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Economie Internationale
Plan
Introduction
Chapitre 1 Les approches théoriques de l’échange international
Section 1 Les approches traditionnelle du commerce international
1- Coûts absolus et coûts comparatifs
Les échanges internationaux désignent des échanges entre des nations. Leur développement
entraine un mouvement d’internationalisation qu’on peut définir comme l’élargissement du
champ d’activité d’une économie au-delà du territoire national par le biais des importations,
des importations et des investissements à l’étranger principalement.
Ce phénomène n’est pas nouveau puisque dès le IIème siècle avant J.C., les Chinois avaient
mis en place un réseau commercial pour exporter la soie vers l’Occident. Sans remonter aussi
loin, avant la révolution industrielle plusieurs villes avaient connu un essor considérable grâce
au commerce extérieur : Bruges (1200-1350), Venise (1350-1500), Anvers (1500-1560),
Gênes (1560-1620), Amsterdam (1620-1788). Pendant la Belle Epoque, les taux d’ouverture
des pays européens étaient presque aussi élevés qu’à la fin du XXème siècle.
Il semble pourtant s’accélérer depuis le début des années 1980 si bien qu’un nouveau terme a
été élaboré, celui de mondialisation.
La mondialisation désigne un processus qui tend vers la circulation accrue des biens, des
capitaux, des hommes, mais aussi des informations, des valeurs, des modes, etc. entre les
pays. Elle n’est donc pas qu’économique ou commerciale mais aussi culturelle. Jacques Le
Cacheux de l’OFCE la définit comme « un processus d’interpénétration croissante des
économies nationales, donc d’effacement progressif des frontières, d’affaiblissement des
régulations nationales, de déterritorialisation des activités économiques (…) »(2002). Le
géographe Laurent Carroué comme un « processus géo historique d’extension du capitalisme
à l’échelle planétaire ». (2005).
Ce terme est la traduction de la notion anglo-saxonne de globalization. Le concept de
globalisation a été popularisé par l’économiste Théodore Levitt dans un article de la Harvard
Business Review de 1983, intitulé « Globalization of Markets ». Il avait expliqué que les
avancées technologiques et les nouveaux comportements sociaux permettaient aux entreprises
de vendre les mêmes produits à travers le monde. Émergeaient de cette «globalisation» des
produits standardisés, vendus à bas prix, une convergence des marchés dans le monde entier
et un commerce international dominé par des firmes globales définissant leur stratégie au
niveau mondial. Avec la hausse du commerce international et la baisse des droits de douane,
l’entité de production ne serait plus la nation mais le « village planétaire ». La métaphore du
‘village global’ fut énoncée pour la première fois en 1967 par le philosophe canadien
Marshall McLuhan pour décrire les effets de la mondialisation, des médias et des technologies
de l’information et de la communication.
Chapitre 1 Les approches théoriques de l’échange international.
Les développements théoriques relatifs à l’échange international qui seront présentés dans ce cadre se
basent sur deux hypothèses : la concurrence est supposée parfaite et les biens produits sont
homogènes. Ces deux hypothèses sont dans la réalité très restrictives au moins pour les deux raisons
suivantes : d’abord, certains biens sont produits par un nombre réduit de firmes. A titre d’exemple,
les automobiles sont fabriquées par un nombre limité de grands constructeurs. Dans ces conditions, la
concurrence ne peut être considérées comme parfaite vu le nombre réduit d’offreurs. Ensuite,
s’agissant des biens produits, la condition de l’homogénéité est de plus en plus dépassée car, pour
répondre à des besoins spécifiques de la demande, les producteurs s’adaptent en offrant des biens
différenciés. L’exemple de l’automobile cité précédemment en est un bon exemple.
Cette brève introduction sur les fondements théoriques de l’échange international nous amène ainsi à
distinguer ce que l’on appelle la théorie traditionnelle des nouvelles théories du commerce
international. En s’inscrivant dans le cadre de la concurrence parfaite avec biens homogènes, c’est
l’orthodoxie classique qui sera privilégiée dans la section 1.
Section 1 Les approches traditionnelle du commerce international.
Les développements théoriques relatifs à l’échange international qui seront présentés dans ce cadre se
basent sur deux hypothèses : la concurrence est supposée parfaite et les biens produits sont
homogènes. Ces deux hypothèses sont dans la réalité très restrictives au moins pour les deux raisons
suivantes : d’abord, certains biens sont produits par un nombre réduit de firmes. A titre d’exemple,
les automobiles sont fabriquées par un nombre limité de grands constructeurs. Dans ces conditions, la
concurrence ne peut être considérées comme parfaite vu le nombre réduit d’offreurs. Ensuite,
s’agissant des biens produits, la condition de l’homogénéité est de plus en plus dépassée car, pour
répondre à des besoins spécifiques de la demande, les producteurs s’adaptent en offrant des biens
différenciés. L’exemple de l’automobile cité précédemment en est un bon exemple.
Cette brève introduction sur les fondements théoriques de l’échange international nous amène ainsi à
distinguer ce que l’on appelle la théorie orthodoxe des nouvelles théories du commerce international.
En s’inscrivant dans le cadre de la concurrence parfaite avec biens homogènes, c’est l’orthodoxie
classique qui sera privilégiée dans cette présentation.
1 Coûts absolus et coûts comparatifs
A/ L’avantage absolu ou coûts absolus
Derrière la notion d’avantage absolu avancée par A.Smith, il y a une notion fondamentale qui se
dégage, celle de l’efficacité dans la production comme déterminant de la spécialisation et des
échanges. Pour Smith, « quand un pays est plus efficace dans la fabrication d’un produit X
relativement à son partenaire commercial, alors que ce même pays est moins efficace dans la
fabrication d’un produit Y (toujours relativement à son partenaire commercial), chaque pays est alors
considéré comme disposant d’un avantage absolu pour l’un des produits. Par conséquent, chaque
pays doit se spécialiser dans la production du bien où il a un tel avantage ».
L’efficacité sous entend ici le coût de production. Dans l’optique classique de la valeur travail, le
coût de production d’un bien correspond à la quantité de travail nécessaire à sa production.
B/ Avantage comparatif ou coûts comparatifs
La théorie de l’échange international est essentiellement l’œuvre de David Ricardo (1817). L’apport
essentiel de cette théorie consiste à considérer que la technologie de production constitue une variable
déterminante de l’échange international. En effet, le différentiel de coûts comparatifs de production,
condition nécessaire à l’échange international, reflète en réalité une différence dans les techniques de
production.
1) Le contexte.
Sa réflexion sur le CI se repose sur sa réflexion sur l’évolution économique. Notamment Ricardo
prédit une diminution de la rémunération du travail et du capital. Une des solutions pour échapper à c
diminutions limiter la mise en culture de nouvelles terres en augmentant des importations de blés.
La réflexion de Ricardo se développe au m moment qu’un débat politico-juridique autour du « Corn
law ». C lois qui restreignaient l’importation des céréales en G-B. Dans le cadre de la lutte contre c
lois, Ricardo cherche à montrer l’intérêt pour le royaume unie d’importer un bien pour lequel il n’est
pas le mieux armé. Les corn law seront abolies en 1846 ce qui provoquera une vente de produits
anglais à l’étranger en contre partie d’importation de blé à bas prix. Ces importations de blé
provoqueront une diminution des prix de denrées alimentaires et un lissage des fluctuations de c prix.
Au final on aura l’augmentation de la stabilité de l’emploi et des salaires.
Il choisira l’exemple autour du Portugal et de l’Angleterre sur la production de vin et de draps, pour
développer sont argument.
Le raisonnement ricardien est un raisonnement qui superpose 2 niveaux d’analyse :
- tout d’abord ce raisonnement compare la position d’un pays pour pls produits en termes
de productivité relative du travail. A l’intérieur de chaque pays on classe les produits par niveau de
productivité.
- Ensuite il compare cette productivité relative obtenu en autarcie à celle d’un autre pays. Il
existera tjs un produit pour lequel un pays sera plus fort en termes de productivité que les autres pays.
2) Illustration numérique.
4 étapes :
- différence entre avantages absolus et comparatifs
- on va déterminer les prix relatifs en autarcie, et les équilibres de production pour chaque pays.
- évaluer les gains à l’échange pour chaque pays.
On prend l’exemple de 2 pays : UK et le Portugal.
On a 2 biens : draps et le vin
Imaginons qu’on a un seul facteur de production le travail.
- UK : 720 000 unité de travail
- Portugal : 560 000 unité de travail
Les 2 pays ont des technologies de production différentes.
- UK : pour produire une unité de drap il faut 100 unités de temps
- UK : pour produire une barrique de vin il faut 120 unités de temps
- Portugal : pour produire une unité de drap il faut 90 unités de temps
- Portugal : pour produire une barrique de vin il faut 80 unités de temps.
Si nos 2 pays n’échangent pas et que les UK se spécialisent dans les draps :
720 000 / 100 = 7200 unités de draps
Si nos 2 pays n’échangent pas et que les UK se spécialisent dans le vin :
720 000 / 120 = 6000 unités de vin
Si nos pays n’échangent pas et que le Portugal se spécialise dans les draps :
560 000 / 90 = 6222 unités de draps
Si nos pays n’échangent pas et que le Portugal se spécialise dans le vin :
560 000 / 80 = 7000 unités de vin
° On va calculer dans un 1er tps les coûts absolus :
- pour le drap : Coût UK / Coût Portugal = 100 / 90 = 1,11 > 1 avantage absolu pour le
Portugal dans la production de drap.
- Pour le vin : Coût UK / Coût Portugal = 120 / 80 = 1,5 avantage absolu pour le
Portugal dans la production de vin.
Avec les avantages absolus on peut pas trancher, dans quelle production le pays doit se
spécialiser.
° On va calculer dans un 2ème tps les coûts relatifs :
- pour UK : Coût du vin / Coût du drap = 120 / 100 = 1,2 (il faut 1,2 fois plus de travail
pour produire du vin que pour produire des draps).
- Pour Portugal : Coût du vin / Coût du drap = 80 / 90 = 0,89 (il faut 0,89 fois moins de
travail pour produire du vin que des draps).
Le Portugal détient l’avantage relatif dans la production de vin, alors que Uk à un avantage relatif
dans la production de draps.
CONCLUSION : Malgré un désavantage absolu dans les 2 cas pour la GB elle détient un moindre
désavantage comparatif dans les draps.
Il n’est pas nécessaire de disposer d’un avantage absolu pour exporter un bien et bénéficier du
commerce international.
Tout pays peut participer au commerce international car le principe ricardien de spécialisation fait
qu’il existera tjs un bien pour lequel un pays aura la plus grande supériorité relative en terme
d’efficacité productive mesuré par la productivité du travail.
Si on est en autarcie :
Hypothèse = les rendements d’échelle sont constants. On regarde alors les combinaisons productives.
Combinaison 1 Combinaison 2 Combinaison 3 Combinaison 4 Combinaison 5
7196 unités de
draps aux prix Draps =
international Draps = 0 1800 Vin = Draps = - 1800
Portugal (7000*1,029) Vin = 7000 5250 Vin = + 1750
Les pays sont gagnants lorsqu’ils échangent, car les consommateurs accèdent à plus de biens.
Gains de consommation :
UK : 1500 1750 donc + 250 de vin
Si Uk aurait produit elle-même le vin alors, 250 * 120 = 30 000 unités de travail. Donc on peut dire
que la Grande Bretagne économise 30 000 unités de travail grâce au CI.
Portugal : 1555 1800 donc + 245 de draps
Si Portugal avait produit lui-même les draps alors, 245 * 90 = 22 050 unités de travail. Donc on peut
dire que le Portugal économise 22 050 unités de travail grâce au CI.
Le commerce international c comme si on pouvait produire plus voir Graphique 3 et 4.
Cet effet est dû à la spécialisation. Par l’échange international, la spécialisation a permis de réaffecter
les ressources limitées en travail vers le secteur connaissant un avantage comparatif. Dans les 2 cas, les
pays obtiennent une production optimale qui est compatible avec un gain pour les consommateurs dans
les 2 pays.
Une même quantité de facteurs, mais affectés de manière plus efficace grâce à la spécialisation induit
l’augmentation de la consommation.
Gains d’efficience statique = gains de spécialisation
Les 2 pays peuvent consommer la même quantité de marchandises mais avec l’utilisation moindre des
facteurs de production.
Exemple 2
Imaginons une situation où l’Angleterre possède une supériorité absolue dans les 2 produits.
Tableau des coûts chez Ricardo
Angleterre Portugal
1 tonneau de vin 100h 120h
1 drap 100h 200h
Coût comparatif du vin par rapport au drap * 1 0,6
* nombre de drap que l’on peut obtenir avec 1 tonneau de vin ; ainsi au Portugal 1 tonneau de vin
permet d’obtenir 0,6 drap (120/200) = rapport d’échange autarcique.
Le Portugal a des coûts (absolus) plus élevés pour les deux produits. Selon la théorie de l’avantage
absolu, il ne peut y avoir d’échange entre les deux pays. Ricardo a montré que même dans ce cas
le commerce international est possible et bénéfique. L’Angleterre se spécialisant dans la
production où sa supériorité est la plus forte et le Portugal dans celle où son infériorité est la moins
grande.
Pour déterminer le sens de la spécialisation, il faut donc comparer non pas les niveaux absolus
des coûts de production mais leurs niveaux relatifs dans chacun des pays. En Angleterre, le coût
comparatif du vin par rapport au drap est de 100/100 = 1. Au Portugal, il est de 120/200 = 0.6
Le coût comparatif du vin étant plus élevé en Angleterre (1) qu’au Portugal (0.6), le Portugal
trouvera avantage à se spécialiser dans la production de vin et l’Angleterre dans celle de drap.
La spécialisation s’explique ici par les différences internationales des coûts comparatifs, c’est à dire dans les
différences de productivité. Selon Ricardo, elles résultent des différences de climat, d’avantages naturels (terres
fertiles ou non, ressources naturelles abondantes ou non), de perfectionnement technique, de qualité de la main
d’œuvre. D’autres théoriciens préciseront l’origine de l’avantage comparatif, nous le verrons dans la partie suivante.
L’avantage comparatif est la faculté pour un pays de produire un bien dont le coût de
production, comparativement aux autres biens, est moins élevé qu’à l’étranger.
L’analyse peut être étendue à plusieurs pays. Dans ce cas on observera une hiérarchisation des
avantages comparatifs. De façon dynamique, la hiérarchie peut être remise en cause et de
nouveaux avantages comparatifs se dessiner.
Cette théorie de l’avantage comparatif est valable entre pays, mais aussi entre individus. Samuelson prend exemple
de l’avocat et sa secrétaire : le meilleur avocat de New York est plus fort que sa secrétaire dans le travail de
secrétariat. Il a pourtant intérêt à se spécialiser dans le travail d’avocat et sa secrétaire dans les tâches de secrétariat
(pour lesquelles elle a un avantage comparatif à défaut d’avoir un avantage absolu).
Si les termes de l’échange se fixent à 1 tonneau de vin = 0,8 drap, les drapiers anglais économisent
0,2 drap par tonneau de vin ; les viticulteurs portugais obtiennent 0,2 drap de plus par tonneau
vendu. Pour Ricardo, le commerce international est un jeu à somme positive, contrairement à la
conception mercantiliste.
Le commerce international permet une allocation optimale des ressources, travail et capital étant
consacrés aux emplois les plus avantageux. L’esprit d’invention est récompensé, le bien être se
répand et les nations réunies par le biais de l’intérêt réciproque.
Le commerce international permet en outre d’éloigner l’horizon de l’état stationnaire pour
Ricardo. En effet, la baisse du prix du blé permet de baisser les salaires nominaux et de diminuer
la rente (les terres les moins fertiles ne sont plus cultivées), d’où une hausse des profits. En outre,
la hausse des profits est obtenue sans baisse des salaires réels, réduisant ainsi le conflit entre
capitalistes et ouvriers.
Tous ces effets positifs supposent implicitement une reconversion des travailleurs : des viticulteurs anglais
deviendront drapiers et des drapiers portugais se transformeront en viticulteurs.
Cette harmonie a cependant été contestée a plusieurs reprises, notamment avec le paradoxe Graham (1923). Ricardo
supposait des rendements constants, mais supposons que le vin soit une activité à rendements décroissants (le coût
unitaire augmente quand la production augmente) et le drap une activité à rendements croissants (le coût unitaire
baisse quand la production augmente). Selon Graham, le critère de l’avantage comparatif peut entraîner le Portugal
dans une « spécialisation perverse » et dans une situation moins favorable qu’avant car devant consacrer relativement
plus de ressources à la production.
Un pays exporte des biens qui utilisent intensivement son facteur de production relativement abondant
et importe des biens qui utilisent intensivement son facteur de production qui est relativement rare.
Plusieurs remarques :
- Le théorème n’est pas contradictoire avec l’analyse ricardienne, pcq l’explication de
l’échange international repose tjs sur des différences de coûts de production, mais ces différences
s’expliquent par des différences dans les dotations aux facteurs de production.
- Ce théorème suppose qu’on soit capable de définir la rareté ou l’abondance des facteurs
de production. Or on a 2 définitions possibles de la rareté et de l’abondance. Une définition en termes
de quantité et une définition en termes de prix.
(Quantité en K / Quantité en T) pour la France), et on regarde le rapport de cette relation avec la
tunisie.
(Rémunération du K = profit / rémunérations du travail = salaire) pour la France), et on compare
cette relation avec la Tunisie.
Définition quantité : Lorsque 2 pays échangent chacun se spécialisent dans la production du bien qui
utilise relativement plus le facteur relativement abondant.
Définition prix : Lorsque 2 pays échangent chacun se spécialisent dans la production de biens qui
utilisent relativement plus le facteur le moins cher en autarcie.
L’ouverture sur l’extérieure engendre une spécialisation à l’exportation du bien dont le prix relatif a
augmenté par rapport à l’autarcie.
Cette loi peut être formalisée à partir d'un exemple: soient 2 pays, 2 biens, 2 facteurs. Pour rendre
l’exposé plus vivant, prenons l’exemple de 2 pays (la France et la Tunisie), 2 biens (voiture et textile)
et 2 facteurs de production (capital et travail). On désigne par w le salaire réel et par r le prix du
capital. Les 2 pays sont identiques en tout point, sauf pour les dotations factorielles qui sont à la source
de l’échange. Le raisonnement se déroule en trois temps :
Tunisie : abondance relative en travail => coût relatif du travail faible => textile relativement bon
marché.
En autarcie, le prix relatif des biens dans les deux pays est : Pv/Pt < P*v/P*t.
Faisons maintenant intervenir le prix international des biens, lequel est nécessairement compris entre
ces deux rapports d’échange autarciques, sinon l’échange international ne présenterait pas d’intérêt
pour l’un des deux pays. On obtient :
L’ouverture aux échanges permet aux Français de vendre les voitures plus chères, et aussi aux
Tunisiens de vendre leur textile plus cher. Cela incite les Français à se spécialiser dans la production
de voitures qui s’accroît alors que celle de textile diminue, et la Tunisie à se spécialiser dans le textile
et à se détourner des voitures. Les Français ont un avantage comparatif dans les voitures et la Tunisie
dans le textile.
Le théorème Heckscher-Ohlin énonce que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la
production du bien qui utilise intensément le facteur dont il est relativement le mieux doté.
Les Français vont produire et exporter des voitures, la tunisie du textile. La production totale des deux
biens aura augmenté en raison d’une meilleure allocation des ressources au niveau mondial. Le niveau
de satisfaction des consommateurs va s’accroitre car ils disposent de biens meilleur marché et en plus
grande quantité. Cette loi montre donc les bienfaits du libre-échange et a pu inspirer les principes du
GATT en 1947.
Cette loi correspond finalement au bon sens : il est logique qu’un pays exporte un bien qu’il peut
produire à un coût faible. Si un pays possède beaucoup de terres et peu de main d’œuvre, il se
spécialisera dans l’élevage extensif (Argentine), dans le cas inverse dans l’élevage intensif (Pays-Bas).
Le commerce international correspond selon Ohlin à « un échange de facteurs rares contre des facteurs
abondants ». Quand le Royaume-Uni exporte des machines et que l’Australie exporte du blé, il y a
indirectement un échange de terre australienne contre du capital anglais. La mobilité des produits
remplace la mobilité beaucoup plus malaisée des facteurs de production. Signalons que le modèle peut
être étendu à un nombre quelconque de pays, de biens et de facteurs.
La spécialisation implique l’importation de l’autre bien. Ici l’origine du gain à l’échange est double :
- gains de consommation : les résidents peuvent consommer des biens importés à des prix
plus faibles
- gains de production : proviennent d’une meilleure allocation des ressources productives.
Plusieurs questions :
- si on suit une spécialisation de type H.O est ce que le CI profite à tous les pays ? La
réponse dépend de l’écart entre le prix international et le prix en autarcie. Plus l’écart est grand, plus le
gain à l’échange est important.
- Est-ce que l’ouverture dans le cadre d’une spécialisation profite à tous à l’intérieur des
pays ? Le fait d’ouvrir le pays au CI sur les fondements de facteurs de production va induire des
changements dans la structure de production du pays car cela va diminuer la production de secteurs.
Les autres théorèmes du modèle HOS :
Les Français se spécialisent dans la production de voitures et délaissent celle de textile. Les producteurs
Français vont demander plus de capital et moins de travail. Le prix du capital par rapport à celui du
travail va augmenter (le rapport r/w va augmenter). Symétriquement, la Tunisie va se spécialiser dans le
textile, d’où une demande accrue de travail et une hausse des salaires dans ce pays. Résumons : en
France, la hausse du prix relatif des voitures accroit le prix du capital, en Tunisie la hausse du prix
du prix du facteur intensément utilisé dans ce bien, le prix de l’autre facteur diminuant relativement
Continuons le raisonnement jusqu’à son terme. En France, la spécialisation dans les industries intensives
en capital va accroitre le prix relatif du capital et diminuer le prix relatif du travail. En Tunisie, la
spécialisation dans des industries intensives en travail va accroitre le prix relatif du travail et baisser le
prix relatif du capital. Par ce jeu de compensation simultanée, le prix de chaque facteur va avoir
tendance à s’égaliser entre les pays participants à l’échange international. Ceci a été théorisé par
Samuelson en 1948.
Le théorème de Samuelson (1948) affirme que commerce international tend vers une égalisation des
Ainsi, sous certaines conditions (aucun pays n’est totalement spécialisé), le commerce international est
un substitut parfait à la libre circulation des facteurs, en conduisant au même résultat d’égalisation de
leur prix, comme sur un marché national soumis à la loi du prix unique.
Les trois premiers théorème du modèle HOS sont statiques et considèrent les dotations factorielles
comme données. Une version dynamique du modèle HOS a été fournie par l’économiste américain T.
Rybczynski en 1955. Il démontre que si la quantité d’un facteur s’accroit, le coût relatif de ce facteur
baisse et le prix des produits intensifs en ce facteur diminue également. D’où une spécialisation accrue
dans les biens intensifs en ce facteur.
Comparativement aux autres nations, les Etats-Unis apparaissent comme une nation où le capital est
relativement plus abondant que le travail. On s’attend donc à ce que les Etats-Unis exportent des
biens utilisant beaucoup de capital et importent des biens utilisant beaucoup de travail.
L’économiste américain d’origine russe Leontiev a voulu vérifier si c’était le cas. Pour cela, il a
Pour les importations, il évalue le contenu en facteurs à partir des substituts américains aux
importations car dans le modèle HOS en libre-échange les intensités factorielles sont les mêmes
Or il constate qu’il y a plus de capital dans les importations des Etats-Unis que dans leurs
exportations, et plus de travail dans leurs exportations que dans leurs importations, ce qui infirme
l’hypothèse de départ.
Pour concilier la théorie et les faits, Leontiev va affirmer que, à équipement égal, le travailleur
américain est trois fois plus productif que le travailleur étranger en raison d’une meilleure
organisation du travail, d’une gestion plus efficace de la production et d’un climat de productivité
plus favorable. Ainsi pour l’année 1947, les Etats-Unis auraient compté non pas 65 millions de
travailleurs mais 195 millions de travailleurs équivalents/étrangers. Leontiev considère donc que les
Etats-Unis sont relativement bien dotés en facteur travail et que le théorème HO est vrai. Si on
admet cela, on est conduit à s’interroger sur la nature de ce travail, donc à distinguer plusieurs types
Keesing distingue 8 catégories de travailleurs depuis les plus qualifiés jusqu’à la main d’œuvre la
moins qualifiée. Il va calculer les contenus en travail qualifié et non qualifié des importations et des
exportations, pour 14 pays pour l’année 1962. Son étude montre que la part du travail qualifié dans
les exportations des Etats-Unis est supérieure à la même part des autres pays développés.
Symétriquement, la part du travail qualifié dans les importations est plus faible aux Etats-Unis que
dans les autres pays. Cf. la position médiane de la France et celle du Japon (peu exportateur de
Ces résultats confirment la découverte de Léontiev concernant le caractère intense en travail des
exportations américaines, à condition d’isoler dans le travail, le travail qualifié. En outre, ils
rejoignent les prédictions du modèle HOS, à savoir qu’un pays relativement abondant en travail
qualifié exportera des biens intensifs en travail qualifié. Mais c’est une brèche ouverte dans le
caractère naturel des dotations en facteurs, les avantages comparatifs peuvent être créés
volontairement.
La théorie de Vernon permet de donner une réponse originale au paradoxe de Léontiev : les Etats-
Unis exportent des produits quand, à leur lancement, leur production requiert plus de main d’œuvre
et les importent quand elle est plus standardisée, requérant plus de capital.
Vernon a reconnu en 1979 que sa thèse devait être amendée pour plusieurs raisons :
le temps entre l’innovation, l’exportation et l’investissement à l’étranger s’est raccourci
les Etats-Unis n’ont plus le monopole de l’innovation, l’Europe et le Japon sont devenus des lieux
de lancement des nouveaux produits
certaines FMN n’adaptent pas leurs produits selon la séquence USA/Europe/Japon mais produisent
des biens standardisés directement à l’échelle mondiale, le processus de production étant réparti
entre les divers pays et les ventes s’effectuent d’emblée sur tous les marchés (automobile)
3- Le rôle de la demande : la question des échanges croisés La théorie ricardienne et le modèle HOS
expliquent assez bien le commerce inter branche mais pas le commerce intra-branche puisque
plusieurs pays ne peuvent avoir le même avantage comparatif. La possibilité que coexistent, dans un
pays donné et pour une même branche, des exportations et des importations a été évoquée dès 1933
par Ohlin. Mais l’idée de commerce intra branche n’a été relancée qu’avec des études analysant
l’impact du Marché commun sur la spécialisation des Etats membres.
Les échanges croisés peuvent être expliqués par le rôle de la demande, à la fois au niveau
macroéconomique (Linder) et au niveau microéconomique (Lassudrie-Duchêne).
Toutefois les situations de concurrence pure et parfaite sont rares: "l’essentiel du commerce
industriel est réalisé pour des produits de secteurs que nous considérons comme des oligopoles
lorsque nous les étudions sous leur aspect domestique" (Krugman, 1989). Dans la majorité des cas
les marchés sont en situation de concurrence imparfaite où le nombre de firmes produisant un bien
et agissant sur le marché est faible.
Krugman met en avant le fait qu'il manque des éléments dans la théorie de l'avantage
comparatif qui sont les rendements d'échelle croissants et la concurrence imparfaite. Il part du
principe que les grandes sociétés possèdent un avantage démesuré sur les petites sociétés, en
l’occurrence les économies d’échelles. Les économies d’échelles permettent à ces grandes
structures de produire à un coût unitaire bien moins élevé. Il en arrive à la conclusion que les
premiers arrivés sur le marché sont avantagés. Les rendements croissants qui découlent de cette
position mènent à une situation de monopole ou d'oligopole sur le marché, créant des barrières à
l'entrée pour les nouveaux arrivants. Plus les sociétés sont grosses, plus elles réalisent des
économies d'échelles importantes, plus il est difficile pour des nouveaux arrivants d'être
concurrentiels.
Pour Paul Krugman, le commerce international est dominé et façonné par ces grandes sociétés,
provenant des pays possédant beaucoup de capital, qui sont sur des marchés à concurrence très
réduite.
peut apparenter cette théorie à une forme de protectionnisme stratégique, où les États doivent
protéger leurs sociétés, sur des marchés où la concurrence est imparfaite.
Par exemple, si une entreprise américaine est en concurrence avec des entreprises profitant d'un
coût du travail très faible, l'Etat américain peut mettre en places des tarifs douaniers afin de
rééquilibrer la concurrence.
L’environnement oligopolistique ainsi obtenu est appelé un environnement stratégique. Cet
environnement stratégique se caractérise par l’émergence et la résistance du profit. Dans ces
conditions, il peut être rationnel d’imposer une réglementation protectionniste.
P. Krugman et E. Helpman ont proposé en 1985 un modèle dans lequel chaque entreprise produit un
bien différencié (concurrence monopolistique) et génèrent des économies d’échelle. La dimension
du marché conditionne la variété des biens et l’échelle de production. Supposons par exemple qu’il
y ait 2 pays, chacun avec un marché annuel de 1 million de voitures. Les 2 pays peuvent créer un
marché total de 2 millions de voitures.
Gains à l’échange en présence de la concurrence imparfaite
Ce mouvement d’ouverture touche tous les pays européens. Le taux d’exportation (ou effort
d’exportation) augmente pour tous les pays. Pour l’ensemble de l’Europe, il passe de 4,4% en 1830 à
13,2% en 1910.
Malgré le protectionnisme ambiant et le retrait partiel de l’URSS (la valeur de ses exportations est
divisée par 2 de 1913 à 1929, en prix constants), le commerce international augmente : +60% entre
1920 et 1929, +20% entre 1913 et 1929. Le niveau d’avant guerre est rattrapé en 1924. La demande
augmente beaucoup en Europe après la guerre car de nombreux achats avaient été différés. Les
exportations américaines augmentent fortement vers l’Europe qui connaît un déficit commercial. La
baisse de la part du Royaume-Uni se fait au profit des USA. Le commerce colonial contribue à la
hausse du commerce international pour la France et le Royaume-Uni notamment.
Mais la hausse du commerce international est moins forte que celle de la production. Les crises
monétaires, la concurrence entre les monnaies, les politiques déflationnistes affaiblissent le commerce
international.
La rechute des années 1930 :
De 1929 à 1932, le commerce international a connue une baisse de 35% en volume, en raison du
protectionnisme et de la crise. Les USA choisissent le protectionnisme en juin 1930 et entraînent le
reste du monde. En Europe la chute est encore plus prononcée en raison d’un protectionnisme plus fort
et de la réorientation des flux vers de nouveaux pays (Argentine, Australie). En raison de la déflation le
commerce international a connu une baisse de 60% en valeur.
Sur une période plus longue, de 1928 à 1938, en valeur le commerce international a baissé de 5%
d’après Maddison (de 318 000$ à 302 000$), de 30% d’après Svennilson.
l’Europe régresse au profit des pays neufs : Le commerce intra européen passe de 40% du
commerce international en 1913 à 29% en 1938. Ce déclin profite à L’Amérique du Nord qui assure
22% du commerce international en 1938.
La hiérarchie des puissances commerciales se modifie : le Royaume-Uni perd la 1ère place au
profit des USA (sauf si l’on s’en tient aux seuls produits manufacturés), la France et l’Allemagne
déclinent, les pays neufs progressent, ainsi l’Argentine, l’Australie, le Canada et le Japon apparaissent
dans les 10 premiers exportateurs mondiaux. Le Japon réalise 7.5% des exportations mondiales de
produits manufacturés en 1937 contre 2.5% en 1913.
Le commerce colonial s’accroît en raison du protectionnisme ambiant et des perturbations
monétaires. La France et la GB bénéficient de monopoles commerciaux avec leurs colonies : les
produits métropolitains entrent souvent sans droit de douane. Le commerce colonial joue un rôle
essentiel : les colonies fournissent en matières premières l’Europe directement, les USA indirectement.
b) la structure par produits
Un commerce de produits primaires :
Tout au long du XIXème siècle, les 2/3 du commerce international sont composés de produits
primaires, 50% pour les seuls produits agricoles, le reste correspondant aux produits miniers. Les
produits agricoles représentent 75% des exportations américaines en 1890 (50% en 1913). Cependant,
des modifications voient le jour : la part du textile diminue alors qu’augmente celle des produits
métallurgiques et chimiques ; au sein du textile, le coton remplace progressivement la laine.
Dans l’entre-deux-guerres, la part des produits primaires reste dominante et assez stable : 64% en
1913, 63.5% en 1937. Cependant, au sein des produits manufacturés, la part des biens d’équipement
(investissement des firmes, équipement des ménages) croit régulièrement de 22.4% en 1913 à 33% en
1937 au détriment du textile. Mais la part de la production manufacturée exportée baisse nettement de
1929 à 1937 : de 25 à 12% pour la France, de 37 à 21% pour le Royaume-Uni cause du
protectionnisme et de la crise.
Les exportations européennes sont composées de produits manufacturés à 60% et les importations
comportent 85% de produits primaires. Ces chiffres évoluent peu entre 1800 et 1913.
Le cas du Royaume-Uni est emblématique : les produits manufacturés représentaient les ¾ de ses
exportations et les matières premières les ¾ de ses importations. Le Royaume-Uni importait du coton,
de la laine et des minerais ainsi que des produits tropicaux (sucre et café) dont la consommation se
banalisait avec la hausse du niveau de vie. Il exportait des cotonnades (étoffe de coton, produites en
grandes séries), des produits manufacturés et des produits alimentaires.
Les causes principales de cette expansion commerciale sont l’aide Marshall entre 1948 et 1952 qui a
permis d’amorcer les flux d’échanges, l’ouverture commerciale avec la fin de l’autarcie coloniale et
l’action du GATT, la modernisation des transports (baisse des coûts du transport [avions et bateaux] et
multiplication de la capacité de la flotte mondiale par 7 de 1950 à 1980, le développement des FMN, la
création d’espaces économiques régionaux (CEE). Signalons aussi que la croissance induit une plus
forte ouverture, les entreprises ont besoin de s’approvisionner en équipements plus sophistiqués qui ne
sont pas forcément produits sur place et les consommateurs réclament plus de diversité dans leurs
achats.
b) La rupture de 1973 :
Le prix du pétrole passe de 2 à 14$. Ce choc pétrolier entraîne une ponction de revenu de 2 à 3% du
PIB des pays industrialisés pour payer les importations de pétrole, et casse la croissance économique.
Mêmes effets du second choc pétrolier. Cela ralentit la croissance des échanges mais ne l’arrête pas.
L’essor du commerce international n’a été interrompu qu’en 1975 et 1982 où il y a eu baisse, à prix
constants. Le commerce international est donc à la fois cause (via le pétrole) et conséquence de la
récession.
Conséquence mécanique de la flambée des cours du pétrole : la part des pays exportateurs de pétrole
dans les exportations totales des PED est passée de 29% en 1963 à 55% en 1980.
Les difficultés des années 1970 sont accrues en Occident par la montée de la concurrence mondiale,
liée à l’émergence des NPI et au déclin des vielles industries. Cela provoque un renouveau du
protectionnisme, essentiellement sous la forme de barrières non tarifaires (quotas de voitures ou
d’acier, mesures anti dumping). Ce phénomène a ralenti la reprise du commerce international dans les
années 1980.
Les flux commerciaux internationaux ont enregistré une augmentation spectaculaire au cours des trois
dernières décennies. Selon les statistiques commerciales de l’OMC, la valeur des exportations
mondiales de marchandises est passée de 2 030 milliards de dollars EU en 1980 à 18 260 milliards de
dollars EU en 2011, soit une croissance moyenne de 7,3 % par an en dollars courants.
Le commerce des services commerciaux a augmenté encore plus vite pendant la même période,
passant de 367 milliards de dollars EU en 1980 à 4 170 milliards de dollars EU en 2011, soit une
croissance de 8,2 % par an.
En volume (c’est-à-dire compte tenu des variations des prix et des taux de change), le commerce
mondial des marchandises a plus que quadruplé entre 1980 et 2011.
De nombreux facteurs ont contribué à cette expansion remarquable, mais force est de constater qu’elle
a coïncidé avec une forte diminution des obstacles au commerce. Les obstacles au commerce
comprennent tous les coûts liés à la fourniture du produit au consommateur final, mis à part le coût de
production lui-même : coûts de transport (coût du fret et coût en temps), obstacles liés à la politique
commerciale (droits de douane et mesures non tarifaires) et coûts internes du commerce et des
transactions (y compris les coûts d’information intérieurs, les coûts d’exécution des contrats, les coûts
juridiques et réglementaires, la distribution locale, les procédures de dédouanement, les formalités
administratives, etc.).
Les obstacles liés à la politique commerciale peuvent être divisés en gros en droits de douane (ad
valorem et spécifiques) et en mesures non tarifaires (MNT). Bien que les droits de douane soient
encore l’instrument le plus largement utilisé pour restreindre les échanges, leur importance relative a
diminué. L’ouverture des échanges, qu’elle soit unilatérale, qu’elle résulte des accords négociés sous
les auspices de l’Organisation mondiale du commerce ou qu’elle découle d’accords commerciaux
préférentiels (ACPr), a fortement réduit le niveau moyen des droits appliqués (Rapport sur le
commerce mondial,2011). Par exemple, d’après les chiffres de la Base de données intégrées de
l’OMC, la moyenne des droits de douane imposés par les économies développées en2010-2011 sur
l’ensemble des importations était d’environ 5 %, alors que le droit moyen sur les produits non
agricoles ne dépassait pas 2,5 %.
Si la mondialisation n’est pas inédite dans l’Histoire, la nouveauté tient à la combinaison de plusieurs
facteurs qui l’accélèrent : élargissement géographique (NPIA à partir des années 1960, Amérique
latine dans les années 1980, pays de l’Est dans les années 1990, entrée de la Chine et de l’Inde dans la
compétition mondiale), intégration régionale accrue, déréglementation (finances, transport, énergie,
télécoms), globalisation des firmes, tertiarisation. La mondialisation n’est pas un sous-produit du
progrès technique, mais l’effet direct de la liberté économique.
La production mesurée par le PIB a augmenté à un rythme un peu plus rapide de 3,2 % entre 1980 et
1985,tandis que la croissance des exportations de marchandises en volume a été de 2,9 % par an en
moyenne, ce qui donne une élasticité proche de 1 (0,92pour être précis). Mais, après 1985, le
commerce mondial a augmenté près de deux fois plus vite que la production.
La croissance du commerce a été en moyenne de 5,6 %par an entre 1985 et 2011. Le PIB mondial
ayant augmenté de 3,1 % en moyenne pendant cette période, on voit que la croissance du commerce
mondial a été supérieure d’environ 1,8 fois à celle de la production.
De nombreux facteurs ont pu contribuer à la croissance plus rapide du commerce par rapport au PIB au
cours des trois dernières décennies. La fin de la guerre froide a apporté aux économies développées le
« dividende de la paix », ce qui leur a permis de réduire leurs dépenses militaires et d’accroître
l’investissement dans d’autres domaines. Le développement d’Internet et de l’économie numérique
semble aussi avoir stimulé le commerce, peut-être de manière insoutenable, comme en témoigne
l’éclatement ultérieur des bulles d’actifs de par le monde.
Enfin, les grandes économies en développement comme la Chine et l’Inde ont engagé des réformes
économiques et amorcé un processus de croissance de rattrapage dans lequel le commerce a joué un
rôle important.
Le fait que le commerce a augmenté plus vite que le PIB peut aussi s’expliquer en partie par le
développement des chaînes d’approvisionnement, caractérisées par la fragmentation des processus de
production entre les pays, et en partie par des problèmes de mesure. Les produits sont de plus en plus
fabriqués en deux étapes successives ou plus, et les entreprises ont de plus en plus recours à des
intrants matériels importés et à la délocalisation des tâches administratives. Cependant, comme le
commerce mondial est mesuré en termes bruts, il se peut que la valeur des biens intermédiaires soit
comptée plusieurs fois lorsque les marchandises traversent les frontières à différents stades de la
production, alors que les biens intermédiaires ne sont comptés qu’une fois dans les statistiques du PIB.
2) L’évolution de la composition des échanges
a) L’accroissement de la part des produits manufacturés :
Depuis 1945, la place des produits manufacturés s’est accrue par rapport aux produits primaires ce qui
reflète la nouvelle structure productive, la baisse de la protection douanière sur les produits industriels
et l’extension des activités industrielles au Tiers Monde.
les produits manufacturés représentaient juste 40 % du commerce en1900, mais leur part a atteint 70 %
en 1990, puis 75 % en2000, avant de revenir à 65 % en 2011. En revanche, la part des produits
agricoles dans le commerce mondial a diminué de façon régulière, passant de 57 % au début du siècle
dernier à 12 % en 1990, et finalement à 9 % en2011. La progression des produits manufacturés n’a été
freinée que par la hausse des prix des produits primaires, qui a eu tendance, au cours des dernières
années, à gonfler la part des combustibles et des produits miniers aux dépens des produits
manufacturés. Contrairement aux produits agricoles et aux produits manufacturés, la part des
combustibles et des produits miniers dans le commerce mondial n’a pas affiché de tendance claire
durant la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, car elle augmente et diminue avec les prix
du pétrole.
La croissance de la part des produits manufacturés est liée à la hausse des échanges croisés, c'est-à-dire
du commerce intra-branche. Le commerce international est dit intra branche quand deux pays
échangent des produits appartenant à la même branche ou la même catégorie de produits. Pour le dire
autrement, un même pays est à la fois importateur et exportateur de biens issus de la même industrie.
L’intensité du commerce intra branche d’un pays peut être calculée à l’aide d’un indicateur défini par
Grubel et Lloyd (1975). Cet indicateur s’écrit:
I = 1 – [(Xi – Mi) / (Xi + Mi)]
où i est une branche quelconque.
Si le commerce intra-branche est fort, Xi = Mi => Xi – Mi tend vers 0 et I se rapproche de 1.
Le commerce intra branche s’est beaucoup développé dans les années 1960 et 1970 en Europe, en lien
avec la CEE. Le coefficient est largement supérieur à 50% pour les pays d’Europe dès 1975. Il
augmente fortement pour les Etats-Unis (48% en 1985) et reste faible au Japon (20%). Il représente
environ 50% des échanges entre pays développés. Le commerce intra branche est élevé pour les biens
sophistiqués, comme la chimie, la pharmacie, les équipements pour la production d’énergie.
Commerce intrasectoriel : La théorie néoclassique est utile pour expliquer de nombreux aspects du
commerce international, mais elle ne tient pas compte de plusieurs phénomènes importants,
notamment du commerce à l’intérieur d’un même secteur (commerce intrasectoriel). Par exemple, le
fait que l’Allemagne et le Japon exportent tous deux des automobiles l’un vers l’autre est difficile à
prendre en compte dans un cadre théorique où l’avantage comparatif conduit à un haut niveau de
spécialisation. Les modèles de concurrence monopolistique, notamment celui de Krugman (1979), sont
intéressants parce qu’ils conduisent naturellement au commerce intrasectoriel, c’est-à-dire que des
paires de pays peuvent exporter et importer les mêmes types de produits.
Les hypothèses fondamentales de Krugman sont les rendements d’échelle croissants liés à la
technologie et les préférences liées au « goût pour la variété ». Les rendements d’échelle croissants
sont modélisés par l’introduction d’un coût de production fixe : quand une entreprise accroît sa
production totale, même en maintenant constant le coût unitaire, le coût fixe est réparti sur un plus
grand nombre d’unités, de sorte que le coût moyen baisse. Dans ce contexte, la concentration de la
production est efficiente. Cela contraste avec l’existence de nombreux producteurs dans un secteur.
Pour concilier ces deux éléments divergents, Krugman pose l’hypothèse d’une concurrence
monopolistique entre les entreprises. Autrement dit, les producteurs vendent des produits légèrement
différenciés – de marques ou de qualité différentes –, mais qui ne sont pas des substituts parfaits. Par
conséquent, alors que chaque entreprise est supposée avoir un monopole pour sa propre variété, elle
est quand même soumise à la concurrence des autres entreprises : elle vendra une quantité moindre de
sa variété si le nombre d’autres variétés vendues augmente.
D’après le modèle de Krugman, les pays peuvent tirer un gain du commerce en ayant accès à une plus
grande variété de biens et en réalisant des économies d’échelle dans la production. Selon cette
approche, les entreprises se spécialisent dans certaines variétés de biens, mais on peut aussi appliquer
le modèle au commerce du XXIe siècle, dans lequel les entreprises peuvent au contraire choisir de se
spécialiser dans certaines tâches.
Les principaux enseignements de ce tableau sont que le commerce intrasectoriel a tendance à être plus
important dans les économies développées industrialisées(États-Unis, Union européenne, Canada,
Suisse) et dans les économies en développement qui s’industrialisent rapidement (Hong Kong, Chine ;
Singapour; Malaisie et Thaïlande) alors qu’il est relativement limité dans les économies en
développement riches en ressources(Algérie, Nigéria, République bolivarienne du Venezuela)et dans
les PMA (République centrafricaine, Niger et Madagascar). Les indices GL moyens n’ont guère
changé entre 1996 et 2011, les principales exceptions étant le Panama et l’Égypte. Les économies
développées, comme les États-Unis et l’Union européenne, ont plus de commerce intrasectoriel avec
d’autres économies développées, tandis que les économies en développement, comme la Malaisie et la
Thaïlande, ont plus de commerce intrasectoriel avec d’autres pays en développement.
Bien que la Chine et la République de Corée soient qualifiées d’économies en développement, leur
structure est en réalité plus semblable à celle des économies développées, car elles ont réussi à
s’industrialiser, alors que de nombreuses économies en développement plus pauvres et riches en
ressources n’ont pas réussi à le faire.
Le Japon est aussi un peu atypique dans ces tableaux, car son indice GL moyen est assez faible par
rapport à ceux des autres économies développées et il a plus de commerce intrasectoriel avec des
économies en développement. Son indice GL global peu élevé pourrait être dû au fait qu’il a peu de
ressources naturelles et doit importer la plupart de ses matières premières. Le niveau relativement
élevé du commerce intrasectoriel du pays avec des économies en développement pourrait s’expliquer
par sa proximité géographique avec les économies en développement d’Asie et par le fait que bon
nombre de ces économies apparemment en développement sont en fait industrialisées.
la nature des préférences des pays peut expliquer pourquoi des économies similaires font souvent plus
de commerce entre elles, ce qui vaut aussi pour le commerce intrasectoriel. Les modèles d’échanges
simples supposent généralement que les pays ont des préférences homothétiques, ce qui signifie que
les parts de budget resteront constantes quel que soit leur niveau de revenu. Si l’on assouplit cette
hypothèse, les pays ayant des revenus similaires auront tendance à consommer et à produire des types
de biens similaires. Linder (1961), par exemple, montre que les entreprises qui produisent dans un pays
riche situé à proximité d’un grand marché consommateur de produits de haute qualité(ou de luxe) ont
un avantage comparatif dans la production de ces produits. En outre, les entreprises exportatrices
trouvent des marchés plus vastes pour leurs produits de qualité dans les autres pays riches.
Fieler (2011) montre également pourquoi les pays pauvres, même s’ils ont un niveau de revenu
analogue, commercent beaucoup moins les uns avec les autres qu’avec les pays riches. Son modèle
indique que les volumes d’échanges entre pays similaires dépendent du degré de différenciation des
produits. Les pays dont la productivité globale est faible ont des salaires bas et produisent des biens
moins différenciés. Les pays technologiquement avancés ont des salaires élevés et produisent des biens
dont la technologie varie davantage d’un pays à l’autre. Dans ce contexte, les pays riches commercent
beaucoup entre eux parce que les biens ayant une forte élasticité-revenu sont plus différenciés, alors
que les pays pauvres commercent entre eux parce que les biens ayant une faible élasticité-revenu sont
moins différenciés.
b) La stabilité de la part des services
Les services constituent près des 2/3 de l’activité des pays développés mais seulement 20% du
commerce international. Dans la décennie 1990, le rythme de croissance du commerce international
des biens et celui des services a été le même : 6% par an.
Deux types de barrières contraignent l’essor du commerce international de services. D’une part des
barrières techniques car la nature même de certains services réclame la proximité du fournisseur et de
son client (coupe de cheveux, consultation médicale). D’autre part des barrières réglementaires car des
règles nationales assez contraignantes, au nom de la protection du consommateur ou de l’indépendance
nationale, restreignent la fourniture de services par des firmes étrangères.
En matière d’exportation de services, les pays occidentaux ont une longueur d’avance. L’Union
Européenne, et plus particulièrement le Royaume-Uni, sont traditionnellement bien placés en matière
d’assurance, de finance, d’informatique. Les points forts des Etats-Unis résident dans les redevances et
licences (utilisation de brevets, droits d’auteurs, marques commerciales), et les services culturels
(licences d’exploitation, services audiovisuels). Hollywood s’exporte encore relativement bien !
Mais un redoutable concurrent est apparu depuis les années la fin des années 1990 avec l’Inde qui est
devenue le premier exportateur mondial de services fournis à distance, c'est-à-dire le cas où le
fournisseur et l’utilisateur restent sur leurs lieux d’installations respectifs (mode 1)). Les exportations
indiennes de services représentent maintenant ¼ de ses exportations de marchandises. Elle capte plus
de la moitié du chiffre d’affaires mondial délocalisé dans les activités de services, les technologies de
l’information et les processus de traitement informatique des entreprises, ce qui lui a valu le surnom de
bureau du monde.
c) La modification de la DIT :
La DIT traditionnelle dans laquelle les pays développés exportent des produits manufacturés vers les
PED et les PED exportent des produits primaires vers les pays développés représente moins de 30% du
commerce international. Pourquoi une telle diminution par rapport au XIXème siècle ? Deux facteurs
explicatifs ont été donnés.
Les PED exportent aujourd’hui majoritairement des produits manufacturés et non plus des produits
primaires. La part des produits manufacturés dans les exportations de marchandises de l’ensemble des
PED est passée de 25% en 1980 à 60% en 1998. Dans certains pays les évolutions ont été
spectaculaires : cette part est passée entre 1980 et 1994 de 2% à 51% en Indonésie, de 18% à 83% en
Malaisie. L’Afrique et le Moyen Orient restent encore à l’écart du mouvement, d’où de grandes
différences au sein des PED.
La place des PED a varié longtemps en fonction des cours des matières premières : 28% en 1980 à
20% en 1986 (contre choc pétrolier) et à 26% en 1993. Depuis les années 1990, l’essor des pays
émergents a accru la part des PED dans le commerce international qui a atteint 37% en 2006. Le
commerce des pays émergents est particulièrement vigoureux ; sur la période 2003-2007, la hausse
annuelle des exportations a été de 10% pour les PED contre 6% pour les PDEM. En revanche, la part
des PMA ne dépasse pas les 0 ,5%.
L’Union européenne, les États-Unis et le Japon ont tous enregistré une diminution de leur part des
exportations mondiales entre 1980 et 2011. La part de l’Union européenne est passée de 37 % à 30 %,
celle des États-Unis de 11 % à 8 % et celle du Japon de 6 % à 5 %.
Le commerce mondial de marchandises en 2008 :
Exportateurs Importateurs
1 Allemagne Etats-Unis
2 Chine Allemagne
3 Etats-Unis Chine
4 Japon Japon
5 Pays-Bas France
(source :OMC)
Le changement dans la composition du commerce par pays concerne aussi le volume des échanges
effectués à l’intérieur des groupes de pays et entre eux. Dans ce contexte, les économies développées
sont couramment qualifiées de Nord, et les économies en développement/émergentes de Sud, le
commerce entre ces deux groupes étant appelé commerce Nord-Sud.
la part du commerce Nord-Nord n’a cessé de baisser, passant de 56 % en1990 à 36 % en 2011. Cette
baisse a coïncidé avec l’accroissement du commerce Sud-Sud, qui est passé de8 % à 24 % pendant
cette période. La part du commerce Nord-Sud est restée remarquablement stable depuis2000, aux
alentours de 37 %.
La part croissante du commerce Sud-Sud dans les exportations mondiales peut s’expliquer par
plusieurs facteurs, dont l’un est le nombre d’ACPr négociés entre les économies en développement.
Ces accords représentent en fait la majorité des nouveaux ACPr conclus depuis1990 (Rapport sur le
commerce mondial, 2011). Même si certains d’entre eux ne sont pas pleinement mis en œuvre, il faut
s’attendre à ce que l’ouverture accrue des échanges et la réduction des obstacles au commerce entre les
économies en développement entraînent une augmentation du commerce Sud-Sud.
Une autre explication moins simple mais plus probante du schéma révélé par la figure B.8 a à voir avec
la nature des préférences des pays : si les économies en développement ont des préférences non
homothétiques (c’est-à-dire que les consommateurs désirent une plus grande variété de biens à mesure
qu’ils s’enrichissent), elles peuvent commencer à produire et à consommer des quantités croissantes de
produits similaires à mesure que leur revenu augmente. Si c’est effectivement le cas, on peut s’attendre
à ce que les économies en développement qui connaissent une croissance rapide commercent
davantage non seulement les unes avec les autres, mais aussi avec les économies développées
auxquelles elles ressemblent de plus en plus. Cela expliquerait à la fois la part croissante du commerce
Sud-Sud et la part déclinante du commerce Nord-Nord dans les exportations mondiales de produits
manufacturés. Ce résultat peut dépendre beaucoup de la manière dont on définit les groupes des pays «
développés » et des pays « en développement», car le reclassement des nouvelles économies
industrialisées d’Asie dans la catégorie des pays développés pourrait arrêter instantanément la
diminution de la part du commerce « Nord-Nord » dans le commerce mondial.
La montée de l’Asie :
Depuis 1973, les courants d’échange les plus dynamiques concernent la zone asiatique. Pour la
première fois en 1984, les échanges transpacifiques dépassent par leur importance les échanges
transantlantiques alors qu’en 1963, le commerce transpacifique ne représentait que le tiers du
commerce transatlantique. Dès la fin des années 1990, 90% des circuits intégrés produits dans le
monde viennent d’Asie.
Ce qui frappe, c’est la corrélation qui existe dans cette région entre le développement du commerce
international, et la croissance économique. Sans la liberté des échanges, jamais ces pays n’auraient
connu un développement aussi spectaculaire.
L’ascension de l’Asie s’est faite de manière progressive, par vagues concentriques. Le Japon ouvert la
voie après 1945, il abandonne l’expansionnisme militaire, reconstitue sa puissance industrielle et se
tourne vers la conquête de marchés extérieurs. Cette percée nipponne s’explique par une stratégie
industrielle et commerciale mises en œuvre de façon concertée par l’Etat et les grands groupes. Les
entreprises bénéficient de coûts salariaux faibles puis ensuite de produits et procédés innovants.
Epargne, formation, innovation, maitrise des prix constituent la clé du succès.
Les mêmes raisons expliquent la montée des Nouveaux Pays Industrialisés d’Asie (NPIA). Leur part
dans les exportations mondiales est passée de 5,1% en 1983 à 10,4% en 1994. Ces pays, appelés
« NPI » connaissent un rythme d’industrialisation élevé et des politiques de promotion des
exportations. Une première vague des NPIA s’est formée à partir des années 1960 avec les 4 Dragons
d’Asie du sud-est : Hongkong, Singapour, Taiwan, Corée du Sud. Leur poids dans les exportations
mondiales dépasse désormais les 10%. En 1988, Taiwan est devenu le 10ème exportateur mondial de
produits manufacturés, juste derrière les Pays-Bas, tandis que Hong Kong occupe la 11ème place, la
Corée du Sud la 12ème et Singapour la 17ème. Les pays importateurs sont principalement les pays
développés. Les secteurs les plus pénétrés : initialement les vêtements et la chaussure ; ensuite,
télécommunications, hi-fi, vidéo.
Une deuxième vague de NPIA a surgi à partir des années 1980 avec les Tigres : Thaïlande, Malaisie,
Indonésie, Inde, Philippines. La Chine, à partir des années 1990, constitue une troisième vague. Ces
pays se sont spécialisés dans l’exportation de produits manufacturés banalisés.
Les pays NPIA ont suivi la théorie du développement en vol d’oies sauvages du japonais Akamatsu
(1935). Celle-ci décrit la succession des importations et exportations d’un pays au cours de son
développement.
1ère phase : le pays exporte des matières premières et importe des produits manufacturés
2ème phase : le pays commence à produire sur place des biens manufacturés et importe des biens
d’équipement
3ème phase : le pays exporte des biens d’équipement et importe des matières premières.
En d’autres termes, le pays importe le produit, puis il substitue la production nationale aux
importations, enfin il l’exporte. Dans ce modèle d’industrialisation, on observe qu'un pays initie le
processus d'industrialisation sur un produit à faible technicité, puis l'abandonne pour un produit à plus
haute valeur technologique. C’est ce que l’on appelle la remontée de filières. Cet abandon permet à
un autre pays d'entamer son propre processus d'industrialisation. D’où les vagues successives de pays
rentrant dans la modernisation qui font penser à un vol d’oies sauvages.
d) L’essor de la Chine :
Elle est devenue le premier exportateur mondial en 2009, devant l’Allemagne.. La Chine a bénéficié,
en plus des atouts communs aux autres NPIA, de nombreux IDE et les entreprises dont le capital est
étranger sont à l’origine de 40% des exportations. La Chine exporte massivement des produits textiles,
des vêtements, mais aussi produits à plus fort contenu technologique comme les téléphones portable,
machines, électronique grand public.
Avec 1 % des exportations mondiales en 1980, la Chine n’était que le dixième exportateur parmi les
économies en développement mais, en 2011, sa part avait atteint 11 %,ce qui faisait d’elle le premier
pays en développement exportateur et même le premier exportateur mondial si l’on compte séparément
les membres de l’UE. En 1980, la République de Corée, l’Inde et la Thaïlande ne figuraient même pas
parmi les dix premiers pays en développement exportateurs, mais en 2011, leur part était passée à 3 %,
2 % et 1 %, respectivement.
Au-delà de ces chiffres, on peut tirer deux caractéristiques remarquables de la croissance chinoise
actuelle. D’abord, une croissance extravertie : les exportations pèsent aujourd’hui près de 40% du PIB
chinois contre 10% en 1980. C’est une proportion que l’on retrouve par exemple en Irlande ; or
habituellement le commerce extérieur représente une part très faible de l’activité des pays de grande
taille (environ 10% aux Etats-Unis, au Japon et dans l’UE à 15).
Ensuite, un fort excédent commercial. En bonne logique, un pays connaissant une forte croissance
devrait voir ses importations augmenter plus vite que ses exportations et connaître un déficit
commercial financé par le recours à l’épargne provenant de pays plus riches en moindre croissance,
comme la Corée du sud dans les années 1960 et 1970. En Chine c’est le contraire, du fait notamment
de la faiblesse de la demande intérieure (salaires faibles). Cet excédent a fait naitre une controverse au
sujet de la sous-évaluation du yuan.
(1)
où ACRk (i,w) : représente l’avantage comparatif révélé, du pays i par rapport au reste du monde, pour le
produit k.
Xk (i) : exportations du bien k par le pays i au monde w.
Xk (w) : exportations du bien k par le monde.
TX (i) : total des exportations du pays i au monde.
TX (w) : total des exportations mondiales.
Un indice supérieur à 1 pour un pays donné déterminerait un avantage comparatif de ce pays sur le
commerce du produit en question. Ceci indique que la part des exportations de ce produit dans les
exportations totales du pays considéré est supérieure à la moyenne mondiale.
Certaines économies développées (Canada, Royaume-Uni) ont vu leur avantage comparatif se
détériorer dans le secteur manufacturier en général, tandis que d’autres ont subi une baisse dans
certains secteurs manufacturiers (fer et acier en Australie, produits chimiques en Norvège, produits de
l’industrie automobile en Suède, matériel de bureau et de télécommunication au Japon, etc.). Certaines
économies développées ont vu leur ACR s’améliorer (produits agricoles en Nouvelle-Zélande, acier au
Japon, textiles aux États-Unis), mais les perdants sont généralement plus nombreux que les gagnants
dans les secteurs manufacturiers de pointe.
Parmi les économies en développement, il y a une divergence entre celles qui sont riches en ressources
et celles qui sont en cours d’industrialisation. Des pays comme la Chine, le Mexique et la Turquie, qui
avaient un fort avantage comparatif dans les produits primaires l’ont perdu récemment et ont enregistré
des gains dans les produits manufacturés. En revanche, la Fédération de Russie, le Brésil et l’Inde ont
soit perdu leur avantage comparatif dans le secteur manufacturier, soit gagné un avantage dans les
produits primaires, soit les deux à la fois.
Dans les grandes économies en développement (dont le Brésil, la Chine, la Fédération de Russie,
l’Inde et la Turquie), la croissance économique rapide enregistrée récemment a été obtenue de
différentes manières selon le pays. Dans certains cas, le travail et le capital ont été utilisés pour
alimenter la croissance du secteur manufacturier tourné vers l’exportation, tandis que dans d’autres, la
croissance a reposé davantage sur les prix mondiaux élevés des produits de base, qui échappent à leur
influence. Dans ces circonstances, la croissance économique peut être plus durable dans le premier
groupe et peut connaître des hauts et des bas dans le second.
Ces résultats sont conformes aux études empiriques plus sophistiquées qui confirment que les pays
sont devenus moins spécialisés au fil du temps. Proudman et Redding(2000), par exemple, utilisent des
modèles de convergence des revenus basés sur la dynamique de distribution (Dornbusch et al., 1977)
pour évaluer les schémas de spécialisation – représentés par l’avantage comparatif révélé – des États -
Unis, du Japon, de la France, de l’Allemagne et de l’Italie entre 1960 et 2010.
Ils constatent des changements importants dans la répartition de l’ACR selon les secteurs au cours du
temps.
Levchenko et Zhang (2011) ont étudié l’évolution de l’avantage comparatif pour un ensemble de 75
pays développés et en développement au cours des50 dernières années. Les auteurs utilisent la
productivité totale des facteurs (PTF) par secteur pour rendre compte du niveau technologique relatif
des pays.26 Le principal résultat de leur étude est que, dans les pays développés comme dans les pays
en développement, la productivité a augmenté plus vite dans les secteurs où les niveaux de productivité
relatifs étaient plus bas.
Carrere et al. (2009) confirment indirectement que l’avantage comparatif a changé de secteur au cours
du temps : pour un ensemble de 156 pays développés et en développement, les auteurs constatent que,
pendant la période 1988-2006, les exportations se sont diversifiées,
puis se sont de nouveau concentrées avec le revenu, tandis que les pays à faible revenu se sont
diversifiés dans des produits existants et de nouveaux produits et les pays riches ont reconcentré leurs
exportations. À mesure qu’ils s’enrichissent, les pays accumulent du capital et améliorent leurs
techniques de production ; ils cessent donc d’exporter des produits différenciés de faible valeur ayant
une forte intensité de facteurs tels que la main-d'œuvre peu qualifiée, qui ne correspondent plus à leur
nouvelle dotation en facteurs.
Ce dernier résultat est conforme à des modèles comme celui de Romalis (2004), qui prédit que les pays
accumulant un facteur plus vite que le reste du monde verront la structure de leur production et de
leurs exportations s’infléchir vers les produits qui utilisent ce facteur de manière plus intensive.
L’auteur le confirme dans les données et constate que les pays à croissance rapide ont vu la structure
de leurs exportations évoluer vers des secteurs à plus forte intensité de compétences et de capital.
Heller (1976) montre aussi que le changement de dotation en facteurs du Japon entre 1956 et 1969 a
transformé son avantage comparatif en matière de commerce. Ses exportations se sont réorientées vers
les secteurs à forte intensité de capital. Ce changement a été accentué par l’augmentation relativement
plus rapide de ’intensité de capital dans ces secteurs.
Comme le suggère la théorie économique classique, la spécialisation dans la production et
l’exportation de certains produits sur la base de l’avantage comparatif a un effet sur le bien -être des
pays. Le théorème de Stolper-Samuelson implique qu’avec la libéralisation des échanges, le prix du
facteur relativement abondant augmente, et le prix du facteur relativement rare diminue.
De ce fait, le déplacement de l’avantage comparatif au cours du temps, expliqué dans cette section,
aura des incidences sur les inégalités et le développement à l’intérieur des pays.
Spécialisation de l’économie tunisienne et impérative de diversification:
Nous recherchons tout d’abord la spécialisation de l’économie tunisienne et les produits pour les quels,
elle dispose des avantages comparatifs et dans un deuxième lieu, on évalue les efforts de
diversification. On s’intéresse à une diagnostique de l’avantage comparatif des produits tunisiens, dont
on utilise l’indicateur de la contribution à la balance commerciale et celui d’avantage comparatif
révélé, on s’intéresse ensuite à l’évolution du commerce intra branche via l’indicateur de Grubel &
Lloyd (1975).
Les produits ayant une contribution positive à la balance commerciale :
Afin de calculer cet indicateur nous avons utilisé la classification de l’INS des valeurs des importations
et des exportations par chapitre douanier à un niveau à 2 chiffres du Système harmonisé (SH2) , et
ceux pour les années 2004 - 2011 (Tableau 3). Grâce à cet indicateur, on a pu révéler que le secteur
primaire et secondaire, certainement, les produits appartenant au secteur des IAA (viande) et au secteur
du textile ; ont une contribution positive à la balance commerciale depuis 2004. Cependant, on constate
l’absence des produits pétroliers, produits chimiques et les produits pharmaceutiques parmi cette
catégorie des produits, bien qu’ils constituent des produits particulièrement cruciaux pour le
développement national.
Indicateur d’avantage comparatif révélé [B. Balassa (1966) ]:
Trois secteurs présentent, depuis 2002, des avantages comparatifs révélés avec l’UE, ils sont
caractérisés par l’indicateur d’avantage comparatif révélé supérieur à l’unité; textiles et articles de
textile, industrie agroalimentaire et Chaussures. Le classement des secteurs selon leurs avantages
comparatifs révélés n’a pas subi de fortes modifications depuis 2002. Au contraire des textiles, des
chaussures et des industries agroalimentaires occupent les premières places, les industries mécaniques
(les Véhicules, avions navires et équipements de transport associés), les produits des industries
chimiques, les industries de produits métalliques et métallurgiques et les industries manufacturières
diverses affichent des désavantages très manifestes.
Afin d’évaluer les efforts de diversification il est important d’analyser l’évolution du commerce intra
branche prônée par la nouvelle théorie.
Indice de GRUBEL & LLOYD (1975) :
On se propose de calculer l’indice de Grubel Lloyd à partir de 2004, en utilisant la classification de
l’INS des valeurs des importations et des exportations par chapitre HS2. Cet indicateur s’écrit comme
suit : IGi = 1- (Xi-Mi /Xi+Mi),
avec Xi est la valeur des exportations du produit i, et Mi la valeur des importations du produit i. Après
avoir calculé cet indicateur pour tous les chapitres douaniers, on relève les chapitres qui présentent de
valeur de l’indice de Grubel Lloyd proche de l’unité durant les années étudiées.
Les résultats obtenus nous permettent de constater une régression des échanges intra branches durant
ces dernières années pour les animaux vivants et les produits du règne animal, produits du règne
végétal et Huiles essentielles parfumerie (des valeurs de IG respectivement de 0.94, 0.96 et 0.74 en
2003 contre ; 0.97, 0.85et 0.60 en 2006). Les échanges intra branches des ouvrages en cuir ont assisté à
une dégradation durant les années 2005, 2006,2007 et 2008, néanmoins, en 2011, on a enregistré une
intensification marquée par un IG de valeur de 0.98.
La Tunisie dispose d’un avantage comparatif pour le secteur secondaire plus important que ce du
secteur secondaire, certainement, on enregistre des valeurs de l’indice très proche de l’unité pour le
dernier secteur marqué essentiellement par un échange intrabranche important pour les Ouvrages en
cuir, Coton et produits de Navigation maritime . Cependant, ce schéma de spécialisation est basé sur
des produits traditionnels intensifs en main d’œuvre peu qualifiée, bon marché et à faible contenu
technologique.
L’impératif de diversification :
Afin de renforcer son intégration internationale, la Tunisie est appelée à diversifier ses exportations qui
sont fortement concentrés au niveau du secteur des textiles habillements représentant, en 2011, 70%
des exportations du secteur manufacturier. Cet essor est dû essentiellement à la croissance de branche
d’habillement qui s’est poursuivi à un rythme soutenu sur la période 1997-2005 : les exportations ont
grimpé de 50% pour atteindre 4.020 milliards de dinars en 2001, soit un taux de croissance annuel
moyen de 8.5%2.
Par ailleurs, en 2011, on a enregistré une baisse de 0.8 % des exportations de la branche habillement
par rapport à 2010 [Banque Centrale (2010)]. Hors cette concentration représente un risque majeur
pour l’économie nationale en dépit d’une part, du démantèlement des accords multifibres qui a généré
la croissance des parts du marché de certains pays concurrents (Chine) sur le marché de l’UE au
détriment de la Tunisie, et d’autre part du crise économique marquant l’UE.
Par ailleurs, on remarque une forte dépendance du marché européen et plus particulièrement du marché
français, italien et allemand, avec des parts respectives dans les exportations totales de 32.9%, 24% et
8.4%, et ce pour l’année 2011.
En 2010, la Tunisie a exporté pour prés de 10885.5 MDT vers l’UE ( 80% des exportations totale),
alors que 77.7% de nos importations en provenance de l’UE [Banque Centrale (2010)] . De ce fait, il
est important de noter que la Tunisie exporte peu vers des marchés particulièrement dynamiques tels
que la Chine, l’Inde, les Etats unies ou le Royaume-Uni, effectivement elle a des parts de marché
importants que sur des marchés peu dynamiques (France, Italie) ou en déclin (Allemagne). Quoique, le
commerce sud-sud et l’intégration économique régionale pourraient également contribuer à la
diversification des exportations.
Il est important pour la Tunisie d’opter pour une plus grande diversification des marchés des
exportations en vue d’atténuer la vulnérabilité des exportations tunisiennes face à la baisse de l’activité
économique en Europe, les marchés cibles pourraient être donc les pays Arabes, les pays de l’Afrique
et les pays d’Amérique du nord.
Par ailleurs, on a pu relever les principaux secteurs par chapitre douanier via le système harmonisé à
deux chiffres (HS2) ayant marqué un avantage comparatif soit interbranche, soit intra branche. Ainsi
cette étape de travail sera suivie par une étude économétrique analysant les différents déterminants de
ces avantages comparatifs à savoir les facteurs prix et hors prix.
Donc une agrégation des secteurs (HS2) en secteur primaire et secondaire, sera indispensable,
afin d’étudier, d’une manière plausible, la réaction de la balance commerciale aux différents
déterminants et ce en comparant l’effet de ces déterminants sur la compétitivité des deux secteurs
versus la balance commerciale avec l’UE et quelques pays Hors Union ayant de régime des Nations les
plus Favorisés (NPF).
Dans le premier cadran « gagnants sur les secteurs porteurs » figurent les produits gagnants (Bonne
compétitivité de la Tunisie) dans des secteurs porteurs au niveau international (bonnes perspectives
du marché mondial). Ils regroupent les produits pour lesquels la Tunisie dispose d’un degré de
spécialisation favorable et qui affichent une dynamique à l’échelle mondiale. Autrement dit, ce sont
les produits pour lesquels la Tunisie jouit d’un avantage de compétitivité et favorablement
demandés par des marchés porteurs à l’échelle mondiale. Cette catégorie de produits représente
24,7% des exportations tunisiennes en 2010. Ce pourcentage est en nette augmentation par rapport à
2001 où il s’établissait à 17,7%. Cela traduit une forte tendance à la spécialisation des exportations
tunisiennes sur des marchés porteurs.
On relève dans cette catégorie de produits le groupe du chapitre préparation à base de céréales,
farines, amidons (biscuits additionnés d’édulcorants), le groupe du chapitre engrais qui comprend
essentiellement les produits dérivés du phosphate, les produits graisses et huiles végétales
(notamment les produits de l’agriculture et des industries alimentaires : huile d’olive et produits
dérivés et pâtes alimentaires), les produits du chapitre machines, appareils et matériels électriques
(les fils et câbles, les tableaux, panneaux, consoles, pupitres, transformateurs, appareils électriques
de signalisation, accumulateurs), les produits des chapitres fonte, fer, acier et ouvrage de fonte (fils
en fer ou en aciers, ressort et lames de ressorts en fer ou en acier), les produits du chapitre sel,
soufre, terres et pierres, plâtres ( Sel, chlorure de sodium pur, le phosphate de calcium et les
ciments) et enfin les produits des chapitres de l’industrie de l’habillement (châles, écharpes,
foulards, costumes, tailleurs pour femme et fillettes, collants, manteaux, survêtement de sport).
Cependant, ces produits relèvent, dans une grande proportion, soit de l’agriculture soit du pétrole et
des dérivés du phosphate. Si les premiers sont assujettis à des aléas climatiques, les seconds
dépendent des prix mondiaux ce qui les rend fragiles et peu stables, malgré le dynamisme affiché
sur la période.
Dans le deuxième cadran « perdants sur les secteurs porteurs », on retrouve les produits perdants
(faible compétitivité de la Tunisie) mais dans des secteurs dynamiques et porteurs au niveau
mondial (bonnes perspectives au niveau mondial). Autrement dit, ce sont aussi des produits pour
lesquels les exportations tunisiennes s’avèrent peu compétitives alors que le marché mondial de ces
produits est dynamique. En gros ce sont les produits à opportunités non exploitées. Cette catégorie
de produits représente 11% des exportations tunisiennes en 2010 contre 9% en 2001. Deux familles
de produits de cette catégorie représentent une part significative des exportations tunisiennes. Ce
sont : les sous produits d’huiles brutes de pétrole et les appareils électriques pour la téléphonie et les
récepteurs de télévision. On retrouve également, les autres produits agricoles, les produits raffinés
du pétrole et les articles en plastique.
Dans le troisième cadran « gagnants sur les secteurs en déclin» figurent les produits gagnants
(Bonne compétitivité de la Tunisie) mais dans le secteur en repli et peu porteur au niveau
international (marché mondial peu dynamique et sans perspective). Ils regroupent les produits pour
lesquels la Tunisie dispose d’un avantage comparatif mais dont la demande mondiale n’est pas
dynamique. Ces produits représentent environ 46,3% des exportations tunisiennes totales en 2010
contre 63,6% en 2001. On relève dans cette catégorie de produits : les produits de l’industrie de
l’habillement, des produits de la construction électrique et électronique, des produits du travail du
cuir, des produits de la mer et des ouvrages en matière plastique.
Dans le quatrième cadran « perdants sur les secteurs en déclin » (en bas et à gauche) figurent les
produits perdants pour lesquels les exportations tunisiennes s’avèrent peu compétitives (faible
compétitivité) dans des secteurs en déclin au niveau mondial (marché mondial en repli et sans
perspective). Ils regroupent les produits peu compétitifs mais dont le marché international est
faiblement porteur.
La part dans les exportations est passée de 9,7% en 2001 à 17,5% en 2010. Il s’agit principalement
des vêtements, du matériel de télécommunication, de l’électronique grand public et de la
quincaillerie.
Comment expliquer ce recul des performances à l’exportation ?
Ces résultats laissent déduire la présence d’opportunités non exploitées par la Tunisie aussi bien au
niveau des marchés qu’au niveau des secteurs. Ce qui explique, du moins en partie, les faibles
performances à l’exportation. Trois arguments ont fréquemment été avancés pour expliquer les
contre-performances.
- les premiers renvoient à des éléments structurels sur lesquels des décisions en matière de politique
économique n’ont que peu de prise à court-moyen terme mais qui peuvent exercer une influence
décisive sur le dynamisme relatif des exportations à long terme. En effet, une réorientation
favorable vers des marchés dynamiques et des produits porteurs ne peut se faire que dans un cadre
de vision de moyen et long terme. Il est donc illusoire que de considérer le recul des performances à
l’exportation comme une dégradation circonstancielle, qui pourrait se résorber ou se retourner
spontanément. les premiers renvoient à des éléments structurels sur lesquels des décisions en
matière de politique économique n’ont que peu de prise à court-moyen terme mais qui peuvent
exercer une influence décisive sur le dynamisme relatif des exportations à long terme. En effet, une
réorientation favorable vers des marchés dynamiques et des produits porteurs ne peut se faire que
dans un cadre de vision de moyen et long terme. Il est donc illusoire que de considérer le recul des
performances à l’exportation comme une dégradation circonstancielle, qui pourrait se résorber ou se
retourner spontanément.
- les seconds renvoient aux déterminants classiques de la compétitivité. Il s’agit plus
particulièrement de l’évolution relative des coûts de production en l’occurrence les coûts salariaux,
les taux de change et les prix à l’exportation. Les résultats des travaux de recherche obtenus à ce
sujet suggèrent que la compétitivité prix n’explique qu’une faible partie (environ 20%) de
l’évolution des parts de marché.
- Les troisièmes renvoient plutôt aux déterminants hors-prix tels que la perception du rapport qualité
/ prix des produits exportés, la montée en gamme, le contenu technologique des produits, la capacité
d’adaptation des exportations à l’évolution de la demande mondiale. D’un point de vue général, les
éléments hors prix expliquent environ 80% la position des pays performants en termes de parts de
marché.
En effet, le sentiment largement partagé aujourd’hui est que la mauvaise position des produits
tunisiens en termes d’image hors prix ne faisait apparemment qu’amplifier le handicap en termes
d’image prix. Il va sans dire que les éléments hors prix constituent désormais la voie la plus
indiquée pour gagner le pari de la compétitivité. Pour rester compétitives face aux autres pays et
pour remédier aux insuffisances structurelles caractérisant ses exportations, la Tunisie est appelée à
investir dans cette voie. Elle doit privilégier les produits à fort contenu technologique dont le
développement nécessite des actions vigoureuses en matière d’investissement physique et humain,
de maîtrise technologique, de recherche et développement, d’amélioration de gestion au niveau de
l’entreprise et de commercialisation.
Ces actions, si elles doivent surtout être à l’initiative du secteur privé local, devraient aussi
rechercher le concours du secteur privé étranger surtout sous forme de partenariat, pour ce qu’il
offre en termes d’accès aux marchés internationaux, de savoir-faire et d’innovation technologique.
Cette dernière est considérée aujourd’hui comme l’un des facteurs clés d’une meilleure
compétitivité.
Analyse dynamique de l’Avantage Comparatif Révélé en Tunisie et en comparaison
internationale
La Tunisie devrait détenir un avantage clair dans l’exportation des biens à forte intensité de main
d’œuvre pour lesquels les pays de référence sont en train de perdre leur avantage comparatif. Selon
l’approche d’identification et de facilitation de la croissance, nous cherchons à identifier le potentiel
d’exportation en jugeant si les pays de référence avec des facteurs de production similaires sont en
train de devenir moins compétitifs dans la production de certaines de leurs exportations. Sur les
décennies écoulées, les augmentations de salaires dans les pays à revenus plus élevés conjuguées à
la réduction des coûts du transport ont causé la migration d’une grande partie de la production des
pays à revenus élevés vers les pays à revenus plus bas. En fait, les salaires en Tunisie sont restés
relativement bas par rapport aux pays de référence, ce qui pourrait doter la Tunisie d’un important
avantage pour produire et exporter davantage de biens à forte intensité salariale avec une demande
mondiale stable ou en hausse et où les coûts de la production dans les pays de référence à croissance
rapide sont devenus relativement chers. Une analyse de l’ACR de la Tunisie révèle que le secteur
avec le plus grand nombre de produits affichant un avantage comparatif révélé est le secteur du
textile suivi par l’industrie mécanique et électrique. Sur un total de 148 produits pour lesquels la
Tunisie possède un ACR supérieur à l’unité, 39 produits font partie du secteur du textile et huit de
l’industrie du cuir et de la chaussure (annexe 7.1). La Tunisie compte aussi 19 produis dans
l’industrie mécanique et électrique avec un avantage comparatif révélé. Certains produits agricoles
présentent aussi un ACR élevé. Sur les 148 produits avec un ACR supérieur à l’unité en Tunisie, la
demande mondiale sur 82 produits a baissé entre 2000 et 2010. Les secteurs qui marquent une
croissance aussi bien à l’exportation qu’au niveau de la demande mondiale sont les engrais et
certains produits mécaniques tels que les récepteurs de télévision, les moteurs électriques et les
câbles isolés. Notre analyse souligne que les pays de référence ont vu leur ACR baisser pour
plusieurs industries et secteurs dans lesquels la Tunisie dispose déjà d’un bon ACR, qui lui
permetrait de tirer profit des délocalisations anticipées hors de ces pays. Sans grande surprise,
l’analyse des changements des ACR dans les pays de référence sur la décennie écoulée confirme un
déclin significatif des ACR dans quelques industries à forte intensité salariale (annexe 7.2). Dans
plusieurs de ces secteurs et produits, la Tunisie possède un bon ACR ; et dans plusieurs d’entre eux
le pays a vu son ACR se développer le long de la décennie écoulée (contrairement aux pays de
référence). En outre, beaucoup de ces produits (mais pas tous) ont connu une croissance de la
demande mondiale pendant la décennie passée. Pour affiner l’analyse nous répartissons ces secteurs
et produits sur quatre groupes. Nous sommes particulièrement intéressés par le Groupe 1 qui met en
exergue les industries et secteurs dans lesquels la Tunisie a un fort potentiel de développement de sa
part d’exportation à la lumière de la hausse de la demande mondiale. Les résultats font ressortir que
des industries et secteurs connexes à 4 chiffres peuvent se trouver dans des groupes différents, de
façon à ce que globalement l’analyse révèle un potentiel, dans un nombre relativement bien
identifié de secteurs susceptibles de connaître des délocalisations hors des pays de référence,
notamment dans les secteurs suivants: (a) textile et habillement, (b) cuir et chaussure, (c) industrie
électrique et mécanique, et équipement de transport, (d) produits chimiques, (e) matériaux de
construction en verre, fer, et métal, et (f) mobilier de maison et sanitaire. La Tunisie semble avoir, à
différents degrés, un potentiel dans ces secteurs et les divers produits sont plus ou moins
prometteurs suivant l’évolution de la demande mondiale. Il faudrait également noter que plusieurs
de ces secteurs sont classés (selon l’Organisation des Nations Unies pour le Développement
Industriel, ONUDI) en tant que secteurs à niveaux moyen et élevé de qualification et incluent donc
des segments qui pourraient créer des emplois pour les diplômés. En se basant sur ces résultats, le
Cadre d’identification et de facilitation de la croissance propose une approche pour favoriser le
développement de ce potentiel sans introduire de distorsions. Le Cadre d’identification et de
facilitation de la croissance propose la manière selon laquelle les autorités peuvent faciliter le
processus d’essais et d’erreurs qu’implique toujours un développement industriel réussi (Lin et
Monga, 2010). Pour les industries et secteurs à fort potentiel dans lesquels certaines entreprises
locales privées sont déjà présentes, comme celles identifiées dans le Groupe 1 ou le Groupe 2, les
autorités devraient essayer d’identifier les contraintes à la mise à niveau technologique ou à la
venue de nouvelles entreprises, et prendre les mesures nécessaires pour éliminer de telles
contraintes.
La brève discussion ici porte sur les secteurs du textile et des industries électronique et électrique,
mais il serait important d’effectuer des études sectorielles approfondies pour identifier les
manquements significatifs en matière de coordination ou d’autres contraintes spécifiques au secteur.
Dans les industries qui ne comptent pas d’entreprises locales, comme celles identifiées dans le
Groupe 4, les décideurs politiques peuvent essayer d’attirer les investissements directs étrangers
(IDE) à partir des pays de référence, ou organiser de nouveaux programmes pour les incubateurs
d’entreprises. Le gouvernement peut également compenser les entreprises pionnières dans les
industries identifiées ci-dessus à travers des incitations fiscales pour une période de temps limitée
et/ou cofinancer les investissements. Ceci dit, au-delà des industries identifiées ci-dessus, le
gouvernement devrait aussi promouvoir la découverte spontanée par les entreprises privées et
soutenir la valorisation des innovations privées dans de nouvelles industries. Dans ce contexte, les
zones économiques spéciales ou les parcs industriels pourraient s’avérer utiles dans le dépassement
des obstacles à l’installation de nouvelles sociétés et aux IDE et l’encouragement de la formation de
filières industrielles.
Analyse de « l’espace-produits » en Tunisie
Une étude récente a montré que les changements des ACR des nations sont régis par le schéma de
“rapprochement” des produits au niveau mondial. L’analyse de l’espace des produits complète de
manière étroite l’analyse de l’ACR présentée dans le paragraphe précédent. Elle fournit une
représentation dynamique des changements dans l’ACR de la Tunisie faisant ressortir le potentiel
que la Tunisie pourrait avoir en diversifiant ses produits sur la base de l’analyse des schémas des
exportations mondiales. Lorsque les pays changent leur bouquet d’exportations, il existe une plus
forte tendance pour bouger vers des biens connexes plutôt que des biens éloignés.
L’analyse de l’espace-produits se base sur l’hypothèse selon laquelle il serait plus facile pour un
pays d’exporter un nouveau produit si les facteurs de production nécessaires sont déjà utilisés dans
la production d’autres biens dans ce même pays (Haussmann et Klinger, 2007). L’analyse de
l’espace des produits représente cette idée de manière graphique. La distance entre deux produits est
mesurée en tant que probabilité conditionnelle qu’un exportateur ayant un avantage comparatif
révélé dans un produit X a aussi un ACR dans un produit Y.7 Cette approche se base sur les
données empiriques qui prouvent que les pays ont tendance à diversifier leurs produits à travers des
produits proches à ceux dans lesquels ils sont déjà spécialisés (pour l’exportation). Fait curieux, il
se trouve que les pays spécialisés dans des produits plus “connectés”, dont la production nécessite
des capacités qui sont utilisées pour la production d’autres biens sont en mesure d’améliorer leur
panier d’exportations plus rapidement. La carte de l’espace-produits tunisien est bien moins
développée au niveau du noyau densément lié par rapport aux pays de référence. Lorsque comparée
à des pays comme la Turquie, la Thaïlande, la Croatie ou même l’Indonésie, la Tunisie semble être
bien moins développée au niveau du noyau densément lié (voir Sahnoun et Schiffbauer, 2012). Par
rapport à ces pays, la Tunisie possède des parts d’exportation plus faibles sur les marchés mondiaux
dans le noyau industriel de l’espace-produits qui inclut des industries avec une valeur ajoutée plus
élevée telles que l’électronique, les produits chimiques, la machinerie industrielle. Etant donné
l’avantage potentiel en termes de coût des salaires, les entreprises tunisiennes peuvent avoir un
avantage comparatif en s’étendant sur ces marchés. Lorsque l’on examine les changements dans
l’espace-produits tunisiens à travers le temps, nous distinguons clairement l’émergence de
nouveaux produits dans le pôle des produits électroniques. L’illustration dynamique de l’espace-
produits montre les changements de l’ACR des exportations tunisiennes le long de la décennie
écoulée dans le contexte de l’espace-produits exportés à l’échelle mondiale. Le graphique fait la
différence entre les quatre différentes catégories d’exportations tunisiennes. D’abord les triangles
bleus qui illustrent les produits classiques pour lesquels la Tunisie avait déjà un ACR en 2000 - 02
et aussi en 2007 - 09. Ensuite, les produits en voie de disparition sont représentés sous forme de
carrés rouges et montrent les produits pour lesquels la Tunisie avait un ACR en 2000-2002 mais pas
en 2007-2009. Puis, les produits émergents qui sont représentés par des diamants verts et montrent
les produits pour lesquels la Tunisie avait des ACR en 2007- 2009 mais pas en 2000-2002. Enfin,
les produits marginaux qui sont les produits pour lesquels la Tunisie n’a pas encore d’ACR
(0.5<ACR<1) mais a enregistré une croissance positive (10 pourcent de plus) depuis 2000-2002 et
sont représentés sous forme de “pentagones jaunes”. L’illustration dynamique de l’espace-produits
tunisiens montre que la Tunisie continue à avoir un nombre de produits classiques (triangles bleus)
avec des ACR et a gagné plusieurs ACR dans le noyau étroitement lié (diamants verts). La Tunisie
continue à avoir un nombre de produits classiques avec un ACR dans le domaine du textile et de
l’habillement, et a gagné plusieurs ACR dans l’électronique et le noyau étroitement lié (diamants
verts). La Tunisie a gagné, pendant la décennie écoulée, des ACR dans 11 catégories de produits
proches du noyau étroitement lié ou du pôle électronique. Ils sont essentiellement dans la
transformation des métaux et aussi la transformation du fer et de l’acier (par exemple, les articles en
fer ou en acier, autres plaques et tôles en fer ou en acier, les structures et composants de structures,
le fer), ou les matériaux de construction. La Tunisie a aussi eu un ACR dans 4 produits classiques
dans le pôle électronique et composantes électriques proche du noyau en 2000 - 02 et a gagné 5
ACR supplémentaires reliés à ce pôle en 2007 - 09 (par exemple, les machines à calculer et les
caisses enregistreuses, les lignes électriques pour téléphone, autres machines et équipement
électrique, les récepteurs télé et équipement informatique autonome). Il s’agit de produit de haute
technologie (avec un PRODY moyen de 19 000 US$).9 La Tunisie a spécifiquement gagné en
compétitivité dans 4 produits à PRODY élevé et ce avant 2000 - 02 et a pu acquérir un ACR dans 6
produits supplémentaires le long de la décennie écoulée. A titre d’exemple, le pays exporte
actuellement avec succès deux types de récepteurs télé. En plus, la Tunisie avait un ACR dans les
boites et emballages en 2000 - 02 et a pu gagner des ACR dans des produits étroitement liés en
2007 - 09 tels que les récipients métalliques pour le stockage et le transport (par exemple, les
tonneaux, les bidons et boites en fer/acier) ainsi que la confiserie et le chocolat. L’analyse montre
également que la Tunisie possède un ACR croissant dans divers produits supplémentaires proches
du noyau étroitement lié (pentagones jaunes). L’analyse de l’espace des produits laisse penser que
la Tunisie a le potentiel d’étendre sa production et ses exportations des biens qu’elle produit déjà et
a des opportunités grandissantes de diversification pour d’autres produits proches des produits que
la Tunisie exporte déjà. Comme déjà mentionné ci- dessus, la Tunisie possède un fort avantage
comparatif révélé dans une large gamme de produits qu’elle exporte déjà notamment dans plusieurs
produits du secteur textile et cuir et dans l’industrie mécanique et électrique. L’analyse de l’espace-
produits fait aussi ressortir des produits à fort potentiel dans des domaines tels que le textile et les
tissus, les machines et l’électronique, les produits chimiques, les matériaux de construction et
l’agroalimentaire. Comme déjà discuté plus loin, pour plusieurs de ces produits, la demande
mondiale n’a pas cessé d’augmenter pendant la décennie écoulée. Selon cette analyse, la Tunisie a
un fort potentiel pour se développer dans plusieurs des sous-secteurs/produits existants. Cependant,
il importe d’entreprendre des études sectorielles approfondies pour identifier les problèmes
significatifs en termes de coordination ou tout autre obstacle spécifique au secteur.
Les exportations de la Tunisie ont baissé en marge extensive pendant la décennie passée, ce qui
traduit le fait que son panier des exportations soit lourdement dominé par les biens ayant connu une
croissance lente dans le commerce mondial. Tout comme ses comparateurs régionaux et pays de
référence, les exportations de la Tunisie ont baissé en marge extensive pendant la décennie écoulée.
En fait, la baisse de la Tunisie en termes de marge extensive a été plus raide que la plupart des pays
de référence et comparateurs régionaux (figure 7.2). En plus, à la différence des pays comparateurs,
la Tunisie n’a pas étendu ses exportations en marge intensive. Les pays de référence les plus
dynamiques, à l’exception de la Malaisie, ont connu une chute de leur marge extensive mais ont pu
développer leur part d’exportations en étendant leur marge intensive. La croissance des exportations
de la République Arabe d’Egypte a été, dans une large mesure, le résultat de la hausse dans son
portefeuille d’exportations le long de la marge intensive.
Cette faible performance traduit le fait que le portefeuille des exportations tunisiennes se focalise
sur les biens qui perdent de l’importance dans le commerce mondial. La demande mondiale sur
plusieurs produits en rapport avec les produits de l’artisanat, le textile non synthétique et le cuir,
pilier des exportations tunisienne, n’a pas cessé de se réduire. La demande sur les câbles électriques
est en train de croître lentement. Les engrais (près de 5 pourcent des exportations tunisiennes), les
équipements électriques (principalement les commutateurs), les récepteurs télé et les instruments
médicaux sont les seules exportations tunisiennes avec une part au-dessus de 1 pourcent du taux
annuel mondial de croissance de la demande dépassant 2 pourcent. La faible pénétration des
exportations tunisiennes laisse penser qu’il existe encore une forte marge de développement en
exportant davantage des produits que le pays vend déjà. Pour étendre les exportations en marge
intensive il serait possible d’exporter les produits existants vers de nouveaux marchés. Pour mesurer
la portée de l’expansion des exportations le long de cette ligne, Brenton et Newfarmer (2009) ont
développé un index de pénétration des exportations. Cet index est défini en tant que part des
marchés potentiels de destination qui importent réellement les produits qu’un pays donné exporte.
La Tunisie n’exporte que vers 7 pourcent environ des pays qui importent des marchandises exportés
par la Tunisie, ce qui montre qu’il peut y avoir une grande marge pour que la Tunisie exporte
davantage des produits déjà existants. Il apparait que la Tunisie exploite très mal les opportunités de
commercialiser ses produits sur les marchés régionaux et mondiaux. En fait, son index est très en
dessous de celui des pays de comparaison et est particulièrement faible pour les exportations vers sa
propre région et vers les Etats-Unis.
En se limitant aux exportations vers l’UE, il est clair que la Tunisie n’a fait que commencer à
gratter la surface du potentiel des exportations vers cette région. Comme discuté dans le Chapitre
Un, le potentiel d’expansion des exportations tunisiennes vers l’UE demeure plus grand que le
potentiel en Afrique ou au Moyen-Orient et Afrique du Nord. La valeur des exportations de la
Tunisie en tant que part du total des importations de l’UE (ou du PIB) reste insignifiante et la
Tunisie, exporte à peine vers la plupart des 28 pays de l’UE. Ainsi, même s’il est vrai que les
exportations tunisiennes se concentrent vers l’UE et que les perspectives de croissance sont plutôt
limitées, ces pays présentent un bien plus grand pouvoir d’achat que la région Moyen-Orient et
Afrique du Nord ou l’Afrique. La diversification géographique est bien sûr un objectif significatif,
mais il importe de souligner que le potentiel offert par les 28 pays de l’UE reste de loin la plus
grande opportunité pour la Tunisie. Par conséquent, à court et moyen termes, et en plus de l’effort
consenti pour renforcer l’intégration commerciale à travers le Maghreb et avec la région Moyen-
Orient et Afrique du Nord et avec l’Afrique (Banque Mondiale 2012),14 la Tunisie devrait
continuer à œuvrer pour une plus grande intégration avec les pays de l’UE (c.-à-d. au-delà de la
France et de l’Italie). (Banque Mondiale 2014). En somme, la Tunisie devrait mettre l’accent sur
l’établissement de règles de jeu équitables comme prérequis pour augmenter la marge intensive de
ses exportations et diversifier son portefeuille d’exportations vers des produits qui possèdent une
part grandissante sur le marché mondial. La faible pénétration des exportations traduit la nature du
modèle économique tunisien qui reste focalisé sur l’assemblage et d’autres tâches à faible valeur
ajoutée pour la France et l’Italie. Ceci est largement dû à l’environnement politique qui a empêché
les entreprises de grimper dans la chaîne de valeur ajoutée. En effet, comme déjà discuté ci-dessus,
la Tunisie semble détenir un grand potentiel pour approfondir la valeur ajoutée dans plusieurs
produits de son portefeuille actuel d’exportations et de s’étendre sur des produits étroitement liés.
Chapitre 3 LES POLITIQUES COMMERCIALES
Le protectionnisme et le libre-échange
L’évolution historique : la difficile victoire du libre-échange sur le protectionnisme.
- Avant 1786, le protectionnisme est la norme. Il est défendu par le mercantilisme.
- Reprenant les idées des physiocrates, Adam Smith défend dans son ouvrage, « De la richesse des
nations » (1776), le libre-échange.
- 1786 : 1er traité de libre-échange entre la France et le Royaume-Uni. Sous l’influence des
physiocrates, Louis XVI accepte ce traité qui abaisse pour la première fois les droits de douane sur
certains produits.
- 1789-1814 : L’Empire napoléonien est hostile au libre-échange. Le commerce avec le Royaume-Uni
est interdit durant le blocus continental.
- 1815 : Les « Corn laws » au Royaume-Uni protègent la production de céréales britanniques contre la
concurrence étrangère. Les taxes douanières sont augmentées. L’aristocratie des grands propriétaires
fonciers est avantagée.
- 1817 : David Ricardo propose sa théorie des avantages comparatifs dans son ouvrage « Des principes
d’économie politique et de l’impôt ». Ricardo est hostile aux « Corn laws », qui empêche l’échange
commercial, la spécialisation et la croissance.
- 1841 : Friedrich List défend le protectionnisme éducateur dans son ouvrage « Système national
d’économie politique ». Les Etats allemands s’industrialisent, protégés par une barrière douanière
commune.
- 1846 : Les « Corn laws » au Royaume-Uni sont supprimés. Le Royaume-Uni défendra toujours
désormais la théorie du libre-échange.
- 1860 : Traité de libre-échange entre le Royaume-Uni et la France de Napoléon III
- A la fin du XIX siècle, une forte crise économique pousse la France à protéger ses agriculteurs. Ce
sont les « tarifs Méline » de 1892-1897 qui taxent fortement les importations de produits agricoles.
- 1917 : La révolution bolchevik en Russie, puis la théorie stalinienne du « socialisme dans un seul pays
» coupe les liens commerciaux de l’URSS avec le reste du monde capitaliste.
- 1929 : La crise boursière déclenche la grande dépression des années 30. Tous les pays tentent de se
protéger en augmentant leurs droits de douane.
- 1939-1945 : La seconde guerre mondiale pousse certains pays à rechercher l’autarcie (Allemagne
nazie, Italie fasciste, Japon impérial…).
- 1947 : signature du GATT, qui diffuse le libre-échange dans le monde, par l’abaissement des droits de
douane sur les produits industriels. Cette institution organise à cette fin une série de négociations : «
Kennedy round » (1964-1968), « Tokyo round » (1973-1979), « Uruguay round » (1986-1994).
- 1957 : La création de la CEE diffuse largement le libre-échange en Europe de l’Ouest.
- 1995 : L’OMC remplace le GATT, en élargissant ses compétences.
I- LE LIBRE-ECHANGE.
Le libre-échange est la doctrine économique favorable à la libre circulation des marchandises. Cette
libre circulation peut s’étendre aux services, aux capitaux et à la main-d’œuvre. Pour cela, les libre-
échangistes préconisent la suppression de toutes les entraves aux échanges.
A la fin des années 1970, les théories et les pratiques libérales supplantent le keynésianisme qui paraît
impuissant à vaincre la crise.
Au même moment, un peu partout en Occident, les forces libérales-conservatrices s’imposent sur le plan
politique avec Margaret Thatcher élue en 1979, Ronald Reagan en 1980, Helmut Kohl qui accède à la
chancellerie en 1982 et la droite française RPR-UDF revient au pouvoir en 1986 sur un programme
d’inspiration libérale.
On assiste ainsi à un virage libéral, qui donne désormais la priorité à la rentabilité des entreprises, à
l’amélioration de la compétitivité globale de l’économie et à une lutte ardue contre l’inflation. Les
échanges internationaux se font alors sous la théorie du libre-échange, système politique qui prône la
libre circulation des produits et services au sein d’une même zone géographique par la suppression des
barrières douanières.
Le libre-échange est un système politique et économique qui se base sur les théories traditionnelles du
commerce internationale qui tendent à décrire et expliquer la nature des échanges, leurs causes, leurs
conséquences et leurs structures. En effet, dans la théorie traditionnelle, le libre-échange permet à une
nation de se spécialiser conformément à ses avantages comparatifs et donc de tirer bénéfice des
différences entre les nations.
Dans une période contemporaine où des institutions internationales comme le Fonds monétaire
international (FMI), la Banque Mondiale ou encore l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui
considèrent l’ouverture des économies « comme la politique de développement la plus efficace, en
permettant aux pays qui suppriment les barrières aux échanges internationaux d’atteindre des taux de
croissance élevés », il convient de s’interroger sur la validité des théories du libre-échange, de ses réels
impacts et de ses gains.
En accroissant le volume de production, une entreprise pourra répartir les coûts fixes de manière plus
importante sur ses produits, ce qui permettra une baisse du coût unitaire de production (le coût fixe
moyen diminue), indépendamment des coûts variables. Les coûts baissent ainsi en fonction du volume
de production.
La libéralisation commerciale permet des économies d’échelles pour l’entreprise, car l’augmentation du
marché incite les entreprises à produire plus, soit dû à la concurrence ou à une hausse de la demande, et
ces derniers peuvent alors bénéficier de gains de productivité.
En outre, le libre-échange accroît la concurrence et incite à innover. Effectivement, par
la pression qu’exerce la concurrence, les producteurs cherchent à différencier leurs produits et cherchent
ainsi à innover : ils investissent alors dans certaines machines pour accroître la qualité de leurs produits.
En somme le libre-échange pousse les entreprises à se développer face à une concurrence accrue, et
cherchent à atteindre le plus possible les consommateurs.
Les gains du consommateur sont tout d’abord des gains de variétés : La libéralisation des échanges a
rendu accessible une gamme plus large de produits.
En effet, le mécanisme de la concurrence étant actionné, les entreprises cherchent à diversifier leurs
produis et à les différencier de ceux des concurrents. La stratégie de différenciation bénéficie aux
consommateurs qui « expriment ainsi une préférence pour la variété ».
De plus, lors de l’instauration d’un tarif douanier, le prix du bien augmente, le surplus du consommateur
diminue. A l’inverse, lors d’une libéralisation des échanges qui s’effectuent par la suppression des
barrières douanières, les prix à la consommation baissent puisque le produit importé vaut alors moins
cher.Dès lors le pouvoir d’achat des consommateurs augmente.
Aussi, les stratégies des entreprises en terme de compétitivité prix bénéficient aux consommateurs : par
le processus concurrentiel engendré par le libre-échange, les entreprises cherche à atteindre les
consommateurs par des prix inférieurs ce qui accroît leurs pouvoir d’achat.
L’ouverture à l’échange d’une économie engendre des gains aux producteurs et aux consommateurs,
mais à l’échelle globale du pays, elle entraîne aussi une augmentation du bien être et du niveau de vie et
une amélioration de la productivité et une hausse du Produit Intérieur Brut (croissance).
De même, il existe une corrélation entre l’évolution des exportations mondiales et le PIB mondial : on
observe que le PIB mondial (en dollars constants, de 2000) dans les années 1970/1980 (qui correspond à
l’explosion du libre-échange) est de 3,8% et que le taux de croissance des exportations est de 6,1% selon
la Banque Mondial en 2011.
En 2001 la croissance des exportations mondiales est beaucoup plus faible (4,2%) et de même, le PIB
mondial a considérablement baissé (il est de 2,3%). Puis, on assiste à une augmentation des exportations
en 2004 qui atteint les 11,2%, de même pour le PIB mondial qui est de 4,1%.
A l’inverse, on observe une rechute du taux de croissance des exportations en 2009 (-11,1%) et de
même pour le PIB mondial (-2,0%). De cette comparaison on en déduit ainsi une corrélation entre le
niveau des exportations mondial qui influerait sur l’évolution du PIB mondiale.
Les entreprises, selon les interprétations de cette théorie, serait donc beaucoup plus compétitives,
produirait plus et il y aurait, dans la condition où leurs production est vendue, un mécanisme positif qui
jouerai sur la croissance.
Nous reprenons la théorie de l’avantage comparatif de Ricardo qui, ici, explique non plus les
conséquences de l’avantage comparatif sur le type de production dans une économie, mais l’impact sur
les consommateurs et leur niveau de vie : un pays qui s’ouvre à l’échange international réalise un gain
dès lors qu’il obtient plus de produits de l’étranger qu’il n’aurait pu en fabriquer sur place à l’aide des
facteurs contenus dans ses exportations.
Par une corrélation expliquée auparavant, le libre-échange qui semblerait favoriser la croissance
engendrerait par conséquent une hausse du niveau vie par la baisse des prix de vente et par
l’accessibilité à de nouveaux produits.
Les gains du libre-échange sont donc plusieurs, certains purement quantitatifs, notamment lorsqu’il
s’agit de mesurer son impact sur les productions, et d’autres plus qualitatif. En effet, le libre-échange
permet des gains aux producteurs, mais aussi aux consommateurs.
Une des raisons qui fait que le commerce international peut augmenter le volume des biens et
services disponibles dans un pays donné et à un moment donné est que celui-ci permet
d’acheter des biens et services dans les lieux où leurs coûts de production sont
comparativement moindre. Les ressources locales qui, en l’absence de commerce, étaient
employées à la production de certains biens sont dès lors libérées ce qui permet que d’autres
biens soient produits en une proportion plus importante. Si les Etats-Unis sont capables de
produire à la fois des puces électroniques et du sucre mais qu’ils sont bien meilleurs dans la
fabrication des puces électroniques que dans la production du sucre et que le Brésil est
capable de produire à la fois des puces électroniques et du sucre mais qu’il est bien meilleur
dans la production de sucre, chacun de ces pays aura alors intérêt à échanger ces deux
produits. Le montant total des ressources nécessaires pour produire la quantité totale de sucre
et de puces consommée par les Etats-Unis et le Brésil sera alors moindre dans chacun de ces
pays si le Brésil se spécialise dans la production de sucre et les Etats-Unis dans celle de puces
et que les deux font commerce de ces produits.
Ce bénéfice combiné sera partagé entre les Etats-Unis et le Brésil et la façon dont il sera
effectivement réparti dépendra du rapport entre le cours mondial des puces électroniques et
celui du sucre - c’est ce que les économistes appellent les termes de l’échange au niveau
international. En l’absence de commerce international, chaque pays a son propre rapport
d’échange intérieur entre chacun de ces produits. Ce rapport vaudra, par exemple, 50 kg de
sucre aux Etats-Unis pour une puce électronique standard et 100 kg de sucre au Brésil. On
remarquera que ces deux rapports d’échange témoignent de la meilleure efficacité relative
qu’il y a à produire du sucre au Brésil et des puces aux Etats-Unis. Les termes de l’échange se
situeront dès lors dans l’intervalle compris entre le rapport d’échange des Etats-Unis et celui
du Brésil car si ce n’était pas le cas, l’un au moins des deux pays ne serait pas intéressé aux
échanges. En outre, le commerce favorisera d’autant plus un pays que les termes de l’échange
seront différents de son propre ratio intérieur1.
1
Dans notre exemple, une puce électronique s’échange contre 90 kg de sucre, le gain résultant
de la participation au commerce international va plutôt aux Etats-Unis qu’au Brésil. En
vendant une puce électronique au Brésil, les Etats-Unis obtiennent 90 kg de sucre, c’est-à-dire
40 kg de plus (80 pour cent de plus) que s’ils l’avaient produit eux-mêmes. En vendant 90 kg
de sucre aux Etats-Unis, le Brésil obtient une puce électronique, c’est-à-dire 0,1 puce de plus
(11,1% de plus) que s’ils l’avaient produite chez eux.
Ce sont les avantages relatifs et non les avantages absolus qui constituent la clé du
commerce international
· Deuxièmement, le volume des ressources nécessaires à la production des deux biens pourra
être plus élevé dans l’un des pays, le commerce restera pourtant avantageux pour les deux
parties. Ainsi, pour continuer avec le même exemple, on peut supposer que les Etats-Unis
dépenseront à la fois moins de ressources que le Brésil pour fabriquer des puces électroniques
(ce qui est probablement le cas) et moins que le Brésil pour produire du sucre (ce qui est
moins évident en pratique mais peut toutefois être le cas). Le Brésil peut ainsi avoir besoin de
quatre fois plus de ressources que les Etats-Unis pour fabriquer des puces électroniques et de
deux fois plus pour produire du sucre; ce qui revient à dire, qu’en valeur absolue, il est
nettement moins efficace dans chacun des deux secteurs. C’est ce que l’encadré 1 illustre
numériquement.
Brésil Etats-Unis
Sucre 6 3
Le point essentiel à retenir de la théorie des avantages comparatifs est que, même dans une
telle situation, les Etats-Unis auraient encore intérêt à commercialiser leurs puces contre du
sucre du Brésil. En exportant une puce au Brésil, les Etats-Unis obtiendraient en effet en
contrepartie 100 kg de sucre alors que pour se procurer 100 kg de sucre chez eux, il leur aurait
fallu sacrifier la production de deux puces. Des négociants devraient ainsi faire d’importants
bénéfices en achetant des puces électroniques aux Etats-Unis, puis en les envoyant au Brésil
où ils les revendraient pour acheter du sucre qu’ils ramèneraient aux Etats-Unis afin de l’y
revendre encore et de racheter encore plus de puces électroniques. Dans notre exemple, un
négociant se retrouverait à la fin avec deux fois plus de puces électroniques (indépendamment
des frais de transport et de commercialisation). Il est évident que si plusieurs négociants se
mettaient à faire de même, entre ventes de puces électroniques et achats de sucre, les
transactions continues contribueraient, après un certain temps, à faire monter au Brésil le prix
du sucre et à faire baisser celui des puces modifiant ainsi le rapport des prix intérieurs. Et on
observerait le mouvement inverse aux Etats-Unis. Ces mouvements persisteraient jusqu’à ce
qu’un nouveau rapport entre les prix du sucre et des puces s’établisse au niveau international
et équilibre simultanément les marchés des deux pays. Les rapports des prix intérieurs des
deux pays ne se différencieraient plus alors qu’en fonction des coûts de transport et de
commercialisation.
· Troisièmement, cette théorie est statique car elle explique le commerce international et les
gains qu’on en tire à partir des avantages comparatifs à un moment donné. Il peut cependant
arriver que les avantages comparatifs entre les pays évoluent sous l’effet, entre autres, des
politiques mises en œuvre. Dans ce cas, détenir un avantage comparatif pour un produit donné
ne signifie pas pour autant qu’on doive se spécialiser dans la production de ce bien au
détriment d’autres lignes de production. En fait, de nouvelles industries (souvent appelées
les industries naissantes) ne disposent pas d’avantage comparatif au moment de leur
démarrage et doivent donc, comme on le verra plus bas, être protégées jusqu’à ce qu’elles
aient atteint la taille requise pour pouvoir tirer profit d’économies d’échelle. Dans l’exemple
retenu, le Brésil pourrait fort bien ne pas se limiter à la seule production de sucre, ni
totalement renoncer à la production de puces électroniques si il sent qu’il a les moyens de
développer une industrie rentable de puces électroniques. En fait, ce genre de raisonnement
pourrait conduire le Brésil à imposer des barrières commerciales à l’importation de matériel
informatique de façon à profiter à long terme du développement de sa propre production
d’ordinateurs. On notera en conséquence que, lorsque d’autres politiques industrielles sont
possibles et plus directes, la politique du commerce extérieur n’est évidemment pas
nécessairement le meilleur levier pour développer une capacité de production nationale.
Certains pays peuvent aussi perdre leurs avantages comparatifs du fait de l’évolution
internationale des technologies (c’est ce qu’on appelle le problème des industries
déclinantes ou obsolètes). Par ailleurs, les cours mondiaux se modifient en permanence ce qui
a une incidence certaine sur les avantages comparatifs d’un pays.
· Quatrièmement, cette théorie montre bien que, globalement, les pays bénéficient du
commerce international mais elle ne fait aucune inférence sur la façon dont les divers groupes
sociaux de chaque pays profitent ou sont au contraire lésés par ce commerce extérieur. Or,
comme on le verra aussi plus loin, le commerce extérieur peut avoir des répercussions
considérables sur la répartition des revenus, ce qui introduit une dimension sociale à la
question. Et c’est précisément à cause de cette incidence potentiellement négative du
commerce sur les revenus de certaines catégories sociales que les Etats-Unis ont
traditionnellement protégé leur industrie sucrière en limitant les importations par un système
de quotas.
Une autre raison pour laquelle le commerce extérieur peut améliorer l’efficacité, c’est qu’il
permet à une industrie d’étendre son marché au-delà des limites de l’économie nationale.
Grâce aux exportations, une industrie peut produire plus et, s’il existe des économies
d’échelle, le coût moyen de ses produits tendra alors à diminuer.
Au niveau industriel, les économies d’échelle peuvent intervenir de deux façons qui vont en
général de paire. La première correspond au cas de certains moyens de production qui, au
niveau de l’entreprise et de par leurs caractéristiques technologiques, sont indivisibles. C’est
le cas, par exemple, des robots utilisés dans l’industrie automobile. Et cela concerne les
techniques qui ne sont rentables qu’à partir d’un certain seuil de production. Dans ce cas, on
parle alors d’économies d’échelle internes à l’entreprise dans le secteur concerné. La
seconde correspond au cas où on économise sur des coûts grâce à l’expansion de l’activité car
celle-ci s’accompagne d’une amélioration des services fournis, que ce soit par des tierces
parties ou par le milieu industriel ou commercial environnant. C’est ce que les économistes
appellent les effets externes. Dans ce cas, les économies d’échelle sont dites externes à
l’entreprise mais internes au secteur d’activité. A titre d’exemple, on peut citer le
renforcement des qualifications de la main d’œuvre, la spécialisation des fournisseurs
d’intrants, le caractère compétitif du contexte environnant ou encore le partage du savoir-faire
technique; tous ces facteurs ayant tendance à réduire les coûts de production.
Une chose intéressante à propos des économies d’échelle est que lorsque celles-ci sont
significatives, des pays disposant de ressources ou de niveaux techniques comparables et
présentant par conséquent des coûts de production similaires, auront tout intérêt à se
spécialiser dans des productions différentes et à commercer entre eux. En se spécialisant, les
deux pays tireront parti des économies d’échelle qui concernent le bien qu’ils produisent et
abaisseront ainsi leurs coûts de production. Combinés à la dynamique de différenciation des
produits (voir plus loin), les économies d’échelle permettent d’expliquer la pratique
du commerce interne à une même branche d’activité, c’est-à-dire les situations où des pays
font commerce entre eux de produits similaires mais néanmoins distincts, comme c’est par
exemple le cas avec des importations et exportations de différents types de voitures.
Une autre façon par le biais de laquelle le commerce extérieur contribue à améliorer
l’efficacité de la production est qu’il suscite la concurrence. En ouvrant leurs frontières aux
transactions commerciales, les pays forcent leurs entreprises à être concurrentielles avec les
biens et services produits à l’étranger et, donc, à rester compétitives en répercutant la baisse
des coûts de production dans leurs prix de vente au consommateur. Cet élément est
particulièrement décisif lorsqu’il s’agit d’entreprises qui, de par les caractéristiques de leurs
procès de production (importance des coûts initiaux, substantielles économies d’échelle,
dépendance vis-à-vis d’un composant spécialisé dont l’offre est limitée), tendent à occuper
une position de monopole ou d’oligopole. Les industries de l’automobile et des
télécommunications en sont de bons exemples. La participation au commerce international
peut alors être un bon moyen de stimuler la concurrence et de renforcer l’efficacité de ces
activités. Cet aspect bénéfique du commerce extérieur ne s’applique pas directement à
l’agriculture car, pour un même produit agricole, la production des exploitations agricoles est
extrêmement peu différenciée; en outre, l’agriculture est une activité qui ne se prête guère à
une véritable concentration. Par contre, les agriculteurs peuvent tirer parti de l’amélioration de
l’efficacité des industries productrices d’intrants et des entreprises de transformation des
produits agricoles, induite par le commerce extérieur.
Une autre raison pour laquelle le commerce extérieur a un impact bénéfique est qu’il offre aux
consommateurs et aux producteurs nationaux un choix de biens et de services qui ne seraient
pas disponibles autrement. Dans la mesure où cela concerne aussi bien des produits de
consommation finale que des biens intermédiaires et des intrants, le commerce extérieur
apparaît donc à la fois comme favorable aux consommateurs et au développement de la
capacité de production nationale.
La diversité renvoie à la disponibilité des biens qui ne peuvent être produits dans le pays ou
qui ne pourraient l’être qu’à des conditions très particulières et très onéreuses (par exemple,
des mangues en Scandinavie). Elle renvoie aussi aux divers types et marques de biens
réellement produits dans un pays (comme par exemple les différentes variétés de pommes, les
types de pompes à moteur ou les morceaux de viande) et aux biens qui ne sont pas produits
dans le pays mais qui pourraient l’être à un prix de revient encore convenable. Grâce à
la différenciation de leurs produits, les pays peuvent donc s’investir dans des créneaux
d’activités (tels qu’un type donné de voitures) et engager ainsi avec des partenaires
commerciaux exerçant dans ce domaine d’activité des opérations commerciales propices à
chacune des deux parties. Ce type de commerce interne à la branche d’activité est assez
fréquent dans le cas des biens de consommation. Il est par contre moins courant dans le cas
des produits agricoles car la dotation en ressources naturelles joue alors un rôle important et
est généralement assez homogène pour une même spéculation.
Le commerce extérieur peut aussi servir à lisser des excédents transitoires de l’offre ou de la
demande sur le marché intérieur et empêcher ainsi, ou réduire, les fluctuations des cours et les
ruptures d’approvisionnement. A cet égard, les produits agricoles peuvent particulièrement
bénéficier du commerce international car les marchés agricoles ont tendance à être
relativement plus instables du fait de la rigidité de l’offre (la production agricole a besoin d’un
certain temps pour réagir aux mouvements du marché), des facteurs exogènes qui influencent
fortement la production (comme le climat ou les maladies), et de la faible sensibilité de la
demande alimentaire aux variations de prix (ce qu’on appelle la faible élasticité). Dans les
années d’abondance, un pays capable de subvenir largement à ses besoins en produits
agricoles et alimentaires devra faire face à des excédents agricoles qui auront tendance à faire
baisser fortement les prix au producteur. Le marché international pourra alors servir à résorber
ces excédents avec un minimum d’interférence sur les prix intérieurs et les revenus. Et lors de
mauvaises années, ce sera le contraire qui se produira.
... mais il peut lui-même être la source d’instabilité
Il faut toutefois souligner que le commerce peut aussi être une source d’instabilité pour les
prix. Lorsqu’un pays est ainsi fortement spécialisé dans la production de certains biens
d’exportation et qu’il dépend très largement des importations d’autres produits, il devient très
sensible aux fluctuations des prix internationaux. En outre, en l’absence de mesures destinées
à isoler les prix nationaux des variations des cours mondiaux, ces fluctuations affecteront
également les biens d’exportation qui ne sont que très marginalement exportés ou importés.
Traditionnellement, et même si les effets ont été variables, l’agriculture est le principal secteur
où de telles mesures ont été appliquées. Cela n’est guère surprenant si l’on considère
l’instabilité caractéristique des cours internationaux des produits agricoles et l’importance
qu’attachent les gouvernements à stabiliser les prix des aliments et les revenus des
agriculteurs.
Troisième épisode
Aux Pays-Bas, tout le monde veut travailler dans le gaz, le secteur en pleine croissance par excellence.
Comme la productivité y augmente rapidement, les salaires aussi. Face à une désaffection de la main
d'oeuvre, le secteur manufacturier réagit en augmentant lui aussi les rémunérations pour retenir ses
salariés. Et l'inflation se porte de mieux en mieux.
II LE PROTECTIONNISME.
A. Définition.
Le protectionnisme est une doctrine défendue par certains économistes, qui propose de protéger la
production nationale de la concurrence des entreprises étrangères. Pour cela, le pouvoir politique entrave
l’entrée sur le territoire national des marchandises étrangères par des taxes à l’importation (ex : taxe de
30% sur une marchandise donnée) ou une réglementation spécifique (ex : interdiction d’un type de
marchandise).
Cette doctrine économique est très ancienne. On la retrouve en Europe chez les mercantilistes du XVI et
XVII siècles. A l’époque, l’économie était au service du pouvoir politique. Le but de l’économie était
d’enrichir l’Etat. En favorisant les exportations et en limitant les importations par un protectionnisme
très strict, la balance commerciale devenait excédentaire et l’Etat s’enrichissait. Dans son ouvrage «
Traité d’économie politique » (1615), le Français Antoine de Montchrestien (1575-1621) fut le premier
théoricien moderne du protectionnisme. Ses idées furent mises en pratique par le contrôleur des finances
de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert (1616-1688). Le colbertisme permet l’intervention de l’Etat pour
favoriser les exportations de la production nationale et limiter les importations de produits étrangers. Le
pays s’enrichit alors par une balance commerciale excédentaire.
B. Les instruments de protectionnisme.
1° Les barrières tarifaires.
Les droits de douane sont des taxes prélevées sur les marchandises lors de leur passage aux frontières.
La taxe agit sur le prix du produit étranger vendu sur le marché intérieur. Les consommateurs nationaux
sont dissuadés d’acheter ces produits étrangers jugés trop coûteux et préfèrent acheter la production
locale.
Le droit de douane (DD) est l’instrument le plus simple de la politique commerciale.. Il existe différents
types de droit de douane :
• Le droit de douane spécifique : la taxe vaut un montant fixe par unité importée. Exemple : 1D par
mètre de tissu importé. Le droit de douane spécifique est le prélèvement sur la valeur C.A.F. d'une taxe
fixe t' par unité importée. Le prix intérieur du bien importé est alors P*+t'. Les droits spécifiques sont
beaucoup plus rares que les droits ad valorem. Contrairement aux droits ad valorem, le niveau de
protection offert par cette forme de droit de douane varie avec le prix mondial : à la baisse lorsque le
prix mondial augmente, à la hausse lorsque le prix mondial baisse.
• Le droit de douane ad-valorem : la taxe est proportionnelle à la valeur unitaire d’importation :
Le droit de douane ad valorem est le prélèvement, lors du passage à la frontière d'une marchandise, d'un
taux fixe en % sur la valeur C.A.F. (coût-assurance-fret) du montant importé. Soit t le taux ad valorem
du droit et P* le prix mondial unitaire C.A.F., le prix intérieur du bien importé est alors P*.(1+t). La
particularité du droit de douane ad valorem est d'offrir un niveau de protection insensible aux variations
du prix mondial du produit taxé.
Le droit de douane compensateur
Le droit de douane compensateur ou antidumping est un prélèvement sur la valeur C.A.F d'un montant
variable destiné à égaliser le prix des importations avec un prix objectif (prix seuil). L'Europe impose
systématiquement de tels prélèvements compensateurs sur ses importations agricoles. Le droit
compensateur augmente (resp. baisse) lorsque le prix mondial baisse (resp. augmente) La particularité
du droit de douane compensateur est de garantir les secteurs qu'il protège des baisses fortes et rapides
des prix mondiaux (situation de l'agriculture).
Le droit de douane dégressif
En marge de la définition du droit de douane, il convient de mesurer le taux de protection nominale
(TPN) et le taux de protection effective (TPE) :
• TPN = (PL – Pw) / Pw ; PL étant le prix d’un bien en vigueur dans le pays et Pw le prix mondial de ce
bien.
• TPE = (VAL – VAw) / VAw ; VAL étant la valeur ajoutée dans le pays et VAw la valeur ajoutée
mondiale.
Puisque la valeur ajoutée est égale à la différence entre la production et les consommations
intermédiaires (CI), 2 cas possibles (au moins) peuvent se présenter :
- Un pays augmente les DD sur le bien final => TPE augmente - Un pays baisse les DD sur les CI =>
TPE augmente
Les taxes à l'exportation
A côté des droits de douane sur les importations existent aussi des droits de douane ou taxes à
l'exportation. La taxation des exportations reste rare dans les pays développés. On la retrouve davantage
dans les pays en développement exportateurs de matières premières, pour lesquels elle constitue une
source de recettes publiques.
Le comportement d’un marché, celui du riz par exemple, va tout d’abord être analysé hors de
l’influence du marché international, c’est-à-dire pris dans le cadre d’une économie fermée.
Cela correspond à la situation graphique représentée par l’encadré 4, dans lequel sont
indiquées les courbes de l’offre et de la demande de riz.
La courbe de la demande «D» représente la quantité de riz que les consommateurs sont
disposés à acheter à différents prix. En général lorsque les autres facteurs étant considérés
comme constants (le revenu, le cours d’autres produits, les habitudes de consommation, etc.),
la courbe de demande tend à décliner car plus le prix du riz est faible, plus la quantité
demandée par les consommateurs augmente.
De la même manière, la courbe de l’offre «O» indique les quantités de riz que les producteurs
sont prêts à produire et à vendre en fonction du prix. En général, toutes conditions étant égales
par ailleurs (c’est-à-dire les coûts des moyens de production, le niveau technique, etc., étant
constants), la courbe de la demande à tendance à croître car le volume de riz que les
producteurs sont enclins à fournir augmentera à mesure que les prix monteront.
Dans le cas où il n’est possible ni d’exporter, ni d’importer de riz, comme dans le cas d’une
économie fermée, le point «A» indique le moment où le marché du riz sera en position
d’équilibre. Au prix donné pe, la quantité de riz fournie par les producteurs (q o) équivaut à la
quantité que les consommateurs sont disposés à acheter (q d). Le prix pe permet donc de solder
le marché.
On va à présent étudier ce qui se passe sur le marché du riz dans le cas d’une économie
ouverte aux échanges internationaux. A cette fin, il faut ajuster le prix du riz sur le marché
international de façon à pouvoir le comparer de manière significative avec le prix intérieur
perçu par les agriculteurs. Les cours internationaux ainsi ajustés sont appelés les prix de
parité financière3. La méthode de correction qui est utilisée est expliquée dans l’encadré 5.
3
A la différence des prix de parité économique, qui seront expliqués à la section 3.3.1.
· Soit le cas où le prix de parité financière à l’importation (p pi) d’un produit est plus élevé que
le prix intérieur (pd) et par conséquent où il n’est pas justifié d’importer le produit. Si dans le
même temps le prix intérieur est plus élevé que le prix de parité financière à l’exportation
(ppe), alors il n’est pas justifié non plus d’exporter ce produit. Dans ces conditions, le produit
ne fera pas l’objet d’échanges internationaux. Les produits qui entrent dans cette catégorie
sont appelés des biens non-échangeables ou non-négociables. Il s’agit de produits tels que la
terre, qui ne peut pas être échangée au plan international du fait de son immobilité intrinsèque,
la main-d’œuvre qui est soumise à des restrictions administratives qui limitent les
mouvements internationaux, ou encore de biens tels que les briques, le manioc ou la paille,
pour lesquels les coûts de transport sont trop élevés par rapport à leur valeur marchande par
unité de poids ou de volume, ou enfin de denrées extrêmement périssables telles que la canne
à sucre. Cette situation est illustrée dans l’encadré 6-a. Dans ce cas précis, l’ouverture aux
échanges internationaux n’a aucune incidence sur le marché intérieur.
· Le prix de parité financière à l’exportation (p pe) du produit est supérieur au prix intérieur en
l’absence d’échanges internationaux. Il y a intérêt à exporter ce produit (voir l’encadré 6-b).
Ce type de produit est alors dit exportable ou produit d’exportation. Dans un tel cas,
lorsque le pays s’ouvre au commerce international, les producteurs tendent à augmenter leur
offre jusqu’au niveau «qo» qui se répartit entre «qd», la quantité destinée au marché intérieur,
et (qo-qd), celle qui est destinée à l’exportation. Les prix intérieurs s’élèvent alors au niveau
«ppe». Les producteurs sont gagnants et les consommateurs perdants, du fait de la hausse des
prix intérieurs, ce qui a pour effet de réduire la consommation et d’augmenter la production.
Au total, les revenus d’exportation s’élèvent à (q o-qd)·ppe, la dépense des consommateurs étant
égale à (qd·ppe) et les recettes des producteurs à (qo·ppe).
· Dans le cas où le prix de parité financière à l’importation «p pi» est inférieur au prix intérieur,
il y a intérêt à importer comme indiqué dans l’encadré 6-c. Dans ce cas, les produits
concernés sont dits importables ou produits d’importation. Dans un tel cas, lorsque le
commerce extérieur est autorisé, les prix intérieurs tendent à chuter au niveau p pi. Du fait de la
baisse des prix, les producteurs réduisent leur offre au niveau «q o» et les consommateurs
augmentent leur consommation jusqu’au point «q d». La différence (qd-qo) entre la
consommation et la production sera alors importée. Et la facture des importations s’élève à
(qd-qo)·ppi, le revenu des producteurs s’élevant dans ce cas à (q o·ppi) et la dépense des
consommateurs à (qd·ppi). On notera que l’ensemble des produits d’exportation et
d’importation sont appelés produits échangeables ou négociables de façon à les distinguer
des produits non-échangeables définis précédemment.
On va maintenant utiliser le schéma théorique de l’équilibre partiel qui vient d’être exposé
pour analyser l’impact de mesures de protection. On notera que les résultats présentés ici ne
sont valables que si les modifications induites par les mesures de protection sur les quantités
commercialisées au niveau international sont suffisamment faibles pour ne pas avoir
d’incidence sur le prix international. Selon l’exemple antérieur, on suppose donc que les
changements induits dans les quantités de riz importées ou exportées par le pays à la suite, par
exemple, de l’introduction d’un droit de douane ou d’une subvention à l’exportation, ne sont
pas assez élevés pour modifier les conditions de base du marché international du riz et pour
avoir un impact sur le prix mondial du riz. C’est ce qu’on appelle habituellement l’hypothèse
du petit pays. On suppose en outre une situation concurrentielle, dans laquelle les échanges
sont libres, et où à défaut de mesures de protection, les prix intérieurs des produits
négociables deviennent égaux aux prix internationaux. Pour la simplicité de la présentation,
on suppose également que les prix de parité à l’importation et à l’exportation sont égaux aux
prix mondiaux, que l’on nommera «pm».
Avec l’encadré 7, ce sont les conséquences de l’instauration d’un droit de douane ad valorem,
«t», qui sont analysées. On suppose que le riz est une marchandise importable et on part de la
situation d’équilibre, avec échanges internationaux mais sans mesures de protection. Le prix
intérieur du riz est équivalent au prix international p m. On suppose à présent qu’un droit de
douane «t» est mis en place sous forme d’un pourcentage de la valeur des importations de riz,
par exemple 20 ou 30 pour cent.
Les droits de douane profitent aux producteurs et aux contribuables aux dépens des
consommateurs
L’analyse des subventions à l’exportation est analogue à celle des droits de douane à
l’importation. L’encadré 8 illustre le cas d’une subvention égale à un pourcentage «s» du prix
international payée par l’Etat aux exportateurs de riz.
En limitant le volume de riz qui peut être exporté de façon, par exemple, à protéger les
consommateurs, un quota d’exportation aura pour effet d’abaisser le prix intérieur du riz car
en restreignant le volume des exportations, la quantité de produit disponible sur le marché
intérieur augmentera d’autant, ce qui contribuera à diminuer le prix. L’encadré 8 peut là
encore être utilisé pour illustrer cette affirmation. Il suffit pour cela de prendre comme base le
prix d’origine, à savoir le prix du riz avant que les quotas ne soient instaurés, comme indiqué
dans l’encadré par le point p m (1+s). Si le quota d’exportation équivaut à (o 1-d1), le prix
intérieur chutera pour atteindre le point p m du diagramme. La rente issue du système de quotas
est représentée par la partie la plus sombre du schéma. Les taxes à l’exportation auront un
effet inverse à celui des subventions à l’exportation mais similaire à celui des quotas.
Les mesures intérieures de soutien ont également un impact sur les échanges commerciaux
Les mesures politiques destinées à soutenir les producteurs et qui ne sont pas conçues pour
intervenir directement sur le commerce extérieur, peuvent prendre deux formes: soit elles
s’ajoutent aux revenus perçus par les agriculteurs (c’est le cas des paiements directs), soit
elles diminuent les charges des producteurs (c’est le cas des subventions aux intrants). Ces
deux types de subventions ont pour effet de permettre aux producteurs d’augmenter l’offre à
prix constant, ce qui revient à déplacer la courbe de l’offre vers la droite 4. L’encadré 9 illustre
le cas où ces mesures transforment un pays d’importateur net (O 1) en un pays autosuffisant
(O2) et finalement en un pays exportateur net (O3).
4
Cela n’est vrai dans le cas de paiements directs, que lorsque ceux-ci sont couplés (liés) aux
volumes produits par les agriculteurs. En pratique, c’est toutefois extrêmement difficile de
parvenir à mettre en place des paiements totalement découplés.
Plus précisément, les mesures de soutien aux producteurs provoqueront les effets suivants:
· Il n’y aura aucun changement du prix intérieur, celui-ci étant par ailleurs égal au prix
mondial dans une situation de concurrence et de libre-échange.
· Les producteurs profiteront de la diminution des coûts de production aux dépens du budget
de l’Etat, qui aura à supporter la charge des subventions.
Comme cela a été évoqué précédemment, chaque type de mesures de protection amène des
gagnants et des perdants et a donc une incidence sur le bien-être des citoyens. L’ampleur de
cet impact peut être évalué en utilisant les concepts de surplus pour le consommateur et de
surplus pour le producteur comme expliqué ci-après 5. L’illustration porte sur le cas d’un droit
de douane.
Les effets socioéconomiques d’une taxe douanière sont synthétisés dans l’encadré 13 comme
suit:
· Le surplus du consommateur, représenté dans la situation «sans droit de douane» par l’aire
g+f+b+c+d+e, diminue pour ne plus être égal qu’à g+f. Il y a donc une perte socioéconomique
pour le consommateur qui équivaut à l’aire b+c+d+e.
· Le surplus du producteur qui était représenté avant le droit de douane par l’aire «a» sera
désormais égal à a+b. Il y aura donc un gain socioéconomique pour les producteurs évalué à
l’aire «b».
Chapitre 4 L’INTEGRATION
Section1: DEFINITION CONCEPTUEL
En réponse à l’interdépendance croissante des pays, imposé par le nouveau clivage mondial de plus en
plus d’Etats ont décidé de se lancer dans des processus d’intégrations sous régional, régional voir
continentale plus ou moins avancé. Dans cette perspective, l’unification des marchés européens semble
servir d’école même si certaines organisations n’aspirent pas forcément d’aboutir à une union
économique et monétaire.
I / Définition conceptuel
A / Intégration et coopération
1) / Intégration
Au sens étymologique l’intégration vient du latin intégral qui signifie rendre entier : c’est donc l’action
de faire entrer une partie dans le tout.
La définition du concept est très contre versée, le concept étant polymorphe complexe et dynamique. A
cause de son caractère multidimensionnel l’intégration peut être définit à partir de plusieurs critères :
- Selon la couverture géographique : l’intégration peut sous régional, régional, continentale
- Selon le degré de participation économique : l’intégration peut être partielle, sectorielle ou totale
- Selon la méthode d’intégration des économies nationales utilisée ou retenue : l’intégration peut être
active (création d’institutions communes) ou passive (baisse des barrières mutuelles), l’ouverture
spontané (guidé par les forces du marché) ou imposé (par des mesures gouvernementales).
- Selon l’intensité de l’intégration des économies nationales : celle-ci peut être relativement faible
(zone d’échanges préférentielle, zone de libre échanges et union douanière etc.…).
- Selon le domaine : Exemple : pour l’UEMOA
- dans le domaine monétaire : les pays disposent d’une institution de monnaie commune, disposent
d’une même politique monétaire commune,
- dans le domaine commercial : l’union douanière (UD) est effective depuis le 1er janvier 2000,
- dans le domaine fiscal : il y’a une harmonisation des régulations sur les taxes et les droits d’assises
depuis 1998.
Selon BELA BALASSA : «l’intégration peut être définit soit comme un processus soit comme un
Etat».
- en tant que processus l’intégration est le processus par lequel plusieurs pays décident de constituer un
même espace économique au sein du quelle les obstacles aux échanges tentent à être éliminés.
- en tant qu’Etat donné d’un système : l’intégration renvoi à un aspect caractérisée par un degré élevé
de cohésion social, politique et économique.
2 / La coopération
C’est un accord de partenariat conclu entre deux ou plusieurs pays ou bloques régionaux dans des
domaines qui sont bien spécifiés.
Exemple d’accord de coopération : Nord Sud en matière d’aide et de commerce : Les APE (Accord de
Partenariat Economique) entre les pays de l’union européen et entre les pays Africains.
- exemple d’accords de coopération monétaire (ACM) : ACM entre la France et les pays de l’UMOA
- exemples d’accords de coopération commercial : des accords commerciaux bilatéraux signés entre les
USA et une quarantaine de pays sud sahariennes : La loi sur la croissance et les opportunités en
Afrique (AGOA) promulgué par le président Bill Clinton en 2000.
Même si les domaines d’intégration et de coopération sont multiformes, l’intégration suppose que les
pays partagent un espace économique commun ce qui n’est pas forcement le cas en matière de
coopération.
En distinguant l’intégration de la coopération BALASSA soutenait : « si la coopération se compose
d’action ayant pour but de réduire la discrimination alors l’intégration économique en est la traduction
des mesures qui amène la suppression de la discrimination ».
À la suite de BALASSA pour distinguer l’intégration de la coopération MAURICE ALLAIS
soutenait : «l’intégration économique consiste à coordonner les intérêts réciproques à travers
l’abolissement ininterrompu des restrictions commerciales ».
B / Régionalisme et multilatéralisme
1 / régionalisation
Elle renvoie aux développements des échanges intra zone dans le cadre d’accord régionaux de formes
multiples entre des économies indépendantes et géographiquement proches, d’un point de vue
purement commerciale BOUET caractérise le régionalisme comme étant « la constitution d’accords
commerciaux discriminatoire qui implique une numérisation préférentielle des marchés des pays
membres et le maintien
des barrières douanières plus élevé pour les pays non membres ».
Exemples d’accords commerciaux régionaux : les ACR (Accords Commerciaux Multirégionaux), les
Accord de Libre Echange Nord Américaine (ALENA).
Au delà des simples accords régionaux on peut cité les CER (Communautés Economiques Régional) :
CEDEAO, UE,
2 / Le multilatéralisme (FEDERALISME)
C’est un concept utilisé dans le champ des relations internationales, il se définit comme un mode
d’organisation des relations inter- Etat qui se traduit par la coopération d’au moins trois Etats dans le
but d’instaurer des règles communes. D’un point de vue purement commerciale, le multilatéralisme est
définit par BOUET comme « une forme de coopérative d’organisation des échanges internationaux qui
suppose que les pays participant s’astreignent à des règles communes ».
Exemple : les accords multilatéraux sur le commerce qui font la close de la nation la plus favorisée
instituée par GATT dans son article premier et repris par l’OMC.
La clause de la nation la plus favorisée : prévoit que lorsqu’un membre concède à un Etat partenaire
des avançages commerciaux spéciaux, il doit concéder les même faveurs à tous les autres Etats
membres de l’OMC.
Dans le domaine environnemental on pourrait cité des accords multilatéraux sur l’environnement qui
visent à protéger et à restaurer l’environnement mondial et à contribuer au développement durable.
Exemple : la convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages
menacées d’extinction (il s’agi de la convention de Washington signé en 1976)
Exemple 2 : le protocole de KYOTO signé en 1997 qui durci la convention cadre de 1992 sur le
changement climatique.
En terme d’arbitrage entre régionalisme et multilatéralisme, l’économiste américain Jacob Viner
soutenait que « les regroupements régionaux conduisent à une allocation non optimale des échanges à
l’échelle
mondiale ». Ladite affirmation soutenu peut être comprise comme un plaidoyer en faveur du
multilatéralisme donc contre le régionalisme.
Quelques illustrations favorables à ce plaidoyer
- L’OMC est le meilleur cadre de règlement des différends qui opposent les grandes puissances
mondiales et se rapportant au commerce des produit agricoles.
- les discussions actuelles sur la pertinence ou non de l’aide du commerce accorder aux pays du Sud
(aux pays pauvres) pour leur permettre de sortir de la pauvreté sont mené à l’échelle multilatérale.
En définitive même si certains analystes comme Viner sont favorables au multilatéralisme compte
tenue du concept actuel favorable à la création de globes régionaux face au lenteur de l’aboutissement
des négociations multilatérales, les deux concepts ont tendances à se rapprocher de plus en plus.
Fort de ce constat contrairement à l’opinion selon laquelle le régionalisme serait un frein aux échanges,
les statistiques révèle que la constitution d’espaces régionaux fait plutôt progresser les échanges à la
fois intra régionaux, extrarégionaux et les échanges mondiaux.
En définitive il apparaît que la régionalisation et la croissance des échanges mondiaux interagissent
positivement.
Section 2 Les Différents formes d’intégration par le marché
En supposant que l’intégration est quelque chose de spontané le concept consiste en la création d’un
espace économique régulé spontanément par les forces du marché des différences fondamentales
existant entres les auteurs en ce qui concerne la définition des différents phase ou étapes d’intégration.
A/ Les approches néoclassiques, Marxistes et spécificité aux pays en développement
A la suite des auteurs classiques, les néoclassiques reconnaissent que la seule suppression des barrières
douanières n’est plus l’aspect le plus déterminant de l’intégration économique en soutenant que le
mécanisme de marché est un outil central.
Les auteurs néoclassiques insistent sur l’importance de la coordination des politiques économiques.
Richard l’un des fondateurs de la théorie néoclassique distingue 6 phases d’intégration par ordre
d’intensité croissante
1 – système tarifaire préférentiel (ZTP)
2 – la zone de libre échange (ZLE):
3 – union douanière (UD) : mise en place
4 – le marché commun (MC) : la libre circulation des facteur de production, des personne et des
capitaux
5 – l’union économique (UE) : qui renvoi à la mise en place de politique sectorielle commune.
6 - intégration économique (IE) :
En soulignant l’importance des facteurs socio politique et la réduction des différences socio-
économique dans le processus d’intégration, l’auteur marxiste : Ivo Fabinc 1992 propose la
classification si après :
1 – l’union commerciale ou douanière comprenant un système préférentielle et une zone de libres
échanges.
2 – l’union politique : la mise en place de politique sectoriel commune
3 – l’union politique et économique :
Les auteurs ayant développé une approche d’intégration économique
Pour les pays su système du sud PUNT distingue 3 phase dans le processus:
1 – l’union douanière ou zone de libre échange
2 – l’union fiscale :
3 – marché commun : étape suprême
La libéralisation des échanges peut être mise en œuvre dans un cadre régional ou multilatéral
Les blocs économiques régionaux (BER) peuvent grossièrement être considérés comme une zone
géographique dans laquelle la signification économique des frontières politiques nationales a été
limitée. On peut distinguer différents types d’accords régionaux qui recouvrent différents
engagements de la part des pays participants. Dans les zones de libre-échange, les pays
membres réduisent ou éliminent les barrières commerciales qui existent entre eux mais
conservent un régime commercial spécifique avec les pays tiers. En procédant ainsi, les pays des
zones de libre-échange peuvent, s’ils le souhaitent, protéger certains secteurs de la concurrence
des autres pays mais ils se créent aussi certains problèmes en matière d’administration des
douanes du fait de la nécessité de contrôler les réexportations. En effet, si deux pays A et B sont
membres d’une zone de libre-échange dans laquelle les droits de douanes sur les importations
sont nuls, et que A maintient un niveau élevé de taxes sur les importations d’ordinateurs tandis
que le niveau de taxes appliqué par B est faible, alors les négociants internationaux vont tenter
d’importer des ordinateurs dans le pays B pour ensuite les réexporter vers le pays A. Ce type de
problème n’existe pas dans le cas des unions douanières. Celles-ci sont comparables aux zones
de libre-échange sauf que les pays qui y participent se mettent d’accord sur un régime
commercial commun vis-à-vis des pays tiers; concrètement, cela signifie la mise en place
d’une structure extérieure commune de droits de douane. Les unions douanières n’ont pas
besoin de contrôler les réexportations. Par contre, elles laissent moins de place à chaque pays
membre pour protéger les activités qu’il souhaite car il lui faut alors négocier avec les autres
membres le niveau des droits de douanes applicables vers l’extérieur pour ces activités.
Les unions économiques constituent une forme d’engagement des BER encore plus forte. Les
unions économiques sont des unions douanières où non seulement les marchandises mais aussi
les facteurs de production peuvent circuler librement. En outre, les pays qui constituent une
union économique peuvent harmoniser d’autres éléments que leurs politiques économiques; ce
sera par exemple le cas des systèmes financiers et fiscaux ou encore des réglementations du
travail.
Quels sont les avantages pour un pays de participer à un BER? Cela dépend essentiellement des
circonstances mais, en général, les avantages seront d’autant plus importants que les économies
concernées seront potentiellement complémentaires. Si, par exemple, deux pays ont poursuivi
une politique de substitution des importations de façon à diversifier leur base industrielle mais
que leurs avantages comparatifs favorisent des activités distinctes, alors ces pays auront un
intérêt certain à former un BER. Cela tient à ce que lorsque les économies sont complémentaires,
il y a plus de possibilité pour que chaque économie renforce sa spécialisation en fonction de ses
avantages comparatifs. Une intégration commerciale sur les produits agricoles sera par
conséquent plus avantageuse si l’un des pays est spécialisé dans les cultures tropicales et l’autre
dans les cultures tempérées plutôt que si les deux pays sont l’un et l’autre spécialisés dans les
cultures tropicales ou les cultures tempérées.
Lorsque des pays décident de créer un BER, la réduction ou l’élimination réciproque des tarifs
douaniers tend à favoriser l’augmentation, entre ces pays, des flux commerciaux des produits
qu’ils échangeaient auparavant. Cet effet correspond à ce qu’on appelle une création
d’échanges commerciaux et constitue l’une des conséquences positives de la formation de blocs
économiques régionaux. Ce type d’accord favorise en outre la substitution des biens
habituellement proposés par les pays non-membres par ceux des pays membres et ceci non pas
parce que ces derniers offrent des produits meilleur marché mais bien parce qu’ils bénéficient de
tarifs préférentiels voire même d’exonérations. Cet effet correspond à ce qu’on appelle le
détournement des échanges commerciaux et constitue l’une des conséquences éventuellement
négatives sur la productivité. Les pays participant au bloc économique régional peuvent en effet
être ainsi amenés à importer des produits des uns ou des autres alors que ceux-ci sont moins
chers hors du bloc économique.
Sur un total de 198 accords économiques régionaux notifiés à l’OMC (ou auparavant au GATT),
119 sont actuellement en vigueur10. En outre, au cours des dernières années, les gouvernements
des pays en développement ont clairement exprimé leur engagement pour ce type d’accords
commerciaux régionaux. L’encadré 6 présente quelques uns des principaux accords entre pays en
développement.
Dans le cadre des blocs économiques régionaux, l’agriculture apparaît souvent comme un secteur
difficile compte tenu du niveau généralement élevé des interventions sur les marchés
domestiques des produits agricoles qui visent à préserver certains seuils de prix et de revenus.
Lorsque les traités des BER entraînent un démantèlement des barrières douanières aux produits
agricoles mais que les pays conservent des politiques de prix distinctes, il faut en effet s’attendre
à de fortes distorsions commerciales. Les produits agricoles vont ainsi circuler depuis les pays à
bas prix vers les pays du bloc où les cours sont les plus élevés, déductions faites des coûts de
transport et de commercialisation. Pour toutes ces raisons, le secteur agricole est souvent soit
laissé en dehors des traités des BER (cf. le cas de la zone européenne de libre-échange), soit
soumis à une procédure de libéralisation spécifique, avec ses propres niveaux de taxation (cf. le
cas de la zone de libre-échange d’Europe centrale). Il n’est pas certain que les accords régionaux
d’intégration qui excluent l’agriculture soient toujours conformes aux dispositions du GATT
concernant les dérogations. L’une des alternatives consiste alors à mettre en place une politique
agricole commune applicable à l’ensemble de la région, comme l’a fait la Communauté
européenne. Mais si les pays du bloc concerné ont des niveaux d’autosuffisance très inégaux
pour leurs différents produits, ce type de politique commune entraînera alors une importante
redistribution des revenus comme la Communauté européenne en a fait l’expérience. Tant que
les pays qui veulent former un bloc économique ont des niveaux distincts de protection de leur
agriculture, il n’y a donc pas de solution simple à ces problèmes.