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Conclusion du chapitre 7

En partant d’une présentation stylisée des évolutions du commerce mondial et en faisant


référence à la notion d’avantage comparatif, on s’interrogera sur les déterminants des échanges
internationaux de biens et services et de la spécialisation. → C'est le I et le II du cours.

Les économies sont de plus en plus ouvertes depuis 1945. Après la crise des années 1930 et la
Seconde Guerre mondiale, qui avaient vu une très forte montée du protectionnisme, les pays
(notamment développés) ont décidé d'ouvrir leur économie en pratiquant le libre-échange. Cela les a
conduit à adopter des accords de baisse des droits de douane, dans le cadre du GATT (1949) puis de
l'OMC (1995), qui ont permis une nette baisse du coût des échanges internationaux. Cette baisse a été
renforcée par le progrès technique qui, à travers la containérisation et la révolution informatique, a
conduit à une forte diminution du coût du transport.
Par conséquent, on assiste à une explosion des échanges commerciaux dans le monde. Ceux-ci
augmentent, en moyenne, plus rapidement que le PIB mondial depuis 1945. En conséquence, les
économies sont plus « ouvertes », c'est-à-dire qu'elles produisent une part de plus en plus grande du
PIB pour l'exportation, et qu'elles consomment et investissent de manière croissante des produits
importés, ce que l'on mesure à travers l'indicateur que constitue le taux d'ouverture. Celui-ci est de
25 % pour la France : en moyenne, 25 % de ce qui est produit en France est exporté, et 25 % de ce qui
y est utilisé est importé.
Cette ouverture s'est accompagnée d'une modification de la division internationale du travail : la
place des pays de la Triade est contestée. Leur part dans le commerce mondial diminue, au profit des
pays émergents, asiatiques en particulier. Par ailleurs, le modèle traditionnel de la division international
du travail est également remis en cause par les pays émergents : eux aussi exportent des produits
manufacturés. Globalement le commerce mondial est ainsi dominé par les échanges de biens
manufacturés. Il est, d'autre part, de plus en plus intra-branche : les produits que s'échangent les pays
entre eux sont de la même branche de l'économie, et non pas de branches différentes. Ainsi les Français
achètent et vendent des voitures aux Allemands, qui achètent et vendent des voitures aux Français.
Le modèle d'analyse traditionnel du commerce mondial est celui des avantages comparatifs (exercice
1), complété par le modèle HOS (exercice 2). Ce modèle explique bien la partie « traditionnelle » des
échanges, où des pays à spécialisation différente s'échangent des biens de branches différentes. En
effet, la théorie des avantages comparatifs, développée par David Ricardo au début du XIXe siècle,
explique qu'il est de l'intérêt des pays de se spécialiser dans leur avantage comparatif, c'est-à-dire la
production où ils sont les plus efficaces (productifs) ou les moins inefficaces. En effet, si un pays se
spécialise là où il est le meilleur, ou le moins inefficace, il accroît sa productivité, ce qui conduit à un
accroissement de sa production. Ainsi chaque pays se spécialise dans une production donnée, et
importe toutes les autres, qu'il cesse de produire. Ce modèle explique donc très bien la part du
commerce mondial qui voit des pays dotés de spécialisations différentes s'échanger des biens différents
(commerce inter-branche), comme par exemple lorsque la France vend des avions et des armes à
l'Arabie Saoudite, à qui elle achète du pétrole.
Toutefois, ce modèle n'explique pas l’essor du commerce intrabranche entre pays à spécialisation
semblable. C'est ce que font les nouvelles théories du commerce international (exercice 3). Ces théories
expliquent que les entreprises bénéficient d'économie d'échelle si elles parviennent à exporter leur
production. Par ailleurs, les consommateurs recherchent la variété. Ainsi une entreprise d'un pays
donné, qui est parvenue à exporter sa production, va s'imposer face à toutes les autres, en raison de ses
économies d'échelle. Elle ne sera plus en concurrence que face à d'autres entreprises qui vendent des
biens légèrement différents, susceptibles de satisfaire le besoin de variété des consommateurs. Cela
permet d'expliquer les échanges intra-branches entre des pays à spécialisation proche, comme
l'Allemagne et la France.

On analysera les avantages et les inconvénients des échanges internationaux pour les producteurs
comme pour les consommateurs. On présentera à cette occasion les fondements des politiques
protectionnistes et on en montrera les risques. → C'est le III (et partiellement le II) du cours.
La théorie de Ricardo, de même que les nouvelles théories du commerce international, nous
permettent de comprendre les avantages des échanges internationaux (exercice 1). En particulier,
Ricardo nous montre que si chaque pays se spécialise là où il est le plus productif, et abandonne les
domaines où il est le moins productif, il accroît mécaniquement sa productivité, ce qui doit générer de
la croissance. Du point de vue des entreprises, ces gains de productivité vont se traduire par une baisse
des coûts de production, qui permettra de baisser les prix (et donc de gagner en compétitivité prix) ou
d'accroître les profits (et donc d'augmenter l'investissement). Du point de vue du consommateur, le
pouvoir d'achat va s'accroître : il pourra acheter des biens importés qui coûtent moins cher (puisque
produits dans des pays qui sont plus productifs pour les produire). Les économies d'échelle ont la même
conséquence, puisqu'elles permettent également une baisse des coûts de production (exercice 3).
Par ailleurs, l'ouverture commerciale permet d'acquérir des technologies étrangères, ce qui accroît
l'efficacité de l'économie (gains de productivité). Du point de vue des entreprises, cela se traduit par
une baisse de coûts de production (compétitivité prix), mais également une amélioration des produits
(compétitivité hors prix). Du point de vue des consommateurs, cela permet donc d'avoir de meilleurs
produits, pour moins cher. Cette ouverture permet également d'accroître la variété des produits
accessibles aux consommateurs. Enfin, l'accroissement de la concurrence pousse les entreprises à
améliorer leur compétitivité prix et hors prix, ce dont profitent les consommateurs. Sur le long terme,
les économies les plus fermées perdent progressivement en efficacité, et voit leur appareil productif
devenir obsolète, comme l'URSS ou Cuba (exercices 5 et 6).
Toutefois, il n'y a pas de corrélation très nette entre ouverture commerciale et croissance. Il en est
ainsi parce que toutes les spécialisations ne se valent pas. Si, à court terme, Ricardo a raison : chaque
pays gagne à se spécialiser là où est son avantage comparatif, ce n'est pas toujours le cas sur le long
terme. En effet, certaines spécialisations, celles dont la demande mondiale augmente et qui permettent
une forte valeur ajoutée, sont porteuses de croissance. Mais celles dont la demande mondiale stagne, et
qui ont donc une faible valeur ajoutée, conduisent à la stagnation, comme un grand nombre de produits
agricoles dans lesquels s'étaient spécialisés les pays africains. En outre, certaines spécialisations
dégagent des externalités positives dont bénéficie toute l'économie.
C'est ce constat que fait List, quand il développe son argument du « protectionnisme éducateur ».
Pour lui, ces spécialisations porteuses de croissance se trouvent surtout dans l'industrie. Or,
contrairement à Ricardo, il ne croit pas que les spécialisations soient des « dotations naturelles », qu'on
ne peut pas changer. Il est vrai qu'une industrie naissante, faute d'économie d'échelle et d'expérience,
n'est généralement pas compétitive. Mais si l'État la protège par des droits de douane, des subventions,
etc., elle peut devenir compétitive. Pour List, il faut donc pratiquer le protectionnisme pour développer
des avantages comparatifs dans les domaines porteurs de croissance. C'est la stratégie qu'ont suivi les
pays asiatiques, en particulier la Corée du Sud (exercice 7).

On s’interrogera sur les effets d’une variation des taux de change sur l’économie des pays
concernés. → C'est le D du III. Ce « vestige » du chapitre supprimé n'a qu'un lien indirect avec le reste
du cours.

Le taux de change est la valeur d'une devise contre laquelle elle s'échange avec une autre. C'est, en
quelque sorte, le prix d'une devise dans une autre. Toute comme n'importe quel prix, le taux de change
d'une devise dépend donc de l'offre et de la demande de cette devise. Par exemple, le taux de change de
l'euro en dollar s'accroît si la demande d'euros s’accroît et/ou l'offre d'euros baisse.
Une baisse du taux de change conduit à renchérir les importations, et à diminuer le prix des
exportations. Cela doit avoir pour conséquence une baisse des importations et une hausse des
exportations, c'est-à-dire une amélioration de la balance commerciale. Un pays qui a un déficit de sa
balance commerciale doit donc procéder à une dévaluation de sa monnaie. Cela peut être également
une stratégie pertinente pour une économie qui connaît un choc négatif de demande : la hausse des
exportations est susceptible, en accroissant la demande globale, de relancer l'économie. Le risque de la
dévaluation est un accroissement de l'inflation, conséquence de la hausse des prix des biens importés.
Une hausse du taux de change provoque les effets inverses : dégradation de la balance commerciale,
baisse de la demande globale et ralentissement de l'inflation.
En s’appuyant sur des données concernant le commerce intra-firme et sur des exemples
d’entreprises multinationales, on abordera la mondialisation de la production. On analysera les
choix de localisation des entreprises et leurs stratégies d’internationalisation. On étudiera à cette
occasion les principaux déterminants de la division internationale du travail en insistant sur le
rôle des coûts et la recherche d’une compétitivité hors prix. → C'est le IV du cours.

A côté de la progression des échanges commerciaux, un aspect essentiel de la mondialisation est la


mondialisation de la production. Les entreprises vont produire tout ou partie de leur production dans
d'autres pays du monde que celui dont elles proviennent : elles deviennent des Firmes Multi Nationales,
c'est-à-dire des entreprises qui possèdent au moins une unité de production à l'étranger. Les entreprises
procèdent donc à une division internationale de leur processus productif. Par exemple, l’i-phone
d'Apple est conçu en Californie, constitué de composants venant d'Allemagne (antenne), du Japon
(mémoire flash), de Corée du Sud (processeur), et assemblé en Chine. Cela a pour conséquence le très
fort développement du commerce intrafirme, c'est-à-dire l'échange, entre des filiales ou des
sous-traitants (externalisation) d'une firme, de produits semi-finis (exercice 9).
Il y a trois grandes motivations derrière cette mondialisation de la production.
Premièrement, la recherche de l'accès à de nouveaux marchés. Certains marchés ne sont, en effet,
accessibles que si on produit sur place : exporter la production depuis le pays d'origine n'est pas
possible (c'est le cas de certains services, comme la restauration) ou est sous efficace (c'est le cas des
firmes qui cherchent à adapter leurs produits aux goûts et besoins locaux). Ainsi, Mac Donald produit
en France les sandwichs qu'il veut y vendre, parce que les consommateurs ne sont prêts à attendre que
leur Big Mac traversent l'Atlantique... De la même manière, PSA produit en Chine des voitures qu'il
vend aux Chinois, et qu'il a adapté à leurs goûts (exercice 10).
Deuxièmement, les FMN recherchent un accroissement de leur compétitivité, poussées en particulier
par l'intensification de la concurrence qui résulte de l'ouverture commerciale (exercice 11).
Cet accroissement de la compétitivité passe, parfois, par la compétitivité prix. Cela pousse les
entreprises à aller produire dans les pays où les coûts salariaux sont les plus faibles. On constate, en
effet, qu'il y a d'immenses différences de coûts salariaux dans le monde, parfois entre pays frontaliers
(États-Unis/Mexique ; Allemagne/Pologne). Toutefois, il ne faut pas négliger le fait que les pays où les
salaires horaires sont les plus faibles sont également ceux où la productivité est la plus faible : les
différences de coût unitaire du travail (c'est-à-dire le coût en travail de chaque bien produit) dans le
monde sont donc moins fortes, mais demeurent importantes (exercice 12).
Par ailleurs, toutes les entreprises ne cherchent pas la compétitivité prix. Certaines cherchent à
s'imposer grâce à leur compétitivité hors prix, c'est-à-dire au fait que leur produit est soit différent
(différenciation horizontale) soit meilleur (différenciation verticale) que celui de la concurrence. Cette
compétitivité hors prix implique donc le recours à l'innovation, pour développer des produits nouveaux
et meilleurs. Or, la capacité d'innovation se trouve surtout dans les pays développés, en particulier dans
les « clusters » d'entreprises, comme la Silicon Valley. La compétitivité hors prix implique également
une main d’œuvre bien formée, seule capable de produire des biens de qualité. Elle nécessite, enfin,
d'avoir à sa disposition des infrastructures de communication modernes, que seuls les pays développés
offrent (exercice 13).
Au final, on comprend pourquoi les investissement direct à l'étranger (IDE) des FMN se font pour
plus de la moitié vers les pays développés (exercice 9) : c'est là qu'il y a les plus gros marchés, qu'elles
cherchent à atteindre, même si les marchés en forte croissance des pays émergents les attirent
également. C'est également dans ces pays que l'on peut acquérir de la compétitivité hors-prix. Les
exemples des FMN qui délocalisent (exercice 8 pour la définition), c'est-à-dire ferment des unités de
production pour les rouvrir à l'identique, vers des pays pauvres ne concernent ainsi que les secteurs ou
les gammes de produit où les entreprises s'imposent grâce à leur compétitivité prix : bas et milieu de
gamme dans l'automobile, le textile, par exemple. Les produits haut de gamme et des secteurs
innovants sont toujours largement produits dans les pays développés.

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