’un débat politico-juridique autour du « Corn
law ». C lois qui restreignaient l’importation des céréales en G-B. Dans le cadre de la lutte contre c
lois, Ricardo cherche à montrer l’intérêt pour le royaume unie d’importer un bien pour lequel il n’est
pas le mieux armé. Les corn law seront abolies en 1846 ce qui provoquera une vente de produits
anglais à l’étranger en contre partie d’importation de blé à bas prix. Ces importations de blé
provoqueront une diminution des prix de denrées alimentaires et un lissage des fluctuations de c prix.
Au final on aura l’augmentation de la stabilité de l’emploi et des salaires.
Il choisira l’exemple autour du Portugal et de l’Angleterre sur la production de vin et de draps, pour
développer sont argument.
Le raisonnement ricardien est un raisonnement qui superpose 2 niveaux d’analyse :
- tout d’abord ce raisonnement compare la position d’un pays pour pls produits en termes
de productivité relative du travail. A l’intérieur de chaque pays on classe les produits par niveau de
productivité.
- Ensuite il compare cette productivité relative obtenu en autarcie à celle d’un autre pays. Il
existera tjs un produit pour lequel un pays sera plus fort en termes de productivité que les autres pays.
2) Illustration numérique.
4 étapes :
- différence entre avantages absolus et comparatifs
- on va déterminer les prix relatifs en autarcie, et les équilibres de production pour chaque pays.
- évaluer les gains à l’échange pour chaque pays.
On prend l’exemple de 2 pays : UK et le Portugal.
On a 2 biens : draps et le vin
Imaginons qu’on a un seul facteur de production  le travail.
- UK : 720 000 unité de travail
- Portugal : 560 000 unité de travail
Les 2 pays ont des technologies de production différentes.
- UK : pour produire une unité de drap il faut 100 unités de temps
- UK : pour produire une barrique de vin il faut 120 unités de temps
- Portugal : pour produire une unité de drap il faut 90 unités de temps
- Portugal : pour produire une barrique de vin il faut 80 unités de temps.
Si nos 2 pays n’échangent pas et que les UK se spécialisent dans les draps :
720 000 / 100 = 7200 unités de draps
Si nos 2 pays n’échangent pas et que les UK se spécialisent dans le vin :
720 000 / 120 = 6000 unités de vin
Si nos pays n’échangent pas et que le Portugal se spécialise dans les draps :
560 000 / 90 = 6222 unités de draps
Si nos pays n’échangent pas et que le Portugal se spécialise dans le vin :
560 000 / 80 = 7000 unités de vin
° On va calculer dans un 1er tps les coûts absolus :
- pour le drap : Coût UK / Coût Portugal = 100 / 90 = 1,11 > 1  avantage absolu pour le
Portugal dans la production de drap.
- Pour le vin : Coût UK / Coût Portugal = 120 / 80 = 1,5  avantage absolu pour le
Portugal dans la production de vin.
 Avec les avantages absolus on peut pas trancher, dans quelle production le pays doit se
spécialiser.
° On va calculer dans un 2ème tps les coûts relatifs :
- pour UK : Coût du vin / Coût du drap = 120 / 100 = 1,2 (il faut 1,2 fois plus de travail
pour produire du vin que pour produire des draps).
- Pour Portugal : Coût du vin / Coût du drap = 80 / 90 = 0,89 (il faut 0,89 fois moins de
travail pour produire du vin que des draps).
 Le Portugal détient l’avantage relatif dans la production de vin, alors que Uk à un avantage relatif
dans la production de draps.
CONCLUSION : Malgré un désavantage absolu dans les 2 cas pour la GB elle détient un moindre
désavantage comparatif dans les draps.
Il n’est pas nécessaire de disposer d’un avantage absolu pour exporter un bien et bénéficier du
commerce international.
Tout pays peut participer au commerce international car le principe ricardien de spécialisation fait
qu’il existera tjs un bien pour lequel un pays aura la plus grande supériorité relative en terme
d’efficacité productive mesuré par la productivité du travail.
Si on est en autarcie :
Hypothèse = les rendements d’échelle sont constants. On regarde alors les combinaisons productives.
Combinaison 1 Combinaison 2 Combinaison 3 Combinaison 4 Combinaison 5

200 000 / 100 = 700 000 / 100 = 720 000 / 100 =


Drap 0 2000 540 000 / 100 = 5400 7000 7200
720 000 / 120 = 20 000 / 120 =
UK Vin 6000 520000 / 120 = 4333 180 000 / 120 = 1500 167 0
225 000 / 90 =
Drap 0 90 000 / 90 = 1000 140 000 / 90 = 1556 2500 560 000 / 90 = 6222
560 000 / 80 = 335 000 / 80 =
Portugal Vin 7000 470 000 / 80 = 5875 420 000 / 80 = 5250 4187 0

Après on considère que :


La demande UK : 75 % du revenu destiné à l’achat de Drap
25 % du revenu destiné à l’achat de Vin
La demande au Portugal : 25 % du revenu destiné à l’achat de drap
75 % du revenu destiné à l’achat de vin
A partir de ces 2 situations, on va voir les nouveaux équilibres lorsque les 2 pays s’ouvrent au
commerce international. Pour envisager cette ouverture il faut faire 5 hypothèses :
- le libre échange entre les 2 pays est complet
- les prix de l’échange international reflètent totalement les prix intérieurs (pas de droit de douanes,
pas de coûts de transport).
- le prix de l’échange international est celui qui équilibre le marché (cad celui qui assure l’égalité
entre l’offre et la demande).
- les prix d’autarcie servent de base à al détermination du prix international.
- les coûts relatifs en travail déterminent les prix relatifs d’autarcie.
On va voir dans un premier temps le rapport des coûts unitaires :
 UK = Coût du vin / coût du Drap = 120 / 100 = 1,2
 Portugal = Coût du vin / coût du Drap = 80 / 90 = 0,89
Le coût relatif du Portugal est > à celui de la Grande Bretagne. Les coûts relatifs nous indiquent les
avantages comparatifs de chaque pays par rapport à l’autre. On peut en conclure que la G-B dispose
d’un avantage relatif dans la production de draps par rapport au Portugal et que le Portugal à un
avantage comparatif par rapport à la G-B pour la production de vin.
A partir de là comment va-t-on déterminer le prix d’équilibre international. Les pays échangent entre
eux uniquement si l’échange leur apporte un gain par rapport à l’autarcie. Le prix relatif international
du vin en termes de drap doit être plus intéressant que les prix relatifs en en autarcie. La G-B doit
obtenir du vin en importation, en y consacrant moins de 1,2 unité de draps. Symétriquement le
Portugal doit obtenir + de 0,89 unité de drap par importation en renonçant à la production de vin.
Pour que l’échange soit gagnant pour les 2 pays :
0,89 < Prix international du vin en termes de drap(p) < 1,20
UK  spécialisation en Drap : 7200 unités
Portugal  spécialisation en vin : 7000 unités
La demande intérieure de la GB éT de 75 % dans le drap, donc la GB va consommer 5400 unités de
ces 7200 unités de draps produits. Il reste donc 1800 unités qui partent à l’exportation.
Le Portugal s’étant spécialisé dans la production de vin, on va parler d’un prix en termes de draps (p
est le prix international du vin en termes de draps)  Donc 7000p. La demande intérieure de drap au
Portugal sera de 25% de 7000p = 1750p.
Le prix p doit égaliser les importations et les exportations. On sait que la G-B va exporter 1800, on sait
que le Portugal veut importer 1750p donc on en déduit le prix de l’échange international :
1800 = 1750p
p = 1800/ 1750 = 1,029
Le prix international du vin en termes de draps respectent bien la condition du départ, cad qu’il devait
être compris entre 0,89 et 1,20 (il vérifie la condition d’inclusion entre les rapports d’échange en
autarcie).
De cette nouvelle situation on peut déduire les gains de l’ouverture au commerce international.
Il faut qu’on connaisse l’équilibre. On a vu que le Portugal produisait 7000 unités de vins, et il en
consomme 75%, donc 5250 unités. Les 25% restants soit 1750 sont exportés.
Donc on peut regarder la situation pour chaque pays une fois les échanges réalisés.
Echange
Revenu national Production Demande international

7200 unités de Draps = Draps = Draps = +


draps aux prix 7200 Vin = 5400 Vin = 18000 Vin = -
UK international 0 1750 1750

7196 unités de
draps aux prix Draps =
international Draps = 0 1800 Vin = Draps = - 1800
Portugal (7000*1,029) Vin = 7000 5250 Vin = + 1750

Les pays sont gagnants lorsqu’ils échangent, car les consommateurs accèdent à plus de biens.
Gains de consommation :
UK : 1500  1750 donc + 250 de vin
Si Uk aurait produit elle-même le vin alors, 250 * 120 = 30 000 unités de travail. Donc on peut dire
que la Grande Bretagne économise 30 000 unités de travail grâce au CI.
Portugal : 1555  1800 donc + 245 de draps
Si Portugal avait produit lui-même les draps alors, 245 * 90 = 22 050 unités de travail. Donc on peut
dire que le Portugal économise 22 050 unités de travail grâce au CI.
Le commerce international c comme si on pouvait produire plus  voir Graphique 3 et 4.
Cet effet est dû à la spécialisation. Par l’échange international, la spécialisation a permis de réaffecter
les ressources limitées en travail vers le secteur connaissant un avantage comparatif. Dans les 2 cas, les
pays obtiennent une production optimale qui est compatible avec un gain pour les consommateurs dans
les 2 pays.
Une même quantité de facteurs, mais affectés de manière plus efficace grâce à la spécialisation induit
l’augmentation de la consommation.
 Gains d’efficience statique = gains de spécialisation
Les 2 pays peuvent consommer la même quantité de marchandises mais avec l’utilisation moindre des
facteurs de production.
Exemple 2
Imaginons une situation où l’Angleterre possède une supériorité absolue dans les 2 produits.
Tableau des coûts chez Ricardo
Angleterre Portugal
1 tonneau de vin 100h 120h
1 drap 100h 200h
Coût comparatif du vin par rapport au drap * 1 0,6
* nombre de drap que l’on peut obtenir avec 1 tonneau de vin ; ainsi au Portugal 1 tonneau de vin
permet d’obtenir 0,6 drap (120/200) = rapport d’échange autarcique.
Le Portugal a des coûts (absolus) plus élevés pour les deux produits. Selon la théorie de l’avantage
absolu, il ne peut y avoir d’échange entre les deux pays. Ricardo a montré que même dans ce cas
le commerce international est possible et bénéfique. L’Angleterre se spécialisant dans la
production où sa supériorité est la plus forte et le Portugal dans celle où son infériorité est la moins
grande.
Pour déterminer le sens de la spécialisation, il faut donc comparer non pas les niveaux absolus
des coûts de production mais leurs niveaux relatifs dans chacun des pays. En Angleterre, le coût
comparatif du vin par rapport au drap est de 100/100 = 1. Au Portugal, il est de 120/200 = 0.6
Le coût comparatif du vin étant plus élevé en Angleterre (1) qu’au Portugal (0.6), le Portugal
trouvera avantage à se spécialiser dans la production de vin et l’Angleterre dans celle de drap.
La spécialisation s’explique ici par les différences internationales des coûts comparatifs, c’est à dire dans les
différences de productivité. Selon Ricardo, elles résultent des différences de climat, d’avantages naturels (terres
fertiles ou non, ressources naturelles abondantes ou non), de perfectionnement technique, de qualité de la main
d’œuvre. D’autres théoriciens préciseront l’origine de l’avantage comparatif, nous le verrons dans la partie suivante.

L’avantage comparatif est la faculté pour un pays de produire un bien dont le coût de
production, comparativement aux autres biens, est moins élevé qu’à l’étranger.
L’analyse peut être étendue à plusieurs pays. Dans ce cas on observera une hiérarchisation des
avantages comparatifs. De façon dynamique, la hiérarchie peut être remise en cause et de
nouveaux avantages comparatifs se dessiner.
Cette théorie de l’avantage comparatif est valable entre pays, mais aussi entre individus. Samuelson prend exemple
de l’avocat et sa secrétaire : le meilleur avocat de New York est plus fort que sa secrétaire dans le travail de
secrétariat. Il a pourtant intérêt à se spécialiser dans le travail d’avocat et sa secrétaire dans les tâches de secrétariat
(pour lesquelles elle a un avantage comparatif à défaut d’avoir un avantage absolu).

Les effets de la spécialisation :


Le commerce international avantage tous les participants car il permet d’importer un produit
moins cher ce qu’il coûte nationalement, et exporter plus cher que ce qu’il est possible de vendre
en autarcie. L’importance du gain de chaque pays dépend du niveau des termes de l’échange ;
ceux-ci se fixeront quelque part entre les deux rapports d’échange autarciques (0,6 et 1).
Rapports d’échange avant et après spécialisation :
Angleterre Portugal
Avant spécialisation 1 drap = 1 t vin 0,6 drap = 1 t vin
Après spécialisation 0,8 drap = 1 t vin 0,8 drap = 1 t vin
Gain (par unité de vin) 0,2 drap 0,2 drap

Si les termes de l’échange se fixent à 1 tonneau de vin = 0,8 drap, les drapiers anglais économisent
0,2 drap par tonneau de vin ; les viticulteurs portugais obtiennent 0,2 drap de plus par tonneau
vendu. Pour Ricardo, le commerce international est un jeu à somme positive, contrairement à la
conception mercantiliste.
Le commerce international permet une allocation optimale des ressources, travail et capital étant
consacrés aux emplois les plus avantageux. L’esprit d’invention est récompensé, le bien être se
répand et les nations réunies par le biais de l’intérêt réciproque.
Le commerce international permet en outre d’éloigner l’horizon de l’état stationnaire pour
Ricardo. En effet, la baisse du prix du blé permet de baisser les salaires nominaux et de diminuer
la rente (les terres les moins fertiles ne sont plus cultivées), d’où une hausse des profits. En outre,
la hausse des profits est obtenue sans baisse des salaires réels, réduisant ainsi le conflit entre
capitalistes et ouvriers.
Tous ces effets positifs supposent implicitement une reconversion des travailleurs : des viticulteurs anglais
deviendront drapiers et des drapiers portugais se transformeront en viticulteurs.

Cette harmonie a cependant été contestée a plusieurs reprises, notamment avec le paradoxe Graham (1923). Ricardo
supposait des rendements constants, mais supposons que le vin soit une activité à rendements décroissants (le coût
unitaire augmente quand la production augmente) et le drap une activité à rendements croissants (le coût unitaire
baisse quand la production augmente). Selon Graham, le critère de l’avantage comparatif peut entraîner le Portugal
dans une « spécialisation perverse » et dans une situation moins favorable qu’avant car devant consacrer relativement
plus de ressources à la production.

2- Avantages comparatifs et dotations en facteurs de production.


Les théories de la spécialisation internationale cherchent à expliquer l’origine de l’avantage
comparatif. Divers facteurs ont été proposés : la dotation factorielle, la technologie, la demande, les
économies d’échelle, la différenciation des produits. Analysons l’influence de chacun de ces facteurs .
a- Le rôle des dotations en facteurs de production. : le modèle HOS
Les différences en production viennent de la technologie.
La théorie de Ricardo a été reformulée par 2 économistes suédois : Heckscher (1919) et Ohcin (1933)
et elle a était étendue par Samuelson (1948). Le modèle HOS correspond à la théorie néoclassique du
commerce international, héritière directe du modèle classique de Ricardo dont elle va prolonger la
réflexion.
La source de l’avantage comparatif d’un pays ne réside pas dans la technologie comme dans le modèle
ricardien mais dans les dotations en facteurs de production.
L’idée est simple : si la France a un avantage comparatif dans la production d’Airbus par rapport à la
Tunisie, et un désavantage dans la production de T-shirt. C pas pcq la France à une meilleure
technologie pour la production d’avion, mais pcq’elle est relativement plus riche en K que la Tunisie.
Et la Tunisie est plus riche en facteur travail.
 Théories HOS
Théorème H.O = Loi de proportion des facteurs :
La loi des proportions de facteurs a été proposée par deux économistes suédois, E. Heckscher
(1919) et B. Ohlin (1933), sous forme d’exposés littéraires et vise à expliquer l’origine de
l’avantage comparatif. Elle explique la spécialisation de chaque pays par la quantité de facteurs
dont il dispose. La quantité de chaque facteur est donnée et définit la dotation factorielle d’une
nation, c’est à dire l’ensemble des ressources dont dispose un pays avant de se lancer dans les
échanges (capital, travail, ressources naturelles).

Un pays exporte des biens qui utilisent intensivement son facteur de production relativement abondant
et importe des biens qui utilisent intensivement son facteur de production qui est relativement rare.
Plusieurs remarques :
- Le théorème n’est pas contradictoire avec l’analyse ricardienne, pcq l’explication de
l’échange international repose tjs sur des différences de coûts de production, mais ces différences
s’expliquent par des différences dans les dotations aux facteurs de production.
- Ce théorème suppose qu’on soit capable de définir la rareté ou l’abondance des facteurs
de production. Or on a 2 définitions possibles de la rareté et de l’abondance. Une définition en termes
de quantité et une définition en termes de prix.
 (Quantité en K / Quantité en T) pour la France), et on regarde le rapport de cette relation avec la
tunisie.
 (Rémunération du K = profit / rémunérations du travail = salaire) pour la France), et on compare
cette relation avec la Tunisie.
Définition quantité : Lorsque 2 pays échangent chacun se spécialisent dans la production du bien qui
utilise relativement plus le facteur relativement abondant.
Définition prix : Lorsque 2 pays échangent chacun se spécialisent dans la production de biens qui
utilisent relativement plus le facteur le moins cher en autarcie.
L’ouverture sur l’extérieure engendre une spécialisation à l’exportation du bien dont le prix relatif a
augmenté par rapport à l’autarcie.
Cette loi peut être formalisée à partir d'un exemple: soient 2 pays, 2 biens, 2 facteurs. Pour rendre
l’exposé plus vivant, prenons l’exemple de 2 pays (la France et la Tunisie), 2 biens (voiture et textile)
et 2 facteurs de production (capital et travail). On désigne par w le salaire réel et par r le prix du
capital. Les 2 pays sont identiques en tout point, sauf pour les dotations factorielles qui sont à la source
de l’échange. Le raisonnement se déroule en trois temps :

1- La France est supposée être relativement abondants en capital et la Tunisie relativement


abondant en travail : soit K/L > K*/L* (L/K < L*/K*)
2- Une relation inverse d’établit entre l’abondance factorielle et le coût des facteurs, les facteurs
rares ont un coût élevé et les facteurs abondants un coût faible : soit K/L > K*/L* => w/r > w*/r*
(r/w<r*/w*)
3- Le coût relatif des facteurs influence le prix relatif des biens. Les voitures nécessitant plus de
capital que le textile, quel que soit le lieu de production, le prix relatif des biens va être différent entre
les deux pays.
France : abondance relative du capital => coût relatif capital faible => voiture relativement moins
chère.

Tunisie : abondance relative en travail => coût relatif du travail faible => textile relativement bon
marché.

En autarcie, le prix relatif des biens dans les deux pays est : Pv/Pt < P*v/P*t.

Faisons maintenant intervenir le prix international des biens, lequel est nécessairement compris entre
ces deux rapports d’échange autarciques, sinon l’échange international ne présenterait pas d’intérêt
pour l’un des deux pays. On obtient :

Pv/Pt < P’v/P’t < P*v/P*t (où ‘ désigne le prix international)

L’ouverture aux échanges permet aux Français de vendre les voitures plus chères, et aussi aux
Tunisiens de vendre leur textile plus cher. Cela incite les Français à se spécialiser dans la production
de voitures qui s’accroît alors que celle de textile diminue, et la Tunisie à se spécialiser dans le textile
et à se détourner des voitures. Les Français ont un avantage comparatif dans les voitures et la Tunisie
dans le textile.
Le théorème Heckscher-Ohlin énonce que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la
production du bien qui utilise intensément le facteur dont il est relativement le mieux doté.
Les Français vont produire et exporter des voitures, la tunisie du textile. La production totale des deux
biens aura augmenté en raison d’une meilleure allocation des ressources au niveau mondial. Le niveau
de satisfaction des consommateurs va s’accroitre car ils disposent de biens meilleur marché et en plus
grande quantité. Cette loi montre donc les bienfaits du libre-échange et a pu inspirer les principes du
GATT en 1947.
Cette loi correspond finalement au bon sens : il est logique qu’un pays exporte un bien qu’il peut
produire à un coût faible. Si un pays possède beaucoup de terres et peu de main d’œuvre, il se
spécialisera dans l’élevage extensif (Argentine), dans le cas inverse dans l’élevage intensif (Pays-Bas).
Le commerce international correspond selon Ohlin à « un échange de facteurs rares contre des facteurs
abondants ». Quand le Royaume-Uni exporte des machines et que l’Australie exporte du blé, il y a
indirectement un échange de terre australienne contre du capital anglais. La mobilité des produits
remplace la mobilité beaucoup plus malaisée des facteurs de production. Signalons que le modèle peut
être étendu à un nombre quelconque de pays, de biens et de facteurs.
La spécialisation implique l’importation de l’autre bien. Ici l’origine du gain à l’échange est double :
- gains de consommation : les résidents peuvent consommer des biens importés à des prix
plus faibles
- gains de production : proviennent d’une meilleure allocation des ressources productives.
Plusieurs questions :
- si on suit une spécialisation de type H.O est ce que le CI profite à tous les pays ? La
réponse dépend de l’écart entre le prix international et le prix en autarcie. Plus l’écart est grand, plus le
gain à l’échange est important.
- Est-ce que l’ouverture dans le cadre d’une spécialisation profite à tous à l’intérieur des
pays ? Le fait d’ouvrir le pays au CI sur les fondements de facteurs de production va induire des
changements dans la structure de production du pays car cela va diminuer la production de secteurs.
Les autres théorèmes du modèle HOS :
Les Français se spécialisent dans la production de voitures et délaissent celle de textile. Les producteurs

Français vont demander plus de capital et moins de travail. Le prix du capital par rapport à celui du

travail va augmenter (le rapport r/w va augmenter). Symétriquement, la Tunisie va se spécialiser dans le

textile, d’où une demande accrue de travail et une hausse des salaires dans ce pays. Résumons : en

France, la hausse du prix relatif des voitures accroit le prix du capital, en Tunisie la hausse du prix

relatif du textile accroit les salaires.


Le théorème de Stolper-Samuelson (1941) énonce que la hausse du prix d’un bien entraîne la hausse

du prix du facteur intensément utilisé dans ce bien, le prix de l’autre facteur diminuant relativement

(si les deux pays ne sont pas totalement spécialisés).

Continuons le raisonnement jusqu’à son terme. En France, la spécialisation dans les industries intensives
en capital va accroitre le prix relatif du capital et diminuer le prix relatif du travail. En Tunisie, la
spécialisation dans des industries intensives en travail va accroitre le prix relatif du travail et baisser le
prix relatif du capital. Par ce jeu de compensation simultanée, le prix de chaque facteur va avoir
tendance à s’égaliser entre les pays participants à l’échange international. Ceci a été théorisé par
Samuelson en 1948.
Le théorème de Samuelson (1948) affirme que commerce international tend vers une égalisation des

rémunérations des facteurs de production entre les différents pays.

Ainsi, sous certaines conditions (aucun pays n’est totalement spécialisé), le commerce international est

un substitut parfait à la libre circulation des facteurs, en conduisant au même résultat d’égalisation de

leur prix, comme sur un marché national soumis à la loi du prix unique.

Les trois premiers théorème du modèle HOS sont statiques et considèrent les dotations factorielles
comme données. Une version dynamique du modèle HOS a été fournie par l’économiste américain T.
Rybczynski en 1955. Il démontre que si la quantité d’un facteur s’accroit, le coût relatif de ce facteur
baisse et le prix des produits intensifs en ce facteur diminue également. D’où une spécialisation accrue
dans les biens intensifs en ce facteur.

Le théorème de Rybczynski stipule que l’accroissement de la dotation d’un facteur augmente la


production du bien qui utilise intensément ce facteur, plus que proportionnellement à l’augmentation
de la dotation, et diminue la production de l’autre bien.
A partir d’une loi de proportion des secteurs on peut énoncer 2 théorèmes concernant l’influence de
l’échange international sur le prix des facteurs :
 Le théorème de STOPLER et SAMUELSDON : dans les conditions du théorème HECKSCHER-
OHLIN, quand un pays passe de l’autarcie à l’économie ouverte la rémunération du facteur utilisé
intensément dans la production du bien exporté augmente et la rémunération de l’autre facteur
diminue.
 Le théorème de SAMUELSON : théorème de l’égalisation complète des facteurs. Ce théorème
nous dit que sous les mêmes hypothèses du théorème HECKSCHER-OHLIN à l’équilibre de libre
échange les prix des facteurs sont complément égalisés de pays à pays. Si le libre échange est conclu
entre la France et la Tunisie, au bout d’un moment le prix du travail en Tunisie sera le même que le
prix du travail en France et le prix du capital en France sera le même prix que le capital en Tunisie.
Conclusion du modèle SAMUELSON : la libre circulation des biens est un substitue parfait à la
mobilité des facteurs de production.
Le paradoxe de Leontiev (1953)

Comparativement aux autres nations, les Etats-Unis apparaissent comme une nation où le capital est

relativement plus abondant que le travail. On s’attend donc à ce que les Etats-Unis exportent des

biens utilisant beaucoup de capital et importent des biens utilisant beaucoup de travail.

L’économiste américain d’origine russe Leontiev a voulu vérifier si c’était le cas. Pour cela, il a

calculé la consommation en capital et en travail des exportations et des importations américaines.

Pour les importations, il évalue le contenu en facteurs à partir des substituts américains aux

importations car dans le modèle HOS en libre-échange les intensités factorielles sont les mêmes

dans les deux pays.

Or il constate qu’il y a plus de capital dans les importations des Etats-Unis que dans leurs

exportations, et plus de travail dans leurs exportations que dans leurs importations, ce qui infirme

l’hypothèse de départ.

Pour concilier la théorie et les faits, Leontiev va affirmer que, à équipement égal, le travailleur

américain est trois fois plus productif que le travailleur étranger en raison d’une meilleure

organisation du travail, d’une gestion plus efficace de la production et d’un climat de productivité

plus favorable. Ainsi pour l’année 1947, les Etats-Unis auraient compté non pas 65 millions de

travailleurs mais 195 millions de travailleurs équivalents/étrangers. Leontiev considère donc que les

Etats-Unis sont relativement bien dotés en facteur travail et que le théorème HO est vrai. Si on

admet cela, on est conduit à s’interroger sur la nature de ce travail, donc à distinguer plusieurs types

de travail par niveau de qualification : c’est l’approche néo-factorielle.

Keesing distingue 8 catégories de travailleurs depuis les plus qualifiés jusqu’à la main d’œuvre la

moins qualifiée. Il va calculer les contenus en travail qualifié et non qualifié des importations et des
exportations, pour 14 pays pour l’année 1962. Son étude montre que la part du travail qualifié dans

les exportations des Etats-Unis est supérieure à la même part des autres pays développés.

Symétriquement, la part du travail qualifié dans les importations est plus faible aux Etats-Unis que

dans les autres pays. Cf. la position médiane de la France et celle du Japon (peu exportateur de

travail qualifié dans les années 1960).

Ces résultats confirment la découverte de Léontiev concernant le caractère intense en travail des

exportations américaines, à condition d’isoler dans le travail, le travail qualifié. En outre, ils

rejoignent les prédictions du modèle HOS, à savoir qu’un pays relativement abondant en travail

qualifié exportera des biens intensifs en travail qualifié. Mais c’est une brèche ouverte dans le

caractère naturel des dotations en facteurs, les avantages comparatifs peuvent être créés

volontairement.

Section 2 Les nouvelles théories du commerce international.


Dans la théorie HOS, les pays utilisent la même technologie, puisque leurs fonctions de production
sont identiques. Or, de fait, il existe des écarts de technologie, créateurs d’avantages à l’exportation
pour les pays innovateurs.
1- L’écart technologique facteur de performance à l’exportation : M. Posner (1961)
L’avance technologique d’une firme peut conférer un avantage comparatif au pays d’origine de la
firme innovatrice qui dispose pendant un certain temps d’un monopole d’exportation. Les pays en
avance exportent des biens intensifs en nouvelles technologies et les autres des produits banalisés.
Ainsi la cause du commerce international est l’écart technologique entre les pays. Cette analyse
peut être considérée comme un perfectionnement du modèle de Ricardo : les différences de
productivité peuvent être expliquées par des différences de technologie entre les pays.
On constate effectivement une forte corrélation entre les performances à l’exportation et les brevets
ou la R&D. Si on prend en compte plusieurs groupes de pays, on obtient une hiérarchisation du
commerce international correspondant aux différents niveaux de développement des groupes de
pays. Les pays les plus industrialisés exportent des produits à fort contenu technologique et les PED
des produits banalisés. Cette hiérarchisation peut faire penser à un vol d’oies sauvages, selon
l’expression de K. Akamatsu, si on prend le cas de l’Asie.
Effectivement, la compétition ne passe pas seulement par l’utilisation de facteurs abondants. Elle
provient aussi du lancement de nouveaux produits dont la mise au point nécessite des
investissements de recherche de plus en plus considérables, d’où un renouvellement de plus en plus
rapide des types de biens exportés. Par exemple, sur les 72 produits les plus exportés par les PDEM
en 1988, 11 sont apparus dans la période 1979-1988 et 11 ont disparu dans ce laps de temps, par
conséquent 22 produits ont été concernés par ce phénomène du renouvellement dans la décennie
1980.
La réussite à l’exportation est ainsi liée à l’effort d’innovation, à la R&D. Les études empiriques
montrent une corrélation positive entre d’une part les performances à l’exportation et d’autre part
les dépenses en R&D, la part des scientifiques et ingénieurs engagés dans la R&D dans la totalité de
l’emploi de la branche (Keesing, 1962), les dépôts de brevets. Dire que le % de chercheurs dans une
branche est un facteur déterminant des performances à l’exportation revient à dire qu’un pays bien
doté en travail qualifié possède un avantage dans l’exportation de produits de haute technologie, on
revient à HOS.
2- La thèse du cycle de vie du produit : R. Vernon (1966)
Vernon reprend l’idée de monopole technologique et la combine avec celle de cycle de vie du
produit. Le cycle de vie du produit est une notion ancienne, utilisée à l’origine dans des études de
marketing, selon laquelle il existe des régularités dans les phases de diffusion du produit auprès des
consommateurs : lancement, croissance, maturation, déclin. D’après l’auteur, tous les pays avancés
ont accès aux connaissances scientifiques mais leur transformation en innovation nécessite la
présence d’un marché vaste. Dans les années 1960 c’est le marché américain qui répond le mieux à
ces caractéristiques.
Chaque phase de la vie du produit est associée à une phase d’échange international.
a- Le lancement : le produit n’est pas standardisé, il est fabriqué et consommé aux Etats-Unis car la
population possède des revenus assez élevés pour acheter le nouveau produit, les flux de commerce
international sont faibles
b- La croissance : La production est standardisée, et se fait à grande échelle, le coût unitaire et le
prix de vente baissent ce qui entraine une consommation de masse aux Etats-Unis. La firme
innovatrice tente de prolonger son monopole temporaire en exploitant la première les marchés
étrangers, ce qui entraine des flux d’exportations du pays innovateur vers les autres pays développés
(l’Europe)
c- La maturité : la firme innovatrice délocalise la production en Europe car le coût de production
est moindre (salaires plus faibles) et pour déjouer le protectionnisme ; ou bien elle abandonne la
production de ce produit trop banalisé. Les Etats-Unis deviennent importateurs et l’Europe devient
exportatrice
d- Le déclin : la production est délocalisée dans les PED qui exportent le produit vers les Etats-
Unis où la demande diminue et vers l’Europe où elle stagne
Le principe général peut être repris et étendu à d’autres pays, par exemple au Japon exportant puis
délocalisant dans certains pays asiatiques.

La théorie de Vernon permet de donner une réponse originale au paradoxe de Léontiev : les Etats-
Unis exportent des produits quand, à leur lancement, leur production requiert plus de main d’œuvre
et les importent quand elle est plus standardisée, requérant plus de capital.
Vernon a reconnu en 1979 que sa thèse devait être amendée pour plusieurs raisons :
 le temps entre l’innovation, l’exportation et l’investissement à l’étranger s’est raccourci
 les Etats-Unis n’ont plus le monopole de l’innovation, l’Europe et le Japon sont devenus des lieux
de lancement des nouveaux produits
 certaines FMN n’adaptent pas leurs produits selon la séquence USA/Europe/Japon mais produisent
des biens standardisés directement à l’échelle mondiale, le processus de production étant réparti
entre les divers pays et les ventes s’effectuent d’emblée sur tous les marchés (automobile)
3- Le rôle de la demande : la question des échanges croisés La théorie ricardienne et le modèle HOS
expliquent assez bien le commerce inter branche mais pas le commerce intra-branche puisque
plusieurs pays ne peuvent avoir le même avantage comparatif. La possibilité que coexistent, dans un
pays donné et pour une même branche, des exportations et des importations a été évoquée dès 1933
par Ohlin. Mais l’idée de commerce intra branche n’a été relancée qu’avec des études analysant
l’impact du Marché commun sur la spécialisation des Etats membres.

Les échanges croisés peuvent être expliqués par le rôle de la demande, à la fois au niveau
macroéconomique (Linder) et au niveau microéconomique (Lassudrie-Duchêne).

a) La théorie de la demande domestique représentative de Linder (1961)


Une branche ne devient exportatrice que si elle dispose d’abord d’une demande nationale
suffisamment importante pour lancer le produit, obtenir des économies d’échelle, baisser les prix,
innover et perfectionner les savoir-faire. L’avantage comparatif réside dans l’existence préalable
d’un marché intérieur important qui agit comme un banc d’essai pour les firmes domestiques.
Le marché extérieur n’est que le prolongement du marché intérieur ; les ventes à l’étranger seront
d’autant plus intenses que les consommateurs étrangers auront des comportements de demande
proches des nationaux. Selon Linder, la destination idéale pour les exportations d’un pays est un
pays identique. Mais, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la demande domestique du
pays partenaire a du engendrer une production dans les mêmes secteurs. Ainsi, deux pays pourraient
se trouver à vouloir exporter les mêmes produits. Pour lever l’indétermination, Linder signale que
l’échange porte sur des variétés appartenant à une même classe de produits. Il s’agit d’un commerce
intra branche.
Linder va plus loin en établissant une relation entre niveau de revenu et degré de sophistication de
la demande. A un faible niveau de revenu, la demande porte sur des produits peu sophistiqués,
présentant de faibles possibilités de différenciation. A des niveaux de revenu plus élevé, la
sophistication augmente ainsi que l’étendue de la gamme de produits pouvant être demandés. Deux
conclusions se dégagent ; les opportunités d’échange sont plus grandes entre pays proches qu’entre
pays éloignés en termes de revenu. Ces opportunités sont plus fortes entre pays proches à revenus
élevés qu’entre pays proches à revenus faibles. Ces résultats sont cohérents avec la réalité du
commerce international.
En d’autres termes, les échanges s’effectuent entre pays semblables et pour des produits
comparables. L’identité des dotations factorielles facilite le commerce international plus qu’elle ne
le limite. Cependant cette théorie explique l’intensité des échanges mais pas la structure des
échanges.
b) La demande de différence (Lassudrie-Duchene, 1971)
« Là où tout est semblable, il est inutile de rien échanger. L’échange ne peut s’expliquer que par
une différence quelconque ». Les échanges intra-branches sont basées sur la présence de différences
entre les produits (modèle, nouveauté, qualité, couleur, marque, finition, image…) qui engendre des
courants d’échange entre pays proches en terme de dotations factorielles.
Dans les PDEM, on est en présence d’une consommation de masse qui provoque chez de nombreux
individus le désir de se distinguer. Ce désir conduit les consommateurs à acheter des biens étrangers
quand leurs caractéristiques sont jugées suffisamment différentes des biens domestiques. Ex :
automobile, cigarettes.
Les firmes se livrent une concurrence monopolistique en fabriquant les mêmes types de produits,
mais en les différenciant le plus possible pour capter une plus large part de marché. Le commerce
international leur permet d’élargir leur marché national. Cette analyse met au centre de l’analyse le
consommateur, sensible à la diversité des choix qui lui sont proposés.
On distingue généralement la différenciation verticale (qualité différente) et la différenciation
horizontale (couleur, localisation différente). La 1 ère s’explique par les avantages comparatifs et la
2nde par les économies d’échelle et la variété des goûts. Des études empiriques (Fontagné, 1997) ont
montré que l’échange international avec différenciation verticale entre pays de l’UE était
sensiblement plus développé que l’échange de biens différenciés horizontalement, et qu’il
correspondait à une spécialisation qualitative de ces pays à l’intérieur des mêmes industries. Dès
lors l’échange de ces produits s’avère compatible avec le principe des avantages comparatifs. Mais
la spécialisation internationale est de plus en plus fine (degré de finition du produit par exemple).
4- Le rôle des économies d’échelle

La théorie traditionnelle de l’échange international s’intéresse aux effets du commerce international


sur les nations en retenant comme hypothèse de base que la concurrence est pure et parfaite. Il est
déduit que le libre-échange améliore la position des nations qui échangent, incitant donc au
démantèlement des barrières protectionnistes.

Toutefois les situations de concurrence pure et parfaite sont rares: "l’essentiel du commerce
industriel est réalisé pour des produits de secteurs que nous considérons comme des oligopoles
lorsque nous les étudions sous leur aspect domestique" (Krugman, 1989). Dans la majorité des cas
les marchés sont en situation de concurrence imparfaite où le nombre de firmes produisant un bien
et agissant sur le marché est faible.

Krugman met en avant le fait qu'il manque des éléments dans la théorie de l'avantage
comparatif qui sont les rendements d'échelle croissants et la concurrence imparfaite. Il part du
principe que les grandes sociétés possèdent un avantage démesuré sur les petites sociétés, en
l’occurrence les économies d’échelles. Les économies d’échelles permettent à ces grandes
structures de produire à un coût unitaire bien moins élevé. Il en arrive à la conclusion que les
premiers arrivés sur le marché sont avantagés. Les rendements croissants qui découlent de cette
position mènent à une situation de monopole ou d'oligopole sur le marché, créant des barrières à
l'entrée pour les nouveaux arrivants. Plus les sociétés sont grosses, plus elles réalisent des
économies d'échelles importantes, plus il est difficile pour des nouveaux arrivants d'être
concurrentiels.
Pour Paul Krugman, le commerce international est dominé et façonné par ces grandes sociétés,
provenant des pays possédant beaucoup de capital, qui sont sur des marchés à concurrence très
réduite.
peut apparenter cette théorie à une forme de protectionnisme stratégique, où les États doivent
protéger leurs sociétés, sur des marchés où la concurrence est imparfaite.
Par exemple, si une entreprise américaine est en concurrence avec des entreprises profitant d'un
coût du travail très faible, l'Etat américain peut mettre en places des tarifs douaniers afin de
rééquilibrer la concurrence.
L’environnement oligopolistique ainsi obtenu est appelé un environnement stratégique. Cet
environnement stratégique se caractérise par l’émergence et la résistance du profit. Dans ces
conditions, il peut être rationnel d’imposer une réglementation protectionniste.

P. Krugman et E. Helpman ont proposé en 1985 un modèle dans lequel chaque entreprise produit un
bien différencié (concurrence monopolistique) et génèrent des économies d’échelle. La dimension
du marché conditionne la variété des biens et l’échelle de production. Supposons par exemple qu’il
y ait 2 pays, chacun avec un marché annuel de 1 million de voitures. Les 2 pays peuvent créer un
marché total de 2 millions de voitures.
Gains à l’échange en présence de la concurrence imparfaite

Marché de A en autarcie Marché de B en autarcie Marché mondial


Vente de voitures 1 000 000 1 000 000 2 000 000
Nombre de firmes 6 8 10
Ventes par firme 166 666 125 000 200 000
L’ouverture aux échanges permet aux consommateurs de bénéficier de prix plus bas, en raison
d’une production à plus grande échelle, et d’un accroissement de la variété des biens. Comme les
variétés produites en A et B ne sont pas les mêmes, il existe un commerce intra branche.
Dans le modèle de commerce international de Krugman-Helpman, les échanges de produits
différenciés avec économies d’échelle n’auraient que des effets favorables en ternes de bien-être et
de revenu réel, les ajustements en termes de salaires ou d’emplois seraient faibles.

b- Les économies d’échelle externes :


Les économies d’échelle externes sont liées à la taille de la branche et non des firmes. La
concentration d’entreprises de la même branche dans la même région réduit les coûts de production
grâce à la présence de nombreux sous traitants, d’un réseau de services, des effets d’apprentissage,
l’existence de centres de formation, etc.
Dans ce cadre, il peut y avoir gain à l’échange même en l’absence de toute différence entre les pays.
Supposons deux pays identiques, il n’y a pas d’avantages relatifs. Pourtant s’il existe des économies
d’échelle similaires dans les deux productions, les deux pays peuvent réaliser un gain en se
spécialisant chacun dans une seule activité et en échangeant leurs produits.
Un second enseignement est de montrer que les accidents historiques sont à l’origine des avantages
comparatifs et donc que la spécialisation internationale peut être arbitraire : un pays peut prendre la
tête d’un secteur par accident ou avec l’aide de l’Etat. Cette situation s’auto-consolide avec les
économies d’échelle externes. Quand dans un pays les économies d’échelle sont élevées dans une
branche, les coûts de production sont plus bas. Cet avantage attire de nouvelles entreprises, accroit
la production, diminue encore les coûts et renforce l’avantage initial. Les économies d’échelle
externes tendent ainsi à confirmer la spécialisation initiale. Cela reste vrai même si un autre pays
peut potentiellement produire le bien à moindre coût.
P. Krugman prend l’exemple de l’industrie de la montre qui s’est d’abord établie en Suisse.
Supposons que la Thaïlande se mette à produire, son coût de production sera supérieur à celui de la
Suisse. Bien que l’industrie thaïlandaise puisse potentiellement produire à moindre coût que
l’industrie suisse si les quantités vendues étaient élevées. Le fait pour la Suisse d’avoir pris une
avance dans le temps lui permet de maintenir son activité.
On peut tirer plusieurs enseignements de cette théorie :
 La date d’entrée dans une activité est un facteur essentiel, les premiers pays bénéficient d’un
avantage qui ne peut pas être rattrapé par d’autres concurrents. Une fois la localisation choisie, elle
a tendance à se renforcer à cause des économies d’échelle. La spécialisation internationale
s’explique alors par des considérations historiques (présence d’entrepreneurs, intervention de l’Etat
en matière de R&D, taille du marché intérieur). Paul Krugman a obtenu le prix Nobel d’économie
2008 pour avoir montré les effets des économies d'échelle sur les modèles d'échanges commerciaux
et la localisation de l'activité économique.
 La spécialisation peut être totale : l’Allemagne, qui augmente sa production automobile et exporte
vers la Belgique, bénéficiera de coûts de plus en plus bas. La Belgique, qui diminue sa production,
verra sa compétitivité baisser. Le processus étant cumulatif, la Belgique abandonnera toute activité
dans ce secteur. Le coût d’ajustement risque d’être plus élevé. Dans le modèle HOS, si la Belgique
diminue sa production, le coût relatif de ce bien diminue aussi (coût marginal croissant), ce qui
réduit l’écart de compétitivité.
 Une spécialisation peut persister, même quand elle n’est plus conforme aux avantages comparatifs.
On revient à Smith : lorsque ce sont les rendements croissants qui expliquent le commerce
international, le principe des avantages comparatifs disparaît et l’analyse retourne aux avantages
absolus.
 Cette théorie semble mieux adaptée aux PDEM, plus sensibles aux effets d’échelle internes et
externes (logique d’agglomération) qu’aux pays émergents (industries intensives en travail, logique
de coût des facteurs)
On est cependant confronté à une difficulté de mesure : les indicateurs de spécialisation sont
relatifs à des pays alors que le niveau pertinent est plutôt la région. Les effets d’agglomération
peuvent se produire avec des industries situées de chaque côté de la frontière. Cas de la frontière
Mexique/USA : les firmes situées au sud de cette frontière bénéficient de coûts salariaux faibles et
d’effets d’agglomération.
Conclusion sur la spécialisation internationale :
Les théoriciens distinguent schématiquement deux grands types de commerce :
 le commerce inter branche repose sur la complémentarité des économies. Il est expliqué par les
dotations factorielles et les différences de technologie.
 le commerce intra branche repose sur la similitude des économies. Il est expliqué par les
comportements de demande, les économies d’échelle internes, la différenciation des produits,
l’existence de coûts fixes en R&D, le dumping réciproque des firmes, les subventions à
l’exportation.
Chapitre 2 L’évolution du commerce mondial
A) Le développement des échanges de 1800 à 1945
1) La croissance des échanges
a) La forte hausse du CI de la Révolution industrielle jusqu’en 1913 :

Malgré le protectionnisme, le commerce international augmente à un rythme supérieur à celui de la


production mondiale. Entre 1800 et 1913, le commerce international par tête est multiplié par 25 alors
que la production mondiale par tête ne l’est que par 2,2 selon les chiffres de l’historien Paul Bairoch. Il
avait été multiplié par 3 au XVIIIème siècle.

Ce mouvement d’ouverture touche tous les pays européens. Le taux d’exportation (ou effort
d’exportation) augmente pour tous les pays. Pour l’ensemble de l’Europe, il passe de 4,4% en 1830 à
13,2% en 1910.

Les principaux facteurs favorables au développement des échanges sont :


o les innovations dans le textile (filature et tissage), la vapeur, l’industrie du fer, les chemins de
fer, poussent les firmes bénéficiant d’une avance technique à exporter pour rentabiliser leur production
o la croissance économique : pour produire plus, certaines firmes doivent acheter des
consommations intermédiaires à l’étranger
o les innovations dans les transports : la capacité de la flotte marchande double de 1860 à 1913, la
marine à vapeur remplace celle à voile au cours du 19 ème siècle, faisant diminuer le prix du fret
maritime dans une proportion de 7 à 1 durant le siècle. Avec l’ouverture du canal de Suez en 1869 la
tonne de marchandise entre Marseille et Saigon voit son prix de transport divisée par 10.
b) La cassure de l’entre-deux-guerres
Entre 1913 et 1937 le commerce international par tête ne croit que de 3%. La valeur des exportations
mondiales (en dollars constants de 1990) augmente certes de 1913 à 1937, mais peu : de 236 000 $ à
324 000. C’est la seule période depuis le début de la Révolution industrielle durant laquelle le
commerce international augmente moins vite que la richesse mondiale.

Les effets de la Première Guerre mondiale :


La 1ère Guerre mondiale entraîne une baisse des échanges internationaux : de l’indice 100 en 1913, le
commerce international tombe à l’indice 65 environ (55 pour l’Europe). La guerre touche le cœur du
commerce mondial : l’Europe.
Le rattrapage des échanges internationaux dans les années 1920

Malgré le protectionnisme ambiant et le retrait partiel de l’URSS (la valeur de ses exportations est
divisée par 2 de 1913 à 1929, en prix constants), le commerce international augmente : +60% entre
1920 et 1929, +20% entre 1913 et 1929. Le niveau d’avant guerre est rattrapé en 1924. La demande
augmente beaucoup en Europe après la guerre car de nombreux achats avaient été différés. Les
exportations américaines augmentent fortement vers l’Europe qui connaît un déficit commercial. La
baisse de la part du Royaume-Uni se fait au profit des USA. Le commerce colonial contribue à la
hausse du commerce international pour la France et le Royaume-Uni notamment.
Mais la hausse du commerce international est moins forte que celle de la production. Les crises
monétaires, la concurrence entre les monnaies, les politiques déflationnistes affaiblissent le commerce
international.
La rechute des années 1930 :

De 1929 à 1932, le commerce international a connue une baisse de 35% en volume, en raison du
protectionnisme et de la crise. Les USA choisissent le protectionnisme en juin 1930 et entraînent le
reste du monde. En Europe la chute est encore plus prononcée en raison d’un protectionnisme plus fort
et de la réorientation des flux vers de nouveaux pays (Argentine, Australie). En raison de la déflation le
commerce international a connu une baisse de 60% en valeur.

Rappel méthodologique : en volume = en francs courants ; en valeur = en francs constants

Sur une période plus longue, de 1928 à 1938, en valeur le commerce international a baissé de 5%
d’après Maddison (de 318 000$ à 302 000$), de 30% d’après Svennilson.

Le degré d’ouverture des économies européennes est retombé au niveau de 1850.

2) La structure du commerce mondial


a) la structure par pays
La domination du RU au 19ème siècle
Selon Rostow, l’Europe réalise en 1780 les ¾ du commerce mondial ; la France et la GB sont aux
avant-postes grâce au commerce maritime.
La GB avait une position plus forte, notamment par rapport à la France, grâce à plusieurs facteurs :
 le marché nord-américain : au cours du XVIIIème siècle, la GB va réorienter son commerce
international vers l’Amérique du Nord (elle interdisait aux 13 colonies tout commerce avec d’autres
pays), l’Inde et les Antilles alors que la France reste plus tournée vers des marchés méditerranéens
déclinants.
 La GB a une originalité due au rôle que jouent ses colonies d’Asie comme zone d’origine des
importations et comme lieu de destination des exportations britanniques.
La hiérarchie en 1850 est la suivante : le RU exerce toujours une forte domination (18% du commerce
mondial), suivie de loin par la France (6,2%), les USA (5,5%).
Le caractère dominant du RU est partiellement remis en cause à la fin du 19 ème siècle par l’arrivée de
nouveaux concurrents (Allemagne, USA, Japon).
La domination de l’Europe en 1913 :
 l’Europe est au cœur du CI : le commerce intra européen représente 40% des flux, le commerce
entre l’Europe et les autres pays 37%, le commerce entre pays non européens 23%. L’Europe contribue
à 67% des exportations mondiales et à 60% des importations ; elle connaît un excédent commercial
vis-à-vis des USA.
 Le Royaume-Uni a encore le poids individuel le plus important (17,6% du commerce mondial),
mais est de plus en plus concurrencée par les USA (10,3) et par l’Allemagne (12,5%) grâce à ses
positions fortes dans la chimie et à sa politique de conquête de marchés (dumping).
La transformation des flux dans l’entre-deux-guerres :

 l’Europe régresse au profit des pays neufs : Le commerce intra européen passe de 40% du
commerce international en 1913 à 29% en 1938. Ce déclin profite à L’Amérique du Nord qui assure
22% du commerce international en 1938.
 La hiérarchie des puissances commerciales se modifie : le Royaume-Uni perd la 1ère place au
profit des USA (sauf si l’on s’en tient aux seuls produits manufacturés), la France et l’Allemagne
déclinent, les pays neufs progressent, ainsi l’Argentine, l’Australie, le Canada et le Japon apparaissent
dans les 10 premiers exportateurs mondiaux. Le Japon réalise 7.5% des exportations mondiales de
produits manufacturés en 1937 contre 2.5% en 1913.
 Le commerce colonial s’accroît en raison du protectionnisme ambiant et des perturbations
monétaires. La France et la GB bénéficient de monopoles commerciaux avec leurs colonies : les
produits métropolitains entrent souvent sans droit de douane. Le commerce colonial joue un rôle
essentiel : les colonies fournissent en matières premières l’Europe directement, les USA indirectement.
b) la structure par produits
Un commerce de produits primaires :

Tout au long du XIXème siècle, les 2/3 du commerce international sont composés de produits
primaires, 50% pour les seuls produits agricoles, le reste correspondant aux produits miniers. Les
produits agricoles représentent 75% des exportations américaines en 1890 (50% en 1913). Cependant,
des modifications voient le jour : la part du textile diminue alors qu’augmente celle des produits
métallurgiques et chimiques ; au sein du textile, le coton remplace progressivement la laine.

Dans l’entre-deux-guerres, la part des produits primaires reste dominante et assez stable : 64% en
1913, 63.5% en 1937. Cependant, au sein des produits manufacturés, la part des biens d’équipement
(investissement des firmes, équipement des ménages) croit régulièrement de 22.4% en 1913 à 33% en
1937 au détriment du textile. Mais la part de la production manufacturée exportée baisse nettement de
1929 à 1937 : de 25 à 12% pour la France, de 37 à 21% pour le Royaume-Uni cause du
protectionnisme et de la crise.

Une Division Internationale du Travail nettement marquée :

Les exportations européennes sont composées de produits manufacturés à 60% et les importations
comportent 85% de produits primaires. Ces chiffres évoluent peu entre 1800 et 1913.

Le cas du Royaume-Uni est emblématique : les produits manufacturés représentaient les ¾ de ses
exportations et les matières premières les ¾ de ses importations. Le Royaume-Uni importait du coton,
de la laine et des minerais ainsi que des produits tropicaux (sucre et café) dont la consommation se
banalisait avec la hausse du niveau de vie. Il exportait des cotonnades (étoffe de coton, produites en
grandes séries), des produits manufacturés et des produits alimentaires.

C) Les grandes évolutions du commerce international depuis 1945


1) La hausse quasi ininterrompue des échanges internationaux
Quelques chiffres montrent l’expansion du commerce international de 1948 à 2000 : le commerce
mondial de marchandises a augmenté de 6% par an en moyenne soit une multiplication par 22 ; le PIB
mondial (réel) s’est accru de 4% par an en moyenne, soit une multiplication par 7. Depuis 1945, la
hausse du commerce international a été infléchie, mais non stoppée, seulement lors des épisodes de
crise.
a) L’âge d’or de la croissance du CI de 1950 à 1973 :
De 1950 à 1973, le commerce international s’est accru à peu près deux fois plus vite que la production
mondiale. Cette période est l’âge d’or à la fois de la croissance mondiale et de l’expansion du
commerce extérieur. Jamais la croissance n'avait connu une telle dynamique.

Les causes principales de cette expansion commerciale sont l’aide Marshall entre 1948 et 1952 qui a
permis d’amorcer les flux d’échanges, l’ouverture commerciale avec la fin de l’autarcie coloniale et
l’action du GATT, la modernisation des transports (baisse des coûts du transport [avions et bateaux] et
multiplication de la capacité de la flotte mondiale par 7 de 1950 à 1980, le développement des FMN, la
création d’espaces économiques régionaux (CEE). Signalons aussi que la croissance induit une plus
forte ouverture, les entreprises ont besoin de s’approvisionner en équipements plus sophistiqués qui ne
sont pas forcément produits sur place et les consommateurs réclament plus de diversité dans leurs
achats.
b) La rupture de 1973 :
Le prix du pétrole passe de 2 à 14$. Ce choc pétrolier entraîne une ponction de revenu de 2 à 3% du
PIB des pays industrialisés pour payer les importations de pétrole, et casse la croissance économique.
Mêmes effets du second choc pétrolier. Cela ralentit la croissance des échanges mais ne l’arrête pas.
L’essor du commerce international n’a été interrompu qu’en 1975 et 1982 où il y a eu baisse, à prix
constants. Le commerce international est donc à la fois cause (via le pétrole) et conséquence de la
récession.

Conséquence mécanique de la flambée des cours du pétrole : la part des pays exportateurs de pétrole
dans les exportations totales des PED est passée de 29% en 1963 à 55% en 1980.

Les difficultés des années 1970 sont accrues en Occident par la montée de la concurrence mondiale,
liée à l’émergence des NPI et au déclin des vielles industries. Cela provoque un renouveau du
protectionnisme, essentiellement sous la forme de barrières non tarifaires (quotas de voitures ou
d’acier, mesures anti dumping). Ce phénomène a ralenti la reprise du commerce international dans les
années 1980.

c) le retour à une forte croissance depuis le milieu des années 1980 :

Les flux commerciaux internationaux ont enregistré une augmentation spectaculaire au cours des trois
dernières décennies. Selon les statistiques commerciales de l’OMC, la valeur des exportations
mondiales de marchandises est passée de 2 030 milliards de dollars EU en 1980 à 18 260 milliards de
dollars EU en 2011, soit une croissance moyenne de 7,3 % par an en dollars courants.
Le commerce des services commerciaux a augmenté encore plus vite pendant la même période,
passant de 367 milliards de dollars EU en 1980 à 4 170 milliards de dollars EU en 2011, soit une
croissance de 8,2 % par an.
En volume (c’est-à-dire compte tenu des variations des prix et des taux de change), le commerce
mondial des marchandises a plus que quadruplé entre 1980 et 2011.
De nombreux facteurs ont contribué à cette expansion remarquable, mais force est de constater qu’elle
a coïncidé avec une forte diminution des obstacles au commerce. Les obstacles au commerce
comprennent tous les coûts liés à la fourniture du produit au consommateur final, mis à part le coût de
production lui-même : coûts de transport (coût du fret et coût en temps), obstacles liés à la politique
commerciale (droits de douane et mesures non tarifaires) et coûts internes du commerce et des
transactions (y compris les coûts d’information intérieurs, les coûts d’exécution des contrats, les coûts
juridiques et réglementaires, la distribution locale, les procédures de dédouanement, les formalités
administratives, etc.).
Les obstacles liés à la politique commerciale peuvent être divisés en gros en droits de douane (ad
valorem et spécifiques) et en mesures non tarifaires (MNT). Bien que les droits de douane soient
encore l’instrument le plus largement utilisé pour restreindre les échanges, leur importance relative a
diminué. L’ouverture des échanges, qu’elle soit unilatérale, qu’elle résulte des accords négociés sous
les auspices de l’Organisation mondiale du commerce ou qu’elle découle d’accords commerciaux
préférentiels (ACPr), a fortement réduit le niveau moyen des droits appliqués (Rapport sur le
commerce mondial,2011). Par exemple, d’après les chiffres de la Base de données intégrées de
l’OMC, la moyenne des droits de douane imposés par les économies développées en2010-2011 sur
l’ensemble des importations était d’environ 5 %, alors que le droit moyen sur les produits non
agricoles ne dépassait pas 2,5 %.
Si la mondialisation n’est pas inédite dans l’Histoire, la nouveauté tient à la combinaison de plusieurs
facteurs qui l’accélèrent : élargissement géographique (NPIA à partir des années 1960, Amérique
latine dans les années 1980, pays de l’Est dans les années 1990, entrée de la Chine et de l’Inde dans la
compétition mondiale), intégration régionale accrue, déréglementation (finances, transport, énergie,
télécoms), globalisation des firmes, tertiarisation. La mondialisation n’est pas un sous-produit du
progrès technique, mais l’effet direct de la liberté économique.
La production mesurée par le PIB a augmenté à un rythme un peu plus rapide de 3,2 % entre 1980 et
1985,tandis que la croissance des exportations de marchandises en volume a été de 2,9 % par an en
moyenne, ce qui donne une élasticité proche de 1 (0,92pour être précis). Mais, après 1985, le
commerce mondial a augmenté près de deux fois plus vite que la production.
La croissance du commerce a été en moyenne de 5,6 %par an entre 1985 et 2011. Le PIB mondial
ayant augmenté de 3,1 % en moyenne pendant cette période, on voit que la croissance du commerce
mondial a été supérieure d’environ 1,8 fois à celle de la production.
De nombreux facteurs ont pu contribuer à la croissance plus rapide du commerce par rapport au PIB au
cours des trois dernières décennies. La fin de la guerre froide a apporté aux économies développées le
« dividende de la paix », ce qui leur a permis de réduire leurs dépenses militaires et d’accroître
l’investissement dans d’autres domaines. Le développement d’Internet et de l’économie numérique
semble aussi avoir stimulé le commerce, peut-être de manière insoutenable, comme en témoigne
l’éclatement ultérieur des bulles d’actifs de par le monde.
Enfin, les grandes économies en développement comme la Chine et l’Inde ont engagé des réformes
économiques et amorcé un processus de croissance de rattrapage dans lequel le commerce a joué un
rôle important.
Le fait que le commerce a augmenté plus vite que le PIB peut aussi s’expliquer en partie par le
développement des chaînes d’approvisionnement, caractérisées par la fragmentation des processus de
production entre les pays, et en partie par des problèmes de mesure. Les produits sont de plus en plus
fabriqués en deux étapes successives ou plus, et les entreprises ont de plus en plus recours à des
intrants matériels importés et à la délocalisation des tâches administratives. Cependant, comme le
commerce mondial est mesuré en termes bruts, il se peut que la valeur des biens intermédiaires soit
comptée plusieurs fois lorsque les marchandises traversent les frontières à différents stades de la
production, alors que les biens intermédiaires ne sont comptés qu’une fois dans les statistiques du PIB.
2) L’évolution de la composition des échanges
a) L’accroissement de la part des produits manufacturés :
Depuis 1945, la place des produits manufacturés s’est accrue par rapport aux produits primaires ce qui
reflète la nouvelle structure productive, la baisse de la protection douanière sur les produits industriels
et l’extension des activités industrielles au Tiers Monde.

les produits manufacturés représentaient juste 40 % du commerce en1900, mais leur part a atteint 70 %
en 1990, puis 75 % en2000, avant de revenir à 65 % en 2011. En revanche, la part des produits
agricoles dans le commerce mondial a diminué de façon régulière, passant de 57 % au début du siècle
dernier à 12 % en 1990, et finalement à 9 % en2011. La progression des produits manufacturés n’a été
freinée que par la hausse des prix des produits primaires, qui a eu tendance, au cours des dernières
années, à gonfler la part des combustibles et des produits miniers aux dépens des produits
manufacturés. Contrairement aux produits agricoles et aux produits manufacturés, la part des
combustibles et des produits miniers dans le commerce mondial n’a pas affiché de tendance claire
durant la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, car elle augmente et diminue avec les prix
du pétrole.
La croissance de la part des produits manufacturés est liée à la hausse des échanges croisés, c'est-à-dire
du commerce intra-branche. Le commerce international est dit intra branche quand deux pays
échangent des produits appartenant à la même branche ou la même catégorie de produits. Pour le dire
autrement, un même pays est à la fois importateur et exportateur de biens issus de la même industrie.

L’intensité du commerce intra branche d’un pays peut être calculée à l’aide d’un indicateur défini par
Grubel et Lloyd (1975). Cet indicateur s’écrit:
I = 1 – [(Xi – Mi) / (Xi + Mi)]
où i est une branche quelconque.
Si le commerce intra-branche est fort, Xi = Mi => Xi – Mi tend vers 0 et I se rapproche de 1.
Le commerce intra branche s’est beaucoup développé dans les années 1960 et 1970 en Europe, en lien
avec la CEE. Le coefficient est largement supérieur à 50% pour les pays d’Europe dès 1975. Il
augmente fortement pour les Etats-Unis (48% en 1985) et reste faible au Japon (20%). Il représente
environ 50% des échanges entre pays développés. Le commerce intra branche est élevé pour les biens
sophistiqués, comme la chimie, la pharmacie, les équipements pour la production d’énergie.
Commerce intrasectoriel : La théorie néoclassique est utile pour expliquer de nombreux aspects du
commerce international, mais elle ne tient pas compte de plusieurs phénomènes importants,
notamment du commerce à l’intérieur d’un même secteur (commerce intrasectoriel). Par exemple, le
fait que l’Allemagne et le Japon exportent tous deux des automobiles l’un vers l’autre est difficile à
prendre en compte dans un cadre théorique où l’avantage comparatif conduit à un haut niveau de
spécialisation. Les modèles de concurrence monopolistique, notamment celui de Krugman (1979), sont
intéressants parce qu’ils conduisent naturellement au commerce intrasectoriel, c’est-à-dire que des
paires de pays peuvent exporter et importer les mêmes types de produits.
Les hypothèses fondamentales de Krugman sont les rendements d’échelle croissants liés à la
technologie et les préférences liées au « goût pour la variété ». Les rendements d’échelle croissants
sont modélisés par l’introduction d’un coût de production fixe : quand une entreprise accroît sa
production totale, même en maintenant constant le coût unitaire, le coût fixe est réparti sur un plus
grand nombre d’unités, de sorte que le coût moyen baisse. Dans ce contexte, la concentration de la
production est efficiente. Cela contraste avec l’existence de nombreux producteurs dans un secteur.
Pour concilier ces deux éléments divergents, Krugman pose l’hypothèse d’une concurrence
monopolistique entre les entreprises. Autrement dit, les producteurs vendent des produits légèrement
différenciés – de marques ou de qualité différentes –, mais qui ne sont pas des substituts parfaits. Par
conséquent, alors que chaque entreprise est supposée avoir un monopole pour sa propre variété, elle
est quand même soumise à la concurrence des autres entreprises : elle vendra une quantité moindre de
sa variété si le nombre d’autres variétés vendues augmente.
D’après le modèle de Krugman, les pays peuvent tirer un gain du commerce en ayant accès à une plus
grande variété de biens et en réalisant des économies d’échelle dans la production. Selon cette
approche, les entreprises se spécialisent dans certaines variétés de biens, mais on peut aussi appliquer
le modèle au commerce du XXIe siècle, dans lequel les entreprises peuvent au contraire choisir de se
spécialiser dans certaines tâches.
Les principaux enseignements de ce tableau sont que le commerce intrasectoriel a tendance à être plus
important dans les économies développées industrialisées(États-Unis, Union européenne, Canada,
Suisse) et dans les économies en développement qui s’industrialisent rapidement (Hong Kong, Chine ;
Singapour; Malaisie et Thaïlande) alors qu’il est relativement limité dans les économies en
développement riches en ressources(Algérie, Nigéria, République bolivarienne du Venezuela)et dans
les PMA (République centrafricaine, Niger et Madagascar). Les indices GL moyens n’ont guère
changé entre 1996 et 2011, les principales exceptions étant le Panama et l’Égypte. Les économies
développées, comme les États-Unis et l’Union européenne, ont plus de commerce intrasectoriel avec
d’autres économies développées, tandis que les économies en développement, comme la Malaisie et la
Thaïlande, ont plus de commerce intrasectoriel avec d’autres pays en développement.
Bien que la Chine et la République de Corée soient qualifiées d’économies en développement, leur
structure est en réalité plus semblable à celle des économies développées, car elles ont réussi à
s’industrialiser, alors que de nombreuses économies en développement plus pauvres et riches en
ressources n’ont pas réussi à le faire.
Le Japon est aussi un peu atypique dans ces tableaux, car son indice GL moyen est assez faible par
rapport à ceux des autres économies développées et il a plus de commerce intrasectoriel avec des
économies en développement. Son indice GL global peu élevé pourrait être dû au fait qu’il a peu de
ressources naturelles et doit importer la plupart de ses matières premières. Le niveau relativement
élevé du commerce intrasectoriel du pays avec des économies en développement pourrait s’expliquer
par sa proximité géographique avec les économies en développement d’Asie et par le fait que bon
nombre de ces économies apparemment en développement sont en fait industrialisées.
la nature des préférences des pays peut expliquer pourquoi des économies similaires font souvent plus
de commerce entre elles, ce qui vaut aussi pour le commerce intrasectoriel. Les modèles d’échanges
simples supposent généralement que les pays ont des préférences homothétiques, ce qui signifie que
les parts de budget resteront constantes quel que soit leur niveau de revenu. Si l’on assouplit cette
hypothèse, les pays ayant des revenus similaires auront tendance à consommer et à produire des types
de biens similaires. Linder (1961), par exemple, montre que les entreprises qui produisent dans un pays
riche situé à proximité d’un grand marché consommateur de produits de haute qualité(ou de luxe) ont
un avantage comparatif dans la production de ces produits. En outre, les entreprises exportatrices
trouvent des marchés plus vastes pour leurs produits de qualité dans les autres pays riches.
Fieler (2011) montre également pourquoi les pays pauvres, même s’ils ont un niveau de revenu
analogue, commercent beaucoup moins les uns avec les autres qu’avec les pays riches. Son modèle
indique que les volumes d’échanges entre pays similaires dépendent du degré de différenciation des
produits. Les pays dont la productivité globale est faible ont des salaires bas et produisent des biens
moins différenciés. Les pays technologiquement avancés ont des salaires élevés et produisent des biens
dont la technologie varie davantage d’un pays à l’autre. Dans ce contexte, les pays riches commercent
beaucoup entre eux parce que les biens ayant une forte élasticité-revenu sont plus différenciés, alors
que les pays pauvres commercent entre eux parce que les biens ayant une faible élasticité-revenu sont
moins différenciés.
b) La stabilité de la part des services
Les services constituent près des 2/3 de l’activité des pays développés mais seulement 20% du
commerce international. Dans la décennie 1990, le rythme de croissance du commerce international
des biens et celui des services a été le même : 6% par an.

Deux types de barrières contraignent l’essor du commerce international de services. D’une part des
barrières techniques car la nature même de certains services réclame la proximité du fournisseur et de
son client (coupe de cheveux, consultation médicale). D’autre part des barrières réglementaires car des
règles nationales assez contraignantes, au nom de la protection du consommateur ou de l’indépendance
nationale, restreignent la fourniture de services par des firmes étrangères.

En matière d’exportation de services, les pays occidentaux ont une longueur d’avance. L’Union
Européenne, et plus particulièrement le Royaume-Uni, sont traditionnellement bien placés en matière
d’assurance, de finance, d’informatique. Les points forts des Etats-Unis résident dans les redevances et
licences (utilisation de brevets, droits d’auteurs, marques commerciales), et les services culturels
(licences d’exploitation, services audiovisuels). Hollywood s’exporte encore relativement bien !

Mais un redoutable concurrent est apparu depuis les années la fin des années 1990 avec l’Inde qui est
devenue le premier exportateur mondial de services fournis à distance, c'est-à-dire le cas où le
fournisseur et l’utilisateur restent sur leurs lieux d’installations respectifs (mode 1)). Les exportations
indiennes de services représentent maintenant ¼ de ses exportations de marchandises. Elle capte plus
de la moitié du chiffre d’affaires mondial délocalisé dans les activités de services, les technologies de
l’information et les processus de traitement informatique des entreprises, ce qui lui a valu le surnom de
bureau du monde.

c) La modification de la DIT :
La DIT traditionnelle dans laquelle les pays développés exportent des produits manufacturés vers les
PED et les PED exportent des produits primaires vers les pays développés représente moins de 30% du
commerce international. Pourquoi une telle diminution par rapport au XIXème siècle ? Deux facteurs
explicatifs ont été donnés.

Les PED exportent aujourd’hui majoritairement des produits manufacturés et non plus des produits
primaires. La part des produits manufacturés dans les exportations de marchandises de l’ensemble des
PED est passée de 25% en 1980 à 60% en 1998. Dans certains pays les évolutions ont été
spectaculaires : cette part est passée entre 1980 et 1994 de 2% à 51% en Indonésie, de 18% à 83% en
Malaisie. L’Afrique et le Moyen Orient restent encore à l’écart du mouvement, d’où de grandes
différences au sein des PED.

3) L’évolution des hiérarchies


Outre le fait que la croissance du commerce a été plus rapide que celle du PIB, le changement le plus
important dans la structure des échanges au cours des dernières années est sans doute l’augmentation
de la part des économies en développement dans le commerce mondial et la diminution correspondante
de la part des économies développées.
La part croissante des économies en développement dans les exportations mondiales de marchandises
entre 1980 et 2011, et la diminution correspondante de la part des pays développés. Les économies en
développement, dont les exportations représentaient à peine 34 % du commerce mondial en1980, ont
vu leur part atteindre 47 %, soit près de la moitié du total, en 2011. Dans le même temps, la part des
économies développées a fortement diminué, de 66 % à53 %. Une différence majeure entre les deux
périodes est qu’en 1980, les exportateurs de pétrole étaient prédominants parmi les économies en
développement alors qu’en 2011, ce sont les économies en développement d’Asie qui jouent un rôle
plus important.

La place des PED a varié longtemps en fonction des cours des matières premières : 28% en 1980 à
20% en 1986 (contre choc pétrolier) et à 26% en 1993. Depuis les années 1990, l’essor des pays
émergents a accru la part des PED dans le commerce international qui a atteint 37% en 2006. Le
commerce des pays émergents est particulièrement vigoureux ; sur la période 2003-2007, la hausse
annuelle des exportations a été de 10% pour les PED contre 6% pour les PDEM. En revanche, la part
des PMA ne dépasse pas les 0 ,5%.

L’Union européenne, les États-Unis et le Japon ont tous enregistré une diminution de leur part des
exportations mondiales entre 1980 et 2011. La part de l’Union européenne est passée de 37 % à 30 %,
celle des États-Unis de 11 % à 8 % et celle du Japon de 6 % à 5 %.
Le commerce mondial de marchandises en 2008 :

Exportateurs Importateurs

1 Allemagne Etats-Unis

2 Chine Allemagne

3 Etats-Unis Chine

4 Japon Japon

5 Pays-Bas France

(source :OMC)

Le changement dans la composition du commerce par pays concerne aussi le volume des échanges
effectués à l’intérieur des groupes de pays et entre eux. Dans ce contexte, les économies développées
sont couramment qualifiées de Nord, et les économies en développement/émergentes de Sud, le
commerce entre ces deux groupes étant appelé commerce Nord-Sud.
la part du commerce Nord-Nord n’a cessé de baisser, passant de 56 % en1990 à 36 % en 2011. Cette
baisse a coïncidé avec l’accroissement du commerce Sud-Sud, qui est passé de8 % à 24 % pendant
cette période. La part du commerce Nord-Sud est restée remarquablement stable depuis2000, aux
alentours de 37 %.
La part croissante du commerce Sud-Sud dans les exportations mondiales peut s’expliquer par
plusieurs facteurs, dont l’un est le nombre d’ACPr négociés entre les économies en développement.
Ces accords représentent en fait la majorité des nouveaux ACPr conclus depuis1990 (Rapport sur le
commerce mondial, 2011). Même si certains d’entre eux ne sont pas pleinement mis en œuvre, il faut
s’attendre à ce que l’ouverture accrue des échanges et la réduction des obstacles au commerce entre les
économies en développement entraînent une augmentation du commerce Sud-Sud.
Une autre explication moins simple mais plus probante du schéma révélé par la figure B.8 a à voir avec
la nature des préférences des pays : si les économies en développement ont des préférences non
homothétiques (c’est-à-dire que les consommateurs désirent une plus grande variété de biens à mesure
qu’ils s’enrichissent), elles peuvent commencer à produire et à consommer des quantités croissantes de
produits similaires à mesure que leur revenu augmente. Si c’est effectivement le cas, on peut s’attendre
à ce que les économies en développement qui connaissent une croissance rapide commercent
davantage non seulement les unes avec les autres, mais aussi avec les économies développées
auxquelles elles ressemblent de plus en plus. Cela expliquerait à la fois la part croissante du commerce
Sud-Sud et la part déclinante du commerce Nord-Nord dans les exportations mondiales de produits
manufacturés. Ce résultat peut dépendre beaucoup de la manière dont on définit les groupes des pays «
développés » et des pays « en développement», car le reclassement des nouvelles économies
industrialisées d’Asie dans la catégorie des pays développés pourrait arrêter instantanément la
diminution de la part du commerce « Nord-Nord » dans le commerce mondial.
La montée de l’Asie :

Depuis 1973, les courants d’échange les plus dynamiques concernent la zone asiatique. Pour la
première fois en 1984, les échanges transpacifiques dépassent par leur importance les échanges
transantlantiques alors qu’en 1963, le commerce transpacifique ne représentait que le tiers du
commerce transatlantique. Dès la fin des années 1990, 90% des circuits intégrés produits dans le
monde viennent d’Asie.
Ce qui frappe, c’est la corrélation qui existe dans cette région entre le développement du commerce
international, et la croissance économique. Sans la liberté des échanges, jamais ces pays n’auraient
connu un développement aussi spectaculaire.
L’ascension de l’Asie s’est faite de manière progressive, par vagues concentriques. Le Japon ouvert la
voie après 1945, il abandonne l’expansionnisme militaire, reconstitue sa puissance industrielle et se
tourne vers la conquête de marchés extérieurs. Cette percée nipponne s’explique par une stratégie
industrielle et commerciale mises en œuvre de façon concertée par l’Etat et les grands groupes. Les
entreprises bénéficient de coûts salariaux faibles puis ensuite de produits et procédés innovants.
Epargne, formation, innovation, maitrise des prix constituent la clé du succès.

Les mêmes raisons expliquent la montée des Nouveaux Pays Industrialisés d’Asie (NPIA). Leur part
dans les exportations mondiales est passée de 5,1% en 1983 à 10,4% en 1994. Ces pays, appelés
« NPI » connaissent un rythme d’industrialisation élevé et des politiques de promotion des
exportations. Une première vague des NPIA s’est formée à partir des années 1960 avec les 4 Dragons
d’Asie du sud-est : Hongkong, Singapour, Taiwan, Corée du Sud. Leur poids dans les exportations
mondiales dépasse désormais les 10%. En 1988, Taiwan est devenu le 10ème exportateur mondial de
produits manufacturés, juste derrière les Pays-Bas, tandis que Hong Kong occupe la 11ème place, la
Corée du Sud la 12ème et Singapour la 17ème. Les pays importateurs sont principalement les pays
développés. Les secteurs les plus pénétrés : initialement les vêtements et la chaussure ; ensuite,
télécommunications, hi-fi, vidéo.

Une deuxième vague de NPIA a surgi à partir des années 1980 avec les Tigres : Thaïlande, Malaisie,
Indonésie, Inde, Philippines. La Chine, à partir des années 1990, constitue une troisième vague. Ces
pays se sont spécialisés dans l’exportation de produits manufacturés banalisés.

Les pays NPIA ont suivi la théorie du développement en vol d’oies sauvages du japonais Akamatsu
(1935). Celle-ci décrit la succession des importations et exportations d’un pays au cours de son
développement.

 1ère phase : le pays exporte des matières premières et importe des produits manufacturés
 2ème phase : le pays commence à produire sur place des biens manufacturés et importe des biens
d’équipement
 3ème phase : le pays exporte des biens d’équipement et importe des matières premières.
En d’autres termes, le pays importe le produit, puis il substitue la production nationale aux
importations, enfin il l’exporte. Dans ce modèle d’industrialisation, on observe qu'un pays initie le
processus d'industrialisation sur un produit à faible technicité, puis l'abandonne pour un produit à plus
haute valeur technologique. C’est ce que l’on appelle la remontée de filières. Cet abandon permet à
un autre pays d'entamer son propre processus d'industrialisation. D’où les vagues successives de pays
rentrant dans la modernisation qui font penser à un vol d’oies sauvages.

d) L’essor de la Chine :
Elle est devenue le premier exportateur mondial en 2009, devant l’Allemagne.. La Chine a bénéficié,
en plus des atouts communs aux autres NPIA, de nombreux IDE et les entreprises dont le capital est
étranger sont à l’origine de 40% des exportations. La Chine exporte massivement des produits textiles,
des vêtements, mais aussi produits à plus fort contenu technologique comme les téléphones portable,
machines, électronique grand public.

Avec 1 % des exportations mondiales en 1980, la Chine n’était que le dixième exportateur parmi les
économies en développement mais, en 2011, sa part avait atteint 11 %,ce qui faisait d’elle le premier
pays en développement exportateur et même le premier exportateur mondial si l’on compte séparément
les membres de l’UE. En 1980, la République de Corée, l’Inde et la Thaïlande ne figuraient même pas
parmi les dix premiers pays en développement exportateurs, mais en 2011, leur part était passée à 3 %,
2 % et 1 %, respectivement.
Au-delà de ces chiffres, on peut tirer deux caractéristiques remarquables de la croissance chinoise
actuelle. D’abord, une croissance extravertie : les exportations pèsent aujourd’hui près de 40% du PIB
chinois contre 10% en 1980. C’est une proportion que l’on retrouve par exemple en Irlande ; or
habituellement le commerce extérieur représente une part très faible de l’activité des pays de grande
taille (environ 10% aux Etats-Unis, au Japon et dans l’UE à 15).

Ensuite, un fort excédent commercial. En bonne logique, un pays connaissant une forte croissance
devrait voir ses importations augmenter plus vite que ses exportations et connaître un déficit
commercial financé par le recours à l’épargne provenant de pays plus riches en moindre croissance,
comme la Corée du sud dans les années 1960 et 1970. En Chine c’est le contraire, du fait notamment
de la faiblesse de la demande intérieure (salaires faibles). Cet excédent a fait naitre une controverse au
sujet de la sous-évaluation du yuan.

Les pays sont-ils devenus plus ou moins spécialisés ?


L’une des raisons pour lesquelles les pays font du commerce est qu’ils ont des avantages
comparatifs21différents dans la production et que, de ce fait ils peuvent tirer profit de la spécialisation.
L’avantage comparatif, qui peut être défini comme la capacité d’un pays de produire un bien ou un
service particulier à un coût relativement plus faible qu’un autre pays (Deardoff, 1998), découle de
deux sources : les différences dans la technologie et les différences de dotation en facteurs.
Le modèle ricardien explique la structure des échanges en mettant l’accent sur la technologie. Dans un
modèle où le travail est le seul facteur de production, les différences dans la technologie sont
représentées par les différences de productivité du travail. Dans un monde simplifié où il y a deux pays
et deux biens, Ricardo montre que, même quand l’un des deux pays a un avantage absolu dans la
production des deux biens, c’est-à-dire qu'il peut produire une plus grand quantité des deux biens avec
une seule unité de travail, le commerce peut être mutuellement avantageux si les deux pays se
spécialisent dans les biens pour lesquels le coût d’opportunité est plus faible (et l’avantage comparatif
plus grand), par rapport aux autres pays.
La théorie de Heckscher-Ohlin (HO) est centrée sur les différences entre les pays en matière de
dotation en facteurs de production tels que le travail et le capital.
Étant donné les différentes intensités de facteurs selon les secteurs, le prix du facteur utilisé de manière
intensive dans un secteur donné, dans un pays où ce facteur est abondant sera moins élevé que dans les
autres pays ; ce pays devrait donc avoir un coût d’opportunité plus faible dans ce secteur et, dans une
économie ouverte, il se spécialisera en conséquence.
Dans ce cadre néoclassique, quel que soit le motif du commerce, les pays se spécialiseront dans la
production et l’exportation de certains biens en fonction de leur avantage comparatif. Toutefois, les
progrès des télécommunications et des technologies de l’information, conjugués à une intégration
économique plus étroite et à une plus grande ouverture des échanges, ont permis une diffusion plus
large des technologies et ont accru la mobilité et l’accumulation des facteurs de production au cours du
temps. Cela pose la question de savoir si, en conséquence, les pays peuvent devenir moins spécialisés
dans l’exportation de certains produits, et donc se ressembler davantage en termes de composition de
leurs exportations. Dans cette sous-section, nous allons examiner l’évolution de deux mesures
différentes de la spécialisation internationale, la concentration des exportations et l’avantage
comparatif révélé (ACR), afin de déterminer si les pays sont devenus plus ou moins similaires dans
leurs exportations.
(i) Concentration des exportations : Pour examiner la spécialisation des exportations, nous calculons
d’abord le degré de concentration des exportations de marchandises d’un ensemble de pays en 1990 et
en 2010. Plus précisément, nous calculons l’indice de Herfindahl-Hirschmann (H), qui est défini
comme suit pour une économie i :
𝐻𝐻 = (𝑥𝑥!/ ! 𝑥𝑥!)! ! − 1/𝑛𝑛
1 − 1/ facteurs de production tels que le travail et le capital.
où 𝑥𝑥!/ ! 𝑥𝑥! est la part de la ligne d’exportation k, et n le nombre total de lignes d’exportation.
L’indice a été normalisé pour obtenir des valeurs comprises entre 0 et1, le chiffre 1 indiquant une
concentration totale des exportations.
Nous comparons ensuite les indices en prenant la différence entre les deux années pour indiquer
l’évolution de la spécialisation des exportations entre les pays pendant cette période de 20 ans.
Actuellement, les exportations d’un grand nombre de pays sont diversifiées (l’indice de H de près de
80 % des pays de notre échantillon était inférieur à 0,4 en 2010).
Les pays très diversifiés se trouvent principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. En
revanche, ceux dont les exportations sont très concentrées sont surtout des pays en développement et,
dans bien des cas, des pays riches en ressources naturelles (comme le Congo, le Chili ou le
Mozambique).
En ce qui concerne l’évolution de la spécialisation dans le temps, nous observons que, entre 1990 et
2010, les indices de Herfindahl-Hirschmann de la majorité des pays ont diminué, ce qui signifie que
les pays sont devenus plus diversifiés, ou ont peu changé (les variations des indices H sont comprises
entre [-0,025 et +0,025]. Nous pouvons donc en conclure que les pays deviennent plus similaires avec
le temps.
(ii) Avantage comparatif révélé
La notion d’avantage comparatif révélé (ACR) a été introduite par B. Balassa en 1965, qui stipule que
les échanges internationaux des biens reflètent les différences de coûts entre les pays et révèlent par
conséquent les avantages comparatifs de ces pays. Les observations sur les performances commerciales
permettent par conséquent de mesurer les avantages comparatifs révélés, plus la performance relative
d’un pays est importante dans le commerce d’un bien donné et plus son avantage comparatif dans la
production de ce bien est important (Balassa, 1977).
Il existe différentes formules pour mesurer les indices d’avantage comparatif révélé, la plus utilisées
dans les travaux empiriques consiste à comparer la structure d’exportation de chaque pays à celle d’une
zone de référence, en l’occurrence le monde, à partir de la formule suivante :

(1)

où ACRk (i,w) : représente l’avantage comparatif révélé, du pays i par rapport au reste du monde, pour le
produit k.
Xk (i) : exportations du bien k par le pays i au monde w.
Xk (w) : exportations du bien k par le monde.
TX (i) : total des exportations du pays i au monde.
TX (w) : total des exportations mondiales.
Un indice supérieur à 1 pour un pays donné déterminerait un avantage comparatif de ce pays sur le
commerce du produit en question. Ceci indique que la part des exportations de ce produit dans les
exportations totales du pays considéré est supérieure à la moyenne mondiale.
Certaines économies développées (Canada, Royaume-Uni) ont vu leur avantage comparatif se
détériorer dans le secteur manufacturier en général, tandis que d’autres ont subi une baisse dans
certains secteurs manufacturiers (fer et acier en Australie, produits chimiques en Norvège, produits de
l’industrie automobile en Suède, matériel de bureau et de télécommunication au Japon, etc.). Certaines
économies développées ont vu leur ACR s’améliorer (produits agricoles en Nouvelle-Zélande, acier au
Japon, textiles aux États-Unis), mais les perdants sont généralement plus nombreux que les gagnants
dans les secteurs manufacturiers de pointe.
Parmi les économies en développement, il y a une divergence entre celles qui sont riches en ressources
et celles qui sont en cours d’industrialisation. Des pays comme la Chine, le Mexique et la Turquie, qui
avaient un fort avantage comparatif dans les produits primaires l’ont perdu récemment et ont enregistré
des gains dans les produits manufacturés. En revanche, la Fédération de Russie, le Brésil et l’Inde ont
soit perdu leur avantage comparatif dans le secteur manufacturier, soit gagné un avantage dans les
produits primaires, soit les deux à la fois.
Dans les grandes économies en développement (dont le Brésil, la Chine, la Fédération de Russie,
l’Inde et la Turquie), la croissance économique rapide enregistrée récemment a été obtenue de
différentes manières selon le pays. Dans certains cas, le travail et le capital ont été utilisés pour
alimenter la croissance du secteur manufacturier tourné vers l’exportation, tandis que dans d’autres, la
croissance a reposé davantage sur les prix mondiaux élevés des produits de base, qui échappent à leur
influence. Dans ces circonstances, la croissance économique peut être plus durable dans le premier
groupe et peut connaître des hauts et des bas dans le second.
Ces résultats sont conformes aux études empiriques plus sophistiquées qui confirment que les pays
sont devenus moins spécialisés au fil du temps. Proudman et Redding(2000), par exemple, utilisent des
modèles de convergence des revenus basés sur la dynamique de distribution (Dornbusch et al., 1977)
pour évaluer les schémas de spécialisation – représentés par l’avantage comparatif révélé – des États -
Unis, du Japon, de la France, de l’Allemagne et de l’Italie entre 1960 et 2010.
Ils constatent des changements importants dans la répartition de l’ACR selon les secteurs au cours du
temps.
Levchenko et Zhang (2011) ont étudié l’évolution de l’avantage comparatif pour un ensemble de 75
pays développés et en développement au cours des50 dernières années. Les auteurs utilisent la
productivité totale des facteurs (PTF) par secteur pour rendre compte du niveau technologique relatif
des pays.26 Le principal résultat de leur étude est que, dans les pays développés comme dans les pays
en développement, la productivité a augmenté plus vite dans les secteurs où les niveaux de productivité
relatifs étaient plus bas.
Carrere et al. (2009) confirment indirectement que l’avantage comparatif a changé de secteur au cours
du temps : pour un ensemble de 156 pays développés et en développement, les auteurs constatent que,
pendant la période 1988-2006, les exportations se sont diversifiées,
puis se sont de nouveau concentrées avec le revenu, tandis que les pays à faible revenu se sont
diversifiés dans des produits existants et de nouveaux produits et les pays riches ont reconcentré leurs
exportations. À mesure qu’ils s’enrichissent, les pays accumulent du capital et améliorent leurs
techniques de production ; ils cessent donc d’exporter des produits différenciés de faible valeur ayant
une forte intensité de facteurs tels que la main-d'œuvre peu qualifiée, qui ne correspondent plus à leur
nouvelle dotation en facteurs.
Ce dernier résultat est conforme à des modèles comme celui de Romalis (2004), qui prédit que les pays
accumulant un facteur plus vite que le reste du monde verront la structure de leur production et de
leurs exportations s’infléchir vers les produits qui utilisent ce facteur de manière plus intensive.
L’auteur le confirme dans les données et constate que les pays à croissance rapide ont vu la structure
de leurs exportations évoluer vers des secteurs à plus forte intensité de compétences et de capital.
Heller (1976) montre aussi que le changement de dotation en facteurs du Japon entre 1956 et 1969 a
transformé son avantage comparatif en matière de commerce. Ses exportations se sont réorientées vers
les secteurs à forte intensité de capital. Ce changement a été accentué par l’augmentation relativement
plus rapide de ’intensité de capital dans ces secteurs.
Comme le suggère la théorie économique classique, la spécialisation dans la production et
l’exportation de certains produits sur la base de l’avantage comparatif a un effet sur le bien -être des
pays. Le théorème de Stolper-Samuelson implique qu’avec la libéralisation des échanges, le prix du
facteur relativement abondant augmente, et le prix du facteur relativement rare diminue.
De ce fait, le déplacement de l’avantage comparatif au cours du temps, expliqué dans cette section,
aura des incidences sur les inégalités et le développement à l’intérieur des pays.
Spécialisation de l’économie tunisienne et impérative de diversification:
Nous recherchons tout d’abord la spécialisation de l’économie tunisienne et les produits pour les quels,
elle dispose des avantages comparatifs et dans un deuxième lieu, on évalue les efforts de
diversification. On s’intéresse à une diagnostique de l’avantage comparatif des produits tunisiens, dont
on utilise l’indicateur de la contribution à la balance commerciale et celui d’avantage comparatif
révélé, on s’intéresse ensuite à l’évolution du commerce intra branche via l’indicateur de Grubel &
Lloyd (1975).
 Les produits ayant une contribution positive à la balance commerciale :
Afin de calculer cet indicateur nous avons utilisé la classification de l’INS des valeurs des importations
et des exportations par chapitre douanier à un niveau à 2 chiffres du Système harmonisé (SH2) , et
ceux pour les années 2004 - 2011 (Tableau 3). Grâce à cet indicateur, on a pu révéler que le secteur
primaire et secondaire, certainement, les produits appartenant au secteur des IAA (viande) et au secteur
du textile ; ont une contribution positive à la balance commerciale depuis 2004. Cependant, on constate
l’absence des produits pétroliers, produits chimiques et les produits pharmaceutiques parmi cette
catégorie des produits, bien qu’ils constituent des produits particulièrement cruciaux pour le
développement national.
 Indicateur d’avantage comparatif révélé [B. Balassa (1966) ]:
Trois secteurs présentent, depuis 2002, des avantages comparatifs révélés avec l’UE, ils sont
caractérisés par l’indicateur d’avantage comparatif révélé supérieur à l’unité; textiles et articles de
textile, industrie agroalimentaire et Chaussures. Le classement des secteurs selon leurs avantages
comparatifs révélés n’a pas subi de fortes modifications depuis 2002. Au contraire des textiles, des
chaussures et des industries agroalimentaires occupent les premières places, les industries mécaniques
(les Véhicules, avions navires et équipements de transport associés), les produits des industries
chimiques, les industries de produits métalliques et métallurgiques et les industries manufacturières
diverses affichent des désavantages très manifestes.
Afin d’évaluer les efforts de diversification il est important d’analyser l’évolution du commerce intra
branche prônée par la nouvelle théorie.
Indice de GRUBEL & LLOYD (1975) :
On se propose de calculer l’indice de Grubel Lloyd à partir de 2004, en utilisant la classification de
l’INS des valeurs des importations et des exportations par chapitre HS2. Cet indicateur s’écrit comme
suit : IGi = 1- (Xi-Mi /Xi+Mi),
avec Xi est la valeur des exportations du produit i, et Mi la valeur des importations du produit i. Après
avoir calculé cet indicateur pour tous les chapitres douaniers, on relève les chapitres qui présentent de
valeur de l’indice de Grubel Lloyd proche de l’unité durant les années étudiées.
Les résultats obtenus nous permettent de constater une régression des échanges intra branches durant
ces dernières années pour les animaux vivants et les produits du règne animal, produits du règne
végétal et Huiles essentielles parfumerie (des valeurs de IG respectivement de 0.94, 0.96 et 0.74 en
2003 contre ; 0.97, 0.85et 0.60 en 2006). Les échanges intra branches des ouvrages en cuir ont assisté à
une dégradation durant les années 2005, 2006,2007 et 2008, néanmoins, en 2011, on a enregistré une
intensification marquée par un IG de valeur de 0.98.
La Tunisie dispose d’un avantage comparatif pour le secteur secondaire plus important que ce du
secteur secondaire, certainement, on enregistre des valeurs de l’indice très proche de l’unité pour le
dernier secteur marqué essentiellement par un échange intrabranche important pour les Ouvrages en
cuir, Coton et produits de Navigation maritime . Cependant, ce schéma de spécialisation est basé sur
des produits traditionnels intensifs en main d’œuvre peu qualifiée, bon marché et à faible contenu
technologique.
L’impératif de diversification :
Afin de renforcer son intégration internationale, la Tunisie est appelée à diversifier ses exportations qui
sont fortement concentrés au niveau du secteur des textiles habillements représentant, en 2011, 70%
des exportations du secteur manufacturier. Cet essor est dû essentiellement à la croissance de branche
d’habillement qui s’est poursuivi à un rythme soutenu sur la période 1997-2005 : les exportations ont
grimpé de 50% pour atteindre 4.020 milliards de dinars en 2001, soit un taux de croissance annuel
moyen de 8.5%2.
Par ailleurs, en 2011, on a enregistré une baisse de 0.8 % des exportations de la branche habillement
par rapport à 2010 [Banque Centrale (2010)]. Hors cette concentration représente un risque majeur
pour l’économie nationale en dépit d’une part, du démantèlement des accords multifibres qui a généré
la croissance des parts du marché de certains pays concurrents (Chine) sur le marché de l’UE au
détriment de la Tunisie, et d’autre part du crise économique marquant l’UE.
Par ailleurs, on remarque une forte dépendance du marché européen et plus particulièrement du marché
français, italien et allemand, avec des parts respectives dans les exportations totales de 32.9%, 24% et
8.4%, et ce pour l’année 2011.
En 2010, la Tunisie a exporté pour prés de 10885.5 MDT vers l’UE ( 80% des exportations totale),
alors que 77.7% de nos importations en provenance de l’UE [Banque Centrale (2010)] . De ce fait, il
est important de noter que la Tunisie exporte peu vers des marchés particulièrement dynamiques tels
que la Chine, l’Inde, les Etats unies ou le Royaume-Uni, effectivement elle a des parts de marché
importants que sur des marchés peu dynamiques (France, Italie) ou en déclin (Allemagne). Quoique, le
commerce sud-sud et l’intégration économique régionale pourraient également contribuer à la
diversification des exportations.
Il est important pour la Tunisie d’opter pour une plus grande diversification des marchés des
exportations en vue d’atténuer la vulnérabilité des exportations tunisiennes face à la baisse de l’activité
économique en Europe, les marchés cibles pourraient être donc les pays Arabes, les pays de l’Afrique
et les pays d’Amérique du nord.
Par ailleurs, on a pu relever les principaux secteurs par chapitre douanier via le système harmonisé à
deux chiffres (HS2) ayant marqué un avantage comparatif soit interbranche, soit intra branche. Ainsi
cette étape de travail sera suivie par une étude économétrique analysant les différents déterminants de
ces avantages comparatifs à savoir les facteurs prix et hors prix.
Donc une agrégation des secteurs (HS2) en secteur primaire et secondaire, sera indispensable,
afin d’étudier, d’une manière plausible, la réaction de la balance commerciale aux différents
déterminants et ce en comparant l’effet de ces déterminants sur la compétitivité des deux secteurs
versus la balance commerciale avec l’UE et quelques pays Hors Union ayant de régime des Nations les
plus Favorisés (NPF).
Dans le premier cadran « gagnants sur les secteurs porteurs » figurent les produits gagnants (Bonne
compétitivité de la Tunisie) dans des secteurs porteurs au niveau international (bonnes perspectives
du marché mondial). Ils regroupent les produits pour lesquels la Tunisie dispose d’un degré de
spécialisation favorable et qui affichent une dynamique à l’échelle mondiale. Autrement dit, ce sont
les produits pour lesquels la Tunisie jouit d’un avantage de compétitivité et favorablement
demandés par des marchés porteurs à l’échelle mondiale. Cette catégorie de produits représente
24,7% des exportations tunisiennes en 2010. Ce pourcentage est en nette augmentation par rapport à
2001 où il s’établissait à 17,7%. Cela traduit une forte tendance à la spécialisation des exportations
tunisiennes sur des marchés porteurs.
On relève dans cette catégorie de produits le groupe du chapitre préparation à base de céréales,
farines, amidons (biscuits additionnés d’édulcorants), le groupe du chapitre engrais qui comprend
essentiellement les produits dérivés du phosphate, les produits graisses et huiles végétales
(notamment les produits de l’agriculture et des industries alimentaires : huile d’olive et produits
dérivés et pâtes alimentaires), les produits du chapitre machines, appareils et matériels électriques
(les fils et câbles, les tableaux, panneaux, consoles, pupitres, transformateurs, appareils électriques
de signalisation, accumulateurs), les produits des chapitres fonte, fer, acier et ouvrage de fonte (fils
en fer ou en aciers, ressort et lames de ressorts en fer ou en acier), les produits du chapitre sel,
soufre, terres et pierres, plâtres ( Sel, chlorure de sodium pur, le phosphate de calcium et les
ciments) et enfin les produits des chapitres de l’industrie de l’habillement (châles, écharpes,
foulards, costumes, tailleurs pour femme et fillettes, collants, manteaux, survêtement de sport).
Cependant, ces produits relèvent, dans une grande proportion, soit de l’agriculture soit du pétrole et
des dérivés du phosphate. Si les premiers sont assujettis à des aléas climatiques, les seconds
dépendent des prix mondiaux ce qui les rend fragiles et peu stables, malgré le dynamisme affiché
sur la période.
Dans le deuxième cadran « perdants sur les secteurs porteurs », on retrouve les produits perdants
(faible compétitivité de la Tunisie) mais dans des secteurs dynamiques et porteurs au niveau
mondial (bonnes perspectives au niveau mondial). Autrement dit, ce sont aussi des produits pour
lesquels les exportations tunisiennes s’avèrent peu compétitives alors que le marché mondial de ces
produits est dynamique. En gros ce sont les produits à opportunités non exploitées. Cette catégorie
de produits représente 11% des exportations tunisiennes en 2010 contre 9% en 2001. Deux familles
de produits de cette catégorie représentent une part significative des exportations tunisiennes. Ce
sont : les sous produits d’huiles brutes de pétrole et les appareils électriques pour la téléphonie et les
récepteurs de télévision. On retrouve également, les autres produits agricoles, les produits raffinés
du pétrole et les articles en plastique.
Dans le troisième cadran « gagnants sur les secteurs en déclin» figurent les produits gagnants
(Bonne compétitivité de la Tunisie) mais dans le secteur en repli et peu porteur au niveau
international (marché mondial peu dynamique et sans perspective). Ils regroupent les produits pour
lesquels la Tunisie dispose d’un avantage comparatif mais dont la demande mondiale n’est pas
dynamique. Ces produits représentent environ 46,3% des exportations tunisiennes totales en 2010
contre 63,6% en 2001. On relève dans cette catégorie de produits : les produits de l’industrie de
l’habillement, des produits de la construction électrique et électronique, des produits du travail du
cuir, des produits de la mer et des ouvrages en matière plastique.
Dans le quatrième cadran « perdants sur les secteurs en déclin » (en bas et à gauche) figurent les
produits perdants pour lesquels les exportations tunisiennes s’avèrent peu compétitives (faible
compétitivité) dans des secteurs en déclin au niveau mondial (marché mondial en repli et sans
perspective). Ils regroupent les produits peu compétitifs mais dont le marché international est
faiblement porteur.
La part dans les exportations est passée de 9,7% en 2001 à 17,5% en 2010. Il s’agit principalement
des vêtements, du matériel de télécommunication, de l’électronique grand public et de la
quincaillerie.
Comment expliquer ce recul des performances à l’exportation ?
Ces résultats laissent déduire la présence d’opportunités non exploitées par la Tunisie aussi bien au
niveau des marchés qu’au niveau des secteurs. Ce qui explique, du moins en partie, les faibles
performances à l’exportation. Trois arguments ont fréquemment été avancés pour expliquer les
contre-performances.
- les premiers renvoient à des éléments structurels sur lesquels des décisions en matière de politique
économique n’ont que peu de prise à court-moyen terme mais qui peuvent exercer une influence
décisive sur le dynamisme relatif des exportations à long terme. En effet, une réorientation
favorable vers des marchés dynamiques et des produits porteurs ne peut se faire que dans un cadre
de vision de moyen et long terme. Il est donc illusoire que de considérer le recul des performances à
l’exportation comme une dégradation circonstancielle, qui pourrait se résorber ou se retourner
spontanément. les premiers renvoient à des éléments structurels sur lesquels des décisions en
matière de politique économique n’ont que peu de prise à court-moyen terme mais qui peuvent
exercer une influence décisive sur le dynamisme relatif des exportations à long terme. En effet, une
réorientation favorable vers des marchés dynamiques et des produits porteurs ne peut se faire que
dans un cadre de vision de moyen et long terme. Il est donc illusoire que de considérer le recul des
performances à l’exportation comme une dégradation circonstancielle, qui pourrait se résorber ou se
retourner spontanément.
- les seconds renvoient aux déterminants classiques de la compétitivité. Il s’agit plus
particulièrement de l’évolution relative des coûts de production en l’occurrence les coûts salariaux,
les taux de change et les prix à l’exportation. Les résultats des travaux de recherche obtenus à ce
sujet suggèrent que la compétitivité prix n’explique qu’une faible partie (environ 20%) de
l’évolution des parts de marché.
- Les troisièmes renvoient plutôt aux déterminants hors-prix tels que la perception du rapport qualité
/ prix des produits exportés, la montée en gamme, le contenu technologique des produits, la capacité
d’adaptation des exportations à l’évolution de la demande mondiale. D’un point de vue général, les
éléments hors prix expliquent environ 80% la position des pays performants en termes de parts de
marché.
En effet, le sentiment largement partagé aujourd’hui est que la mauvaise position des produits
tunisiens en termes d’image hors prix ne faisait apparemment qu’amplifier le handicap en termes
d’image prix. Il va sans dire que les éléments hors prix constituent désormais la voie la plus
indiquée pour gagner le pari de la compétitivité. Pour rester compétitives face aux autres pays et
pour remédier aux insuffisances structurelles caractérisant ses exportations, la Tunisie est appelée à
investir dans cette voie. Elle doit privilégier les produits à fort contenu technologique dont le
développement nécessite des actions vigoureuses en matière d’investissement physique et humain,
de maîtrise technologique, de recherche et développement, d’amélioration de gestion au niveau de
l’entreprise et de commercialisation.
Ces actions, si elles doivent surtout être à l’initiative du secteur privé local, devraient aussi
rechercher le concours du secteur privé étranger surtout sous forme de partenariat, pour ce qu’il
offre en termes d’accès aux marchés internationaux, de savoir-faire et d’innovation technologique.
Cette dernière est considérée aujourd’hui comme l’un des facteurs clés d’une meilleure
compétitivité.
Analyse dynamique de l’Avantage Comparatif Révélé en Tunisie et en comparaison
internationale
La Tunisie devrait détenir un avantage clair dans l’exportation des biens à forte intensité de main
d’œuvre pour lesquels les pays de référence sont en train de perdre leur avantage comparatif. Selon
l’approche d’identification et de facilitation de la croissance, nous cherchons à identifier le potentiel
d’exportation en jugeant si les pays de référence avec des facteurs de production similaires sont en
train de devenir moins compétitifs dans la production de certaines de leurs exportations. Sur les
décennies écoulées, les augmentations de salaires dans les pays à revenus plus élevés conjuguées à
la réduction des coûts du transport ont causé la migration d’une grande partie de la production des
pays à revenus élevés vers les pays à revenus plus bas. En fait, les salaires en Tunisie sont restés
relativement bas par rapport aux pays de référence, ce qui pourrait doter la Tunisie d’un important
avantage pour produire et exporter davantage de biens à forte intensité salariale avec une demande
mondiale stable ou en hausse et où les coûts de la production dans les pays de référence à croissance
rapide sont devenus relativement chers. Une analyse de l’ACR de la Tunisie révèle que le secteur
avec le plus grand nombre de produits affichant un avantage comparatif révélé est le secteur du
textile suivi par l’industrie mécanique et électrique. Sur un total de 148 produits pour lesquels la
Tunisie possède un ACR supérieur à l’unité, 39 produits font partie du secteur du textile et huit de
l’industrie du cuir et de la chaussure (annexe 7.1). La Tunisie compte aussi 19 produis dans
l’industrie mécanique et électrique avec un avantage comparatif révélé. Certains produits agricoles
présentent aussi un ACR élevé. Sur les 148 produits avec un ACR supérieur à l’unité en Tunisie, la
demande mondiale sur 82 produits a baissé entre 2000 et 2010. Les secteurs qui marquent une
croissance aussi bien à l’exportation qu’au niveau de la demande mondiale sont les engrais et
certains produits mécaniques tels que les récepteurs de télévision, les moteurs électriques et les
câbles isolés. Notre analyse souligne que les pays de référence ont vu leur ACR baisser pour
plusieurs industries et secteurs dans lesquels la Tunisie dispose déjà d’un bon ACR, qui lui
permetrait de tirer profit des délocalisations anticipées hors de ces pays. Sans grande surprise,
l’analyse des changements des ACR dans les pays de référence sur la décennie écoulée confirme un
déclin significatif des ACR dans quelques industries à forte intensité salariale (annexe 7.2). Dans
plusieurs de ces secteurs et produits, la Tunisie possède un bon ACR ; et dans plusieurs d’entre eux
le pays a vu son ACR se développer le long de la décennie écoulée (contrairement aux pays de
référence). En outre, beaucoup de ces produits (mais pas tous) ont connu une croissance de la
demande mondiale pendant la décennie passée. Pour affiner l’analyse nous répartissons ces secteurs
et produits sur quatre groupes. Nous sommes particulièrement intéressés par le Groupe 1 qui met en
exergue les industries et secteurs dans lesquels la Tunisie a un fort potentiel de développement de sa
part d’exportation à la lumière de la hausse de la demande mondiale. Les résultats font ressortir que
des industries et secteurs connexes à 4 chiffres peuvent se trouver dans des groupes différents, de
façon à ce que globalement l’analyse révèle un potentiel, dans un nombre relativement bien
identifié de secteurs susceptibles de connaître des délocalisations hors des pays de référence,
notamment dans les secteurs suivants: (a) textile et habillement, (b) cuir et chaussure, (c) industrie
électrique et mécanique, et équipement de transport, (d) produits chimiques, (e) matériaux de
construction en verre, fer, et métal, et (f) mobilier de maison et sanitaire. La Tunisie semble avoir, à
différents degrés, un potentiel dans ces secteurs et les divers produits sont plus ou moins
prometteurs suivant l’évolution de la demande mondiale. Il faudrait également noter que plusieurs
de ces secteurs sont classés (selon l’Organisation des Nations Unies pour le Développement
Industriel, ONUDI) en tant que secteurs à niveaux moyen et élevé de qualification et incluent donc
des segments qui pourraient créer des emplois pour les diplômés. En se basant sur ces résultats, le
Cadre d’identification et de facilitation de la croissance propose une approche pour favoriser le
développement de ce potentiel sans introduire de distorsions. Le Cadre d’identification et de
facilitation de la croissance propose la manière selon laquelle les autorités peuvent faciliter le
processus d’essais et d’erreurs qu’implique toujours un développement industriel réussi (Lin et
Monga, 2010). Pour les industries et secteurs à fort potentiel dans lesquels certaines entreprises
locales privées sont déjà présentes, comme celles identifiées dans le Groupe 1 ou le Groupe 2, les
autorités devraient essayer d’identifier les contraintes à la mise à niveau technologique ou à la
venue de nouvelles entreprises, et prendre les mesures nécessaires pour éliminer de telles
contraintes.
La brève discussion ici porte sur les secteurs du textile et des industries électronique et électrique,
mais il serait important d’effectuer des études sectorielles approfondies pour identifier les
manquements significatifs en matière de coordination ou d’autres contraintes spécifiques au secteur.
Dans les industries qui ne comptent pas d’entreprises locales, comme celles identifiées dans le
Groupe 4, les décideurs politiques peuvent essayer d’attirer les investissements directs étrangers
(IDE) à partir des pays de référence, ou organiser de nouveaux programmes pour les incubateurs
d’entreprises. Le gouvernement peut également compenser les entreprises pionnières dans les
industries identifiées ci-dessus à travers des incitations fiscales pour une période de temps limitée
et/ou cofinancer les investissements. Ceci dit, au-delà des industries identifiées ci-dessus, le
gouvernement devrait aussi promouvoir la découverte spontanée par les entreprises privées et
soutenir la valorisation des innovations privées dans de nouvelles industries. Dans ce contexte, les
zones économiques spéciales ou les parcs industriels pourraient s’avérer utiles dans le dépassement
des obstacles à l’installation de nouvelles sociétés et aux IDE et l’encouragement de la formation de
filières industrielles.
Analyse de « l’espace-produits » en Tunisie
Une étude récente a montré que les changements des ACR des nations sont régis par le schéma de
“rapprochement” des produits au niveau mondial. L’analyse de l’espace des produits complète de
manière étroite l’analyse de l’ACR présentée dans le paragraphe précédent. Elle fournit une
représentation dynamique des changements dans l’ACR de la Tunisie faisant ressortir le potentiel
que la Tunisie pourrait avoir en diversifiant ses produits sur la base de l’analyse des schémas des
exportations mondiales. Lorsque les pays changent leur bouquet d’exportations, il existe une plus
forte tendance pour bouger vers des biens connexes plutôt que des biens éloignés.
L’analyse de l’espace-produits se base sur l’hypothèse selon laquelle il serait plus facile pour un
pays d’exporter un nouveau produit si les facteurs de production nécessaires sont déjà utilisés dans
la production d’autres biens dans ce même pays (Haussmann et Klinger, 2007). L’analyse de
l’espace des produits représente cette idée de manière graphique. La distance entre deux produits est
mesurée en tant que probabilité conditionnelle qu’un exportateur ayant un avantage comparatif
révélé dans un produit X a aussi un ACR dans un produit Y.7 Cette approche se base sur les
données empiriques qui prouvent que les pays ont tendance à diversifier leurs produits à travers des
produits proches à ceux dans lesquels ils sont déjà spécialisés (pour l’exportation). Fait curieux, il
se trouve que les pays spécialisés dans des produits plus “connectés”, dont la production nécessite
des capacités qui sont utilisées pour la production d’autres biens sont en mesure d’améliorer leur
panier d’exportations plus rapidement. La carte de l’espace-produits tunisien est bien moins
développée au niveau du noyau densément lié par rapport aux pays de référence. Lorsque comparée
à des pays comme la Turquie, la Thaïlande, la Croatie ou même l’Indonésie, la Tunisie semble être
bien moins développée au niveau du noyau densément lié (voir Sahnoun et Schiffbauer, 2012). Par
rapport à ces pays, la Tunisie possède des parts d’exportation plus faibles sur les marchés mondiaux
dans le noyau industriel de l’espace-produits qui inclut des industries avec une valeur ajoutée plus
élevée telles que l’électronique, les produits chimiques, la machinerie industrielle. Etant donné
l’avantage potentiel en termes de coût des salaires, les entreprises tunisiennes peuvent avoir un
avantage comparatif en s’étendant sur ces marchés. Lorsque l’on examine les changements dans
l’espace-produits tunisiens à travers le temps, nous distinguons clairement l’émergence de
nouveaux produits dans le pôle des produits électroniques. L’illustration dynamique de l’espace-
produits montre les changements de l’ACR des exportations tunisiennes le long de la décennie
écoulée dans le contexte de l’espace-produits exportés à l’échelle mondiale. Le graphique fait la
différence entre les quatre différentes catégories d’exportations tunisiennes. D’abord les triangles
bleus qui illustrent les produits classiques pour lesquels la Tunisie avait déjà un ACR en 2000 - 02
et aussi en 2007 - 09. Ensuite, les produits en voie de disparition sont représentés sous forme de
carrés rouges et montrent les produits pour lesquels la Tunisie avait un ACR en 2000-2002 mais pas
en 2007-2009. Puis, les produits émergents qui sont représentés par des diamants verts et montrent
les produits pour lesquels la Tunisie avait des ACR en 2007- 2009 mais pas en 2000-2002. Enfin,
les produits marginaux qui sont les produits pour lesquels la Tunisie n’a pas encore d’ACR
(0.5<ACR<1) mais a enregistré une croissance positive (10 pourcent de plus) depuis 2000-2002 et
sont représentés sous forme de “pentagones jaunes”. L’illustration dynamique de l’espace-produits
tunisiens montre que la Tunisie continue à avoir un nombre de produits classiques (triangles bleus)
avec des ACR et a gagné plusieurs ACR dans le noyau étroitement lié (diamants verts). La Tunisie
continue à avoir un nombre de produits classiques avec un ACR dans le domaine du textile et de
l’habillement, et a gagné plusieurs ACR dans l’électronique et le noyau étroitement lié (diamants
verts). La Tunisie a gagné, pendant la décennie écoulée, des ACR dans 11 catégories de produits
proches du noyau étroitement lié ou du pôle électronique. Ils sont essentiellement dans la
transformation des métaux et aussi la transformation du fer et de l’acier (par exemple, les articles en
fer ou en acier, autres plaques et tôles en fer ou en acier, les structures et composants de structures,
le fer), ou les matériaux de construction. La Tunisie a aussi eu un ACR dans 4 produits classiques
dans le pôle électronique et composantes électriques proche du noyau en 2000 - 02 et a gagné 5
ACR supplémentaires reliés à ce pôle en 2007 - 09 (par exemple, les machines à calculer et les
caisses enregistreuses, les lignes électriques pour téléphone, autres machines et équipement
électrique, les récepteurs télé et équipement informatique autonome). Il s’agit de produit de haute
technologie (avec un PRODY moyen de 19 000 US$).9 La Tunisie a spécifiquement gagné en
compétitivité dans 4 produits à PRODY élevé et ce avant 2000 - 02 et a pu acquérir un ACR dans 6
produits supplémentaires le long de la décennie écoulée. A titre d’exemple, le pays exporte
actuellement avec succès deux types de récepteurs télé. En plus, la Tunisie avait un ACR dans les
boites et emballages en 2000 - 02 et a pu gagner des ACR dans des produits étroitement liés en
2007 - 09 tels que les récipients métalliques pour le stockage et le transport (par exemple, les
tonneaux, les bidons et boites en fer/acier) ainsi que la confiserie et le chocolat. L’analyse montre
également que la Tunisie possède un ACR croissant dans divers produits supplémentaires proches
du noyau étroitement lié (pentagones jaunes). L’analyse de l’espace des produits laisse penser que
la Tunisie a le potentiel d’étendre sa production et ses exportations des biens qu’elle produit déjà et
a des opportunités grandissantes de diversification pour d’autres produits proches des produits que
la Tunisie exporte déjà. Comme déjà mentionné ci- dessus, la Tunisie possède un fort avantage
comparatif révélé dans une large gamme de produits qu’elle exporte déjà notamment dans plusieurs
produits du secteur textile et cuir et dans l’industrie mécanique et électrique. L’analyse de l’espace-
produits fait aussi ressortir des produits à fort potentiel dans des domaines tels que le textile et les
tissus, les machines et l’électronique, les produits chimiques, les matériaux de construction et
l’agroalimentaire. Comme déjà discuté plus loin, pour plusieurs de ces produits, la demande
mondiale n’a pas cessé d’augmenter pendant la décennie écoulée. Selon cette analyse, la Tunisie a
un fort potentiel pour se développer dans plusieurs des sous-secteurs/produits existants. Cependant,
il importe d’entreprendre des études sectorielles approfondies pour identifier les problèmes
significatifs en termes de coordination ou tout autre obstacle spécifique au secteur.
Les exportations de la Tunisie ont baissé en marge extensive pendant la décennie passée, ce qui
traduit le fait que son panier des exportations soit lourdement dominé par les biens ayant connu une
croissance lente dans le commerce mondial. Tout comme ses comparateurs régionaux et pays de
référence, les exportations de la Tunisie ont baissé en marge extensive pendant la décennie écoulée.
En fait, la baisse de la Tunisie en termes de marge extensive a été plus raide que la plupart des pays
de référence et comparateurs régionaux (figure 7.2). En plus, à la différence des pays comparateurs,
la Tunisie n’a pas étendu ses exportations en marge intensive. Les pays de référence les plus
dynamiques, à l’exception de la Malaisie, ont connu une chute de leur marge extensive mais ont pu
développer leur part d’exportations en étendant leur marge intensive. La croissance des exportations
de la République Arabe d’Egypte a été, dans une large mesure, le résultat de la hausse dans son
portefeuille d’exportations le long de la marge intensive.
Cette faible performance traduit le fait que le portefeuille des exportations tunisiennes se focalise
sur les biens qui perdent de l’importance dans le commerce mondial. La demande mondiale sur
plusieurs produits en rapport avec les produits de l’artisanat, le textile non synthétique et le cuir,
pilier des exportations tunisienne, n’a pas cessé de se réduire. La demande sur les câbles électriques
est en train de croître lentement. Les engrais (près de 5 pourcent des exportations tunisiennes), les
équipements électriques (principalement les commutateurs), les récepteurs télé et les instruments
médicaux sont les seules exportations tunisiennes avec une part au-dessus de 1 pourcent du taux
annuel mondial de croissance de la demande dépassant 2 pourcent. La faible pénétration des
exportations tunisiennes laisse penser qu’il existe encore une forte marge de développement en
exportant davantage des produits que le pays vend déjà. Pour étendre les exportations en marge
intensive il serait possible d’exporter les produits existants vers de nouveaux marchés. Pour mesurer
la portée de l’expansion des exportations le long de cette ligne, Brenton et Newfarmer (2009) ont
développé un index de pénétration des exportations. Cet index est défini en tant que part des
marchés potentiels de destination qui importent réellement les produits qu’un pays donné exporte.
La Tunisie n’exporte que vers 7 pourcent environ des pays qui importent des marchandises exportés
par la Tunisie, ce qui montre qu’il peut y avoir une grande marge pour que la Tunisie exporte
davantage des produits déjà existants. Il apparait que la Tunisie exploite très mal les opportunités de
commercialiser ses produits sur les marchés régionaux et mondiaux. En fait, son index est très en
dessous de celui des pays de comparaison et est particulièrement faible pour les exportations vers sa
propre région et vers les Etats-Unis.
En se limitant aux exportations vers l’UE, il est clair que la Tunisie n’a fait que commencer à
gratter la surface du potentiel des exportations vers cette région. Comme discuté dans le Chapitre
Un, le potentiel d’expansion des exportations tunisiennes vers l’UE demeure plus grand que le
potentiel en Afrique ou au Moyen-Orient et Afrique du Nord. La valeur des exportations de la
Tunisie en tant que part du total des importations de l’UE (ou du PIB) reste insignifiante et la
Tunisie, exporte à peine vers la plupart des 28 pays de l’UE. Ainsi, même s’il est vrai que les
exportations tunisiennes se concentrent vers l’UE et que les perspectives de croissance sont plutôt
limitées, ces pays présentent un bien plus grand pouvoir d’achat que la région Moyen-Orient et
Afrique du Nord ou l’Afrique. La diversification géographique est bien sûr un objectif significatif,
mais il importe de souligner que le potentiel offert par les 28 pays de l’UE reste de loin la plus
grande opportunité pour la Tunisie. Par conséquent, à court et moyen termes, et en plus de l’effort
consenti pour renforcer l’intégration commerciale à travers le Maghreb et avec la région Moyen-
Orient et Afrique du Nord et avec l’Afrique (Banque Mondiale 2012),14 la Tunisie devrait
continuer à œuvrer pour une plus grande intégration avec les pays de l’UE (c.-à-d. au-delà de la
France et de l’Italie). (Banque Mondiale 2014). En somme, la Tunisie devrait mettre l’accent sur
l’établissement de règles de jeu équitables comme prérequis pour augmenter la marge intensive de
ses exportations et diversifier son portefeuille d’exportations vers des produits qui possèdent une
part grandissante sur le marché mondial. La faible pénétration des exportations traduit la nature du
modèle économique tunisien qui reste focalisé sur l’assemblage et d’autres tâches à faible valeur
ajoutée pour la France et l’Italie. Ceci est largement dû à l’environnement politique qui a empêché
les entreprises de grimper dans la chaîne de valeur ajoutée. En effet, comme déjà discuté ci-dessus,
la Tunisie semble détenir un grand potentiel pour approfondir la valeur ajoutée dans plusieurs
produits de son portefeuille actuel d’exportations et de s’étendre sur des produits étroitement liés.
Chapitre 3 LES POLITIQUES COMMERCIALES
Le protectionnisme et le libre-échange
L’évolution historique : la difficile victoire du libre-échange sur le protectionnisme.
- Avant 1786, le protectionnisme est la norme. Il est défendu par le mercantilisme.
- Reprenant les idées des physiocrates, Adam Smith défend dans son ouvrage, « De la richesse des
nations » (1776), le libre-échange.
- 1786 : 1er traité de libre-échange entre la France et le Royaume-Uni. Sous l’influence des
physiocrates, Louis XVI accepte ce traité qui abaisse pour la première fois les droits de douane sur
certains produits.
- 1789-1814 : L’Empire napoléonien est hostile au libre-échange. Le commerce avec le Royaume-Uni
est interdit durant le blocus continental.
- 1815 : Les « Corn laws » au Royaume-Uni protègent la production de céréales britanniques contre la
concurrence étrangère. Les taxes douanières sont augmentées. L’aristocratie des grands propriétaires
fonciers est avantagée.
- 1817 : David Ricardo propose sa théorie des avantages comparatifs dans son ouvrage « Des principes
d’économie politique et de l’impôt ». Ricardo est hostile aux « Corn laws », qui empêche l’échange
commercial, la spécialisation et la croissance.
- 1841 : Friedrich List défend le protectionnisme éducateur dans son ouvrage « Système national
d’économie politique ». Les Etats allemands s’industrialisent, protégés par une barrière douanière
commune.
- 1846 : Les « Corn laws » au Royaume-Uni sont supprimés. Le Royaume-Uni défendra toujours
désormais la théorie du libre-échange.
- 1860 : Traité de libre-échange entre le Royaume-Uni et la France de Napoléon III
- A la fin du XIX siècle, une forte crise économique pousse la France à protéger ses agriculteurs. Ce
sont les « tarifs Méline » de 1892-1897 qui taxent fortement les importations de produits agricoles.
- 1917 : La révolution bolchevik en Russie, puis la théorie stalinienne du « socialisme dans un seul pays
» coupe les liens commerciaux de l’URSS avec le reste du monde capitaliste.
- 1929 : La crise boursière déclenche la grande dépression des années 30. Tous les pays tentent de se
protéger en augmentant leurs droits de douane.
- 1939-1945 : La seconde guerre mondiale pousse certains pays à rechercher l’autarcie (Allemagne
nazie, Italie fasciste, Japon impérial…).
- 1947 : signature du GATT, qui diffuse le libre-échange dans le monde, par l’abaissement des droits de
douane sur les produits industriels. Cette institution organise à cette fin une série de négociations : «
Kennedy round » (1964-1968), « Tokyo round » (1973-1979), « Uruguay round » (1986-1994).
- 1957 : La création de la CEE diffuse largement le libre-échange en Europe de l’Ouest.
- 1995 : L’OMC remplace le GATT, en élargissant ses compétences.
I- LE LIBRE-ECHANGE.
Le libre-échange est la doctrine économique favorable à la libre circulation des marchandises. Cette
libre circulation peut s’étendre aux services, aux capitaux et à la main-d’œuvre. Pour cela, les libre-
échangistes préconisent la suppression de toutes les entraves aux échanges.

A la fin des années 1970, les théories et les pratiques libérales supplantent le keynésianisme qui paraît
impuissant à vaincre la crise.
Au même moment, un peu partout en Occident, les forces libérales-conservatrices s’imposent sur le plan
politique avec Margaret Thatcher élue en 1979, Ronald Reagan en 1980, Helmut Kohl qui accède à la
chancellerie en 1982 et la droite française RPR-UDF revient au pouvoir en 1986 sur un programme
d’inspiration libérale.

On assiste ainsi à un virage libéral, qui donne désormais la priorité à la rentabilité des entreprises, à
l’amélioration de la compétitivité globale de l’économie et à une lutte ardue contre l’inflation. Les
échanges internationaux se font alors sous la théorie du libre-échange, système politique qui prône la
libre circulation des produits et services au sein d’une même zone géographique par la suppression des
barrières douanières.

Le libre-échange est un système politique et économique qui se base sur les théories traditionnelles du
commerce internationale qui tendent à décrire et expliquer la nature des échanges, leurs causes, leurs
conséquences et leurs structures. En effet, dans la théorie traditionnelle, le libre-échange permet à une
nation de se spécialiser conformément à ses avantages comparatifs et donc de tirer bénéfice des
différences entre les nations.
Dans une période contemporaine où des institutions internationales comme le Fonds monétaire
international (FMI), la Banque Mondiale ou encore l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui
considèrent l’ouverture des économies « comme la politique de développement la plus efficace, en
permettant aux pays qui suppriment les barrières aux échanges internationaux d’atteindre des taux de
croissance élevés », il convient de s’interroger sur la validité des théories du libre-échange, de ses réels
impacts et de ses gains.

I. Des gains aux producteurs et aux consommateurs


1.1 Gains aux producteurs

En accroissant le volume de production, une entreprise pourra répartir les coûts fixes de manière plus
importante sur ses produits, ce qui permettra une baisse du coût unitaire de production (le coût fixe
moyen diminue), indépendamment des coûts variables. Les coûts baissent ainsi en fonction du volume
de production.

La libéralisation commerciale permet des économies d’échelles pour l’entreprise, car l’augmentation du
marché incite les entreprises à produire plus, soit dû à la concurrence ou à une hausse de la demande, et
ces derniers peuvent alors bénéficier de gains de productivité.
En outre, le libre-échange accroît la concurrence et incite à innover. Effectivement, par
la pression qu’exerce la concurrence, les producteurs cherchent à différencier leurs produits et cherchent
ainsi à innover : ils investissent alors dans certaines machines pour accroître la qualité de leurs produits.

Dans ce contexte s’engrange le mécanisme de l’effet multiplicateur keynésien : les producteurs


adressent une demande aux fournisseurs qui produisent à leur tour des produits, ce qui favorise
l’industrialisation et stimule les investissements industriels. Par l’amélioration de la qualité de leurs
produits, l’entreprise pourra alors élargir son marché, augmenter ses chances de vendre davantage et
disposer d’un avantage sur les autres entreprises.

En somme le libre-échange pousse les entreprises à se développer face à une concurrence accrue, et
cherchent à atteindre le plus possible les consommateurs.

1.2 Gains aux consommateurs

Les gains du consommateur sont tout d’abord des gains de variétés : La libéralisation des échanges a
rendu accessible une gamme plus large de produits.

En effet, le mécanisme de la concurrence étant actionné, les entreprises cherchent à diversifier leurs
produis et à les différencier de ceux des concurrents. La stratégie de différenciation bénéficie aux
consommateurs qui « expriment ainsi une préférence pour la variété ».

De plus, lors de l’instauration d’un tarif douanier, le prix du bien augmente, le surplus du consommateur
diminue. A l’inverse, lors d’une libéralisation des échanges qui s’effectuent par la suppression des
barrières douanières, les prix à la consommation baissent puisque le produit importé vaut alors moins
cher.Dès lors le pouvoir d’achat des consommateurs augmente.

Aussi, les stratégies des entreprises en terme de compétitivité prix bénéficient aux consommateurs : par
le processus concurrentiel engendré par le libre-échange, les entreprises cherche à atteindre les
consommateurs par des prix inférieurs ce qui accroît leurs pouvoir d’achat.

L’ouverture à l’échange d’une économie engendre des gains aux producteurs et aux consommateurs,
mais à l’échelle globale du pays, elle entraîne aussi une augmentation du bien être et du niveau de vie et
une amélioration de la productivité et une hausse du Produit Intérieur Brut (croissance).

II. Des gains pour le pays


2.1 Relation entre libre-échange et croissance
La relation entre libre-échange, ou plutôt commerce international, et croissance économique à été
depuis des années largement étudié et défendus par les libre-échangistes, certains utilisant l’argument de
la « première mondialisation » soit la période d’extension du libre-échange du XIXe siècle pour tenter
de justifier les bienfaits de la mondialisation.

De même, il existe une corrélation entre l’évolution des exportations mondiales et le PIB mondial : on
observe que le PIB mondial (en dollars constants, de 2000) dans les années 1970/1980 (qui correspond à
l’explosion du libre-échange) est de 3,8% et que le taux de croissance des exportations est de 6,1% selon
la Banque Mondial en 2011.

En 2001 la croissance des exportations mondiales est beaucoup plus faible (4,2%) et de même, le PIB
mondial a considérablement baissé (il est de 2,3%). Puis, on assiste à une augmentation des exportations
en 2004 qui atteint les 11,2%, de même pour le PIB mondial qui est de 4,1%.

A l’inverse, on observe une rechute du taux de croissance des exportations en 2009 (-11,1%) et de
même pour le PIB mondial (-2,0%). De cette comparaison on en déduit ainsi une corrélation entre le
niveau des exportations mondial qui influerait sur l’évolution du PIB mondiale.

En outre, Ricardo synthétise l’argumentation en faveur de l’ouverture d’une économie à l’échange


international, dont certain en déduise un effet positif sur l’économie : en effet, la théorie des avantages
comparatifs, qui a presque entièrement dominé les discours en faveur du commerce international et la
volonté accrue que les pays commercent les uns avec les autres pour tirer des bénéfices, explique que les
nations se spécialisent dans un certain secteur, chaque pays abandonnant les activités dans lesquelles il
est le moins performant et développant celles pour lesquelles il est le plus compétitif.

Les entreprises, selon les interprétations de cette théorie, serait donc beaucoup plus compétitives,
produirait plus et il y aurait, dans la condition où leurs production est vendue, un mécanisme positif qui
jouerai sur la croissance.

De plus, la concurrence inhérente au libre-échange renforce la recherche de productivité et d’innovation


des entreprises : Si la mondialisation est bénéfique, c’est pour une raison bien simple : elle signifie
l’extension de la concurrence aux producteurs du monde entier. Il en résulte naturellement que chaque
producteur est incité à faire mieux que les autres, c’est-à-dire à proposer des produits et services moins
coûteux et mieux adaptés aux besoins de ses acheteurs.
Le commerce international a de nombreux effets dynamisant sur la croissance. Voici les plus importants.
 Le commerce international permet grâce aux importations de se procurer équipements ou matières
premières dont on a besoin pour la croissance, il permet d’accéder aux ressources rares
 Le commerce international permet symétriquement d’exporter les surplus vers l’étranger et, par
l’augmentation des ventes, de générer des économies d’échelle et un processus d’apprentissage par
l’expérience, d’où une hausse de la productivité.
 L’échange diffuse le progrès technique au niveau mondial car chaque pays peut recevoir des machines
plus élaborées et augmenter ainsi sa productivité, sans parler des transferts de connaissances (brevets),
ou d’ingénieurs
 L’intégration mondiale a une influence sur l’incitation à investir. Elle élargit le marché et accroît le
bénéfice potentiel d’une entreprise qui réussit à inventer un nouveau produit ou procédé.
 Le commerce extérieur permet la spécialisation (Ricardo) et une meilleure allocation des ressources
 La pression de la concurrence étrangère encourage l’esprit d’initiative, l’innovation technologique ; elle
force les entreprises à être plus novatrices et ouvertes à des idées et technologies étrangères, alors que la
protection peut encourager la complaisance et la stagnation technologique.
 Le commerce international impose aux participants la discipline des prix mondiaux et avec l’ouverture :
les pays se soumettent à l’impératif de prix, de qualité du marché mondial
 L’ouverture ouvre en outre de plus grandes possibilités pour satisfaire les besoins des individus, en
termes de choix, de variété
 Enfin, il semble y avoir un cercle vertueux de libéralisation et de croissance : une forte croissance
entraine l’ouverture des marchés en atténuant les problèmes d’ajustement et en réduisant la résistance
aux changements, ce qui suscite à son tour la croissance.
De manière plus générale, la richesse vient d’une création de valeur par ceux qui ont contribué à mieux
satisfaire les besoins de quelque d’autre au sein de la communauté. D’où l’importance de la taille de la
communauté : dans une économie tribale ou locale, la variété des besoins et des produits n’est pas
grande, il n’est guère de progrès important rapide ; dans une économie nationale ou mondiale, le nombre
de combinaisons possibles produits-besoins est très élevé, les occasions de dégager une valeur nouvelle
sont nombreuses, de sorte que la création de richesse est incessante, et vont en profiter tous ceux qui ont
contribué à rendre service aux autres. La richesse des nations vient de l’élargissement de l’espace des
échanges.
D’autant que la mondialisation apporte une information de meilleure qualité parce qu’elle circule
presque instantanément sans frontière et sans coût, elle permet de mieux connaître ce dont on dispose et
ce que l’on devrait faire. En effet, le marché est un processus d’information et de coordination qui, à
travers le système des prix, décrit l’état actuel des ressources et des besoins.
Les faits corroborent ces arguments théoriques. La plupart des travaux empiriques constatent l’existence
d’un lien positif entre l’ouverture commerciale et la croissance économique. Les succès des NPIA, de la
Chine, de l’Inde sont directement reliés à leur intégration dans les échanges mondiaux.
2.2 Une hausse du niveau de vie

Nous reprenons la théorie de l’avantage comparatif de Ricardo qui, ici, explique non plus les
conséquences de l’avantage comparatif sur le type de production dans une économie, mais l’impact sur
les consommateurs et leur niveau de vie : un pays qui s’ouvre à l’échange international réalise un gain
dès lors qu’il obtient plus de produits de l’étranger qu’il n’aurait pu en fabriquer sur place à l’aide des
facteurs contenus dans ses exportations.

Le commerce international, favorisé par le libre-échange, permet en effet d’accéder à de nouveaux


produits, à de nouveaux équipements, en somme, il permet l’émergence de gains au consommateur : la
baisse des droits de douane permettant en premier lieu d’augmenter les importations de biens, mais aussi
une baisse des prix des produits, implique une hausse du pouvoir d’achat des consommateurs qui
pourront alors augmenter leurs demande sur d’autres secteurs de biens et services.

Par une corrélation expliquée auparavant, le libre-échange qui semblerait favoriser la croissance
engendrerait par conséquent une hausse du niveau vie par la baisse des prix de vente et par
l’accessibilité à de nouveaux produits.

Les gains du libre-échange sont donc plusieurs, certains purement quantitatifs, notamment lorsqu’il
s’agit de mesurer son impact sur les productions, et d’autres plus qualitatif. En effet, le libre-échange
permet des gains aux producteurs, mais aussi aux consommateurs.

2.1.1 Commerce et croissance - la thèse de l’accroissement de la consommation

La théorie des avantages comparatifs

Une des raisons qui fait que le commerce international peut augmenter le volume des biens et
services disponibles dans un pays donné et à un moment donné est que celui-ci permet
d’acheter des biens et services dans les lieux où leurs coûts de production sont
comparativement moindre. Les ressources locales qui, en l’absence de commerce, étaient
employées à la production de certains biens sont dès lors libérées ce qui permet que d’autres
biens soient produits en une proportion plus importante. Si les Etats-Unis sont capables de
produire à la fois des puces électroniques et du sucre mais qu’ils sont bien meilleurs dans la
fabrication des puces électroniques que dans la production du sucre et que le Brésil est
capable de produire à la fois des puces électroniques et du sucre mais qu’il est bien meilleur
dans la production de sucre, chacun de ces pays aura alors intérêt à échanger ces deux
produits. Le montant total des ressources nécessaires pour produire la quantité totale de sucre
et de puces consommée par les Etats-Unis et le Brésil sera alors moindre dans chacun de ces
pays si le Brésil se spécialise dans la production de sucre et les Etats-Unis dans celle de puces
et que les deux font commerce de ces produits.

Les bénéfices tirés des échanges commerciaux

Ce bénéfice combiné sera partagé entre les Etats-Unis et le Brésil et la façon dont il sera
effectivement réparti dépendra du rapport entre le cours mondial des puces électroniques et
celui du sucre - c’est ce que les économistes appellent les termes de l’échange au niveau
international. En l’absence de commerce international, chaque pays a son propre rapport
d’échange intérieur entre chacun de ces produits. Ce rapport vaudra, par exemple, 50 kg de
sucre aux Etats-Unis pour une puce électronique standard et 100 kg de sucre au Brésil. On
remarquera que ces deux rapports d’échange témoignent de la meilleure efficacité relative
qu’il y a à produire du sucre au Brésil et des puces aux Etats-Unis. Les termes de l’échange se
situeront dès lors dans l’intervalle compris entre le rapport d’échange des Etats-Unis et celui
du Brésil car si ce n’était pas le cas, l’un au moins des deux pays ne serait pas intéressé aux
échanges. En outre, le commerce favorisera d’autant plus un pays que les termes de l’échange
seront différents de son propre ratio intérieur1.

1
Dans notre exemple, une puce électronique s’échange contre 90 kg de sucre, le gain résultant
de la participation au commerce international va plutôt aux Etats-Unis qu’au Brésil. En
vendant une puce électronique au Brésil, les Etats-Unis obtiennent 90 kg de sucre, c’est-à-dire
40 kg de plus (80 pour cent de plus) que s’ils l’avaient produit eux-mêmes. En vendant 90 kg
de sucre aux Etats-Unis, le Brésil obtient une puce électronique, c’est-à-dire 0,1 puce de plus
(11,1% de plus) que s’ils l’avaient produite chez eux.

La théorie des avantages comparatifs et ses corollaires

L’exemple ci-dessus reprend le schéma classique de la théorie des coûts comparés du


commerce international; théorie également connue sous le nom de théorie des avantages
comparatifs et formulée par David Ricardo au début du XIX e siècle. Il est fort utile de la
présenter en détail car elle constitue l’explication la plus solide des économistes sur les
bénéfices résultant de la participation au commerce international. Plusieurs éléments méritent
l’attention et seront donc soulignés dans ce qui suit. Quelques restrictions à la théorie seront
toutefois apportées dans l’encadré 2.

Le gain résultant de la participation au commerce international résulte des différences de


coûts d’opportunité

· Premièrement, le gain découle de l’existence de différents rapports d’échange


intérieurs entre les deux produits dans chacun des pays. Ces rapports résultent des différences
dans les conditions de production propres aux deux produits dans les deux pays. Dans cet
exemple, comparativement à ce qui leur est nécessaire pour fabriquer une puce électronique,
les Etats-Unis utilisent ainsi proportionnellement plus de ressources pour produire un kilo de
sucre que ce qu’utilise le Brésil. Cette proportion est deux fois plus élevée selon les
hypothèses simplifiées qui ont été retenues. De façon plus générale, si des ressources sont
rares et qu’elles peuvent être utilisées indifféremment à la fabrication de deux produits, A et
B, la valeur de B à laquelle on renonce en utilisant une partie des ressources pour produire
une unité de A correspond à ce que les économistes appellent le coût d’opportunité (de A
exprimé en fonction de B). Dans notre exemple, le coût d’opportunité de la puce électronique
(en fonction du sucre) est ainsi plus élevé aux Etats-Unis qu’au Brésil car, toujours selon les
hypothèses retenues, il faut cesser de produire 100 kg de sucre au Brésil pour fabriquer une
puce électronique contre seulement 50 kg aux Etats-Unis. Le gain résultant de la participation
au commerce international provient donc de ce que les coûts d’opportunité du sucre et de la
puce électronique sont différents aux Etats-Unis et au Brésil.

Ce sont les avantages relatifs et non les avantages absolus qui constituent la clé du
commerce international

· Deuxièmement, le volume des ressources nécessaires à la production des deux biens pourra
être plus élevé dans l’un des pays, le commerce restera pourtant avantageux pour les deux
parties. Ainsi, pour continuer avec le même exemple, on peut supposer que les Etats-Unis
dépenseront à la fois moins de ressources que le Brésil pour fabriquer des puces électroniques
(ce qui est probablement le cas) et moins que le Brésil pour produire du sucre (ce qui est
moins évident en pratique mais peut toutefois être le cas). Le Brésil peut ainsi avoir besoin de
quatre fois plus de ressources que les Etats-Unis pour fabriquer des puces électroniques et de
deux fois plus pour produire du sucre; ce qui revient à dire, qu’en valeur absolue, il est
nettement moins efficace dans chacun des deux secteurs. C’est ce que l’encadré 1 illustre
numériquement.

Encadré 1: Les facteurs nécessaires à la production (Nombre d’unités de travail


nécessaires pour produire unkilo de sucre et une puce électronique1)

Brésil Etats-Unis

Puces électroniques 600 150

Sucre 6 3

Rapport d’échange 100/1 50/1


(kg/puce électronique)
1
On fait l’hypothèse qu’un seul élément, le travail, intervient dans la production à la fois du
sucre et de la puce électronique. On pourrait aussi faire l’hypothèse que divers éléments
pourraient intervenir mais qu’ils peuvent être représentés et mesurés au moyen d’une
«ressource de base composite».

Le point essentiel à retenir de la théorie des avantages comparatifs est que, même dans une
telle situation, les Etats-Unis auraient encore intérêt à commercialiser leurs puces contre du
sucre du Brésil. En exportant une puce au Brésil, les Etats-Unis obtiendraient en effet en
contrepartie 100 kg de sucre alors que pour se procurer 100 kg de sucre chez eux, il leur aurait
fallu sacrifier la production de deux puces. Des négociants devraient ainsi faire d’importants
bénéfices en achetant des puces électroniques aux Etats-Unis, puis en les envoyant au Brésil
où ils les revendraient pour acheter du sucre qu’ils ramèneraient aux Etats-Unis afin de l’y
revendre encore et de racheter encore plus de puces électroniques. Dans notre exemple, un
négociant se retrouverait à la fin avec deux fois plus de puces électroniques (indépendamment
des frais de transport et de commercialisation). Il est évident que si plusieurs négociants se
mettaient à faire de même, entre ventes de puces électroniques et achats de sucre, les
transactions continues contribueraient, après un certain temps, à faire monter au Brésil le prix
du sucre et à faire baisser celui des puces modifiant ainsi le rapport des prix intérieurs. Et on
observerait le mouvement inverse aux Etats-Unis. Ces mouvements persisteraient jusqu’à ce
qu’un nouveau rapport entre les prix du sucre et des puces s’établisse au niveau international
et équilibre simultanément les marchés des deux pays. Les rapports des prix intérieurs des
deux pays ne se différencieraient plus alors qu’en fonction des coûts de transport et de
commercialisation.

Les avantages comparatifs doivent parfois être provoqués

· Troisièmement, cette théorie est statique car elle explique le commerce international et les
gains qu’on en tire à partir des avantages comparatifs à un moment donné. Il peut cependant
arriver que les avantages comparatifs entre les pays évoluent sous l’effet, entre autres, des
politiques mises en œuvre. Dans ce cas, détenir un avantage comparatif pour un produit donné
ne signifie pas pour autant qu’on doive se spécialiser dans la production de ce bien au
détriment d’autres lignes de production. En fait, de nouvelles industries (souvent appelées
les industries naissantes) ne disposent pas d’avantage comparatif au moment de leur
démarrage et doivent donc, comme on le verra plus bas, être protégées jusqu’à ce qu’elles
aient atteint la taille requise pour pouvoir tirer profit d’économies d’échelle. Dans l’exemple
retenu, le Brésil pourrait fort bien ne pas se limiter à la seule production de sucre, ni
totalement renoncer à la production de puces électroniques si il sent qu’il a les moyens de
développer une industrie rentable de puces électroniques. En fait, ce genre de raisonnement
pourrait conduire le Brésil à imposer des barrières commerciales à l’importation de matériel
informatique de façon à profiter à long terme du développement de sa propre production
d’ordinateurs. On notera en conséquence que, lorsque d’autres politiques industrielles sont
possibles et plus directes, la politique du commerce extérieur n’est évidemment pas
nécessairement le meilleur levier pour développer une capacité de production nationale.
Certains pays peuvent aussi perdre leurs avantages comparatifs du fait de l’évolution
internationale des technologies (c’est ce qu’on appelle le problème des industries
déclinantes ou obsolètes). Par ailleurs, les cours mondiaux se modifient en permanence ce qui
a une incidence certaine sur les avantages comparatifs d’un pays.

Le commerce extérieur a un impact important sur la répartition des richesses

· Quatrièmement, cette théorie montre bien que, globalement, les pays bénéficient du
commerce international mais elle ne fait aucune inférence sur la façon dont les divers groupes
sociaux de chaque pays profitent ou sont au contraire lésés par ce commerce extérieur. Or,
comme on le verra aussi plus loin, le commerce extérieur peut avoir des répercussions
considérables sur la répartition des revenus, ce qui introduit une dimension sociale à la
question. Et c’est précisément à cause de cette incidence potentiellement négative du
commerce sur les revenus de certaines catégories sociales que les Etats-Unis ont
traditionnellement protégé leur industrie sucrière en limitant les importations par un système
de quotas.

Les économies d’échelle

Le commerce extérieur permet de réaliser des économies d’échelle

Une autre raison pour laquelle le commerce extérieur peut améliorer l’efficacité, c’est qu’il
permet à une industrie d’étendre son marché au-delà des limites de l’économie nationale.
Grâce aux exportations, une industrie peut produire plus et, s’il existe des économies
d’échelle, le coût moyen de ses produits tendra alors à diminuer.

Au niveau industriel, les économies d’échelle peuvent intervenir de deux façons qui vont en
général de paire. La première correspond au cas de certains moyens de production qui, au
niveau de l’entreprise et de par leurs caractéristiques technologiques, sont indivisibles. C’est
le cas, par exemple, des robots utilisés dans l’industrie automobile. Et cela concerne les
techniques qui ne sont rentables qu’à partir d’un certain seuil de production. Dans ce cas, on
parle alors d’économies d’échelle internes à l’entreprise dans le secteur concerné. La
seconde correspond au cas où on économise sur des coûts grâce à l’expansion de l’activité car
celle-ci s’accompagne d’une amélioration des services fournis, que ce soit par des tierces
parties ou par le milieu industriel ou commercial environnant. C’est ce que les économistes
appellent les effets externes. Dans ce cas, les économies d’échelle sont dites externes à
l’entreprise mais internes au secteur d’activité. A titre d’exemple, on peut citer le
renforcement des qualifications de la main d’œuvre, la spécialisation des fournisseurs
d’intrants, le caractère compétitif du contexte environnant ou encore le partage du savoir-faire
technique; tous ces facteurs ayant tendance à réduire les coûts de production.

Une chose intéressante à propos des économies d’échelle est que lorsque celles-ci sont
significatives, des pays disposant de ressources ou de niveaux techniques comparables et
présentant par conséquent des coûts de production similaires, auront tout intérêt à se
spécialiser dans des productions différentes et à commercer entre eux. En se spécialisant, les
deux pays tireront parti des économies d’échelle qui concernent le bien qu’ils produisent et
abaisseront ainsi leurs coûts de production. Combinés à la dynamique de différenciation des
produits (voir plus loin), les économies d’échelle permettent d’expliquer la pratique
du commerce interne à une même branche d’activité, c’est-à-dire les situations où des pays
font commerce entre eux de produits similaires mais néanmoins distincts, comme c’est par
exemple le cas avec des importations et exportations de différents types de voitures.

La concurrence dans le commerce

Participer aux échanges commerciaux permet de bénéficier des effets positifs de la


concurrence

Une autre façon par le biais de laquelle le commerce extérieur contribue à améliorer
l’efficacité de la production est qu’il suscite la concurrence. En ouvrant leurs frontières aux
transactions commerciales, les pays forcent leurs entreprises à être concurrentielles avec les
biens et services produits à l’étranger et, donc, à rester compétitives en répercutant la baisse
des coûts de production dans leurs prix de vente au consommateur. Cet élément est
particulièrement décisif lorsqu’il s’agit d’entreprises qui, de par les caractéristiques de leurs
procès de production (importance des coûts initiaux, substantielles économies d’échelle,
dépendance vis-à-vis d’un composant spécialisé dont l’offre est limitée), tendent à occuper
une position de monopole ou d’oligopole. Les industries de l’automobile et des
télécommunications en sont de bons exemples. La participation au commerce international
peut alors être un bon moyen de stimuler la concurrence et de renforcer l’efficacité de ces
activités. Cet aspect bénéfique du commerce extérieur ne s’applique pas directement à
l’agriculture car, pour un même produit agricole, la production des exploitations agricoles est
extrêmement peu différenciée; en outre, l’agriculture est une activité qui ne se prête guère à
une véritable concentration. Par contre, les agriculteurs peuvent tirer parti de l’amélioration de
l’efficacité des industries productrices d’intrants et des entreprises de transformation des
produits agricoles, induite par le commerce extérieur.

2.1.2 Commerce et accès aux produits - la thèse de la diversification

Le commerce extérieur accroît la diversité de l’offre de produits

Une autre raison pour laquelle le commerce extérieur a un impact bénéfique est qu’il offre aux
consommateurs et aux producteurs nationaux un choix de biens et de services qui ne seraient
pas disponibles autrement. Dans la mesure où cela concerne aussi bien des produits de
consommation finale que des biens intermédiaires et des intrants, le commerce extérieur
apparaît donc à la fois comme favorable aux consommateurs et au développement de la
capacité de production nationale.

La diversité renvoie à la disponibilité des biens qui ne peuvent être produits dans le pays ou
qui ne pourraient l’être qu’à des conditions très particulières et très onéreuses (par exemple,
des mangues en Scandinavie). Elle renvoie aussi aux divers types et marques de biens
réellement produits dans un pays (comme par exemple les différentes variétés de pommes, les
types de pompes à moteur ou les morceaux de viande) et aux biens qui ne sont pas produits
dans le pays mais qui pourraient l’être à un prix de revient encore convenable. Grâce à
la différenciation de leurs produits, les pays peuvent donc s’investir dans des créneaux
d’activités (tels qu’un type donné de voitures) et engager ainsi avec des partenaires
commerciaux exerçant dans ce domaine d’activité des opérations commerciales propices à
chacune des deux parties. Ce type de commerce interne à la branche d’activité est assez
fréquent dans le cas des biens de consommation. Il est par contre moins courant dans le cas
des produits agricoles car la dotation en ressources naturelles joue alors un rôle important et
est généralement assez homogène pour une même spéculation.

2.1.3 Commerce et fluctuations - la thèse de la stabilité

Par rapport à l’autarcie, le commerce extérieur permet de stabiliser les marchés...

Le commerce extérieur peut aussi servir à lisser des excédents transitoires de l’offre ou de la
demande sur le marché intérieur et empêcher ainsi, ou réduire, les fluctuations des cours et les
ruptures d’approvisionnement. A cet égard, les produits agricoles peuvent particulièrement
bénéficier du commerce international car les marchés agricoles ont tendance à être
relativement plus instables du fait de la rigidité de l’offre (la production agricole a besoin d’un
certain temps pour réagir aux mouvements du marché), des facteurs exogènes qui influencent
fortement la production (comme le climat ou les maladies), et de la faible sensibilité de la
demande alimentaire aux variations de prix (ce qu’on appelle la faible élasticité). Dans les
années d’abondance, un pays capable de subvenir largement à ses besoins en produits
agricoles et alimentaires devra faire face à des excédents agricoles qui auront tendance à faire
baisser fortement les prix au producteur. Le marché international pourra alors servir à résorber
ces excédents avec un minimum d’interférence sur les prix intérieurs et les revenus. Et lors de
mauvaises années, ce sera le contraire qui se produira.
... mais il peut lui-même être la source d’instabilité

Il faut toutefois souligner que le commerce peut aussi être une source d’instabilité pour les
prix. Lorsqu’un pays est ainsi fortement spécialisé dans la production de certains biens
d’exportation et qu’il dépend très largement des importations d’autres produits, il devient très
sensible aux fluctuations des prix internationaux. En outre, en l’absence de mesures destinées
à isoler les prix nationaux des variations des cours mondiaux, ces fluctuations affecteront
également les biens d’exportation qui ne sont que très marginalement exportés ou importés.
Traditionnellement, et même si les effets ont été variables, l’agriculture est le principal secteur
où de telles mesures ont été appliquées. Cela n’est guère surprenant si l’on considère
l’instabilité caractéristique des cours internationaux des produits agricoles et l’importance
qu’attachent les gouvernements à stabiliser les prix des aliments et les revenus des
agriculteurs.

Le commerce international, source de récession ?


Le commerce international peut entrainer des effets négatifs sur la croissance :
La croissance appauvrissante : La croissance économique, liée à une hausse de la dotation factorielle
ou à un progrès technique, est susceptible de conduire à la baisse du prix mondial du bien exporté
entraînant une détérioration si forte de ses termes de l’échange que la perte de revenu qui en résulte pour
lui excède le supplément de revenu obtenu d’abord de sa propre croissance interne. En d’autres termes,
le pays produit plus pour gagner moins.
Le syndrome hollandais est le fait que l’exploitation d’une ressource naturelle tend à faire monter les
salaires et les taux de change et handicape les secteurs industriels exposés à la concurrence
internationale.
Les quatre symptômes du "mal hollandais"
Première étape
La production gazière néerlandaise dépasse largement les besoins nationaux. La plupart du gaz est donc
vendu à des clients étrangers qui doivent acheter des florins pour s'acquitter des factures. Les volumes
de gaz sont si importants que ces opérations pèsent lourdement sur le marché des changes. Propulsé par
une demande aussi soudaine que persistante, le florin grimpe rapidement contre les autres devises.
L'industrie néerlandaise d'exportation voit immédiatement sa compétitivité internationale se détériorer.
Deuxième épisode
Il se tient à l'intérieur des frontières : le pouvoir d'achat des Hollandais s'envole en termes relatifs, grâce
à la nouvelle parité du florin. Les importations explosent et la balance commerciale, déjà mal engagée,
vire au rouge. Du coup, les prix commencent à présenter de sérieux signes d'inflation. Et comme, pour
les Hollandais, il devient plus intéressant d'acheter un produit de l'étranger qu'un produit national, les
entreprises locales subissent un second coup de bambou.

Troisième épisode
Aux Pays-Bas, tout le monde veut travailler dans le gaz, le secteur en pleine croissance par excellence.
Comme la productivité y augmente rapidement, les salaires aussi. Face à une désaffection de la main
d'oeuvre, le secteur manufacturier réagit en augmentant lui aussi les rémunérations pour retenir ses
salariés. Et l'inflation se porte de mieux en mieux.
II LE PROTECTIONNISME.
A. Définition.
Le protectionnisme est une doctrine défendue par certains économistes, qui propose de protéger la
production nationale de la concurrence des entreprises étrangères. Pour cela, le pouvoir politique entrave
l’entrée sur le territoire national des marchandises étrangères par des taxes à l’importation (ex : taxe de
30% sur une marchandise donnée) ou une réglementation spécifique (ex : interdiction d’un type de
marchandise).
Cette doctrine économique est très ancienne. On la retrouve en Europe chez les mercantilistes du XVI et
XVII siècles. A l’époque, l’économie était au service du pouvoir politique. Le but de l’économie était
d’enrichir l’Etat. En favorisant les exportations et en limitant les importations par un protectionnisme
très strict, la balance commerciale devenait excédentaire et l’Etat s’enrichissait. Dans son ouvrage «
Traité d’économie politique » (1615), le Français Antoine de Montchrestien (1575-1621) fut le premier
théoricien moderne du protectionnisme. Ses idées furent mises en pratique par le contrôleur des finances
de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert (1616-1688). Le colbertisme permet l’intervention de l’Etat pour
favoriser les exportations de la production nationale et limiter les importations de produits étrangers. Le
pays s’enrichit alors par une balance commerciale excédentaire.
B. Les instruments de protectionnisme.
1° Les barrières tarifaires.
Les droits de douane sont des taxes prélevées sur les marchandises lors de leur passage aux frontières.
La taxe agit sur le prix du produit étranger vendu sur le marché intérieur. Les consommateurs nationaux
sont dissuadés d’acheter ces produits étrangers jugés trop coûteux et préfèrent acheter la production
locale.
Le droit de douane (DD) est l’instrument le plus simple de la politique commerciale.. Il existe différents
types de droit de douane :
• Le droit de douane spécifique : la taxe vaut un montant fixe par unité importée. Exemple : 1D par
mètre de tissu importé. Le droit de douane spécifique est le prélèvement sur la valeur C.A.F. d'une taxe
fixe t' par unité importée. Le prix intérieur du bien importé est alors P*+t'. Les droits spécifiques sont
beaucoup plus rares que les droits ad valorem. Contrairement aux droits ad valorem, le niveau de
protection offert par cette forme de droit de douane varie avec le prix mondial : à la baisse lorsque le
prix mondial augmente, à la hausse lorsque le prix mondial baisse.
• Le droit de douane ad-valorem : la taxe est proportionnelle à la valeur unitaire d’importation :
Le droit de douane ad valorem est le prélèvement, lors du passage à la frontière d'une marchandise, d'un
taux fixe en % sur la valeur C.A.F. (coût-assurance-fret) du montant importé. Soit t le taux ad valorem
du droit et P* le prix mondial unitaire C.A.F., le prix intérieur du bien importé est alors P*.(1+t). La
particularité du droit de douane ad valorem est d'offrir un niveau de protection insensible aux variations
du prix mondial du produit taxé.
Le droit de douane compensateur
Le droit de douane compensateur ou antidumping est un prélèvement sur la valeur C.A.F d'un montant
variable destiné à égaliser le prix des importations avec un prix objectif (prix seuil). L'Europe impose
systématiquement de tels prélèvements compensateurs sur ses importations agricoles. Le droit
compensateur augmente (resp. baisse) lorsque le prix mondial baisse (resp. augmente) La particularité
du droit de douane compensateur est de garantir les secteurs qu'il protège des baisses fortes et rapides
des prix mondiaux (situation de l'agriculture).
Le droit de douane dégressif
En marge de la définition du droit de douane, il convient de mesurer le taux de protection nominale
(TPN) et le taux de protection effective (TPE) :
• TPN = (PL – Pw) / Pw ; PL étant le prix d’un bien en vigueur dans le pays et Pw le prix mondial de ce
bien.
• TPE = (VAL – VAw) / VAw ; VAL étant la valeur ajoutée dans le pays et VAw la valeur ajoutée
mondiale.
Puisque la valeur ajoutée est égale à la différence entre la production et les consommations
intermédiaires (CI), 2 cas possibles (au moins) peuvent se présenter :
- Un pays augmente les DD sur le bien final => TPE augmente - Un pays baisse les DD sur les CI =>
TPE augmente
Les taxes à l'exportation
A côté des droits de douane sur les importations existent aussi des droits de douane ou taxes à
l'exportation. La taxation des exportations reste rare dans les pays développés. On la retrouve davantage
dans les pays en développement exportateurs de matières premières, pour lesquels elle constitue une
source de recettes publiques.

LES DROITS DE DOUANE


DROITS A DROITS A DROITS DE PASSAGE
L'IMPORTATION L'EXPORTATION Prélevés par les pays situés
Forme la plus Appliqués rarement, sur les
fréquente, presque notamment en cas de axes de communication.
exclusive monopoles nationaux

DROITS PROTECTEURS DROITS FISCAUX


Concernant les importations qui Ont pour objectif de procurer des
concurrencent la production nationale. moyens financiers à l'Etat. Tous les
Leur objectif est de droits de douane comportent un aspect fiscal.
pénaliser les produits étrangers.

Droits spécifiques Droits ad valorem


Sont prélevés en fonction du poids ou Sont prélevés en fonction de la valeur
de la quantité de marchandises. des marchandises.
Avantage Inconvénient
Commodes à appliquer. Le poids peut être constaté Plus difficiles à appliquer. La vérification
objectivement. de la valeur est plus laborieuse.
Inconvénients Avantages
Requièrent un tarif très compliqué afin de Même un tarif très simple permet de
tenir compte de la valeur et des traiter les marchandises de façon équitable.
particularités des marchandises. Ne S'adaptent automatiquement au gré des fluctuations
s'adaptent pas automatiquement en des prix.
période d'inflation (la protection devient trop faible) ou Application
en cas de déflation (la Plus fréquente. .
protection devient trop forte).

TARIF PROHIBITIF TARIF DE REPRÉSAILLES TARIF PRÉFÉRENTIEL


Répond à une
agression tarifaire.
Empêche tout commerce Etablit une différence de
traitement (discrimination).

L’analyse économique du protectionnisme


Les effets d’un droit de douane sur le fonctionnement du marché : On considère le marché d’un bien.
Sur le marché domestique, prix du bien = P* -> équilibre sur le marché domestique (P*, Q*).
Situation d’autarcie -> le marché n’est pas ouvert aux entreprises étrangères.
On autorise des entreprises étrangères à satisfaire la demande domestique -> ouverture (libre-échange)
sans droits de douane.
Pw = prix du bien sur le marché mondial. On suppose qu’il est donné. Les éventuelles modifications
dans les quantités produites n’affectent pas ce prix.
Pw > prix domestique => le pays va être exportateur du bien
Pw < prix domestique => le pays va être importateur du bien => conséquence de l’ouverture :
- Le prix mondial va s’imposer au marché domestique (pression à la baisse sur le prix domestique) -> le
nouveau prix d’équilibre va être Pw.
- Ecart entre l’offre domestique et la demande domestique -> ce sont les entreprises étrangères qui vont
combler cet écart (=> importations). Importations = D(Pw) – S(Pw)
 Le libre échange est préféré à l’autarcie.
Conséquence pour les entreprises domestiques : elles vendent moins à un prix moins élevé ; leur profit
diminue.
Conséquence pour les consommateurs domestiques : en situation de libre-échange, ils consomment plus
qu’en situation d’autarcie et achètent à un prix Pw.
 La situation des consommateurs augmente, celle des entreprises se détériore par rapport à la situation
d’autarcie.
Surplus collectif = critère qui permet d’évaluer la satisfaction des agents et l’écart entre ce que les
consommateurs étaient prêts à payer et ce qu’ils payent effectivement :
= surplus des consommateurs + surplus des entreprises (profit économique) (+ recettes fiscales,
satisfaction de l’Etat).
En libre-échange, le prix qui s’impose est P w. Offre domestique = q1 ; demande domestique = q2 ;
importations = q2-q1
En situation de protectionnisme (+ droit de douane), le prix qui s’impose est Pw(1+t) ;
offre domestique = q3 ; demande domestique = q4
Quels sont les effets d’un tarif douanier sur les quantités ?
 Sur la consommation domestique (demande domestique) : elle diminue (q4 < q2)
 Sur l’offre domestique : elle augmente (q3 > q1)
 Sur les importations : elles diminuent (q4 – q3) [c’est le but]
Analyse en termes de bien-être :
Surplus collectif = surplus des consommations + surplus entreprises + recettes douanières
Surplus des consommateurs en présence d’un droit de douane = A + B
Surplus des entreprises en présence d’un droit de douane = C + G (entre l’offre domestique et le prix de
vente du bien)
Recettes fiscales (importations taxées) = E
Surplus collectif protectionnisme = A + B + C + G + E
En situation de libre-échange (sans droit de douane) :
Surplus des consommateurs (A + B + C + D + E + F) + Surplus des entreprises (G) =
A+B+C+D+E+F+G
 La mise en place d’un droit de douane => diminution du surplus collectif (D+F)
 Ici, le libre-échange est préféré au protectionnisme
Le droit de douane conduit les entreprises domestiques à produire +. L’introduction du droit de douane
=> sous-consommation. L’échange avec droit de douane est moins bon que sans (libre-échange préféré
au protectionnisme). L’ouverture des frontières avec un droit de douane reste meilleure que l’autarcie.
Cette situation de préférence du libre-échange est nuancée dans le cas d’un grand pays -> On considère
un pays qui a une taille suffisamment importante pour que la variation des importations + exportations
ait une influence sur le prix mondial (avec un petit pays, P w est fixé) (Pw va augmenter, ne sera pas
horizontal).
Résultat du droit de douane : le droit de douane augmente le prix + le passage du libre-échange au
protectionnisme a des effets contradictoires sur le bien-être domestique. L’effet sur le bien-être
domestique dépend de la valeur du droit de douane. Si le droit de douane est faible, les gains l’emportent
sur les pertes ; s’il est élevé, les pertes l’emportent sur les gains, de sorte qu’il existe un niveau de droit
de douane optimal.
Conclusion : dans le cas d’un grand pays : si le pays s’approche de la valeur optimale du droit de
douane, il peut bénéficier d’un gain et préférer le protectionnisme au libre-échange en choisissant bien
son droit de douane ; mais le reste du monde est perdant. Si on incorpore le bien-être du reste du monde,
il y a un gain pour le grand pays et une perte (plus importante que le gain) du reste du monde.

2- Les nouveaux instruments


Les droits de douane constituent la forme la plus simple et la plus transparente des politiques
commerciales parce qu'ils sont aisément quantifiables et agissent directement sur les prix. Mais depuis
quelques décennies, la plupart des interventions gouvernementales en matière de politique commerciale
utilisent d'autres instruments dont l'action est plus indirecte
Les subventions à la production et à l'exportation
La subvention est une aide financière étatique à une industrie destinée à accroître sa production locale
(subvention à la production) ou à favoriser ses exportations en vendant à l'étranger à un prix inférieur au
prix national (subvention à l'exportation). Comme pour les droits de douane, la subvention peut être ad
valorem (% sur la valeur unitaire produite ou exportée au prix F.O.B., à l'intérieur de la frontière),
spécifique (montant en valeur par unité produite ou exportée) ou compensatrice (montant variable égal à
la différence entre le prix objectif et le prix mondial).
Contrairement aux droits de douane, acceptés et réglementés par les accords du GATT et par l'OMC, les
subventions sont beaucoup moins tolérées. Les subventions à l'exportation sont assimilées à du dumping
(vente à perte) et sont interdites par l'OMC. Les subventions à la production ont longtemps été négligées
dans les accords internationaux, parce que considérées comme des mesures de politique intérieure.
Actuellement l'OMC juge que toute intervention publique qui procure un avantage à son bénéficiaire est
assimilable à une subvention et peut autoriser les pays pénalisés à instaurer des droits de douane
compensatoires. Les effets sur les prix d'une subvention à l'exportation sont exactement inverses de ceux
d'un droit de douane.
Un exemple de subvention à l'exportation : la politique agricole commune La PAC européenne a
cherché à garantir des prix élevés aux agriculteurs européens : la CEE achetait les produits agricoles
chaque fois que les prix descendaient en-dessous d'un certain seuil d'intervention. Afin d'empêcher que
cette mesure provoque une hausse des importations, elle fut complétée par des droits de douane qui
compensaient la différence entre les prix mondiaux et les prix CEE. A partir de 1970, les prix
d'intervention furent si élevés que l'Europe produisait beaucoup plus qu'elle ne consommait, alors qu'en
situation de libre-échange, elle aurait été importatrice nette de produits agricoles. La CEE se tourna alors
vers une politique de subvention à l'exportation destinée à écouler sur les marchés étrangers ses
excédents de production. Cette subvention compense la différence entre les prix mondiaux et les prix
européens. Cependant, la hausse des exportations européennes qui en résulta tendait à déprimer le prix
mondial, accroissant davantage la subvention nécessaire. Une analyse coût-bénéfice montre clairement
que les coûts de cette politique pour les consommateurs et les Etats européens excédaient les gains qu'en
tiraient les agriculteurs. L'acte final du cycle de l'Uruguay Round n’a pas remis en cause la PAC : la
préférence communautaire subsiste; l'ouverture aux produits agricoles étrangers reste limitée; enfin, la
réduction des exportations subventionnées sera beaucoup plus progressive que ce prévoyait le préaccord
de Blair House de novembre 1992. Notons pour finir que l'agriculture a toujours constitué et constitue
encore une source de conflits internationaux et de "guerre" commerciale dans la mesure où tous les pays
industriels (Japon, Etats-Unis, Europe) soutiennent fortement leur agriculture.
Les quotas d'importation
Le quota d'importation est une restriction directe sur la quantité d'un bien qui peut être importée. La
restriction est généralement mise en œuvre par l'octroi de licences à des entreprises locales importatrices
ou encore directement aux gouvernements des pays exportateurs. Le premier effet d'un quota est
d'augmenter le prix intérieur du produit importé, en raréfiant l'offre. Le prix intérieur augmente du
même montant qu'un droit de douane qui limite les importations au même niveau. La différence entre un
quota et un droit de douane est qu'avec un quota, le gouvernement du pays importateur ne perçoit pas de
recettes douanières. S'il accorde des licences d'importations, les recettes vont en fait aux détenteurs de
ces licences qui réalisent une rente de situation (rente de quota) en vendant plus cher sur le marché
intérieur des produits qu'ils ont obtenu à des prix mondiaux inférieurs. Si les détenteurs de ces licences
sont des entreprises locales, l'effet du quota est exactement le même que l'effet d'un droit de douane. Si
ces détenteurs sont les gouvernements des pays exportateurs (cas des importations de sucre aux Etats-
Unis), la rente est transférée à l'étranger. Le coût du quota est alors plus élevé que celui du droit de
douane. Le quota peut-être discriminatoire ; il ne concerne alors que les importations d'un pays ou d'un
groupe de pays. La gestion des quotas s'opère au moyen de licences, qui peuvent être attribuées selon
des modalités diverses : vente aux enchères, soit aux distributeurs locaux du produit importé, soit
directement à ses producteurs, règle du "premier arrivé, premier servi", etc...
En principe interdites par le GATT puis l'OMC, les barrières quantitatives tolérées restent nombreuses
grâce aux exceptions prévues (agriculture) et aux dérogations (Arrangement multifibres à partir de 1974,
qui limitent les exportations de textiles en provenance des pays en voie de développement).

Les restrictions volontaires aux exportations


Les restrictions volontaires aux exportations (RVE) ou accords d'autolimitation est un quota sur les
importations administré par le pays exportateur au lieu de l'être par le pays importateur. Ces restrictions
sont généralement imposées sous la pression du pays importateur (ce qui suppose qu'il dispose d'un
poids économique suffisant pour pouvoir négocier) et le pays exportateur y consent pour éviter d'autres
formes de restrictions et pouvant conduire à une guerre commerciale.
Les restrictions volontaires aux exportations dans la pratique Les RVE n’étaient pas réglementées par le
GATT. De plus, leur statut de traité commercial négocié leur permettait d'échapper à l'interdiction par le
GATT des restrictions quantitatives, dans la mesure où ces restrictions sont fondées sur une relation
contractuelle tacite entre gouvernements. Ce vide juridique explique qu'elles se sont multipliées au cours
des années 1980-90. elles ont surtout été utilisées par les régions à fort pouvoir de négociation, Etats-
Unis et la CEE. Citons, à titre d'exemple, l'accord conclu en 1981 entre les gouvernements américain et
japonais destiné à limiter la pénétration des voitures japonaises sur le marché américain à 1,68 millions
de véhicules/an. Cet accord, révisé en 1984-85 (1,85 millions) fut reconduit unilatéralement par le
gouvernement japonais pour éviter des frictions inutiles avec les groupes de pression américains.
Dumping et droits antidumping et compensateurs
Le phénomène de dumping traditionnellement, le dumping est une vente à perte, c’est-à-dire une vente à
un prix inférieur au coût moyen de production. Dans le contexte du commerce international, le dumping
consiste pour une entreprise à proposer sur les marchés étrangers des prix plus bas que sur son marché
domestique Le but recherché par l’entreprise est un accroissement de ses ventes pour capter des parts de
marché supplémentaires au détriment de ses concurrents.
Un producteur vendra un même bien à un prix Pw sur le marché international et à un prix P sur le
marché local tel que Pw < P. Cette pratique fait abstraction des coûts de transport et d’assurance et
évacue la possibilité de subventions. Face au dumping, un pays peut décider d’instaurer un tarif
douanier anti-dumping : t = P – Pw ou encore un tarif t = Pf – Pw, Pf étant le « prix loyal » (fair price)
calculé sur la base du prix moyen d’exportation du bien en question.
Les pays plaignants sont surtout les Etats-Unis, l'Union européenne, l'Australie et le Canada. Les
plaintes antidumping se concentrent sur un faible nombre de produits, dont les métaux de base (acier),
les produits chimiques, les machines et les équipements électriques ainsi que les matières plastiques. Les
procédures antidumping sont tolérées par l'OMC lors du règlement des différends. L'OMC prévoit la
possibilité d'accroître la protection d'un marché national en cas de préjudice grave, comme par exemple
une hausse massive et rapide des importations. Cette clause de sauvegarde permet d'instaurer des droits
antidumping et compensateurs ou d'adopter une restriction quantitative. Mais ces procédures sont
critiquables car la fiabilité des techniques d’estimation du dumping reste douteuse ; de plus, les cas de
véritable dumping prédateur restent rares.
Les restrictions réglementaires et les autres instruments
La discrimination dans les procédures d'attribution des marchés publics et les normes nationales sont des
moyens indirects de limiter ou d'interdire les importations par des voies réglementaires. Elles
engendrent des barrières non tarifaires. Finalement, les « autres instruments » regroupent toutes les
pratiques autres que celles déjà mentionnées, susceptibles d’engendrer des barrières à l’entrée. Certains
agissent directement au plan macroéconomique, comme les manipulations du taux de change ; d’autres à
des niveaux microéconomiques, comme les accords sectoriels de prix.
L’accès aux marchés publics L'existence de vastes marchés publics réservés aux producteurs locaux
(fourniture aux administrations, marchés militaires, grands équipements) a été longtemps une pratique
courante. Les règlements interrégionaux et internationaux (de Union européenne, de l’OMC) tentent
aujourd'hui de libéraliser ce secteur en favorisant la diffusion des appels d'offre, en imposant la règle de
non- discrimination et de traitement identique des firmes locales et étrangères, et en facilitant les
procédures internationales de contestation du résultat des adjudications.
La protection par les normes Les normes sont aussi un moyen puissant de créer de la protection en
raison de leur extrême diversité. On ne citera que quelques exemples caractéristiques.
- Les normes techniques sur un produit
- Les normes de contenu local : pour éviter les implantations d'usines étrangère d'assemblage du type
"usine-tournevis" (tous les éléments intermédiaires sont alors importés du pays d'origine), de nombreux
pays ont conçu des normes qui exigent l'achat ou la production sur place de certains composants.
- Les normes d'origine : elles sont destinées à éviter les manœuvres de contournement des barrières
protectionnistes grâce au transit par un pays tiers.
Les autres instruments
Le protectionnisme par le change désigne les manipulations de la valeur de la monnaie nationale. La
dépréciation d'une monnaie permet d'améliorer la compétitivité-prix des producteurs nationaux
relativement aux producteurs étrangers. Elle permet donc à la fois d'accroître les exportations et de
diminuer les importations en favorisant les producteurs locaux de biens substituts. On peut assimiler
cette méthode protectionniste à la combinaison d'une subvention à l'exportation et d'un tarif douanier
pour tous les secteurs produisant des biens échangés internationalement.
Le « dumping social » désigne les pratiques des pays en voie de développement destinées à réduire
artificiellement les coûts de production de leurs exportations et améliorer ainsi leur compétitivité-prix.
On trouve dans cette catégorie le travail des enfants, les bas salaires, l'absence de législation du travail.
Les accords de prix désignent des accords gouvernementaux destinées à limiter la compétitivité- prix
des produits importés. Par exemple, la Communauté européenne a passé en 1990 un accord dans le
secteur des semi-conducteurs obligeant les exportateurs japonais à vendre leurs produits à un prix
plancher supérieur ou égal à 9,5 % de leur coût de production.

2.1 L’équilibre du marché dans un système économique fermé

Le comportement d’un marché, celui du riz par exemple, va tout d’abord être analysé hors de
l’influence du marché international, c’est-à-dire pris dans le cadre d’une économie fermée.
Cela correspond à la situation graphique représentée par l’encadré 4, dans lequel sont
indiquées les courbes de l’offre et de la demande de riz.

Encadré 4: Les prix CAF et FOB

La courbe de la demande «D» représente la quantité de riz que les consommateurs sont
disposés à acheter à différents prix. En général lorsque les autres facteurs étant considérés
comme constants (le revenu, le cours d’autres produits, les habitudes de consommation, etc.),
la courbe de demande tend à décliner car plus le prix du riz est faible, plus la quantité
demandée par les consommateurs augmente.

De la même manière, la courbe de l’offre «O» indique les quantités de riz que les producteurs
sont prêts à produire et à vendre en fonction du prix. En général, toutes conditions étant égales
par ailleurs (c’est-à-dire les coûts des moyens de production, le niveau technique, etc., étant
constants), la courbe de la demande à tendance à croître car le volume de riz que les
producteurs sont enclins à fournir augmentera à mesure que les prix monteront.

Concept de l’équilibre de marché

Dans le cas où il n’est possible ni d’exporter, ni d’importer de riz, comme dans le cas d’une
économie fermée, le point «A» indique le moment où le marché du riz sera en position
d’équilibre. Au prix donné pe, la quantité de riz fournie par les producteurs (q o) équivaut à la
quantité que les consommateurs sont disposés à acheter (q d). Le prix pe permet donc de solder
le marché.

2.2 L’équilibre du marché dans un système économique ouvert

On va à présent étudier ce qui se passe sur le marché du riz dans le cas d’une économie
ouverte aux échanges internationaux. A cette fin, il faut ajuster le prix du riz sur le marché
international de façon à pouvoir le comparer de manière significative avec le prix intérieur
perçu par les agriculteurs. Les cours internationaux ainsi ajustés sont appelés les prix de
parité financière3. La méthode de correction qui est utilisée est expliquée dans l’encadré 5.

3
A la différence des prix de parité économique, qui seront expliqués à la section 3.3.1.

Lorsqu’on effectue la comparaison, trois solutions apparaissent possibles dans le contexte


d’un marché ouvert au sein duquel les agents peuvent librement décider d’importer,
d’exporter ou de vendre des marchandises sur le marché intérieur. Ces trois situations sont
représentées dans l’encadré 6.

Définition des biens non-échangeables

· Soit le cas où le prix de parité financière à l’importation (p pi) d’un produit est plus élevé que
le prix intérieur (pd) et par conséquent où il n’est pas justifié d’importer le produit. Si dans le
même temps le prix intérieur est plus élevé que le prix de parité financière à l’exportation
(ppe), alors il n’est pas justifié non plus d’exporter ce produit. Dans ces conditions, le produit
ne fera pas l’objet d’échanges internationaux. Les produits qui entrent dans cette catégorie
sont appelés des biens non-échangeables ou non-négociables. Il s’agit de produits tels que la
terre, qui ne peut pas être échangée au plan international du fait de son immobilité intrinsèque,
la main-d’œuvre qui est soumise à des restrictions administratives qui limitent les
mouvements internationaux, ou encore de biens tels que les briques, le manioc ou la paille,
pour lesquels les coûts de transport sont trop élevés par rapport à leur valeur marchande par
unité de poids ou de volume, ou enfin de denrées extrêmement périssables telles que la canne
à sucre. Cette situation est illustrée dans l’encadré 6-a. Dans ce cas précis, l’ouverture aux
échanges internationaux n’a aucune incidence sur le marché intérieur.

Encadré 5: Le calcul des prix de parité financière


On part du prix de frontière qui, pour les importations, correspond au prix CAF exprimé en
monnaie locale (c’est-à-dire multiplié par le taux de change en vigueur) et pour les
exportations, au prix FOB, lui aussi exprimé en monnaie locale.

Exportations: On calcule le prix de parité financière à l’exportation en déduisant du prix de


frontière (FOB) tous les frais inhérents au transport et à la distribution des marchandises
depuis l’exploitation agricole jusqu’à son arrivée au port, toutes les taxes et subventions à
l’exportation, ainsi que tous les frais portuaires locaux, comme les taxes d’entreposage ou
d’embarquement, ou encore les honoraires des courtiers, etc. Tout ceci, de façon à ne plus
avoir qu’un prix équivalent au prix du produit au départ de la ferme. Pour une culture
d’exportation devant subir une transformation industrielle, le décorticage par exemple, on
calcule alors l’équivalent en produit brut (ici le riz non décortiqué) du produit exporté en
utilisant le taux de conversion du riz non décortiqué en riz décortiqué, et on défalque les frais
de minoterie.

Importations: On calcule le prix de parité financière à l’importation en commençant par


choisir un marché de référence pour le commerce de gros (par exemple celui de la capitale),
où les produits importés sont censés concurrencer les produits équivalents nationaux.
On ajoute alors au prix frontière (CAF, ici) tous les coûts de transport qui surviennent après le
débarquement des marchandises (les droits de douane, les taxes et honoraires, les charges et
contributions diverses, les frais de transport et de distribution), c’est-à-dire tout ce qui est à
payer avant que le produit importé n’entre sur le marché de référence. On obtient alors le prix
de parité financière à l’importation pour le marché de référence. Si, par ailleurs, on veut le prix
de parité à l’importation à l’entrée de l’exploitation agricole, il faut alors soustraire les frais de
transport et de distribution pour mettre les produits sur le marché de référence. Si ces produits
doivent subir une transformation industrielle, on en tient compte par un calcul similaire à celui
du prix de parité à l’exportation.
Source: Gittinger (1982).

Définition des biens exportables

· Le prix de parité financière à l’exportation (p pe) du produit est supérieur au prix intérieur en
l’absence d’échanges internationaux. Il y a intérêt à exporter ce produit (voir l’encadré 6-b).
Ce type de produit est alors dit exportable ou produit d’exportation. Dans un tel cas,
lorsque le pays s’ouvre au commerce international, les producteurs tendent à augmenter leur
offre jusqu’au niveau «qo» qui se répartit entre «qd», la quantité destinée au marché intérieur,
et (qo-qd), celle qui est destinée à l’exportation. Les prix intérieurs s’élèvent alors au niveau
«ppe». Les producteurs sont gagnants et les consommateurs perdants, du fait de la hausse des
prix intérieurs, ce qui a pour effet de réduire la consommation et d’augmenter la production.
Au total, les revenus d’exportation s’élèvent à (q o-qd)·ppe, la dépense des consommateurs étant
égale à (qd·ppe) et les recettes des producteurs à (qo·ppe).

Définition des biens importables

· Dans le cas où le prix de parité financière à l’importation «p pi» est inférieur au prix intérieur,
il y a intérêt à importer comme indiqué dans l’encadré 6-c. Dans ce cas, les produits
concernés sont dits importables ou produits d’importation. Dans un tel cas, lorsque le
commerce extérieur est autorisé, les prix intérieurs tendent à chuter au niveau p pi. Du fait de la
baisse des prix, les producteurs réduisent leur offre au niveau «q o» et les consommateurs
augmentent leur consommation jusqu’au point «q d». La différence (qd-qo) entre la
consommation et la production sera alors importée. Et la facture des importations s’élève à
(qd-qo)·ppi, le revenu des producteurs s’élevant dans ce cas à (q o·ppi) et la dépense des
consommateurs à (qd·ppi). On notera que l’ensemble des produits d’exportation et
d’importation sont appelés produits échangeables ou négociables de façon à les distinguer
des produits non-échangeables définis précédemment.

02.3 L’impact économique des instruments de politique commerciale

La signification de l’hypothèse du petit pays

On va maintenant utiliser le schéma théorique de l’équilibre partiel qui vient d’être exposé
pour analyser l’impact de mesures de protection. On notera que les résultats présentés ici ne
sont valables que si les modifications induites par les mesures de protection sur les quantités
commercialisées au niveau international sont suffisamment faibles pour ne pas avoir
d’incidence sur le prix international. Selon l’exemple antérieur, on suppose donc que les
changements induits dans les quantités de riz importées ou exportées par le pays à la suite, par
exemple, de l’introduction d’un droit de douane ou d’une subvention à l’exportation, ne sont
pas assez élevés pour modifier les conditions de base du marché international du riz et pour
avoir un impact sur le prix mondial du riz. C’est ce qu’on appelle habituellement l’hypothèse
du petit pays. On suppose en outre une situation concurrentielle, dans laquelle les échanges
sont libres, et où à défaut de mesures de protection, les prix intérieurs des produits
négociables deviennent égaux aux prix internationaux. Pour la simplicité de la présentation,
on suppose également que les prix de parité à l’importation et à l’exportation sont égaux aux
prix mondiaux, que l’on nommera «pm».

Les droits de douane et les quotas d’importation

Avec l’encadré 7, ce sont les conséquences de l’instauration d’un droit de douane ad valorem,
«t», qui sont analysées. On suppose que le riz est une marchandise importable et on part de la
situation d’équilibre, avec échanges internationaux mais sans mesures de protection. Le prix
intérieur du riz est équivalent au prix international p m. On suppose à présent qu’un droit de
douane «t» est mis en place sous forme d’un pourcentage de la valeur des importations de riz,
par exemple 20 ou 30 pour cent.

Encadré 7: Les effets des droits de douane et des quotas d’importation

L’instauration de ce droit de douane engendre progressivement une série de réactions de la


part des producteurs de riz, des consommateurs et des négociants, jusqu’à ce qu’un nouvel
équilibre soit atteint sur le marché intérieur du riz. En comparant les situations de départ et
d’arrivée, telles qu’elles sont illustrées par l’encadré 7, les conséquences de ce droit de
douane se présentent de la façon suivante:

· Le prix intérieur augmente de pm à pm * (1+t)


· La production intérieure augmente de o0 à o1
· La consommation intérieure diminue de d0 à d1.
· Le volume des importations diminue de (d0-o0) à (d1-o1).
· L’Etat dégage un revenu équivalent à la partie grise de l’encadré 7.
· Les producteurs profitent de prix plus élevés, ce qui les encourage à augmenter leur
production et l’Etat perçoit quelques rentrées grâce aux droits de douane. La dépendance vis-
à-vis des importations de riz diminue et les consommateurs sont perdants puisque le prix du
riz augmente, ce qui les incite à réduire leur consommation.

Les droits de douane profitent aux producteurs et aux contribuables aux dépens des
consommateurs

On peut s’attendre à des effets comparables lorsque l’Etat impose un quota


d’importation égal à d1-o1. Toutefois, les effets d’un quota sur la répartition du revenu
peuvent être différents de ceux d’un droit de douane selon la destination de la rente qui est
créée. C’est la différence entre le prix de l’offre du pays exportateur et le prix de vente sur le
marché intérieur. Si, par exemple, le commerce international d’un pays est assuré par des
entreprises contrôlées par l’Etat, le gouvernement peut directement fixer des quotas
d’importations à chacune d’entre-elles et décider si la rente sera gérée par chaque entreprise
ou collectée au niveau central. Cela peut être fait par une simple mesure administrative. Au
contraire, si le commerce international est aux mains du secteur privé, la mise en œuvre des
quotas d’importations est plus complexe et passe, comme on l’a vu précédemment, par
l’émission de licences. Dans ce cas, la rente tirée des quotas appartiendra à ceux qui
détiennent les licences.

Les subventions, les taxes et les quotas à l’exportation

L’analyse des subventions à l’exportation est analogue à celle des droits de douane à
l’importation. L’encadré 8 illustre le cas d’une subvention égale à un pourcentage «s» du prix
international payée par l’Etat aux exportateurs de riz.

Encadré 8: Les effets des subventions et des quotas aux exportations


Les subventions aux exportations ont l’effet inverse des droits de douane aux importations

Les conséquences de cette subvention sont les suivantes:

· Les prix intérieurs augmentent passant de pm à pm * (1+s).


· La production intérieure augmente de o1 à o2.
· La consommation intérieure diminue de d1 à d2.
· Les volumes exportés augmentent de (o1-d1) à (o2-d2).
· L’Etat doit payer un montant équivalent à la somme des parties grisées de l’encadré 8.
· Les producteurs bénéficient de prix plus élevés qui les encouragent à augmenter leur
production, l’Etat s’expose à couvrir la charge des subventions, les exportations de riz sont
encouragées et les consommateurs sont perdants puisque le prix du riz est plus élevé, ce qui
les incite à diminuer leur consommation.

L’impact d’un quota d’exportations et d’une taxe aux exportations

En limitant le volume de riz qui peut être exporté de façon, par exemple, à protéger les
consommateurs, un quota d’exportation aura pour effet d’abaisser le prix intérieur du riz car
en restreignant le volume des exportations, la quantité de produit disponible sur le marché
intérieur augmentera d’autant, ce qui contribuera à diminuer le prix. L’encadré 8 peut là
encore être utilisé pour illustrer cette affirmation. Il suffit pour cela de prendre comme base le
prix d’origine, à savoir le prix du riz avant que les quotas ne soient instaurés, comme indiqué
dans l’encadré par le point p m (1+s). Si le quota d’exportation équivaut à (o 1-d1), le prix
intérieur chutera pour atteindre le point p m du diagramme. La rente issue du système de quotas
est représentée par la partie la plus sombre du schéma. Les taxes à l’exportation auront un
effet inverse à celui des subventions à l’exportation mais similaire à celui des quotas.

Les mesures de soutien aux producteurs

Les mesures intérieures de soutien ont également un impact sur les échanges commerciaux

Les mesures politiques destinées à soutenir les producteurs et qui ne sont pas conçues pour
intervenir directement sur le commerce extérieur, peuvent prendre deux formes: soit elles
s’ajoutent aux revenus perçus par les agriculteurs (c’est le cas des paiements directs), soit
elles diminuent les charges des producteurs (c’est le cas des subventions aux intrants). Ces
deux types de subventions ont pour effet de permettre aux producteurs d’augmenter l’offre à
prix constant, ce qui revient à déplacer la courbe de l’offre vers la droite 4. L’encadré 9 illustre
le cas où ces mesures transforment un pays d’importateur net (O 1) en un pays autosuffisant
(O2) et finalement en un pays exportateur net (O3).

4
Cela n’est vrai dans le cas de paiements directs, que lorsque ceux-ci sont couplés (liés) aux
volumes produits par les agriculteurs. En pratique, c’est toutefois extrêmement difficile de
parvenir à mettre en place des paiements totalement découplés.

Plus précisément, les mesures de soutien aux producteurs provoqueront les effets suivants:

· Il n’y aura aucun changement du prix intérieur, celui-ci étant par ailleurs égal au prix
mondial dans une situation de concurrence et de libre-échange.

· Puisqu’il n’y a aucune modification du prix intérieur, la consommation intérieure restera la


même (soit le niveau Q2 dans l’encadré 9).

· La production va augmenter, ce qui diminuera d’autant les importations et débouchera


finalement sur des exportations.

· Les producteurs profiteront de la diminution des coûts de production aux dépens du budget
de l’Etat, qui aura à supporter la charge des subventions.

Encadré 9: Les effets des mesures de soutien intérieur


Une analyse analogue à celle de l’encadré 9 peut s’appliquer aux taxes et subventions à la
consommation. Dans ce cas, ce sera la courbe de la demande qui se déplacera vers la gauche
(pour ce qui est des taxes) ou vers la droite (dans le cas de subventions). Dans le cas des biens
non-échangeables, les prix, l’offre et la demande seront modifiés.

2.4 Les conséquences sociales des mesures de protection

Comme cela a été évoqué précédemment, chaque type de mesures de protection amène des
gagnants et des perdants et a donc une incidence sur le bien-être des citoyens. L’ampleur de
cet impact peut être évalué en utilisant les concepts de surplus pour le consommateur et de
surplus pour le producteur comme expliqué ci-après 5. L’illustration porte sur le cas d’un droit
de douane.

La définition du surplus pour le consommateur

Le surplus pour le consommateur mesure la différence entre le montant qu’un


consommateur est prêt à payer pour une unité de produit et le montant qu’il versera en
définitive. Si, comme on le conçoit généralement, les consommateurs ont une disposition
marginale décroissante de payer (c’est-à-dire qu’ils veulent payer moins cher pour des unités
supplémentaires consommées) mais qu’ils payent pour toutes les unités le même montant que
ce qu’ils sont prêts à payer pour la dernière, il y a donc un surplus positif pour le
consommateur. Ce concept de surplus pour le consommateur s’applique non seulement pour
un individu mais aussi pour l’ensemble des consommateurs.
L’impact socioéconomique d’une taxe douanière

Les effets socioéconomiques d’une taxe douanière sont synthétisés dans l’encadré 13 comme
suit:

· Le surplus du consommateur, représenté dans la situation «sans droit de douane» par l’aire
g+f+b+c+d+e, diminue pour ne plus être égal qu’à g+f. Il y a donc une perte socioéconomique
pour le consommateur qui équivaut à l’aire b+c+d+e.

· Le surplus du producteur qui était représenté avant le droit de douane par l’aire «a» sera
désormais égal à a+b. Il y aura donc un gain socioéconomique pour les producteurs évalué à
l’aire «b».

· Le droit de douane génère un revenu pour l’Etat estimé à «d».

· La perte socioéconomique du consommateur, b+c+d+e, est en partie compensée par les


rentrées fiscales de l’Etat «d» et par le gain des producteurs «b». Il reste cependant la part c+e
qui n’est pas compensée et qui représente une perte socioéconomique sèche. On se réfère
souvent à ces deux triangles comme représentant la perte socioéconomique résultant des
mesures de politique.
Le poids mort des triangles des pertes

Encadré 13: Résumé des effets socioéconomiques d’une taxe douanière

Indicateurs Sans taxe Avec taxe Différence

Surplus du consommateur b+c+d+e+f+g f+g -(b+c+d+e)

Surplus du producteur a a+b +b

Recettes de la taxe aucune d +d

Surplus total a+b+c+d+e+f+g a+b+d+f+g -(c+e)

L’ampleur des gains et des pertes socioéconomiques de différentes classes de population et


l’effet socioéconomique net sur la société dépendront finalement de l’élasticité des courbes de
l’offre et de la demande, du prix d’importation du produit, des quantités produites,
consommées et importées, et du montant de la taxe douanière. Des données fiables sur ces
variables permettront alors d’évaluer l’impact socioéconomique en s’appuyant sur les
hypothèses restrictives de l’équilibre partiel et du petit pays.

C. Les motivations du protectionnisme.


- Protection des industries naissantes
La mise en place de barrières douanières temporaires afin de permettre à ces industries d'avoir le temps
de grandir. L'enjeu réside donc dans la mise en place d'un protectionnisme transitoire pour permettre
aux entreprises nationales dans l'enfance de rattraper un retard en matière d'économies d'échelle, de
productivité, et donc de compétitivité-prix et hors-prix, par rapport aux entreprises étrangères: c'est la
construction d'un avantage comparatif et donc de la spécialisation qui est en jeu; il s'agit aussi d'orienter
les choix des consommateurs vers les entreprises nationales. Ce protectionnisme affecte donc à la fois
l'offre et la demande.
- L’argument de la balance commerciale.
Le tarif douanier augmente le coût des importations. Les consommateurs limitent leurs achats de
produits étrangers. Les importations diminuent et le solde de la balance commerciale s’améliore.

- L’argument des représailles.


Si un pays concurrent a pris des mesures protectionnistes, on exerce des représailles en augmentant ses
tarifs douaniers. Le protectionnisme peut être une réponse à des pratiques de concurrence déloyale
(ex :dumping = des entreprises pratiquent des prix différents sur les marchés domestiques et sur les
marchés étrangers). En règle générale, les prix sont plus faibles sur le marché étranger. Si un pays
étranger pratique du dumping, les pays victimes de ce dumping peuvent mettre un place un
protectionnisme (mesures anti-dumping, qui viennent réduire/annihiler l’écart de prix entre le marché
domestique et le marché étranger). Si un pays pratique des subventions, un pays victime de ces
subventions peut mettre en place des dispositions anti-subvention.
- L’argument de l’indépendance nationale.
Certains régimes politiques souhaitent être indépendant des économies étrangères et isolent leur pays
par un tarif douanier élevé.
- L’argument du revenu.
Les tarifs douaniers assurent un revenu substantiel à l’Etat.
- L’argument de l’emploi.
Il faut protéger les entreprises nationales par des tarifs douaniers élevés car, si la concurrence est trop
forte ou jugée déloyale (dumping social), les entreprises nationales licencient leur main-d’œuvre. Le
taux de chômage augmente. Cette argumentation revient en force dans les médias des pays développés
actuellement avec la crainte des délocalisations.
- L’argument des industries sénescentes.
C’est un protectionnisme qui vise à protéger les industries en déclin (textile ou sidérurgie dans les
PDEM) par un tarif douanier élevé, afin de les aider à se restructurer et à se moderniser. Il s’agit d’éviter
des licenciements massifs dans ces industries vieillissantes. Le pouvoir politique peut être sensible au
groupe de pression que constituent ces chefs d’entreprise. En France, au sein du Medef, l’Union des
Industries Métallurgiques est encore très puissante.
D. Les effets pervers du protectionnisme.
- Les branches d’activité protégées ne sont plus soumises à la concurrence internationale. Cela nuit aux
consommateurs nationaux, car, sans l’aiguillon de la concurrence internationale, la qualité des produits
se détériore et le prix augmente sur le long terme. Les industriels nationaux comprennent qu’ils ont une
clientèle captive obligée d’acheter leurs produits. Ils ne font donc plus d’efforts pour améliorer leur
production par des investissements.
- Le protectionnisme est souvent une arme pour le nationalisme.
- Le protectionnisme engendre le protectionnisme : Lorsqu’un pays décide d’augmenter ses droits de
douane, ses partenaires prennent souvent des mesures de représailles en augmentant les leurs.

Chapitre 4 L’INTEGRATION
Section1: DEFINITION CONCEPTUEL
En réponse à l’interdépendance croissante des pays, imposé par le nouveau clivage mondial de plus en
plus d’Etats ont décidé de se lancer dans des processus d’intégrations sous régional, régional voir
continentale plus ou moins avancé. Dans cette perspective, l’unification des marchés européens semble
servir d’école même si certaines organisations n’aspirent pas forcément d’aboutir à une union
économique et monétaire.
I / Définition conceptuel
A / Intégration et coopération
1) / Intégration
Au sens étymologique l’intégration vient du latin intégral qui signifie rendre entier : c’est donc l’action
de faire entrer une partie dans le tout.
La définition du concept est très contre versée, le concept étant polymorphe complexe et dynamique. A
cause de son caractère multidimensionnel l’intégration peut être définit à partir de plusieurs critères :
- Selon la couverture géographique : l’intégration peut sous régional, régional, continentale
- Selon le degré de participation économique : l’intégration peut être partielle, sectorielle ou totale
- Selon la méthode d’intégration des économies nationales utilisée ou retenue : l’intégration peut être
active (création d’institutions communes) ou passive (baisse des barrières mutuelles), l’ouverture
spontané (guidé par les forces du marché) ou imposé (par des mesures gouvernementales).
- Selon l’intensité de l’intégration des économies nationales : celle-ci peut être relativement faible
(zone d’échanges préférentielle, zone de libre échanges et union douanière etc.…).
- Selon le domaine : Exemple : pour l’UEMOA
- dans le domaine monétaire : les pays disposent d’une institution de monnaie commune, disposent
d’une même politique monétaire commune,
- dans le domaine commercial : l’union douanière (UD) est effective depuis le 1er janvier 2000,
- dans le domaine fiscal : il y’a une harmonisation des régulations sur les taxes et les droits d’assises
depuis 1998.
Selon BELA BALASSA : «l’intégration peut être définit soit comme un processus soit comme un
Etat».
- en tant que processus l’intégration est le processus par lequel plusieurs pays décident de constituer un
même espace économique au sein du quelle les obstacles aux échanges tentent à être éliminés.
- en tant qu’Etat donné d’un système : l’intégration renvoi à un aspect caractérisée par un degré élevé
de cohésion social, politique et économique.

2 / La coopération
C’est un accord de partenariat conclu entre deux ou plusieurs pays ou bloques régionaux dans des
domaines qui sont bien spécifiés.
Exemple d’accord de coopération : Nord Sud en matière d’aide et de commerce : Les APE (Accord de
Partenariat Economique) entre les pays de l’union européen et entre les pays Africains.
- exemple d’accords de coopération monétaire (ACM) : ACM entre la France et les pays de l’UMOA
- exemples d’accords de coopération commercial : des accords commerciaux bilatéraux signés entre les
USA et une quarantaine de pays sud sahariennes : La loi sur la croissance et les opportunités en
Afrique (AGOA) promulgué par le président Bill Clinton en 2000.
Même si les domaines d’intégration et de coopération sont multiformes, l’intégration suppose que les
pays partagent un espace économique commun ce qui n’est pas forcement le cas en matière de
coopération.
En distinguant l’intégration de la coopération BALASSA soutenait : « si la coopération se compose
d’action ayant pour but de réduire la discrimination alors l’intégration économique en est la traduction
des mesures qui amène la suppression de la discrimination ».
À la suite de BALASSA pour distinguer l’intégration de la coopération MAURICE ALLAIS
soutenait : «l’intégration économique consiste à coordonner les intérêts réciproques à travers
l’abolissement ininterrompu des restrictions commerciales ».
B / Régionalisme et multilatéralisme
1 / régionalisation
Elle renvoie aux développements des échanges intra zone dans le cadre d’accord régionaux de formes
multiples entre des économies indépendantes et géographiquement proches, d’un point de vue
purement commerciale BOUET caractérise le régionalisme comme étant « la constitution d’accords
commerciaux discriminatoire qui implique une numérisation préférentielle des marchés des pays
membres et le maintien
des barrières douanières plus élevé pour les pays non membres ».
Exemples d’accords commerciaux régionaux : les ACR (Accords Commerciaux Multirégionaux), les
Accord de Libre Echange Nord Américaine (ALENA).
Au delà des simples accords régionaux on peut cité les CER (Communautés Economiques Régional) :
CEDEAO, UE,

2 / Le multilatéralisme (FEDERALISME)
C’est un concept utilisé dans le champ des relations internationales, il se définit comme un mode
d’organisation des relations inter- Etat qui se traduit par la coopération d’au moins trois Etats dans le
but d’instaurer des règles communes. D’un point de vue purement commerciale, le multilatéralisme est
définit par BOUET comme « une forme de coopérative d’organisation des échanges internationaux qui
suppose que les pays participant s’astreignent à des règles communes ».
Exemple : les accords multilatéraux sur le commerce qui font la close de la nation la plus favorisée
instituée par GATT dans son article premier et repris par l’OMC.
La clause de la nation la plus favorisée : prévoit que lorsqu’un membre concède à un Etat partenaire
des avançages commerciaux spéciaux, il doit concéder les même faveurs à tous les autres Etats
membres de l’OMC.
Dans le domaine environnemental on pourrait cité des accords multilatéraux sur l’environnement qui
visent à protéger et à restaurer l’environnement mondial et à contribuer au développement durable.
Exemple : la convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages
menacées d’extinction (il s’agi de la convention de Washington signé en 1976)
Exemple 2 : le protocole de KYOTO signé en 1997 qui durci la convention cadre de 1992 sur le
changement climatique.
En terme d’arbitrage entre régionalisme et multilatéralisme, l’économiste américain Jacob Viner
soutenait que « les regroupements régionaux conduisent à une allocation non optimale des échanges à
l’échelle
mondiale ». Ladite affirmation soutenu peut être comprise comme un plaidoyer en faveur du
multilatéralisme donc contre le régionalisme.
Quelques illustrations favorables à ce plaidoyer
- L’OMC est le meilleur cadre de règlement des différends qui opposent les grandes puissances
mondiales et se rapportant au commerce des produit agricoles.
- les discussions actuelles sur la pertinence ou non de l’aide du commerce accorder aux pays du Sud
(aux pays pauvres) pour leur permettre de sortir de la pauvreté sont mené à l’échelle multilatérale.
En définitive même si certains analystes comme Viner sont favorables au multilatéralisme compte
tenue du concept actuel favorable à la création de globes régionaux face au lenteur de l’aboutissement
des négociations multilatérales, les deux concepts ont tendances à se rapprocher de plus en plus.
Fort de ce constat contrairement à l’opinion selon laquelle le régionalisme serait un frein aux échanges,
les statistiques révèle que la constitution d’espaces régionaux fait plutôt progresser les échanges à la
fois intra régionaux, extrarégionaux et les échanges mondiaux.
En définitive il apparaît que la régionalisation et la croissance des échanges mondiaux interagissent
positivement.
Section 2 Les Différents formes d’intégration par le marché
En supposant que l’intégration est quelque chose de spontané le concept consiste en la création d’un
espace économique régulé spontanément par les forces du marché des différences fondamentales
existant entres les auteurs en ce qui concerne la définition des différents phase ou étapes d’intégration.
A/ Les approches néoclassiques, Marxistes et spécificité aux pays en développement
A la suite des auteurs classiques, les néoclassiques reconnaissent que la seule suppression des barrières
douanières n’est plus l’aspect le plus déterminant de l’intégration économique en soutenant que le
mécanisme de marché est un outil central.
Les auteurs néoclassiques insistent sur l’importance de la coordination des politiques économiques.
Richard l’un des fondateurs de la théorie néoclassique distingue 6 phases d’intégration par ordre
d’intensité croissante
1 – système tarifaire préférentiel (ZTP)
2 – la zone de libre échange (ZLE):
3 – union douanière (UD) : mise en place
4 – le marché commun (MC) : la libre circulation des facteur de production, des personne et des
capitaux
5 – l’union économique (UE) : qui renvoi à la mise en place de politique sectorielle commune.
6 - intégration économique (IE) :
En soulignant l’importance des facteurs socio politique et la réduction des différences socio-
économique dans le processus d’intégration, l’auteur marxiste : Ivo Fabinc 1992 propose la
classification si après :
1 – l’union commerciale ou douanière comprenant un système préférentielle et une zone de libres
échanges.
2 – l’union politique : la mise en place de politique sectoriel commune
3 – l’union politique et économique :
Les auteurs ayant développé une approche d’intégration économique
Pour les pays su système du sud PUNT distingue 3 phase dans le processus:
1 – l’union douanière ou zone de libre échange
2 – l’union fiscale :
3 – marché commun : étape suprême

B / les classifications proposé par BALASSA 1962 et par ALLAIS 1972


En matière d’intégration la classification consacrée dans la littérature économique est celle proposé par
Balassa qui distingue 5 degré d’intégrations qu’il place par ordre d’intensité croissante. Chaque degré
est constitué du précédent au quel s’ajoute un élément nouveau. En synchronisant les reformes
institutionnels nécessaires au processus d’intégration formulé par Balassa on obtient :

Mesures d’élimination des discriminations


Elimination des Tarif Libre Harmonisation Unification
Degrés tarif et Extérieur circulation de la politique et
d’intégration quotas Commun des facteurs politique institutionnelle
(TEC) de économique
productions
1. ZLE X
2. UD X X
3. MC X X X
4. UE X X X X
5. UP X X X X X

ZLE (Zone de Libres Echanges)


UD (Union Douanières)
MC (Marché Commun)
UE (Union Economique)
UP (Union Politique)
Les 5 degré d’intégrations proposé par BALASSA :
- La ZLE encore qualifier d’union tarifaire, la ZLE est un accord qui profite l’ablution progressive des
barrières au commerce intra régional et extra régional et le maintient des politiques commerciales
indépendant vis-à-vis des pays tiers.
Une zone de libre échange dispose idéalement d’un tarif zéro entre les pays membres. Il est nécessaire
dans cas d’établir un certificat d’origine (nationalité des produits) pour bénéficier de la politique
tarifaires régional.
Exemple : l’ALENA, l’AELE
- L’UD : c’est l’établissement d’un tarif extérieur commun qui distingue l’UD de la ZLE. Le TEC
(Tarif Extérieur Commun) est un ensemble de mesure tarifaires décider en commun par un groupe de
pays constituer en UD et applicable au Etats non membres dans ce cas le certificat d’origine n’est pas
exigible car tout produit d’importation est soumis aux même règles dans l’ensemble de l’union.
Exemple : L’UEMOA (2000) l’UD entre la Turquie et l’UE
- le MC : c’est une UD avec libre circulation des facteurs de production.
au sein du marché commun les Etats membre s’engage a assurer la libre circulation des marchandises,
des personnes notamment des personne et des capitaux.
Exemple : le COMESA Marche commun des Etat de l’Afrique
- l’UE : c’est un marché commun marqué par l’harmonisation des politiques économiques de Etats
membre. Dans ce cas la souveraineté économique national des Etats est transféré a une autorité
centrale
Exemple : l’UE l’union européenne qui est l’expérience d’intégration la plus achevée au monde
- l’UP: correspond a l’unification des politique monétaire, fiscale, sociale et anticyclique. Selon
Balassa c’est l’étape suprême de l’intégration, les Etat membres se transformant juridiquement en pays
unis sous la tutelle d’une autorité supranational. A ce jour il n’existe pas d’accord assez poussé.

Les différents types de blocs et leurs effets

La libéralisation des échanges peut être mise en œuvre dans un cadre régional ou multilatéral

Les blocs économiques régionaux (BER) peuvent grossièrement être considérés comme une zone
géographique dans laquelle la signification économique des frontières politiques nationales a été
limitée. On peut distinguer différents types d’accords régionaux qui recouvrent différents
engagements de la part des pays participants. Dans les zones de libre-échange, les pays
membres réduisent ou éliminent les barrières commerciales qui existent entre eux mais
conservent un régime commercial spécifique avec les pays tiers. En procédant ainsi, les pays des
zones de libre-échange peuvent, s’ils le souhaitent, protéger certains secteurs de la concurrence
des autres pays mais ils se créent aussi certains problèmes en matière d’administration des
douanes du fait de la nécessité de contrôler les réexportations. En effet, si deux pays A et B sont
membres d’une zone de libre-échange dans laquelle les droits de douanes sur les importations
sont nuls, et que A maintient un niveau élevé de taxes sur les importations d’ordinateurs tandis
que le niveau de taxes appliqué par B est faible, alors les négociants internationaux vont tenter
d’importer des ordinateurs dans le pays B pour ensuite les réexporter vers le pays A. Ce type de
problème n’existe pas dans le cas des unions douanières. Celles-ci sont comparables aux zones
de libre-échange sauf que les pays qui y participent se mettent d’accord sur un régime
commercial commun vis-à-vis des pays tiers; concrètement, cela signifie la mise en place
d’une structure extérieure commune de droits de douane. Les unions douanières n’ont pas
besoin de contrôler les réexportations. Par contre, elles laissent moins de place à chaque pays
membre pour protéger les activités qu’il souhaite car il lui faut alors négocier avec les autres
membres le niveau des droits de douanes applicables vers l’extérieur pour ces activités.
Les unions économiques constituent une forme d’engagement des BER encore plus forte. Les
unions économiques sont des unions douanières où non seulement les marchandises mais aussi
les facteurs de production peuvent circuler librement. En outre, les pays qui constituent une
union économique peuvent harmoniser d’autres éléments que leurs politiques économiques; ce
sera par exemple le cas des systèmes financiers et fiscaux ou encore des réglementations du
travail.

Quels sont les avantages pour un pays de participer à un BER? Cela dépend essentiellement des
circonstances mais, en général, les avantages seront d’autant plus importants que les économies
concernées seront potentiellement complémentaires. Si, par exemple, deux pays ont poursuivi
une politique de substitution des importations de façon à diversifier leur base industrielle mais
que leurs avantages comparatifs favorisent des activités distinctes, alors ces pays auront un
intérêt certain à former un BER. Cela tient à ce que lorsque les économies sont complémentaires,
il y a plus de possibilité pour que chaque économie renforce sa spécialisation en fonction de ses
avantages comparatifs. Une intégration commerciale sur les produits agricoles sera par
conséquent plus avantageuse si l’un des pays est spécialisé dans les cultures tropicales et l’autre
dans les cultures tempérées plutôt que si les deux pays sont l’un et l’autre spécialisés dans les
cultures tropicales ou les cultures tempérées.

Lorsque des pays décident de créer un BER, la réduction ou l’élimination réciproque des tarifs
douaniers tend à favoriser l’augmentation, entre ces pays, des flux commerciaux des produits
qu’ils échangeaient auparavant. Cet effet correspond à ce qu’on appelle une création
d’échanges commerciaux et constitue l’une des conséquences positives de la formation de blocs
économiques régionaux. Ce type d’accord favorise en outre la substitution des biens
habituellement proposés par les pays non-membres par ceux des pays membres et ceci non pas
parce que ces derniers offrent des produits meilleur marché mais bien parce qu’ils bénéficient de
tarifs préférentiels voire même d’exonérations. Cet effet correspond à ce qu’on appelle le
détournement des échanges commerciaux et constitue l’une des conséquences éventuellement
négatives sur la productivité. Les pays participant au bloc économique régional peuvent en effet
être ainsi amenés à importer des produits des uns ou des autres alors que ceux-ci sont moins
chers hors du bloc économique.

La multiplication des blocs économiques et des accords régionaux


Les traités économiques régionaux sont de plus en plus prisés

Depuis les années 50, parallèlement au déroulement de négociations commerciales


multilatérales, on a pu assister un peu partout dans le monde à la mise en place de BER aussi
bien entre pays développés qu’entre pays en développement. A ce jour, le bloc économique
régional le plus significatif est probablement celui de l’Union européenne (UE) vu qu’il a un
impact considérable sur les cours mondiaux des produits agricoles et qu’il constitue le point de
référence pour toutes les analyses et évaluations du contenu des autres accords.

Sur un total de 198 accords économiques régionaux notifiés à l’OMC (ou auparavant au GATT),
119 sont actuellement en vigueur10. En outre, au cours des dernières années, les gouvernements
des pays en développement ont clairement exprimé leur engagement pour ce type d’accords
commerciaux régionaux. L’encadré 6 présente quelques uns des principaux accords entre pays en
développement.

Quoiqu’il en soit, la dynamique politique de signature d’accords commerciaux régionaux ne fait


que croître. Plusieurs facteurs contribuent à cela: des considérations purement politiques (comme
dans le cas de l’Union européenne); la recherche d’économies d’échelle, de façon à ce que les
pays ne craignent pas que leurs producteurs nationaux soient désavantagés face à leurs grands
concurrents dans le cas où ils ne s’aligneraient pas à échelle régionale; la volonté de s’appuyer
sur des accords régionaux de façon à «entériner» et à approfondir le processus multilatéral de
libéralisation du Cycle d’Uruguay; ou encore la crainte de voir échouer les négociations du
Cycle d’Uruguay, ce qui a pu conduire certains pays à consolider les blocs régionaux pour
anticiper une éventuelle polarisation des échanges (OMC, 1998).

Dans le cadre des blocs économiques régionaux, l’agriculture apparaît souvent comme un secteur
difficile compte tenu du niveau généralement élevé des interventions sur les marchés
domestiques des produits agricoles qui visent à préserver certains seuils de prix et de revenus.
Lorsque les traités des BER entraînent un démantèlement des barrières douanières aux produits
agricoles mais que les pays conservent des politiques de prix distinctes, il faut en effet s’attendre
à de fortes distorsions commerciales. Les produits agricoles vont ainsi circuler depuis les pays à
bas prix vers les pays du bloc où les cours sont les plus élevés, déductions faites des coûts de
transport et de commercialisation. Pour toutes ces raisons, le secteur agricole est souvent soit
laissé en dehors des traités des BER (cf. le cas de la zone européenne de libre-échange), soit
soumis à une procédure de libéralisation spécifique, avec ses propres niveaux de taxation (cf. le
cas de la zone de libre-échange d’Europe centrale). Il n’est pas certain que les accords régionaux
d’intégration qui excluent l’agriculture soient toujours conformes aux dispositions du GATT
concernant les dérogations. L’une des alternatives consiste alors à mettre en place une politique
agricole commune applicable à l’ensemble de la région, comme l’a fait la Communauté
européenne. Mais si les pays du bloc concerné ont des niveaux d’autosuffisance très inégaux
pour leurs différents produits, ce type de politique commune entraînera alors une importante
redistribution des revenus comme la Communauté européenne en a fait l’expérience. Tant que
les pays qui veulent former un bloc économique ont des niveaux distincts de protection de leur
agriculture, il n’y a donc pas de solution simple à ces problèmes.

Section 3 LES FONDEMENT THEORIQUES ET HISTORIQUE DE L’INTEGRATION


I / les concepts théoriques de l’intégration
A / La conception volontariste de l’intégration : Viner (1950), LIPSEY (1957), Krauss (1971).
Jacob VINER et la théorie des unions douanières :
La formulation traditionnelle de la théorie des unions douanières se trouve dans les travaux précurseurs
de VINER (1950), de LIPSEY (1957) et de KRAUSS (1971).
En utilisant une analyse d’équilibre statique partielle, VINER démontre pour la première fois que les
unions douanières ne sont pas nécessairement bénéfiques pour le commerce international. Dans son
célèbre ouvrage « la théorie des unions douanières » publié en 1950, VINER analyse les unions
douanières en opposant les effets d’augmentations (ou de création de commerce) aux effets de
détournement de commerce. Selon l’auteur, les zones d’intégration similaires conduisent à des
allocations non optimales.
L’effet de détournement l’emporte sur l’effet d’augmentation de commerce.
Selon la conception volontaire, l’intégration régionale est un processus de déconnexion du système
productif des prix mondiaux se destinant à protéger l’économie de la mondialisation.
Le cadre d’analyse est celui des sociétés dépendantes, extraverties désarticulées et donc incapables de
construire leurs industries dans un cadre national.
Objectif : l’intégration régionale vise à réduire l’extraversion à accroître les capacités de coalition, à
créer de vastes marchés et à compenser les déséquilibres socio-économiques.
Principaux instruments :
Les principaux instruments préconisés renvoient à l’économie administrative à la forte protection des
industries régionales et à la mise en œuvre de projet ayant des effets de polarisation. Cette conception a
été longtemps défendue par les organisations du Sud comme le CEPAL (Commission Economique des
nations unies Pour l’Amérique Latine) et la CEA (Comité Economique des nations unies pour
l’Afrique).
B / La conception libérale de l’intégration par le marché et la théorie néoclassique.
Selon la conception libérale intégrer, c’est réduire les distorsions des politiques nationales et déplacer
les frontières nationales en se rapprochant du marché international. D’un point de vue commercial les
libéraux distinguent l’approche statique de l’intégration régionale de l’approche dynamique pour
s’interroger pour savoir si l’union douanière assimiler à une forme d’intégration conduit a une
optimum mondial.
L’approche statique : met en relief les effets de création et de détournement de commerce et l’optimum
de second rang.
L’optimum de second rang : tient compte de certains éléments et hypothèses négligés dans l’optimum
de PARETO (optimum de 1er rang) comme par exemple : effet d’externalisation, concurrence
imparfaite.
L’approche dynamique : vu longitudinal met en relief la concurrence, les économies d’échelles et les
variations des termes d’échanges.
Au total la théorie néoclassique de l’intégration régionale s’accorde sur un optimum mondial et
s’intègre pour savoir si l’union douanière nous rapproche de cet optimum.
A cet effet la théorie de l’optimum de second rang vient enrichir la réflexion initiale se rapprochant à
l’optimum de Paretien.
C / Les approches contemporaine de l’intégration régionales
Les mécanismes d’intégration régionale actuelle vont bien au delà de l’approche commerciale alors
privilégié par les conceptions traditionnelles.
I / La dimension institutionnelle
L’approche institutionnelle considère l’intégration régionale comme la mise en place d’un système de
règles communes instituées par les pouvoirs publiques en relation avec les acteurs privés. En
stabilisant et en sécurisant l’environnement, ces règles applicables à l’ensembles des Etats membres
d’une zone intégrée se destine à renforcer la crédibilité de la région. A ce propos l’encrage des mesures
de politiques et la stratégie déployée par l’approche institutionnelles de l’intégration pour réduire les
risques de réversibilité et favorise l’attractivité des capitaux et les technologies dans l’espace régionale.
Comparativement au réformes économiques unilatérales caractérisés essentiellement par des risques de
discontinuités temporelles et des asymétries informationnelles, les réformes régionales peuvent
contribuer à réduire les risques de réversibilités et donc à promouvoir l’initiation de règles permettant
la décision à long terme des investisseurs.
II / La dimension productive
L’intégration productive est la mise en place par les Etats des relations des projets sectoriels communs
et de réseaux transnationaux dans un cadre régional.
A / L’approche firmes réseaux
Selon cette approche régionale, se réalise dans un univers de concurrence imparfait en référence aux
hypothèses modernes du commerce internationale et d’espaces non homogènes sur la base de flux
financier d’investissement direct ou de portefeuille.
- Exemple d’organisation de la production sous forme de réseaux dans la filière électronique : le
réseaux des industries de pointe sises dans la Sillicom Valley en Californie au Etats Unis qui permet
aux firmes d’origines diverses qui y sont implantés de bénéficier d’économie d’échelle externes
imputables à la performance du secteur - Exemple de firmes réseaux dans le domaine du textile et de
l’habillement : NIKE qui est un réseaux d’entreprises qui recourt essentiellement a la sous-traitance et
qui disposent de centrales d’achats transnationale, de la distribution de masse un peu partout (en
Allemagne, en France, en Asie, en Afrique, au Magrhéb, Madagascar…)
Les investissements directs au sein des zones structure les échanges régionaux sous forme d’échanges
intra branches ou d’échange de biens et services complémentaires au sein de filières régionales.
- Exemple : les IDE qui se destine aux pays de l’ANASE (Association des Nations de l’Asie du Sud
Est) s’orientent essentiellement vers le textile l’électroménager et l’électronique à des fins de
réexportation vers le Japon
B / l’approche sectorielles
Elle s’appui sur des projets initié par les Etats qui ont des intérêt convergents - Exemple de projet
sectorielles relatif à l’exploitation de ressources commune : L’ OMVS qui regroupe la Guinée, la
Mauritanie le Mali le Sénégal et qui visent comme objectif principale de réduire la vulnérabilité des
économies des Etats membres face aux aléas climatiques et aux chocs externes
- Exemple : le projet sectoriel initié dans le cadre de la luttes contre la désertification ou la protection
de l’environnement : Le CILSS qui a lancer en mars 2009 l’initiative de la grande muraille verte du
Sahara et du Sahel.
III / La dimension territoriales
L’approche spatiale de l’intégration se caractérise par des effets d’agglomérations et de polarisations.
- les effets d’agglomérations : renvoie à des avantages lié à la concentration géographique des activités
de production et à la réduction des distances.
Le rapprochement de territoires à travers la baisse des coûts de transports et de transactions et le
transfère de technologie facilitant l’interconnexion des Etats et générateurs d’effets d’agglomérations
et partant conduit à des effets de diffusions ou des contagions de la croissance. Toute fois la
complémentarité des Etats est de mise pour que ceux-ci soient disposé à se constitués en
agglomérations et donc à échanger entre eux. Se qui permet à l’espace intégré de disposer d’un
système productif diversifié et de contrôler une grande taille du marché.
Les infrastructures d’interconnexions physiques et transactionnelles et les TIC jouent un rôle
déterminant dans l’objectif de la réduction des distances.
- les effets de polarisation (des pôles de développements) : par définition le concept de polarisation
ajoute à l’attraction d’effet d’entraînement du pôle sur le développement de l’espace régionale.
D’après les travaux de François PERROUX (1955) et de JR BOUDEVILLE (1972) le concept ainsi
définit montre que des investissements sectoriels sélectifs sont susceptibles de créer des mécanismes
multiplicateurs de croissance, dés lors il y’a d’autant plus de chances d’observer une polarisation que
les coûts des distances sont faibles et que les économies d’échelles sont fortes ce qui favorise une
concentration de la production industrielle là ou les marchés sont relativement importants, il peut en
résulter des processus cumulatifs renforçant les écarts entre les centres et les périphéries par opposition
aux pôles régionaux.
Le renforcement de l’Etat fait qu’aujourd’hui le terme est fréquemment employer par d’autres
disciplines pour rendre compte d’une aggravation des contrastes sociaux au sein d’une entité.
Exemple : A ce propos les divergences croissantes entre l’Europe et l’Afrique ou a l’intérieur de
l’Afrique entre les pôles ou les centres et les périphéries peuvent s’expliquer par le jeux des forces
centripètes qui sont de leaders qui s’articulent autour des effets d’agglomérations et du capital spatial
et qui font que des activités génératrices d’économies d’échelles sont essentiellement contrôlé par
l’Europe
IV / La dimension politique
Selon la conception diplomatique l’intégration régional se traduit essentiellement par des transfères de
souveraineté internationales les réconciliation post guerres, les négociation préventives et curatives des
conflits et les modifications des rapports de forces sont au cœur du processus d’intégration. Les
interdépendances économiques le dialogue et les convergences d’intérêts sont une manière de
contourner et ou de neutraliser les rivalités économiques.
Au total même si à travers l’approche diplomatique les regroupements régionaux permettent de
prévenir et de réguler les conflits, il n’en demeure pas moins que dans les pays en développement
ceux-ci se destinent généralement à modifier les rapports de forces dans les négociations
internationales.

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