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Chapitre 5

Les fondements
de l’échange international
1. La complémentarité dans l’échange international

1.1 Comment s’explique l’échange de biens complémentaires ?

A. Par les inégalités de dotations en ressources


Les conditions climatiques variables d’un pays à l’autre expliquent que les
productions, notamment agricoles, diffèrent : l’Afrique du Nord peut faire pousser des
agrumes que l’Europe du Nord ne parvient pas à cultiver à coût raisonnable.
Les ressources du sous-sol ne se trouvent pas en même quantité : certains pays
sont richement dotés en pétrole, d’autres le sont en gaz de schiste, d’autres encore
en minerai de fer.
Ainsi, les pays échangent entre eux pour se procurer les biens qu’ils ne trouvent pas
sur leur territoire.

B. Par les différences de coûts


Adam Smith (théorie des avantages absolus, 1776) montre qu’il est intéressant pour
les pays de se spécialiser dans les biens pour lesquels ils possèdent un avantage
absolu en termes de coût, et d’importer les autres biens du reste du monde. Ainsi, au
niveau mondial, la production de richesses augmente avec la spécialisation. Par
exemple, la Chine se spécialise dans les productions industrielles, l’Inde dans les
productions de services.
Cependant, Adam Smith n’évoque pas le cas des pays qui ne disposent d’aucun
avantage absolu. David Ricardo (théorie des avantages comparatifs, 1817) indique
que même les nations qui ne connaissent aucun avantage absolu doivent se
spécialiser dans les productions pour lesquelles elles sont le moins désavantagées
par rapport aux autres nations. Là encore, il en résulte un accroissement des
quantités produites au niveau mondial.

1.2 Comment s’expliquent les avantages comparatifs des nations ?

A. Par l’existence de rendements croissants


L’avantage comparatif d’un pays peut s’expliquer par les économies d’échelle
réalisées au moment de la production. Parce qu’il produit en grande quantité, un
pays voit ses coûts unitaires baisser plus vite (rendements croissants) que les pays
qui produisent moins. D’ailleurs, même si où aucun pays ne disposait d’avantage
comparatif, la spécialisation internationale et l’échange entre les pays seraient
préférables en présence de rendements croissants, comme le montre Paul Krugman

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(1989). Encore une fois, la production de richesses s’accroît grâce à la
spécialisation.

B. Par des dotations différentes en facteurs de production


Avec la loi des dotations en facteurs de production (ou théorème HOS), E. Hecksher,
B. Ohlin et P. Samuelson concluent que les pays obtiennent un avantage comparatif
selon leurs dotations en facteurs de production. Ils doivent se spécialiser dans les
productions qui incorporent le facteur relativement le plus abondant sur leur territoire
(travail non qualifié, travail qualifié, capital, terre). C’est la relative abondance du
facteur qui fait que son coût est comparativement plus faible.
Ainsi, les pays qui disposent d’une main-d’œuvre abondante ont intérêt à se
spécialiser dans les productions nécessitant beaucoup de main-d’œuvre : par
exemple, la Chine utilise sa main-d’œuvre abondante (travail peu qualifié), et
l’Allemagne son savoir-faire technologique (travail très qualifié).

2. La similitude dans l’échange international

2.1 Qu’est-ce que la similitude dans l’échange international ?

A. Un commerce de produits similaires


Si l’on suit la loi des avantages comparatifs ou encore la loi des dotations en facteurs
de production, on débouche sur une logique de l’échange international en terme de
complémentarité. La spécialisation des pays fait qu’ils importent des biens différents
de ceux qu’ils exportent, conformément à ce que l’on nomme « commerce
interbranche ».
Or, l’observation des échanges réels montre que les échanges internationaux portent
en grande partie sur des produits similaires : les pays exportent des biens qu’ils
importent également, dans le cadre de ce que l’on appelle « commerce
intrabranche » ou « commerce croisé » : par exemple, la France exporte du vin aux
États-Unis, mais elle en importe aussi de Californie.

B. Un commerce entre pays semblables


La loi des dotations en facteurs de production laisse supposer que les pays qui
commercent entre eux sont de différente nature : les pays en développement
exportent vers les pays développés des biens utilisant surtout le facteur travail,
lesquels exportent vers les pays en développement des biens utilisant surtout le
facteur capital. Là encore, l’observation des échanges montre que la réalité est plus
complexe : les pays développés commercent surtout entre eux (pour plus de 70 %
de leurs exportations) et assez peu avec les pays en développement. Les échanges
ont donc plutôt lieu entre des pays à niveau de développement voisin.

2.2 Comment expliquer la similitude dans l’échange international ?

A. Par l’importance de la demande interne


Un produit est d’abord conçu pour satisfaire une clientèle sur un territoire. D’ailleurs,
plus la taille du pays est grande, plus il est possible de réaliser des économies
d’échelle, c’est-à-dire de faire naître un avantage comparatif. Par la suite, lorsque ce

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produit est destiné à l’exportation, il intéresse surtout les pays dont le niveau de vie
permet de se l’offrir, donc des pays au niveau de vie comparable à celui du pays
exportateur. Les dernières innovations technologiques sur les smartphones par
exemple sont surtout écoulées, dans un premier temps, dans les pays développés.

B. Par une demande de différence de la part des consommateurs


Les produits que les pays échangent dans le cadre du commerce intrabranche ne
sont pas totalement homogènes : une automobile Renault n’est pas identique à une
automobile Mercedes. Les ménages cherchent à se démarquer en matière de
consommation et expriment une demande de variété.

C. Par la différenciation des produits


Pour Paul Krugman (1989), le commerce de similitude s’explique aussi par
l’existence d’économies d’échelle (ou rendements croissants). Par exemple, lorsque
plusieurs pays fabriquent chacun tous les éléments d’une gamme de produits, les
économies d’échelle réalisées sont peu importantes. Si ces pays différencient leur
production en fabriquant un seul élément de la gamme de produits, les économies
d’échelle apparaissent ; par exemple, un constructeur automobile produirait des 4×4
dans un pays, des cabriolets dans un autre, des berlines dans un troisième. Des flux
croisés d’exportation et d’importation de véhicules automobiles s’observent ainsi
entre pays, mais ces véhicules sont différenciés.

3. Le rôle des entreprises mondiales dans l’échange


international

3.1 Comment les entreprises organisent-elles leur production


à l’échelle mondiale ?

Les entreprises organisent leur production à l’échelle mondiale dans le cadre de ce


que l’on appelle la « décomposition internationale des processus productifs » (DIPP).
Le processus de production d’un bien est réparti entre plusieurs pays selon leurs
avantages comparatifs respectifs, au lieu que toutes les étapes du processus soient
répétées à l’identique dans plusieurs pays. Ainsi, à chaque étape du processus de
production, il est possible de réaliser des économies d’échelle, même si la
décomposition des processus de production induit des coûts de transport plus élevés
entre les différentes étapes.
La DIPP ne devient rentable que lorsque les gains obtenus grâce à la réalisation
d’économies d’échelle l’emportent sur les surcoûts d’acheminement de transport
entre les différents pays.

3.2 Quel est le poids des entreprises dans le commerce mondial ?

Les entreprises mondiales sont à l’origine d’un commerce intrafirme qui représente
près du tiers du commerce mondial. Ce commerce « fermé » correspond aux
exportations et importations entre filiales d’un même groupe implantées dans des
pays différents. Ce type de commerce concerne bien entendu des activités dont le

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processus de production peut être décomposé (exemples : automobile,
électronique).

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