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DICTIONNAIRE
Avant-propos
Bibliographie générale
A
ABM (ANTI-BALLISTIC MISSILE)
AL QAÏDA
ARMS CONTROL
ASEAN (ASSOCIATION OF SOUTH EAST ASIAN NATIONS) (ASSOCIATION DES NATIONS DU SUD-EST ASIATIQUE)
B
BAGDAD (PACTE DE)/CENTO
BALTES (PAYS)
BARUCH (PLAN)
C
CACHEMIRE (CONFLIT DU)
CATASTROPHE NATURELLE
D
DALADIER Édouard (1884-1970)
F
FACHODA
G
G7/G8/G20
H
HAÏLÉ SÉLASSIÉ Ier (1892-1975)
I
IBN SA’UD (1887-1953)
J
JARUZELSKI Wojciech (1923)
K
KADAR Janos (1912-1989)
KOMINFORM
L
LA HAYE (CONGRÈS)
M
MAASTRICHT (TRAITÉ DE) → UNION EUROPÉENNE (TRAITÉS DE L')
MANDATS
N
N’KRUMAH Kwame (1909-1972)
NAMIBIE
O
ODER-NEISSE (LIGNE)
P
PACIFISME
PALESTINIEN (PROBLÈME)
Q-R
QUEMOY ET MATSU
RUHR
S
SAADABAD (PACTE DE)
SÉCURITÉ COLLECTIVE
SYKES-PICOT (ACCORDS)
T
TARDIEU André (1876-1945)
U
ULBRICHT Walter (DOCTRINE)
UNESCO (UNITED NATIONS EDUCATION, SCIENCE AND CULTURE ORGANIZATION, ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ÉDUCATION, LA
SCIENCE ET LA CULTURE)
V
VARSOVIE (PACTE DE)
W-Z
WALESA Lech (1943)
CHACE James, Acheson : the Secretary of States who created the American
world, New York, Simon & Schuster, 1998.
→ ALLIANCE ATLANTIQUE, CED, CORÉE (GUERRE DE),
GUERRE FROIDE, JONHSON, KENNEDY, MARSHALL (PLAN),
ROOSEVELT (FRANKLIN D.), TRUMAN
ADENAUER Konrad (1876-1967)
AELE
PORTER D., US Economic Foreign Aid : A Case Study of the United States
Agency for International Development, New York, 1990.
→ HUMANITAIRE, KENNEDY, ONU
AGRESSION
ALLEMANDE (QUESTION)
ALLIANCE ATLANTIQUE
ALLIANCE (GRANDE)
SAINSBURY K., The turning point : 1943, Oxford University Press, 1985.
→ BALTES (PAYS), CHURCHILL, DE GAULLE, EISENHOWER,
ONU, POTSDAM (CONFÉRENCE DE), ROOSEVELT (FRANKLIN
D.), STALINE, YALTA (CONFÉRENCE DE)
AL QAÏDA
ALSACE-LORRAINE
ALTERMONDIALISATION
Face au phénomène de mondialisation tel qu’il s’est affirmé dans les
deux dernières décennies du 20e siècle s’est élaborée en réaction une
nouvelle « internationale » constituée de toute une nébuleuse
d’organisations et d’individus qui, au-delà de leurs différences, se
rassemblent dans la contestation de la forme et des abus d’une
mondialisation dans laquelle elle ne voit rien d’autre que le triomphe d’un
libéralisme sans entraves. Débutant par une contestation parfois violente du
« gouvernement » du monde par les dirigeants de quelques grands pays, en
prenant pour cibles certains symboles de cette globalisation, que ce soit
l’OMC, le FMI, les réunions du G8, le mouvement est effectivement monté
en puissance à l’occasion du sommet de l’OMC à Seattle en 1999 et le
sommet du G8 à Gênes en 2001. Stigmatisé alors comme un mouvement
purement contestataire dont l’action était entachée par les violences
auxquelles ces manifestations donnèrent lieu, il a su imposer un
changement de vocable, et passer de l’antimondialisation à
l’altermondialisation. Au forum économique mondial de Davos, haut lieu
de l’affirmation du dogme libéral, il opposa à partir de la tenue du premier
forum social mondial à Porto Alegre en janvier 2001 des rencontres
annuelles, mondiales et européennes, pour apporter la contradiction directe
aux tenants de la mondialisation libérale, et y affirmer qu’un autre monde
était possible. Quoique encore assez floue, l’alternative qui se dessine alors
peu à peu vise à créer une véritable « société » mondiale, plus cohérente,
par réduction des inégalités entre les peuples et qui se soucierait enfin de
préserver aussi pour l’avenir les ressources de la planète, dégageant ainsi
peu à peu le concept fédérateur de développement durable. Organisations «
médicales », alimentaires, d’aide aux enfants, organisations écologiques ou
mouvements paysans, de défense des agriculteurs du Tiers Monde, des
paysans sans terre ou en réaction contre l’agriculture productiviste comme
la Confédération paysanne de José Bové en France, organisations de
critique économique telles Public Citizen et sa filiale pour le commerce
mondial Global Trade Watch ou l’association française née en 1997 à
l’initiative du Monde diplomatique, pour une taxation des transactions
financières (ATTAC), qui vise les mouvements financiers spéculatifs et veut
au moins tirer des ressources pour le Tiers Monde, toute cette société civile
internationale dénonce les inégalités nées du libre-échange, la domination
du Nord sur le Sud, la marchandisation de la santé, prône l’aide aux pays
pauvres, appelle à un changement de nos comportements énergétiques et à
une vraie prise de conscience écologique, et réclame un véritable
gouvernement mondial en critiquant les institutions internationales
existantes. Très présent en France à propos de laquelle d’aucuns parlent d’«
allergie culturelle » à la mondialisation comme en Amérique latine avec le
président brésilien Lula comme tête d’affiche, et fortement teinté
d’antiaméricanisme, le mouvement, passé le temps des slogans, connaît un
certain essoufflement sans doute aujourd’hui, et n’a pas encore
véritablement profité de la crise économique majeure dans laquelle le
monde est entré à l’automne 2008.
PMD
ANSCHLUSS
ANTICOLONIALISME
APARTHEID
APPEASEMENT
ARMES NUCLÉAIRES
BUNDY McGeorge, Danger and survival, choices about the bomb in the
first fifty years, New York, Vintage, 1990.
LE GUELTE Georges, Les armes nucléaires : mythes et réalités, Actes
Sud, 2009.
Questions internationales n° 13, mai-juin 2005.
→ ABM, CORÉE (GUERRE DE), CUBA (CRISE DE),
DISSUASION, ESSAIS NUCLÉAIRES, GOLFE (GUERRE DU),
GUERRE FROIDE, KENNEDY, PROLIFÉRATION, ONU, SUEZ
(CANAL ET CRISE DE)
ARMS CONTROL
ARMÉNIEN (GÉNOCIDE)
Une identité forte
Chronologie du génocide
Comme dans le cas du génocide juif par les nazis durant la Seconde
Guerre mondiale, aucun document écrit n’atteste la décision du
Gouvernement ottoman d’exterminer les Arméniens de l’Empire. Divers
télégrammes de Talaat pacha, ministre de l’Intérieur, ont été produits lors de
procès après la guerre, démontrant l’organisation centrale et
l’intentionnalité des massacres, mais leur authenticité reste contestée par les
historiens turcs.
Pourtant, même en faisant abstraction de ces télégrammes, de nombreux
documents d’archives, qui commencent aujourd’hui à être pris en compte
par certains historiens turcs, ne laissent aucun doute sur le fait que les
meurtres de masse et déportation ont été conçus et organisés afin
d’exterminer les Arméniens de l’Empire. Nombre de télégrammes et
témoignages de diplomates neutres, suisses ou scandinaves, celui de
l’ambassadeur des États-Unis Henry Mongenthau, la correspondance de
l’ambassadeur d’Allemagne avec Berlin comme avec les consuls allemands
dans les provinces ottomanes, des témoignages de religieux, comme celui
du pasteur allemand Lepsius, indiquent bien que, au-delà du double langage
tenu par Talaat devant certains de ses interlocuteurs, il a été le principal
organisateur d’une « solution finale » de la « question arménienne ».
La répétition des mêmes procédures, l’existence de l’OS, le caractère
systématique des meurtres et l’élimination des survivants arrivés à
destination suffisent d’ailleurs à établir le caractère centralisé et intentionnel
d’une extermination qui ne peut être sérieusement mise sur le compte du
hasard ou du malheur des temps.
Dès le 24 mai 1915, la France et la Grande-Bretagne qualifient les
massacres en cours de « crimes de la Turquie contre l’humanité et la
civilisation », indiquant qu’elles « tiendront personnellement responsables
desdits crimes tous les membres du Gouvernement ottoman ainsi que ceux
de ses agents qui se trouveraient impliqués dans de pareils massacres ». Et
en juillet 1919, les responsables du CUP jugés, pour la plupart par
contumace, par la cour martiale ottomane sont condamnés sur la base d’un
acte d’accusation précisant que les massacres d’Arméniens ont été commis
par une « force centrale organisée » qui les a « prémédités et fait exécuter,
soit par des ordres secrets, soit par des instructions verbales ».
Négationnisme et kémalisme
Partie intégrante du réseau établi par John Foster Dulles dans ce qui a été
appelé une « pactomanie », le pacte de Bagdad est l’alliance régionale de
sécurité du Moyen-Orient créée en 1955 et regroupant la Turquie, l’Irak, la
Grande-Bretagne, le Pakistan et l’Iran ; il est lancé à l’initiative du Premier
ministre irakien, Nouri es Saïd, qui veut assurer la sécurité de son pays
contre les menaces soviétiques et l’extension au Moyen-Orient de la
révolution nassérienne. Il forme ainsi un prolongement proche-oriental de
l’OTAN dans le cadre de la guerre froide. Bien qu’il épouse les intérêts
américains en édifiant une barrière contre toute agression soviétique, les
États-Unis n’y participent jamais formellement, se contentant de fournir
aide économique et militaire à ses membres pour ne pas aggraver une
virulente opposition à l’alliance dans le monde arabe. Le coup d’État du 14
juillet 1958 en Irak qui renverse le régime hachémite entraîne son retrait du
pacte le 24 mars 1959. L'alliance se transforme en CENTO (Central Treaty
Organization) le 21 août 1959 et son siège est transféré à Ankara. Toutefois,
sans commandement permanent ni troupes propres, le pacte a une
importance plus symbolique que militaire et sert principalement de
mécanisme d’acheminement pour l’aide économique américaine. L'Iran
après la révolution islamique et le Pakistan annoncent leur retrait de
l’organisation en mars 1979. Dès lors dénuée de toute réalité, la CENTO est
officiellement dissoute en septembre 1979.
PMD
PERSSON Magnus, Great Britain, the United States and the security of the
Middle East : the formation of the Baghdad Pact, Lund, Lund University
Press, 1998.
→ DULLES, GUERRE FROIDE, OTAN
BAKOU (CONGRÈS DE)
BALFOUR (DÉCLARATION)
BALKANIQUES (GUERRES)
Dès lors, les États balkaniques visent chacun la réunion à leur territoire
des populations chrétiennes restées sous souveraineté ottomane.
En 1881, la Grèce obtient la Thessalie et la ville d’Arta au sud de l’Épire.
En 1885, la Roumélie s’unit à la Bulgarie qui proclame sa complète
indépendance en septembre 1908, à la faveur de la révolution jeune-turque,
tandis que, en octobre, l’Autriche-Hongrie évite de peu la guerre avec la
Serbie après la proclamation de l’annexion de la Bosnie-Herzégovine. Les
Albanais réclament leur indépendance lors de révoltes en 1910 et 1912.
Quant à la Macédoine, elle est revendiquée à la fois par la Bulgarie, la
Grèce et la Serbie, tandis que l’ORIM (Organisation révolutionnaire
intérieure macédonienne) réclame son indépendance.
À partir de 1911, la Russie favorise cependant le rapprochement des
quatre États balkaniques. L'alliance serbo-bulgare est conclue le 13 mars
1912, avant l’alliance gréco-bulgare le 29 mai. Ces traités sont en principe
défensifs. Ils n’en constituent pas moins une Ligue dirigée contre l’Empire
ottoman, à laquelle se joint le Monténégro, au moment où les Turcs font
face à l’invasion de la Libye (novembre 1911) puis de Rhodes et des îles du
Dodécanèse (mai 1912) par l’Italie.
Le traité de Bucarest
La débâcle bulgare, accompagnée de massacres des populations grecques
et serbes, permet aux puissances victorieuses de dicter leurs conditions lors
de la conférence de Bucarest (30 juillet-10 août 1913). Sans pouvoir
négocier, la Bulgarie est contrainte :
• de céder la Dobroudja méridionale à la Roumanie ;
• de reconnaître la souveraineté serbe sur la Macédoine du Vardar et celle
de la Grèce sur Salonique et la Macédoine égéenne, y compris le port de
Kavala.
La Bulgarie conserve néanmoins la Macédoine du Pirin et un débouché
sur l’Égée en Thrace occidentale. La Bulgarie négocie par ailleurs avec
l’Empire ottoman, dont les puissances balkaniques ont refusé la présence à
Bucarest. Le traité de Constantinople (29 septembre 1913) permet aux
Turcs de récupérer Andrinople et la Thrace orientale.
Les guerres balkaniques ont servi de banc d’essai aux armements qui
seront utilisés durant la Première Guerre mondiale. Les défaites de l’Empire
ottoman puis de la Bulgarie donnent naissance dans ces pays à un désir de
revanche qui les conduira (en 1914 et 1915) à se ranger au côté des
puissances centrales. Enfin, une enquête de la Dotation Carnegie pour la
paix internationale relèvera que, afin de faire prédominer, dans les zones
destinées à être intégrées à son État, l’élément de population appartenant à
sa nation, chacun des belligérants a pratiqué massacres et déplacements
forcés des populations, les minoritaires devenant dès lors la cible de
politiques d’assimilation forcée souvent brutales.
OD
BALTES (PAYS)
BANGLADESH
BAO-DAI (1913-1997)
YOUNG Robert J., Power and Pleasure. Louis Barthou and the Third
Republic, London, McGill-Queen’s University Press, 1991.
→ DÉSARMEMENT, HITLER, PETITE ENTENTE,
RÉPARATIONS, SDN, SÉCURITÉ COLLECTIVE, TRAITÉS DE
PAIX
BARUCH (PLAN)
Ce chenal est exploré en 1826 par le capitaine du Beagle, qui lui donne le
nom de son bâtiment. À l’extrême pointe sud du continent américain, ce
passage évite de contourner le Cap Horn, en traversant toutefois des eaux
territoriales chiliennes et argentines. Un long conflit juridique débute alors
entre les deux pays. Un premier arbitrage britannique s’avère infructueux en
1902. En 1977, la Cour internationale de justice de La Haye donne raison
au Chili ; l’Argentine récuse cet arrêt l’année suivante. Le règlement du
différend est alors confié à la médiation du pape Jean-Paul II qui propose en
1980 que les îles situées au sud du chenal (donc celles en litige) soient
déclarées chiliennes, mais que la navigation et l’exploitation des ressources
naturelles soient partagées entre les deux pays. Un traité d’amitié et de paix
signé en 1984 est approuvé par référendum par les Argentins.
CB
→ JEAN-PAUL II, ONU (COUR INTERNATIONALE DE
JUSTICE)
PELEG Ilan, Begin’s foreign policy, 1977-1983 : Israel’s move to the right,
New York, Greenwood Press, 1987.
→ CAMP DAVID (ACCORDS DE), LIBAN (GUERRES DU),
SADATE
BERLIN
BOERS
De l’Autriche-Hongrie à la Yougoslavie
Aux termes du traité de Berlin (1878), la province ottomane de Bosnie-
Herzégovine est « occupée et administrée » par l’Autriche-Hongrie.
L'annexion (1908) de ce territoire, doté d’une personnalité propre et placé
sous l’autorité du ministère commun des Finances de la double monarchie,
provoque une tension qui mène la Serbie et l’Autriche-Hongrie au bord de
la guerre.
Dès lors, les sociétés secrètes nationalistes entretiennent dans la
population bosno-serbe (43,5 % en 1910) une agitation favorable au
rattachement à la Serbie qui aboutit à l’assassinat de l’archiduc héritier
d’Autriche, François-Ferdinand, le 28 juin 1914.
La Bosnie-Herzégovine intègre en 1918 le Royaume des Serbes, Croates
et Slovènes. Entre 1941 et 1945, elle est rattachée à l’État oustachi croate
qui y conduit une politique génocidaire contre les Serbes, en s’appuyant sur
l’Église catholique et une partie de la population musulmane, dans laquelle
les nazis, grâce à l’aide d’Amin Al Husseini, grand mufti de Jérusalem en
exil, recrutent en 1943 la division SS Handschar. En 1945, la Bosnie-
Herzégovine devient une des six Républiques fédérées de la République
populaire fédérative de Yougoslavie.
Le déroulement de la guerre
En mai-juin 1992, le mandat de la FORPRONU déployée en Croatie
depuis le début de l’année est élargi à la Bosnie. Elle rétablit le
fonctionnement de l’aéroport de Sarajevo, bloqué depuis trois mois par les
Bosno-Serbes, et assure l’acheminement de l’aide humanitaire.
Les Bosno-Croates ayant proclamé à leur tour, le 3 juillet 1992, un État
sécessionniste d’Herzeg-Bosna, présidé par Mate Boban (1940-1997),
proche du président croate Tudjman, une guerre visant principalement les
populations civiles, se déroule dans l’espace bosniaque, au fil des
renversements d’alliance entre Musulmans, Bosno-Serbes, Bosno-Croates
et en fonction des fluctuations politiques de leurs protecteurs, les présidents
serbe et croate.
Les missions d’enquête de l’ONU sur les violations des droits de
l’Homme dénoncent l’épuration ethnique et les traitements inhumains
infligés aux prisonniers. Elles notent que ces violations sont le fait de toutes
les parties au conflit, tout en soulignant la responsabilité particulière des
Bosno-Serbes, notamment dans les viols systématiques de femmes
musulmanes.
La conférence permanente pour la paix en Yougoslavie, coprésidée par le
médiateur de l’ONU (Cyrus Vance, Thorwald Stoltenberg puis Yashushi
Akashi), et celui de la Communauté européenne (David Owen puis Carl
Bildt), présente plusieurs plans de régionalisation-partage qui se heurtent
soit au refus du Président bosniaque de renoncer à un État unitaire, soit à
celui des Bosno-Serbes de se contenter d’environ 50 % du territoire alors
qu’ils se sont assuré, par les armes, le contrôle de 70 % du pays.
L'ONU renforce à plusieurs reprises la FORPRONU. Mais les contraintes
de son mandat l’empêchent de jouer un véritable rôle sur le terrain. Des
Casques bleus sont ainsi pris en otage par les Bosno-Serbes en mai-juin
1995. Le 6 mai 1993, le Conseil de sécurité (résolution 824) instaure six
zones de sécurité où des Casques bleus sont chargés de protéger la
population civile de la politique d’épuration ethnique des Bosno-Serbes.
Mais les Casques bleus se montrent incapables d’empêcher ces derniers de
pénétrer dans les enclaves de Gorazde (avril 1994), Bihac (novembre 1994),
de bombarder celle de Tuzla (mai 1995), ni de s’emparer de celles de
Srebenica et Zepa (juillet 1995) où ils commettent des meurtres de masse
sur la population civile et les prisonniers musulmans.
Sur proposition française, le Conseil de sécurité (résolution 808) crée, le
22 février 1993, un Tribunal pénal international pour les crimes de guerre
dans l’ex-Yougoslavie, installé en novembre à La Haye et qui, dès juillet
1995, inculpe le président bosno-serbe R. Karadzic et son commandant en
chef Radko Mladic.
BRANDT W., Mémoires, Albin Michel, 1990. KOCH Peter, Willy Brandt :
eine politische Biographie, Bergisch Gladbach, Bastel Lübbe, 1989.
MERSEBURGER Peter, Willy Brandt : visionär und realist, Stuttgart,
DYA, 2006.
→ ALLEMANDE (QUESTION), BERLIN, INTERNATIONALE
SOCIALISTE, ODER-NEISSE (LIGNE), OSTPOLITIK
BRIAND-KELLOGG (PACTE)
FERRELL Robert H., Peace in Their Time : The Origins of the Kellogg-
Briand Pact, New Haven, Conn., 1952.
→ BRIAND, NOBEL DE LA PAIX (PRIX), SDN, SÉCURITÉ
COLLECTIVE
DAALDER Ivo H., LINDSAY, James M., America Unbound : The Bush
Revolution in Foreign Policy, Brookings Institution Press, Washington DC,
2003. EEUWEN Daniel (van), VAGNOUX Isabelle (dir.), Les États-Unis et
le monde aujourd’hui, Éditions de l’Aube, Paris, 2008.
WOODWARD Bob, Bush at War, Plan of Attack, State of Denial, Simon
& Schuster, New York, 2003-2006.
→ AFGHANISTAN, BLAIR, BUSH (GEORGE H.), CHIRAC,
HUSSEIN (SADDAM), ISRAÉLO-ARABES (CONFLITS), IRAK,
ONU, ONZE SEPTEMBRE, OTAN, POUTINE, TERRORISME,
UNILATÉRALISME
C
Située au nord-est de l’Inde, cette région est peuplée par une population
majoritairement musulmane. Lors de la partition de 1947, le Cachemire est
disputé entre l’Inde et le Pakistan et est l’objet d’une guerre interrompue par
un cessez-le-feu imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU en janvier 1949,
qui demande une démilitarisation de la région et l’organisation d’un
plébiscite. Mais ni l’un ni l’autre n’interviendront et le problème du
Cachemire séparé en deux perdure : « l’Azad Cachemire » intégré au
Pakistan et l’État de Jammu-et-Cachemire sous administration indienne. La
ligne de cessez-le-feu devient frontière jusqu’à l’éclatement d’une nouvelle
guerre en août-septembre 1965, qui est rapidement arrêtée sur intervention de
l’URSS. Le contentieux n’est cependant pas résolu lors de la conférence de
Tachkent (4-9 janvier 1966), qui réunit le Président pakistanais, le maréchal
Ayub Khan, le Premier ministre indien, Sastri, autour de Leonid Brejnev. Les
déclarations d’amitié et de coopération n’empêchent pas le déclenchement
d’une troisième guerre indo-pakistanaise à l’occasion de la sécession du
Bangladesh (décembre 1971) et confirment le statu quo lors des accords de
Simla (juillet 1972) entre Ali Bhutto et Indira Gandhi.
Depuis lors, le problème du Cachemire n’a pas été résolu, d’autant plus
qu’il est multiple : opposition entre musulmans et hindous, enjeu territorial
entre l’Inde et le Pakistan, velléités d’autonomie et même d’indépendance du
Cachemire. En 1995, la tension est à son comble, marquée par des
affrontements violents, des attentats terroristes, et d’autant plus préoccupante
qu’entre-temps les deux États ont acquis l’arme nucléaire et l’expérimentent
(1998). Depuis lors, le conflit du Cachemire connaît alternance de
déclarations d’apaisement et d’actions terroristes (utilisées en sous-main par
le Pakistan), qui se multiplient à Srinagar, New Delhi et Mumbaï. En janvier
2004, New Delhi et Islamabad lancent « le dialogue composite », pour
résoudre tous leurs différends. Le processus de paix est-il irréversible ?
MV
BERNARD Jean-Alphonse, De l’empire des Indes à la République indienne,
Imprimerie nationale, 1994.
JAFFRELOT Christophe et alii, La question du Cachemire, Institut
d’Études de sécurité, 2003. REYNOLDS Nathalene, Le Cachemire dans le
conflit indo-pakistanais 1947-2004, L'Harmattan, 2005.
→ BREJNEV, GANDHI (I.), ONU
Issu d’une famille de fermiers sudistes, cet ancien officier de Marine est
élu sénateur démocrate (1962), puis gouverneur de Géorgie (1970). Aux
élections présidentielles du 4 novembre 1976, il bat le président républicain
sortant Gérald Ford. Après les traumatismes de la guerre du Vietnam et du
Watergate, il prétend renouer avec les traditions américaines d’idéalisme et
d’esprit pionnier. En politique extérieure, cela se traduit par une campagne en
faveur des droits de l’Homme qu’il juge propre à séduire le Tiers Monde.
Carter parvient à améliorer l’image des États-Unis par une attitude moins
complaisante à l’égard de la politique d’apartheid en Afrique du Sud, et en
imposant au Sénat la ratification du traité avec Panama sur l’évacuation de la
zone du canal, signé le 16 juin 1978. Tirant le meilleur parti du
rapprochement intervenu entre Sadate et Begin, il les invite à Camp David
(septembre 1978), ouvrant ainsi la voie au traité de paix israélo-égyptien du
26 mars 1979. Continuateur de la politique chinoise inaugurée par Nixon, il
établit des relations diplomatiques avec Pékin (1er janvier 1979). En Amérique
latine, il n’obtient que des résultats mitigés en voulant favoriser les
gouvernements démocratiques. En Asie, il doit faire face à la brusque
irruption du fondamentalisme musulman et à la révolution iranienne qui
aboutit en janvier 1979 au renversement du Shah, puis en novembre à la prise
en otage des diplomates américains à Téhéran, qu’il est incapable de faire
libérer, même au prix d’un « raid » militaire calamiteux (avril 1980). Après
l’invasion de l’Afghanistan (décembre 1979), admettant avoir sous-estimé
l’agressivité des Soviétiques, il demande au Sénat d’ajourner l’examen des
accords SALT II, en janvier 1980, décrète l’embargo sur le blé américain à
destination de l’URSS, décide de boycotter les Jeux olympiques de Moscou,
lance un vigoureux programme de réarmement et développe une « doctrine
Carter » qui promet une réaction militaire américaine en cas d’agression dans
le golfe Persique. Ces revers et cette volte-face par rapport à une politique
fondée au départ sur les droits de l’homme, expliquent en grande partie sa
défaite face à Ronald Reagan lors des élections présidentielles de novembre
1980. Il se consacre alors aux causes humanitaires et joue les médiateurs dans
divers conflits régionaux.
PMD
MAGA Timothy, The World of Jimmy Carter : U.S. foreign policy, 1977-
1981, University of New Haven Press, 1994.
→ AFGHANISTAN, APARTHEID, BEGIN, CAMP DAVID
(ACCORDS DE), DROITS HUMAINS, EMBARGO, JEUX
OLYMPIQUES, NOBEL DE LA PAIX (PRIX), REAGAN, SALT
(ACCORDS), TIERS MONDE, VIETNAM (GUERRE DU)
CASTRO Fidel (1926)
CATASTROPHE NATURELLE
CHARTE 77
Le 1er octobre 1949, la République populaire de Chine (RPC) est créée par
Mao Zedong. Les nationalistes, anticommunistes, menés par Tchang Kaï-
chek, doivent se replier sur l’île de Formose (nom anglais alors utilisé pour
l’île de Taiwan). La République de Chine y est installée, refuse de reconnaître
la RPC et revendique la souveraineté sur l’ensemble de la Chine continentale.
Le siège du gouvernement est à Taipeh et Tchang Kaï-chek est élu président
en 1950. Du coup, la Chine se retrouve avec deux États de régimes différents
et se pose alors le problème des deux Chine, problème d’autant plus aigu que
la guerre froide s’étend à l’Asie.
Avec la guerre de Corée, les Occidentaux font cause commune avec
Formose qui obtient le siège de la Chine à l’ONU, le Japon signe avec elle un
traité de paix en 1952, un accord de défense est mis au point avec les États-
Unis en 1955.
Ce n’est que très progressivement que des relations diplomatiques sont
établies avec Pékin, à part l’URSS dès sa création en 1949, suivie par les
démocraties populaires sauf la Yougoslavie. En janvier 1950, la Grande-
Bretagne est le premier pays occidental à reconnaître la RPC, suivie par la
Suède, le Danemark, la Finlande et la Suisse. Si Londres a reconnu de jure la
Chine de Mao, elle ne s’engage pas sur l’unité de la Chine et maintient un
consulat à Taiwan jusqu’en 1972.
Cette reconnaissance diplomatique varie : faut-il reconnaître une Chine aux
dépens de l’autre ? Pour la France (1964) ou la RFA (1972), la RPC est
reconnue en tant que gouvernement ; l’Autriche (1971) la considère comme
le gouvernement légal mais ne se prononce pas sur l’unité de la Chine ; en
1972 Londres reconnaît la Chine de Pékin et considère Formose comme une
province de la Chine. À la suite du voyage à Pékin du président Nixon
(février 1972), les négociations sino-américaines butent sur le problème de
Taiwan que les Américains refusent de lâcher. Washington établit tardivement
des relations diplomatiques avec Pékin, en 1978, tout en conservant des
relations étroites avec Formose.
Depuis 1949, Taiwan refuse tout contact avec Pékin ; cela va jusqu’à la
rupture des relations diplomatiques avec les États qui reconnaissent la Chine,
tout en maintenant les relations économiques et culturelles.
Cette question a des implications diverses : outre l’échange
d’ambassadeurs, le problème de la Chine comme membre permanent au
Conseil de sécurité de l’ONU est l’objet de débats importants à chaque
assemblée générale, allant jusqu’au boycott par l’Union soviétique en janvier
1950, pour dénoncer le fait que ce soit la Chine nationaliste qui représente la
Chine à l’ONU. C'est en 1971 que la RPC y remplace Taiwan ainsi que dans
toutes ses instances.
Depuis les années 1980, les relations entre les « deux Chine » se
développent ; les deux États se retrouvent aussi dans les organisations
régionales telles que l’APEC.
Ch. M
CHOCS PÉTROLIERS
À partir des années 1970, le monde est confronté à une série de hausses
successives et massives du prix du pétrole, provoquant, en Occident
notamment, la fin des Trente Glorieuses. Le premier choc pétrolier intervient
au lendemain de la guerre du Kippour d’octobre 1973. Utilisant le pétrole
comme une arme politique destinée à « punir » les pays occidentaux pour leur
solidarité avec Israël, les producteurs du Proche-Orient décident le 16 octobre
1973 une hausse de 70 à 100 % selon les origines et les quantités livrées,
ainsi que des mesures d’embargo. Dans leur sillage, les pays de l’OPEP
décident de réduire de 5 % chaque mois les livraisons de brut à la plupart des
pays consommateurs ; États-Unis, Pays-Bas, Portugal, Rhodésie et Afrique
du Sud sont frappés d’embargo total ; la France, l’Espagne et le Royaume-
Uni, considérés comme amis, reçoivent la même quantité qu’avant la guerre.
En décembre, à Téhéran, l’OPEP décide une hausse de 130 % du prix affiché
par ses pays membres à compter du 1er janvier 1974. En fait, la réduction de la
production ne dépasse pas 25 % par rapport à septembre 1973, car les autres
producteurs (dont l’Irak qui se désolidarise de l’OPEP) augmentent leur
production. Le choc est néanmoins considérable dans la plupart des pays
industrialisés. Diverses mesures d’adaptation sont prises comme la baisse de
la consommation (– 5 % en France, – 10 % en Allemagne, – 15 % aux Pays-
Bas) provoquant une récession généralisée. Au cours de l’année 1974,
l’OPEP annonce plusieurs séries de hausses de la redevance et des impôts sur
les bénéfices de compagnies pétrolières. La France anticipe les conséquences,
à long terme, de l’utilisation politique du pétrole en décidant, en mars 1974,
le passage au tout nucléaire.
Le second choc pétrolier intervient en 1979. Après la chute du Shah en
janvier, l’Iran qui se déclare en guerre ouverte contre « l’Occident
impérialiste », décide l’arrêt de ses livraisons de pétrole, le quasi-doublement
du prix du brut en une année, et le gonflement des revenus pétroliers. Les
sommes alors disponibles, dépassant les besoins du pays, sont investies ou
recyclées dans les circuits financiers mondiaux : ce sont les pétrodollars.
L'OPEP est au faîte de sa puissance. Des pays du Proche-Orient, les Émirats
arabes unis, le Qatar, le Koweït et l’Arabie Saoudite, deviennent des acteurs
politiques face à un Occident qui ne parvient pas à trouver de réponse
commune, alors même qu’à la fin de la présidence Carter les États-Unis
montrent des signes de faiblesse.
C'est dans le contexte du début de la guerre Iran-Irak qu’interviennent des
hausses désordonnées tout au long de l’année 1980. En septembre, l’Arabian
Light (pétrole léger dépourvu de soufre) est à 30 dollars le baril et à 34
dollars en décembre 1981, provoquant une sévère récession aux États-Unis :
mais les pays de l’OPEP n’arrivent pas à un accord sur un prix unique,
certains pays (Irak, Mexique, Libye, Nigeria) décident même une baisse
unilatérale de leurs tarifs. Le reflux des chocs pétroliers (les contre-chocs) ne
s’amorce qu’en 1982. Le camp des pays producteurs est alors affaibli par le
conflit Iran-Irak, puis par d’autres désaccords politiques. Ces chocs pétroliers
successifs ont à leur actif une prise de conscience assez générale, en
Occident, du prix à payer pour maintenir un certain niveau de vie et une
attention accrue portée aux questions liées à l’environnement et à l’énergie.
MV
KEIT Ronald C., The diplomacy of Zhou Enlai, New York, St. Martin’s Press,
1989.
→ BANDOUNG (CONFÉRENCE DE), KISSINGER, MAO
ZEDONG, TCHANG KAï-CHEK, TIERS MONDE
Une des grandes figures du 20e siècle dont la carrière politique est précoce
et riche. Après une carrière de journaliste, il est élu, à 26 ans, député
conservateur (1900), puis libéral (1906), et occupe divers postes ministériels
(Industrie, Intérieur, Marine). Limogé de l’Amirauté après le fiasco des
Dardanelles (1915), Lloyd George en fait le ministre des Munitions de son
cabinet d’Union nationale (1917), puis le ministre de la Guerre (1919-1921),
où il fait campagne pour l’intervention contre les Bolcheviques, puis ministre
des Colonies (1921-1922), il tente, avec T. E. Lawrence, de trouver des
solutions aux problèmes du Proche-Orient. Retournant au parti conservateur,
il est le chancelier de l’Échiquier du gouvernement Baldwin (1924-1929). Au
cours des années 1930, il se signale par ses mises en garde contre
l’appeasement (malgré ses sympathies pour les régimes de Mussolini et de
Franco) et sa condamnation des accords de Munich qui le font accéder au
gouvernement comme ministre de la Marine dans le cabinet de guerre de
Chamberlain (2 septembre 1939), avant de lui succéder le 10 mai 1940.
Repoussant toute idée de paix de compromis avec Hitler, malgré la défaite de
l’allié français, il symbolise la résistance héroïque, ne promettant à ses
concitoyens que « du sang, de la sueur et des larmes ». Et il entend mener la
guerre jusqu’à une victoire complète en comptant d’abord sur l’aide de
l’Amérique de Roosevelt, avec lequel il signe la charte de l’Atlantique (12
août 1941). Cependant le poids croissant pris par les États-Unis dans la
conduite des opérations, et la volonté du Premier ministre de maintenir
l’Empire britannique après la guerre tendent ses relations avec le Président
américain. Faisant taire son anticommunisme, il s’allie à Staline après
l’attaque allemande contre l’URSS et soutient les partisans yougoslaves de
Tito, tout en voulant limiter l’expansion soviétique, que ce soit en affrontant
militairement la résistance communiste grecque à Athènes (décembre 1944),
ou en concluant avec Staline un véritable accord de partage de l’Europe
centrale et balkanique (octobre 1944). Congédié par les électeurs britanniques
en pleine conférence de Potsdam (juillet 1945), il appelle à la vigilance des
nations occidentales contre la menace soviétique, lors de son discours de
Fulton (5 mars 1946), et dans celui de Zurich (9 septembre 1946), il
préconise la création d’États-Unis d’Europe, sans le Royaume-Uni ! Premier
ministre de nouveau (26 octobre 1951-5 avril 1955), il laisse une grande
marge d’initiative à son ministre des Affaires étrangères Anthony Eden pour
régler le problème de la participation de la RFA à la défense occidentale et
lors de la conférence de Genève (1954), en caressant toutefois l’idée qu’une
rencontre avec Staline lui permettrait de régler les problèmes mondiaux.
AD
CHYPRE
Durant les premiers temps, elle connaît autant d’échecs (en Albanie en
1949 pour renverser le régime d’Enver Hodja ou au Tibet en 1950 en soutien
à la résistance contre la Chine communiste) que de succès, assurant par ses
subsides, la victoire des démocrates chrétiens sur les communistes aux
élections italiennes de mai 1948, en finançant tout au long de la guerre froide,
par le canal de l’AFL-CIO, de nombreux syndicats non communistes
européens, parvenant en France notamment à la scission de FO de la CGT.
C'est sous la présidence Eisenhower qu’elle vit son âge d’or. En militaire
convaincu de l’intérêt de services secrets, le Président apprécie la discrétion
d’une agence, dont le directeur, Allen Dulles, ancien de l’OSS en Suisse
durant la guerre, n’est autre que le frère du secrétaire d’État. La CIA acquiert
alors une place presque encombrante dans la politique étrangère américaine.
L'Agence est ainsi chargée en août 1953 d’organiser une révolte contre le
leader nationaliste iranien Mossadegh perçu comme un fourrier du
communisme et coupable d’avoir nationalisé l’Anglo-American Oil. En juin
1954, elle renverse au Guatemala le gouvernement Arbenz qui s’apprête à
exproprier la compagnie américaine United Fruit. Elle obtient en 1956 le
texte du rapport secret de Khrouchtchev sur les « crimes de Staline »,
fournissant au camp occidental une formidable arme de propagande ; elle
réussit le percement d’un tunnel dans Berlin-Est en février 1955 qui permet
aux Américains d’intercepter les communications soviétiques pendant plus
d’un an ; elle met au point, dès juin 1956, le programme d’avions-espions
U2, volant à plus de 70 000 pieds hors de portée de tout missile existant, tout
en pouvant prendre des clichés d’une précision extrême qui offre aux États-
Unis le moyen d’apprécier les capacités militaires de leurs ennemis.
Le fiasco de la Baie des Cochons à Cuba (17 avril 1961) marque la fin
d’une époque, provoquant la démission d’Allen Dulles et de Richard Bissell,
concepteur du programme U2, comme de l’opération qui montre les dangers
d’une CIA ne se limitant plus à informer le gouvernement mais cherchant par
des moyens détournés à imposer sa politique. D’ailleurs, si l’influence et
l’action de ses premiers directeurs, dont le général Walter Bedell Smith
(1950-1953), Allen Dulles (1953-1961) et John McCone (1961-1965) lui ont
permis de s’imposer, les événements des années 1960 et 1970 ne lui sont pas
favorables. Après n’avoir pas su prévoir l’édification du mur à Berlin en
1961, coup sur coup, elle est incapable d’annoncer l’invasion de la
Tchécoslovaquie en 1968, la guerre israélo-arabe de 1973, le choc pétrolier
qui la suit, et dans la seule année 1974, le premier test nucléaire de l’Inde, le
coup d’État à Chypre et son invasion par la Turquie ! Les présidents Johnson
et Nixon se méfient de la CIA, bien qu’elle se distingue au Vietnam en
mettant sur pied une armée de 35 000 hommes des tribus Méos pour opérer
derrière les lignes des forces communistes du Pathet Lao et couper la piste
Ho Chi Minh, et qu’elle participe activement en 1973 au renversement du
gouvernement Allende au Chili dont les velléités nationalisatrices
inquiétaient des firmes américaines comme ITT. Ce rôle, une fois connu,
altère encore son image qui atteint son étiage au milieu des années 1970. Pire,
essuyant les contrecoups du Watergate auquel on la soupçonne d’avoir
participé, elle fait l’objet d’enquêtes parlementaires sous la pression de
l’opinion publique et de la presse concernant des assassinats, ou tentatives, de
chefs d’État étrangers dans des actions illégales (notamment Ngô Dinh Diêm
au Sud-Vietnam, Castro, le colonel Kassem en Irak ou Lumumba au Congo
auquel elle préfère Mobutu). Dans une Amérique en proie au doute, est ainsi
posée la question du contrôle des services secrets par une démocratie et pour
certains, celle de l’existence de services secrets dans une démocratie.
L'assassinat de chefs d’État étrangers est explicitement interdit, et, avec la loi
Hugues-Ryan de 1974, le contrôle parlementaire est instauré.
Le fiasco iranien témoigne de l’état de la CIA à la fin des années 1970, la
non-prévision de la chute du Shah en janvier 1979, l’incapacité à envisager la
révolution islamique et la prise de l’ambassade américaine, l’échec complet
enfin de l’opération militaire de récupération des otages, démontrant un
manque criant d’information. Toujours contestée par la gauche, elle l’est
désormais aussi par la droite américaine, même si elle mène alors de vastes
opérations clandestines contre l’expansion soviétique, appuyant la résistance
anticommuniste au Cambodge ou l’UNITA en Angola.
Sous la direction de William Casey (1981-1987), l’Agence soutient les
rebelles afghans en lutte contre l’Armée rouge par l’intermédiaire du Pakistan
ou de fondamentalistes musulmans. Faisant de l’action clandestine une
priorité absolue, elle cherche à contourner le contrôle législatif, l’activisme
de l’expérience Reagan se soldant en définitive dans la même atmosphère de
scandale que les années 1970, avec l’Iran-Contragate, les actions clandestines
peu discrètes au Nicaragua, le trafic de stupéfiants pour financer les contras,
le soutien à la répression gouvernementale au Guatemala…
COMECON
Fondé le 1er janvier 1949 à l’initiative de l’URSS avec la Bulgarie, la
Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Tchécoslovaquie, la RDA en étant par
ailleurs membre à partir de 1950 et l’Albanie de 1949 à 1962, le Conseil
d’Aide économique mutuelle (CAEM) plus connu sous son nom anglais de
COMECON, est le cadre institutionnel des relations économiques entre les
pays d’Europe de l’Est, même s’il a ensuite accueilli la Mongolie en 1961,
Cuba en 1972 et le Vietnam en 1978. Facette économique du bloc soviétique,
le COMECON naît de considérations politiques et stratégiques, en réplique
au plan Marshall que les pays d’Europe orientale rejettent sous la pression
soviétique, et à la création de l’OECE le 16 avril 1948. Il se limite à favoriser
les accords commerciaux bilatéraux sous Staline, et se développe au milieu
des années 1950 en multipliant les activités de coopération, lance en 1958 ses
premiers projets d’investissements multilatéraux (oléoduc Amitié, réseau
électrique Mir). Il vise alors à l’intégration totale des économies des pays
membres, suivant les principes de division internationale socialiste du travail
et de spécialisation, projet contre lequel la Roumanie notamment s’oppose
avec virulence au début des années 1960, refusant d’être réduite au rôle
d’appendice agricole d’économies plus avancées. Le programme de Bucarest
de juillet 1971 et la révision de la charte du CAEM en 1974 affirment les
objectifs de développement équilibré des économies de chaque pays et de
rapprochement des niveaux de développement entre les membres. Mais dans
les faits, les échanges se font essentiellement au profit de l’URSS. Le rouble
« transférable », monnaie de compte à l’intérieur du CAEM mais pas
convertible en devises fortes, suscite des échanges essentiellement bilatéraux
et ne favorise pas la constitution d’un vrai marché. Après la désintégration de
l’Union soviétique, le CAEM est dissous le 28 juin 1991, ses anciens
membres préférant réorienter leurs échanges avec l’Ouest pour préparer une
hypothétique entrée dans l’Union européenne.
PMD
COMMONWEALTH
C'est l’ensemble des États issus de l’Empire britannique. Le terme apparaît
pour la première fois en 1921 dans le traité de Londres qui reconnaît
l’existence d’un nouveau
États membres du Commonwealth (par ordre de leur date
d’accès à l’indépendance)
Premières transformations
http://www.unctad.org
→ GATT, ONU, TIERS MONDE
Après la signature de l’Acte final d’Helsinki le 1er août 1975, les pays
membres de la CSCE se retrouvent pour une nouvelle conférence au sommet
le 21 novembre 1990 afin de signer la Charte de Paris pour une nouvelle
Europe, marquant la fin de la « l’ère de la confrontation et de la division ». À
la demande de Mikhaïl Gorbatchev, la CSCE est relancée dans le but de
consolider la démocratie en multipliant les rapports dans tous les domaines et
en accélérant le désarmement. La CSCE est dotée de structures permanentes
(Conseil des ministres des Affaires étrangères qui se réunissent au moins une
fois par an, Comité des hauts fonctionnaires, haut-commissaire pour défendre
les minorités et intervenir avant que les tensions ne dégénèrent) installées à
Vienne, Prague et Varsovie.
Considérée comme une organisation régionale de l’ONU, elle devient
Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Elle est
devenue l’une des organisations de sécurité régionale les plus importantes
avec cinquante-six États d’Europe, d’Asie centrale et d’Amérique. Son action
en matière de sécurité concerne les hommes, les questions politiques et
militaires et la sphère de l’économie et de l’environnement.
Les missions de terrain sont essentielles. La plus ancienne a été envoyée
dans l’ex-Yougoslavie en 1992 ; établie pour prévenir les conflits, l’OSCE a
dû la modifier et la charger d’éviter les débordements des conflits ; il y a eu
six missions dans la région, actuellement la mission au Kosovo est la plus
importante numériquement et elle travaille en relation avec la mission
d’administration au Kosovo (MINUK). D’autres ont opéré en Asie centrale,
dans le Caucase et en Europe de l’Est, notamment pour des contrôles au
moment des élections (en Biélorussie, en Moldavie et en Ukraine).
Toutefois, les membres ne sont pas d’accord sur l’organisation de la
sécurité européenne : ainsi, en décembre 2008, l’OSCE ferme la mission
qu’elle avait en Géorgie depuis 1996, faute de consensus entre États membres
(à l’ONU en septembre 2008, les Russes demandent un « Helsinki 2 » pour
redéfinir la sécurité en Europe). En outre, elle ne dispose pas de forces
propres et se trouve concurrencée par divers organismes (Conseil de
l’Europe, UEO, Alliance atlantique) qui ne lui permettent pas toujours d’agir
avec efficacité dans les conflits en cours.
Ch. M
CONGO
Propriété personnelle du roi des Belges, Léopold II, de 1885 à 1908, date à
partir de laquelle le Congo est transféré à l’État belge, cet immense État
d’Afrique noire (plus de quatre fois la superficie de la France), peuplé de 42
millions d’habitants, au centre du continent africain, possédant d’immenses
ressources minières et hydrologiques, connaît une succession de crises
dramatiques et d’échecs retentissants depuis son indépendance, non préparée
par son ancienne métropole, dont les séquelles se font encore sentir. Dès la
proclamation de l’indépendance, le 30 juin 1960, la Force publique, seule
force armée existante, encadrée par des officiers belges, se mutine le 4 juillet,
et la riche province minière du sud du pays, le Katanga (Shaba), en la
personne de son leader Moïse Tschombé, soutenu par les Belges et l’Union
minière du Haut-Katanga, proclame sa sécession le 11 juillet 1960. Le Congo
ex-belge sombre dans l’anarchie et la violence. Le gouvernement Kasavubu-
Lumumba fait appel à l’ONU et, à défaut de l’aide de l’Organisation, au
gouvernement soviétique. L'affaire congolaise s’internationalise. Patrice
Lumumba, alors Premier ministre, soupçonné de sympathies communistes,
est arrêté en décembre 1960 par les forces du colonel Mobutu, puis transféré
au Katanga où il est abattu en janvier 1961 sous le prétexte de tentative
d’évasion. Le secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld, répond
favorablement à la demande d’aide militaire et le 31 juillet 1960, plus de 10
000 hommes venus d’Éthiopie, du Ghana, de Guinée, d’Irlande, du Liberia,
du Maroc, de Suède et de Tunisie (l’ONUC) sont déployés dans toutes les
provinces du Congo, Katanga excepté. Bénéficiant de l’appui des États-Unis
et du Tiers Monde, Hammarskjöld entreprend de liquider la résistance
katangaise en se fondant sur une résolution de l’ONU (février 1961). Il faudra
trente mois, bien des négociations, des accords conclus mais non respectés,
des offensives militaires menées par l’ONUC en novembre-décembre 1961,
décembre 1962 et janvier 1963 pour venir à bout de la sécession du Katanga.
Les enjeux sont politiques, stratégiques, constitutionnels, économiques,
financiers. Mais le but de l’opération est d’empêcher Moscou d’intervenir au
cœur du continent africain. Ainsi le secrétaire général de l’ONU affronte-t-il
l’opposition violente des Soviétiques qui entendent réformer le Secrétariat
général. En janvier 1963, la sécession prend fin, mais Kinshasa n’exerce
qu’un contrôle nominal sur le pays dont les six anciennes provinces sont
morcelées en 21, multipliant ainsi les centres de pouvoir et les abus des
gouvernants. En 1964, les troubles redoublent de violence jusqu’à devenir
une véritable insurrection générale au Kwilu et dans l’est du Zaïre. Le 23
novembre 1965, le colonel Mobutu, commandant l’armée nationale
congolaise, s’empare du pouvoir, met un terme à cinq années de troubles,
restaure l’unité nationale, en apparence tout au moins, relance pour un temps
l’économie et inaugure une ère de stabilité. Mais l’absence d’un processus de
transition démocratique ajoutée à une crise économique multiforme
entraînent des troubles importants (la « zaïrianisation » forcée provoque le
départ de milliers d’Européens). La France cesse sa coopération avec le
Zaïre, Mobutu est lâché par ses alliés occidentaux, et le pays sombre une fois
de plus dans l’anarchie, la violence politique et les tentations séparatistes.
L'est du Zaïre subit l’attraction de l’Afrique orientale et l’impact des crises
qui secouent la région des Grands Lacs (Ouganda, Rwanda, Burundi). Le
Kiwu ne connaît pas moins de cinq épisodes guerriers de 1993 à 1998. En
1997, après trente ans de régime dictatorial, Mobutu est chassé du pouvoir
par Laurent-Désiré Kabila qui, soutenu par les Américains, aidé par
l’Ouganda et le Rwanda, devient le nouveau chef d’un État qui ne trouve pas
sa stabilité et demeure aussi impuissant que le précédent, en butte à des
rivalités internes, tribales et internationales. Le territoire de la RDC est le
terrain d’affrontement des armées des pays voisins et des groupes rebelles
locaux, tous défendant des intérêts divergents alors que son président, auquel
succède son fils, est assassiné en janvier 2001.
CB
CONSEIL DE L'EUROPE
CURZON (LIGNE)
La question des frontières polonaises définies par les Alliés dans le traité
de Versailles constitue un foyer de tensions permanentes en Europe orientale
durant l’entre-deux-guerres. Ni l’Union soviétique à l’est ni l’Allemagne à
l’ouest qui subit de lourdes pertes territoriales, ne sont prêtes en effet à
reconnaître les nouveaux contours de la Pologne.
Fixée par la France et la Grande-Bretagne en décembre 1919, la ligne
Curzon sépare la Pologne de la Russie soviétique selon un tracé contesté par
les deux pays. Jouant des troubles intérieurs en Russie, la Pologne déclenche
l’offensive. Ébranlée par une première contre-attaque soviétique, elle reçoit
l’aide militaire de la France et sort finalement victorieuse du conflit en 1921,
annexant une grande partie de la Russie blanche (traité de Riga, 1921).
FG
DARFOUR
DÉCOLONISATION
DÉFENSE EUROPÉENNE
Après avoir été l’un des champions du « parti colonial », il est le maître
d’œuvre de la politique extérieure française au début du 20e siècle et
parvient à mettre en place un système anti-allemand qui démontre son
efficacité en 1914. Proche de Gambetta et de Ferry, député, sous-secrétaire
d’État aux Colonies (1893) puis ministre des Colonies (1894), il est nommé
ministre des Affaires étrangères en 1898. S'attachant alors à développer
l’alliance franco-russe initiée dès 1893 et s’efforçant de la concilier à une
entente avec la Grande-Bretagne, Delcassé accepte le retrait français de
Fachoda (1898) afin d’éviter un affrontement avec elle. Une fois achevée la
guerre des Boers (1899-1902) qui irrite fortement l’opinion française, il met
un terme aux contentieux coloniaux franco-britanniques par l’Entente
cordiale (1904). De plus, il obtient l’abandon de fait de la Triple-Alliance
par l’Italie (1902) et un accord avec l’Espagne concernant le Maroc (1904).
Inquiet de la politique d’encerclement diplomatique et militaire poursuivie
par le chef de la diplomatie française, l’empereur Guillaume II prend
prétexte de la première crise marocaine (Tanger) pour exiger la tenue d’une
conférence internationale qui a eu lieu au début de 1906 à Algésiras. N’y
voyant qu’une manœuvre allemande, Delcassé s’y refuse mais le
gouvernement français, soucieux d’un possible conflit avec l’Allemagne,
accepte d’y participer, ce qui entraîne la démission du ministre (6 juin
1905). Revenu aux affaires en 1911 comme ministre de la Marine, il
formalise le rapprochement avec les Britanniques par la définition des
futures zones d’action maritimes en cas de conflit : la mer du Nord aux
Anglais et la Méditerranée aux Français. Nommé ambassadeur à Saint-
Pétersbourg (1911-1913), il se consacre au raffermissement de l’alliance
franco-russe. Ministre de la Guerre à la veille du conflit, il retrouve son
poste aux Affaires étrangères en août 1914 où il s’emploie à faire entrer
l’Italie en guerre aux côtés des alliés et à contrer les prétentions de ceux-ci
dans les Balkans, mais il ne peut empêcher les Bulgares de se joindre aux
Empires centraux ; il donne sa démission en 1915 pour protester contre
l’expédition de Salonique et ne joue plus aucun rôle politique.
AD
DÉSARMEMENT
Survol
20 septembre 1961
Déclaration McCloy-Zorine : début de l’arms control.
5 août 1963
Traité de Moscou sur l’interdiction des essais nucléaires dans l’espace,
l’atmosphère et dans l’eau.
27 janvier 1967
Accord sur l’utilisation pacifique de l’espace.
10 juillet 1968
Traité de non-prolifération entré en vigueur en 1970, qui distingue les
États qui ont procédé à des expériences nucléaires avant 1967, et
conserveront leurs armes, et les autres, qui ne doivent pas en acquérir ; il
interdit aux détenteurs de l’arme nucléaire d’approvisionner les autres États
et à ceux-ci de produire et d’acquérir ces armes.
11 février 1971
Traité de dénucléarisation des fonds marins et de leur sous-sol.
26 mai 1972
SALT I (Strategic Arms Limitation Treaty) sur la limitation des
armements stratégiques intercontinentaux (de portée supérieure à 5 500
km), qui définit des plafonds pour le nombre de missiles défensifs
antibalistiques et décrète un gel de cinq ans sur les arsenaux offensifs.
26 mai 1972
Traité ABM (anti-ballistic missiles) qui limite les sites de missiles
antimissiles à deux (un seul à partir de 1974).
3 juillet 1974
Treshold Test Ban Treaty (TTBT) : traité entre les États-Unis et l’URSS
limitant à 150 kt l’énergie des essais nucléaires souterrains.
18 juin 1979
SALT II : ce traité limite la croissance quantitative et qualitative des
armes nucléaires stratégiques américaines et soviétiques et des avions
porteurs de missiles de croisière.
8 décembre 1987
Traité de Washington éliminant tous les missiles de 500 à 5 500
kilomètres de portée intermédiaire (Euromissiles).
19 décembre 1990
Traité sur la réduction des forces conventionnelles en Europe (FCE),
signé à Paris, à la suite des négociations MBFR Varsovie (réduction
mutuelle et équilibrée des forces classiques en Europe) entre les États
membres de l’OTAN et ceux du Pacte de qui ont duré de 1973 à 1989. Il
limite les 5 principales catégories de forces conventionnelles en Europe et
les répartit entre des zones fixées. Le texte en a été revu en novembre 1999.
31 juillet 1991
START I (Strategic Arms Reduction Treaty) qui prévoit la destruction
d’un tiers des arsenaux d’armes nucléaires stratégiques, soviétiques et
américaines, en sept ans.
Septembre et octobre 1991
Double décision américaine et soviétique prévoyant la destruction de
toutes les armes nucléaires « de théâtre » ou tactiques en Europe, excepté,
pour les États-Unis, leur composante aérienne.
23 mai 1992
Protocole de Lisbonne au traité START par lequel la Biélorussie, le
Kazakhstan et l’Ukraine renoncent aux armements nucléaires hérités de
l’Union soviétique.
17 juin 1992
Accord américano-russe sur les armements stratégiques offensifs.
Déclaration sur un système de protection globale (GPS).
3 janvier 1993
START II, signé à Moscou par George Bush et Boris Eltsine, qui prévoit
l’élimination en dix ans des missiles sol-sol à têtes multiples (MIRV), la
réduction des 2/3 des ogives nucléaires stratégiques : la Douma russe ne l’a
pas ratifié.
15 janvier 1993
Traité de Paris sur l’interdiction de l’emploi et de la fabrication des armes
chimiques et la destruction des stocks existants, que doit contrôler
l’organisation pour l’interdiction des armes chimiques.
10 septembre 1996
Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE)
(Comprehensive Test Ban Treaty, CTBT). Signé par 158 États, mais ni par
l’Inde ni par le Pakistan ; les États-Unis, la Russie et la Chine ne l’ont pas
ratifié.
3 décembre 1997
Convention interdisant les mines antipersonnel, signée à Ottawa.
24 avril-19 mai 2000
Conférence des États signataires du TNP. Les cinq puissances nucléaires
s’engagent à éliminer totalement leurs arsenaux nucléaires.
24 mai 2002
Signature à Moscou du traité de désarmement stratégique par les
présidents G.W. Bush et V. Poutine : les deux États s’engagent à réduire des
deux tiers leurs arsenaux nucléaires stratégiques qui doivent passer de 6 000
têtes nucléaires à 1 700-2 200 d’ici à 2012. Septembre 2002-mars 2003
Crise autour des ADM que l’Irak est censé posséder.
11 janvier 2003
La Corée du Nord se retire du TNP.
Automne 2003
Première crise autour du programme d’enrichissement d’uranium de
l’Iran.
Décembre 2005-janvier 2004
La Libye renonce à développer des ADM et ratifie le TICE et le TNP.
9 octobre 2006
Premier essai nucléaire nord-coréen
Après 1945
DETTES DE GUERRE
Pendant la Grande Guerre, les Alliés ont contracté des emprunts auprès
des États-Unis (10,3 milliards de dollars dont 4,2 pour le Royaume-Uni et
3,4 pour la France). La question de leur remboursement, qui conditionne la
reconstruction de l’Europe, déchaîne les passions de part et d’autre de
l’Atlantique : les Européens souhaitent des aménagements, notamment
rendre ces dettes et les réparations solidaires, les Américains invoquent le
caractère sacré des contrats. S'ils font des concessions sur les taux d’intérêt,
ils refusent obstinément l’annulation des dettes ou leur diminution, le
règlement conjoint des dettes et des réparations, celles-ci étant pour eux une
affaire strictement européenne née du traité de Versailles qu’ils n’ont pas
ratifié. Cette position, juridique, vue l’aisance budgétaire de Washington,
leur vaut le surnom de Shylock, particulièrement en France qui estime avoir
déjà payé
Les dettes interalliées
avec son sang et rappelle que les États-Unis ne l’ont jamais remboursée des
dettes de la guerre d’indépendance. Elle s’explique, outre le souci
d’épargner le contribuable, par une sous-estimation des difficultés
économiques de l’Europe et une rivalité financière anglo-américaine
latente. Un à un pourtant, les débiteurs consolident leur dette, d’abord la
Grande-Bretagne en 1923, la France parmi les derniers en 1926 et ne
ratifiant l’accord qu’en juillet 1929. Les États-Unis ont dû, il est vrai,
s’intéresser à la question des réparations par l’intermédiaire de comités
d’experts et accepter avec le flux de capitaux du plan Dawes de 1924 et
surtout le plan Young en 1929 un lien de facto entre le paiement des
réparations et le remboursement des dettes. Mais, avec la crise de 1929,
après le moratoire Hoover qui suspend toutes les dettes
intergouvernementales pour un an à compter de juillet 1931, puis l’abandon
des réparations à la conférence de Lausanne en 1932, tous les pays, sauf la
Finlande, cessent d’honorer leurs dettes, même si les États-Unis continuent
d’exiger le remboursement intégral.
FG
DIPLOMATIE
DISSUASION
DROGUE
L'intérêt porté aux droits humains n’est pas nouveau, mais l’ONU
l’inscrit dans sa Charte en 1945. Une Commission des droits de l’homme
est créée en 1946, sous la présidence d’Eleanor Roosevelt. La détermination
du secrétaire général adjoint chargé du Conseil économique et social
(ECOSOC), Henri Laugier, soutenu par le juriste français René Cassin et le
représentant polonais Raphael Lemkin (l’inventeur du néologisme «
génocide »), permet de faire aboutir rapidement la Déclaration universelle
des droits de l’homme en 1948. Cassin la veut « universelle » et non
internationale afin que tous les États, quels que soient leur régime, leur
religion, se sentent réellement concernés.
Inspiré par l’esprit des Lumières, ce texte reprend dans son préambule les
principes de la Déclaration d’indépendance américaine (1776) et de la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, pour ce qui
touche à l’égalité dès la naissance. Elle y ajoute les droits fondamentaux et
imprescriptibles. Adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU (les trois
pays socialistes, l’Arabie Saoudite et l’Afrique du Sud s’abstiennent), elle
est signée à Paris le 10 décembre 1948. Le texte est composé de trois
parties : une déclaration, une convention, des pactes pour transformer les
principes en actes juridiquement obligatoires. Certains États la reprennent
en partie dans leur Constitution, en faisant ainsi un élément de leur droit
positif. Les droits humains sont un enjeu important dans les relations
internationales car leur universalité n’est pas acquise. Ce n’est qu’en 1966
que les premiers pactes sont votés (sur les droits civiques et politiques, les
droits économiques et sociaux). Pendant la guerre froide, les deux blocs
s’affrontent sur ce terrain, les uns voyant les droits politiques comme
essentiels, les autres jugeant la défense des droits économiques et la lutte
contre les inégalités sociales comme primordiales. En fait, la défense des
droits humains est souvent un argument politique et idéologique utilisé
contre un adversaire. Actuellement, la division entre fondamentalisme
religieux (islamisme par exemple) et libéralisme de la pensée et de la vie
politique devient prédominante. Tortures, emprisonnements, attentats,
aggravation du terrorisme partout dans le monde sont autant d’atteintes aux
droits que les États justifient, arguant de la lutte contre leur insécurité
intérieure. La non-ingérence dans la vie politique intérieure des États est
dénoncée par certains et défendue par d’autres : le droit d’ingérence est
pourtant reconnu par l’ONU en 1991, à condition que la défense des droits
de l’homme en soit un objectif évident.
Le Conseil de sécurité de l’ONU étend peu à peu le concept de menace
pour la paix aux violations des droits humains et la Cour pénale
internationale a une fonction qui pourrait, à terme, être décisive.
Le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH)
a mandat de promouvoir et protéger les droits humains. Il supervise la façon
dont les États appliquent ces droits et font œuvre éducative. La Commission
des droits de l’homme de 1946 est remplacée, en 2006, par le Conseil des
droits de l’homme qui peut faire des recommandations à l’Assemblée
générale de l’ONU dont il dépend.
Des institutions à vocation régionale permettent des avancées. Le Conseil
de l’Europe, la Convention européenne de sauvegarde des droits de
l’homme et des libertés fondamentales (1950), la CSCE (1975), la Charte
des droits fondamentaux de l’Union européenne (2000) ont permis de
protéger les dissidents dans les démocraties populaires ; il en va de même
avec la Convention interaméricaine des droits de l’homme dans le cadre de
l’OEA (1969), la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples
(1981), ou encore l’APEC et l’ASEAN. Les Organisations non
gouvernementales (Amnesty International ou Human Rights Watch par
exemple) sont aussi d’une très grande efficacité.
Les droits humains ne se limitent pas aux droits de « l’homme », mais
aussi à ceux des femmes, des enfants ; il s’occupe de la lutte contre
l’esclavage, de la défense des handicapés, du droit à l’éducation, à la santé,
l’accès à l’approvisionnement pour ne citer que quelques sujets de
préoccupation.
Depuis la fin des années 1980, est mis en avant le principe selon lequel
l’aide économique ne peut être apportée qu’aux pays qui s’engagent sur la
voie de la démocratie. C'est le cas de la France à l’égard de l’Afrique
(discours de François Mitterrand à La Baule en juin 1990), l’Union
européenne impose à la Turquie (candidate à l’intégration) d’observer un
certain nombre de normes sur ce sujet. Pourtant, la fin de la guerre froide et
la mondialisation invitent les États à un pragmatisme plus grand aux dépens
des principes prônés. Malgré la dénonciation des massacres de la place Tian
An Men à Pékin, en 1989, ou de la politique de la Chine à l’égard du Tibet,
les conversations et les échanges des démocraties avec Pékin sont plus
développés que jamais ; la politique russe en Tchétchénie, souvent
condamnée, n’entraîne pas non plus de pressions particulières à l’égard de
Moscou. Si les dénonciations de violation des droits humains visent le plus
souvent des pays d’Afrique (Congo, Rwanda) ou le Moyen-Orient, les
démocraties n’en sont pas exemptes : ainsi la Commission des droits de
l’homme de l’ONU a dénoncé les actes de tortures, l’absence de soins, par
exemple, pour les prisonniers américains de Guantanamo. Le Patriot Act
voté par le Congrès américain en 2001 juste après les attentats du 11
septembre, permet de restreindre les libertés individuelles.
Le racisme est une manifestation aiguë du non-respect des droits
humains. En 2001 une conférence a réuni à Durban, en Afrique du Sud, les
délégations de cent soixante-dix États sous la présidence du Haut-
Commissaire des droits de l’homme de l’ONU, Mary Robinson. Son bilan
est très mitigé et souvent controversé et rien de véritablement concret n’en
est ressorti.
En fait, la question de droits universels est difficile à assumer, tant il y a
de réalités sociales et philosophiques diverses. L'accroissement du
terrorisme, la mobilité des populations apportent de nouveaux problèmes et
accentuent les inégalités.
Ch. M
IMMERMAN Richard H., John Foster Dulles and the diplomacy of the
cold war, Princeton University Press, 1990.
→ CED, EISENHOWER, GUERRE FROIDE, INDOCHINE
(GUERRE D’), NASSER, NEW LOOK, QUEMOY ET MATSU,
REPRÉSAILLES MASSIVES, ROOSEVELT (FRANKLIN D.), SUEZ
(CANAL ET CRISE DE), TCHANG KAï-CHEK, TRUMAN
EAU
ÉLARGISSEMENT → CEE-UE
EMBARGO
ENDIGUEMENT/CONTAINMENT
ENVIRONNEMENT
MCDOUGALL Walter A., The Heavens and the Earth : a political history
of the space age, New York, Basic books, 1985.
PASCO Xavier, « Haute technologie spatiale et conflits », in Annuaire
français de relations internationales, volume 1, Bruylant, 2000, p. 831-841.
→ GUERRE DES ÉTOILES, SALT (ACCORDS)
ESSAIS NUCLÉAIRES
La mise au point des armes nucléaires a nécessité des essais pour étudier
le comportement de la matière dans des conditions extraordinaires (par
exemple, les températures se comptent en centaines de millions de degrés).
Afin d’expérimenter et de perfectionner leurs armes, les puissances
membres du club atomique ont multiplié les expérimentations dans les
années 1950.
Des démarches pour aboutir à l’interdiction des essais nucléaires sont
contemporaines de la période d’expérimentation des deux superpuissances.
La pression de l’opinion publique, inquiète des retombées des essais qui
se font alors dans l’atmosphère, y est pour beaucoup et le désarmement
nucléaire est un thème de propagande rêvé en pleine guerre froide.
Plusieurs questions se posent : d’abord le passage des essais aériens en
essais souterrains, ensuite la possibilité d’un contrôle sur site, enfin la
nécessité invoquée par les puissances nucléaires de continuer leur
expérimentation afin de tester leurs armes. Un traité total d’interdiction
(Comprehensive test-ban treaty, CTBT) apparaissant utopique, les États
nucléaires négocient des accords partiels de limitation des essais : après
bien des négociations, les États-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni
concluent en juillet 1963 à Moscou le traité de limitation des essais
nucléaires dans l’atmosphère et sous l’eau.
Des moratoires soviétique, américain et français prolongent
l’interdiction. La Chine poursuit ses tirs. La France les reprend en 1995-
1996 pour une ultime série, afin d’acquérir une expérience en matière de
simulation, et peut s’associer au traité d’interdiction totale et définitive des
essais nucléaires (CTBT), signé en 1996, mais non encore entré en vigueur.
Les essais indiens et pakistanais (1998), le projet
Les premières expérimentations nucléaires des cinq membres
du Club atomique
ÉTATS VOYOUS
EUROCOMMUNISME
Ce phénomène médiatique du milieu des années 1970, récusé d’abord
puis repris à leur compte par les dirigeants communistes concernés,
l’eurocommunisme naît de la détente et de l’évolution des partis
communistes occidentaux. Mouvement informel symbolisé par le parti
communiste italien et son premier secrétaire Enrico Berlinguer, et qui séduit
les partis communistes français, espagnol, finlandais et ceux d’autres petits
pays, il est le fruit d’une vision convergente des relations internationales et
d’une volonté commune d’indépendance à l’égard de l’URSS, alors que le
PCI et le PCF opèrent à des degrés divers des révolutions internes. Rejetant
l’idée d’un parti ou d’un État guide, l’eurocommunisme prône une
troisième voie entre Est et Ouest, qui mêlerait socialisme, liberté et
démocratie. Apogée du mouvement, le sommet de Madrid en mars 1977 et
la rencontre « historique » entre ses trois leaders, l’Italien Berlinguer,
Georges Marchais et l’Espagnol Carillo, en marque le début du déclin. Les
crises d’Afghanistan et de Pologne y mettent fin, confirmant des
divergences préalables entre les Français qui refusent de critiquer Moscou
et les Italiens.
PMD
EUROMISSILES
FACHODA
Roi d’Égypte, en 1936, après la mort de son père Fouad Ier, il tente de
gouverner en se rapprochant successivement du parti nationaliste et libéral
Wafd et de l’occupant britannique. Le 22 décembre 1936, il ratifie le traité
d’indépendance négocié avec les Britanniques par le Premier ministre
wafdquiste Nahas Pacha, qui permet, l’année suivante, l’abolition des «
capitulations » et l’entrée de l’Égypte à la SDN. Au début de la Seconde
Guerre mondiale, Farouk affiche des sympathies pour l’Axe et proclame la
« non-belligérance » de l’Égypte. Le 4 février 1942, l’ambassadeur
d’Angleterre lui impose manu militari de ramener au pouvoir Nahas Pacha,
évincé le 30 décembre 1937, le seul à pouvoir mobiliser le peuple égyptien
en faveur des alliés. Dès lors Farouk s’aligne sur la politique de Londres :
avec l’aval britannique, le 8 octobre 1944, il écarte Nahas au lendemain de
la signature du protocole d’Alexandrie instituant la Ligue arabe qu’il espère
pouvoir contrôler. Il le rappelle en 1950, mais désapprouve sa position «
neutraliste » lors de la guerre de Corée, son refus du « plan de défense
commune » projeté par les Anglo-Saxons, et la dénonciation, en octobre
1951, du traité anglo-égyptien de 1936. D’où, en janvier 1952, un dernier
renvoi de Nahas Pacha. Mais, le 23 juillet 1952, Farouk est renversé par des
militaires qui le tiennent pour responsable de leur défaite de 1948 en
Palestine, laissant la place au général Néguib et au colonel Nasser.
AD
FCE (TRAITÉ)
FOUCHET (PLAN)
FRANCOPHONIE
FRONTIÈRE
G7/G8/G20
Le Groupe des Sept rassemble les sept pays les plus riches du monde :
Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni.
L'initiative est due au président Valéry Giscard d’Estaing, qui invite les
dirigeants allemand, américain, japonais et anglais à Rambouillet en 1975 ; le
Canada et l’Italie y sont admis quelques mois plus tard. À partir de 1977, le
président de la Commission des Communautés européennes y participe et en
devient membre en 1998. La Russie y est admise progressivement, après
1991. Du coup, le G7 devient G8.
Les sommets des pays industrialisés (G7 et G8)
Source : Maurice Vaïsse, Les relations internationales depuis 1945, Paris, Armand Colin, 11e
édition, 2008.
Ce n’est pas une institution mais la réunion annuelle d’un sommet des
chefs d’État et de gouvernement et plus fréquemment des ministres des
Finances et des gouverneurs des Banques centrales, pour discuter des
solutions à apporter aux problèmes économiques mondiaux, mais peu à peu
les discussions s’étendent à tous les domaines. Le G7 ne prend pas de
décisions, mais les orientations influencent la politique économique de
l’ensemble de la planète. C'est ainsi que sont pris les accords du Plaza
(septembre 1985) destinés à organiser une baisse du dollar, puis ceux du
Louvre (février 1987) pour stabiliser la valeur de la monnaie américaine, en
chute libre.
Au moment de la désintégration de l’Union soviétique, le G7 décide un
programme d’aide et de réduction de dette. Mais l’institution fait l’objet de
critiques en raison de ses réunions trop ostentatoires. À la suite du sommet de
Gênes (juillet 2001), les dirigeants du G8 se préoccupent davantage des
besoins de la société civile : lutte contre les pandémies, changement
climatique, aide aux États africains, dont on efface les dettes. Bien que des
dirigeants d’autres États soient invités à titre personnel aux réunions du G8,
l’institution est de plus en plus critiquée et semble perdre de sa substance au
profit du G20. Créé en 1999 après les crises asiatique et russe, le G20 associe
les pays industrialisés du G7 avec les principaux pays émergents (Afrique du
Sud, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud,
Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie). Le G20 représente 85 % de la
richesse et les deux tiers de la population mondiale. La crise économique et
financière qui s’abat sur le monde entier en 2008-2009 rend nécessaire une
régulation renforcée et une relance mondiale : elle renforce la légitimité du
G20. Lors de sa réunion du 15 novembre 2008, il énonce un certain nombre
de pistes pour lutter contre la crise et il se prononce rigoureusement contre
toute tentation de protectionnisme. Les 1er et 2 avril 2009, le G20 tente
d’enrayer la crise économique et financière qui sévit depuis 2008.
MV
GANDHI Indira (1917-1984)
laquelle tout avantage accordé par un pays à un autre doit l’être à tous (art.
I) ; la déclaration de « consolidation » des droits de douane par chaque État,
c’est-à-dire qu’on ne revient pas sur les réductions tarifaires (art. II) ; le
traitement national qui oblige à traiter également produits nationaux et
étrangers, une fois les droits de douane acquittés (art. III) ; la transparence
des politiques commerciales (art. XI) visant à éliminer les barrières à
l’importation autres que les droits de douane ; la réciprocité des concessions
tarifaires (art. XXVIII). De nombreuses exceptions aux principes existent
pour certains produits (agricoles ou textiles) ou en faveur d’unions
douanières et de zones de libre-échange (art. XXIV), comme pour les pays en
voie de développement qui, depuis 1964, grâce à l’action de la CNUCED,
sont exemptés de l’obligation de réciprocité.
Si le GATT a pour rôle d’assurer une concurrence loyale entre États et
instruit les différends commerciaux entre parties contractantes, son objectif
essentiel reste une libéralisation continue des échanges. Il organise
régulièrement des cycles de négociations multilatérales ; ce forum permanent
est scandé par des rounds selon l’expression anglaise.
JACKSON John H., The World Trading System. Law and Policy of
International Economic Relations, MIT Press, Cambridge, 1992.
PANTZ D., Institutions et politiques commerciales internationales du
GATT à l’OMC, Armand Colin, 1998.
→ CEE, CNUCED, INSTITUTIONS FINANCIÈRES
INTERNATIONALES, OMC, PAC
GENÈVE (CONVENTIONS DE)
Le droit de la guerre (jus in bello) est une idée très ancienne. La notion
évolue, du droit de la guerre, établi par la convention de La Haye de 1907 aux
conventions de Genève.
Plusieurs conférences de paix se sont réunies à La Haye en 1899 et 1907,
pour mettre au point un droit qui réglemente les opérations militaires et
interdit l’usage de certaines armes. Plusieurs traités s’y rattachent par la
suite : en 1925, l’emploi des armes chimiques et bactériologiques, celui des
gaz asphyxiants et toxiques est interdit ; en 1997, le traité d’Ottawa interdit
l’utilisation, la fabrication, le stockage et le commerce des mines
antipersonnel qui font près de 20 000 victimes chaque année dans le monde ;
il s’agit d’un véritable traité de désarmement, signé par 137 États, mais pas
par les États-Unis, la Chine, la Russie par exemple, qui en possèdent des
millions.
Les conventions de Genève visent davantage à préserver les victimes de
guerre et à codifier les moyens utilisés par les armées régulières. Cette idée
est ancienne, puisqu’elle remonte au carnage de la bataille de Solferino en
1859 : une première convention, en 1864, suscitée par le Suisse Henri
Dunant, permet la création du Comité international de la Croix-Rouge. Après
les deux guerres mondiales, d’autres conventions ont été signées.
En 1929 est mis en place un statut des prisonniers de guerre, en 1949, une
nouvelle convention complète et précise la précédente en insistant notamment
sur la nécessité d’établir les camps de prisonniers en dehors des zones de
combats, et en autorisant des visites de la Croix-Rouge. « Les prisonniers de
guerre ont droit en toutes circonstances au respect de leur personne et de leur
honneur. » (article 14)
En 1977, de nouvelles conventions font la différence entre les objectifs
militaires et civils : par exemple, les prises d’otages sont interdites, de même
que les pillages, la déportation et les internements arbitraires. Il s’agit du
pilier du droit humanitaire.
Comme les terroristes ne sont pas considérés comme des soldats, George
W. Bush a décidé de créer, après les attentats du 11 septembre 2001, une
commission militaire spéciale contournant ainsi le droit international, pour
juger les « combattants ennemis ».
Ch. M
GÉNOCIDE
Il est nommé inspecteur des Finances en 1954, après des études à l’École
polytechnique et à l’ENA. Directeur-adjoint du cabinet du président du
Conseil Edgar Faure (juin-décembre 1954), élu député (Centre des
indépendants et paysans le 2 janvier 1956), il approuve en juin 1958 le retour
au pouvoir du général de Gaulle et devient secrétaire d’État aux Finances
(janvier 1959), puis ministre des Finances (1962-1966). Bien que le parti
qu’il fonde en 1962, les républicains indépendants, reste l’allié des gaullistes,
il prend ses distances en 1966 et appelle à voter non au référendum d’avril
1969. Il est à nouveau ministre de l’Économie et des Finances du président
Pompidou (1969-1974). Élu président de la République le 19 mai 1974, il
conduit une politique libérale et européenne. Mais il doit faire face à la
récession mondiale, à la crise de l’énergie et à une « stagflation » que son
Premier ministre Raymond Barre ne parvient pas à juguler. Le chômage passe
alors de 1,5 % de la population active à 7,5 % avec une inflation de 10 à 11
%. Pour réduire la dépendance de la France à l’égard du pétrole, il multiplie
les initiatives en faveur d’une concertation entre les pays du Nord et du Sud,
et d’une relance du dialogue euro-arabe. La politique africaine de Giscard
d’Estaing est marquée par l’institutionnalisation des sommets franco-africains
et leur ouverture à des États autres que les anciennes colonies françaises,
ainsi que par de fréquentes interventions militaires : Kolwezi (mai 1978),
Tchad, conflit du Sahara occidental. Dans le domaine monétaire, bien qu’il
soit partisan de taux de changes fixes, il se résigne à signer les accords de la
Jamaïque (9 janvier 1976).
Coopérant étroitement avec le chancelier H. Schmidt, il pousse à
l’accélération de la construction européenne par le développement des
institutions de la CEE : insertion temporaire du franc dans le serpent
monétaire, création du système monétaire européen (1979), élargissement de
la CEE à la Grèce (1976), accord pour l’entrée de l’Espagne et du Portugal,
renforcement de la coopération industrielle, institution des conseils
européens, signature des accords de Lomé en 1975 dans le cadre de l’aide au
développement, élection du Parlement européen au suffrage universel (10
juin 1979).
Il approuve l’acte final de la CSCE (1er août 1975), refuse de prendre
publiquement position sur la question des euromissiles et, malgré l’invasion
de l’Afghanistan par les Soviétiques, rencontre Brejnev à Varsovie (19 mai
1980), dans l’espoir de diminuer ainsi la tension entre les blocs. Battu par F.
Mitterrand lors des élections présidentielles du 10 mai 1981, il retrouve un
rôle politique important en décembre 2001 lorsque le Conseil européen de
Laeken le nomme à la tête de la Convention sur l’avenir de l’Europe, chargé
de simplifier les différents traités européens en rédigeant un projet de traité
constitutionnel qui tienne compte des changements institutionnels
qu’implique l’élargissement de l’Union européenne. Mais le projet de
constitution européenne, qu’il présente le 15 juillet 2003, est abandonné après
que les électeurs français et néerlandais ont refusé de l’approuver par
référendum en 2005.
AD
Un contentieux ancien
La coalition internationale
GRÉCO-TURCS (DIFFÉRENDS)
Outre Chypre et la question des minorités dont le sort est réglé par le traité
de Lausanne mais qui reste un sujet de tension récurrent entre les deux États,
la Grèce et la Turquie, membres de l’OTAN bénéficiant d’une aide militaire
américaine, s’opposent sur la fixation des eaux territoriales et de l’espace
aérien autour des 154 îles grecques habitées en mer Égée, la militarisation des
îles grecques les plus proches de la Turquie et les droits d’exploitation
exclusifs (hors eaux territoriales) du plateau continental.
Les revendications turques sur ces divers dossiers visent à ne reconnaître à
la Grèce qu’une souveraineté limitée dans la moitié orientale de l’Égée et
s’appuient sur une menace de recours à la force qui a conduit les deux pays
au bord du conflit armé en 1974, 1976, 1987 et 1996 autour de l’îlot d’Imia.
La Turquie récuse en outre la convention de 1982 sur le droit de la mer (le
Parlement a voté, en 1995, les pleins pouvoirs au Gouvernement pour
déclarer la guerre à la Grèce au cas où celle-ci porterait à 12 milles la limite
de ses eaux territoriales) ainsi que l’arbitrage éventuel de la Cour
internationale de justice de La Haye. Depuis 1987, les deux pays ont
seulement réussi à s’entendre sur le gel des prospections dans les zones
contestées afin d’éviter les risques d’escalade. Cette situation de tension
permanente conduit la Grèce à tenter de compenser son infériorité
stratégique. Elle maintient un effort soutenu en matière d’armement (le pays,
en 1999, est l’un des premiers acheteurs d’armes au monde). Elle exerce des
pressions sur le fonctionnement de l’OTAN (retrait de l’organisation militaire
intégrée par Caramanlis, de 1974 à 1980, refus de participer aux manœuvres
où l’armée turque est présente et demande que l’Alliance n’en organise plus
dans l’espace égéen). Elle bloque l’aide financière européenne destinée à
accompagner l’union douanière entre la Turquie et l’UE ainsi que la
candidature turque à l’Union. Elle conclut des accords avec la Syrie et
l’Arménie afin de contrebalancer sur le plan régional l’alliance turco-
israélienne de 1996.
Les tensions s’apaisent à partir de l’été 1999 lorsque, à l’occasion d’un
séisme, la Grèce dépêche une aide humanitaire en Turquie. Cette détente
résiste même à l’adhésion de la seule République de Chypre à l’Union
européenne en 2004 et la Grèce ne s’oppose plus à une adhésion de la
Turquie à l’Union. Malgré de bonnes relations personnelles entre les
Premiers ministres Caramanlis et Erdogan, l’intensification des échanges
entre les deux pays, la croissance considérable des investissements grecs en
Turquie, aucun progrès significatif n’a été accompli en dix ans sur les
dossiers en litige. Au contraire, depuis mai 2008, les provocations turques
dans l’espace maritime et égéen connaissent une augmentation inquiétante,
montrant que la situation reste éminemment précaire.
OD
GREENPEACE
LITWAK Robert, Detente and the Nixon Doctrine : Foreign Policy and the
Pursuit of Stability, Cambridge, 1984.
→ DOMINOS (THÉORIE DES), GUERRE FROIDE, NIXON,
VIETNAM (GUERRE DU)
GUERRE FROIDE
Ce n’est qu’une fois acquise la conviction qu’il n’y a plus rien à attendre
des négociations avec l’URSS que la politique de fermeté défendue par
George Kennan dans son « long télégramme » du 22 février est
définitivement adoptée en 1946, du discours de Fulton le 5 mars où Churchill
dénonce l’apparition d’un rideau de fer jusqu’au limogeage par Truman en
septembre d’Henry Wallace, secrétaire au commerce partisan d’une politique
de conciliation avec l’URSS, en passant par la première confrontation en
Iran, où après avoir lancé un véritable ultimatum, les États-Unis obtiennent
en mai le retrait des troupes soviétiques du nord du pays. L'année 1947
marque un véritable tournant : l’énoncé de la doctrine Truman le 5 mars,
mettant en place la stratégie de l’endiguement à laquelle répond la doctrine
Jdanov, puis l’annonce du plan Marshall le 12 juin entérinent la division de
l’Europe en deux blocs. Quand l’URSS avance son glacis de sécurité en
Europe de l’Est, que le coup de Prague en février 1948 fait tomber la
Tchécoslovaquie sous la coupe communiste, il s’agit pour les Américains de
préserver, sur le continent européen, la moitié sur laquelle le rideau de fer
n’est pas encore tombé. L'Europe polarise les rivalités, et l’Allemagne, dont
le basculement dans un camp ou l’autre déciderait de l’issue de la guerre
froide, est au cœur de cette lutte. Berlin, par son blocus par les Soviétiques à
partir de juin 1948 et le pont aérien des alliés pour le défendre jusqu’en mai
1949, en est le symbole, même lorsque la guerre froide quitte l’Europe, à
peine après l’avoir effleurée, pour l’Asie avec le passage de 500 millions de
Chinois au communisme et le déclenchement de la guerre de Corée le 25 juin
1950.
Après s’être dotés le 26 juillet 1947 avec le National Security Act de leur
appareil de guerre froide (Conseil de Sécurité Nationale, NSC et CIA), les
États-Unis adoptent, en 1950, leur stratégie de lutte contre l’URSS. Vraiment
mondiale désormais, guerre de propagande aussi où chaque camp entend
gagner les esprits, programmes de la Voice of America diffusés derrière le
rideau de fer contre socialisation à marche forcée des pays de l’Est et
campagne pacifistes du Komintern, la guerre froide façonne une véritable
culture dans chaque camp. Une véritable hystérie collective, le
maccarthysme, s’empare des États-Unis après la « perte » de la Chine qui,
pour certains, ne peut qu’être due à une trahison. Le sénateur Joseph
McCarthy est le grand prêtre de cette chasse aux sorcières, qui de Hollywood
au département d’État particulièrement mis en cause, s’attaquant même à
l’institution militaire, débusque le communiste et le traître. En 1953, les
époux Rosenberg sont exécutés pour avoir transmis des secrets nucléaires à
l’URSS.
De fait, l’exclusivité nucléaire américaine diminue ; les États-Unis ne
devancent l’URSS pour la bombe H (1953) que d’un an. La guerre froide
entre alors vraiment dans l’ère de l’équilibre de la terreur et de la dissuasion
nucléaire, les rencontres au sommet, les projets de limitation des armements,
parfois à fin de propagande, rythmant dès lors son histoire que les tensions et
les crises, depuis la proposition de « cieux ouverts » d’Eisenhower lors de la
conférence de Genève en 1955, la suspension des essais nucléaires par les
Soviétiques en 1958 bientôt suivis des Occidentaux, jusqu’aux programmes
SALT des années 1970.
La coexistence pacifique
TAIBO Paco Ignacio, Ernesto Guevara, connu aussi comme le Che, Métailié-
Payot, 1997.
→ CASTRO, CONGO, OMC, ONU, TIERS MONDE
GUILLAUME II (1859-1941)
RöHL John C. G., Wilhelm II., trois volumes, München, C. H. Beck, 1993-
2008.
→ BOERS (GUERRE DES), ENTENTE CORDIALE, HITLER,
MAROCAINES (CRISES)
H
HALLSTEIN (DOCTRINE)
HASSAN II (1929-1999)
D’origine ouvrière, il est élu député conservateur en 1950 et, dès 1951,
participe aux gouvernements de Churchill puis d’Eden. Européen
convaincu, le Premier ministre Macmillan le charge, en juillet 1960, de
mener les négociations pour l’entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE,
interrompues en janvier 1963 à la suite du veto du général de Gaulle.
Devenu leader du parti conservateur en 1965, il est Premier ministre après
la victoire aux élections de juin 1970. Bénéficiant de la nouvelle politique
d’ouverture française, personnifiée par Georges Pompidou, il ouvre aussitôt
des pourparlers sur l’adhésion du Royaume-Uni à la CEE, qui est effective
en janvier 1973. En juin 1972, il est contraint de laisser flotter la livre
sterling qui doit sortir du serpent monétaire européen. La hausse des prix
attribuée aux effets du Marché commun explique largement sa défaite lors
des élections du 28 février 1974, et l’éloigne des responsabilités
gouvernementales au profit d’Harold Wilson.
AD
HELMS-BURTON (LOI)
Adoptée par le Congrès américain le 6 mars 1996, la loi Helms-Burton
dite « de liberté et de solidarité démocratique avec Cuba » marque une
offensive diplomatique et économique sans précédent de Washington à
l’encontre de Cuba. La loi prévoit des sanctions contre les compagnies
étrangères qui commercent avec elle, utilisant ou exploitant des biens
confisqués aux firmes américaines par la révolution castriste. Le texte
permet à des citoyens lésés par ces expropriations d’engager des poursuites
en dommages et intérêts devant les tribunaux américains contre les
entreprises étrangères mises en cause, et à la justice américaine d’interdire
l’entrée sur le sol des États-Unis des dirigeants de ces mêmes compagnies.
Cette loi provoque une vague de protestations dans les pays partenaires de
Cuba, l’Union européenne en particulier, au nom de la liberté du commerce
international. Avec la loi d’Amato contre les rogue states (États voyous)
que sont l’Iran et la Libye, et contre leurs partenaires commerciaux, elle
s’inscrit dans la panoplie législative républicaine visant à réglementer le
commerce international selon le bon vouloir américain, en dehors des
termes adoptés par le GATT.
PMD
HIRO-HITO (1901-1989)
HONG KONG
Quand on parle de Hong Kong, il faut avoir présent à l’esprit qu’il s’agit
à la fois d’une île et de la péninsule de Kowloon. Sur la côte méridionale de
la Chine, au sud de Canton, Hong Kong occupe une situation qui en fait la
porte d’entrée vers le continent chinois. Au 19e siècle, au temps des guerres
de l’opium (1839-1842), l’île de Hong Kong est occupée par les
Britanniques et cédée au Royaume-Uni par le traité de Nankin (août 1842).
En 1898, l’extension de cette colonie de la Couronne sur le continent fait
l’objet d’un bail de 99 ans. Elle est occupée par les Japonais de décembre
1941 à août 1945.
L'accession au pouvoir de Mao Zedong en Chine provoque un afflux de
population à Hong Kong, qui en profite sur le plan économique : grâce à
une main-d’œuvre abondante, Hong Kong devient dans les années 1980 un
des dragons de l’Asie du Sud-Est. Mais la Chine populaire refuse de
reconnaître la souveraineté britannique sur Hong Kong et en réclame la
rétrocession, sans recourir à la violence. Finalement, par la déclaration
commune sino-britannique signée le 19 décembre 1984, il est convenu que
Hong Kong cessera d’être une colonie britannique le 1er juillet 1997. La
rétrocession qui intervient dans le calme laisse à Hong Kong et à ses
habitants une certaine autonomie à l’égard de l’autorité centrale chinoise,
qui voit l’intérêt de profiter de la prospérité de cet îlot capitaliste, devenu
l’un des plus importants centres commerciaux et financiers du monde. Elle
devient une « région administrative spéciale », assurée de conserver
pendant 50 ans après la rétrocession son système juridique antérieur et son
autonomie.
MV
MYERS William Starr, The Foreign policies of Herbert Hoover, New York,
Garland Pub., 1979.
→ DÉSARMEMENT, DETTES DE GUERRE, ISOLATIONNISME,
MANDCHOURIE (CONFLIT DE), ROOSEVELT (FRANKLIN D.),
SDN, STIMSON
Alors que l’Albanie fait encore partie de l’Empire ottoman, Enver Hoxha
naît dans une famille commerçante et musulmane de Girokastër, au sud du
pays où dominent le dialecte tosque, le christianisme orthodoxe et la grande
propriété, alors que le nord, de dialecte guègue, est peuplé de montagnards
islamisés rétifs à tout pouvoir central. Sa vie restera marquée par la
solidarité issue de cette origine ethnique et sa méfiance envers les Guègues,
dont ceux du Kosovo et de Macédoine yougoslaves.
Dans les années 1930, il étudie à Montpellier, puis séjourne à Paris et
Bruxelles où il fréquente les milieux communistes. De retour en Albanie,
occupée par l’Italie fasciste et unie à la Couronne italienne en avril 1939, il
enseigne au lycée français de Korçë jusqu’à son éviction pour raisons
politiques.
Hoxha anime un groupe de communistes tosques et, lorsque le
Komintern envoie deux Yougoslaves pour structurer le Parti communiste
d’Albanie créé le 8 novembre 1941, il devient secrétaire provisoire de son
comité central. Au début de 1942, avec le développement de la guérilla, il
tente de fédérer les mouvements de résistance dans un Front de libération
nationale (FLN). Mais il ne peut empêcher l’émergence d’une Union
nationale, anticommuniste et favorable au maintien de la grande Albanie,
comprenant le Kosovo, la Macédoine occidentale, et une partie du
Monténégro détachés de la Yougoslavie par les fascistes, perspective à
laquelle est hostile le PC yougoslave, principal protecteur du jeune parti
albanais.
Après la capitulation italienne du 8 septembre 1943, la lutte se poursuit
contre la résistance anticommuniste et contre les Allemands qui rétablissent
l’indépendance albanaise dans les frontières de 1941. Chef de l’Armée de
libération en juillet 1943, Hoxha devient, le 20 octobre 1944, Premier
ministre et ministre de la Défense du Gouvernement provisoire d’une
Albanie que les Allemands finissent d’évacuer en novembre. L'élimination
de toute opposition permet au Front démocratique qui a remplacé le FLN de
gagner les élections de décembre 1945 avec 93 % des voix, puis d’adopter
la Constitution de la République populaire d’Albanie calquée sur le texte
soviétique de 1936.
L'Albanie conserve l’Épire du nord dont la population, de langue grecque
et de religion orthodoxe, sera constamment brimée. D’ailleurs le pays reste
en état de guerre avec la Grèce jusqu’en 1987, malgré le rétablissement de
relations diplomatiques en 1971. Mais Hoxha et le Parti, dominé par les
Tosques, restituent à la Yougoslavie de Tito les territoires, peuplés de
Guègues, qui en avaient été détachés en 1941.
De 1945 à 1948, Hoxha temporise face aux projets titistes
d’incorporation de l’Albanie dans une fédération balkanique. La rupture
Tito-Staline lui permet d’épurer le gouvernement et le Parti (devenu Parti
du Travail) des partisans de la fusion, avec l’aide de Mehmet Shehu, né en
1913, Tosque lui aussi, ministre de l’Intérieur (1948-1954), puis Premier
ministre de 1954 à son « suicide » en 1981. Mais la contestation de leur
ligne stalinienne, du culte de la personnalité et de la suprématie des Tosques
reprend avec la déstalinisation et le rapprochement entre Khrouchtchev et
Tito, qui considère Hoxha comme un ennemi personnel.
De nouvelles purges accompagnent la prise de distance avec l’URSS,
condamnée idéologiquement. Les relations diplomatiques sont rompues le
25 novembre 1961, puis l’Albanie se retire du COMECON en 1962.
L'aide économique et technique que la Chine apporte à l’Albanie depuis
1956 ne cesse dès lors de s’accroître. Mais la révolution culturelle et la
pensée de Mao heurtent l’orthodoxie léniniste et stalinienne d’Hoxha. Le
rapprochement sino-américain et la volonté de Pékin de promouvoir une
alliance entre l’Albanie, la Yougoslavie et la Roumanie entraînent, en 1975-
1976, la liquidation des pro-Chinois du Parti et de l’armée puis, en 1978, la
fin de l’aide chinoise qui aggrave encore la situation économique
désastreuse d’une société dont les structures familiales, claniques,
religieuses (Hoxha a proclamé l’Albanie premier État athée du monde, en
1967) ont été systématiquement détruites.
Auteur prolifique, dictateur impitoyable, Hoxha fait en outre interdire,
dans la Constitution de 1976, toute alliance avec des pays étrangers. À sa
mort, le 11 avril 1985, il laisse le pouvoir à Ramiz Alia (Guègue) qui
dirigera, avec la caution de la veuve d’Hoxha, un pays totalement isolé du
monde, jusqu’à la chute du régime à la fin de 1990.
OD
DALLAS Roland, King Hussein : a life on the edge, New York, Fromm
International, 1999.
→ ARAFAT, BAGDAD (PACTE DE), GOLFE (GUERRE DU),
ISRAÉLO-ARABES (CONFLITS), KIPPOUR (GUERRE DU),
NASSER, SIX JOURS (GUERRE DES)
IMPÉRIALISME
Souvent symbolisé par l’expansion de l’Europe depuis 1500, même s’il
est de toutes les époques (l’impérialisme de Rome) et de toutes les
civilisations, l’impérialisme est la tendance d’États puissants à se
subordonner par la force d’autres États ou territoires, tendance qui peut
sembler légitime et inéluctable, dans une société internationale sans règle.
Par extension, l’impérialisme est la doctrine des partisans de cette
expansion, cette acception naissant au cours du 19e siècle avec le renouveau
d’un impérialisme où, sous le nom plus courant de colonialisme,
l’exploitation économique se mêle à la « mission civilisatrice » de l’homme
blanc, et prime désormais sur une conquête militaire et une sujétion
politique. En fait, ce n’est qu’avec l’essor du capitalisme dans sa phase
moderne et industrielle que le concept prend toute sa signification. Apogée
du colonialisme, la fin du 19e et le début du 20e siècle voient s’accélérer la
course pour la possession de territoires qui doivent procurer marchés,
matières premières et débouchés pour des capitaux accumulés prêts à
s’investir. Les deux grandes puissances impériales, la Grande-Bretagne et la
France, finissent par s’affronter devant Fachoda en 1898, tandis que
l’Allemagne ou l’Italie, entrées tardivement dans la compétition impériale,
partent à leur tour à la conquête des derniers territoires « sans maître » pour
se faire « une place au soleil ». Ce désir impérial n’épargne pas les États-
Unis qui, après avoir conquis et dominé leur territoire-continent, s’opposent
en 1898 à un empire en déclin, l’Espagne, s’emparent des Philippines, de
Puerto-Rico et établissent un protectorat sur Cuba, cette nouvelle volonté
impériale s’incarnant dans la personnalité du président Theodore Roosevelt.
L'appétit d'expansion des uns ne peut plus être arrêté que par celui des
autres et les heurts entre impérialismes, comme lors des crises marocaines
de Tanger et Agadir en 1905 et 1911, sont inévitables, apparaissant même
comme l’une des causes de la Première Guerre mondiale.
Avec le 20e siècle, le terme même d’impérialisme prend une forte
connotation péjorative et son concept subit un double choc. Avec Lénine,
dans son ouvrage de 1916, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme,
la notion d’impérialisme est définitivement liée à celle de capitalisme où le
monopole a remplacé la concurrence, et qui recherche, dans des pays
lointains et faibles, des espaces économiques à conquérir. Mais
contrairement au schéma léniniste, le choc entre les impérialismes ne
débouche pas inéluctablement sur la guerre. Le wilsonisme et les différents
systèmes de sécurité collective qui en découlent condamnent tout dessein
impérial. Alors ambivalent, le terme ne désigne plus forcément la négation
directe d’une souveraineté mais un rapport de force plus flou. Qualifiant
désormais tout rapport de domination de manière souvent schématique et
manichéenne, il constitue une prise de position polémique ou politique
condamnant le capitalisme. Dans l’entre-deux-guerres, le Japon fait montre
d’un impérialisme particulièrement dynamique et établit en Asie sa « sphère
de coprospérité », comme en témoigne la crise de Mandchourie. Les États-
Unis élaborent un empire sans barrières ni contrôle, avec leurs
investissements à l’étranger, la « diplomatie du dollar » et une doctrine de la
porte ouverte (Open door policy) qui prône le libre accès aux marchés et
aux matières premières, jetant ainsi les bases de l’impérialisme
contemporain.
En effet, si l’après-guerre voit l’ancien système colonial voler en éclats,
l’impérialisme reparaît sous la forme du néocolonialisme ou la figure de la
firme multinationale. Immuable dans son essence, l’impérialisme, lié au
système capitaliste évolue dans ses formes au rythme de l’évolution du
capitalisme lui-même. Pour le Tiers Monde qui se constitue politiquement à
Bandoung en 1955, l’indépendance politique ne lève pas tous les obstacles ;
et les théories de la « dépendance » des années 1960, directement issues du
léninisme, expliquent le sous-développement en recourant au concept
d’impérialisme, suscitant un fort courant anti-impérialiste qu’incarne la «
Tricontinentale ». Quand les multinationales minières ou industrielles
rapatrient les profits réalisés vers les pays d’origine des capitaux, l’aide
publique au développement dans le Tiers Monde apparaît alors comme un
simple moyen de favoriser les dirigeants les plus dociles, de s’assurer des
marchés et de pérenniser le système. Les États-Unis (dollars et « Coca-
colonisation ») incarnent à eux seuls cet impérialisme de la multinationale
qui n’exclut pas un impérialisme traditionnel à l’emprise territoriale : la
puissance militaire américaine essaime des bases partout, suscite des
contestations virulentes, et pas uniquement dans le Tiers Monde. Si dans les
années 1970-1980, la domination économique américaine connaît des
déboires, l’impérialisme américain ne s’est jamais autant affirmé que dans
l’après-guerre froide. L’impérialisme culturel et la domination du modèle de
société anglo-saxon qui l’accompagnent ont une part évidente dans les
craintes que suscite aujourd’hui la mondialisation.
MV
INGÉRENCE
INTERNATIONALE SOCIALISTE
INTIFADAS (SOULÈVEMENTS)
Après avoir rompu avec l’Égypte lors des accords de Camp David
(1978), l’OLP de Yasser Arafat est encore affaiblie lorsque les Israéliens en
1982, puis les Syriens en 1983, démantèlent ses infrastructures militaires au
Liban et contraignent la plupart de ses combattants ainsi que sa direction au
départ vers Tunis.
Par ailleurs, les gouvernements israéliens de la droite nationaliste du
Likoud (1977-1984) puis les cabinets de coalition entre celui-ci et les
travaillistes (1984-1990), poursuivent et accélèrent la politique de
colonisation israélienne à Jérusalem, en Cisjordanie et dans la bande de
Gaza, occupés par Israël depuis la guerre des Six jours.
Face à la disparition de toute perspective de règlement du problème
palestinien venant de pays arabes divisés ou d’une OLP marginalisée et de
plus en plus lointaine, les Palestiniens de l’intérieur s’engagent, à la fin de
1987, dans un mouvement de révolte contre l’occupant israélien.
Le bilan
Dès lors, plus rien ne peut enrayer le cycle de la violence. D’autant que
l’accession au pouvoir du président George W. Bush puis les attentats du 11
septembre 2001 laissent les mains libres au gouvernement israélien.
Par rapport au premier soulèvement, cette Intifada Al-Aqsa est moins un
mouvement populaire qu’une série d’affrontements, parfois d’une extrême
violence (lynchage de trois réservistes israéliens à Ramallah en octobre
2001 ou attaque israélienne contre Naplouse en février 2006) entre forces
israéliennes et groupes armés, principalement du Fatah. Les combattants
bénéficient néanmoins d’un large soutien de la société palestinienne,
désespérée par la disparition de toute perspective de règlement politique.
Car la réponse israélienne ne se borne pas à l’utilisation de moyens
militaires (tirs à balles réelles, utilisation de blindés, d’hélicoptères,
d’avions) que beaucoup d’observateurs jugent disproportionnés. Elle touche
un grand nombre de familles par les arrestations massives (plus de 9 000),
désorganise l’économie, fait exploser le chômage et rend la vie quotidienne
de plus en plus difficile pour les populations civiles qui sont collectivement
punies par les bouclages répétés, les confiscations de terres et arrachage
d’oliviers, les destructions de maisons, et des déplacements entravés par
d’innombrables barrages. Elle provoque aussi, dès janvier 2002, des
mouvements de soldats israéliens refusant de servir dans les territoires
occupés.
Surtout, elle va jusqu’à remettre en cause les acquis de la période
précédente. Sharon accusant Arafat de ne pas combattre le terrorisme et
Arafat répondant à Sharon qu’il lui enlève les moyens de le faire, le
gouvernement israélien ordonne la réoccupation (septembre 2002) des
territoires confiés à l’Autorité palestinienne, détruit ses bâtiments
administratifs et ses emblèmes ainsi que nombre d’infrastructures réalisées
grâce aux aides européennes, puis soumet à un siège la résidence d’Arafat
dont Sharon cherche à obtenir l’exil.
À la mort de Y. Arafat (11 novembre 2004), Mahmoud Abbas, membre
fondateur du Fatah, principal négociateur palestinien des accords d’Oslo et
éphémère Premier ministre en 2003, est élu président de l’Autorité
palestinienne (9 janvier 2005). Il demande la démilitarisation de l’Intifada
et tente de renouer le dialogue avec Israël. Mais il ne peut ni obtenir que les
Israéliens négocient avec lui leur retrait décidé unilatéralement de la bande
de Gaza (été 2005), ni empêcher la construction d’un mur de 700 km,
entreprise en 2003, dont le tracé empiète largement sur la Cisjordanie
d’avant 1967, incorporant de fait au territoire israélien les principales zones
de colonies ainsi que des villages palestiniens entiers, ou des terres
dépendant de villages situés de l’autre côté de cette « barrière de sécurité ».
IRAN-IRAK (GUERRE)
Le contexte
Les accords d’Alger (6 mars 1975) entre l’Irak et l’Iran avaient réglé les
contentieux frontaliers opposant les deux pays depuis la création du mandat
mésopotamien au profit des Britanniques. Ils avaient notamment déplacé la
frontière de la rive orientale à la ligne de thalweg du Chatt el-Arab (entre le
confluent Tigre-Euphrate et le golfe Persique), et entraîné la cessation de
l’aide apportée par chacun des deux États au mouvement autonomiste kurde
présent sur le territoire de l’autre.
Mais en 1979, la révolution islamiste de l’ayatollah Khomeyni change la
donne régionale. Les pétromonarchies (notamment après l’occupation de la
grande mosquée de La Mecque par un groupe islamiste en novembre 1979)
autant que le pouvoir irakien craignent la contagion révolutionnaire
iranienne. D’autant que le régime de Téhéran soutient les mouvements qui,
dans la majorité chiite de la population irakienne, contestent le pouvoir de
Bagdad, officiellement laïc depuis le coup d’État du parti Baathiste,
défenseur du panarabisme de 1968 et dominé par les sunnites depuis
l’époque du mandat.
Au printemps 1980, un attentat contre le ministre des Affaires étrangères
irakien, Tarek Aziz, est suivi de mesures contre les chiites irakiens et de
nombreux accrochages frontaliers. Pariant sur l’isolement diplomatique de
l’Iran et sur la désorganisation, par la révolution, de son armée privée de
pièces de rechange par l’embargo américain, le président irakien Saddam
Hussein dénonce les accords d’Alger le 17 septembre 1980 et revendique
notamment la souveraineté irakienne exclusive sur le Chatt el-Arab ainsi
que l’évacuation des îles occupées par l’Iran dans le détroit d’Ormuz depuis
1971.
Conséquences et bilan
IRANGATE
IRRÉDENTISME
ISLAMISME
Les grandes religions connaissent, dans le dernier quart du 20e siècle, une
forte poussée d’intégrisme : ultra-orthodoxes juifs, islamistes musulmans,
intégristes ou traditionalistes catholiques. L'essor d’un Islam radical, le plus
visible, se traduit par la formation d’un mouvement idéologique,
l’islamisme, à la fois politique et religieux, reposant sur une interprétation
politique des préceptes du Coran afin de diriger la société civile. Pour le
Sud, c’est l’un des événements les plus importants qui suit la
décolonisation. Par l’affirmation du retour aux valeurs traditionnelles,
l’islamisme s’impose comme la revanche contre le modèle de la société
occidentale. Tout comme l’Islam, l’islamisme est divers, ayant ses
extrémistes et ses modérés. Les islamistes, qui se recrutent dans toutes les
couches de la société, veulent que dans un monde musulman, et pas
seulement arabe, politiquement unifié sous une même autorité, l’État et la
société soient conformes aux règles du droit islamique, telles qu’établies par
le Coran, la sunna (récits et actions du prophète) et les hadith
(commentaires). Internationalistes, leur stratégie est mondiale, avec le
développement dans plus de soixante pays répartis sur les cinq continents
de réseaux islamistes révolutionnaires, ultra-radicaux, anti-Occidentaux,
visant à empêcher l’intégration des musulmans installés dans des pays non
musulmans. Six États s’affichent islamistes : le Pakistan (1977), l’Iran
(1979), le Soudan (1983), l’Afghanistan (surtout avec la radicalisation des
talibans), la Malaisie, la Mauritanie, les Comores. L’Iran, foyer central de la
révolution islamique (1979), bien que chiite (branche hétérodoxe et
minoritaire de l’Islam qui ne reconnaît qu’Ali pour légitime successeur de
Mahomet et que les descendants d’Ali pour imams, c’est-à-dire chefs
spirituels de la communauté), bénéficie, sous l’autorité de l’ayatollah
Khomeiny, d’un prestige dont il tente de profiter en répandant son
idéologie ; il se heurte à l’Arabie Saoudite, sunnite (branche orthodoxe et
majoritaire de l’Islam, caractérisée par l’observation de la sunna et par la
reconnaissance de la légitimité des quatre premiers califes), gardienne des
deux plus grands lieux saints : La Mecque et Médine, pour la suprématie au
sein du monde musulman. L’islamisme est une force politique servant à
légitimer la volonté de contrôle d’un milliard de fidèles environ de la
Mauritanie à Mindanao. Les analyses de Samuel Huntington sur « le choc
des cultures » (clash of civilizations) s’appliquent en partie aux relations de
l’Islam avec le reste du monde. L’Afrique est, pour l’Islam, terre de mission
privilégiée, par suite de son poids démographique et l’émigration de ses
habitants vers l’Europe. Les pays musulmans bordant la Méditerranée sont
tous plus ou moins concernés par le phénomène islamiste ; le problème qui
se pose à leurs dirigeants est soit de maîtriser le terrorisme islamiste, soit
d’accepter la participation au pouvoir des islamistes. En Algérie,
l’islamisme est compris tout d’abord comme le retour aux traditions d’une
nation détruite par la colonisation française ; il reflète des aspirations
religieuses, politiques, sociales et économiques souvent contradictoires. De
modèle culturel, il devient mouvement révolutionnaire et politique, à la fin
des années 1970. Le mouvement islamique sunnite algérien se constitue en
juillet 1982, le Front islamique du Salut est fondé le 10 mars 1989 et
légalisé comme parti politique en septembre, entraînant l’Algérie dans la
guerre civile. Au Maroc et en Tunisie, des mouvements islamistes
s’implantent au début des années 1960-1970 et commencent à jouer un rôle
politique comme en Égypte dans les années 1990, avec les Frères
musulmans et au Nigeria, en 2000. La montée en puissance des islamistes
est-elle irréversible ou le processus post-islamiste est-il en cours comme
certaines orientations le suggéreraient ? Le jihad attire encore quelques
jeunes islamistes en Afghanistan, en Tchétchénie ou en Bosnie, mais
l’islamisme (FIS, Hezbollah, Hamas et même Taliban) semble devenir
nettement nationaliste.
CB
ISOLATIONNISME
ISRAÉLO-ARABES (CONFLITS)
Chronologie
MV
→ WALESA
JEAN-PAUL II (1920-2005)
JÉRUSALEM
La vieille ville de Jérusalem, qui concentre sur moins d’1 km2 les lieux
saints des trois religions monothéistes (Mur occidental où prient les Juifs
depuis la destruction de leur Temple au IIe siècle après J.-C., mosquée Al-
Aqsa et Dôme du rocher sur l’Esplanade des Mosquées qui le domine,
basilique chrétienne du Saint-Sépulcre), est hautement symbolique pour les
mémoires concurrentes qui fondent les identités palestinienne et israélienne.
Aussi lors des accords Sykes-Picot en 1916, puis de l’élaboration du plan
de partage de la Palestine en 1947 par accords de l’ONU, Jérusalem est-elle
destinée à une administration internationale. Mais lors du règlement de la
situation au Proche-Orient par la SDN après la Première Guerre mondiale,
la ville est finalement intégrée au mandat britannique sur la Palestine où, en
vertu de la déclaration Balfour, doit s’établir un foyer national juif. Et
lorsque se termine la guerre israélo-arabe de 1948-1949, elle se trouve
partagée. La ville « européenne », qui s’est développée hors des remparts
aux 19e-20e siècles, à l’ouest, est occupée par Israël qui en fait sa capitale
(non reconnue internationalement). La vieille ville, à l’est, y compris le Mur
occidental, dont l’accès, en principe garanti aux Juifs, ne leur sera jamais
effectivement assuré, est occupée par l’émirat de Transjordanie. Elle y est
annexée en 1951, en même temps que toute la Cisjordanie, au sein du
royaume hachémite de Jordanie.
Lors de la guerre des Six jours en 1967, Jérusalem-est est occupée et
annexée par l’État hébreu qui déclare en 1980, dans l’article 1 de sa Loi
fondamentale, que « Jérusalem entière et réunifiée est la capitale éternelle
d’Israël ».
Croissance et colonisation
Quelle solution ?
Lors du sommet de Camp David (juillet 2000), convoqué par le président
américain Clinton, le Premier ministre travailliste Ehud Barak propose à
Yasser Arafat la rétrocession aux Palestiniens d’1 % du territoire israélien,
dans le Néguev, en échange des zones les plus colonisées, notamment
autour de Jérusalem, soit 9 % d’une Cisjordanie ainsi réduite à environ 92
% de sa superficie de 1967. Concernant le statut de Jérusalem, il maintient
le principe d’une souveraineté israélienne exclusive, assortie d’un «
contrôle » palestinien sur une partie de Jérusalem-Est et sur l’Esplanade des
mosquées. Arafat refuse.
Le 28 septembre 2000, Ariel Sharon, leader de l’opposition de droite et
hostile à toute concession sur Jérusalem, se rend sur l’esplanade des
mosquées, provoquant les troubles qui marquent le début de la deuxième
Intifada.
Les discussions continuent néanmoins entre Barak et Arafat. Lors de la
conférence de Taba (janvier 2001), elles progressent même de manière
significative : Israël propose une compensation presque totale des zones de
colonisation destinées à l’annexion, et la partie palestinienne produit pour la
première fois des cartes. Sous la pression du président Clinton, E. Barak
accepte également le principe d’une souveraineté partagée sur Jérusalem
dans le cadre d’une administration conjointe ; la ville pourrait en outre être
la capitale d’Israël comme celle du futur État palestinien, et chaque partie
disposerait de la souveraineté sur ses lieux saints. Mais les discussions
achoppent sur la zone attenante au Mur occidental et le statut du sous-sol.
Le Premier ministre israélien, qui ne dispose plus de majorité parlementaire
depuis décembre, décide de les interrompre. Il est battu, lors de l’élection
du Premier ministre au suffrage universel le 6 février 2001, par A. Sharon
qui refuse dès lors toute reprise des négociations au profit d’une politique
de force.
OD
JEUX OLYMPIQUES
DELF G., Jomo Kenyatta. Towards truth about « the light of Kenya »,
Londres, Victor Gallancz Ltd., 1961.
MURRAY-BROWN J., Kenyatta, Londres, George Allen & Unwin Ltd.,
1972.
→ COMMONWEALTH, DÉCOLONISATION, NYERERE
KGB/FSB
Fonctions et organisation
MONTAZAM Mir Ali Ashar, The life and times of Ayatollah Khomeiny,
London, Anglo-European Pub., 1994.
→ AFGHANISTAN (GUERRES D’), HUSSEIN (SADDAM),
IMPÉRIALISME, IRAN-IRAK (GUERRE D’), ISLAMISME, LIBAN
(GUERRES DU)
DREHER Klaus, Helmut Kohl : Leben mit macht, Stuttgart, DVA, 1998.
PICAPER J.-P., PRUYS K. H., Helmut Kohl. Fayard, 1996.
→ ADENAUER, BERLIN, BRANDT, EUROMISSILES, GUERRE
FROIDE, MITTERRAND, ODER-NEISSE (LIGNE), OSTPOLITIK,
OTAN, UE (TRAITÉ DE L')
KOMINFORM
KOSOVO
En avril 1939, l’Albanie est occupée par les troupes de Mussolini puis
réunie à la couronne d’Italie. Après la capitulation yougoslave du 17 avril
1941, cette Albanie fasciste annexe l’essentiel du Kosovo, l’ouest de la
Macédoine serbe, le nord de l’Épire grecque (Tchamourie), ainsi qu’une
frange du territoire monténégrin.
Les Allemands occupent le nord-est du Kosovo à majorité serbe,
maintenu sous l’autorité nominative de Belgrade, où se trouvent des mines
de plomb et de zinc. Ils y mènent une politique pro-albanaise qui conduit au
harcèlement ou à l’expulsion des populations serbes. Après la capitulation
italienne de septembre 1943, ils occupent l’ensemble de la Grande Albanie,
protégeant au Kosovo l’essor d’un nationalisme albanais anti-slave et
anticommuniste qui aboutit à une expulsion massive de Serbes et de
Monténégrins.
L'escalade de la violence
Après la guerre
L’indépendance programmée
KOURILES (ÎLES)
Situé au nord du Japon, l’archipel des Kouriles est l’objet d’un litige
quasi permanent entre Tokyo et Moscou depuis le début du siècle. D’une
superficie de 13 000 km2, peuplé d’environ 20 000 habitants,
essentiellement des pêcheurs, il ne présente guère d’intérêt stratégique mais
revêt une valeur symbolique. Composé du minuscule archipel (3 000 km2)
d’Etorofu (ou Kouriles du Sud) et de celui des Kouriles du Nord,
découvertes par les Russes en 1714 (10 000 km2), cet ensemble est perdu
par la Russie en 1905 : le traité de Portsmouth qui met fin à la guerre russo-
japonaise la dépouille de toutes ses possessions au sud de Sakhaline au
profit du Japon. Mais en 1945, au lendemain de la capitulation du Japon,
l’URSS occupe unilatéralement l’archipel des Kouriles en présentant cet
agrandissement territorial comme un légitime retour de possessions qui lui
appartiennent de droit. En 1951, par le traité de San Francisco, le Japon
renonce aux Kouriles, mais Moscou qui refuse de le ratifier, conserve
fermement sa souveraineté sur cet archipel.
Les autorités japonaises insistent régulièrement, sous la pression du
puissant lobby de la pêche, pour un retour pacifique des Kouriles sous la
souveraineté de Tokyo. Elles ne bénéficient d’ailleurs d’aucun soutien
régional sur ce plan, en raison de la méfiance que suscite toujours Tokyo
depuis son rôle dans la Seconde Guerre mondiale. Un règlement est
envisagé en 1992 sous la forme d’un rachat de l’archipel par les Japonais
pour une somme de trois milliards de dollars, mais il échoue et le président
Eltsine annule un voyage au Japon précisément pour des motifs liés aux
Kouriles. La situation est aujourd’hui au point mort ; pourtant, un règlement
faciliterait l’entrée de la Russie dans l’APEC.
CB
KURDE (PROBLÈME)
Les Kurdes habitent une région montagneuse de 530 000 km2 aux confins
de la Turquie (12 millions), de l’Iran (7 millions), de l’Irak (5 millions), de
la Syrie (1 million) et de l’Azerbaïdjan (350 000). De langue
indoeuropéenne apparentée au persan, ils sont à plus de 90 % musulmans en
majorité sunnites (minorités zoroastrienne, chrétienne et juive) ; ruraux et
pauvres, leur émigration a été massive – l’Allemagne compte la principale
communauté (environ 600 000).
Révoltés contre l’Empire ottoman en 1917, les Kurdes aident les Anglais
à occuper la haute Mésopotamie mais leurs délégués à la Conférence de la
paix n’obtiennent que l’autonomie au traité de Sèvres, ruiné par la contre-
offensive de Kémal Atatürk. Renvoyée à une décision ultérieure de la SDN,
la création d’un État kurde est recommandée en 1925 par la commission
spéciale d’arbitrage sur la région de Mossoul que le Conseil rattache
finalement à l’Irak sous mandat anglais où les Kurdes n’obtiennent même
pas l’autonomie prévue. L’indépendance de l’Irak (1932) n’améliore pas
leur sort et il faut attendre le coup d’État républicain du général Kassem
(juillet 1958) pour que la Constitution reconnaisse la nation irakienne
comme celle des « Arabes et des Kurdes associés ». Les Kurdes
emprisonnés sont libérés et le chef nationaliste Mostafa Barzani autorisé à
rentrer. Mais dès 1961, le pouvoir en revient à une politique de force. Le
régime fondé sur le parti Baath (1968) initie une nouvelle période de
détente (1970-1974) durant laquelle des Kurdes sont associés au
gouvernement, leur langue reconnue comme deuxième langue officielle et
une autonomie accordée à une partie du Kurdistan irakien. Mais la situation
se détériore de nouveau à partir de 1974 et les Kurdes révoltés contre
Bagdad sont gravement affaiblis par la réconciliation entre l’Iran et l’Irak
(accords d’Alger, mars 1975).
En mars 1988, le régime de S. Hussein en guerre avec l’Iran utilise des
gaz de combat contre sa population kurde et, à l’issue de la guerre du Golfe,
la répression provoque l’exode de deux millions de réfugiés. La zone
d’exclusion aérienne et le retrait imposés aux forces de Bagdad par l’ONU,
ainsi que l’élection d’un Parlement autonome en mai 1992, permettent aux
Kurdes irakiens de vivre dans une paix précaire, malgré les rivalités entre
l’Union patriotique du Kurdistan, soutenue par l’Iran, et le Parti
démocratique du Kurdistan, soutenu par la Turquie.
L'invasion américaine et le renversement du régime de Saddam Hussein
(2003) ont conforté la position des Kurdes d’Irak qui ont massivement voté
(90 %) aux élections législatives de janvier 2005 à la suite desquelles l’un
des leurs, Jalal Talabani (UPK), accède à la présidence de l’État irakien.
Signataire le 8 juillet 1937, avec l’Irak et la Turquie du pacte de
Saadabad qui organise la lutte transfrontalière contre le nationalisme kurde,
l’Iran a également toujours refusé l’autonomie à ses populations kurdes. En
janvier 1946, une République autonome kurde est cependant proclamée
dans la zone occupée par les Soviétiques ; elle est balayée dès leur départ à
la fin de l’année et le pacte de Bagdad (1955) reprend les dispositions
antikurdes de celui de Saadabad. À la chute du Shah (1979), le Parti
démocratique kurde iranien (PDKI) prend le contrôle du Kurdistan iranien
avec l’aide de l’Irak. Reconquise par la République islamique, la région est
agitée depuis par une guérilla sporadique, malgré l’assassinat des
principaux chefs du PDKI en exil.
En Turquie, Kémal promet en 1920 la création d’un « État des Turcs et
des Kurdes » et le traité de Lausanne garantit aux citoyens non turcophones
l’usage de leur langue. Pourtant, le centralisme kémaliste interdit
rapidement toute manifestation de particularisme et les révoltes de 1925,
1930 et 1937 sont durement réprimées. En dépit des ouvertures du président
Özal en 1983 (écoles et médias en langue kurde), la législation turque
assimile toute référence au fait kurde à une activité séparatiste et malgré son
audience électorale, le parti kurde modéré est périodiquement interdit. Le
15 août 1984, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK soutenu par la
Syrie) d’Abdullah Öçalan déclenche une guérilla qui, étendue à l’ensemble
du territoire après l’échec d’une trêve en 1993, provoque un effondrement
de l’activité touristique. La répression menée par l’armée turque toute-
puissante contraint la population kurde à se regrouper dans des « villages
stratégiques » ou bien à émigrer. En février 1999, Öçalan, qui a décrété le
cessez-le-feu et s’est déclaré prêt à négocier sur la base de la
reconnaissance du fait kurde, est capturé et condamné à mort. Les pressions
européennes en vue d’une éventuelle adhésion de la Turquie à l’Union
conduisent à la fois à l’abolition de la peine de mort (2002) qui ne sera donc
pas appliquée à Öçalan, ainsi qu’à quelques timides améliorations du sort
des populations kurdes dont le statut reste cependant très éloigné des
exigences de l’Union en matière de droit des minorités.
OD
LA HAYE (CONGRÈS)
LÉNINE (1870-1924)
La « paix syrienne »
À Taëf (Arabie Saoudite), 62 députés libanais élus en 1972 s’entendent
en septembre 1989 sur la révision du Pacte national (augmentation du
nombre de députés, diminution des pouvoirs du président de la République
au profit du Premier ministre et du président de l’Assemblée, désarmement
des milices). La pérennisation de la présence militaire de la Syrie permet à
celle-ci d’influencer de manière déterminante l’élection présidentielle et la
constitution du gouvernement, puis de donner l’assaut au réduit encore
contrôlé par le général Aoun, le 12 octobre 1990, en profitant de la
neutralité occidentale que vaut à Hafez el-Assad, sa participation à la
coalition internationale contre l’Irak dans la guerre du Golfe. Un traité syro-
libanais (22 octobre) établit une « coopération » des deux États dans tous
les domaines.
La fin des années 1990 est marquée par deux personnalités, le Premier
ministre Rafic Hariri (1992-1998 puis 2000-2004) qui conduit la
reconstruction du pays dans une certaine opacité financière, en ménageant
la Syrie et avec les soutiens saoudien et occidental ; le général Émile
Lahoud, présidence de la République de 1998 à 2007, qui reconstitue
l’armée libanaise et désarme les milices, mais est de plus en plus contesté
pour ses liens privilégiés avec Damas.
BARROS James, Trygve Lie and the cold war, the UN Secretary-general,
1946-1953, Northern Illinois University Press, Dekalb, 1989.
→ CORÉE (GUERRE DE), GUERRE FROIDE, ONU (CONSEIL
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FRANCISCO (CONFÉRENCE DE)
LIGUE ARABE
PHILLIPS Hugh D., Between the revolution and the West : a political
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LAVAL, LÉNINE, MOLOTOV, RÉPARATIONS, SDN, SÉCURITÉ
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→ APPEASEMENT, BOERS (GUERRE DES), CHAMBERLAIN,
CHURCHILL, CLEMENCEAU, RÉPARATIONS, TRAITÉS DE
PAIX, WILSON
Le partage de la Macédoine
Un divorce à l’amiable
La stabilisation
NEFF Donald, Fallen Pillars, US Policy towards Palestine and Israël since
1945, Washington, 1995.
→ BUSH (GEORGE), CLINTON, DÉSARMEMENT, EAU,
ENVIRONNEMENT, GOLFE (GUERRE DU), ISRAÉLO-ARABES
(CONFLITS), LIBAN (GUERRES DU)
MAINTIEN DE LA PAIX
Né dans une famille paysanne, Michel Moukos est élu en 1950, sous le
nom de Makarios III, archevêque de Chypre. Héritier de la tradition qui fait
du dirigeant de cette Église orthodoxe autocéphale l’ethnarque ou « chef de la
nation » grecque de l’île (82 % de la population) face au pouvoir ottoman
avant 1878, Makarios négocie avec le gouverneur britannique (1955-1956)
un statut d’autonomie mais, confronté aux surenchères de l’extrême gauche et
de l’extrême droite qui déclenche la lutte armée, il ne peut conclure les
pourparlers et est déporté aux Seychelles par les Anglais.
Favorable au rattachement de l’île à la Grèce (Enosis), il souscrit à Londres
(février 1959), sous la pression du Premier ministre grec Caramanlis, à une
indépendance qui prive les Chypriotes du droit à l’autodétermination, mais
sur laquelle se sont accordés Anglais, Grecs et Turcs. Élu président de la
République (1959, 1968 et 1973), il propose avec le soutien d’Athènes, en
1963, une révision de la Constitution qui provoque des heurts inter-
communautaires, le retrait des Chypriotes turcs des institutions de l’État, une
menace d’intervention turque dans l’île et de conflit entre Grèce et Turquie.
Devenu l’une des figures du Mouvement des non-alignés, Makarios noue
avec les pays du bloc soviétique et la Chine des liens qui valent à ce « Castro
de la Méditerranée » la méfiance de Londres et Washington. Ayant exigé de
la junte des colonels au pouvoir à Athènes (qui lui est hostile) le rappel des
officiers grecs encadrant la Garde nationale chypriote, il est chassé de
Nicosie, le 15 juillet 1974, par un putsch qui fournit à la Turquie un prétexte
pour envahir le nord de l’île. Mais il est de retour dans l’île quelques mois
plus tard et tente alors, par des concessions, d’obtenir l’évacuation des
troupes turques et la réunification de Chypre.
OD
Il s’agit d’un conflit territorial entre la Grande-Bretagne qui occupe les îles
Malouines (ou Falkland) depuis 1833 et l’Argentine qui récuse la
souveraineté britannique et les revendique comme son propre territoire. Ce
conflit potentiel dégénère en un affrontement aéronaval lorsque le président
argentin Galtieri fait occuper par surprise, le 2 avril 1982, Port Stanley, la
capitale des Malouines. La guerre tourne à l’avantage de la Grande-Bretagne,
dirigée depuis 1979 par Margaret Thatcher, la « dame de fer », qui n’hésite
pas à envoyer toute la marine anglaise à 11 000 km de Londres pour
récupérer des îles où vivent seulement 1 600 personnes. Le 14 juin 1982, les
forces britanniques reprennent Port Stanley.
D’un point de vue géopolitique, l’enjeu est peut-être le contrôle du détroit
de Drake, c’est-à-dire l’itinéraire des sous-marins soviétiques entre l’océan
Atlantique et l’océan Pacifique. Sur le plan politique, la crise des Malouines
est mal venue pour l’Occident, qui affronte une contradiction fondamentale.
Les États-Unis doivent choisir entre deux types d’alliance, celle de
l’Atlantique-Nord et celle du continent américain. Le président Reagan prend
le parti de soutenir le Royaume-Uni, s’attirant ainsi le ressentiment de
l’Argentine et de nombreux États latino-américains (l’Organisation des États
américains reconnaît la souveraineté argentine sur les Malouines) et
permettant aux Russes et aux Cubains de marquer des points dans la région.
La défaite face au Royaume-Uni explique la chute du régime militaire et
l’avènement d’un régime libéral en Argentine.
MV
MANDATS
IRIYE Akira, After Imperialism : The Search for a New Order in the Far
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MATSUSAKA Yoshihisa Tak, The making of Japanese Mandchuria,
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RUSSO-JAPONAISE (GUERRE), SDN, STIMSON (DOCTRINE),
TCHANG KAï-CHEK
MARSHALL (PLAN)
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→ BEN GOURION, ISRAÉLO-ARABES (CONFLITS), KIPPOUR
(GUERRE DU), ONU, SIX JOURS (GUERRE DES)
MIGRATIONS
Les flux migratoires, qui ne sont pas un phénomène propre au 20e siècle, se
diversifient, changent de direction et de nature. Ils sont tour à tour souhaités
puis craints au point de susciter une politique de quotas. Au début, les grands
pays d’immigration sont les pays neufs, États-Unis, Canada, Australie,
Argentine, Brésil ; dès la fin de la Première Guerre mondiale, les
déplacements liés à la Révolution bolchevique et au régime nazi s’accroissent
d’abord dans le reste de l’Europe puis ailleurs. Pour permettre aux réfugiés et
apatrides de franchir les frontières en direction de l’État d’accueil, la Croix-
Rouge internationale leur délivre le passeport Nansen (1922) du nom de
l’explorateur norvégien (1861-1930) reconverti dans l’humanitaire. Après la
Seconde Guerre mondiale, l’Europe devient importatrice de main-d’œuvre
pour sa reconstruction et son développement. Les flux migratoires vont dans
le sens sud-nord, des pays méditerranéens proches (Italie, Espagne, Portugal,
Turquie), puis du Maghreb, et d’Afrique noire vers l’Europe. En Amérique,
les populations du golfe du Mexique se dirigent vers les États-Unis et le
Canada, provoquant une croissance significative de la communauté hispano-
américaine. Avec la fin de la guerre froide, on assiste également à des
mouvements de population est-ouest, les immigrants venant d’Europe
centrale et orientale vers l’Europe occidentale. L'Asie connaît aussi des
migrations est-ouest, de l’Inde ou du Pakistan vers les pays pétroliers du
Moyen-Orient, est-est et sud-est, du Pakistan à la Corée, et en Australie. Les
principales causes de ces flux sont à rechercher dans les déséquilibres
économique et démographique, ainsi que dans des situations de violences
racistes, de crises politiques graves qui peuvent s’accompagner de
déplacements forcés de populations ou d’exodes massifs (Français d’Afrique
du Nord après la guerre d’Algérie, Kurdes, Palestiniens, Libanais). Ces
déplacements sont parfois sous contrôle de l’ONU et du Haut-Commissariat
aux réfugiés. À la fin des années 1970, sur onze millions d’étrangers recensés
dans les pays de la CEE, sept, soit 63,5 % proviennent des pays
méditerranéens. Avec l’apparition de la crise économique en 1974, l’Europe
se ferme à l’immigration, sans l’arrêter. Les flux migratoires continuent de se
développer sous la forme de mouvements de clandestins, de réfugiés
politiques et économiques et posent à l’Europe une question cruciale pour
son avenir quant à la politique à adopter face à cette forte pression
migratoire : l’interdiction ? le contrôle ? L’Europe répond par la défensive en
fermant ses frontières externes et en prenant un ensemble de dispositions
sécuritaires. Les accords de Schengen, signés le 14 juin 1985 par la France,
l’Allemagne et les pays du Benelux, définissent la notion de frontières
extérieures communes et engagent les signataires dans une coopération
policière et judiciaire à l’égard de l’immigration clandestine. Ces accords
sont suivis le 19 juin 1990 d’une convention d’application concernant le
contrôle des frontières et la circulation des personnes. L’Italie (1990),
l’Espagne et le Portugal (1991) et la Grèce, directement confrontés à la
pression migratoire du Sud, rejoignent le groupe de Schengen. La
Communauté européenne ne peut apporter une réponse uniquement négative
en s’érigeant, dans l’immédiat, en forteresse, elle engage un début de
réflexion à plus long terme sur une politique commune de l’immigration pour
dépasser ces déséquilibres dramatiques avec la conférence de Barcelone de
novembre 1995, initiant un programme de coopération avec douze pays
méditerranéens, d’autant que la question de la main-d’œuvre se pose à
nouveau à côté de la pression démographique du Sud.
En ce début de 21e siècle, la progression des mouvements migratoires est
frappante : 75 millions d’immigrés en 1965, 155 millions en 1990, près de
200 millions en 2007, soit 3 % de la population mondiale. Les migrants
bousculent les frontières, les identités et s’imposent comme des acteurs « par
le bas » de la mondialisation et des relations internationales.
MV
MONDIALISATION
C'est la zone géographique qui inclut les États de l’Union européenne dont
l’euro est la monnaie unique. Onze États participent à l’euro dès le 1er janvier
1999 : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande,
Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal. Le premier élargissement, le 1er
janvier 2001, concerne la Grèce. La Slovénie l’intègre le 1er janvier 2007.
Depuis 2008, avec l’entrée de Chypre et Malte dans la zone euro, celle-ci
compte quinze membres, et la Slovaquie la rejoint en 2009, car les nouveaux
États membres de l’UE doivent adopter l’euro le plus rapidement possible, à
condition de remplir les critères de Maastricht.
On est encore loin d’une monnaie vraiment unique pour l’ensemble de
l’UE, et l’euro reste assez critiqué. Alors que les Danois, en 2000, et les
Suédois, en 2003, l’ont rejeté par référendum, le Monténégro et le Kosovo
qui ne sont pas membres de l’UE, l’utilisent de fait. Les petits pays de la «
nouvelle Europe » y trouvent des avantages pour accéder à un grand marché,
alors que les grands États débattent sur les bienfaits de cette monnaie unique :
les consommateurs reprochent souvent la rigidité des politiques monétaires,
la hausse des prix est importante lors du passage à l’euro en dépit de la lutte
contre l’inflation ; les exportations souffrent face à un dollar plus bas.
Cependant, cette réforme a permis de faire disparaître les coûts des changes
dans les transactions à l’intérieur de l’Europe et cette monnaie unique facilite
la transparence en matière de concurrence. Dans la crise économique qui
secoue le monde capitaliste à partir de l’été 2008, l’« Euroland » apparaît
comme une zone relativement protégée ; la difficulté des pays de la zone euro
à s’entendre pour harmoniser leurs politiques pose la question de la priorité
des intérêts nationaux, toutefois, la coopération de la Grande-Bretagne
rappelle aussi que la dimension des problèmes et de leurs solutions dépassent
largement les frontières.
Ch. M
MONROE (DOCTRINE)
DENT David W., The Legacy of the Monroe doctrine : a reference guide to
US involvement in Latin
America and the Caribbean, Westport, 1999. MAY Ernest, The Making of
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PERKINS Dexter, A History of the Monroe Doctrine, Boston, 1955.
→ CASTRO, GUERRE FROIDE, OEA, PANAMA (CANAL DE),
ROOSEVELT (THEODORE)
MULTILATÉRALISME
MULTINATIONALES (FIRMES)
NAMIBIE
NEUTRALITÉ
NEW LOOK
IMMERMAN Richard (ed.), John Foster Dulles and the Diplomacy of the
Cold War, Princeton, 1990.
→ ARMES NUCLÉAIRES, DULLES, EISENHOWER
AMBROSE Stephen, Nixon, 3 vol., New York, Simon & Schuster, 1985-
1991.
SMALL Melvin, The presidency of Richard Nixon, University Press of
Kansas, 1999.
→ CAMBODGE (CONFLIT DU), EISENHOWER, GUAM
(DOCTRINE DE), KENNEDY, SALT, VIETNAM (GUERRE DU)
Des nombreux prix de la paix existants, le prix Nobel est le seul à avoir
acquis autant de prestige en dépit et peut-être même à cause des
controverses qu’il a provoquées. À plusieurs reprises l’attribution du prix a
fait l’objet de critiques sévères. Elles portaient soit sur le choix du lauréat,
en général un homme politique controversé (Theodore Roosevelt en 1906,
Henry Kissinger avec Le Duc Tho en 1973, Yasser Arafat avec Yitzhak
Rabin et Shimon Peres en 1994), soit sur l’omission troublante de certaines
personnalités (le Mahatma Gandhi, le pape Jean-Paul II), soit encore sur le
message indirect transmis à la communauté internationale chaque fois que
le prix a attiré son attention sur des violations des droits de l’homme en
temps de paix (prix attribué au journaliste pacifiste et prisonnier politique
allemand Carl von Ossieztky en 1935) ou dans des conflits locaux, par
exemple au Timor Oriental (1996). Parfois même la composition et
l’indépendance du comité de sélection norvégien ont été remises en cause,
oubliant que le choix du comité s’appuie sur un long processus de
consultation internationale préalable. Sans doute l’influence actuelle du prix
sur les affaires internationales profite-t-elle de sa longue tradition. Mais elle
tient aussi au fait que le comité s’est efforcé d’emblée et dans toute la
diversité de ses nominations, à faire vivre un principe moral supérieur
auquel chacun peut s’identifier, y compris dans ce que ses réalisations ont
parfois d’ambigu ou d’inachevé.
FG
ODER-NEISSE (LIGNE)
L'attaque terroriste
Il est moins de neuf heures du matin sur la côte Est des États-Unis ce
mardi 11 septembre 2001 lorsque dix-neuf pirates de l’air originaires de pays
arabes prennent le contrôle de quatre avions de ligne américains peu après
leur décollage. Le premier avion, un Boeing 767 de la compagnie American
Airlines, est lancé contre la tour nord du World Trade Center à New York.
Vingt minutes plus tard un deuxième avion fonce sur la tour sud. Entre-
temps, les chaînes de télévision du monde entier retransmettent en direct les
images de ces attaques terroristes d’un genre nouveau. La vision des tours en
feu qui se détachent du ciel très clair de Manhattan et finissent par s’effondrer
dans un amas de poussière restera pour de nombreux contemporains le
symbole de la puissance américaine soudain ébranlée. Peu de temps après, un
troisième appareil frappe le Pentagone, à Washington. Le quatrième avion qui
manque manifestement sa cible, le Capitole, s’écrase en rase campagne. En
tout près de 3 000 personnes trouvent la mort dans ces attentats qui frappent
les États-Unis sur leur propre sol. La stupeur est immense, le traumatisme
moral indescriptible. D’emblée la responsabilité de l’attaque est attribuée au
réseau terroriste d’Al Qaïda et à son chef Oussama Ben Laden, responsabilité
qui sera très vite confirmée.
La portée de l’événement
L'OECE est créée par le traité de Paris du 16 avril 1948, signé par seize
pays européens (l’Allemagne la rejoint en 1949 et l’Espagne en 1959). Cette
Organisation, née sous l’influence des États-Unis, vise à mettre en œuvre le
plan Marshall et le programme de reconstruction (European Recovery
Program). L'aide américaine est en effet conditionnée à une répartition
coordonnée de la manne en dollars. Structure intergouvernementale et non
supranationale, l’OECE est dotée d’un Conseil des ministres des États
membres, qui prend les décisions à l’unanimité avec droit de veto (et
possibilité pour un État de s’abstenir sur une question qu’il ne sera pas tenu
d’appliquer) ; d’un Comité exécutif ; d’un secrétaire général (le Français
Robert Marjolin) ; de comités techniques. Son siège est à Paris.
L’OECE permet le développement du commerce intra-européen, en
libéralisant les échanges avec des accords limitant les contingentements ; de
1950 à 1958, la mise en place de l’Union européenne des paiements (UEP)
facilite la convertibilité des monnaies et permet aux pays membres de
recevoir son aide et surveille leur déficit commercial. Elle crée un climat de
coopération, rapproche les politiques économiques.
Toutefois, la reconstruction ne se fait pas sur le plan européen mais dans
des cadres nationaux, sans coordination. À l’initiative britannique, le Conseil
de l’OECE envisage l’organisation d’une zone de libre-échange qui devient
l’AELE, au moment où, en 1957-1958, les six membres de la petite Europe
créent la CEE, union douanière, à laquelle les États-Unis donnent leur appui,
y voyant un début de fédération.
Secouée par de nombreuses crises internes du fait des divergences quant à
la stratégie commerciale (CEE et AELE), l’OECE se transforme, sur la
proposition de Jean Monnet, en organe de coopération économique atlantique
englobant les États-Unis et le Canada, par une convention signée à Paris le 14
décembre 1960 ; elle crée ainsi l’Organisation de coopération et de
développement économique (OCDE/OECD). Ses objectifs de coopération
internationale et d’aide au développement sont plus généraux ; au cours des
années 1960-1970, elle s’élargit au Japon, la Finlande, l’Australie et la
Nouvelle-Zélande – c’est le « Groupe des Vingt-Quatre ». Sa structure est
proche de celle de l’OECE, mais le G7 exerce en son sein un véritable
magistère, et la Commission de l’Union européenne participe à ses travaux.
Son objectif est de promouvoir le développement économique des pays
membres et l’aide au Tiers Monde. C’est dans son cadre qu’a été négocié
l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI). Elle est un centre
d’observation économique majeur, dont les études portent de plus en plus sur
les interactions des différentes politiques les unes sur les autres, les effets de
la mondialisation avec ses atouts et les résistances qu’elle peut susciter. Ses
travaux portent sur des questions aussi diverses que l’agriculture, l’éducation,
le développement durable ou la gouvernance. À côté des trente pays membres
de l’OCDE, cinq pays sont candidats à l’adhésion (le Chili, Israël, l’Estonie,
la Russie et la Slovénie), cinq autres (le Brésil, la Chine, l’Indonésie, l’Inde et
l’Afrique du Sud) bénéficient d’un engagement renforcé.
Ch. M
Née le 1er janvier 1995 à la suite des accords de l’Uruguay Round, l’OMC
succède au GATT : en plus de la libéralisation du commerce des
marchandises, la nouvelle organisation doit développer celui des services et
de la propriété intellectuelle. Son but est de garantir les accords du commerce
international, de constituer un forum de négociations multilatérales entre les
pays membres. De cent vingt-sept membres en 1996, l’OMC est passée à cent
cinquante-trois en 2008 (entrée de l’Ukraine) ; trente-deux des quarante-neuf
pays les moins avancés (PMA) en font partie ; dix autres sont en cours de
négociation (Afghanistan, Bhoutan, Éthiopie, Guinée équatoriale, Laos, Sao
Tomé-et-Principe, Samoa, Soudan, Vanuatu et Yémen.)
Les négociations avec la Chine qui souhaite intégrer l’OMC débutent en
1995 ; un accord est conclu avec les États-Unis en 1999, mais les discussions
sont difficiles avec l’UE car chaque partenaire veut obtenir l’ouverture la plus
large du marché chinois dans certains domaines. La Chine est membre de
l’OMC en 2001.
Pour établir et maintenir des règles transparentes, les États doivent
maintenir leur politique commerciale dans les limites prévues par l’OMC ;
les accords commerciaux régionaux (UE, ALENA, ASEAN, etc.), qui
pourraient être en contradiction avec ceux de l’OMC, peuvent souvent les
renforcer dans la mesure où une organisation est mieux apte à négocier qu’un
État isolé. Dans la mesure où les trois quarts des pays membres sont peu
développés, l’OMC leur accorde des conseils particuliers pour les aider à
parvenir à l’économie de marché.
L'OMC est dotée d’une conférence ministérielle composée de
représentants de tous les États membres, elle doit se réunir tous les deux ans ;
d’un conseil général qui a la véritable direction et qui se réunit au moins tous
les deux mois pour régler les différends, il doit aussi examiner les politiques
commerciales des membres ; et de trois conseils spécialisés. À la tête du
secrétariat, un directeur général est nommé par la conférence ; le poste est
occupé par l’Italien Renato Ruggiero (1995-1999), le Néo-Zélandais Mike
Moore (1999-2002), le Thaïlandais Supachai Panitchpakdi (2002-2005). Le
Français Pascal Lamy l’occupe depuis 2005.
La première conférence ministérielle a eu lieu à Singapour en 1996, la
quatrième à Doha (Qatar) en 2001. Elle a mis au point un Programme de
Doha pour le développement (PDD) dont les aspects principaux concernent
l’accès au marché pour les pays en développement, la suppression
progressive de toutes les subventions pour l’agriculture (et notamment pour
l’UE). Lors de chaque conférence ultérieure, la détermination à poursuivre
les objectifs fixés à Doha est soulignée, mais en 2006, l’OMC suspend sine
die les négociations commerciales multilatérales. Le Programme de Doha sur
la libéralisation du commerce échoue à cause de la question agricole des pays
industrialisés (baisse des droits de douane à l’importation et réduction des
subventions). En dépit de quelques tentatives, à la fin de 2008, le cycle de
Doha n’est toujours pas repris.
Conférences ministérielles
Singapour 1996
Genève 1998
Seattle 1999
Doha 2001
Cancun 2003
Le budget de l’ONU
Elle entre en fonction en 1945 pour aider les États à atteindre le meilleur
degré de nutrition, améliorer la production agricole et la distribution ; son
siège est à Rome. En 1960, est lancée la première campagne contre la faim
pour sensibiliser les particuliers et associations non gouvernementales. Elle
apporte une aide structurelle ou d’urgence aux pays qui souffrent de la faim ;
c’est elle qui a exécuté la composante agricole du Programme « pétrole
contre nourriture » en Irak et a mis sur pied le Programme de « secours et de
réhabilitation de l’agriculture » en Afghanistan, par exemple.
Institutions de l’ONU
atteindre le « niveau de santé le plus élevé possible » ; elle fait entrer en
vigueur un règlement sanitaire en 1952, organise un service de
renseignements épidémiologiques, une pharmacopée internationale et apporte
une assistance sanitaire aux pays en développement.
Les préoccupations sanitaires sont étendues et plusieurs programmes sont
mis au point. Ainsi, en 1995 est créé le Programme commun des Nations
unies contre le sida (Onusida) géré par dix organisations des Nations unies,
dont l’OMS et l’UNICEF, les représentants de vingt-deux pays et plusieurs
Organisations non gouvernementales. En 2001, la déclaration du millénaire a
mis l’accent sur la mise en commun des moyens en faveur de la recherche sur
le VIH/sida et en 2006, une nouvelle déclaration a été adoptée par l’ensemble
de l’Assemblée générale de l’ONU pour faciliter l’accès universel à la
prévention et au traitement du sida.
Libye Zambie
Le contexte
Après la guerre du Golfe et alors que la première Intifada dure depuis la fin
de 1987, l’administration américaine doit faire face, dans l’opinion arabe, à
l’accusation du « deux poids, deux mesures » à l’égard du Koweït et des
territoires qu’Israël occupe et colonise depuis la guerre des Six jours en 1967.
Le gouvernement de droite d’Itzhak Shamir accepte de participer à la
conférence de Madrid (1991) convoquée par les Américains, mais celle-ci ne
débouche sur aucun résultat.
En juin 1992, les travaillistes gagnent les élections législatives et Itzhak
Rabin devient Premier ministre. Dès la fin de l’année, il fait lever par la
Knesset l’interdiction de contact avec l’OLP, puis il confie à Yossi Bellin,
vice-ministre des Affaires étrangères, sous l’autorité de son ministre Shimon
Peres, la tâche d’engager, grâce aux bons offices norvégiens, des
conversations directes et secrètes avec l’OLP.
Du côté palestinien, Mahmoud Abbas (qui deviendra président de
l’Autorité palestinienne après la mort de Yasser Arafat) est le principal
négociateur.
OSTPOLITIK
À la fin des années 1960, pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve
le règlement de la question allemande, le gouvernement de grande coalition
dirigé par Kurt Kiesinger renonce peu à peu à la doctrine Hallstein et entame
un processus timide de rapprochement avec la RDA. Les premières mesures
sont destinées à améliorer le sort des familles séparées. Avec l’arrivée au
pouvoir en 1969 du chancelier social-démocrate Willy Brandt, ancien
bourgmestre de Berlin-Ouest, l’évolution amorcée prend une tout autre
dimension : celle d’une nouvelle politique à l’Est, Ostpolitik en allemand. De
1970 à 1975, à l’initiative de la RFA, une série d’accords internationaux
mettent un terme à la non-reconnaissance mutuelle des deux États allemands,
garantissent les frontières existantes et mènent à une normalisation des
relations avec l’Union soviétique :
– Traité de Moscou entre la RFA et l’URSS (1970) : traité de renonciation
à la force ; affirmation de l’inviolabilité des frontières existantes.
– Traité de Varsovie entre la RFA la Pologne (1970) : reconnaissance de
facto par la RFA de la ligne Oder-Neisse comme frontière occidentale de la
Pologne.
– Accord quadripartite sur Berlin (1971) : confirmation de l’autorité des
quatre puissances alliées sur Berlin ; assouplissement des communications
entre les deux parties de la ville.
– Traité fondamental entre la RFA et la RDA (1972) : traité de
reconnaissance mutuelle des deux États allemands ; amélioration des
relations économiques interallemandes et des voies de communication entre
Berlin et la RFA.
L’année suivante, en 1973, la RFA et la RDA sont admises à l’ONU. Le
monde prend acte de la coupure de l’Allemagne. Dès lors, alors que son
action en faveur de la détente a été saluée par l’attribution du prix Nobel de la
paix en 1971, certains reprochent à Brandt d’entériner la division de
l’Europe. Néanmoins, l’Ostpolitik se poursuit avec le traité de 1973 entre la
RFA et la Tchécoslovaquie qui abroge les accords de Munich et permet un
certain apaisement des tensions entre les deux pays. Contraint à la démission
après la découverte d’un espion est-allemand dans son entourage proche,
Willy Brandt voit sa politique aboutir à la signature de l’Acte final de la
conférence d’Helsinki en 1975, confirmant au plan européen des
engagements pris jusque-là entre la RFA et les pays de l’Est sur une base
bilatérale. Vingt ans plus tard, la chute du mur de Berlin donne raison aux
tenants de l’Ostpolitik.
FG
Malentendus transatlantiques
Victoire de l’OTAN
Cette volonté affirmée a beau avoir fait long feu, elle est symptomatique
des divergences euro-américaines qui se font alors jour. Car même si elle
compte désormais 26 membres après l’adhésion en mars 2004 de sept
nouveaux pays (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie
et Slovénie) et s’est dotée, depuis le sommet de Prague en novembre 2002,
d’une nouvelle force de réaction rapide (NATO Response Force ou NRF)
capable d’intervenir dans des scénarios analogues à l’opération en
Afghanistan de l’automne 2001, l’organisation est en crise, et le lien
transatlantique a dans une certaine mesure à être redéfini. Sauvée depuis la
chute de l’Union soviétique, en pratique, en participant à la stabilisation de
l’ex-Yougoslavie, l’alliance peine depuis lors à définir sa raison d’être, ou
plutôt de survivre. Si les attentats du 11 septembre ont été l’occasion
d’invoquer la clause de défense mutuelle de l’Alliance, pour la première fois
depuis sa création, son rôle inexistant dans la campagne d’Afghanistan et la
participation très limitée des alliés, pris individuellement, ont mis en
évidence une certaine marginalisation de l’institution atlantique dans la
stratégie américaine, les Américains jouant même alors du concept de
coalition de volontaires (coalition of the willings) presque en lieu et place
d’un outil otanien dédaigné. Il faut dire que les Européens, les premières
représailles passées, ont montré d’évidentes réticences devant les objectifs de
l’administration Bush. Et l’opération « Liberté pour l’Irak », dont l’Alliance
atlantique est formellement restée à l’écart, a révélé au grand jour ces
dissensions. À cette occasion, les Américains ont pu jouer des divisions
européennes, et de l’influence bien réelle qu’ils ont sur la « nouvelle »
Europe, ces nouveaux membres de l’OTAN récemment libérés de la férule
soviétique, contre la « vieille » Europe opposée à eux sur ce dossier irakien.
L'aide de l’OTAN à la Pologne pour son engagement en Irak, l’acceptation
par plusieurs pays de l’Alliance d’assurer chez eux la formation de forces de
sécurité irakiennes n’ont pu panser toutes les plaies.
L'une d’elles cependant, parmi les plus anciennes et profondes, serait-elle
en passe de cicatriser définitivement ? En tout cas, après l’ébauche d’un
rapprochement sous Jacques Chirac entre la France et l’OTAN, l’annonce par
N. Sarkozy à l’occasion du sommet atlantique de Bucarest en 2008 d’une
normalisation à venir des relations France/OTAN et le retour de la France
dans le commandement intégré qui a été officialisé à l’occasion du sommet
de Strasbourg pour le 60e anniversaire de l’organisation en avril 2009,
constitue à n’en pas douter une révolution diplomatique et culturelle en se
détachant de préceptes gaulliens quasi identitaires. Symbolique, la France
étant d’ores et déjà l’un des premiers contributeurs financiers de l’Alliance et
participant à la plupart de ses opérations militaires, mais les symboles ont de
l’importance, cet « abandon » de l’autonomie française se fera apparemment
à quelques conditions près, dont la principale, l’agrément par Washington de
la PESD, et un rééquilibrage de l’Alliance entre les deux rives de
l’Atlantique. Mais entre ce débat euratlantique permanent et l’idée d’une
OTAN mondiale défendue par Washington, comme une nouvelle armée de
l’Occident ou celle des États-Unis aidée de simples « supplétifs », c’est loin
de l’espace transatlantique désormais, en Afghanistan, où l’OTAN, au risque
de l’enlisement, est confrontée avec une opération de quelque 55 000
hommes aujourd’hui à un terrible défi, que l’organisation joue sans doute son
avenir.
PMD
KAPLAN Lawrence, NATO and the United States : The Enduring Alliance,
New York, 1994. SCHMIDT Gustav (sd), A History of NATO, Palgrave,
2001.
VAïSSE Maurice, MELANDRI Pierre, BOZO Frédéric (sd), La France et
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ZORGBIBE Charles, Histoire de l’OTAN, Bruxelles, Complexe, 2002.
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SUEZ (CRISE DE), TIERS MONDE, UEO, VARSOVIE (PACTE DE),
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EISENHOWER, ENDIGUEMENT, HONG KONG, OTAN, VIETNAM
(GUERRE DU)
P
PACIFISME
PALESTINIEN (PROBLÈME)
Le problème palestinien
MV
PANARABISME
Les sources
Le Baathisme
Nassérisme et panarabisme
PIRATERIE
PLATT (AMENDEMENT)
PEREZ JR. Louis A., Cuba Under the Platt Amendment, 1902-1934,
Pittsburgh, 1986.
PROLIFÉRATION/NON-PROLIFÉRATION/CONTRE-
PROLIFÉRATION
QUEMOY ET MATSU
Ces deux îles sont, depuis 1949, le symbole de la division entre les deux
Chine, car elles sont contrôlées par Taiwan mais revendiquées par Pékin.
Des crises récurrentes, parfois violentes, ponctuent l’histoire de ces
territoires : des troupes communistes tentent en vain de prendre pied à
Quemoy, située à deux kilomètres de ses côtes, et à Matsu, plus éloignée,
dès l’automne 1949. La présence de la flotte américaine dans la région
pendant la guerre de Corée interdit à la RPC de faire une nouvelle tentative.
Mais dès 1954, les bombardements chinois reprennent et durent plusieurs
mois, sans que les Américains n’interviennent du fait de l’opposition de
leurs alliés qui ne veulent pas risquer une guerre plus importante.
Cependant, ces îles sont protégées par le traité de défense mutuelle signé en
1955 par les États-Unis et Taiwan.
Par la suite, les tensions relèvent davantage de la guerre psychologique et
de propagande, avant de trouver un certain apaisement : en 1922,
l’administration de Quemoy et Matsu passe sous l’autorité civile de Taiwan
alors qu’elles étaient jusqu’alors sous l’autorité militaire, et depuis 2001,
des liaisons maritimes directes sont établies entre ces deux îles et les ports
chinois.
Les tensions dont Quemoy et Matsu sont l’enjeu se rattachent bien à la
guerre froide.
Ch. M
SZONYI Michael, Cold war island : Quemoy on the front line, Cambridge
university press, 2008.
→ CHINE (PROBLÈME DES DEUX), GUERRE FROIDE, SINO-
SOVIÉTIQUE (CONFLIT)
RABIN Itzhak (1922-1995)
FISCHER Beth A., The Reagan reversal : foreign policy and the end of the
Cold War, Columbia, University of Missouri Press, 1997.
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GORBATCHEV, GRENADE (INTERVENTION DE), GUERRE DES
ÉTOILES, LIBAN (GUERRES DU), VIETNAM (GUERRE DU),
WASHINGTON (TRAITÉS DE)
RÉARMEMENT DE L’ALLEMAGNE
Afin d’en finir avec le militarisme prussien, le traité de Versailles impose
à l’Allemagne vaincue une armée de métier de 100 000 hommes (donc la
suppression de la conscription), l’interdiction de l’usage de l’artillerie
lourde, des chars, des sous-marins, et la démilitarisation de la rive gauche
du Rhin et d’une zone de 50 km sur la rive droite. Afin de faire admettre
cette diminutio capitis, les auteurs du traité précisent qu’il s’agit là d’un
prélude au désarmement général, un des objectifs fixés par la SDN. Or, au
cours des années 1920, Français et Britanniques ne réussissent pas à faire
avancer le dossier du désarmement : seul le désarmement naval progresse à
la conférence de Washington. Du coup, la République de Weimar, tout en
réarmant clandestinement grâce à la collaboration soviétique conclue à
Rapallo, a beau jeu de réclamer l’égalité des droits qu’elle obtient
finalement dans le cadre de la conférence du désarmement, en décembre
1932, ce qui n’empêche pas Hitler, une fois arrivé au pouvoir, de la quitter,
de lancer un vaste programme de réarmement, de proclamer le 16 mars
1935 le rétablissement du service militaire obligatoire et de remilitariser la
Rhénanie un an plus tard. L'absence de réaction des puissances signataires
du traité de Versailles est due à la politique d’appeasement poursuivie par
les Anglais et les Français.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne, ayant capitulé, n’a plus
d’armée, et les responsables de la nouvelle Allemagne de l’Ouest sont
divisés quant à l’idée du réarmement après le choc moral de la période
hitlérienne, de la guerre et de la défaite. C'est la guerre froide qui est à
l’origine du réarmement de l’Allemagne de l’Ouest. Les Américains
(déclaration de Dean Acheson du 12 septembre 1950) souhaitent que des
soldats allemands participent à la défense de l’Europe aux côtés des autres
membres de l’Alliance atlantique. Farouchement opposés à la renaissance
du militarisme allemand, les Français sont amenés à imaginer le projet
d’une armée européenne dans laquelle seraient intégrés des contingents
allemands, sans pour autant reconstituer une armée allemande. Le traité de
Communauté européenne de défense n’est finalement pas ratifié par la
France (août 1954), mais les accords de Londres autorisent le réarmement
allemand (sous réserve de l’interdiction des armes ABC, des fusées, des
gros navires de guerre) et la création de la Bundeswehr. En 1955,
l’Allemagne devient un membre à part entière de l’Alliance atlantique.
FG
RELIGION
Alors que certains le donnaient pour marginalisé sous le double coup des
progrès de la science et de la raison, le fait religieux imprègne toute
l’histoire du 20e siècle. Plus encore, à la fin des années 1970 marquées par
la révolution iranienne puis par l’effondrement du bloc soviétique, les
clivages entre religions participent à l’apparition de nouveaux conflits
internationaux.
Au début du siècle, la « question orientale » (libertés religieuses et
civiques des minorités chrétiennes au sein de l’Empire ottoman) préoccupe
les grandes puissances européennes. Chacune se veut « protectrice » de ces
minorités, avec pour objectif une nette expansion territoriale et des
protectorats en Afrique du Nord, au Proche-Orient et dans les Balkans (voir
guerre de 1912). Le colonialisme est ainsi motivé par l’évangélisation des
peuples « sauvages » d’Afrique et d’Asie. Les Églises et des mouvements
populaires partout en Europe et en Amérique du Nord soutiennent cette
politique.
À partir de la révolution bolchevique de 1917, le refus du communisme
et l’hostilité envers l’Union soviétique viennent en grande partie du rejet de
son athéisme violent et souvent meurtrier. Dans les années 1960, des
changements socioculturels en Europe qui tendent à réduire l’influence des
cultes (sécularisation, effacement des Églises du domaine public) rendent
possible une politique de détente tandis que le communisme léniniste gagne
du terrain en Amérique latine (Cuba, Nicaragua, Mexique). Le monde
musulman, lui, résiste très largement au communisme, sauf dans les États
laïques (Égypte, Syrie, Irak) qui acceptent des alliances avec Moscou.
Après la décolonisation en Afrique et en Asie, les Églises chrétiennes
assurent un lien entre les nouveaux États souverains et le vieux monde,
même si les colons blancs sont expulsés et les relations économiques et
administratives rompues.
La religion est souvent au cœur du séparatisme : séparation de l’Irlande
catholique de l’Angleterre protestante en 1921 ; partition de l’Inde
britannique en deux États, l’Inde majoritairement hindouiste et le Pakistan
musulman ; formation de l’État d’Israël en 1948 « État hébreu » par rapport
aux Palestiniens musulmans. Elle est souvent aussi prétexte à des
exactions : expulsions de populations, nettoyages ethniques ou même
génocides de minorités (Arménie en 1915, antisémitisme, shoah hitlérienne
en 1939-1945, guerres en ex-Yougoslavie entre 1992 et 1999, persécutions
des populations chrétiennes au Nigeria pendant la guerre du Biafra et au
Soudan).
La religion sert également à forcer l’union dans les conflits
internationaux : crise du pétrole après la guerre des Six jours en 1973,
soutien apporté aux organisations palestiniennes par le monde arabe,
soutien aux musulmans du Cachemire, au Tibet bouddhiste. Les diasporas
politiques sont souvent portées aussi par des questions éthiques et des
convictions religieuses.
La plupart des forces religieuses agissent sans disposer d’une
organisation vraiment centralisée. Le monde musulman est fortement divisé
entre courants sunnite, chiite et soufisme, entre autres, sans avoir de
structure hiérarchique ni bureaucratique. Les Églises chrétiennes reposent
en général sur une organisation solide, sauf pour le protestantisme « libre »,
mais elles sont trop étroitement liées aux États pour mener une politique
extérieure vraiment indépendante. Ceci est surtout vrai pour l’orthodoxie et
les grands ensembles protestants comme l’Église anglicane qui reconnaît
l’autorité suprême de la reine d’Angleterre. L'Église catholique, dirigée par
un État souverain (le Saint-Siège à Rome), est une exception. Son
souverain, le pape, est tout à la fois chef d’État et autorité spirituelle en sa
qualité d’évêque de Rome. Même s’il ne dispose plus de divisions armées,
comme le remarquait Staline, son influence politique au niveau mondial
reste considérable. Il se prononce sur les changements sociaux et culturels
qui touchent États et sociétés (divorce, contraception, enseignement,
doctrine économique, rôle des femmes…) ainsi que sur les conflits
interétatiques (impérialisme soviétique en Europe, troubles du Moyen-
Orient, politique nucléaire, guerre d’Irak de 2003 par exemple). Le pape Pie
XII a même été critiqué pour n’avoir pas lutté plus ouvertement contre le
nazisme et n’avoir pas fait assez pour sauver des Juifs. Jean-Paul II a été
applaudi pour son soutien appuyé aux mouvements syndicalistes et des
droits de l’homme en URSS, notamment en Pologne. Beaucoup ont vu dans
l’action de ce pape polonais le déclic qui précipita l’effritement du bloc
communiste. Tous les papes ont essuyé des critiques sévères pour leur refus
d’autoriser des moyens physiques de contrôle de la surpopulation mondiale
mais aussi pour leur condamnation du socialisme et de la lutte contre les «
Yankees » en Amérique latine (théologie de la libération).
La révolution iranienne (1979) de l’ayatollah Khomeiny donne un nouvel
élan à l’islamisme, vu comme ordonnancement religieux de la vie politique,
économique et personnelle fondé sur une seule loi, la charia. L’ayatollah
Khomeiny lui-même ne prône pas le retour à une vie archaïque dont la
science et les techniques modernes seraient absentes. Il veut avant tout
arrêter le progrès du nihilisme spirituel tel qu’il pense le voir à l’œuvre dans
le monde occidental. À ses yeux, il n’y a aucune incompatibilité entre la
charia, la télévision, les avions et les armes militaires les plus sophistiquées.
Un islamisme plus radical a depuis bouleversé le monde musulman,
surtout en Afghanistan et au Pakistan. Les monarchies du pétrole et les
républiques laïques (Syrie, Égypte, Algérie et d’autres encore) sont
maintenant soumises à une forte pression islamiste organisée par les « frères
musulmans » ou par Al Qaïda. Les luttes sanglantes entre le Hamas et le
Fatah, chacun soutenu de l’extérieur (aide financière, armes, appuis
diplomatiques) sont révélatrices de cette évolution. Le Liban représente un
mélange unique de tensions religieuses et ethniques, relayées par des
diasporas importantes et des partenaires étatiques (Syrie, Israël, France,
États-Unis).
Après la guerre des Six jours de 1967, la solidarité musulmane joue un
rôle dans la crise pétrolière qui consiste à punir les amis de « l’agresseur
hébreu », surtout les USA et l’Europe occidentale. La « finance islamique »
s’insère au monde de la finance globale (prêts sans intérêts mais profits
ajoutés au prix de vente). La « bombe islamique » existe déjà au Pakistan.
Que l’Iran persiste à la réclamer comme un droit naturel depuis plusieurs
années représente une source de fortes tensions avec les États-Unis mais
aussi avec tous les États qui défendent une politique de non-prolifération
stricte.
L’Occident réagit de façon différenciée face à ce retour du religieux. Aux
États-Unis où le discours religieux n’a jamais été absent comme
justification de l’action individuelle et collective, des convictions
religieuses servent d’argument à l’administration Bush pour étayer ses
initiatives internationales. En comparaison, la « vieille Europe » laïque,
sinon athéiste, semble plus hermétique à cette nouvelle pensée religieuse
mais elle n’en respecte pas moins le sacré, lui conférant un caractère
inviolable et absolu. Ce qui ne va pas sans ambiguïté ni faiblesse face à des
actes prétendument religieux et qui ne sont parfois que l’expression de
doctrines idéologiques.
Les communautés religieuses les plus nombreuses aujourd’hui sont le
christianisme (2,2 milliards de fidèles), l’islam (1,4 milliard), l’hindouisme
(890 millions), et le bouddhisme (380 millions). Afin de transformer les
religions en force de la paix, certains s’efforcent de régler leurs conflits
internes. Au sein du christianisme, des initiatives œcuméniques cherchent à
réduire les tensions entre l’Église catholique et les Églises protestantes et
orthodoxes. Le « dialogue des religions » s’appuie sur une volonté de
coopération entre les trois grandes religions monothéistes (judaïsme, islam,
christianisme), parfois énoncée par les autorités spirituelles elles-mêmes.
D’autres encore préconisent de se pencher sur les motifs plus profonds qui
pourraient expliquer pourquoi des foules se tournent en masse vers la
religion : pauvreté, injustice, corruption, peur, illettrisme…
FG
RENSEIGNEMENT
RÉPARATIONS
REPRÉSAILLES MASSIVES
Cette doctrine d’emploi des armes nucléaires est adoptée dans le cadre du
New Look, à l’instigation de l’amiral Radford. Les États-Unis n’ont plus le
monopole de l’arme atomique et la guerre de Corée apparaît comme le
modèle d’une guerre limitée mais meurtrière, impopulaire et inefficace.
Réfugiés dans le sanctuaire mandchou, les Chinois sont hors d’atteinte.
L'arme atomique ne permettrait-elle pas d’imposer sa volonté à moindres
frais, à condition de ne pas limiter les représailles à un seul territoire ? Les
républicains adoptent, en 1953, la nouvelle stratégie qui se résume par trois
formules : représailles massives (massive retaliation), riposte immédiate
(instant retaliation), pas de sanctuaire (no sheltering). À toute attaque, les
États-Unis ont donc l’intention de répondre immédiatement par l’arme
atomique. Ainsi estiment-ils obtenir le maximum de sécurité au coût le
moins élevé.
À cette stratégie, qui apparaît bientôt comme irréaliste, est substituée la
doctrine de la riposte graduée, avancée du temps de l’administration
Kennedy, mais adoptée par l’OTAN en 1967, en raison de l’opposition
française. Cette stratégie vise à proportionner la riposte à la menace et à
l’enjeu, suivant une escalade savante allant du conflit conventionnel à la
guerre nucléaire. Elle implique donc la possession d’une panoplie complète
d’armes, et en particulier le renforcement des forces conventionnelles chez
les Américains et surtout chez leurs alliés.
MV
RIDEAU DE FER
HARBUTT Frase, The Iron Curtain : Churchill, America and the origins of
the Cold War, Oxford University Press, New York, 1986.
→ BERLIN, CHURCHILL, GUERRE FROIDE, PRAGUE (COUP
DE), STALINE, TITO, YALTA (CONFÉRENCE DE)
ROME-BERLIN (AXE)
Il s’agit d’un important bassin houiller situé sur la rive droite du Rhin,
fondement de la puissance industrielle et donc militaire de l’Allemagne.
Incapable de faire face au paiement des réparations au lendemain de la
Grande Guerre, le gouvernement allemand demande un moratoire aux
Alliés. Mais ceux-ci se divisent sur l’attitude à adopter. Poincaré exige des
gages et, devant l’échec des conférences de Londres (décembre 1922) et
Paris (janvier 1923), décide, avec le soutien de la Belgique – malgré la
désapprobation britannique –, l’occupation du territoire de la Ruhr à partir
du 11 janvier 1923. La pression des industriels lorrains et un certain
revanchisme à vouloir faire payer « le Boche » amènent donc Poincaré à
cette solution extrême. Les Allemands organisent alors une « résistance
passive », ce qui entraîne l’établissement d’un cordon douanier entre la
Ruhr et le reste du territoire allemand. De plus, les Français soutiennent le
mouvement séparatiste contre l’avis majoritaire de la population. En raison
des problèmes de pénurie, le nouveau gouvernement allemand, présidé par
Stresemann, décide l’arrêt de la grève générale en septembre 1923, mais l’«
action de Poincaré » a des effets pervers : outre qu’elle offre le beau rôle à
la Grande-Bretagne qui propose sa médiation et un terreau favorable aux
nationalistes allemands pour la révision du traité de Versailles, elle entraîne
une vive contestation du Cartel des gauches, qui emporte les élections de
mai 1924, et un compromis sur le règlement des réparations. L'acceptation
du plan Dawes (août 1924) par la France lui permet de rompre un isolement
politique dangereux et elle s’engage donc à évacuer la Ruhr, ce qui est fait
progressivement d’octobre 1924 à juillet 1925. Les années de prospérité qui
suivent permettent à la Ruhr d’augmenter grandement sa productivité et le
soutien financier des grands industriels (Krupp, Thyssen) à la politique
d’Hitler en fait le fief du réarmement allemand.
Durant la Seconde Guerre mondiale, si les raids massifs des Anglo-
Américains détruisent à plus de 50 % tous les grands centres de la région,
ils n’entament en rien sa production qui atteint même son apogée en 1944.
Mais la Ruhr est conquise dans les premières semaines d’avril 1945 par une
grande manœuvre d’encerclement des armées américaines et incluse dans la
zone d’occupation britannique. Pour des raisons matérielles autant que
symboliques, les Alliés sont divisés concernant son avenir. Si l’Union
soviétique veut le contrôle quadripartite des industries avec le maintien de
la Ruhr dans l’ensemble allemand, la France exige au contraire son
détachement du Reich. À la suite des accords de Londres (1948), une
Autorité internationale de la Ruhr est créée en avril 1949 afin d’assurer un
contrôle conjoint des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et du
Benelux sur la production du bassin, et les Konzern, qui avaient fait aussi la
puissance de la Ruhr, sont démembrés. C’est en partie pour « désintoxiquer
» les relations franco-allemandes du poison de la Ruhr que le plan Schuman
propose en 1952 la création de la Communauté européenne du charbon et
de l’acier (CECA). La République fédérale d’Allemagne ne recouvre la
pleine souveraineté qu’avec la signature des accords de Londres et de Paris
en octobre 1954.
FG
RWANDA
Dans le cas du génocide rwandais, qui a fait près de 800 000 morts en
1994, la France est accusée d’avoir soutenu le régime hutu, dont les milices
ont voulu éliminer les Tutsis et les Hutus modérés. En réalité, le conflit
ethnique préexiste à l’indépendance, en 1962, de cette colonie belge : à
partir de 1959, les Tutsis minoritaires (15 % de la population) sont l’objet
de vexations de la part de la majorité hutue et s’exilent dans les pays
voisins, d’où ils tentent de revenir. De 1990 à 1993, dans le cadre des
accords de coopération avec le pouvoir en place à Kigali signés en 1975, la
France a formé des militaires des forces armées rwandaises. À l’automne
1990, le Front patriotique rwandais (FPR) – tutsi –– lance son offensive
dans le nord du pays – à partir de l’Ouganda voisin –, provoquant
l’intervention des troupes françaises et belges, qui sauve provisoirement le
régime du président – hutu – du Rwanda, Juvénal Habyarimana (au pouvoir
depuis 1973) : la France devient donc son principal soutien.
Prévoyant la participation du FPR à un gouvernement d’union nationale,
les accords d’Arusha (4 août 1993) mettent théoriquement fin à la guerre
civile ; la création de la Mission des Nations unies au Rwanda (MINUAR)
(octobre 1993) doit permettre le retour à la paix civile. En réalité, des
tueries ont lieu, la propagande émet des appels au meurtre et la trêve ne
tient qu’à un fil. Rien ne peut arrêter la progression du FPR. La guerre
civile éclate vraiment à la suite de l’attentat contre le Président rwandais
hutu, le 6 avril 1994 ; par l’opération Amyrillis (9-17 avril 1994), la France
et la Belgique évacuent leurs ressortissants ; le FPR s’empare de Kigali
(juillet 1994) et les massacres s’étendent alors aux Hutus. Le ministre
français des Affaires étrangères, Alain Juppé, plaide pour une mobilisation
internationale et obtient aux Nations unies le vote de la résolution 929
autorisant la France à intervenir pour protéger les Hutus en fuite devant la
contre-attaque des Tutsis : c’est l’opération Turquoise menée par 2 500
soldats français du 22 juin au 22 août 1994, qui doit créer une « zone
humanitaire sûre » dans le sud-ouest du pays, où se réfugient de nombreux
Hutus. À la fin du mois d’août, les Français cèdent la place à la mission
MINUAR II.
La question du rôle de la France reste au centre des débats. La polémique
tient à la présence entre 1990 et 1994 de militaires français qui ont formé
des soldats hutus alors que des extrémistes hutus appelaient à chasser les
Tutsis. D’où naît la thèse de la complicité française dans le génocide. Au
lieu de protéger les Tutsis traqués, des soldats français auraient prêté main-
forte aux forces armées hutues et assisté les miliciens dans ce qui est
devenu un génocide. Quel crédit accorder à cette accusation ? Des archives
de l’Élysée dévoilées par Le Monde semblent indiquer que la France a
soutenu le régime de Kigali malgré les signaux présageant des massacres à
venir. Au nom de la francophonie, face à une rébellion d’exilés tutsis venue
de l’Ouganda anglophone dominée par le Front patriotique rwandais de
Paul Kagamé, la France a-t-elle fermé les yeux et armé les futurs tueurs en
faisant preuve d’un cynisme coupable ? Au nom de la défense de la
présence militaire française en Afrique contre l’immixtion américaine, la
France a-t-elle ignoré les objectifs des extrémistes hutus ? Le rapport de la
mission d’information parlementaire présidée par Paul Quilès, déposé le 15
décembre 1998, reconnaît que la France a développé sa coopération
militaire dans un contexte de tensions ethniques, de massacres et de
violences dont elle a sous-estimé la gravité ; mais il conclut que la France «
n’a en aucune manière incité, encouragé ou soutenu ceux qui ont orchestré
le génocide » et qu’elle a été la première à reconnaître en mai 1994 la
réalité du génocide au Rwanda. Au terme d’une mise au point brève mais
de bonne facture, Roger Faligot et Jean Guisnel concluent qu’on ne peut
accuser la France d’une implication militaire dans le génocide mais que la
responsabilité politique de François Mitterrand est bel et bien engagée. En
avril 2000, la Belgique et l’ONU font leur mea culpa, et Paul Kagamé, élu
président du Rwanda, insiste pour que la France reconnaisse « sa part de
responsabilité morale ». Le rapport de l’Organisation pour l’Unité africaine
conclut en juillet 2000 que la France a été l’allié le plus proche du
gouvernement rwandais. Depuis lors, les relations entre Paris et Kigali sont
tendues et même rompues en novembre 2006 à la suite du rapport du juge
Bruguière, qui met directement en cause Paul Kagamé dans l’assassinat du
président du Rwanda. Dans cette affaire, la France est isolée et son image
discréditée car elle y perd l’aura de la traditionnelle puissance protectrice.
MV
DANN U., ed., The Great Powers in the Middle East 1919-1939, New
York, 1988.
→ KURDE (PROBLÈME), SDN
BEATTIE Kirk J., Egypt during the Sadat years, New York, Palgrave, 2000.
HEIKAL Mohamed, L'Automne de la colère : l’assassinat de Sadate,
Ramsay, 1983.
→ BEGIN, CAMP DAVID (ACCORDS DE), CARTER, KIPPOUR
(GUERRE DU), KISSINGER, PALESTINIEN (PROBLÈME),
PÉTROLE ET RELATIONS INTERNATIONALES
SAHARA OCCIDENTAL
SARRE
www.visa-schengen.info
→ CEE, UE (TRAITÉS DE L’)
SÉCURITÉ COLLECTIVE
Signé le 10 août 1920, ce traité est imposé à un Empire ottoman dont les
délégués ont été expulsés de France en juin et dont le territoire est en partie
occupé par les Alliés. Il consacre les projets de démembrement des accords
Sykes-Picot et les promesses faites à l’Italie (accord de Saint-Jean-de-
Maurienne en 1917) et à la Grèce de Vénizélos.
En 433 articles, il prévoit une zone internationale (occupation d’Istanbul)
autour des Détroits, la perte du Proche-Orient et de la Cilicie placés sous
mandats français ou anglais, la cession du sud-ouest anatolien à l’Italie et de
la Thrace à la Grèce qui administre le district de Smyrne/Izmir (peuplé en
majorité de Grecs) dont l’annexion devra être ratifiée par plébiscite après
cinq ans. Les États-Unis refusent un mandat sur l’Arménie qui est érigée en
État indépendant, et la création d’un État des Kurdes est renvoyée à une
décision ultérieure de la SDN. L'Empire ottoman se trouve réduit à un
quadrilatère anatolien disposant d’un débouché sur la mer Noire, son armée
est limitée à 15 000 hommes assistés de gendarmes, les Capitulations (actes
par lesquels le Sultan a accordé, depuis 1528, des privilèges aux
ressortissants des États occidentaux) sont étendues et les finances de l’État
remises à des experts étrangers.
La dureté de ce traité permet à Kémal de rallier à sa révolte contre le
Sultan nombre de députés de l’Assemblée élue à l’automne 1919.
Son alliance avec la Russie bolchévique et ses victoires contre les
Arméniens, les Français en Cilicie, et les Grecs en Anatolie (armistice de
Mudanya, le 11 octobre 1922) ouvrent la voie à la conclusion, en juillet
1923, d’un nouveau traité entre les Alliés et la Turquie, à Lausanne, puis à
la disparition, en octobre, du vieil Empire ottoman au profit de la
République turque.
OD
SINO-JAPONAISE (GUERRE)
IRIYE Akira, The Origins of the Second World War in Asia and the Pacific,
Longman, London, 1987.
→ BRIAND-KELLOGG (PACTE), HIRO-HITO, MANDCHOURIE
(CONFLIT DE), SDN, SÉCURITÉ COLLECTIVE, TCHANG KAï-
CHEK, WASHINGTON (TRAITÉ DE)
SINO-SOVIÉTIQUE (CONFLIT)
SIONISME
Ce mouvement a pour objet de favoriser le retour et l’établissement des
Juifs en Palestine. Il naît à la fin du 19e siècle en réaction aux persécutions
antisémites en cours dans certains pays d’Europe centrale (Russie,
Roumanie, Ukraine). C'est sous l’inspiration du journaliste juif hongrois
(1860-1904) Theodor Herzl que le premier congrès sioniste a lieu à Bâle en
1897 « pour assurer au peuple juif un foyer en Palestine, garanti par le droit
international ». La vague d’antisémitisme suscitée en France par le scandale
de Panama (1890) et l’affaire Dreyfus contribue à accélérer le mouvement.
Diverses propositions d’implantation ailleurs qu’en Palestine (dont
l’Ouganda) sont refusées avec vigueur. Le mouvement a pour siège Vienne
puis, après la mort de Herzl, Cologne en 1904 et Berlin en 1911. Des
colonies agricoles (les kibboutz) s’implantent en Palestine, vite grossies par
une immigration plus ou moins clandestine. Depuis la publication de L'État
juif de Th. Herzl en 1896, le mouvement acquiert une dimension politique.
En 1909 est fondée, à côté de la vieille cité arabe de Jaffa, la nouvelle ville
juive de Tel-Aviv, avec écoles primaires et secondaires : l’hébreu y devient
langue officielle. Le sionisme marque un point avec la déclaration Balfour
de 1917 par laquelle le Royaume-Uni accepte, après la guerre, de «
favoriser en Palestine l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif
», à condition qu’aucune atteinte ne soit portée aux droits des Arabes. Mais,
parallèlement à cet engagement fait à Chaïm Weizmann, le chef du
sionisme, Londres multiplie les promesses aux Arabes pour les entraîner à
la révolte contre les Ottomans. La déclaration Balfour crée un malentendu
entre les sionistes et le gouvernement anglais : celui-ci entend bien ne
favoriser qu’un foyer national et non un État juif. En 1920, la SDN confie le
mandat sur la Palestine au Royaume-Uni, ce qui suscite la déception des
Juifs aussi bien que des Arabes. Le mouvement sioniste se fixe alors pour
but de réussir l’implantation économique des Juifs en Palestine : le Fonds
national juif multiplie les achats à bas prix de terres exploitées selon un
modèle collectiviste, le kibboutz. L'énergie des colons juifs, leur efficacité
professionnelle, leur ardeur au travail, leur formation européenne suscitent
rapidement la jalousie des Arabes dont le niveau de vie est distancé par
celui des Juifs.
Les premiers heurts entre Juifs et Arabes se produisent en 1929. Tous ces
éléments se conjuguent pour nourrir une sympathie accrue en Europe
envers le mouvement sioniste de la part de ceux des Juifs qui craignaient
que l’émigration vers la Palestine ne dévalorise leur position dans les pays
européens. L'arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933 favorise une vague
d’immigration juive vers la Palestine. La création d’un État juif indépendant
devient alors l’objectif du mouvement sioniste, d’autant que les chefs
arabes nationalistes prennent contact avec le régime hitlérien. Mais le
Royaume-Uni, craignant de dresser contre lui les populations arabes en
favorisant les Juifs, limite sévèrement l’émigration en 1939 et la stoppe
complètement en 1940-1941. À partir de cette date, le sionisme n’hésite pas
à avoir recours à l’action terroriste contre les Anglais : l’organisation
militaire clandestine de l’Irgoun pratique des attentats contre des
fonctionnaires britanniques et des civils arabes. En 1945-1946, le groupe
d’auto-défense Haganah s’allie aux mouvements terroristes Stern et Irgoun
car les Anglais, malgré le sort réservé aux Juifs pendant la guerre,
n’assouplissent pas leur politique d’immigration – malgré des demandes des
États-Unis en ce sens. L'affaire de l’Exodus envenime la situation en 1947.
Saisie par Londres, l’ONU soumet un plan de partage de la Palestine en
novembre 1947 : les Juifs se voient attribuer un territoire de 14 000 km2 (de
bonnes terres), le secteur de Jérusalem-Bethléem devenant une enclave
internationale gérée par l’ONU. Le mandat anglais prend fin le 14 mai
1948, jour de la proclamation d’Israël par David Ben Gourion. Le sionisme
gagne une grande victoire, mais il se retrouve confronté seul à seul à ses
pires ennemis, les nations arabes. Refusant le partage de la Palestine, ceux-
ci déclenchent une guerre contre Israël dès mai 1948 que l’État hébreu
gagne début 1949. C'est le début des conflits israélo-arabes. Dès lors, le
sionisme, parallèlement à l’établissement de structures administratives et
sociales nouvelles en Israël, se consacre à la défense de son territoire pour
sa survie, dans un environnement hostile.
À la collectivité incarnée sur le plan intérieur par le kibboutz, fait écho,
sur le plan extérieur, un vif sentiment d’unité nationale fondé sur le
souvenir de la shoah et le danger représenté par la nation arabe. Des années
1940 aux années 1970, les principales figures du sionisme, financièrement
soutenu par la diaspora juive, sont David Ben Gourion et Golda Meir.
À la suite de la guerre du Kippour, une majorité de l’assemblée générale
de l’ONU autour du groupe afro-asiatique vote une résolution disposant que
« le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ».
MV
SPECIAL RELATIONSHIP
STIMSON (DOCTRINE)
IRIYE Akira, The Origins of the Second World War in Asia and the Pacific,
New York, 1987.
→ AGRESSION, BRIAND-KELLOGG (PACTE), HOOVER,
MANDCHOURIE (CONFLIT DE), SDN
SYKES-PICOT (ACCORDS)
Issu d’un milieu de négociants, alors qu’il poursuit au Japon des études
d’officier, il se lie, en 1910, au chef révolutionnaire chinois Sun Yat-Sen
(premier président de la République chinoise en 1912) et lui succède à la
tête du parti nationaliste Kuomintang à sa mort le 12 mars 1925, et en
réorganise l’armée. En avril 1927, il fait massacrer ses anciens alliés du
parti communiste chinois, rompant ainsi l’alliance conclue en 1923 entre le
Kuomintang et les Soviétiques, et installe le gouvernement nationaliste à
Nankin en 1928. Il établit alors de bonnes relations avec Londres et
Washington ainsi, au moins jusqu’en 1938, qu’avec Mussolini et Hitler qui
réorganise son armée. Face au Japon de Hiro-Hito qui a entrepris depuis
1931 l’annexion de la Chine du Nord, il temporise, préférant utiliser ses
forces dans une tentative d’écrasement définitif des communistes.
Toutefois, après l’« incident de Xi’an » (décembre 1936), où il est capturé
par des généraux hostiles à sa politique, il accepte de former avec le PC un
front anti-japonais. Face à la reprise de l’expansion menée par le Japon qui
a signé le pacte anti-komintern avec l’Allemagne (novembre 1936), la
guerre éclate en juillet 1937. Aidé seulement par l’URSS, Tchang Kaï-chek
tente de résister et de lutter sur deux fronts. Allié des Américains après
Pearl Harbor, il apparaît en 1945 comme l’un des vainqueurs de la Seconde
Guerre mondiale, ce qui permet à son pays de retrouver tous ses territoires
perdus depuis 50 ans, d’abroger les « traités inégaux » et d’obtenir une
place de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Cependant,
son régime très affaibli ne résiste pas à la relance de la guerre civile par les
communistes chinois. Contraint de se réfugier en décembre 1949 à Taiwan,
il retrouve la protection américaine face à Mao Zedong après le
déclenchement de la guerre de Corée. Il reste à la tête de la Chine
nationaliste et conserve même le siège de la Chine au Conseil de sécurité
jusqu’en 1971, sans que la question des deux Chine soit résolue.
AD
FURUYA Keiji, Chiang Kai-Shek : his life and times, New York, St John’s
university, 1981.
→ CHINE (PROBLÈME DES DEUX), CORÉE (GUERRE DE),
HIRO-HITO, HITLER, KUOMINTANG, MAO ZEDONG,
MUSSOLINI, ONU
De 1994 à 1996, le Kremlin s’engage dans une guerre qui se solde par un
échec militaire et diplomatique pour la Russie. Malgré l’importance des
moyens militaires engagés, Moscou ne vient pas à bout de la guérilla
tchétchène. La brutalité des combats, la violation répétée des droits de
l’homme et les pertes humaines considérables de part et d’autre suscitent la
désapprobation internationale. En 1997, un traité de paix est signé. La
Tchétchénie devient une république autonome au sein de la Fédération de
Russie. Pour autant, certains rebelles tchétchènes refusent de cesser le
combat pour l’indépendance et réclament la création d’un Caucase
islamique. Avec l’appui de mouvements islamistes extérieurs, ils multiplient
les actes terroristes contre les forces russes mais aussi contre des civils dans
les républiques voisines et à Moscou en 1999. Vladimir Poutine, alors
Premier ministre, déclenche la seconde guerre de Tchétchénie (1999-2000).
Ployant sous les bombes, la capitale Grozny se rend en 2000. La fin
officielle des hostilités n’empêche pas la persistance de poches de
dissidence.
Un après-guerre sanglant
EVANGELISTA Matthew A., The Chechen wars : will Russia go the way
of the Soviet Union?, Washington DC, the Brookings Institution, 2002.
→ AL QAïDA, CAUCASE (CONFLITS DU), DROITS HUMAINS,
ELTSINE, ONG, ONZE SEPTEMBRE, POUTINE, TERRORISME
TERRORISME
Durant ces années qui ont vu la mort de 1,2 million de Tibétains d’après
les statistiques avancées par le gouvernement en exil, et contestées par
Pékin, le dalaï-lama s’est fait porteur d’un message de paix et de non-
violence. Ses nombreux efforts pour engager des négociations d’autonomie
avec le gouvernement chinois sont restés vains. Aux yeux de la République
populaire de Chine, la présence chinoise au Tibet est légitime : que ce soit
dans la région autonome du Tibet ou dans les entités autonomes tibétaines
des provinces du Qinghai, du Gansu, du Sichuan et du Yunnan (le « Grand
Tibet » du gouvernement d’exil). Les tentatives d’opposition au pouvoir
central sont assimilées à du sécessionnisme auquel Pékin entend répondre
par la répression et l’assimilation culturelle forcée.
FG
TIERS MONDE
Le terme, que l’on doit au démographe Alfred Sauvy, par analogie avec
le Tiers État, a fait fortune. Son mérite est de rappeler dans les années 1950
l’existence d’une zone intermédiaire, en grande partie sous la tutelle
coloniale des métropoles européennes, au moment où la guerre froide
semble partager le monde en deux camps. La décolonisation de l’Asie puis
de l’Afrique amène les anciennes colonies à s’organiser à partir de la
conférence de Bandoung en 1955, à revendiquer le non-alignement et à
réclamer une aide au développement dans le cadre multilatéral de la
CNUCED, en particulier. Représentant bientôt une majorité à l’Assemblée
générale de l’ONU, le groupe afro-asiatique est courtisé par les deux
Grands, et le tiers-mondisme a le vent en poupe. Certains des États du Tiers
Monde, riches en ressources pétrolières, s’organisent en OPEP et, en
augmentant le prix du pétrole, provoquent la panique en Occident. L'apogée
signifie aussi son déclin : la solidarité du Tiers Monde se lézarde entre pays
riches et pays pauvres. L'endettement grève lourdement les finances de
certains d’entre eux, qui regimbent face aux contraintes imposées par le
FMI. À la mystique des droits de peuples à disposer d’eux-mêmes succède
l’exigence des droits de l’homme, que précisément certains des États du
Tiers Monde ne respectent pas. Enfin, la disparition du monde socialiste
affecte aussi l’environnement international d’États qui trouvaient dans la
bipolarité leur équilibre.
MV
DJILAS Milovan, Tito, mon ami, mon ennemi, biographie critique, Fayard,
1980.
→ BLED (TRAITÉ DE), CASTRO, KHROUCHTCHEV,
KOMINFORM, KOMINTERN, NON-ALIGNÉS (MOUVEMENT
DES), OTAN, STALINE, VARSOVIE (PACTE DE), YOUGOSLAVIE
Ensemble des traités qui règlent les problèmes issus de la Grande Guerre,
à la suite des armistices signés à la fin de 1918, selon les principes exposés
par Wilson dans ses quatorze points.
Le traité de Versailles, signé avec l’Allemagne le 28 juin 1919, est le
plus important des traités préparés par la Conférence de la paix qui se tient
à Paris, regroupant près de trente pays et dont l’organe de décision est le
Conseil des Quatre, réunissant les chefs des gouvernements français
(Clemenceau), anglais (Lloyd George), italien (Orlando), et le président
américain Wilson. L'Allemagne et les autres États en sont écartés. L'objectif
est de rabaisser la puissance politique et économique de l’Allemagne et
d’assurer la sécurité en Europe. La conférence définit d’abord les statuts de
la Société des Nations (SDN) constituant le préambule de tous les traités de
paix. L'Allemagne se voit imposer des conditions draconiennes : perte de
l’Alsace-Lorraine au profit de la France, de la Posnanie et de la Prusse
occidentale au profit de la Pologne reconstituée, soit plus de 88 000 km2 de
son territoire et 1/10e de sa population, perte de ses colonies ; détachement
de Dantzig, peuplée en majorité d’Allemands, ville libre, placée sous
contrôle de la SDN ; scrutins d’autodétermination en Prusse orientale,
Schleswig du Nord (qui revient au Danemark), Eupen et Malmédy (qui
reviennent à la Belgique), Haute-Silésie. La Sarre est placée sous le
contrôle de la SDN et administrée par la France pendant quinze ans. Par
l’article 231 du traité, l’Allemagne doit se reconnaître responsable de «
toutes les pertes, de tous les dommages subis par les gouvernements alliés
et associés et leurs nationaux », ce qui justifie les réparations. À cela
s’ajoutent des sanctions militaires : démilitarisation de la rive gauche du
Rhin, désarmement de l’Allemagne et limitation des effectifs de son armée
pendant quinze ans. L'occupation par les Alliés de la rive gauche du Rhin et
de têtes de pont sur la rive droite doit servir de garantie d’exécution du
traité. La France obtient la promesse de traités de garantie franco-
britannique et franco-américain en cas d’agression allemande. Des traités
séparés sont négociés avec les autres pays vaincus. Ils remodèlent la carte
politique de l’Europe centrale, fondée sur le droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes, mais peu adaptés aux réalités économiques et ethniques,
groupant des populations hétérogènes, foyers futurs d’affrontement. Le
traité de Saint-Germain (10 septembre 1919) réduit l’Autriche à un petit
territoire peuplé de six millions et demi d’habitants. Le traité de Neuilly
(27 novembre 1919) fait perdre à la Bulgarie la Thrace occidentale et la
Dobroudja. Par celui de Trianon (4 juin 1920), la Hongrie perd la
Transylvanie et le Banat. Celui de Sèvres avec la Turquie (10 août 1920)
démembre l’Empire ottoman ; il est annulé en 1923 par les accords de
Lausanne. Les nouveaux États (Pologne, Tchécoslovaquie et Yougoslavie)
ainsi que la Roumanie sont les grands bénéficiaires des traités. Mais ils
regroupent beaucoup de minorités. Quant à la Pologne, elle récupère sa
frontière occidentale de 1772, gagnant la Posnanie sur l’Allemagne, mais
Dantzig est érigée en ville libre à l’extrémité du corridor qui lui donne un
accès à la mer. À l’est, elle refuse la ligne Curzon, et poursuit la guerre
contre l’Union soviétique. Aux termes de la guerre polonosoviétique, par le
traité de Riga (mars 1921), l’URSS lui cède une bande de 200 km au-delà
de la ligne Curzon. L'Italie, entrée en guerre en vertu des promesses
secrètes, n’est pas satisfaite : elle obtient le Trentin, le Tyrol, Trieste et
l’Istrie, mais non la Dalmatie et Fiume, laissant ouverte la question de
l’irrédentisme.
Les traités en eux-mêmes ne constituent pas une paix bâclée. Les
responsabilités sont ailleurs. Le Sénat américain, en refusant en 1920 de
ratifier le traité de Versailles, annule les garanties anglo-américaines à la
France et diminue la portée du pacte de la SDN. La France et la Grande-
Bretagne dominent l’Europe née des traités de 1919-1920. Mais, rassurée
quant à la menace allemande, l’Angleterre revient à sa politique d’équilibre
des puissances et se désintéresse vite de l’Europe centrale. Seule pour
consolider l’Europe de Versailles alors que naît à l’Est le régime
révolutionnaire des Soviets, la France constitue une alliance de revers avec
les nouveaux États d’Europe centrale, dont certains sont regroupés dans la
Petite Entente. Dès 1920, l’Allemagne, qui voit dans le traité de Versailles
un diktat, s’oppose à toutes les clauses du traité et avant tout aux
réparations. Le 16 mars 1935, Adolf Hitler dénonce unilatéralement les
termes du traité que l’Angleterre, par souci d’appeasement, laisse
démanteler comme c’est le cas avec la remilitarisation de la Rhénanie
(1936).
CB
TRICONTINENTALE
TRILATÉRALE
TRIPLE-ALLIANCE
TRIPLE-ENTENTE
Ensemble diplomatique construit en trois étapes par le rapprochement
franco-russe de 1890-1894, l’Entente cordiale franco-britannique (1904) et,
dans une moindre mesure, par le règlement colonial anglo-russe de 1907, la
Triple-Entente naît de l’inquiétude que suscite l’isolement diplomatique de
ces trois pays face à la Triple-Alliance.
Pilier de cette construction, l’alliance franco-russe comporte un accord
politique et une convention militaire dont Théophile Delcassé, ministre
français des Affaires étrangères, est l’artisan principal. Isolée depuis la
défaite de 1871, désireuse de récupérer les deux provinces perdues d’Alsace
et de Lorraine, la France fait de la Russie, aux prises avec l’Autriche-
Hongrie dans les Balkans, son alliée dans une stratégie d’encerclement des
Empires centraux. Elle reçoit le soutien de la Grande-Bretagne qui cherche
ainsi à se protéger de la concurrence commerciale et navale allemande.
Conformément aux accords signés par les trois puissances avant 1914, leur
solidarité en temps de guerre reste sans faille jusqu’à la révolution
bolchevique d’octobre 1917.
FG
MCCULLOUGH Edward E., How the First World War Began. The Triple-
entente and the Coming of the Great War of 1914-1918, Montréal, Black
Rows, 1998.
→ ALSACE-LORRAINE, BALKANIQUES (GUERRES),
DELCASSÉ, ENTENTE CORDIALE, TRIPLE-ALLIANCE
UNILATÉRALISME
Principe selon lequel un État impose ses choix à son environnement
extérieur au lieu de les concerter ou négocier avec un autre partenaire dans le
cadre du bilatéralisme, ou de les élaborer collectivement au sein d’une
organisation internationale dans ce que l’on appelle communément
multilatéralisme, dont le néologisme unilatéralisme est devenu l’exact
antonyme. Si le terme est général et désigne la tendance de n’importe quelle
puissance à conduire sa politique étrangère à l’aune de ses seuls intérêts, et
éventuellement au mépris de ceux des autres acteurs du système international,
et que l’action de l’URSS par exemple fut un modèle d’unilatéralisme au sein
de son espace de domination, c’est à l’occasion de la guerre préventive contre
l’Irak en 2003 et avant avec la révolution reaganienne, que la question de
l’unilatéralisme, et donc spécifiquement de l’unilatéralisme américain advint
sur le devant de la scène. L'unilatéralisme a, il est vrai, une longue histoire et
une longue tradition aux États-Unis, se fondant sur l’exceptionnalisme
américain et le fameux message d’adieu de 1796 de George Washington
préconisant « d’éviter les alliances permanentes ». En cela il est sans doute,
comme le note l’historien américain A. Schlesinger, « la plus vieille doctrine
de la politique étrangère américaine ». Après que l’isolationnisme, une autre
expression, et peut-être la plus pure, de l’exceptionnalisme, s’est avéré vain,
l’entrée progressive en guerre froide entre 1946 et 1950 va contraindre les
dirigeants américains à modifier le projet wilsonien réhabilité par Franklin
Roosevelt, et les États-Unis vont afficher toujours davantage de scepticisme
envers le « multilatéralisme onusien ». Cette évolution, découlant de la
déception que l’ONU leur a causée, comme parfois de leur irritation face à
des alliés accusés de ne pas assumer leurs responsabilités, les a même fait
renouer avec une version dure de l’unilatéralisme consistant non pas à agir
indépendamment de leurs alliés, mais bien à leur imposer des politiques
contre leur volonté. Les présidences Carter et surtout Reagan allaient être
déjà marquées par cette dégradation des relations, mais c’est l’arrivée de
l’administration de George W. Bush et plus encore, les attentats terroristes
qui allaient porter cette tendance à son paroxysme. L'image « unilatéraliste »
du président était affirmée d’emblée pour devenir franchement « archi-
unilatéraliste » après le 11 Septembre. Sécurité et Amérique d’abord,
proclamait alors l’administration : « quand il s’agit de notre sécurité, nous
n’avons besoin de la permission de personne », affirmait ainsi Bush en 2003.
Le « Gulliver américain » selon l’expression de Stanley Hoffmann, se voulait
libéré de tous les Liliputiens plus ou moins bien intentionnés. Plutôt que
d’unilatéralisme s’agissant de la politique de Bush et des États-Unis en
général, d’aucuns préfèrent cependant évoquer un « multilatéralisme à la
carte », Washington choisissant la voie, multilatérale ou unilatérale, qui lui
convient le mieux, selon les circonstances.
PMD
UNION AFRICAINE
La CEE a un réel pouvoir d’attraction, mais tout adhérent doit accepter les
acquis communautaires et le traité de Maastricht (1992), pour éviter que
l’élargissement nuise au renforcement de l’Union européenne. Les
négociations s’ouvrent au début de 1993 avec l’Autriche, la Suède, la
Finlande et la Norvège ; les neutres (Autriche, Suède et Finlande) sont prêts à
assumer la PESC. Le peuple norvégien refuse à nouveau de ratifier le traité.
Le 1er janvier 1995, l’Union européenne s’élargit à quinze.
En juin 1992, le conseil européen de Lisbonne repousse la candidature de
la Turquie (associée depuis 1963) qui a été posée en 1987, et lui propose une
union douanière en vue de sa modernisation, signée en 1995 ; son adhésion
est subordonnée à un développement économique suffisant, au règlement de
la question chypriote, à des progrès satisfaisants en matière de défense des
droits de l’homme ainsi qu’à la reconnaissance du génocide arménien, qui est
aussi une condition avancée. La candidature de Chypre (1990) est aussi
suspendue à une solution politique au problème de la partition de l’île ; des
accords d’association avec elle et Malte doivent aider les deux postulants.
L'ouverture aux pays d’Europe centrale et orientale (PECO) constitue un
enjeu politique pour l’UE, mais leur niveau de développement est jugé
insuffisant. Des « accords européens » (décembre 1991) avec le groupe de
Visegrad (la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie font l’apprentissage de
la coopération régionale, présentée comme un préalable à l’adhésion), et
d’autres, permettent le développement commercial entre six d’entre eux et
l’UE. Le sommet de Copenhague (1993) émet les mêmes restrictions que
pour la Turquie. Ces critères de Copenhague sont les conditions à remplir
pour devenir membre de l’UE (institutions stables, démocratie, respect des
droits de l’homme, acceptation de l’économie de marché).
Relancé à Luxembourg en 1997, le processus d’élargissement est à
nouveau discuté au sommet d’Helsinki (décembre 1999). Il concerne dix pays
d’Europe centrale et orientale (PECO), Chypre et Malte ; les négociations
sont conduites à des rythmes différents suivant l’état de préparation des
candidats. Le premier élargissement a lieu en 2004 pour la République
tchèque, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Hongrie, la Pologne, la
Slovénie, la Slovaquie, Malte et Chypre. La Bulgarie et la Roumanie sont
devenues membres de l’UE en 2007.
Pour la Turquie, la situation est plus complexe : l’importance
démographique du pays, la religion musulmane de sa population et
l’islamisme de ses gouvernants font craindre son entrée dans l’Union, en
particulier en France. Elle bénéficie toutefois du statut de candidat et un
accord est signé en 2005 permettant l’ouverture des négociations ; les progrès
et les réformes pour remplir les critères de Copenhague sont encourageants
mais ne sont pas jugés suffisants par tous les membres.
La grande avancée de l’Union européenne est sans doute signe de son
succès et marque son pouvoir d’attraction. Il faut noter toutefois que les
considérations politiques et économiques sont parfois contradictoires, qu’une
trop grande ouverture présente un risque de dilution vers une grande zone de
libre-échange et que la course en avant empêche tout approfondissement de
l’Union, au risque de son inefficacité.
Ch. M
La CEE puis l’UE sont dirigés par trois organismes principaux : Conseil,
Parlement, Commission. Le Conseil des ministres et le Conseil européen sont
les deux institutions européennes qui représentent les États, le Parlement
représente les citoyens et la Commission, les intérêts communautaires. Avant
le traité de fusion des exécutifs en 1965, il y avait un conseil et une
commission pour chacune des Communautés (CECA, CEE, CEEA). S'y
ajoutent la Cour de Justice et la Cour des comptes. Rappelons que le droit
communautaire prime sur les droits nationaux.
Le Conseil européen
Le Parlement
Jusqu’en 1979, il est composé de députés délégués par les parlements
nationaux. Depuis, ils sont élus au suffrage universel direct pour cinq ans, sur
des listes nationales constituées de candidats qui peuvent être ressortissants
de n’importe quel pays membre et qui se regroupent par affinités politiques.
Le nombre de députés varie au gré des élargissements : de 142, il passe à 198
en 1973 et à 626 en 1995 ; il s’élève momentanément à 785 députés du fait de
l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie en 2007, soit entre deux élections
parlementaires, mais le nombre de députés ne pourra excéder 736.
Les pouvoirs du Parlement sont renforcés depuis le traité de Maastricht. Il
investit la Commission après sa désignation par les gouvernements et peut la
contrôler par le biais du vote d’une motion de censure déposée à la majorité
qualifiée des deux tiers, ou de commissions d’enquête. Il ratifie les traités
internationaux, y compris ceux qui concernent les nouvelles adhésions. Il
partage avec le Conseil l’autorité sur le budget. En matière législative, il
arrête les directives communautaires avec le Conseil des ministres. L'Acte
unique européen lui donne un pouvoir de codécision dans certains domaines
(marché intérieur, recherche, environnement) ; les traités successifs
accroissent encore ses pouvoirs de codécision avec le Conseil : il est donc
directement lié au travail législatif et son accord final est nécessaire pour le
vote des actes législatifs. Le Parlement exerce en outre un contrôle plus
important sur la Commission européenne, la Banque centrale (BCE).
Ses pouvoirs, qui ne cessent de croître, font de lui un acteur essentiel.
La Commission
La Cour de justice
ses citoyens. Le respect de ces droits devient une condition d’adhésion et les
manquements peuvent être sanctionnés par le Conseil.
Deux des trois piliers du traité de Maastricht sont revus : à propos de la
PESC d’une part, et la coopération policière et judiciaire d’autre part (lutte
contre la criminalité, coopération avec Europol, coopération entre les
autorités judiciaires, rapprochement des règles de droit pénal). Ce sont les
deux piliers à caractère intergouvernemental, alors que celui qui a un
caractère supranational, englobant les trois Communautés européennes (CE,
CECA, Euratom), n’est pas concerné par ce traité.
U THANT (1909-1974)
VATICAN
BUCKLEY Thomas H., The United States and the Washington Conference,
1921-1922, Knoxville, Tenn., 1970.
DINGMAN Roger, Power in the Pacific, Chicago, 1976.
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DÉSARMEMENT, GUERRE FROIDE
Le wilsonisme à l’épreuve
BRUNDU OLLA Paola (dir.), Yalta, un mito che resiste, Toma, edizione del
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→ ALLIANCE (GRANDE), CHURCHILL, CURZON (LIGNE), DE
GAULLE, GUERRE FROIDE, LUBLIN (COMITÉ DE), ODER-
NEISSE (LIGNE), ONU, ROME-BERLIN (AXE), ROOSEVELT
(FRANKLIN D.), STALINE
La première Yougoslavie
La Yougoslavie titiste
Rabin (Itzhak) 40, 186, 187, 194, 275, 294, 295, 306, 310, 325, 326
Rachid Ali el Gailoni 236, 308
Radford (amiral Arthur) 331
Raeder (amiral Erich) 277
Rajk (László) 216
Rakosi (Matyas) 216
Rapacki (Adam) 35, 113
Rasmussen (Anders Fogh) 297
Rathenau (Walther) 54, 238, 326
Reagan (Ronald Wilson) 11, 14, 40, 67, 74, 85, 87, 119, 138, 154, 157,
158, 161, 190, 217, 223, 248, 300, 306, 326, 327, 358, 368, 374, 376
Reynaud (Paul) 110, 311, 346
Ribbentrop (Joachim von) 47, 50, 106, 170, 260, 277, 331, 332, 388
Ridgway (général Matthew) 99, 297
Robertson (George) 297
Robinson (Mary) 122
Rockefeller (David) 372
Rogers (William) 271, 297, 354
Rommel (Erwin) 308
Roosevelt (Eleanor) 121
Roosevelt (Franklin Delano) 12, 23, 24, 41, 81, 110, 122, 125, 158, 159,
172, 175, 179, 183, 192, 214, 219, 264, 279, 319, 334, 335, 343, 373, 376,
395, 396
Roosevelt (Theodore) 179, 252, 264, 275, 334, 335, 337
Rosenberg (Alfred) 277
Rosenberg (Ethel et Julius) 160, 219, 330
Rougemont (Denis de) 231
Rouvier (Maurice) 140, 252
Roy (Manabendra Nath) 43
Ruggiero (Renato) 283
Rugova (Ibrahim) 227, 228, 258
Rumsfeld (Donald) 68
Runciman (lord Walter) 360
Rusk (Dean) 215
Vance (Cyrus) 59
Vandenberg (Arthur) 22, 192
Vandervelde (Émile) 184
Vénizélos (Éleftherios) 41, 349, 362, 387, 388
Victor-Emmanuel III (roi d’Italie) 268
Viénot (Pierre) 16, 233, 249
Viollis (Andrée) 28
Vychinski (Andreï Ianouarievitch) 81
W
Zaher Shah 13
Zhao Ziyang 113, 214
Zinoviev (Grigori) 43, 225, 357
Zorine (Valerian Alexandrovitch) 35, 114, 115, 400