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DAVID MATHIEU

Bombes
et.bobards
Propagande,
bourrage de erâne,
mensonges et manipulations
de la guerre du Kosovo
24 mars-10 juin 1999

OBJECTIONS
L'AGE D'HOMME
BOMBES ET BOBARDS
Collection Objections

dans la même collection:

Felix Auer
JEAN ZIEGLER OU L'HISTOIRE FALSIFIÉE
Jean-Philippe Chenaux
LA SUISSE STUPÉFIÉE
Pierre-Marie Gallois
LE SOLEIL D'ALLAH AVEUGLE L'ÜCCIDENT
Stanislav Govoroukhine
LA GRANDE RÉVOLUTION CRIMINELLE
Jean Maze
LA FRÉNÉSIE CULTURELLE
Pierre-Philippe Ruedin
Tu NE DROGUERAS PAS
Daniel S. Schiffer
LES INTELLOS OU LA DÉRIVE D'UNE CASTE
Vladimir Vukadinovic
LE MUR DE SARAJEVO
Alexandre Zinoviev
LA GRANDE RUPTURE
DAVID MATHIEU

BOMBES
ET BOBARDS
PROPAGANDE, BOURRAGE DE CRÂNE,
MENSONGES ET MANIPULATIONS
DE LA GUERRE DU KOSOVO

24 MARS-JO JUIN 1999

Avant-propos et postface de
SAMIZDAT

L'AGE D'HOMME
© 2000 Editions L'Age <l'Homme, Lausanne, Suisse.
Avant-propos

CONTRIBUTION AU DROIT INTERNATIONAL

LA GUERRE CONTRE LA
YOUGOSLAVIE ÉT�IT MENÉE
CONTRE TOUTE LEGALrfÉ
INTERNATIONALE ET CELLE
DE LA CHARTE DES NATIONS­
UNIES•.•
I
LA GUERRE DU BIEN

«LES NÉGOCIATIONS DE LA DERNIÈRE CHANCE»


Milosevié et les Serbes seuls responsables
Les organisateurs des négociations de Rambouillet avaient lieu d'être
fiers. Ils avaient réussi à faire se rencontrer Serbes et Kosovars. Ils
avaient réuni leurs délégations dans l'un des plus beaux châteaux de
France [ ...] Soudain, on s'est aperçu que les Serbes ne faisaient mine
d'accepter les accords que tant qu'ils étaient assurés que les Kosovars les
refusaient.
Jean DANIEL, Le Nouvel Observateur, le 1/04/1999

Seuls Milosevié et les Serbes ont refusé d'être responsables et d'accepter


la voix de la paix. Ils ont préféré l'agression, la guerre.
· Bill CLINTON, France-Infa, le 25/03/1999

Les Occidentaux, avec l'aide de la Russie, ont tout fait pour mettre au
point une solution pacifique et équitable. Ce fut le cas particulièrement
à Rambouillet.
Jacques CHIRAC, première allocution radiotélévisée, le 29/03/1999

La France a joué un rôle moteur au sein du groupe de contact pour dé­


_finir les termes d'une solution politique équilibrée et respectueuse des
grands principes du droit international.
LiondJOSPIN devant la représentation nationale, France-Infa, le 26/03/1999

En termes de négociations nous avons été jusqu'au bout.


Pascal BONIFACE, France-lnfa, le 25/03/1999

Oui, on a tout essayé en matière de négociations et de paix.


Alain DUHAMEL, Europe 1, le 29/03/1999

Milosevié a fait voler le plan de paix en éclats.


France-Infa, le 25/03/1999
10 BOMBES ET BOBARDS

Il a refusé de négocier de bonne foi.


Jamie SHEA, France-Infa, le 27/03/1999

De belles âmes
D'une certaine façon il accule l'Occident à prendre des mesures de force
que les démocraties sont toujours réticentes à prendre.
France-lnfa, le 25/03/1999

Ce que nous exigeons est raisonnable, c'est quelque chose qui concilie
la souveraineté yougoslave avec les exigences légitimes des Kosovars.
Hubert VÉDRINE, France-lnfa le 27/03/1999

Si Milosevié acceptait un accord politique, ce serait une bonne chose


pour la paix et la reconnaissance des droits des uns et des autres.
Jack LANG, président de la commission des affaires étrangères à
l'assemblée nationale, RTL, le 29/03/1999

Les négociations à Rambouillet ont été parfaites, et ... sans les


Américains!
Claude CHEYSSON, Europe 1, le 29/03/1999

Conclusion
Les Serbes ont refusé le plan de paix à Rambouillet[ ...] de nouveau ils
sont en position d'accusés, l'OTAN peut frapper
France-lnfa, le 25/03/1999

EXTRAITS D'UN ACCORD RAISONNABLE, ÉQUITABLE, MESURÉ,


ÉQUILIBRÉ, RESPECTABLE, PARFAIT, ETC.
Art. 6.a. L'OTAN sera protégée contre tous les processus légaux, qu'ils soient
civils, administratifs ou criminels.
Art. 8. Le personnel de l'OTAN, ses véhicules, ses vaisseaux, ses avions et ses
équipements devront bénéficier d'un passage libre et sans restriction à travers
la RFY et un accès sans entrave à son espace aérien et fluvial ...
Art 9. L'OTAN sera exonérée de tous droits, impôts et autres taxes, des régle­
mentations et inspections douanières, y compris sur l'approvisionnement des
stocks, et autres documents douaniers de routine, ce pour le personnel, les
véhicules, les vaisseaux, les avions, l'équipement, le ravitaillement entrant, sor­
tant ou circulant à travers le territoire de la RFY en soutien des opérations.
Art 11. L'OTAN a la garantie d'utiliser les aéroports, les routes, les voies fer­
rées, et les ports sans avoir à payer les primes, les cotisations, les droits, les péa­
ges, ou taxes occasionnées par la simple utilisation[... ]
Traduit et publié pour la première fois en France
par L'Humanité-Hebdo, le 30/04/1999
LA GUERRE DU BIEN 11

IMMACULÉE CONCEPTION
Ou la non-guerrejuste, morale, légitime, légale, constitutionnelle, démocratique,
exemplaire, désintéressée, pédagogique, logique, inévitable, européenne...

L'OTAN bombarde la Serbie pour


Obliger Milosevié à choisir la paix.
France-Infa, le 25/03/1999

C'était un impératif moral.


Bill CLINTON, le 24/03/1999 cité par RFI le lendemain

Le recours à la force s'est fait en désespoir de cause.


Bernard-Henri LÉVY, France-Infa le 25/03/1999

Nous sommes désolés d'en arriver là.


Antony BLINKEN, conseiller chargé des affaires européennes auprès de
Bill CLINTON, France-Infa le 25/03/1999

Les sanctions étaient inévitables ou alors l'Europe aurait perdu toute sa


crédibilité.
Paul QUILÈS, France-Infa, le 25/03/1999

Un tyran ne croit qu'au rapport de forces.


France-Infa, le 25/03/1999

L'histoire nous montre que Milosevié ne comprend que cela.


Philippe DousTE-BLAZY, France-Infa, le 25/03/1999

Il ne connaît que cela.


Alain RICHARD, France-Infa, le 25/03/1999

Tant qu'on négocie avec lui dans le vide, lui il continue à massacrer les
populations civiles au Kosovo.
Patrick BOYER, journaliste à France-Infa, le 25/03/1999

Aujourd'hui l'action de l'Europe et de l'OTAN donne une signification


militaire au devoir de mémoire.
Jean-Marc AYRAULT, député PS s'exprimant à la tribune de l'assemblée
nationale, France-Infa, le 26/03/1999

Légalité nationale
Les frappes ne signifient pas la guerre.
Jacques CHIRAC, allocution aux préfets, France-Inter, le 26/03/1999
12 BOMBES ET BOBARDS

La légitimité juridique des frappes aériennes n'est pas contestable.


Paul GARDE, Europe 1, le 26/03/1999

Je trouverais bien qu'il y ait un vote[ ... ] même s'il est vrai que nos ins­
titutions autorisent le président de la république à engager nos forces
militaires sans l'accord du parlement.
Hervé de CHARETIE, France-Infa, le 25/03/1999

Il n'y aura pas de vote à l'assemblée nationale[ ...], les communistes ne


peuvent se fonder sur les institutions.
RTL, le 25/03/1999

La déclaration de guerre est autorisée par le Parlement.


Article 35 de la Constitution française

Légalité internationale
Inversion
Les Serbesfont croire qu'Ils sont dans le camp de la civilisation et de la dé­
mocratie face aux violences délibérées de l'Amérique et de ses alliés de
l'OTAN. Des mots vides de sens dans la bouche des Serbes qui ont pro­
voqué au delà du raisonnable ce qu'ils ont semé. Mais le droit n'est pas
du côté de_s Serbes comme ils le prétendent. Ils l'ont violé sans vergogne
depuis des années.
Le quotidien régional L'Alsace cité dans la revue de presse de France­
Infa le 26/3/1999

Bien que cette guerre non déclarée soit une violationflagrante de tous les traités
internationaux, des textes de l'ONU à la charte de l'OTAN,
la plainte de Milosevié qu'il est un État souverain victime ressemble
beaucoup à celle de l'enfant qui a tué ses parents et qui se présente en
orphelin.
Madeleine ALBRIGHT, France-Infa le 25/03/1999

L'intervention puise sa légitimité dans la résolution très précise du con­


seil de sécurité.
Hubert VÉDRINE, France-Inter, le 27/03/1999

Il n'y a pas de diplomatie sans un autre volet qui peut être militaire.
Les menaces de bombardements qui émaillaient les négociations de Rambouillet
n'étaient pas un chantage, mais un processus logique annoncé par le pré­
sident de la république.
Alain GENESTAR, Europe 1, le 27/03/1999
LA GUERRE DU BIEN 13

L'ONU approuve les frappes.


En fait d'approbation, l'ONU n'afait que rejeter (par douze voix contre trois)
un projet de résolution déposépar la Russie exigeant l'arrêt immédiat des hostilité
et condamnant l'intervention de l'OTAN
Le Parisien-Aujourd'hui, le 27/03/1999

Le général Wesley Clark a dit que c'était la première opération de ce


type d'envergure. On en est à beaucoup de premières à quelques se­
maines du cinquantième anniversaire de l'Alliance.
Qientin D1c1<1NSON commentant le_s dernières déclarations du com­
mandant suprême, France-Infa, le 25/03/1999

LA PSEUDO-LÉGALITÉ ONUSIENNE
Les résolutions de l'ONU donnent une base légale à l'intervention[ . . . ]
C'est en grande partie grâce à eux (les dirigeants.français) qu'existent les
textes qui donnent une base légale, même imparfaite, à l'intervention
militaire.
Claire TRÉAN, Le Monde, le 28/03/1999

Si on l'avait fait (guerroyer sans autorisation de l'ONU), oui, ce serait


grave: les pays développés se trouveraient délégitimés[ ...] Oui, le mon­
de progresse vers la fin des dictateurs.
Déclaration de Michel ROCARD au]ourna/ du Dimanche, le 28/03/1999

Je crois que les résolutions 1199 et 1203 constituent une base juridique
légitime[ ... ] On peut regretter que Bill Clinton n'ait pas rappelé l'exis­
tence de ces résolutions.
François Heisbourg, président du Centre international de politique et
de sécurité, interrogé par /'Express, le 1/04/1999

A cette responsabilité primordiale (du conseil de sécurité de l'ONU), vous


le savez, je suis très attaché.
Lionel JOSPIN devant la représentation nationale, France-Infa, le 26/03/1999

C'est la bataille pour les droits de l'homme.


Olivier MAZEROLLE, Grandjury RTL-Le Monde-LCile 25/04/1999

RENGAINES CHIRACO-JOSPINIENNES
Notre action est menée sur les valeurs essentielles de la démocratie.
Jacques CHIRAC, déclaration radiotélévisée du 29/03/1999

Mes chers compatriotes, ce que nous vivons, vous le savez, c'est l'af­
frontement entre la barbarie et la démocratie. C'est un vrai combat
14 BOMBES ET BOBARDS

pour la paix et pour les droits de l'homme sur notre continent. C'est le
combat de l'honneur.
Jacques CHIRAC, discours au pays, le 21/04/1999

Chirac, cinquième.
Aux générations qui n'ont pas connu la guerre je veux dire que le com­
bat d'aujourd'hui est exemplaire. Il n'est pas fondé sur des arrière-pen­
sées économiques ou stratégiques mais sur une conception de la morale
et de l'honneur des nations.
Extraits de la cinquième intervention radiotélévisée, le 03/05/1999
Un lèche-bottes sous le charme commente le discours du Président
Un ton qui le place d'égal à égal avec les grands de ce monde.
Stéphane ROZÈS, France-Inter, le 03/05/1999

Deux slogans d'unjour


C'est au nom de la liberté et de la justice que nous intervenons . . .
Ce sont les valeurs universelles de notre tradition républicaine que nous
défendons . . .
Lionel JOSPIN devant la représentation nationale, France-Infa, le 26/03/1999

C'est un combat pour notre civilisation que nous menons, un combat


non pas contre les Serbes mais contre une politique inhumaine menée
en leur nom.
Lionel JOSPIN entendu sur Europe 1, le 13/05/1999

Lionel Jospin a une nouvelle fois assuré, jeudi 20 mai à Naples, que
l'OTAN mène une guerre dans les Balkans, un «combat pour la
civilisation».
Le Monde, le 22/05/1999

ÉMANCIPATION EUROPÉENNE
L'Europe fait, en l'occurrence, un pas décisif vers l'affirmation de l'idéal
démocratique.
Éditorial de Claude IMBERT, «L'éducation européenne»,
Le Point, le 27/03/1999

Mars-avril 1999 restera comme une étape historique dans la construc­


tion de la démocratie européenne.
Olivier DUHAMEL, Point de vue, Le Monde, le 28/03/1999

La décision de faire la guerre marque la volonté de l'Europe de prendre


son destin en main, d'éviter une nouvelle explosion des Balkans et un re-
LA GUERRE DU BIEN 15

tour à la barbarie, aux épurations ethniques, aux génocides. L'intention


est plus que louable . . .
Alain GENESTAR, Lejournal du Dimanche, le 28/03/1999

Belgrade aux normes ?


Belgrade dépense chaque jour 500000 euros pour ses opérations militaires.
RFI, le 25/03/1999

CIBLE UNIQUE
Nous n'avons rien contre le peuple serbe.
Javier SOLANA, en conférence de presse , France-Infa, le 25/03/1999

La cible est bien le régime de Milosevié et non le peuple serbe.


Anthony BLINKEN cité par France-Infa le 25/03/1999

Nous ne faisons pas la guerre au peuple serbe.


Lionel JOSPIN à l'assemblée nationale , France-Infa, le 26/03/1999

C'est nous (français) qui sommes les meilleurs amis du peuple serbe,
nous qui espérons le retour de l'ensemble de ces peuples des Balkans
dans l'histoire de l'Europe moderne.
Hervé de CHARETTE , France-Infa, le 25/03/1999

L'objectif est politique, il n'est pas de détruire ce pays ni d'attenter à sa


population. On n'est pas dans la situation d'écraser la Yougoslavie sous
un tapis de bombes.
Alain RICHARD , France-Infa, le 25/03/1999

Les objectifs que nous nous fixons sont réalistes, c'est d'arrêter à la ra­
cine les moyens de massacres. Et comme nous voulons le faire sans at­
tenter à l'intégrité de la Serbie et sans frapper son peuple, nous le
faisons forcément avec mesure et précaution et donc ça peut prendre du
temps. Est-ce que ce n'est pas plus efficace que des sanctions économi­
ques, dont on est sûr, elles, qu'elles toucheraient la population serbe et
qu'elles nous mettraient dans une situation impossible ?
Alain RICHARD s'exprimant à la convention nationale du PS,
France 2, 27/03/1999
16 BOMBES E T BOBARDS

VOUS AVEZ DIT GUERRE ?


Je voudrais le rappeler, et c'est assez fondamental sur le plan politique,
nous ne sommes pas en guerre contre la Yougoslavie, on n'est pas en
guerre contre le peuple serbe.
Pierre L ELLOUCHE, sur RTL le 1/04/1999

Nous ne faisons pas la guerre aux Serbes démocrates, nous ne faisons


d'ailleurs pas la guerre aux Serbes, nous ne faisons la guerre à personne.
Bernard KouCHNER, France-Infa, le 3/04/1999

La stratégie clairement annoncée est d'affaiblir suffisamment l'armée


yougoslave, casser l'appareil militaire et policier de Milosevié.
TF1, le 13/04/1999

Aujourd'hui, que ce soit en Irak ou en Serbie, nous ne nous battons pas


contre un ennemi.
France-Soir, le 16/04/1999

Tartuffe à bord duporte-avions Foch


Au carré des officiers du Foch, entre poire et fromage, chacun parle li­
brement de cette guerre qui n'en est pas une.
José-Alain FRANCHON, Le Monde, le 1 8/04/1999

La France ne mène pas la guerre à la Yougoslavie, elle mène plutôt une


action de coercition.
TF1, le 20/04/1999

Alors q ue près d'un million de réfugiés s'app rête à déferler auxfrontières du Ko­
sovo, l'un des objectifs principaux de l'OTAN est de
Désamorcer une poudrière au cœur de l'Europe.
Bill CLINTON, France-lnfa, le 25/03/1999

Stopper la catastrophe humanitaire qui se déroule actuellement au Ko­


sovo. C'est un devoir moral.
Javier SOLANA, le 25/04/1999.

Mettre fin aux violences au Kosovo, enrayer le glissement vers une ca­
tastrophe humanitaire.
O!ientin DICKINSON citant l'OTAN, France-lnfa , le 25/03/1999

Nous nous devons d'arrêter la répression au Kosovo, pas pour un mois,


mais pour toujours.
RTL citant une déclaration du général David WILBY, le 26/03/1999
LA GUERRE DU BIEN 17

Empêcher les forces yougoslaves de mener des opérations offensives au


Kosovo.
Jamie SHE A , France-Inter, le 26/03/1999

La motivation de Bill Clinton est de mettre un terme à la campagne


cruelle au Kosovo.
Europe 1 , le 26/03/1999

Londres affirme que le pire a été évité grâce aux frappes.


BFM, le 27/03/1999

Ce qui est certain c'est que si nous n'avions rien fait, avec 40000 soldats
serbes à l'intérieur du Kosovo ou à la frontière, nous aurions vu une of­
fensive sans limite, systématique avec des conséquences encore plus ca­
tastrophiques.
Anthony BLINKEN, RTL, le 26/03/1999

Nous sommes conscients des risques mais nous entendons bien maîtriser
le processus engagé.
Lionel JOSPIN cité par RTL, le 26/03/1999

Conclusions
Il y a donc des guerres justes et il faut savoir les assumer moralement, y
compris les dommages humains que cela implique et cela demande des
nerfs et une réflexion en démocratie.
Patrick BOYER posant une «question » à BHL qui en est resté tout
confus. France-Infa , le 26/03/1999

C'est une opération que les démocrates doivent approuver.


François LÉOTARD, France-Infa, le 31/03/1999

QUELQUES PROPHÉTIES
La phase actuelle des bombardements est une question de jours, pas de
semaines. L'objectif numéro 1 qui est de détruire l'appareil de répres­
sion serbe sera d'ici peu atteint.
Hubert VÉDRIN E au club de la presse d'Europe 1 , le 28/03/1999

La poursuite des frappes (durera) encore huit à dix jours, [ . . . ] Je ne pen­


se pas que cela dure plusieurs semaines.
Déclaration de Michel ROCARD au journal du Dimanche, le 28/03/1999

Nous pourrons en quelques jours, ou en quelques semaines, paralyser les


forces militaires au Kosovo.
Alain RICHARD, TF1, le 28/03/1999
18 BOMBES ET BOBARDS

Chevènement démissionnera une troisième fois.


Bernard-Henri LtVY, il est vrai un peu poussé par Karl Zéro
à donner cette réponse. Canal +, le 11/04/1999

Oracle kouchnérien
Lorsque le droit d'ingérence sera appliqué, il y aura moins de guerres,
car les dictateurs sauront ce qu'ils risquent. Il y aura un sans-frontiéris­
me du cœur, et cela s'exercera contre les dictatures, pas contre les démo­
craties, jamais.
Bernard KouCHNER sur France 2, le 21/04/1999)

LES MÉCHANTS : ADOLF SLOBODAN POLPOT MILOSEVIé


ET SON PEUPLE DE MALADES MENTAUX
Portrait d'une abjection
Milosevié est un nettoyeur ethnique en série.
Jeff ROBERTSON, cité par RTL, le 26/03/1999

Un personnage qui est l'expression la plus sinistre de ce que l'Europe a


traîné de boue au cours de ce siècle.
Hervé de CHARETTE, France-Infa, le 25/03/1999

Un terroriste international.
BHL sur France-Infa le 26/03/1999

Un dictateur boucher à la tête d'un état souverain.


Alain GENESTAR sur Europe 1, le 27/03/1999

En phase finale de sa fuite en avant.


Jacques RUPNIK, France-Infa, le 25/03/1999

Ilpaiera même pour les victimes de l'OTAN


On devra surtout le tenir responsable, sur sa tête, non seulement des
centaines de milliers de morts croates, bosniaques, kosovars de la sale
guerre qu'il a déclenchée en 1991 et qui dure jusqu'à aujourd'hui, mais
aussi, et désormais, de chacun des éventuels morts serbes des bombar­
dements [ . . . ] Les Occidentaux iront-ils jusqu'au bout de leur juste lo­
gique de guerre ? Sauront-ils non seulement faire plier Milosevié, mais
le détruire ? Ou seront-ils, au contraire, soudain saisis d'effroi devant les
conséquences de leur propre audace ?
Bernard-Henri LÉVY, Le Point, le 27/03/1999
LA GUERRE DU BIEN 19

Casting
Dans le rôle de l'affreux il est parfait. Froid et sinueux, implacable et
opportuniste. De quoi rendre jaloux un Saddam Hussein : Slobodan
Milosevié sait comme personne se faire cordialement détester. Il a en­
dossé sans ciller l'habit d'ennemi numéro 1 de l'Occident, une posture
qui lui sied tant elle a jusqu'ici consolidé son pouvoir intérieur [... ] Par­
fois on se dit qu'il en rajoute : le potentat serbe pousse la bonne grâce
jusqu'à avoir la tête de l'emploi. Tout, dans son physique, indique que
l'homme n'a pas d'états d'âme. La forte carrure dit la brutalité du chef
de guerre.
Pierre-Laurent MAZARS, Lejournal du Dimanche, le 28/03/1999

Synopsis
Disciple de Staline et de Hitler, Milosevié est un dictateur de la pire
espè<_;e. La justice et le droit sont du côté de l'OTAN, de l'Alliance et
des Etats-Unis d'Amérique.
Jean o'ORMESSON, Le Figaro, le 11/05/1999

M. et Mme Milosevié élus couple de l'année


Elle: Une Marie-Antoinette communiste
Lui: Le Dark Vador des Balkans
Canal + , le Vrai Journal, le 11/04/1999

Shakespearien
A l'affiche: trois pièces autour du spectaculaire chien sanguinaire de
Shakespeare, Richard III, entre Néron et Milosevié.
Pierre NOTIE, L'Événement, le 15/04/1999

De première q ualité
Un dictateur de la plus horrible facture s'est emparé de la liberté de son
peuple pour l'asservir et l'abuser, pour l'enrôler dans la plus cynique en­
treprise d'avilissement et de destruction d'un peuple.
Michel JOBERT, Le Figaro, page « Opinions», le 16/04/1999

Psychologie de la bête
L'apôtre de la Grande Serbie est un animal à sang froid. Dictateur d'un
autre temps, il a échoué en tout.
L 'Événement, le 1/04/1999

Milosevié le pervers.
Véronique NAHOUM-GRAPPE, pages « Débats»,
Le Monde, le 02/04/1999
20 BOMBES ET BOBARDS

Pulsion suicidaire ou névrose carabinée ?


Mais il y a aussi chez Slobodan Milosevié un côté qui ne relève pas du
calcul rationnel, une sorte de fuite en avant chez un homme dont les
deux parents se sont suicidés. Il ne faut pas oublier cette pulsion suici­
dai�e sur le thème : « Si je dois périr, que tout le monde périsse avec
moi ».
Jacques RUPNIK, Le Monde, le 28/03/1999

Pour expliquer cette passion inassouvie pour le pouvoir et l'affronte­


ment, même perdu d'avance, fidèle reflet en cela de la fascination d'un
peuple pour l'abîme, faut-il évoquer les symptômes d'une éventuelle
névrose ?
Jean-Michel DÉMETZ, /'Express, extrait d'un long article intitulé
« L'effroyable Milosevié», le 1/04/1999

Échanges entrejournalis tes à lafois stratèges et psychologues sur France-lnfo


- Est-ce que le dictateur serbe veut vraiment la paix ou est-ce qu'il joue
au poker?
- On pourrait plutôt dire que ce sont les occidentaux qui ont les traits
d'un joueur de poker alors que Milosevié a plutôt lui la stratégie du
joueur d'échecs. Il n'y a pas de place chez lui pour l'émotion.
France-lnfa, le 23/04/1999

PATHOLOGIES SERBES : DIAGNOSTIC


Bientôt dufoie gras y oug oslave ?
Les Serbes sont gavés d'histoire.
Patrick BOYER, France-Infa, le 25/03/1999,

Superstition
Remarque d'unjournaliste de France-Infa alors qu'une poignée de Yougoslaves
manifestent leur colère et leur angoisse devant l'ambassade de la RFY à Paris:
Les États-Unis sont encore vus par beaucoup comme les maîtres du
monde.
France-Infa, le 25/03/1999

Morbidité, déréliction et névrose


Deux extraits de /'Événement du premier avril, qui cette semaine titre à la une:
«LES SERBES, Histoire d'un peuple malade du nationalisme. Un dossier pour
comprendre. »
C'est l'histoire d'un peuple qui s'est raconté des histoires, qui a cru a tou­
tes les images pieuses qu'on lui a mises en tête et qui, à force d'être con­
fronté à ses fantômes, a fini par être convaincu par des mensonges
millénaires [ . . . ] Il n'y aura pas de paix durable [ . . . ] avant que les Serbes
LA GUERRE DU BIEN 21

ne soient débarrassés de leur propre cauchemar qui a pour nom Slobo­


dan Milosevié, afin qu'ils puissent rejoindre ce continent européen,
leur vraie patrie, dont ils ont trop longtemps dérivé, pris qu'ils étaient
dans leurs rêves morbides.
Georges-Marc BENAMOU, L'Événement, le 1/04/1999

Héritiers d'une histoire lourde, les Serbes se sentent aujourd'hui trahis


par leur alliés traditionnels, et sombrent volontiers dans la xénophobie
et la déréliction morose.
Patrick GIRARD, L'Événement, le 1/04/1999

Scène primitive
Ce jour-là, au Champ des merles {jour ou Milosevié prononce un discours
resté célèbre en juin 1989), la foule s'étend aussi loin que porte le
regard. Elle patauge dans la boue, entonne des champs patriotiques ar­
rosés à l'eau de vie de prune, et accueille d'une lancinante clameur le
maître de cérémonie.
Jean-Pierre LANGELLIER, Le Monde, le 02/04/1999

Pan-pan cul-cul et désenvoûtement


Les Serbes n'ont-ils pas mérité, en définitive, la « correction» que l'Al­
liance atlantique est en train de leur infliger?[ . .. ] Après avoir sauvé du
naufrage les Albanais du Kosovo, il nous faudra aider les Serbes à sortir
de la caverne où ils contemplent, comme ensorcelés, les fantômes de
destruction et de mort projetés par Slobodan Milosevié sur les parois de
cette immense prison qu'est devenue la Serbie depuis dix ans.
Thomas HOFNUNG, présenté comme «journaliste indépendant», pages
« Débats», Le Monde, le 10/04/1999

Aliénation, hallucination
C'est la plus grande catastrophe politique depuis la seconde guerre mon­
diale.
On ne peut pas dire que Belgrade est une ville détruite et bombardée
[ . . . ] Le vrai mystère, c'est que le peuple Serbe est comme envoûté par
Milosevié [ .. . ] l'inventeur du national-communisme, de l'idéologie
rouge-brune. Mais ce qu'il y a
de plus terrible encore, c'est cette espèce d'aliénation, d'envoûtement
du peuple Serbe par ce tyran sanguinaire. Il faut libérer le peuple Serbe
de Milosevié mais aussi de lui-même. Il y a aujourd'hui un étrange na­
tionalisme à Belgrade, en Serbie, qui rend les gens fous. [ . . . ] Je ne vois
pas comment l'on peut demain, négocier ou continuer de vivre avec
Milosevié. Peut-on négocier avec un boucher ?[ . . . ] Mon rêve c'est que
22 BOMBES ET BOBARDS

le peuple Serbe se réveille de son cauchemar. Le peuple Serbe vit dans


une hallucination.
BHL sur France 2, le 21/04/1999

Psychothérapie de groupe
Le nationalisme, le soutien au dictateur d'une population crispée, fière
et sûre de son bon droit, ressemblent à ce qui se passait en Allemagne
nazie dans les années 30. Et la tentation des démocraties de laisser faire
la violence - comme ce fut le cas à Munich - se présentait de la même
façon. [ . . . ] Rien de solide ne sera reconstruit si ce peuple ne retrouve
pas un minimum de confiance en lui et dans les autres, et ne guérit pas
de ce délire morbide dans lequel son chefl'a entraîné. Il s'agit d'un tra­
vail politique et psychologique qui nous concerne tous.
Catherine LALUMIÈRE, Le Monde, le 13/05/1999

Écrivains serbes: des radoteurs nostalgiques


- Les Serbes avaient une splendide civilisation au Moyen Age au Ko­
sovo (montrant à la caméra un ouvrage d'art sur l'iconographie religieuse or­
thodoxe) ces livres en sont la preuve.
- Mais vous n'avez pas quelque chose de plus moderne à nous
montrer ?[ . . . ]
Après cette évocation d'un passé nostalgique, ils passent à la culture
française[ . . . ] La discussion reprend sans fin. Défile le passé des uns et
des autres. Il est vrai que pour ces intellectuels serbes, l'avenir est devenu
bien difficile à imaginer.
Extraits d'un reportage du journal de France 2 à la librairie de l'éditeur
L'Age d'Homme, le 08/04/1999

Les limites de la névrose serbe


Le problème, c'est que l'on a en face de nous, que ce soit en Serbie ou en
Irak, des gens qui n'ont pas du tout la même inhibition face à la mort.
Ils n'hésitent pas à se servir de boucliers humains. Résultat : nous som­
mes en position d'infériorité psychologique et politique par rapport à
des adversaires qui n'ont aucun scrupule.
(Paul Ivan de SAINT GERMAIN, présenté comme «expert des questions
de défense», France-Soir, le 16/04/1999).

Haineux, r acistes et ar riérés


À Belgrade la vie quotidienne semble presque normale malgré les vieux
démons d'un racisme antialbanais (et un) déferlement de haine[ . . . ] Bel­
grade vit presque normalement sans vraiment comprendre ce qui arrive
à la Serbie aussi frappée par les bombardements de l'OTAN. Alors
LA GUERRE DU BIEN 23

comme toujours, (image d 'un vieillard jouant du violon dans une rue} la
population se réfugie dans ses rêves, dans le passé.
Extraits d'un reportage à Belgrade diffusé par France 3, le 20/04/1999

Néo-racisme bien-pensant
Voler, violer, brûler, tuer des civils sans défense : ce serait cela porter haut
les valeurs de l'orthodoxie ? Ce serait cela l'honneur d'un peuple qui se
voit en martyr ? Les pierres des monastères de Peé doivent pleurer de
honte. Pourquoi le peuple serbe s'identifie-t-il à ses soudards ?
Seule lettre parue à la rubrique «Au courrier du Monde » sous le titre
«Soudards et monastères» , Le Monde, le 20/04/1999

Isolement total
�a Russie n'est pas un soutien pour la République fédérale de Yougosla­
VIe.
C'est l 'avis de tous les commentateurs à en croire le responsable de la revue de pres­
se de France-lnfo, le 25/03/1999
II
VICTOIRE IMMINENTE

L'OTAN au garde-à-vous
Xavier Solana tient à souligner la solidarité de l'OTAN, son unité, fer­
meté dans la décision.
France-Infa, le 25/03/1999

Évident
La coalition est forte et unie.
Madeleine ALBRIGHT citée par TF1 le 25/03/1999

Nos alliés sont unanimes.


Jacques CHIRAC, déclaration radiotélévisée, le 29/03/1999

L'opération va durer longtemps dans l'unité et la détermination.


David WILBY cité par RTL, le 26/03/1999

Je ne vois pas de doute ou de critiques, je pense que tout le monde est


très solidaire [ . . . ] nos amis grecs sont également très solidaires sur la né­
cessité de continuer cette opération. (A tel point que « les amis grecs» in­
cendient gaillardement les drapeaux américains avant de s'attaquer aux
ambassades de l'oncle Sam!)
Anthony BLINIŒN, RTL, le 26/03/1999

Solidarité dans la dissidence


Onze sur les quinze pays de l'union européenne sont membres de
l'OTAN. C'est le cas de la Grèce, mais en Grèce on a une solidarité un
peu différente compte tenu aussi de l'histoire.
Arlette CHABOT, Europe 1, le 10/04/1999

PHASE 1
Les premières vagues de «frappes»
Tous les objectifs ont été atteints.
RFI, le 25/03/1999
VICTOIRE IMMINENTE 25

80 % des cibles atteintes.


Source officielle allemande, BFM, le 26/03/1999

Tony Blair a estimé que c'était un succès.


France-Infa, le 25/03/1999

Oui, en effet, des opérations entièrement couronnées de succès, tous les


avions sont rentrés à leurs bases, a dit monsieur Solana.
France-Infa, le 25/03/1999

Il n'y a pas de sanctuaire pour les forces serbes qui participent aux forces
de répression [ . . . ] Nous allons systématiquement et progressivement at­
taquer, désorganiser, détériorer, dévaster et finalement, à moins qu'ils ne
se plient aux demandes de la communauté internationale, nous allons
détruire les forces logistiques serbes.
Général Wesley CLARK, RTL, le 25/03/1999

On apprend qu'un avion de combat s'est posé en catastrophe à Sarajevo, qu'on se


rassure, Wesley Clark afinalement indiqué que
C'était un simple problème de moteur.
Qientin DICKINSON commentant les déclarations de Wesley CLARK,
France-Infa, le 25/03/1999

Les objectifs de l'OTAN ont été atteints les uns après les autres.
Alain RICHARD, France-Infa, le 26/03/1999

Hier l'aviation de l'OTAN n'a pratiquement rencontré aucune résis­


tance [ . . . ] la résistance serbe est encore plus faible qu'hier.
Qientin DICKINSON correspondant de France-Infa au siège de l'OTAN
citant un responsable de l'OTAN, le 26/03/1999

Les bombardements se concentrent sur les forces spéciales au Kosovo.


France-Inter, le 26/03/1999

On ne vise pas des casernes mais seulement des états-majors, des centres
de commandement qui sont dans des casernes.
David WILBY, RTL, le 26/03/1999

Bilan des deuxp remières vagues de «frappes»


Le système nerveux du commandement de l'armée yougoslave est sé­
rieusement endommagé, confirme le porte-parole du Pentagone.
France-Infa, le 26/03/1999

Nous sommes toujours en phase 1 .


David WILBY, France-Infa, le 26/03/1999.
26 BOMBES ET BOBARDS

PHASE 2
Tr oisième vague de «frappes»
On est passé de la Phase 1 à la Phase 2.
Qyentin DICKINSON, France-Infa, le 26/03/1999

Le discours de l'OTAN évolue un petit peu et se dirige vers une opéra­


tion terrestre [ . . . ] il va falloir préparer l'opinion.
France-Infa, le 27/03/1999

Les avions serbes ne volent plus [ . . . ] nous pourrons en quelques jours,


ou en quelques semaines, paralyser les forces militaires au Kosovo.
Alain RICHARD, TF1, le 28/03/1999

Quelques détails
Une guerre qui n'aura plus rien à voir avec les opérations planifiées qui
ressemblent un peu au jeu d'échecs tridimensionnel qui est actuellement
mené.
Europe 1, le 27/03/1999

L'Alliance pourra intervenir directement sur des petites colonnes de


blindés qui se dirigeront vers tels villages.
Europe 1, le 27/03/1999

L'Alliance pourra viser les bivouacs dans les montagnes, les blindés, tous
les véhicules militaires, la police spéciale et l'armée.
Qyentin DICKINSON, France-Jnfa, le 28/03/1999

La police, les milices sont devenues des cibles privilégiées.


Général David WILBY, France-Infa, le 29/03/1999

VERS LA PHASE 3, OU L 'OTAN DÉPHASÉ


«Force alliée» comporte au moins cinq phases.
Karen LAJON, Le Journal du Dimanche, le 28/03/1999

Le passage à la phase 3 de l'opération «Force alliée» semble imminent.


Arte, le 30/03/1999

L'OTAN a en tout cas commencé à réfléchir à la phase 3 de l'opération


militaire en Yougoslavie.
France-Infa, le 31/03/1999
VICTOIRE IMMINENTE 27

Le lendemain il n y en a plus qu'une


Il n'y a pour ainsi dire qu'une phase d'opération, une phase qui consiste
à frapper des cibles militaires.
Jamie SHEA, TF1, le 31/03/1999

Il ne s'agit pas du passage à la Phase 3, il s'agit d'une décision des alliés


d'intensifier les opérations aériennes et également de pouvoir prendre un
risque sur tout objectif qui soit est impliqué dans les opérations sur le
terrain par exemple les chars l'artillerie, les forces armées dans les
champs au Kosovo, soit les cibles qùi sont responsables de planification
et de la conduite stratégique, en quelque sorte, de ces opérations.
Jamie SHEA, RTL, le 3 1/03/1999

Carton plein
Cette nuit, tous les Mirage 2000 ont atteint leurs objectifs.
Le général KELCHE, Europe 1, le 30/03/1999

Les activités de la DCA sont encore plus faibles que la nuit précédente.
Qientin DICKINSON, France-Infa, le 30/03/1999

50 % du potentiel aérien serbe détruits.


Alain RICHARD devant les députés, France-Infa, le 30/03/1999

Milosevié commence à plier.


France-Infa , le 3 1/03/1 999

L'urgencejustifie le long terme


Il y a urgence mais tout cela peut durer très longtemps, estime le diplo­
mate (de l'OTAN qui informe le correspondant de la station à Bruxelles, siège
de l'OTAN) avant que Milosevié réalise qu'il doit céder, si on a les nerfs,
si l'Alliance tient, et elle tiendra assure-t-il, alors, un jour le roi sera nu.
RTL, le 1/04/1999

Hélas, l'OTAN n'est pas parvenu à briser le système nerveux de cette ar­
mée.
(Déclaration du porte-parole du département de la Défense à Washing­
ton cité par Europe 1, le 30/03/1999), heureusement, ce mercredi, le beau
temps est attendu et les bombardemerits vont être intensifiés.
Correspondant à l'OTAN de France-Infa, le 3 1/1/1999

Pourquoi cette répression accrue ? Pour des raisons humanitaires.


France-Culture, le 1/04/1999
28 BOMBES ET BOBARDS

Pr écisions utiles
Liste des nouvelles cibles qui n'étaient pas prévues dans la phase 2 : Frap­
per les chaînes de commandement, dépôts de carburant dans la banlieue
de Belgrade ou des moyens de communication mais pas leurs origines,
les ministères à Belgrade.
RTL, le 1/04/1999

Ça boume!
La description sélectionnée des résultats du jour a semble-t-il gonflé le
moral des stratèges: Milosevié n'a plus de carburant, nous avons détruit
30 de ses avions, le troisième groupe de combat des forces yougoslaves
a été directement attaqué par l'aviation de l'OTAN et a dû se replier de
la position qu'il occupait [ . . . ] plus de frappes sur plus de cibles : des
tanks, des troupes, jour et nuit.
Déclaration de l'OTAN citée par le correspondant de RTL à Bruxelles,
le 1/04/1999

Un pas de plus vers un engagement terrestre.


Europe 1, le 1/04/1999

Exercices de traduction
Bill Clinton appelle l'OTAN à persévérer. Cela signifie faire prendre
davantage de risques aux pilotes américains.
Philippe RAILTI EN, à Washington pour France-Infa le 29/03/1999

Augmenter le rythme et la portée des frappes, explique un diplomate de


haut niveau, cela veut dire frapper le plus vite possible la chaîne de com­
mandement de l'appareil de répression mais pas le point de départ, les
ministères ou la présidence à Belgrade à cause des risques pour les po­
pulations civiles.
RTL, le 1/04/1999

La phase 3 signifierait qu'on bombarderait le centre même de Belgrade.


RFI, le 1/04/1999

CONTRE-OFFENSIVE REDOUTABLE
Encore un crime prémédité
Nous constatons une opération clairement visée sur notre service Inter­
net dont beaucoup de journalistes dépendent pour leurs informations.
Nous avons mené une enquête qui montre que les sources de ces attaques
se trouvent en Yougoslavie à Belgrade et il semble que c'est une activité
systématique et visiblement planifiée à l'avance.
Jamie SHEA, France-Infa, le 31/03/1999
VICTOIRE IMMINENTE 29

Les arriérés serbes à lapage!


Le site de l'OTAN a été attaqué : des milliers de roquettes ont été enre­
gistrées en provenance de la Serbie avec pour conséquence le blocage du
serveur [ . . . ] l'impossibilité pour les autres internautes de s'y connecter,
une véritable guerre électronique digne des temps numériques de ce dé­
but du XXI e siècle.
France-Infa, le 3/04/1999

LE COME-BACK DE L'UNION SACRÉE


Hygiène mentale
Dès lors que nos soldats sont engagés, nous n'avons plus de questions à
nous poser. Nous devons être solidaires.
Philippe SÉGUIN répondant aux journalistes, France-Infa le 25/03/1999

Soutien sansfaille des démocrates


Seules l'extrême droite et l'extrême gauche ne sont pas d'accord avec
cette intervention.
France-Infa, le 25/03/1999

Approbation totale
Hormis les communistes, Socialistes, libéraux, centristes, gaullistes, tous
soutiennent l'action de l'OTAN et l'engagement de la France.
Jacques n'ÜRVIL, journaliste à France-Inter, le 26/03/1999

Faire-part
Srebrenica a été la tombe du pacifisme.
Daniel COHN-BENDIT sur France-Infa, le 25/03/1999

Inoubliable
Valéry Giscard d'Estaing, au nom de l'UDF, se révèle un avocat brillant
de l'intervention militaire.
Jean-Michel APHATIE et Clarisse FABRE, Le Monde, le 28/03/1999

La routine menace
Il serait préoccupant que la cohabitation vienne pervertir l'entente Chi­
rac-Jospin, que chacun en arrive à se demander qui sera le meilleur dans
la recherche d'une voie diplomatique où s'il ne faudrait pas malgré tout,
se concilier l'opinion fut-elle versatile. On passerait alors d'une situation
rare à l'ordinaire, sans intérêt.
L'éditorialiste de RFI, le 29/03/1999
30 BOMBES ET BOBARDS

C'est la solidarité de la nation qui compte.


L'éditorialiste de France-Infa, commentant les dernières déclarations
des hommes politiques, le 31/03/1999

El Chi cause dans leposte


Nos soldats ont besoin du soutien moral de toute la nation.
Discours radiotélévisé du 29/03/1999

A l'Assemblée Nationale
Le climat est sérieux et serein.
Le Monde, le 02/04/1999

L a questionp olitique dujour


« Faut-il négocier avec Milosevié ou faut-il l'éliminer? »
France-Inter, le 1/04/1999

Le centre-dr oit en état de choc


Il y a des expressions qui sont choquantes {celles des rares députés, en gé­
néral communistes, qui s'opposent publiquement aux bombardements) lors­
que l'ensemble de la nation doit se rassembler pour soutenir son armée
en intervention.
Philippe DousTE-BLAZY, France-Infa, le 31/03/1999

Querelle historique
La filiation historique de ce pacifisme fin de siècle n'est pas Munich,
mais celle d'un pacte germano-soviétique dont la rhétorique stalinienne
fit digérer jadis à bien des camarades honnêtes et parfois juifs que Chur­
chill était pire qu'Hitler.
Véronique NAHOUM-GRAPPE, pages «Débats»,
Le Monde, le 02/04/1999

Querelle sémantique
Au-delà de l'irresponsabilité de ces contestataires, il convient de relever
l'inadéquation du vocabulaire employé, qu'il résulte de quelque tendance
idéologique, ou de l'ignorance, au moins partielle, de certaines
réalités. Première allégation contestable, celle d'une « guerre » où la
France serait engagée. En fait, elle ne fait que participer à une interven­
tion internationale.
Antoine SANGUINETTI, vice-amiral d'escadre, Le Monde, pages
«Débats», le 06/04/1999

Menace munichoise
Patrick. BOYER : C'est bien cela l'enjeu, éviter Munich, à un plus petit
échelon.
VICTOIRE IMMINENTE 31

EHL, tout d'abord interloqué, finit par répondre: C'est vrai, la tentation
munichoise existe.
France-Info, le 26/03/1999

LE MARTYRE DES JOURNALISTES


Le 25 mars, le pouvoir de la république de Serbie décrète «l'expulsion des journa­
l�stes membre! des pays agresseurs. » Quelques heures plus tard cet arrêté d'expul­
sion est corrigé par le gouvernement fédéral de Yougoslavie. La mesure ne
concernera que la province du Kosovo et ne s'étendra au reste du territoire que
pour les journalistes accusés d'«espionnage. » Cependant, durant la l{uerre, en
Serbie et au Monténégro, la chasse aux journalistes occidentaux ne sera;amais re­
doutable. Au Kosovo même, dans l'enjèr de Pristina ou de Peé, il demeurera tant
bien que mal une poignée de journalistes dont le correspondant serbe de /'AFP, et
même l'envoyé spécial du quotidien américain Los Angeles Times. D'autres y
feront des incursions comme les reporters du Journal du Dimanche, de Paris­
Match, sans compter le témoignage révulsant de Régis Debray . . .

Sitôt dit, sitôtfait


Tous les journalistes membres des pays de l'OTAN ont été expulsés par
la Serbie cet après-midi.
Information répétée toutes les sept minutes, ce qui n'empêchepas]ean­
Claude Ga/li de témoigner en direct de cette république quelques instants
plus tard. France-Infa, le 25/03/1999

Nuance
Dans leur dépêche, les responsables de Belgrade annoncent qu'ils vont ex­
pulser les journalistes membres des pays agresseurs. Lorsque la journa­
liste de RFI lit le communiquer à l'antenne, après un moment d'hésitation,
«pays agresseurs» deviennent pays qui sont intervenus.
Le 25/03/1999

Tous les journalistes ont été expulsés du Kosovo [ . .. ] Belgrade a expulsé


tous les journalistes occidentaux de la Serbie.
Et les trois correspondants de France-Infa continuent de diffuser leurs reportages
depuis le pays interdit. . .
France-Info, le 26/03/1999

PasJolie la guêpe
On pourra donner un certain crédit à ce que diront les autorités occiden­
tales.
Bruno FRAPPAT, directeur de la rédaction de La Croix, sur France-Infa,
le 25/03/1999
32 BOMBES ET BOBARDS

Les envoyés spéciaux de Libération. . . ont été expulsés par les autorités
yougoslaves comme tous les journalistes membres de l'OTAN (!)
Libération, le 27/03/1999

Le 28 mars, unjournaliste de France-lnfo s'entretient en direct avec Suzanne


Berg er, porte-parole de la Croix rouge internationale, une des dernières organi­
sati ons bumanitaires encore en place à Priftina.

Courtoisie
Les journalistes occidentaux ont été priés de quitter la Yougoslavie.
France-Infa, le 29/03/1999

Aucun observateur au Kosovo.


RFI, le 07/04/1999

Et les informations, invérifiables, depuis que Belgrade a interdit l'accès


du Kosovo aux journalistes, sont encore plus succinctes concernant les
villages.
Rémy ÜURDAN, Le Monde, le 02/04/1999

Une interdiction qui n'empêche nullement d'app rendre dans le même numéro, et
à la même page du quotidien de référence, les déclarations de M. Rugova depuis
sa maison à Priftina auxjournalistes, dont
un représentant de /'AFP, un correspondant russe, et des équipes de plu­
sieurs chaînes de télévision grecques, - Méga, Antena TV, ERT, Star,
Sky, Canal 5 - et turque - ATV.
Olivier PuECH, Le Monde, le 02/04/1999

Les journalistes étrangers n'ayant quasiment plus les moyens d'entrer en


Yougoslavie, les seules informations qui nous parviennent sur la situa­
tion dans le pays sont celles diffusées par la télévision serbe.
Arte, le 20/04/1999

Pour Paul-Marie Bourget de Paris-Match, cettegu erre confirme unefa is de


plus la mort du reporter, cet éternel contradicteur des versions officielles (Ca­
hiers de Médiologie, N° 8).

Le Monténégro est le seul moyen de rentrer en Yougoslavie actuelle­


ment.
Claude StRJLLON, France 2, le 20/04/1999

Le huis-clos au Kosovo reste total.


France-Infa, le 29/04/1999
VICTOIRE IMMINENTE 33

LE CAS CLAUDE BROUILLOT


Le 1 er avril, Claude BROUILLOT, (un des trois correspondants en Yougoslavie de
France-Info avec Catherine MONET et Jean-Claude GALU), quitte la Serbie.
D'a près son propre témoignage, il ne s'agit pas à proprement parler d'une
expulsion :
Les intimidations et les pressions psychologiques devenaient systémati­
ques [ . . . ] les conditions minimum pour essayer de témoigner de ce qui
se passe à Belgrade et en Yougoslavie, ces conditions n'étaient plus réu­
nies, alors nous avons décidé de rejoindre la Hongrie.
A priori, c 'est encore un témoin de la liberté chassé par les méchants Serbes, mais
ny aurait-il pas d'a utres raisons ? Claude Brouillot ne donne-t-il pas des infor­
mations un peu trop précises en temps de guerre lorsqu'il décrit des sites militaires
ennemis à ses auditeurs ?
Extraits d'un reportage diffusé le 27 mars. Détail d'une cible de choix dans les en­
virons de Belgrade:
Je me suis rendu à 15 kilomètres au sud-ouest de Belgrade près de Ze­
leznik, a l'endroit où avaient frappé les avions occidentaux hier soir vers
22h 50. Du point d'impact se dégage encore de la fumée, mais il semble
que le site en question, au sommet d'une colline, était davantage un relais
de transmission qu'un stockage d'hydrocarbures. Nous sommes montés
jusqu'en haut de ce site mais nous avons dû faire rapi?ement demi-tour
en raison de la présence d'une patrouille de police. A un kilomètre en
contrebas de cette colline, il y a une caserne assez importante, on a pu
constater qu'il y avait des transports de troupes qui étaient garés dans
cette caserne.
Dernier reportage, peu de temps avant defranchir la frontière yougoslave :
Nous sommes passés tout près de l'aéroport militaire de Batajnica et
nous avons pu effectivement constater que cet aéroport avait été très en­
dommagé[ . . .] à tel point que le chauffeur de taxis qui nous reconduisait
à la frontière nous a expliqué que nous ne pouvions prendre l'autoroute
puisque les pistes de l'aéroport militaire de Batajnica étant endomma­
gées, les Yougoslaves se servent de cette autoroute pour faire décoller
leurs avions, et cela, nous l'avons effectivement constaté.

Le martyr Claude Brouillot reviendra exercer son métier quelques semaines plus
tard en Yougoslavie, dans la république du Monténégro.
III
SHOAH BIS

T7:is� rafles,. massacre:, viols, a katto_irs, Ct:fmps de co_nc�ntration, d po �tationspla­


nijiees, tra msplombes, extermination httlero-staltntenne, génocide a la cambod­
gienne . . .

Menace potentielle
Nous venons au secours d'un peuple qui est menacé d'extermination.
Paul GARDE, un de ces spécialistes qui aident à y voir plus clair.
Europe 1 le 26/03/1999

On devrait d'ailleurs parler d'élimination ethnique.


Lionel JO SPIN à l'Assemblée Nationale, France-Infa, le 30/03/1999

Je crois que nous sommes en train de vivre un désastre humanitaire pres­


que sans parallèle en Europe depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
[ . . . ] Ce que nous sommes en train de voir dans une ville comme Peé res­
semble à ce que j'ai vu au Cambodge à Phnom-Penh en 1975.
Jamie SHEA, RTL, le 30/03/1999

Washington parle désormais d'un génocide potentiel.


France-Infa, le 31/03/1999

Lorsqu'un peuple, au nom de ses origines, se fait exterminer, son seul


recours consiste à devenir une nation au sein de laquelle il peut espérer
vivre avec des institutions qui respectent son existence.
Philippe VAL, Charlie Hebdo, le 31/03/1999

Hier, un train dont la télévision américaine CBS avait affirmé que les
wagons avaient été scellés, a été renvoyé au Kosovo avec à son bord des
centaines de réfugiés.
RFI, le 31/03/1999
SHOAH BIS 35

Indices
Il existe des indices permettant de dire qu'il existe des camps de concen­
trations au Kosovo.
Rudolf SCHARPING, cité par RF!, le 31/03/1999

Sirènes d'alerte à Belgrade au momen� où les informations les plus dra­


matiques arrivent en provenance des Etats-Unis après entretien avec le
leader armé de l'UCK, Madeleine Albright affirme qu'un camp de con­
centration a été mis en place au Kosovo. 20 000 Albanais, femmes et en­
fants pour la plupart, seraient retenus, maltraités et utilisés comme
boucliers humains.
Europe 1, titres du journal de 18 h, le 31/03/1999

Cécité onusienne
L'O NU dit ne pas avoir de preuves assez fortes pour parler de génocide
mais les réfugiés Kosovars sont pourtant de plus en plus nombreux à
rapporter les mêmes faits.
France-Inter, le 1/04/1999

Montée d'un cran dans le cauchemar validé par l'OTAN


Destruction de l'identité albanaise [ . . . ] elle étend son nettoyage ethni­
que à l'échelon administratif, les témoignages, les informations re­
cueillies par les services de renseignements militaires ont été validés par
l'OTAN [ . . .] C'est un processus effrayant, dit un diplomate de
l'OTAN, un scénario à la Orwell. Le big-brother serbe essaie de faire
disparaître tout ce qui lie le peuple albanais du Kosovo, à ses racines, à
son passé. Il veut aussi le priver d'avenir et en faisant disparaître toute

Deux des crip tions r évulsantes des réfugiés rescapés du génocide


Ceux qui arrivent à pied des villes qui sont attaquées par les Serbes où
la purification ethnique est en marche, nous disent-ils, tous ceux-là
arrivent dans des états catastrophiques, déplorables. Ils souffrent de
nombreux maux, ils ont mal aux pieds, ils ont mal à la tête.
Correspondant de France-Inter, le 30/03/1999

Camp de Gaziosmanpasa (Turquie}


A l'infirmerie, un médecin turc confirme que trois réfugiés ont été
traités pour traces de coups [ . . . ] « Mais nous voyons surtout des cas
d'infections des voix respiratoires en raison de la pluie et du froid » ex­
plique le Dr Kaan Onem. « Il y a aussi les malades chroniques, qui
viennent pour leurs rhumatismes, leur diabète, ou l'hypertension. »
Nicole POPE, Le Monde, le 1 1/04/1999
36 BOMBES ET BOBARDS

preuve d'appartenance identitaire, interdire le retour des réfugiés koso­


vars sur leur terre.
Europe 1, le 1/04/1999

LE GÉNOCIDE A COMMENCÉ
Obsession alleman de
Milosevié avait planifié l'extermination des habitants du Kosovo dès le
début janvier 1999.
Rudolf ScHARPING, déclarations au Figaro, le 2/04/1999

Ce ne sont pas des hommes, ce sont des cannibales.


Témoignage d'un réfugié albanais, France 2, le 03/04/1999

Milosevié doit être jugé pour son comportement génocidaire au Kosovo.


Warren CHRISTOPHER, France-Infa, le 5/04/1999

Nefait plus de doute


(Milofevié est} un dictateur sanguinaire qui se livre à un génocide.
Michel VAUZELLE sur RTL, le 05/04/1999

Le chancelier Gerhard Schrôder a lui aussi monté le ton [ . . . ] il a accusé


des forces serbes du Kosovo où elles organisent des « déportations
planifiées » contre la communauté albanaise et où « des groupes parami­
litaires et des milices sont engagés dans un génocide ».
Arnaud LEPARMENTIER, Le Monde, le 06/04/1999

Il ne faut pas que Milosevié, 60 ans après la seconde guerre mondiale


puisse chasser et exterminer des gens.
Pierre LELLOUCHE sur RFI, le 07/04/1999

Les Serbes mènent une véritable politique de génocide au Kosovo.


Communiqué de l'OTAN, France-Infa, le 07/04/1999

Le secrétaire général de l'ONU accuse les Serbes de commettre un gé­


nocide au Kosovo.
Europe 1 trafiquant une déclaration de Kofi ANNAN
(voir page 76), le 07/04/1999

Boucherie chevaline
L'information fait froid dans le dos. Elle a été donnée hier par le minis­
tre allemand des affaires étrangères Joschka Fischer : «Je crains que le
Kosovo soit devenu un véritable abattoir [ . . . ] Qyand on connaîtra
SHOAH BIS 37

toute la vérité sur les massacres, je crois qu'elle sera plus dure que tout
ce qu'on peut supporter.» Une déclaration qui fait craindre le pire.
France-Soir, le 09/04/1999

Comment Milosevié a préparé l'épuration ethnique


Selon des informations « crédibles mais non-confirmées» Joschka Fis-
cher [ ...] redoute que l'on ne découvre un «véritable abattoir » au Ko-
sovo [ . .. ] il a présenté à la presse, jeudi, le plan baptisé « Potkovica »
(« fer à cheval») (un des plus grossiers b idonnages de cette guerre), document
d'origine serbe, qui détaille les méthodes et les trois phases du projet
d'épuration ethnique de Belgrade.
Une du Monde, le 10/04/1999

Compilation
Cette extermination, qui rappelle les temps de Gengis Khan, de Hitler
et de Staline, est perpétrée suivant des méthodes bien connues.
Ismaïl KADARÉ, page «Horizons-Débats», Le Monde, le 10/04/1999

L'horreur voulue et organisée par Milosevié dépasse aujourd'hui tout


ce que l'on peut imaginer.
Jacques CHI RAC, TF1 , le 13/04/1999

Deux mots historiques


« Déportés», « raciste» : ces deux mots, jusqu'ici, sont à coup sûr ceux qui
resteront pour analyser la guerre d'agression grand-serbe au Kosovo. Le
premier s'est imposé grâce au chancelier fédéral allemand [ . . . ] Le se­
cond mot décisif est celui que Lionel Jospin, sur le plateau de France 2,
a fait claquer comme un coup de feu au milieu d'une kyrielle d'adjectifs
par lesquels il qualifiait Milosevié[ . . . ] Lorsque des mots aussi simples
sont aussi forts, lorsqu'ils suffisent à terrasser les bavardages, à nettoyer
les têtes d'un bon coup de vent, les psys disent qu'ils « font
interprétation » { . .] Les deux mots sont historiques, c'est par rapport à eux
qu'il y aura désormais un avant et un après.
Laurent DISPOT, L'Événement, le 15/04/1999

CONT RIBUTIONS SCIENTIFIQUES


Unepage «Horiz ons-Débats» du Monde particulièrement r iche.
Outre la suite de l'effarant article de Zbigniew Brzez inski reproduit en partie à
la une: « Guerre totale contre Milosevié!», les pages «Horizons-Débats» du quo­
tidien de référence, publient deux autres dissertations censées prouver la réalité
d'une nouvelle solutionfinale, typ iquement miloseviéienne.
38 BOMBES ET BOBARDS

Le premier article est rédigé par deux pontes du CNRS également vice-prési­
dents-fondateurs du sordide !CE (Initiative Citoyens en Europe). Ils défendent
la thèse des déportations planifiées.
« Qye faire des réfugiés ? » , pouvait-on lire récemment dans la
presse. Euphémisme provocateur par la neutralité qu'il colporte. Les
Kosovars qui étaient la semaine dernière aux frontières de la Macédoine
et de l'Albanie étaient des déportés chassés de leur pays par une entre­
prise programmée, calculée et exécutée avec cruauté et intelligence.

Le quidam a u parfum
Les simples citoyens que nous sommes étaient informés par les associa­
tions de défense des droits de l'homme de Belgrade et de Pristina de ce
qu'avaient été les crimes de l'automne 1998 et du début 1999, et de l'im­
minence d'une vague de massacres et de déportations.
Georges WAYSAND et Francis-André WoLLMAN, tous deux directeurs
de recherche, respectivement physicien et biologiste,
Le Monde, le 17/04/1999

Le deuxième article est l'œuvre collective de Sadek SELLAM, écrivain-islamo­


logue, de Marc NICHANIAN, professeur d 'université à New-York et de Cathe­
rine CoQUIO, membre de l'impressionnante Association internationale de
recherche sur les crimes contre l'humanité et les génocides, tous trois signataires
du très concerné « Sens d'une déportation ». Extraits de leur contribution
dans laquelle ils apportent des «preuves» et des «arguments», certifiant l'exis­
tence et le déroulement d 'une nouvelle Shoah.
Toujours ces belles leçons de la guerre du Golfe, apprises et sues par cœur. . .

Le génocide e n marche
Il faut parler à présent, au Kosovo, non seulement de déportation mais
de génocide en marche. S'il est vrai que le mot de « génocide » doit être
préservé de son instrumentalisation étatique et de toute banalisation, il
se justifie ici par la convergence de sept faits.
Au lieu de «faits», les auteurs énumèrent un catalogue irifernal, mélange d 'infor­
mations terribles, parfois exactes (mais systématiquement et outrageusement dé-
formées, otanisées), de prévisions catastrophistes, d 'affirmations grossièrement
m e_n_s�ngères.. Le toutfinissant par une c �mi9ue dénon �ia �ion du.«crime contr_e la
vente ». Curieusement, dans leur énumeration, les trots signataires ne mention­
nent pas explicitement le machiavélique et diabolique «Plan Fer à cheval».
Dommage, le tableau eût étépaifait.
Parmi les «septfaits», à rangerparmi les hautsfaits du Monde, qui a eu le cou­
rage, le réflexe professionnel et citoyen de publier ce morceau d 'anthologie :
Tris, massacres et tortures des hommes en âge de combattre.
SHOAH BIS 39

Ce bobard, cette «bonne histoire», aura lapeau dure, y compris à la télévision qui
chaque soir montre des camps de réfugiés ou l'on peut apercevoir sans peine nom­
bre d'hommes âgés entre 18 et 50 ans.

Plus spécifique
Destruction méthodique des marques d'inscription sociale et
symbolique : incendie des habitations et monuments, destructions des
récoltes, des instruments agricoles et du bétail, de l'état civil [ . . . ] ce
point spécifiquement génocidaire, montre que le « nettoyage » territorial
a ici valeur d'éradication « mentale»;

A gonie certaine
Le HCR, avait, dès le 3 {avril), annoncé une famine à partir de la
deuxième semaine d'avril. La prévision se confirme, les enfants - sou­
vent orphelins - étant les plus menacés, à l'intérieur même du Kosovo,
agonie certaine des 700000 personnes sans abri, ni soins, ni nourriture.

Déni et négation
Le septième «fait» prouvant le génocide, est sans doute le plus absurde, le plus pa­
thétique aussi, venant de la part d'individus qui participent avec autant de zèle
et de talent au bourrage de crâne quotidien:
Déni et négation, Belgrade cachant à sa population les images des dé­
portations et parlant d'une guerre provoquée par les Albanais.

Conclusion
L'argument selon lequel on ne peut parler de génocide, l'objectif de
Milosevié n'étant pas l'extermination totale, est donc erroné, tant dans
l'ordre juridique que dans celui de l'estimation des faits.
Le Monde, le 17/04/1999

L 'HORREUR S ' ÉTEND AU MONTÉNÉGRO


Monotonie de la désinformation
L'information est inquiétante, l'OTAN a confirmé dans l'après-midi
que les premières opérations de nettoyage ethnique étaient menées dans
la république du Monténégro. Les Albanais, qu'ils soient réfugiés ou ré­
sidents, en seraient chassés.
Journal de France 3, le 20/04/1999

Les crimes et la provocation. L'OTAN affirme que des opérations de


nettoyage ethnique sont menées par les forces serbes au Monténégro.
D'autre part, 700 hommes seraient utilisés comme boucliers humains.
Journal d'Europe 1, 18 h 00, le 20/04/1999
40 BOMBES ET BOBARDS

Ilfaut donc poursuivre « les raids d'intimida tion». (Noublions pas que les Serbes
mènent des « actes de terrorisation».)
Jamie Shea, le porte parole de l'OTAN enfonce le clou, les Serbes mas­
sacrent les Albanais et pas seulement au Kosovo même. Une raison sup­
plémentaire selon l'OTAN de poursuivre la guerre contre la Yougosla­
vie. [ . . . ] Les raids d'intimidation se poursuivent.
Arte, le 20/04/1999

RAFLES EN RA FALES

Washington estimait hier que 500000 kosovars d'origine albanaise


en âge de combattre pourraient avoir disparu dans des rafles menées
par les Serbes.
Catherine LOUQUET, France-Soir, le 20/04/1999

Même si les images prouvent le contraire, qu'impor te!


Selon des témoignages, les hommes sont systématiquement séparés de
leurs familles et sont utilisés comme boucliers humains devant des chars.
Dans les camps les réfugiés se sont surtout des femmes donc, des enfants
et des vieillards.
Jean-Claude NARCY, TF1, le 20/04/1999

Génocide light
Nous assistons à une synthèse allégée de toutes les barbaries du siècle.
Pascal BRUCKNER sur France-Inter, le 21/04/1999

Plusfart que le «Planfer à cheval»


Le Monde décrit dans le détail les méthodes utilisées par Slobodan Mi­
losevié et qui étaient déjà recommandées, en 1937, par un professeur de
philosophie de Belgrade.
Une du Monde, le 22/04/1999

Au delà de votre imagination


Les responsables de l'OSCE affirment que les atrocités commises par
l'armée serbe sont d'une ampleur que personne ne pourrait imaginer.
France-Infa, le 23/04/1999

Nouveau rappor t-propagande


Selon le rapport (du département américain rendu public le 10 mai) intitulé
«Effacer la mémoire», 90 % des Albanais du Kosovo ont été chassés de
chez eux[ . . . ] Il en ressort l'image d'un Kosovo «transformé parfois en
SHOAH BIS 41

lieu de massacre » (« killing fields » en anglais, comme sous les Khmers


rouges au Cambodge), en particulier dans la région de Djakovica.
Le Monde, le 12/05/1999

Au cours d'une interview à la télévision, le frère du dictateur serbe a évo­


qué vicieusement et non sans cynisme la beauté des jeunes filles alba­
naises qu'il avait remarquées dans ce flot humain. A la suite de cette ob­
servation, les jeunes filles albanaises se sont raréfiées [ . . . ] Les déportés
témoignent que beaucoup d'entre elles ont été tuées ou violées. L'image
de la population du Kosovo devait être encore plus profondément
mutilée ; il n'en resta plus en gros que les enfants, une partie des mères
et des vieillards.
Ismaïl KADARÉ, Le Figaro-Magazine, le 15/05/1999

DÉPORTATIONS
Le 30 avril, Philippe Biberson, président de Médecins sans frontières, p_résente
à la presse un rapport au titre évocateur: «Histoire d 'une déportation. » A la mi­
journée, il est l 'invité de Gérard COURCHELLES, présentateur attitré du journal
de 13 heures de France-Inter. Extraits.

Pr ocessus planifié d'effacemen t d'un peuple


Nous recevrons Philippe Biberson, président de Médecins sansfrontières,
qui publie un rapport sur les exactions commises par les forces serbes au
Kosovo. Processus planifié d'effacement d'un peuple.
Annoncé dans les titres

Spoliations, déportations, disparitions


Médecins sansfrontières dénonce le caractère systématique des déporta­
tions au Kosovo. Selon l'organisation humanitaire il s'agit bien d'un plan
préétabli des autorités yougoslaves. MSF établit un rapport qui démon­
tre que cette déportation s'accompagne de la spoliation et de la destruc­
tion des biens des kosovars. Selon cette ONG il manque 13 % des hom­
mes et 1/4 des personnes ont perdu un membre de leur famille au Ko­
sovo. Philippe Biberson, vous publiez un rapport qui s'intitule Histoire
d 'une déportation, c'est un mot qui est très lourd de sens, pourquoi l'em­
ployez-vous ?
- Philippe BIBERSON: Parce que c'est un mot qui qualifie le plus préci­
sément, le plus exactement possible, ce qui est arrivé à ces personnes que
nous avons rencontrées sur les trois frontières [ . . . ] C'est un mot qui si­
gnifie crime contre l'humanité, qui a une résonance juridique, c'est un
crime de guerre, c'est un mot également qui appelle au besoin, au devoir
de rapatrier les gens chez eux. C'est un mot qui appelle au retour des
gens chez eux.
42 BOMBES ET BOBARDS

- Gérard COURCHELLES : Déportation signifie qu'il y a une organisa­


tion de la déportation, quelles sont les méthodes qu'appliquent les forces
serbes ?
- Philippe BIBERSON : Absolument, c'est ce qui ressort des témoignages
extrêmement concordants, nous avons procédé à deux études .. .
Un rapport qui a une autre vertu majeure. . .
- Gérard COURCHELLES : En tout cas ce qui apparaît assez fortement
dans votre rapport, c'est qu'il n'y a pas de lien directe entre le déclenche­
ment des bombardements de l'OTAN et le déplacement des popula­
tions.
- Philippe BIBERSON : Aucun témoignage ne mentionne les bombar­
dements comme la cause du départ. La cause du départ c'est l'expulsion
par les forces de police, militaires ou paramilitaires au Kosovo.

. . . malgré un «phénomène de concomitance» embarrassant


- Gérard COURCHELLES : Et ça avait commencé avant les bombarde­
ments.
- Philippe BIBERSON : Oui ça avait commencé avant, et cela s'est accé­
léré. . . il y a un phénomène de concomitance, d'un seul coup le Kosovo
s'est vidé de tous ses observateurs étrangers, de ses journalistes . . . vous le
savez très bien, des observateurs de l'OSCE, des humanitaires, tout le
monde est parti à ce moment là, vous le savez très bien. . . et il est très
clair . . .
- Gérard COURCHELLES: Cela a laissé le champ libre aux forces serbes.
- Philippe BIBERSON : Sans doute ... y a pas un seul témoignage, dans
lequel on nous dit : on est parti parce qu'il y a eu les bombardements, on
est parti parce que l'on nous a chassé.
(J'ai personnellement eu le témoignage d'une personne travaillant à la CIMA­
DE, me confirmant que des réfugiés albanais du Kosovo avaientfui à causes des
bombes. Je précise que cette amie approuvait les bombardements de la Yougosla­
vie.)

Reconnaissons à Gérard Courchelles, · dans cette même édition du journal de


13 hOO de France-Inter, d'être l'un des rares journalistes jouissant d'une grande
audience à avoir signalé la publication des extraits de la peu reluisante annexe B
du traité de Rambouillet par le quotidien l'Humanité, même si dans sa présen­
tation, Gérard Courchelles prend lapeine de répéter une magistrale contre-vérité
officielle :
Le texte de Rambouillet soumis aux délégations de Belgrade et des Al­
banais du Kosovo n'a jamais été signé que (c'est Gérard Courchelles qui in­
siste) par les Kosovars. Le régime de Milosevié s'est opposé jusqu'au bout
à la solution proposée par le groupe de contact, refus qui a conduit
l'OTAN a déclenché son opération aérienne. (Les négociateurs yougosla­
ves n'ont rejùsé de signer $:!!.. le volet militaire de Rambouillet, non pas le vo-
SHOAH BIS 43

let politique qu'ils étaient prêts à ratifier.) Le quotidien l'Humanité publie


ce matin des extraits du texte, il les présente comme un diktat inaccep­
table pour Belgrade. Il est vrai, Frédéric Barrère, que les articles qui
avaient trait aux mouvements des troupes de l'OTAN étaient difficile­
ment acceptables par un état souverain.
France-Inter, le 30/04/1999

AUCUN LIEN DE CAUSE A EFFET ENTRE LES BOMBARDEMENTS


ET L 'ARRIVÉE MASSIVE DES RÉFUGIÉS AUX FRONTIÈRES
Évidence incompatible avec les standards de « la g uerre du XXIe siè cle. »
Au Kosovo en dehors de tous témoins occidentaux, la population craint
davantage les Serbes que les bombes de l'OTAN.
France 2, le 26/03/1999

Rendre responsable l'OTAN (de l'accélération des déportations} est parfai­


tement scandaleux.
Pierre LELLOUCHE sur RTL le 29/03/1999

L a vie en r ose-Kouchner
N'oublions pas que l'OTAN n'a pas déclenché ce flux, il y en avait bien
avant des réfugiés, puis surtout, que l'opération n'est pas terminée, et que
nous ne luttons pas contre le peuple Serbe mais contre M. Milosevié, et
il y aura un jour la possibilité de vivre en paix au Kosovo, j'en suis sûr.
Bernard KoUCHNER, Europe 1, le 1/04/1999

- O!i'est-ce que vous dites à ceux qui disent que les bombardements
ont précipité l'exode des Kosovars?
- C'est une plaisanterie.
Alain LAMASSOURE répondant à Karl ZÉRO, Europe 1, le 13/04/1999

Dire que les bombardements ont accéléré les déportations est une infa­
mie et c'est inexact.
BHL, dans la même émission le 14/04/1999

C'est la propagande de Milosevié qui dit cela.


Patrick DEVEDJIAN, Europe 1, le 20/04/1999

Ça reste à prouver.
Alain BÉDOUAIS, présentateur du «Téléphone sonne»,
France-Inter, le 21/04/1999
44 BOMBES ET BOBARDS

De Munich à Faurisson
Ceux qui, aujourd'hui, prétendent que les frappes de l'OTAN sont res­
ponsables de la catastrophe sont soit des salauds négationnistes, soit des
ahuris qui ont passé dix ans sous cloche, en hibernation.
Gérard BIARD, Charlie-Hebdo, le 28/04/1999

UN POINT SUR LEQUEL TOUT LE MONDE EST D 'ACCORD


Despro aux anti-interoentionnistes, tous l 'affirment, dans la province martyri­
sée du Kosovo il y a 90 % d'Albanais et 10 % de Serbes ou si l 'on préfère 1 800000
albanophones musulmans et 200000 Slaves orthodoxes.
Le reste des minorités (dont au moins 100000 Tziganes) ayant déjà dû sefoire
exterminer. . .
IV
INÉVITABLE ET NÉCESSAIRE
GUERRE TOTALE

On ypense dès la «phase 1 »


Nous nous demandons tous : et après ? Si Milosevié ne cède pas, com­
ment continuer? Je crois que le débat que nous devons avoir maintenant
est de savoir si oui ou non, logiquement, il ne faut pas envoyer des trou­
pes qui ne doivent pas aussi intervenir, ce qui poserait la question du sta­
tut du Kosovo.
Propos de Daniel CoHN-BEND!T abondamment rediffusés, France­
Infa, le 25/03/1999

Je crains que si nous voulons aboutir il nous faille aller dans une autre
direction, c'est à dire imaginer une présence au sol sans que les Serbes
ne l'acceptent.
François LÉOTARD, RTL, le 26/03/1999

Pour le général Schmidt, il faut aller plus loin, engager des troupes au
sol.
France-Infa, le 26/03/1999

Le président Bill Clinton a affirmé aujourd'hui qu'il faudrait aller


jusqu'au bout pour contraindre Milosevié à accepter la paix [ . . . ] Dans
son allocution radio hebdomadaire, Bill Clinton suggère qu'il faudra
peut-être envoyer des troupes au sol au Kosovo pour arrêter les massa­
cres que ses services essaient de vérifier.
France-Infa, le 27/03/1999

Libé en p oin te
Milosevié «ne cède pas», il expulse «tous les journalistes». Une attitude de
défi qui reste extrêmement forte à l'égard de la communauté internatio­
nale mais c'était hélas à prévoir dans la mesure ou l'OTAN a engagé
cette action sans être capable d'aller jusqu'au bout.
Pierre AsKI, journaliste à Libération, France-Infa, le 25/03/1999
46 BOMBES ET BOBARDS

Si le sauvetage du Kosovo est une exigence non seulement humanitaire


mais décisive pour l'Europe en gestation, elle suppose un engagement
terrestre diplomatico-militaire enfin « déterminé».
Libération, éditorial de Serge JULY,
« Les demi-guerres sont les pires», le 27/03/1999

Déclarations d'un vert-treillis moustachu


On a décidé de faire une guerre, il faut maintenant l'assumer jusqu'au
bout, c'est à dire prendre des risques avec des militaires.
Noël MAMÈRE, TF1, le 30/03/1999

Il faut arrêter d'avoir des murs dans la tête en faisant comme si on était
dans un monde ou il y a d'un côté les bons et l'autre, les méchants. L'Eu­
rope, pour se défendre et faire appliquer le droit, la morale et la démo­
cratie sur son propre territoire [ . . . ] est obligée de faire appel à l'OTAN
parce qu'il n'y a pas de forces européennes.
Noël MAMÈRE, Europe 1, le 14/04/1999

L'honneur de l'Europe serait de ne pas exclure une intervention terres­


tre.
Alain MADELIN sur RTL, le 29/03/1999

Les stratèges de l'information


Vous dites tous, bien sûr, que l'aviation est impuissante contre les forces
au sol quand elles sont disséminées sur le territoire, ce qui est le cas des
Serbes, ce qui revient à dire : il faut envoyer des troupes au sol pour vrai­
ment vaincre Milosevié.
Patrick BOYER interrogeant le général GAIGNOT
sur France-Infa, le 31/03/1999

Invité d'Europe 1, le géographe Yves LACOSTE indique qu'une intervention


terrestre pourrait sefaire depuis la Hongrie. Dominique SoucHJER qui l'in­
terroge acquiesce: c'est techniquement plus simple et il y a urgence [ . . . ]
rappelons que ce conflit est d'abord moral.
Le 04/04/1999

Milosevié et son armée n'auraient aucune chance face à une attaque de


l'OTAN au départ de la Hongrie, à travers les plaines de Voïvodine [ . . . ]
Pour commencer à régler définitivement les problèmes des Balkans, le
déploiement des troupes terrestres ne devrait donc peut-être pas avoir
lieu où certains le réclament et l'attendent.
Alain DESTEXHE, sénateur belge, pages « Débats »,
Le Monde , le 10/04/1999
INÉ VITABLE ET NÉCESSAIRE GUERRE TOTALE 47

La sainte colère d'u n croisé


Cela fait dix ans que ce type et son système tuent et massacrent. Ils sont
responsables, le président de la République l'a rappelé il y a trois jours,
de 200 000 morts, il n'a cessé depuis dix ans de semer la terreur, il est
temps d'en finir avec ce système, nous l'avons décidé et nous irons
jusqu'au bout.
Jack LANG, France-Inter, le 1/04/1999

Il n'y a pas de demi-guerre : la guerre, on ne la fait pas ou on la fait to­


talement.
Charles LAMBROSCHINI, Le Figaro. Propos reproduits dans la page
« Kiosque» du Monde, le 02/04/1999

Jean Daniel, pythie du dieu Mars


Pour sauver les Kosovars dont nous avons aggravé le sort, on ne peut
plus éviter de faire une guerre totale contre ceux des Serbes qui demeu­
rent envoûtés par Milosevié. Le dieu Mars a des ruses qu'il faut parfois
retourner contre lui.
Jean DANIEL, Le Nouvel Observateur, le 1/04/1999

Jusqu 'au-boutisme œcuménique


Pour que ce très vieux clivage (Chrétienté-Islam) ne revienne pas
brouiller le dessein humanitaire et pacificateur des démocraties alliées,
il faudra mener cette guerre jusqu'au bout.
Denis JEAMBAR, !'Express, le 1/04/1999

Il est indispensable d'arriver à une action efficace contre les forces serbes
sur place, au besoin sur le plan terrestre.
Yvan DAVIDOFF, secrétaire du collectif CFDT-transport, Libération,
pages « Débats », le 2/04/1999

La question de l'intervention terrestre, quoi qu'on en dise, est directe­


ment posée [ .. . ] En fait, le choix n'est plus possible: quand on est en­
gagé, on ne se désengage pas ; on ne peut faire la guerre à moitié. Surtout
lorsqu'on affirme la mener par conviction.
Michel ScHIFFRES, Le Figaro, le 2/04/1999

C'est d'abord dans les médias et chez nombre de députés républicains


- ceux qui ne sont pas tentés par les sirènes de l'isolationnisme - que
se manifeste le désir «d'aller jusqu'au bout», y compris en envoyant des
GI pour gagner une guerre considérée par eux comme mal partie [ . . . ]
Bill Clinton pourra-t-il encore longtemps éviter de poser le problème
d'une intervention terrestre?
Patrice de BEER, Le Monde , le 06/04/1999
48 BOMBES ET BOBARDS

Il va falloir avoir le courage d'envoyer des soldats.


DONADIEU DE VABRE S sur RFI, le 07/04/1999

Liber taire réclame paras!


Envoyer des paras sur la frontière avec la Serbie et faire un cordon de
sécurité pour isoler les forces serbes au Kosovo ? C'est sans doute ce qui,
au moins, aurait eu le mérite d'être plus efficace.
Philippe VAL, éditorial de Charlie-Hebdo, le 07/04/1999

Pourquoi il faut aller jusqu'au bout.


Une de L'Ex press , le 08/04/1999

Principe central de la vie internationale de cette fin de siècle, la notion


de «sécurité collective» nous impose, désormais, ce paradoxe : pour par­
venir à la paix, il faut savoir conduire la guerre sans défaillir lorsque les
circonstances l'exigent. C'est le cas dans les Balkans.
Denis JEAMBAR, L 'Express, le 08/04/1999

Le pestifér éwanted
Il apparaît clairement que l'OTAN ne veut plus négocier, je répète, ne
veut plus négocier avec un homme qui, dit-on ici, a du sang sur les
mains. Le temps de la négociation est révolu, c'est le message qui en sub­
stance est passé ici au siège de l'OTAN. Le président serbe fait figure
d'homme à abattre. Il est politiquement incorrect de s'asseoir avec lui à
une table de négociation.
Correspondant de TF1, le 08/04/1999

Le drame humanitaire, les affirmations de génocide et le cynisme mé­


thodique du monstre de Belgrade ont changé la donne [ . . . ] Restaurer
«la paix» [ . . . ] cela suppose donc l'élimination du sinistre Milosevié, qui
crache sa haine depuis des années sur les Balkans, et une guerre totale.
Yves TttRÉARD, éditorial à la une de France-Soir, le 09/04/1999

Richar d, mauviette
Le succès des frappes aériennes n'est pas aussi évident qu'il (Alain Ri­
chard) a affirmé pour mieux rejeter à nouveau une intervention au sol.
Gérard DUPUIS, Libération, article repris en partie par Le Monde
dans la page «Kiosque », le 10/04/1999

Guer re ter restre: déb utera vers le 5 mai


« L'intervention terrestre» est de toutes les déclarations : elle est immi­
nente, forcément imminente, puisque les Américains viennent d'annon­
cer l'envoi d'hélicoptères antichars [ . . . ] D'ailleurs, le Président Chirac
INÉ VITABLE ET NÉCESSAIRE GUERRE TOTALE 49

pourrait l'annoncer le soir même à l'assemblée, croit savoir un député de


Démocratie libérale [ . . . ] Le député RPR Pierre Lellouche, analyste mi­
litaire en chef, est affirmatif: l'envoi de troupes au sol débutera vers « le
5 mai» et se terminera «à la fin mai». Car, assure t-il, « ça peut-être
rapide.»
Sophie ROQ!JELLE, Le Figaro, le 10/04/1999

Chair à canon européenne


Dans la phase actuelle, les pays européens devraient donc, dans l'immé­
diat, prendre en main les opérations terrestres - et même imposer la
création d'un commandement européen autonome de l'OTAN compre­
nant éventuellement des Russes et chargé des opérations de libération
que les Américains ont à tort volontairement négligées.
Alain JoxE, Le Monde, le 12/04/1999

Il va falloir aller jusqu'au bout dans les opérations militaires et écraser


dans l'œuf la répression serbe au Kosovo.
Bill CLINTON sur une base militaire américaine en Louisiane.
Cité par France-Inter le 13/04/1999

Brzezinski
Le 1 7 avril, à la une du Monde on lit, entre autres titres en caractères gras, un
très martial « Guer r e totale contr e Miloievié!», titre d'unpap ier signé Zbig niew
Brzezinsk i. En poursuivant la lecture de l'article dans les pages «Hortzo ns­
Débats», on comprend très vite que la « guerre totale contre MiJosevié!» doit sur­
tout être une guerre totale contre les Serbes, la vedette mo ndialiste regrettant que
au lieu de choquer et d'intimider l'adversaire, la campagne aérienne s'est
efforcée d'éviter les pertes [ . . . ] « vaccinant» par là même les Serbes con­
tre la peur des bombes.
Partageant très largement l'arg umentationjusqu'au-boutiste de Brzezinski, Le
Monde, qui ne l'estpas moins, a cru bon de reproduire en gros caractères lafine
analyse stratégico-militaire d'un desplus impatients des va-t-en-guerre:
Cela n'a vraiment aucun sens, de la part du président américain et de ses
conseillers, d'affirmer que les forces de l'OTAN n'entreront au Kosovo
qu'avec la permission du dictateur.
Et pourtant ce sera le cas. . .
Zbigniew BRZEZINSKI, L e Monde, le 17/04/1999

L'OTAN peut-elle sortir de ce dilemme sans se résoudre à l'intervention


terrestre massive qu'elle avait d'emblée maladroitement exclue ?
Éditorial du Monde, le 17/04/1999

L'intervention au sol devient de plus en plus urgente.


Extrait d'un article paru dans «The Guardian» et reproduit partielle­
ment par Le Monde dans la page « Kiosque», le 17/04/1999
50 BOMBES ET BOBARDS

Piqûre de rappel et conseil stratégique


Après des mois de négociations aboutissant à l'accord de Rambouillet,
refusé par le seul Milosevié ; après tant de temps perdu, il n'y avait plus
d'autre solution que le recours à la guerre [ . . . ) M. Milosevié pliera
d'autant plus rapidement qu'il saura que les alliés préparent aussi une
intervention au sol. Celle-ci est devenue, d'une manière ou d'une autre,
inévitable, sauf à se résigner à la déportation des Kosovars et à la des­
truction de leur culture.
Éditorial du Monde, le 22/04/1999

Le général a lafoi
Il n'y a pas d'alternative, si on veut finalement amener Milosevié à avoir
une autre attitude, qu'une opération aéroterrestre au Kosovo, dont il faut
bien cerner les limites, les possibilités. C'est une question de courage po­
litique et de foi en la construction européenne.
Le général QyÉNO interrogé par RFI, le 23/04/1999

Une bienfine q uestion


Et quand vous voyez les wagons plombés avec les destinations finales et
avec ce cortège de barbarie vous ne pensez tout de même pas qu'on peut
combattre par les armes tout cela?
Journaliste d'Europe 1 interviouvant le cardinal Lustiger le 10/05/1999
V
GUERRE ET FUREUR HUMANITAIRE

La conjonction inéluctahle de l'humanitaire et du militaire


Pour parvenir à la réalisation de ces trois objectifs {réintroduir e le Conseil
de sécurité de l'ONU, protéger les populations civiles, amor cer une solution
durable du conflit) le chemin que pourrait prendre la communauté inter­
nationale - et au premier rang de celle-ci, la France - devrait être d'as­
surer la conjonction désormais nécessaire, voire inéluctable de l'huma­
nitaire et du militaire.
François LÉOTARD, Le Monde, le 06/04/1999

Premiers exercices de l'armée humanitaire


Et ce matin, dès huit heures, premières rotations, on fait dans la literie
aujourd'hui.
France 2, avec les soldats français en Albanie, le 08/04/1999

Ici en Albanie, un QG va s'installer, une force de plusieurs milliers


d'hommes va s'installer pour être en appui humanitaire mais de l'huma­
nitaire au militaire il n'y a qu'un pas.
TF1, le 08/04/1999

Un reportage de France 2 auprès de soldats parachutistes « configurés». Extraits


Depuis quatre jours, le premier régiment de hussards parachutistes était
en alerte. L'ordre de mission est tombé, le premier détachement part as­
surer un soutien logistique à l'aide internationale en Albanie : une mis­
sion de sécurisation de l'humanitaire. Les parachutistes partent avec très
peu d'armements afin qu'il ne subsiste aucune ambiguïté sur leur mis­
sion. «Ils ne sont pas configurés pour mener une opération terrestre. Ils
sont configurés pour se défendre et pour gérer de flux logistiques. »
France 2, avec le commandant de la base militaire, le 08/04/1999

Jurispr udence
L'armée de l'air française [ . . . ] est en première ligne pour l'opération
«Trident humanitaire » [ . . . ] Cer tains disent que l'OTAN a deux bras
séculiers : un qui distribue les frappes, et un autre qui distribue de quoi
52 BOMBES ET BOBARDS

survivre, même si elle prend soin de ne pas confier les deux rôles aux mê­
mes équipages[ . . . ] La coordination par l'OTAN au soutien logistique
apporté à l'aide humanitaire dans les Balkans fera jurisprudence à sa fa­
çon. Sans être un précédent, elle peut servir de modèle.
Jacques IsNARD, Le Monde, le 10/04/1999

De nouvelles armées sont attendues dans le nordde l'Albanie


L'Alliance a déclenché l'opération abris-alliés. 8 000 hommes seront
bientôt chargés de réguler l'aide humanitaire dans les camps.
France-Inter, le 12/04/1999

Des militaires polyvalents


L'Albanie devient la base arrière terrestre de l'OTAN. C'est là que s'or­
ganise ou s'organisera une opération terrestre lorsque les frappes aérien­
nes auront suffisamment amoindri les Serbes. (On a} commencé d'orga­
niser les bases d'accueil des forces terrestres, qui petit à petit arrivent
pour soutenir quelques opérations militaires, aéroterrestres au Kosovo
lorsque la situation le permet.
Il y a donc du court terme et du long terme, humanitaire et militaire dans
ce qui est en cours.
Michel PoLACO, spécialiste des questions militaires
de France-Inter, le 12/04/1999

Force humanitaire
L'opération abris-alliés s'organise. Les premiers éléments de la force hu­
manitaire sont arrivés hier à la frontière albanaise.
France-Inter, le 13/04/1999

ONG militarisées
Médecins du monde s'est prononcée en faveur d'une opération terrestre sous
réserve onusienne de police internationale armée. Qye M. Milosevié le
veuille ou pas, il va falloir l'imposer, je crois que les esprits sont en train
d'évoluer peu à peu.
Jacky MAMOU, président de Médecins du monde
sur France-Infa, le 15/04/1999

Comme aux beaux jours de la guerre du Viêt-Nam {bonbons le matin, napalm le


soir}, certains demandent aussi des largages humanitaires. Autrement dit, à
cinq mille mètres les bombardiers lâcheraient des bombes à fragmentation et à
mille, de la nourriture. C'est même la France, (le très va-t-en guerre Comité Ko­
sovo et EHL en tête} qui sont à l'origine de cette grandiose proposition.
Il pourrait y avoir des opérations ponctuelles. On arrive à repérer par sa­
tellite l'endroit où il y a un charnier, on sait exactement les villages
aujourd'hui encerclés, on sait quels sont les groupes de paysans kosovars
GUERRE ET FUREUR HUMANITAIRE 53

qui sont en train de mourir de faim auxquels il faudrait parachuter des


soutiens armés, ou même simplement des vivres. Il y a des solutions in­
termédiaires.
BHL sur Europe 1, le 14/04/1999

Le Président qui entretient d'excellentes relations avec nos intellectuels bottés


traniforme l'idée en objectif:
Jacques Chirac a fait savoir qu'il avait demandé que tout soit prêt pour
préparer des parachutages de vivres et de médicaments aux populations
restées au Kosovo.
France-Inter, le 16/04/1999

Quand bien même lesfartes réticences de quelques trop rares responsables d'ONG
comme le président du CICR qui se déclare réservé sur les secours aériens, des se­
cours aveul{les, ou les vives critiques de Christian CAPTIER, directeur des opéra­
tions d'Actton contre lafaim,
Qye l'OTAN apporte sa logistique oui, que l'OTAN apporte sa logique
non[ . . . ] Les agences humanitaires, du moins certaines ONG, ne sont
pas que des prestataires de services au profit des parties en conflit[ . . . ]
Personne ne sait exactement qui - militaires, Nations unies, diploma­
tie - coordonne quoi, le HCR est de plus en plus marginalisé. La con­
fusion des rôles règne. [ . . . ] Les camps prévus par ces acteurs bilatéraux
doivent être un «show», la preuve que les gouvernements font quelque
chose pour les réfugiés (Le Monde du 1 7 avril), il est désormais courant
d'entendre et de lire dans les médias qu'il existe maintenant l'autre front de
cette guerre, le front humanitaire (David SERYONNET, RFI le 20/04/
1999).
Le Monde, confondant humanitaire et militaire, reproche même à l'OTAN sa
lenteur qui
tarde à faire face à l'urgence de la situation des réfugiés en Albanie[ . . . ]
le général Wesley Clark n'a rien fait pour dissiper le flou qui entoure
l'opération humanitaire. L'OTAN risque-t-elle d'arriver après la
bataille?
Le Monde, le 20/04/1999

Impossible n 'estpasfrançais, le général Kelche expose son plan :


Premièrement, il faut identifier le positionnement des réfugiés, et il faut
des renseignements valides, c'est à dire ayant une relative fraîcheur[ . . . ]
C'est une première condition qui est déjà assez difficile à remplir, il faut
dire les choses comme elles sont. Deuxièmement il faut créer les condi­
tions d'une opération de largage dans un milieu qui est difficile, qui est
hostile par rapport à des avions lents. C'est donc une opération que nous
avons proposé de monter à nos alliés pour réaliser toutes les conditions
de l'engagement de ce largage humanitaire.
France-Infa, le 20/04/1999
54 BOMBES ET BOBARDS

Effort de guerre humanitaire: Ne décourageons pas le pays


Selon les autorités albanaises, une part importante de l'aide humanitaire
internationale serait détournée par les maffias pour être revendue par les
réseaux d'économie parallèle mais à cette heure, il faut le souligner, nous
n'en avons pas de preuve concrète.
TF1, le 20/04/1999

L'argument massue
Pour convaincre ses partenaires, la France ne dispose que d'un seul
argument : on n'a pas le droit de ne pas tout tenter pour aider les réfugiés
du Kosovo.
France-Info, le 20/04/1999

Exceptionfrançaise
En France l'armée reparle de parachuter de l'aide humanitaire aux Al­
banais du Kosovo. Alain Richard, le ministre de la Défense, visitera de­
main les installations près de Toulouse de l'unité chargée des opérations
de largage.
France-Info, le 20/05/1999
Aucune opération de ce type ne sera réalisée pendant la guerre.

DROIT D 'INGÉRENCE : UNE MODE FIN DE SIÈCLE


Après le droit d'ingérence militaro-humanitaire, Le Monde du 25/05/1999
nous promet d'autres réjouissances, le droit d'ingérence économique.
Un exemple pour bien comprendre
Détenant près du quart de la dette des États-Unis, les Japonais s'inter­
rogent légitimement sur la solvabilité de leur client. Dans le même
temps, il est naturel que Washington s'inquiète de son banquier et pro­
digue quelques conseils à Tokyo pour qu'il remette sur pied, au plus vite,
son système bancaire.
Sauf à reconstruire les barrières protectionnistes, à remettre en cause les
fondements mêmes de l'économie de marché, cette surveillance récipro­
que et permanente des politiques économiques, avec son lot de com­
mentaires blessants et de recommandations offensantes, ne fera que se
renforcer[ . . . ] En matière économique aussi, le débat sur le droit d'in­
gérence est lancé.
Le Monde, le 25/05/1999

Un déluge de bienfaits
Ce qui à mis six mois à être récolté pour l'Afrique, demandera quelques
semaines pour le Kosovo.
GUERRE ET FUREUR HUMANITAIRE 55

Le mouvement de réfugiés est monté très vite avec les premières images
des réfugiés.
Plus de 200000 français ont tenté de joindre depuis jeudi soir le numéro
vert du standard «Accueil des réfugiés » communiqué par Lionel Jospin
lors de son intervention télévisée.
Libération, le 10/04/1999

L'organisation (la Croix- rouge.française) a reçu 9 000 chèques mercredi


8 avril, et 18 000 jeudi - « du jamais vu sans mailing» -, la moyenne
des dons s'élevant à 435 F.
Le Monde , le 10/04/1999

La s ubmersion
Sur France-Inter, unejournaliste s'inquiète:
comment faire face à une marée de dons ? [ . . . ] On est dépassé par une
fièvre de générosité comme nous n'en n'avons jamais vu précédemment
aJtï, rme le maire de la petite commune de Vauvenargues dans la même émis­
si on.
France-Inter, le 13/04/1999

Fume pas, c'est du kosovar


« Arrêtez de fumer et sauvez deux vies : la vôtre et celle d'un enfant
kosovar» : cette opération, relayée par le Comité contre les maladies res­
piratoires, vise à encourager les fumeurs décidés à abandonner le tabac à
verser l'argent ainsi économisé aux jeunes réfugiés du Kosovo.
Laurence FRITSCH, France-Soir, le 16/04/1999

Témoign age du responsable de la cellule d'urgencefrançaise


installée à Tir ana
C'est assez grave, on charge un camion et on y va . . . Ce n'est pas ce
qu'il faut faire. Ne partez pas comme ça, n'importe où, n'importe
comment, il y a des législations, il y a des problèmes aux douanes. On
ne peut pas accepter tout et
n'importe quoi. J'ai encore reçu des camions avec des médicaments
périmés . . . Non, non, non ! Il faut arrêter, ce n'est plus de la généro­
sité, ce n'est plus de la solidarité, c'est de la connerie !
France-Infa, le 24/04/1999

Mobilisation danoise
La population est bien consciente des enjeux:
Le plus émouvant fut certainement le mouvement de toute une popula­
tion lors d'une soirée dans un cirque de Copenhague [ . . . ] les Danois, à
56 BOMBES ET BOBARDS

nouveau, ont montré qu'ils étaient prêts à soulager la misère du monde


comme il l'avaient fait il y a 56 ans quand toute une population à héber­
gé, caché, facilité la fuite vers la Suède, des milliers de juifs danois qui
devaient être déportés vers les camps de concentrations nazis.
Le correspondant de BFM, le 20/04/1999

LES BONNES AFFAIRES

Télé, charité et s upermarchés


Pour cette opération (collecte de dons), beaucoup de chaînes de magasins
ont donné leur accord. Et l'élan du cœur cette après-midi dans les su­
permarchés d'Alès dans le Gard était le même, toute la journée, les dons
ont été réguliers. [ .. . ]Déjà quinze départements avec quatre-vingt
points de collectes, l'opération monte en puissance progressivement.
[ . . . ] Et mercredi, tous les guichets de la poste entreront en action pour
recueillir tour à tour riz, pâtes ou sardines. Ce sera la plus vaste opération
organisée par la poste pour une opération humanitaire.
TF1, le 03/04/1999

Quelquesjours plus tard, mêm e genre de reportage, une équipe de TF1 tourne
aux abords d'un supermarché, m ais cettefais- ci, pour ne pasfaire dejaloux, dans
le nord, près de Douai. Tém oignage d'un bénévole:
La plupart des gens qui viennent sont très émus par ce qu'ils voient à la
télévision et par ce qu'ils lisent dans les journaux, il faut le dire, ce qui
est un fait.
TF1, le 08/04/1999

Bonnes affaires politiques égalem ent. Exemple, ce dirigeant politique français


voyageant en toute discrétion mais surpris à l'aérop ort de Tirana en Albanie:
Je ne souhaitais pas médiatiser ce voyage.
Alain MADELIN, Canal +, le 1 1/04/1999

L 'INGRÉDIENT SHOW-BIZ

Michael Jackson consacr�ra tous les bénéfices de son dernier album aux
réfugiés du Kosovo.
France-Inter, le 13/04/1999
GUERRE ET FUREUR HUMANITAIRE 57

Le 5 mai, Le Figaro informe ses lecteurs q_ u'une soirée enfa veur des réjùgiés du
Kosovo aura lieu le soir même à /'Olympi a. La particularité de ce spectacle est
qu'il sera entièrement animé par des magiciens.
Ce sera une première dans l'histoire de la magie et du music- hall.
Organisateur de la soirée, Gérard MAJAX se plaint d'être ignoré lors des grands
galas de charité animés par le gratin du show-biz :
Les comédiens et les chanteurs n'ont pas le monopole du cœur[ . .. ] On
ne m'a jamais téléphoné pour participer à des soirées au profit des Restos
du cœur ou de la lutte contre le sida, et pourtant j'aurais répondu présent
sans hésiter.
Le Figaro, le 05/05/1999
Le malheur suscite tant de vo cations...

Mieux que la Croisette, la « Sko pjemania»


La capitale de la Macédoine, gisement médiatique juteux, est devenu le
passage obligé des vedettes du Show-biz et des politiciens [ .. . ] Richard
Gere est passé récemment. Roger Moore aussi. On annonce la venue de
Vanessa Redgrave [ . .. ] Bianca ]agger a suivi à la lettre un programme
particulièrement chargé : Pique-nique avec les enfants du camp de Se­
nokos, distribution de pains qu'elle aurait, assure t-on, elle-même con­
tribué à fabriquer avant de servir le lendemain la soupe aux haricots[ . . . ]
Les vedettes se disputent la salle de conférence comme après une
projection. L'autre jour, Bianca ]agger parlait à 17 heures et Roger
Moore à 18 heures. Les ministres et les hommes politiques des dix-neuf
pays de l'OTAN sont encore plus assidus à la visite des camps. Certains
ne font qu'exercer un contrôle légitime sur les moyens mis en place. [ . . .]
D'autres, comme ce ministre touché peut-être par le brûlant soleil alba­
nais, font de la «verroterie humanitaire»: obtenir par exemple des socié­
tés françaises l'installation d'écrans géants dans un stade pour .. . distraire
les petits réfugiés avec des dessins animés.
François LUZET, Le Figaro, le 22/05/1999
VI
LES FEUILLETONS DE LA DÉSINFORMATION

TROIS SCOUTS PRISONNIERS


La radio mène l'enquête
Premières pistes
Ils étaient en mission de reconnaissance à Kumanovo à 10 km de la fron­
tière.
France-In.fa, le 1/04/1999

Ils patrouillaient dans leur jeep sur une route proche de la frontière de
leur propre initiative [ . . . ] Un responsable militaire émet l'hyp othèse
qu'ils se soient perdus au delà de la frontière yougoslave sans s'en rendre
compte, ça n'est pas confirmé, l'hypothèse d'une incursion est également
possible.
RTL, le 1/04/1999

Deuxième hypothèse
Ils faisaient partie d'une force de maintien de la paix, il est probable que
ces trois militaires aient approché dangereusement cette frontière, ils
n'étaient pas à 5 km mais à quelques mètres à peine.
Nicolas CHARBONNAU, Europe 1, le 1/04/1999

La troisième est-elle la bonne ?


- Bernard Cadier, revenons à cette capture. En fonction de vos infor­
mations, de quel côté de la frontière se trouvaient-ils, ces trois soldats ?
- J'entends dire ici qu'ils ont été capturés de la Macédoine mais il faut
être très clair, Pierre-Louis, la frontière est extrêmement floue, très
floue, d'abord au plan physique[ . . . ] enfin pas claire au niveau ethnique
[ . . . ] Capturés par les paysans ? On ne saura jamais.
Europe 1, le 1/04/1999

C2!-iand aux autorités de Macédoine elles indiquent qu'à l'endroit de leur


capture, la frontière est tellement floue qu'il est impossible de dire si l'in­
cident à eut lieu en territoire yougoslave ou macédonien.
France-Inter, le 1/04/1999
LES FEUILLETONS DE LA DÉSINFORMATION 59

Faisaient- ils leur B. A. ?


En plus on dit qu'ils n'étaient pas combattants, ils étaient éclaireurs,
scouts du maintien de la paix et donc, légalement, ils ne sont pas prison­
niers de guerre même s'ils le sont de facto.
Philippe RAILTIEN, correspondant de France-Inter
à Washington le 1/04/1999

Nouveau: L 'OTAN à cheval sur les principes


Le Pentagone et la Maison blanche disent qu'ils doivent être libérés
parce qu'ils n'ont pas été capturés en Yougoslavie, ce ne sont pas des pri­
sonniers de guerre et leur détention est illégale.
Europe 1, le 1/04/1999

Ils seront traduits dès aujourd'hui devant une cour militaire au Kosovo.
Une violation des lois internationales (pas du tout le genre de l'OTAN) ré­
gissant le traitement des prisonniers de guerre qui a déclenché la colère
de Bill Clinton.
Didier FRANÇOIS, Libération, le 2/04/1999

Les soldats de l'OTAN dans l'ex-république fédérale de Macédoine sont


là dans un contexte de maintien de la paix. Ils ne présentent aucune me­
nace pour la Yougoslavie. Ensuite s'il s'avère que ces trois individus sont
effectivement entre les mains des autorités yougoslaves, nous insisterons
pour qu'ils soient traités humainement et en plein accord avec les con­
ventions internationales de comportement civilisé.
Jamie SttEA, RTL, le 1/04/1999

Une capture utile à la pr opagande U.S.


On a enfin une personnalisation du conflit, si je puis dire, cette guerre
existe, elle est incarnée.
Jérôme GODEFROY, correspondant de RTL à Washington,
le 1/04/1999

Lafaute à Clinton le couard


Le président a désormais sous les yeux le cauchemar qu'il cherchait à évi­
ter en refusant l'envoi de troupes de combat au Kosovo : l'image de pri­
sonniers américains meurtris et blessés.
Jean-Jacques MÉVEL, Le Figaro, le 2/04/1999

Premiers rôles
Milosevié va mener une guerre d'usure dans laquelle sans doute ces trois
militaires auront une large place.
Luc LEMONIER, France-Inter, le 1/04/1999
60 BOMBES ET BOBARDS

LE PRISONNIER SERBE DE LA COALITION DU BIEN


Le dimanche 18 avril, soit dix- sep t jours après la capture et la détention
« illégale» des « trois scouts du maintien de la paix», France-Info annonce:
La capture d'un lieutenant serbe par l'UCK qui a été remis entre les
mains des forces américaines de l'OTAN.

Contrairement aux Serbes, lesfarces du Bien réservent un traitement impitoya­


blement respectueux des « conventions» à leur prisonnier. Sans doute pour essayer
defaire oub lier qu'ils sont des hors la loi au regard de tous les traités internatio­
naux.

Un premier bon point


Transféré dans une base arrière, lajournaliste nous rappelle d'abord qu'éva­
cuer une personne du champ de bataille, c'est la première règle de la con­
vention de Genève concernant les prisonniers de guerre.

Suit une déclaration deJamie SHEA qui le cœur sur la main affirme:
le prisonnier est nettement mieux où il est maintenant que là ou il était
depuis quelques jours. Il va pouvoir recevoir des visites médicales, il va
pouvoir envoyer et avoir du courrier et pratiquer sa religion, bien sûr.
Nous n'allons pas nous en servir, ça va de soi, à des fins de propagande,
loin de là.

Pour que l'on comprenne bien que cette capture est nette, propre et sans bavure,
Dorothée LÉPINE insiste sur lesfaits suivants:
Deux délégués du CICR ont pu rencontrer le lieutenant serbe, une ren­
contre importante pour Nick Summer, porte parole du CICR car cette
visite s'est effectuée conformément aux règles internationales. [ . . .] Pour
s'assurer que le prisonnier ne subit aucune violence, qu'elle soit physique
ou psychologique, le CICR, toujours selon les règles de Genève a main­
tenant le droit de visiter le prisonnier aussi souvent qu'il le souhaitera.
France-Infa, le 18/04/1999

LIBÉRATION DES TROIS SCOUTS


Encore une ign ominieuse manœuvr e miloieviéenne ?
On reste ici très circonspect à l'égard des signaux qui peuvent être soit
une ouverture, soit une manœuvre de diversion voir même un strata­
gème cynique comme le déclarait tout à l'heure à la télévision le sénateur
américain John Mac Cain.
Anne TOULOUSE, correspondante de RFI
à Washington, le 03/05/1999
LES FEUILLETONS DE LA DÉSINFORMATION 61

RUGOVA-CI, RUGOVA-LÀ
Le 27 mars, tous les médias annoncent la Décapitation de l'élite intellec­
tuelle albanaise.Jamie Shea affirmant même que les avocats, les syndicalis­
tes, les chefs politiques sont exécutés. Ibrahim Rugova, le leader pacifiste
de la cause indépendantiste albanaise est soi-disant enfuite, sa maison enfe u
e t ses principaux collaborateurs, morts.

Résur rection
Mais quatrejours après l'annonce de sa disparition, le président Rugova, chef
de la résistance pacifique albanaise {élu clandestinement par son peuple en
1 994), apparaît sain et sauf sur les écrans de télévisons du monde entier. In­
terviouvé chez lui par plusieursjournalistes (dont le correspondant de /'AFP à
Priftina), s'exprimant en.français, « le Gandhi albanais» affirme ne pas avoir
quitté sonfoyer depuis le début des bombardements, dément l'assassinat de Fe­
hmi Agani (un de ses bras droit lui aussi donné pour mort), et révèle avoir ac­
cepté la protection de la police serbe. Comble de la stupeur, le lendemain, à
Belgrade, il signe devant les caméras de la télévisionyougoslave, une déclara­
tion commune avec Slobodan Milofevié dans laquelle chacun demande l'arrêt
des bombardements et la réouverture des négociations.
D'un coup, ce sont au moins cinq én ormes bobards qui explosent en plein vol:
L'élite intellectuelle a retrouvé une partie de sa tête, Ibrahim Rugova n'a pas
pris la poudre d'escampette, son toit n'est pas réduit en cendres, Fehmi Agani
est ressuscité et il y a des survivants de l'information au Kosovo.
Loin de tempérer les ardeurs desjournalistes-pédagogues, !événement confirmera
leur mise sous peifùsion, leur maladive dépendance à la propagande de l'OTAN.

Une batterie de contre-feux


Alors que la nouvelle de la disparition du leader albanais n'avait pas particu­
lièrement éveillé la meftance des rédactions, sa réapparition suscite le soupçon,
il faut rester extrêmement prudent (RTL, le 31/03/1999) est le premier
mot d'ordre. Subitement, l'emploi du conditionnel est dans toutes les bouches,
ce qui était qualifié d'informations validées par l'OTAN la veille ne sont
plus que d'inquiétantes rumeurs surgies on ne sait d'où.
Enfin une bonne nouvelle, la réapparition à Pristina d'lbrahim Rugova,
[ . . . ] dont on avait dit (Le « on» en question est admirable de pudeur) qu'il
était en fuite, s'accompagnait malheureusement de déclarations de ce
dernier demandant à l'OTAN l'arrêt des bombardements.
Le Monde, le 02/04/1 999

En même temps, on s'ingénie à ignorer lesjournalistes présents sur place, ceux­


là même qui sont à l'origine de l'information. Mieux, c'est même parfoisgrâ ce
aux sources kosovares ou américaines (France-Inter, le 31/03/1999) que
62 BOMBES ET BOBARDS

l'on apprend que Fehmi Agani serait sain et sauf On signale bien qu'il y avait
quelques journalistes auprès de Rugova à Priftina, mais de nationalité grec­
que, russe ou ukrainienne, on laisse entendre qu'ils ne sontpasfiables. La pré­
sence du correspondant de !'AFP n'est pratiquement pas signalée, celle du
reporter du Los Angeles Times, négligemment passée sous silence.
Si nos journalistes se dispensent d'auto-critiques après avoir complaisamment
et copieusement propagé des rafales de mensonges, en revanche ils sont assez
tartuffes pour se donner le droit de traquer les non-dits de lapropagande serbe:
Le leader modéré des Kosovars a pu s'entretenir avec des journalistes in­
ternationaux. Il est pourtant une image que la télévision serbe n'a pas dif­
fusée, celle où Ibrahim Rugova évoque la possibilité de voyager.
France 3 le 05/04/1999

Has-been
La ligne politique d1brahim Rugova ressemble à celle autrefois prônée par la
love-génération. Celui qui a toujours déclaré préférer dix ans de négocia­
tions à dix minutes de bombardements dans l'i ndifférence générale, aurait
certainement eut le soutien desfoules qui se mobilisaient pour Martin Luther
King ou la paix au Viêt-Nam il y a trente ans. Bill Clinton ou Tony Blair
auraient certainement signé pétitions sur pétitions en safaveur à l'époque de
leur jeunesse vaguement soixante-huitarde. Mais les temps ont changé et l'on
comprend bien, en écoutant le journal de France-Inter, que l'apôtre de la
non-violence comme on le présente soudainement partout, s'est gouré
d'époque:
Vous vous demandez s'il n'est pas tombé sur la tête ce Rugova là, s'il n'est
pas en train de se faire manipuler par Milosevié ? La vérité c'est que de­
puis toujours, Ibrahim Rugova est un idéaliste, un humaniste pétri de pa­
cifisme, une sorte de Gandhi albanais.
Le 1/04/1999, jour de sa réapparition au côté de Slobodan Milosevié

Rencontre télévisée de Milosevié et Rugova: accusations de bidonnage bidons


En quelques heures, celui qui était «le leader albanais» n'est plus qu'une ma­
rio� nette sous influence, un type que l'onfait chanter, ou que l'on manipule à
moins
que nous assistions à des images d'archives d'une précédente rencontre
entre Milosevié et Rugova, ce n'est pas impossible, c'est une hypothèse.
Le correspondant de RTL au siège de l'OTAN, le 1/01/1999

Il se peut que les images diffusées par les Serbes aient été manipulées en
employant un logiciel de retouche Photoshop. Mais cela semble difficile.
Ouf! Mais un peu loin il s'avère que
LES FEUILLETONS DE LA DÉSINFORMATION 63

d'autres soupçons pèsent sur l'authenticité des reportages de bombarde­


ments diffusés par la télévision yougoslave.
Nicole VuLSER, Le Monde, le 06/04/1999

Certitude
Il faudra quelques jours avant de comprendre qu'une partie du reportage
daterait de plusieurs années.
Alain LoUYOT, L'Ex press, dans un article titré :
« La guerre à l'intox», le 08/04/1999
Rugova retrouvera un peu de son crédit auxyeux des occidentaux quand, quel­
ques semaines plus tard, autorisé a quitter le territoire y ougoslave par Mi­
lofevié, il avouera avoirfa it l'objet de pressions et reconnaîtra qu'il n'y a pas
d'autres solutions que les bombardements. Cependant il continuera d'être
considéré un peu comme un peu partout comme collabo par les pro-U. C.K du
Monde, par exemple:
Après le début des frappes, les appels d'Ibrahim Rugova en faveur de
«l'arrêt des bombardements»[ .. .] ont un peu plus semé le trouble dans
la communauté albanaise [ ...] Le «président» kosovar est alors accusé
par l'UCK de «collaboration» avec les Serbes. Sa «libération» et celle de
sa famille accrédite la thèse d'une certaine clémence dont ferait preuve à
son égard le régime de Belgrade.
Le Monde, le 07/05/1999

Ibrahim Rugova s'est montré pour le moins docile, conciliant et peu contra­
riant, aussi bien avec Milofevié qu'avec les responsables de l'OTAN
Décrédibilisé, il sera le grand absent de l'accord du G8 qui permettra d'ouvrir
directement les négociations à Kumanovo avec les représentants du pouvoir
yougoslave alors que L'UCK s'app rête àfa ire régner sa loi.
Ibrahim Rugova était-il réellement menacé de mort et par qui lorsqu'il déclara
avoir accepté la protection de la police serbe lejour de sa réapparition télévis ée
à Pristina ?
A défaut d'êtreflingué physiquement, Rugova sera le premier mort politique
de la guerre.

LE «MYSTÈRE » DU CAMP DE BLACE,


UN BEAU RÉSEAU DE FAUSSES NOUVELLES
Le 7 avril, aux informations de 13 heures d'Europe 1, à l'énoncé des titres, on
apprend que les autorités macédoniennes ont évacué en une nuit le camps de ré­
fa giés de Blace, près de lafrontière du Kos ovo, mais pire,
Le HCR n'a aucune information sur la disparition de 40000 réfugiés qui
hier étaient entassés dans la cuvette.
64 BOMBES ET BOBARDS

C'est le début d'unfeuilleton à épisodes dans lequel les « précautions» des rédac­
tions, alimenteront lefoyer des rumeurs les plus noires, alors que déjà
le secrétaire général des Nations-Unies accuse les Serbes de commettre
un génocide au Kosovo.
Or, quelques minutes plus tard, le correspondant de la station en Macédoine (sû­
rement un dangereux révisionniste), indique que d'après le HCR, ce ne sont plus
quarante mais
dix mille réfugiés qui ont plus ou moins disparu .. .

Le soir venu, l'explicationfinale et définitive semble proche


Le HCR pense que les réfugiés, dont on était sans nouvelles, ont été pro­
bablement envoyés en Albanie.
Europe 1 , journal de 22 heures 30

Deuxième épisode
Le lendemain matin, l'inquiétude du HCR demeure, mais sur France-lnfo. . .
Entre sept et huit mille réfugiés se trouveraient maintenant en Albanie,
25 000 ont été transportés dans des villages de tentes installés par
l'OTAN en Macédoine. En revanche, le HCR ne parvient toujours pas
à déterminer ce que sont devenus plusieurs dizaines de milliers de koso­
vars qui se trouvaient aussi dans les camps.
Journal du matin, le 08/04/1999

Des chiffres qui varient quelque peu avec ceux de RTL:


Les autorités macédoniennes ignorent ce que sont devenus 10000 per­
sonnes qui étaient dans le sinistre camp de Blace.

Troisième épisode
Le 9 avril, les rumeurs sont encore plus sombres. Elles proviennent encore et tou­
jours du HCR. . .
Depuis la fermeture des frontières yougoslaves aux principaux postes
frontières avec la Macédoine, le sort de dizaines de milliers de réfugiés
kosovars reste un mystère. Le haut commissaire des nations unies pour
les réfugiés, Sadako Ogata, n'exclut pas qu'ils soient utilisés comme bou­
cliers humains.
France-Infa, le 09/04/1999

Dernier épisode
Le dén ouement a lieu le 10 avril. Dans sonflash de 1 7 heures JO, lejournaliste
annonce sobrement:
Qyand aux réfugiés de Blace dont on était sans nouvelle, le HCR a in­
diqué qu'ils avaient été transférés dans d'autres camps en Macédoine ou
en Albanie.
Europe 1, le 10/04/1999
LES FEUILLETONS DE LA DÉSINFORMATION 65

INSPECTEUR LA BAVURE MÈNE L'ENQUÊTE


Le 15 avril, la télévision serbe diffuse les images d'une soixantaine de corp s dé­
chiquetés par les bombes de l'aviation de l'OTAN C'est la première grosse
« bavure» de l'Alliance. D'autant plus compromettante que les victimes sont des
réfugiés albanais. De mêm� (JUe pour « le mystère des disparus de Blace» ou la cap­
ture des troisp iou-p ious, ilJaudra attendre plus d'une semaine avant que les res­
ponsables de ?'OTAN daignentfo urnir un semblant d'explication cohérente. Où,
devant de consternantsjournalistes amorphes ou complices {voir Le Monde Di­
plomatique d'aoû t 1999), l'ignominie le dispute à la mauvaisefa i.

C'est pas moi, c'est l'autre


L'OTAN n'a fait que bombarder un convoi de véhicules militaires mais
a tout de même ouvert une enquête [ . . . ] Washington et le Pentagone
considèrent possible que les troupes serbes s'en soient pris aux réfugiés
en représailles dès l'attaque de l'OTAN
France-Infa, le 15/04/1999

L'OTAN reconnaît avoir bombardé des véhicules qui auraient pu être


civils mais le lieu n'est pas le même, l'heure non plus (15 h 30 au lieu de
13 h 30) et puis des photos aériennes permettent de distinguer sans er­
reur possible un convoi militaire d'une colonne de réfugiés. Les pilotes
ont pour instruction d'éviter par tous les moyens les victimes civiles car
l'OTAN ne veut pas perdre le soutien de l'opinion publique.
Dominique THIERRY, correspondant à Bruxelles de RFI, le 15/04/1999

Dans l'après-midi de ce même 15 avril, les services de communication de l'Al­


liance remettent auxjournalistes « le témoignage» d'un individu censé être le pi­
lote responsable de la bavure.

Un bon s oldat
Il a lâché sa bombe de bonne foi, comme on peut l'attendre de la part
d'un bon pilote appartenant à un pays démocratique membre de
l'OTAN.
Jamie SHEA sur France 2, le 15/04/1999

«La g uerre pr opre»jetée aux ordures


Ce ne sera pas une guerre facile, ce ne sera pas une guerre propre, ont
prévenu les américains.
La correspondante de TF1 à Washington, le 15/04/1999

L'effet de surp rise tombe à l'eau


Une erreur annoncée.
Jacques AMALRJC, titre de son éditorial, Libération, le 16/04/1999
66 BOMBES ET BOBARDS

La Bavure minimise
Le chiffre avancé par les Serbes, 64 victimes, parait peu crédible. Le
porte parole de l'Alliance a exprimé les regrets de l'OTAN sans vouloir
remettre en cause les frappes aériennes
Dominique THIERRY, pour France-Infa, le 16/04/1999

Un argument de plus pour la guerre totale


Il est trop tôt pour savoir comment les opinions réagiront au drame de
mercredi, et à qui elles attribueront la responsabilité originelle. Elles es­
péreront une issue d'autant plus rapide de la crise ; le souhait d'une in­
tervention terrestre pourrait en être renforcé.
Michel SCHIFRES, Le Figaro, le 16/04/1999

Liquidation des stocks


Dans le fossé on trouve des restes cylindriques d'une bombe. A l'in­
térieur est inscrit: «For use on MK82 [ . . . ] Date MFG 3/78 », MFG
est sans doute l'abréviation de «Manufacturing». La bombe, améri­
caine ou anglaise à donc été fabriquée en mars 78.
Renaud GIRARD, correspondant du Figaro, le 16/04/1999

Les corps démembrés des victimes de Méha vont sans doute relancer le
débat sur un engagement militaire au sol.
Jacques AMALRIC, Libération, le 1 6/04/1999

Une bavure peut en cacher une autre


Qye s'est-il passé pour le premier convoi que l'OTAN nie avoir attaqué ?
[ . . . ] Il est établi que les avions serbes ont survolé la zone à ce moment
là. Des vols très brefs et à très basse altitude qui n'ont pas permis aux
AWACS d'envoyer la chasse alliée à leur rencontre. Ce qui fait dire à
un diplomate: « Nous avons la forte impression que cette seconde frappe
est un coup monté des Serbes ».
France-Soir, le 16/04/1999

Il n'y a que l'incident de Djakovica-nord où nous avons les indices


d'avoir détruit un véhicule civil [ . . . ] C'est le genre d'incident qui peut
arriver à tout le monde. C'est un accident humain tout à fait compris
dans les règles d'engagement.
Jamie SHEA entendu sur France-Inter, le 19/04/1999
LES FEUILLETONS DE LA DÉSINFORMATION 67

Le 20 avril, on ap prend qu e le témoignage du pilote transmis à la presse n'est pas


le bon. Le conditi onnel déontologiqu e est éviclemment de rigueur
Le témoignage du pilote pourrait ne pas être celui du pilote qui est di­
rectement impliqué dans l'affaire.
Déclaration de Jamie SH E A , RFI

Authentique
Il n'est pas sûr que cet incident soi dû, en partie ou en totalité, a une at­
taque aérienne de l'OTAN. Plusieurs indices, impossibles à vérifier
compte tenu de l'absence d'observateurs spécialisés sur le terrain, plu­
sieurs indices donc, donnent à penser que les Serbes se sont livrés là à
une macabre reconstitution.
- Est-ce que l'OTAN reconnaît que ce n'était pas la bande-son du pi­
lote américain, que c'était une manipulation en quelque sorte?
- Non, l'OTAN dit: C'est une bande son d'un pilote authentique, qui
a effectué un raid authentique sur une cible authentiquement militaire
et il y a peut-être eu la possibilité de dégâts collatéraux involontaires.
France-Infa, le 20/04/1999
Du grand art!

Dans l'arrière-cuisine de l'OTAN


Pour les bavures nous avions une tactique assez efficace. Le plus sou­
vent, nous connaissions les causes et les conséquences exactes de ces
erreurs. Mais pour anesthésier les opinions, nous disions que nous
menions une enquête, que les hypothèses étaient multiples. Nous ne
révélions la vérité que quinze jours plus tard, quand elle n'intéressait
plus personne. L'opinion, ça se travaille comme le reste.
Propos d'un général de l'OTAN au Nouvel Observateur, le 1/07/1999
VII
LES BOMBES DÉONTOLOGIQUES

La Coalition du Bien mène aussi un combat sans merci pour la liberté et la plu­
ralité de l'information.
Si le président Milosevié accordait six heures d'antenne parjour à des médias
occidentaux sans censure, alors sa télévision pourrait devenir acceptable.
David WrLBY, Le Figaro, le 09/04/1999

Seule la télévision serbe ment


France 2 a suivi la façon dont les journalistes ont rendu compte,
aujourd'hui, des informations concernant le conflit en Yougoslavie. A
l'évidence, Slobodan Milosevié sait manier mieux que personne cet outil
de communication.
Après cette co�rte inf:�d��tion sui! un rep�rtage de Valérte Fournie� q� i, �ppa­
remment, préfère pnvtlegier les diapos de l OTAN aux vidéos de Mtlosevic:
La télévision serbe affirme que le retour des réfugiés albanais au Kosovo
a lieu comme prévu. Les téléspectateurs serbes n'auront jamais la preuve
par l'image de ces allégations. Seules des diapositives illustrent ce qui se
passe près de la frontière.
France 2, le 03/04/1999

La mission Commando-solo
Un avion propagande de /'US Air Force diffuse des nouvelles du monde libre aux
Serbes. Présentation:
L'avion Hercules C-130 est spécialement équipé pour émettre sur les
fréquences de télévision ou de radio [ . . . ] dans la langue du pays visé [ . . . ]
Les émissions radios se font en FM ou en ondes courtes, elles peuvent
couvrir toute la Serbie. Une mission de Commando-solo a une durée
maximum de 21 heures avec des ravitaillements en vol. Grâce à ce sys­
tème, les alliés peuvent donner leur vision du conflit à la Serbie dont l'in­
formation est strictement contrôlée. C'est le développement de la guerre
de l'information. [ . . . ] Autre solution plus simple : faire sauter les émet­
teurs au sol de la télé serbe.
France-Infa, le 08/04/1999
LES BOMBES DÉONTOLOGIQUES 69

Autre solution ?justement, le mêmejour, sur RTL, un généralfrançais entre dans


les détails:
Le nombre de fausses nouvelles diffusées par la radio et la télévision
serbe est incalculable, ça n'arrête pas. Et donc on considère là, qu'il y a
un outil qui est extrêmement dangereux et qui contribue,à fausser la vi­
sion des choses, notamment de la part du peuple serbe. A partir de là,
nous n'avons pas à respecter ce système nous avons à le détruire. Et
nous avons entrepris de le détruire assez tôt. Nous continuons. Nous
cassons le réseau de la diffusion des fausses nouvelles.
Le général KELCHE sur RTL, le 08/04/1999

Tout a été dit sur la versatilité des opinions publiques, sur la supériorité
de la propagande yougoslave.
Jean-Jacques MÉVEL, correspondant du Figaro, le 16/04/1999

La télévision serbe dans la ligne de mire médiatico-politique


Je suis frappé de ce que la télévision serbe continue à diffuser sa propagande
et ses louanges à Milosevié. On nous explique que les frappes peuvent être
d'une énorme précision mais la propagande serbe continue à sévir.
Pierre LELLOUCHE dans l'émission de Karl ZÉRO,
sur Europe 1, le 20/04/1999

Ter rifiante cens ure serbe


Une centaine de petites télévisions locales sont nées ces dernières an­
nées, dans l'anarchie la plus totale. C'est avec elles que j'ai pu travailler.
Serge GORDEY, réalisateur de documentaires, Télérama, le 14/04/1999

Le 23, l'OTAN bombarde à Belgrade l 'un des sièges techniques de la RTS, la té­
lévision du régime, et réussit l'exploit d'interrompre les programmes de la nuit
pendant cinq heures d'ajfilée. Une impossibilité d'émettre pendant cinq heures
quifait déjà une dizaine de morts, soit une victime toutes les 30 minutes envi­
ron. Nest-ce pas un peu cher payer les points d'audimat ?
Dans leur ensemble, les responsablespolitiques et lesjournalistesfrançais, surtout
ceux de la télévision (d'habitude si aptes à s'émouvoir quand leurs confrères sont
malmenés) trouvent tout àfait normal que l'OTAN tue des journalistes ou des
techniciens . .. Il est vrai que ces victimes ne sont que serbes.

L'OTAN estime avoir atteint le cerveau du régime serbe[ . . . ] Les alliés


sont unanimes, la télévision serbe est une cible légitime, il faut bien re­
connaître qu'elle servait depuis le début du bras de fer et du conflit à dif­
fuser la propagande du pouvoir yougoslave. Il y a dix jours nous avions
70 BOMBES ET BOBARDS

pu filmer à l'intérieur des locaux qui plus qu'un outil était une arme pour
le pouvoir yougoslave.
France 3, le 23/04/1999

Il faut savoir que les bâtiments de la télévision serbe étaient un objectif


stratégique, tout comme l'était auparavant le siège du parti ou la rési­
dence de Slobodan Milosevié. Car, vous le savez, les autorités serbes
font très gros usage des émissions télévisées pour convaincre la popula­
tion des méfaits de l'Alliance qui émet 24 heures sur 24 et qui est un
formidable outil de propagande.
Claire CHAZAL, TF1, le 23/04/1999

Il s'agit d'une cible légitime, les médias serbes ayant tout fait pour attiser
le conflit au Kosovo.
Tony BLAJR cité par France-Info, le 23/04/1999

Une cible correspondant à la phase actuelle des opérations alliées.


Communiqué du Qyai d'Orsay, France-Info, le 23/04/1999

La télé, pire que la milice


Ce n'est pas un média pour nous, c'est une cible de guerre, car c'est un
instrument de guerre. Depuis 1991, cet organe de propagande a fait plus
de dégâts que les milices serbes. La RTS œuvre pour attiser les haines
ethniques. L'OTAN a en outre détruit deux centrales électriques. Les
frappes aériennes, ça marche même si il y a encore beaucoup à faire.
Jamie SHEA, RTL, le 23/04/1999

Un abominable centre de propagande


Toutes choses égales par ailleurs, on pourrait comparer cet immeuble
à celui de l'ancien immeuble de l'ORTF rue Cognacq-Jay. Il y avait à
l'intérieur de nombreux journalistes et des techniciens qui étaient
l'équipe de nuit. ces techniciens, que nous connaissions, qui étaient
toujours courtois avec les journalistes occidentaux, avaient diffusé
leurs images dans ce centre ville. Ils étaient toujours courtois, même
lorsque nous diffusions des propos extrêmement durs à l'égard du ré­
gime. Bref, des techniciens très professionnels dans leur métier.
Renaud GIRARD, correspondant à Belgrade pour France 3,
le 23/04/1999

Un bombardement pour la vérité aux vertus éminemment pédagogiques


L'OTAN ne veut pas seulement casser l'appareil répressif serbe, elle
veut aussi que le peuple yougoslave soit en mesure d'apprendre la vé-
LES BOMBES DÉONTOLOGIQUES 71

rité. Lorsque les Serbes auront appris la vérité sur le nettoyage ethnique
au Kosovo, ils reconnaîtront à quel point l'action de l'OTAN est juste.
Déclaration de Robin CooK, RTL, le 23/04/1999

En core un exemple d'infamie


Les autorités serbes ne manquent pas d'exploiter le spectacle souvent in­
soutenable des victimes civiles.
Le Monde, le 12/05/1999
Pas du tout le genre des médias de la coalition duBien s'agissant des refugiés albanais. . .

Enfin de compte, h eureusement que nos réseaux defausses no uvelles ne nous at­
tirentpas des bombardements déonto logiques.

TYRANNICIDE ET PROSPECTUS
Si l'objectif est de priver de liberté le seul ennemi de la liberté, l'opération
qui s'impose est le tyrannicide[ . . . ] Il faut bien sûr penser la théorie d'un
tyrannicide éclairé, qui doublerait l'élimination du dictateur par une in­
formation de son peuple. Le peuple serbe ignore la réalité des événe­
ments qui se déroule à l'extérieur de ses frontières depuis dix ans. Un
jour les avions de l'OTAN ne bombarderaient pas mais lanceraient
tracts et journaux sur le territoire serbe, ouvrant la conscience de tous
ses habitants. L'homme qui prendra l'arme du tyrannicide ne devra-t­
il pas être compris dans son pays?
Michel GUÉNAIRE, page «Horizons-Débats», Le Monde, le 08/05/1999

AUTRES MISSILES À GUIDAGE PÉDAGOGIQUE


Guerre auxpêchés capitaux
Rien n'est plus tabou, les bombes vont frapper là où cela fera de plus en
plus mal: l'orgueil.
Mémona lTERMAN, expliquant aux téléspectateurs pourquoi l'OTAN a
détruit une résidence de Milosevié. France 3, le 22/04/1999

Les bomb es s'atta9 uent également à des cibles sy mboliques et particulièrement,


nous dit-on, aux i ntérêts du clan Milofevié: Partispolitiques, villas, télévisions,
su1 ermarché dufiston, usines du cercle rapp roché, mais bizarrement pas le parc
d attraction Bambiland, prop riété de Miloseviéjunior, qui o uvrira ses portes
quelquesjo urs seulement après les accords depaix. Sur Europe 1, cette nouvelle
stratégie de l'OTAN est approuvéepar lejournaliste et son invité le sp écialiste
Jacques RUPNJK.
- Le journaliste : Lorsque les intérêts privés vacillent, si je puis dire, il
y a un château de cartes qui peut s'écrouler, l'OTAN l'a peut être com­
pris en frappant maintenant les intérêts familiaux de Milosevié.
72 BOMBES ET BOBARDS

- Jacques RUPNIK : Effectivement, vis à vis de l'opinion publique serbe,


c'est une façon de dire : «Ce n'est pas une guerre menée contre la Serbie,
la société ou l'opinion serbe, mais c'est une guerre contre un régime, con­
tre le système Milosevié. » C'était politiquement et symboliquement im­
portant.
Europe 1, le 24/04/1999
VIII
LES MÉDIAS IRRÉPROCHABLES

LES LEÇONS DE LA GUERRE DU GOLFE


APPRISES ET SUES PAR CŒUR
Exemplarité
Le travail des médias audio-visuels dans ce conflit a jusqu'à présent été
exemplaire. Les leçons de la guerre du Golfont été tirées [ . . . ] beaucoup
de prudence, de doute, de distance à l'égard des sources et de volonté
d'équilibre dans l'interprétation. Le comptage des réfugiés est précau­
tionneux, la mise en question des discours officiels, permanente, le croi­
sement des informations systématique.
Laurent JOFFRIN, Le Nouvel Observateur, le 1/04/1999

Vitesse de croisiè r e
Irréprochables de prudence, les envoyés spéciaux des télévisions navi­
guent chaque soir entre l'inconcevable et l'incompréhensible.
Daniel SCHNEIDERMANN, Le Monde-Télévision, le 11/04/1999

Autosatisfaction
Les médias jouent pleinement leur rôle humain. On a le sentiment de
surcroît que les grands médias audio-visuels eux-mêmes ont fait le bilan
de leurs erreurs durant la guerre du Golfe.
Roland CAYROL, directeur de l'institut de sondages CSA
sur RTL, le 13/04/1999

La qualité du travail réalisé par les médias de l'audiovisuel [ . . . ] montrent


un véritable souci de résister à tous ceux qui veulent tuer la vérité. Et de
quelle manière!
Marc LECARPENTIER, Télérama, le 14/04/1999

Les journaux télévisés et la guerre: Patrick Poivre d'Arvor (TF1 ) et


Claude Sérillon (France 2) parlent des erreurs du passé et du retour à la
sérénité et à la pédagogie. Dialogue.
Une de Le Monde-Télévision, le 18/04/1999
74 BOMBES ET BOBARDS

Il faut faire attention à ne pas privilégier uniquement l'aspect émotion­


nel, même s'il existe, même si on sait que c'est cela qui fera bouger les
opinions publiques.
Claude SÉRILLON, Le Monde- Télévision, le 18/04/1999

Sur tous lesfronts


Les journalistes ont appris à se méfier des informations données par les
militaires pendant les conflits, ils ont compris les leçons de la Guerre du
Golfe, en tout cas ils essaient. La presse applique la même méthode à
l'évolution de la courbe du chômage, un chiffre mensuel ne peut plus être
présenté comme un communiqué de victoire.
Gérard COURCHELLES, France-Inter, le 30/04/1999

Il y a eu un défaut d'information plus qu'une désinformation du côté de


l'OTAN.
Marcel BÉNICHOU, directeur de recherche à État, Société, Idéologie,
Défènse, répondant à une interviouve de France-Soir, le 2/04/1999

Enfin quelqu'un defranc


Maintenant que le soutien de l'opinion est acquis, on peut sans crainte
démentir ce qu'on affirmait voici dix jours . . .
Guldener SoNOMUT, journaliste à NTV, télévision turque, Télérama, le
14/04/1999

F LAGRANT DÉLIT DE PRÉCAUTION JOURNALISTIQYE


Information recoup ée:
Londres annonce, le Pentagone confirme.
France-Info le 26/03/1999

Variante
Trois soldats ont disparu à la frontière : Le Pentagone annonce, l'OTAN
confirme.
France-Info, le 1/04/1999

Jamie Shea affirme. . .


Je peux vous dire en toute confiance que les images de destruction de
Pristina ne résultent pas des attaques de l'OTAN mais visiblement d'une
autre cause.
Jamie SHEA sur TF1, le 08/04/1999

. . . les médias cer tifient:


La plupart des destructions dans la ville de Pristina ont été commises
volontairement par les Serbes, alors que la télévision de Belgrade, con-
LES MÉDIAS IRRÉPROCHABLES 75

trôlée par votre gouvernement, faisait état de bombardements par


l'OTAN. Horreur et duplicité, encore et toujours . . .
Patrice P!QUARD et Thomas HoFNUNG, L'Événement, le 15/04/1999

La {presque)fiabilité de l'information otanesque


Les responsables de l'OTAN informent chaque jour des opérations en
cours ce qui leur permet de démentir ce qui a été dit à Belgrade concer­
nant les avions abattus mais il est bien sûr impossible de vérifier.
Allez comprendre. ..
Claude SÉRILLON, France 2, le 30/03/1999

Tortueux
L'OTAN dément formellement avoir attaqué des cibles au Monténégro
et qualifie de provocations de l'armée yougoslave - contre des cibles
d'ailleurs de faible importance militaire - les explosions entendues à
Tivat et à Podgorica.
France-Info, le 07/04/1999

Un députéfait lafine bouche


L'OTAN est remarquablement mauvais en matière de communication,
il faut changer la donne, élargir les cibles, intensifier. Dans ce combat
médiatique qui nous est imposé par l'adversaire, essayons d'être aussi in­
telligent que lui.
Pierre LELLOUCHE sur RTL, le 1/04/1999

Confiance
On ne pourra véritablement estimer la portée et l'efficacité réelle de ces
attaques (de l'OTAN ) que lorsque des photos d'évaluations aériennes
nous seront présentées.
Europe 1 , le 07/04/1999

RTL OUVRE LE DÉBAT


Confrontation entre François HEJSBOURG (p our une intervention terrestre à plus
ou moins long terme) et Pierre LELLOUCHE (favorable à un déploiement au sol
mais pas immédiatement) :
- François HEISBOURG : C'est Milosevié qui a la main. Je suis tout à fait
certain que les bombardements auront des effets sur les moyens des mi­
litaires serbes [ . . . ) une présence sur le sol est nécessaire.
- Pierre LELLOUCHE : L'action de forces terrestres ne se pose pas
aujourd'hui, je n'ai pas dit qu'elle ne se posait pas. Une opération terres-
76 BOMBES ET BOBARDS

tre demande du temps, ça demande aussi une sécurisation que vont don­
ner les bombardements aériens.
RTL, le 1/04/1999

Conseil de lecture d'Arlette CHABOT pour a pprofondir ses connaissan ces:


Lire le livre de Jacques Rupnik et ce livre d'entretiens avec des membres
de l'UCK.
France 2, à l'issue de l'émission «Cartes sur table», le 21/04/1999
Deux ouvrages don t le moins que l'on puisse dire est qu'ils n e son t pasfavora bles
aux Serbes. Toujours cette volon té d'équilibre.

Précautionjournalistique
Le secrétaire général de l'ONU accuse les Serbes de commettre un gé­
nocide au Kosovo.
Europe 1, le 07/04/1999

Enfait, la déclaration exacte de Kofi ANNAN est beaucoup moins affirmative que
ce que les journalistes d'E urope 1 , pa r exemple, on t compris. In tervenant le
7 avril devan t la commission des Droits de l'h omme à Genève, le secréta ire gé­
n éral de l'ONU déclare que la session de ladite commission
la dernière du siècle, se tient dans un climat fortement assombri par le
crime de génocide.
Évoquan t directemen t le Kosovo, il ajoute
Bien que nous n'ayons pas d'observateurs indépendants sur le terrain,
certains signes donnent à penser que l'on est peut-être en train d'assister
à la même chose au Kosovo.
Voilà ce qui arrive quand on est trop pruden t, quand on use du conditionnel ou
des peut-être, avec ceux qui se targuen t d'être les man iaques de la précaution
déontologique: on se retrouve avec un e phrase trafig uée, amplifiée puis répercutée
sur toute la planète. Si lesjournalistes eux- mêmes (du moin s ceux qui saven t leurs
« leçon s du Golfe» sur le bout des doigts}fon t mauvaise in terp rétation du con di­
1�
tionnel ou de fa pruden ce_de Koft A7:n_an, comm_ e_n t les pauv_ res bougres citoyen_ s
que nous sommes pourrai en t- ils saisir les subttlttés syn taxi ques des preeteuses ri­
dicules de la désinformation ?
Voir : «Précision de l'ONU» article adressé au Figaro par Hassen
M. FoDHA, directeur du Centre d'information des Nations Unies à
Paris. Publié le 17/04/1999

Un ress us cité bien arran gean t


Pendant onze jours, j'ai été officiellement mort [ . . . ] Je me cachais sous
terre, je n'avais aucun contact, je n'avais pas de ligne téléphonique, j'étais
coupé du monde et donc j'étais effectivement mort. Le commandement
de l'OTAN avait raison de dire que j'ét:ûs mort quand il l'a dit le 26
mars.
LES MÉDIAS IRRÉPROCHABLES 77

- Vous avez été le témoin de ce qu'il s'est passé à Pristina avant les frap­
pes de l'OTAN et la ville a été en partie détruite avant que l'OTAN ne
frappe.
- En fait tout s'est passé avant les frappes de l'OTAN, le 21 mars déjà
les paramilitaires étaient arrivés en uniforme noir mais vert aussi. Ils
avaient tout détruit, nos imprimantes . .. ils avaient tué notre garde.
- O!ie pensez-vous des opérations ethniques qui sont menées au Mon­
ténégro et plus seulement au Kosovo ?
- Après cela il va faire la même chose en Macédoine, c'est pour cela
qu'il est très important d'envoyer des troupes au sol pour arrêter ce ré­
gime.
Le directeur du quotidien albanophone Koha Ditore
interviouvé par France 3, le 20/04/1999

QUAND LES JOURNALISTES COMMENTENT LES SONDAGES


La première enquête d'opinion paraît dans le Journal du Dimanche le 28 mars.
56 % des Français disent approuver les bombardements. Mais le lendemain, dans
Le Parisien, un autre sonâage établit qu'ils ne sont plus que 40 %. France-lnfo
commentera abondamment le premier mais pas le second. Un petit oublipédago­
gique peut-être ?

Inquiétude et pédagogie
Les inquiétudes et les interrogations qui traversent la majorité comme
l'opposition d'ailleurs, sont légitimes. Si le questionnement est logique
il peut même s'avérer utile en termes de pédagogie. Il peut contribuer à
faire passer des messages à l'opinion. Un sondage B.V.A réalisé pour
Paris-Match indique que 58 % des personnes interrogées, estiment que
la France a eu raison de participer aux frappes aériennes. Même si les
Français restent dubitatifs sur l'efficacité de l'intervention, Matignon
considère que le travail de communication effectué depuis le début de
la semaine, commence à payer.
France-lnfa, le 1/04/1999

La guerre du cœur
Les Français sont favorables à une intervention militaire à terme. Les
Français solidaires des réfugiés albanais.
RTL, titres du journal de 13 heure s, le 08/04/1999

Le 8 avril, jean-Pierre PERNAUD propose à ses téléspectateurs un sujet réalisé du


côté de Montpellier : un rapide sondage dans la rue où tous les «sondés» d'un
micro-trottoir se prononcent pour la guerre, voire pour une intervention terres­
tre.
TF1, le 08/04/1999
78 BOMBES ET BOBARDS

L'opinion plus difficile à manipuler ?


Durant la guerre du Golfe, l'opinion était une variable d'adaptation de
ce qu'il se passait dans le conflit, actuellement, dans les démocraties qui
sont les nôtres, avec des médias indépendants, des instituts de sondages
indépendants, le sondage est une variable parmi d'autres de la vie poli­
tique.
Stéphane ROZÈS , sur RTL, le , 08/04/1999

Sondag e et union nationale


Il y a un point qui est important d'ailleurs concernant l'évolution de
l'opinion en France. On a un sentiment qu'il y a une forme de réussite
malgré tout, de ce discours mis en avant à la fois par le premier ministre
et yar le président de la république sur l'union nationale qui est néces­
saire.
Europe 1 , émission « Dessine-moi l'Europe», le 10/04/1999

Une bonne récolte


Je crois que le travail qui a été fait par la société française pour réfléchir
au génocide à partir de celui de la deuxième guerre mondial porte ses
fruits. Ce sont les premiers fruits de l'exercice de mémoire.
Roland CAYROL, directeur de l'institut de sondages CSA,
RTL, le 13/04/1999

Lesfruits de la pédag ogie


Le président ljacques Chirac) poursuit sa campagne de mobilisation de
l'opinion. Pas comme un commandant en chef qu'il est et qni donne des
ordres, mais comme il sait mieux le faire, en parlant directement, sim­
plement, au gens dans leur propre langage. Cette campagne lente, gra­
duée, et à long terme, semble porter ses fruits si l'on se réfère aux son­
dages.
Patrice de BEER, Le Monde, le 18/04/1999

Une coquille dans le sondage


Hélas, une semaine plus tard, les Français paraissent beaucoup moins ardents au
combat.
Près d'un mois après le début de la guerre, les Français continuent d'ap­
prouver massivement les bombardements de l'OTAN contre la Serbie
[ . ..] Mais paradoxalement les Français souhaitent aussi que ces bom­
bardements s'arrêtent. 52 % des Français estiment que l'OTAN doit
stopper ses offensives et ouvrir immédiatement des négociations avec
Milosevié. Ils ne sont que 19 % à approuver la stratégie officielle de
l'OTAN [ . . . ] Autant dire que les Français bien que partisans de la fer­
meté s'interrogent et qu'ils doutent. La guerre s'annonce plus longue
que prévue, ce qui risque de semer le doute au sein des opinions publi-
LES MÉDIAS IRRÉPROCHABLES 79

ques occidentales, un facteur non négligeable pour les dirigeants des


pays engagés dans le conflit.
Catherine PoTET, journaliste à France-Info, le 20/04/1999

En dépit du scepticis me général, l'essentiel est de voir le bon côté des choses
En temps de guerre l'opinion se méfie des médias.
Jama is en temps norma l ?
Un récent sondage réalisé auprès des français révèlent que 51 % d'entre
eux pensent que les médias ne sont pas objectifs, 45 % estiment que les
médias ne donnent pas d'informations indépendantes et 48 % disent que
l'OTAN ne s'explique pas clairement [ . . . ] Le passif à remonter est ex­
trêmement long, mais en un mois l'évolution de l'opinion (enfaveur des
bombardements} est nette.
Ouf!
Gérard COURCHELLES, France-Inter, journal de 13 h, le 21/04/1999

Sondage espagnol
65 % des Espa gnols s'opposent à la guerre. Pour José ELVEZ, corresp ondant à
Madrid de la radio BFM, les Espagnols ont été conva incus pa r
les arguments politico-humanitaires des footballeurs yougoslaves jouant
dans le championnat espagnol.
BFM, le 27/03/1999

Propagande etpeau de chagrin


Il ne reste guère à la France d'autre arme que la propagande, laquelle
s'avère d'une grande efficacité, puisque les Français sont 73 % à approu­
ver les bombardements ! Ce qui traduit une certaine frustration après des
années passées à jouer les seconds couteaux sur la scène internationale.
Extrait d'un article du journal roumain Curentul, traduit par
le Courrier international dans son édition du 06/05/1999

PÉDAGOGIE À GOGO
Qua nd le Malfa it de lap ropagande, la coalition du Bien informe, prépare, mo­
bilise, communique, ellefa it œuvre de pédagogie. Nuance.

L'Amérique donne l'exemple


Le président Clinton est toujours sûr de lui et il est au meilleur de ses
efforts pédagogiques en direction du peuple américain et de la commu­
nauté internationale [ . . . ] il y a deux jours dans un souci de pédagogie
face aux américains Bill Clinton a dit: « On aurait dû écouter Churchill
plus tôt. » Est-ce que c'est ce genre de pédagogie qu'on devrait attendre
des hommes politiques français ?
Patrick BOYER interviouvant BHL, France-lnfa, le 26/03/1999
80 BOMBES ET BOBARDS

Extrait du message archi-pédagogig_ ue de Bill Clinton diffusé en Serbie par


l'avion-p ropagande de Radio Free Europe
Par ses actes, votre président a diminué le rang de votre pays dans le
monde, il vous a exposés à la violence, à l'instabilité et vous a isolés du
reste de l'Europe.J'appelle tous les Serbes et les gens de bonne volonté
à nous rejoindre et à chercher une solution à ce conflit inutile et évita­
ble. Travaillons à restaurer la place juste de la Serbie, une grande na­
tion d'Europe incluse et pas isolée du mondé, respectée par toutes les
nations pour avoir la force de construire la paix.
France-Inter, le 26/03/1999

En trois jours, Bill Clinton est apparu pas moins de quatre fois à la té­
lévision [ ...] on ne compte pl_!Js aussi les conférences de presse au Pen­
tagone et au département d'Etat. Une information indispensable. Car
si le Congrès appuie le Président [... ] le soutien ( de l'opinion publique)
est plus fragile que prévu.
Marc CHALAMET, Le Parisien-Aujourd'hui, le 27/03/1999

Une excellente pédagogie de la démocratie se met en place : Chirac et


Jospin n'auront pas trop du soutien de l'opinion pour la poursuivre.
Paul GUILBERT, Le Figaro, le 27/03/1999

Sur France 2 le 29/03/1999, immédiatement après l'intervention radiotélévisée


deJacques Chirac, Claude Sérillon nous apprend q ue le président, refusant toute
solennité, a choisi d'être le plus convivial possible. Même la modestie du décor at­
teste cette volonté éminemment «pédagogique ». Pour David Servonnet de
RFI, cette première intervention du Chi est carrément une « leçon politique».
Sur la forme, Jacques Chirac a bien insisté sur les vertus pédagogiques
de son intervention en achevant sur cette phrase sans ambiguïté : « La si­
tuation est complexe, elle évolue chaque jour. Si vous le voulez bien, je
referai le point chaque fois que ce sera nécessaire. »
David SERVONNET commentant la première allocution présidentielle.
RFI, le 30/03/1999.

Ce sera une opération de longue haleine. Il faut y préparer l'opinion pu­


blique.
Alain }UPPÉ, interviouvé par Libération , le 2/04/1999

Le chef d'état se fait pédagogue pour rejeter la proposition de cessez-le


feu serbe.
France-Info , commentant la seconde intervention
de CHIRAC, le 07/04/1999

Le président de la république a été un bon pédagogue.


Michel POLACO commentant la quatrième allocution radiotélévisée de
Jacques CHIRAC, France-Inter, le 21/04/1999
LES MÉDIAS IRRÉPROCHABLES 81

M. Jospin prévient ses ministres que la guerre sera longue [ . . . ] Encore


une fois, Lionel Jospin se fait pédagogue.
Jean-Michel APHATIE, Le Monde, le 17/04/1999

LionelJospin vient à nouveau de s'exprimer, réaction d'unjournaliste:


Le premier ministre s'est fait pédagogue.
France-Inter, le 27/04/1999

Tandis que Jacques Chirac se réserve les allocutions solennelles et que Lio­
nel Jospin se préserve en s'exprimant presque exclusivement devant l'As­
semblée nationale, Hubert Védrine se charge du message pédagogique.
L'Ex press, le 08/04/1999

Alain Richard, pédagogue de la guerre


Titre d'un article signé par Jean-Michel APHATIE
et publié en dernière page du Monde le 17 mai.

La « pédagogie» consiste pour un responsable politique ou militaire, à conserver le


plus longtemps possible le soutien des opinions publiques instables, mouvantes,
changeantes, et pourfinir rebelles. Le « pédagogue» se met au niveau de l'auditoi­
re, il emploie des arguments simples, ajoute sa petite voix aux discussions des stra­
tèges de comptoir que nous sommes tous. Etre pédagogue, c'est une qualité. Un bon
démocrate estforcément un bon pédagog ue défendant de préférence une bonne
cause. Il n'existe pas depédagogue qui ne soit pas labélisé démocrate. Il est donc
jl_atteur pour Alain RiclJard d'être qualifié en ces termes par Le Monde ou Le
Figaro:
La pédagogie d'Alain Richard auprès des militants socialistes. Les ques­
tions sont nombreuses, les craintes réelles. Le ministre de la Défense
n'aura pu toutes les dissiper, mais sa «maîtrise» sera saluée.
Le Figaro, le 30/04/1999

Autre vertu du pédagogue, il est persévérant, t atient, disponible, ouvert au dia­


logue, en mission presque, toujours soucieux d informer, de communiquer, de con­
vaincre, prêt à expliquer, et à réexpliquer. Mais la « pédagogie» c'est avant tout
une intention, une volonté, une énergie, f asforcément un résultat. Illustration
avec Alain Richard: invité le 12 mat à s exprimer à l'université de Cergy-Pon­
toise aux côtés de Véronique Nahoum-Grappe et d'Antoine Garapon (tous deux
membres dujusqu'au- boutiste Comité Kosovo), voici notre pédagogue tout ter­
ra in, qui vient
reprendre encore le fil de son argumentaire pour justifier les frappes de
l'OTAN sur la Yougoslavie. Mais là, face à une centaine de personnes pour­
tant bien disposées à son égard, le ministre peine à convaincre. [ . . . ] Véro­
nique Nahoum-Grappe suscite, elle, de vigoureux applaudissements en
détaillant la « mystique de l'échec» dans la mentalité serbe [. . . ] M. Richard
82 BOMBES ET BOBARDS

n'est pas jaloux de cette différence de traitement. « La guerre, » juge-t-il,


«met la citoyenneté à vif. Il n'y a plus de place pour la démagogie. »
Jean-Michel APHATI E , «Alain Richard, pédagogue de la guerre »,
Le Monde, le 17/05/1999

Autrepédagogue suprême
Pour Jamie Shea, qui se veut pédagogue, cette guerre est un cas unique
dans l'histoire : il s'agit pour les Occidentaux aujourd'hui de renverser
de fond en comble cette situation qu'est l'actuelle tragédie humanitaire
au Kosovo [...] Les opinions publiques, ici ou là s'émeuvent que l'avia­
tion alliée bombarde des centrales thermiques, prive les hôpitaux et les
maternités serbes de courant électrique, et occasionne des pénuries
d'eau potable. La réponse est nette : «Milosevié dispose de plusieurs
centaines de générateurs autonomes. Il ne tient qu'à lui de les employer
pour les hôpitaux et les écoles au lieu de les mettre au service de
l'armée. Il n'a pas d'excuse. S'il souhaite que son peuple ait de l'eau et de
l'électricité, il n'a qu'à signer les cinq conditions.»
Le Monde, le 27/05/1999

Pédagogie en danger
D e nombreusesfamillesfrançaises (France Télécom dénombre près de 443 000
appels au numéro vert « Accueil des réfugiés»} sont prêtes à accueillir les rifugiés
cbez elles,
ce déluge de générosité a pris de court un gouvernement habitué à tenir
pour élevé le degré ambiant de xénophobie, et à prendre garde aux élans
éphémères de l'opinion [ .. . ] mais le choix d'une protection temporaire
(décidé par le gouvernement) repose sur la croyance dans le caractère pro­
visoire du séjour en France. [ . . . ] Le signal de l'accueil temporaire donné
à l'opinion, pourrait se révéler trompeur et contrecarrer la pédagogie de
l'asile que la crise permet - malheureusement - de faire progresser.
Babette STERN, page «Horizons-An alyses », Le Monde, le 21/05/1999

Quelques dé.finitions
Pédagogue, de la racine grecque « paidos », enfant et « agô»,j'e conduis. Ou en
grec savant ancien, Paidagôgos, littéralement: esclave chargé de conduire les
enfants à l'école.
De qui Bill Clinton,jamie Shea, Alain Richard,Jacques Chirac ou L ionelJos­
pin sont-ils les esclaves?
Autre dé/in_ition, celle donnée da_ns u;1 dict! onnaire s�olaire_1900 tje la librairie Ar­
mand Colm: «Pédagogue, ce/ut qui possede fart d'instruire la1eunesse. » Ce mot
avait aussi un sens péjoratif: « personne quifait la leçon a tout le monde. »
Un siècle plus tard, c'est une qualité.. .
IX
LA CHASSE AUX DÉVIANTS

LE CALVAIRE MÉDIATIQUE DE MARIE-FRANCE GARAUD


Revenue d'un séjour à Belgrade où, refasant tout contact avec le pouvoir, elle ne
s'est entr_etenue qu'a_v_ e� des opposants_ à Milosevié, /'ancien7: e conseillère �eJa_c­
q ue! Chtrf!-c est solltetteepar les mé�tas pour d� nner son poi nt de vue. Tres vi te
les i ntervz ouves se transforment en interrogatoire.
Le 12 avril, aujournal de la mi-journée de France-Inter, Marie-France Ga­
raUti, q ui voulait voir de ses yeux Belgrade sous les bombes, conteste le génocide
des Albanais en cours. Réplique dujournaliste:
Il y a quand même toutes ces exactions dont je parlais, tous les témoi­
gnages concordent, il y a des massacres de civils innocents, il y a des dé­
portations, avec des trains bondés, des images qui nous rappellent l'uni­
vers concentrationnaire nazi.
Le même a le culot de lui reprocher sa partialité.
Vous vous êtes rendue à Belgrade, est-ce que par souci d'équité vous
comptez vous rendre dans les camps de réfugiés . . . pour avoir une vision
globale je veux dire.
A- t- on demandé à Alain Madelin ou à BHL de se rendre à Belgrade « par souci
d'équité» ?

Le soir, sur France-Info, elle est quasiment bâillonnée par Patrick BOYER lors­
qu'elle tente d'évoquer les «accords de Rambouillet». Du beau travail:
- Marie-France GARAUD : Malgré les rodomontades de l'OTAN, on
vient à la négociation. C'est à dire par où on aurait dû commencer.
- Patrick BOYER: On a fait ça avec Milosevié pendant des mois et des
mois quand même.
- M-F.G. : Non, c'est absolument faux, Rambouillet n'a pas été une
négociation, ce fut un diktat de Mme Albright. A Rambouillet . . .
- P.B. (lui coupant la parole} : Je reviens à votre situation personnelle . . .
- M-F. G. (Essayant de la reprendre} : Non, non, attendez, je regrette . . .
- P.B. (Interrompant de nouveau} : Comment on se situe par rapport à
la France qui est engagée sur un terrain d'opération extérieure ?
Marie-France Gara ud ne pourra en dire plus sur Rambouillet. . .
84 BOMBES ET BOBARDS

RÉAPPARITION DE L'HYDRE ROUGE-BRUNE


Vous êtes d'une génération dont la révolte a su se défaire en cours de
route du totalitarisme mais quelques uns de vos camarades se retrouvent
aux côtés de la droite extrême ou de la nouvelle droite, dans une éton­
nante confusion des valeurs en ce moment.
Patrick BOYER interviouvant Bernard KoucHNER,
France-Infa, le 3/04/1999

L'intervention contre la Serbie, qui marque une défaite historique du


souverainisme national au profit de l'idéologie antifasciste des droits de
l'homme, a failli précipiter l'alliance du nationalisme de gauche avec
celui de droite, sur les bases de ce dernier. Combien de temps le pre­
mier résistera -t-il à la tentation ?
Jacques ]ULLIARD, Le Nouvel Observateur, le 15/04/1999

Passe-passe
- Comment expliquez-vous que des Français de gauche soutiennent
Milosevié ?
(Tout opposant à la guerre est assimilé à un milochévitchien orthodoxe.)
Réponse de Bernard KouCHNER:
Je crois que pour cette minorité-là, comme disait Camus, « quelque
chose en eux aspire à la servitude». [ . . . ] François Furet ou Le livre noir
du communisme ont diagnostiqué ce type d'évolution. On se demandait
comment se produisait la glissade du marxisme vers la barbarie: la voilà
sous nos yeux.
L'Événement, le 15/04/1999

Saint Adler terrasse l'infâme


Peut-on parler ici de synthèse active du communisme et du fascisme ?
En aucun cas. Je préfère depuis le début parler de nihilisme [ . . . ] Ni les
coupe-jarrets serbes, ni leurs admirateurs moscovites, ni les partisans
d'Ishihara au Japon, ni les petites frappes au pouvoir à Caracas, ni leurs
copains littéraires parisiens émules de feu Hallier ou disciples de
Benoist, ni d'ailleurs le misérable traître qu'était devenu Staline à la
grande époque, n'en mènent large : tout au contraire, ils se sentent ter­
rassés, et durablement, par les forces plus grandes, plus universelles, tel­
les que le commerce, la technique, le droit, la démocratie, la promotion
des droits des femmes.
Écrivains délinquants:
Le nihilisme ethnocentrique version faible des grands opéras totalitaires
du siècle qui s'achève peut ainsi se révéler d'autant plus redoutable à
combattre qu'il demeurera sans doute longtemps décentralisé, déliques­
cent, et pour finir délinquant. Ce combat contre les petits particularis-
LA CHASSE AUX DÉVIANTS 85

mes gangstéristes et retors n'a rien d'exaltant - Mladié n'est pas Mans­
tein, Patrick Besson n'est pas Céline, et Alain de Benoist n'est pas Hei­
degger non plus - mais il sera de plus en plus nécessaire.
Alexandre ADLER, Le Monde, le 24/04/1999

Nouvelle charrette de collabos


Le 2 ma i, grâce à la revue d� la presse des magazines de RFI, on prend con­
naissance d 'un dossier de L'Evénement, dans lequel les journal istes de cet
hebdomadaire ont dressé une l iste des
complices français et étrangers de Milosevié, d'Alexandre Soljénitsyne à
Marie-France Garaud.

Ayatollah Rushdie
Le seul jugement possible sur les conceptions d'un Handke ou d'un Het­
son est qu'elles sont répréhensibles, indéfendables et qu'elles méritent
d'être détruites. Peu importe que Handke soit le coscénariste du grand
film « Les Ailes du désir»[ . . . ] il mérite d'être «fini», comme l'a succinc­
tement déclaré Susan Sontag.
Salman RUSHDIE, Le Monde, pages «Horizons-Débats», le 11/05/1999

RÉGIS DEBRAY LAPIDÉ


Revenu d 'un voyage d 'une semaine au Kosovo et en Serbie, Régis DEBRAY publie
dans trois journaux différents (Le Monde, Marianne et l'Humanité), articles
et interviouves qui scandalisent, horrifient et terrifient les apôtres de la guerre du
Bien. Alors que ce qu'il rapporte ne contraste en rien avec ce qu'ont pu décrire des
reporters de guerre (Pau/WATSON, Paul-Marie BOURGET, Elisabeth LÉW) on le
déshonore, le suspecte, l 'a ccuse et le lapide en place publique avant de l 'ensevelir
sous un tombereau de calomnies.
Quelques salves (parmi des dizaines d 'a utres):

Avocat du Diable
Il est absolument déplorable que Régis Debray devienne l'avocat de
Milosevié, des paramilitaires, (faux) au vu d'une enquête de trois jours
(son séjour a duré une semaine) [ . . . ] l'appeler intellectuel pour cet article
illisible et impossible . . . je suis extrêmement inquiet[ . . . ] Qye Régis De­
bray se fasse mener en bateau sûrement pas, il est tout a fait conscient,
c'est un avocat de la politique de la purification ethnique. [ . .. ] pire que
la pensée unique, la pensée Debray, voilà-t-il pas qu'il la met en appli­
cation et ça amène à des aberrations mentales comme cet article illisible
du Monde.
Romain GOUPIL s'exprimant sur France-Inter, le 14/05/1999, le lende­
main du premier article publié dans Le Monde
86 BOMBES ET BOBARDS

Le point de non-retour
Debray n'est pas Drieu. Ni Belgrade, Berlin. Mais enfin . . . D' une cer­
taine façon nous y sommes. Ce que nous devinions dans les livres, il nous
est apparemment donné de le vivre dans la vie. Haine des «démocrates »
et de l'Europe ? Haine de soi ? Passion de s'aveugler, de décevoir? Sui­
cide, en direct, d' un intellectuel. Dommage. Adieu, Régis.
Bernard-Henri LÉVY, Le Monde, page «Horizons-Débats »,
le 14/05/1999

Deh r ay-Faurisson, même combat


Le ralliement de Régis Debray aux thèses révisionnistes va très loin et
dans le détail.
Alain JoxE, Le Monde, page «Horizons-Débats», le 14/05/1999

PROPOS D'UNE TAUPE RÉVISIONNISTE


Dans Marianne
[ . . . ] A Nis, on tourne à gauche. Prokuplje, Rudare, Raca. Ce que j'aperçois
ensuite, sous une pluie battante, me glace : route déserte, maisons brûlées, villa­
ges lunaires. Terrible. Les journalistes installés à Pristina m'expliqueront
ensuite : «C'est là où l1;s combats avec l'UCK ont été le plus durs. Toute la zone
est sinistrée. » Oui . . . Evacuée aussi.

Pristina [ . . . ] Il (Aleksander Mitié, correspondant AFP) me fait observer, et c'est


un fait, que des boutiques serbes ont également été détruites et pillées. En
moins grand nombre, tout de même. Et que les magasins du centre ville aussi
ont eu les vitres brisées - mais par le souffle des bombes. Difficile, chaque fois
(et cela vaut aussi pour les villages alentour), de faire la part des destructions
dues aux échanges de feu UCK-Serbe aux représailles Après coup, aux bombes
OTAN, au «nettoyage ethnique».

[ . . . ] À 6 heures du soir, Pristina se vide. Qye faire ? Retour au Grand Hôtel et,
en attendant les «frappes », joli euphémisme, on s'attable et on boit. Bière et
slivovitz. Les convives serbes, après deux verres d'alcool de prune, défoulent
l'anxiété, et commence la litanie des ressentiments [ . . . ] « Et tu sais quoi ? Les
infirmières, à la maternité, elles brisaient le bassin des petites filles serbes, et
elles coupaient les couilles des garçons . . . -Vous n'exagérez pas un peu ? -Ah ! là
là ! tu ne pourras jamais savoir ce qu'on a enduré ici . . . » Le fantastique ordinaire
des situations coloniales ? Propos de petits blancs . . . C'est renversant. ces domi-
nateurs revendiquent en dominés. Nous, les pauvres ; eux les riches. La revan­
che des gueux. Je reste perplexe : rien n'est «raccord».

J'ai dans ma poche le saisissant entretien d'lbrahim Rugova. Il va de soi, à mes


yeux, que l'oppresseur, ici, est serbe, et l'opprimé, albanais. [ . . . ]Oui, il y en a,
en Yougoslavie, des nationalistes bouchés à l'émeri, paranoïaques, asphyxiés de
LA CHASSE AUX DÉVIANTS 87

mémoire historique (bonne pâture pour notre extrême droite). Dialogue


inutile ? Et, a côté , des patriotes, démocrates, tolérants, et plutôt internationa­
listes (notre gauche, la mienne, s'y retrouve). Dialogue possible. Des fermés et
des ouverts. Comme partout.
Régis Debray, extraits de «Choses vues au Kosovo» rédigé de 10
mai et publié par Marianne, le 1 7/05/1999

Au Monde
Ne me croyez pas partial. J'ai passé la semaine précédente en Macédoine ,
assisté à l'arrivée des réfugiés, écouté leurs témoignages. Ils m'ont bouleversé ,
comme beaucoup d'autres.J'ai voulu à tout prix allé voir « de l'autre côté» com­
ment un tel forfait était possible. Me méfia nt des voyages façon Intourist, ou
des déplacements journalistiques en car, j'ai demandé aux autorités serbes à
avoir mon propre traducteur, mon propre véhicule , et à la possibilité d'aller et
de parler à qui bon me semble.
Contrat respecté.
[ .. .] Les récits d'exactions sont trop nombreux pour qu'on mette en doute un
fond indéniable de réalité. Certains témoignages que j'ai recueillis, vérification
faite ensuite sur les lieux d'origine, se sont avérés cependant outranciers, voire
inexacts. Ce qui ne change rien, bien sûr, au scandale ignominieux de cet
exode.

[ . . .] Autocrate, fraudeur, manipulateur, et populiste ? M. Milosevié n'en a pas


moins été élu à trois reprises (les dictateurs se font élire une fois, non deux). Il
respecte la Constitution yougoslave. Pas de parti unique. Le sien est minori­
taire au parlement. Pas de prisonniers politiques, des coalitions changeantes.
Ils est comme absent du paysage quotidien. On peut le critiquer sans se cacher
aux terrasses de café (et on ne s'en prive pas) mais les gens ne s'en soucient
guère. Aucun charisme « totalitaire» sur les esprits. L'occident semble cent fois
plus obnubilé par M. Milosevié que ses concitoyens.

[ .. .] Tous les nationalismes sont à rejeter, certes. Mais si vous voulez conjurer
ces démons-là, ne faudrait-il pas plutôt aménager la coexistence des nations au
lieu de prendre parti, les yeux fermés pour un nationalisme contre un autre ? A
quoi servirait l'injustice faite aux uns par un injustice faite aux autres? À
charge de revanche, dix ans plus tard . .. Rien n'est noir ou blanc, pas plus en
Yougoslavie qu'ailleurs.
Régis Debray, extraits de «Lettre d'un voyageur au
président de la République» rédigé le 1 1 mai et publié par
Le Monde, le 13/05/1999

À L 'Humanité
[ . . . ] Avec cet article (celui publié par Le Monde} , je n'ai pas voulu procéder à
une analyse historique et politique profonde. J'ai seulement voulu amener cer­
tains dirigeants politiques français à remettre en question leurs automatismes
verbaux. Point. Et j'ai voulu dire aussi que se reposer sur des imprécations ne
me semble pas une bonne façon de saisir la complexité de la situation.
88 BOMBES ET BOBARDS

Devient-on pour cela l'avocat d'un dictateur ?

[ . . . ] J'ai passé quelques jours à Rome. Il est vrai que là-bas les intellectuels par­
ticipent moins au débat, mais ce sont les politiques qui l'assument : quand 271
députés et sénateurs réclament l'arrêt des frappes, quand un président de la
République dit : «il faudrait peut-être arrêter, essayons de réfléchir », il n'y a
pas de levée de boucliers. Pourquoi sommes-nous en France à ce point pétri­
fiés dans des certitudes, peut-être respectables, mais dont chacun peut consta­
ter qu'elles ne donnent pas de résultats?
Extraits de «Accusé Debray, répondez», entretien accordé à
L'Humanité le 14 mai et publié le 15/05/1999

On pourra aUJsi se reporter au Monde diplomatique de juin 1999 dans lequel Régis
Debray analyse les mécanismes de sa mise à l'index et aux Cahiers de médiologie
N° 8 qui ont publié l'intégralité de ces textes.

Les délires et les raisonnements de Régis Debray ne sont pas sans rap­
peler Robert Faurisson et surtout Roger Garaudy, renégat récidiviste
d'un antiaméricanisme inébranlable, qui est allé jusqu'à nier les crimes
nazis.
Frankfurter Zeitung - extrait traduit et publié par
Le Courrier international, le 27/05/1999

Éclaireur
Nous avions à faire à la charge d'un cheval léger, elle-même annonciatrice
d'une bien plus vaste offensive visant à persuader le maximum de Français
que l'immense majorité des médias leur ment et les intoxique.
On le sait bien, ça n'arrivejamais en temps de guerre, ce genre d'évidences.
Libération, le 14/05/1999. Ce jour là, le quotidien consacre pas moins
de 5 pages à «l'affaire Debray»

Fascination
Qiielle délectation morose que de s'imaginer en réprouvé dans la soli­
tude glacée du penseur maudit, et donc en martyr ! Qiiel bonheur enfin
que d'être du côté des perdants, avec toute la sombre exaltation que vé­
hicule l'idée de la chute aux enfers dans le combat contre le dieu améri­
cain ... Et c'est ainsi que Régis Debray est grand ou plutôt se croit
grand. D'autres que lui, au moment du communisme et du fascisme, on
cédé à ce type de fascination.
L'Événement, le 20/05/1999
Dans ce numéro, Ré$ is Debray est mis sur le même plan que Brasillach, Drieu,
Rebatet (dérive nazi) , .(iragon, Sartre ou Genet (dérive stalinienne, gauchiste,
ou ultra antisioniste) Etrangement, manquent à l'app el les Glucksmann, ]uly,
LA CHASSE AUX DÉVIANTS 89

Miller et autres EHL quifurent en leur temps très Révolution culturelle, voire
même d'authentiques pro-Polpot!

Debray et le PCF
L'ancien communiste Philippe Herzog, candidat en septième position
sur la liste de Robert Hue[ . . . ] ne partage pas le soutien apporté par Ro­
bert Hue à Régis Debray, le 16 mai, sur TF1. «Attention aux entreprises
de type négationniste. On ne doit pas sous-estimer ce qui se passe au
Kosovo», a-t-il déclaré, le 19 mai, à Lille.

Censuré par L'Huma, un chasseur de rouges-bruns trouve refuge à Libé. Le


Monde veille:
Dans L ibération du 18 mai, !'écrivain communiste Didier Daeninckx
[ . . . ] , qui avait mis au jour à la fin des années 80, l'existence de réseaux
«rouge brun» (Effroyable conspiration qui afait longfeu} au sein du PCF,
s'en est pris au «révisionnisme au présent» de Régis Debray. Le texte, à
l'origine, était destiné à l'Humanité. Mais le quotidien de Pierre Zarka,
qui, dès le l" avril, mettait ses lecteurs en garde contre une «guerre de
l'intox», n'a pas accepté la contribution de !'écrivain.
Le Monde, le 22/05/1999

Lyn chage pour la bonne cause


Je pense qu'il y a des lynchages pour la bonne et la mauvaise cause [ ...]
Or il a nié l'existence de l'épuration ethnique (faux} en dépit de nom­
breux témoignages.
Daniel SCHNEIDERMANN interviouvé par Marianne, le 31/05/1999
X
ÉMISSIONS SPÉCIALES À LA TÉLÉVISION

SPÉCIAL KOSOVO SUR ARTE


Premier reportage: La stratégie de l'OTAN
À tout seigneur tout honneur, d'emblée, la parole est à Jamie SHEA:
Dans l'histoire de la guerre c'est la première intervention aérienne qui
établit à ce point le distinguo entre objectif militaire et population ci­
vile. Il est vrai que notre objectif n'est pas total mais cela n'est pas une
ambition réalisable.

Illustration d'une prouesse chirurgicale, images (fournies par l'OTAN) à l'appui


D�ns le viseur de son tableau de bord, le pilote perçoit un clocher
<l'Eglise, il dévie instantanément son tir vers un champ voisin.
Olé!

La délicieuse langue de bois d'un général allemand


C'est la première campagne militaire en Europe à l'ère de l'information
[ ...] La première leçon que nous avons eu à tirer de ce conflit est qu'il
faut également gagner la campagne d'information. Notre meilleure arme
est bien sûr la transparence mais sans pourtant compromettre la sécurité
des forces impliquées.

Deuxième reportage: La stratégie serbe


L'UCK n'est-elle pas laminée ? Qu'importe, onfait comme si . . .
Le matériel lourd, tel que ces missiles sol-air russes, montre que les for­
ces serbes ne sont pas préparées à affronter ce qu'ils appellent les terro­
ristes de l'UCK.

Troisième reportage: Génocide, les preuves


La population Albanaise est effectivement victime d'un génocide mi­
nutieusement planifié. C'est une stratégie en quatre étapes[ .. . ] : la pre­
mière amorcée par Milosevié dès octobre 1998 a consisté à évincer les
officiers opposés à une tuerie. Dès janvier 1999 l'opération Fer à cheval
est déclenchée[ . . . ] La quatrième étape consiste à identifier avec préci-
ÉMISSIONS SPÉCIALES À LA TÉLÉVISION 91

sion, voire à marquer d'un signe distinctif le groupe à tuer. Depuis des
années les Serbes ont recensé avec précision les habitations des Alba­
nais, les hommes sont arrêtés, les femmes et les enfants sont chassés
vers la frontière [. . . ] Les seules frappes aériennes guidées par satellites
ne suffisent pas à mettre un terme au génocide, la moindre bavure fait
au contraire le jeu du dictateur et de ses troupes.

Génocide latent en Voïvodine?


Autour de Subotica vit une minorité hongroise de 350 000 habitants,
ils sont de plus en plus opprimés par Belgrade.

Un peu plus tard, au cours d'un débat, un invité de l'émission déclarera:


Il y a un génocide commis par Milosevié au Kosovo, c'est incontestable.

A toutesfins utiles, le présentateur allemand précise:


On ne conduit pas une guerre contre le peuple serbe mais contre un in­
dividu.
Le même en rajoutera une couche en posant la question suivante à l'un de ses
invités:
Nous le disons, ce n'est pas une guerre de l'Alliance contre les Serbes
mais une guerre contre Milosevié, alors : tyrannicide?

Quatr ième reportage: Illustr ation de la guerre humanitar o-militaire


Conversion
Idéologiquement, les ONG ont une aversion assez prononcée pour tout
ce qui est militaire, pourtant l'opinion de Graziella {une « humanitaire»
qui/ait l'objet d'un reportage) a évolué : « C'est vrai j'ai un peu changé
d'avis sur l'armée. »

Cinquième r eportage
Summum de l'émission, cette autre « enquête» où sont traités, pêle-mêle, la pro­
pagande des médias serbes, la 1 uestion religieuse et des mentali tés en Macéaoine,
l'exode, le génocide. . . Un peti t bijoujournalistique qui mériterait d'êtr e repro­
duit intégralement.

Les Serbes vampirisés par leur télévision


Les Serbes sont victimes d'une manipulation massive, le régime serbe
mise depuis des années sur des arguments moyenâgeux que ces gens ont
fini par adopter dans leurs corps et dans leurs âmes.

Bis repetita
Ce qui se passe avec les Kosovars est ni plus ni moins un génocide [ ...]
92 BOMBES ET BOBARDS

Comprendre l'incompréhensible, les méandres de la haine. Comment


les Serbes peuvent-ils voir dans les visages amaigris des réfugiés Albanais
les masques d'ennemis assoiffés de sang ? O!iand les tortionnaires de­
viennent victimes et les victimes des tortionnaires. Une logique qui ne
laisse d'autre alternative que la mort, l'exil, le génocide ... «Ils veulent
nous exterminer» (Témoignage d 'un réfogié albanais}

Obsession sacrificielle
Le mythe du sacrifice dans les vieux monastères serbes au Kosovo, la vie
des chrétiens sacrifiés dans la lutte contre les musulmans albanais et
ottomans. Les défaites serbes symbole d'un sacrifice voulu par Dieu.
Des prélats orthodoxes dans une mission cynique. Ibrahim Rugova, na­
guère porte-parole de la résistance civile des Kosovars se trouve
aujourd'hui dans 1� rôle du martyr abusé, sacrifié pour apaiser les tor­
tionnaires [ ...] L'Eglise orthodoxe est plus nationaliste que religieuse,
pour elle, la nationalisme dans le religion est une priorité absolue. On
comprend donc aisément pourquoi des dignitaires religieux viennent de
Russie ou d'ailleurs à Belgrade pour assurer les Serbes de leur soutien. A
travers ce geste ils cautionnent les massacres des Albanais par les Serbes.

Les Serbes de Macédoine aussi arriérés que leurs cousins yougoslaves


Paysages de Macédoine: Lumière et ombre se livrent à une course effré­
née, comme pour rattraper le temps perdu. La Macédoine, tout comme
ses voisins [ ... ] est un pays toujours enraciné dans ses traditions archaï­
ques. Les mythes, les préjugés et la vendetta imprègnent la vie quoti­
dienne. La renaissance, la réforme ou le mouvement des lumières n'ont
pas existé dans cette région. Ceci peut expliquer pourquoi l'Église et la
politique peuvent continuer à brandir l'argument de l'histoire, des tradi­
tions et des peurs ancestrales. Des peurs qui hantent aujourd'hui plus
que jamais ce village de pêcheurs.

Par contre les régions macédoniennes à majorité albanaise sont des terres d 'œcu­
ménisme, un exemple de tolérance, d 'art et de culture :
[ ...] Les Albanais attendent leur heure, dans l'espoir d'un Kosovo libre,
d'un plan Marshall. Si les aides humanitaires ne permettent pas de gran­
des modifications structurelles, elles n'en sont pas moins un symbole de
l'œcuménisme. Un principe qui correspond bien à la pluralité religieuse
de l'Albanie. Ici, la cohabitation fonctionne bien [ ...] Une image de
contraste, des membres de l'église méthodiste à Skopje. A l'instar de
beaucoup d'autres compatriotes ils redoutent que la composante alba­
naise en Macédoine n'entraîne leur pays dans la guerre. Ils chantent
pour conjurer la guerre. La Macédoine est au bord de la rupture si elle
ne tire pas rapidement les conséquences des leçons des catastrophes en
ÉMISSIONS SPÉCIALES À LA TÉLÉVISION 93

Bosnie et au Kosovo[ . . . ] La mosquée sunnite de Tetovo, un chef-d'œu­


vre construit il y a cinq siècles. Aucune trace ici d'intégrisme[ . . . ]

Sixième et dernier reportage


La stratégie média�ique de I' (} !'4" N comparée à celle des Serbespar un journaliste
allemand de la chaine de télevtston ARD.
Journalistes et hommes politiques sont immunisés contre la propa­
gande otanesque. Je ne pense pas que l'OTAN ou les responsables po­
litiques aient influencé le public à coups de sensationnalisme. Les en­
jeux sont bien trop importants. [ . . . ] La conférence de presse de
15 heures est devenue un rituel. Bien sûr les médias ne sont pas dupes.

Médias serbes, cibles légitimes. Où, dans un même mouvement, on peut dire une
chose et son contraire.
Les Serbes sont habitués à une télévision muselée par la censure, à une
radio censurée, à des journaux dictés par le gouvernement, même dans
leur contenu [ . . . ] Dès les premières frappes les autorités de Belgrade
prennent des mesures contre les médias susceptibles de les critiquer. La
radio libre indépendante B 92 considérée comme une source d'informa­
tion indépendante particulièrement appréciée des occidentaux est im­
médiatement réduite au silence. [ . . . ] Avec cette offensive, (le bombarde­
ment de la chaîne de télévision yougoslave RTS) le conflit prend une autre
dimension. A présent les médias sont devenus une cible légitime pour
les alliés.
Extraits de l'émission «Spécial Kosovo », Arte, le 13/05/1999
Pédagogiquement parlant, Arte mérite sans conteste une mention spéciale.

SPÉCIAL KOSOVO SUR FRANCE 3


Parmi les premiers à s'exprimer, ]acky MAMOU, le président de Médecins du
monde, refuse d'emp_loyer le terme de réfa$ié. Comme son confrère Philippe Bi­
berson (président de Médecins sans frontières), ilpréfère user d'un vocabulaire
qui se rijère à la Shoah.
Il faut plutôt dire les déportés.

Milosevié est sur le point d'être inculpépar le tribunal de La Haye. Le journalis­


te-présentateur sefait témoin à charge:
Le président yougoslave pourrait faire l'objet de chefs d'inculpation al­
lant de la violation des conventions de Genève, au minimum, à un gé­
nocide.

Un garçon bien sympathique


Invité à s'exprimer trèsfréquemment au cours de cette émission {au contraire des
représentants de la Yougoslavie ou de la Russie qui auront bien moins le temps de
94 BOMBES ET BOBARDS

fa ir e valoir leurs a� uments}, Anthony BUNKEN, lejeune etjoli conseiller de Bill


Clinton pour les aJJair es européennes, nefa it pas dans la dentelle.

Laguer re a per mis d'éviterjusqu'à 100 millions de réfugiés


A Rambouillet même, pendant que les Kosovars, eux, faisaient des com­
promis pour la paix, M. Milosevié se préparait, lui, à une guerre totale
[ ... ] je peux vous assurer que si les 19 pays démocratiques de l'OTAN
n'avaient pas agi, ce que nous voyons maintenant, et c'est inimaginable
presque de le dire, serait encore pire, 10 fois, 20 fois, cent fois.

Choisissez votre camp


En fin de compte la question que nous pose à tous le Kosovo est très
simple : De quel côté de l'histoire êtes-vous ? Est-ce que vous êtes du
passé, des moments les plus sombres du :xxe siècle, de la violence, de
l'intolérance et de la haine ou est-ce que vous êtes du côté de l'avenir, de
la démocratie, de la tolérance et de la paix ?

Les États-Unis en danger


Qyand l'Europe est en guerre, quand l'Europe est divisée, quand ses ci­
toyens sont sous la menace de la répression, nous, les Américains, notre
propre sécurité, notre prospérité est également en danger.

Q uelques déclarations desjo urnalistes entendues ce soir là:


• Il n'est pas question d'écraser Belgrade, ou Novi Sad, ou Pristina sous
un tapis de bombes comme Rotterdam ou Dresde pendant la seconde
guerre mondiale. On essaie de trouver des moyens sélectifs.
• On s'aperçoit que le potentiel militaire serbe n'est détruit qu'à 30 %
pour ses matériels lourds.
• La seule stratégie dont nous disposons est celle des Etats-Unis dont il
faut rappeler qu'ils n'ont pas d'intérêts vitaux dans la région.
Extraits de l'émission « Spécial Kosovo » diffusée sur France 3
le 26/05/1999
XI
L'EUROPE DU BOURRAGE DE CRÂNES

INFORMATIONS ANGLAISES
Industrie serbe
Le 14 avril, RFI signale dans sa revu e de la presse quotidienne européenne,
Les usines de viol à la une du quotidien populaire The Sun.

Harcèlement
Un homme nommé Slobodan Milosevié, un Serbe émigré dans la ban­
lieue de Londres, supporte plutôt difficilement d'être l'homonyme du
président yougoslave. Les nerfs de ce Milosevié de la banlieue de Lon­
dres, n'ont pas résisté au harcèlement des médias ; Il a porté plainte
auprès de la commission de la surveillance de la presse: «Je veux protéger
ma famille et mes voisins. Ils ne méritent pas d'être harcelés parce que
je porte le même nom qu'une infâme personne. »
RFI, le 20/04/1999

Un dossier en béton
La Grande-Bretagne a commencé à remettre au Tribunal international
de La Haye un dossier très précis sur les massacres et les viols attribués
à la police et à l'armée serbes au Kosovo. Robin Cook, le ministre des
affaires étrangères affirme qu'il faudra remonter jusqu'à ceux qui ont
donné les ordres.
Journal d'Europe 1, le 20/04/1999

Opération Safari
Propagande indispensable et bonnes histoires
La Grande-Bretagne a dès le début du conflit, été en pointe dans l'en­
treprise de « diabolisation» de Slobodan Milosevié, contre lequel une
croisade au nom du Bien et de la morale est non seulement justifiée,
mais indispensable.
Mécontent des précautions de langage des responsables de la commu­
nication de l'OTAN, Tony Blair a dépêché auprès de Jamie Shea son
porte-parole personnel, Alastair Campbell, un expert en communica­
tion de choc. Ce dernier est persuadé que les médias ne sont pas friands
96 BOMBES ET BOBARDS

de faits mais « d'histoires » [ . . . ] Les effets des conseils de M. Campbell


ne se sont pas fait attendre. Mardi Jamie Shea, après le morne exposé du
jour par le général Giuseppe Marani, s'est lancé dans une description très
détaillée de « l'opération-safari».
Luc RosENZWEIG, Le Monde, le 22/04/1999

Témoign. ages dign. es defoi


Battues à coups d'obus, disparition de 100000 hommes, ban que de san g vivan te,
esclaves dan s les min es de charbon, complexe sportif transformé en bordel. . .
L'OTAN affirme avoir des témoignages dignes de foi [ . . . ] Depuis qua­
tre seqiaines si l'on en croit l'OTAN, le voyage au bout de l'horreur est
total. A Bruxelles, correspondance de Dominique Thierry:
- « L'OTAN a évoqué le terrible safari qui ensanglante le Kosovo
Dans le rôle du chasseur, les forces serbes et dans celui du gibier, les
Kosovars. Les miliciens serbes organisent des battues à coup d'obus
pour chasser des collines les réfugiés. Alors une sélection est faite, selon
l'OTAN 100 000 hommes ont disparu. 700 garçons serviraient de ban­
que de sang vivante. Des milliers d'autres sont condamnés à creuser des
tombes de leurs proches ou des tranchées pour les blindés ou encore à
servi r de bo ucliers hu mains o u d'esc laves dans les m ines de
charbon. Les femmes sont systématiquement violées. Un comman­
dant à même transformé en maison close le complexe sportif de Peé ou
des jeunes filles sont livrées à la soldatesque. Les autres, les survivants
sont rassemblés dans des convois, où se mêlent les blindés serbes pour
échapper aux bombes de l'OTAN, direction la gare de Pristina et le
train vers la frontière. Mais leur martyr se poursuit. Milosevié retient
et lâche des vagues de réfugiés vers les camps pour mieux désorganiser
les ONG qui tentent de les accueillir. »
France-Inter, journal de 13 h, le 20/04/1999

Série télé
À Londres, suite à l'exécution d'une présentatrice de la BBC, la police
n'exclut pas la piste serbe. Assassinat en représailles peut-être du bom­
bardement de la télévision yougoslave.
Europe 1, journal de 13 h, le 28/04/1999

Lespros débarquen t
Où l'on retrouve beaucoup d'An glais
C'est pour éviter de nouvelles erreurs de communication que l'OTAN
vient d'installer un cabinet de guerre psychologique au cœur de son
quartier général. Qyarante spécialistes des médias vont disséquer la cou­
verture de l'opération force alliée dans les pays de l'Alliance et de leurs
partenaires, ainsi qu'en Serbie. Dirigée par un Anglais, l'équipe com­
prend une douzaine de Britanniques, huit membres des différentes
L 'EUROPE DU BOURRAGE DE CRÂNES 97

agences de l'administration américaine, des allemands et quelques fran­


çais. Outre les suivis médiatiques cette équipe étoffera les comptes ren­
dus du porte-parole Jamie Shea pour mieux influencer la presse ou du
_
moms, essayer.
France-Infa , le 28/04/1999

Jamie manque d'h umour (anglais)


L'OTAN va envoyer des professionnels de la communication car le
message ne passe pas tout le temps entre le porte parole Jamie Shea et
les journalistes qu'il est censé informer. On peut déplorer par exemple le
manque d'humanité de Jamie Shea quand il parle de dommages collaté­
raux.
Europe 1, le 28/04/1999

LA HOLLANDE GUERROIE ÉGALEMENT


CONTRE HITLER MILOSEVIé

Même l'extrême gauche est favorable aux frappes [ ... ] Le ministre de la


Défense néerlandais, Frank De Grave, n'a pas manqué de comparer
Slobodan Milosevié à Hitler et ses méthodes à celles utilisées par les
nazis. La guerre est donc «moralement acceptable», estime Thom De
Graaf, leader du parti libéral de gauche D66. Cette approche morale
très forte fait que les Pays-bas pourraient être amenés à un point de
non-retour.
Libération, le 04/05/1999

INFORMATIONS ALLEMANDES

On en apprendplus qu'à l'OTAN


Dans une interview à paraître lundi dans l'hebdomadaire Der Spiegel,
Gerhard Schroeder n'a pas manqué de souligner que la crise dans les
Balkans avait «induit un changement fondamental de la politique exté­
rieur allemande», ce sont ses termes. [ . . . ] L'Allemagne est donc active
sur le terrain diplomatique, sur le terrain militaire [ . . . ] sur le terrain hu­
manitaire [ . . . ] active sur le plan de la communication aussi avec des con­
férences de presse quotidiennes où l'on apprend parfois plus de choses
qu'à l'OTAN, dernière info en date: «L'Alliance aurait détruit 50 % de
ses cibles et 40 % seraient fortement endommagées. »
Manuel SAINT-PAUL, Europe 1, le 10/04/1999
98 BOMBES ET BOBARDS

Exorcisme : Le bourrage de crâne comme thérapie


Ce qui frappe quand vous voyez les médias allemands, c'est qu'on y
parle de génocide, de déportations, tout un vocabulaire très évocateur,
c'est une façon aussi pour les Allemands d'exorciser leur propre passé.
Jacques RuPNIK, Europe 1, le 10/04/1999

Le plan « Fer à cheval » : Une révélation allemande


L'inspecteur général de la Bundeswehr, Hans-Peter von Kierchbach, a
présenté, jeudi 8 avril, le plan «Fer à cheval» dont les Allemands ont eu
connaissance la semaine dernière. Il a distribué à la presse une note de
synthèse que Le Monde publie intégralement[ . . . ]
Mais enfait de «plan», il ne s'agit que
d'un résumé des opérations menées par les forces serbes depuis l'accord
Milosevié-Holbrooke d'octobre 1998.
Le Monde, le 10/04/1999

« Une part ie » de l'armée yougoslave réduite au quart de ses effectifs.


Rudolf Scharping a indiqué, jeudi 15 avril sur la chaîne publique ZDF,
qu'au sein d'une partie de l'armée yougoslave, «seuls 25 % des appelés
convoqués se sont manifestés», ce qui «traduirait une tendance certaine
à la démoralisation» en Yougoslavie depuis le début des frappes aérien­
nes de l'OTAN.
Dépêche AFP reprise et parue sous le titre «Défections»
dans la rubrique «Dépêches» du Monde, le 16/04/1999

Trois mois après lesfaits, les services de renseif(nements allemands, fournissent à


la presse internationale de nouvellespreuves (?) accusant les Serbes. Toutes les té­
lévisionsfrançaises s'empressent de dijjùser ces informations accablantes <J._Ui sem­
blent avoir au moins deux objectifs: 1 •) Faire oublier fa responsabilitéjlagrante
de l 'O TAN dans l 'exode des Albanais du Kosovo. 2•} Hitlériser ou polpotiser en­
core plus les Serbes.
Nous citons pour exemple un extrait du journal de France 3.
Des documents allemands qui montrent des massacres avant l'interven­
tion de l'OTAN, en janvier dernier[ . . . ] Des photos qui montrent des
corps mutilés, certains achevés à coups de battes de base-ball afin qu'ils
ne soient pas reconnus par leurs familles [ . . . ] Il s'agit de combattants de
l'UCK.
France 3, le 27/04/1999

Dany et ]oschka
Extrait d 'un portrait élogieux de]oschka Fischer «le révolté», ce « Vert converti
au réalisme » qui peut-être, un jour
ouvrira une nouvelle République allemande. Celle-ci ne sera pas fondée
sur l'oubli, comme Gerhard Schroeder en a la tentation. Mais sur la re-
L 'E UROPE DU BOURRAGE DE CRÂNES 99

connaissance des autres et leur dépassement. Une Allemagne du


XXIe siècle qui cherchera a fonder sa politique sur les droits de l'homme.
C'est Daniel Cohn-Bendit qui lui montre le chemin lorsqu'il s'agit de
renoncer à la violence, d'entrer chez les Verts ou de prôner une interven­
tion en Yougoslavie.
Arnaud LEPARMENTIER, Le Monde, le 30/04/1999

ORDRE NOUVEAU
Flanqué de son ministre de la défense [ . . . ] et de Joschka Fischer (Verts),
M. Schroeder fait preuve d'une détermination sans faille à lutter contre
le président serbe Slobodan Milosevié. Pour la première fois depuis l'ar­
rivée de la gauche, l'Allemagne donne l'impression d'être gouvernée.
Arnaud LEPARMENTIER, Le Monde, le 11/04/1999

Pour la première fois, on a l'impression que dans cette guerre la France


est dirigée et que l'Europe existe. Ce n'est pas tout a fait vrai, mais
d'avoir suscité ce sentiment est du beau travail.
Éditorial de Jean DANIEL, Le Nouvel Observateur, le 15/04/1999

Massimo d'Alema a toujours répété que l'Italie respecterait ses engage­


ments envers l'OTAN et a tiré une certaine fierté à ce que son pays ac­
complisse son devoir de façon satisfaisante. Enfin Rome est redevenu
un partenaire crédible.
Michel BôLE-RlCHARD, Le Monde, le 24/04/1999

Avant-garde
Dans toutes ces étapes (diplomatiques, militaires, humanitaires}, su� tous
ces terrains, ils se sont montrés en avance, et non en retard sur les Etats­
Unis.
Alain DUHAMEL, Libération, le 16/04/1999

L'Europe des malgré-nous


Récit d'une guerre que personne ne voulait.
Titre à la une de Libération, le 23/04/1999

Les non-violents du troisième type


Tony Blair, Joschka Fischer et Bill Clinton représentent cette généra­
tion de l'après guerre nourrie de non-violence - le «Plus jamais ça».
Pauvre Clintonou chéri
Il paie aujourd'hui le prix des scandales, qui l'ont miné politiquement et
qui l'ont accaparé pendant plus d'un an, permettant à Slobodan
Milosevié de se lancer dans l'épuration ethnique au Kosovo. [ . . . ] on voit
mal dans ce président, qui a si longtemps traîné les pieds avant d'envoyer
100 BOMBES ET BOBARDS

ses avions bombarder la Serbie, l'ogre américain décrit parfois avec com­
plaisance. L'impérialisme américain de la génération Clinton n'est plus
militaire, il est avant tout commercial et culturel.
Patrice de BEER, Le Monde, le 22/04/1999

[ . . . ]les Américains ne poursuivent aucun but économique [ . . . ] Les


Américains sont gendarmes par obligation, pas par vocation impériale,
il n'y a pas de solution politico-humanitaire dans le monde aujourd'hui
sans l'infrastructure militaire américaine.
Serge ]ULY, Libération, le 16/04/1999
XII
LES « BAVURES » DEVIENNENT LÉGITIMES

CHANGEMENT DE STRATÉGIE MÉDIATIQUE


Les massacres des bombes otanesques et de leurs programmateurs sur les popula­
tions civiles se multipliant, lafameuse «transparence» affichée et proclamée par
Jamie Shea dès le début de la guerre trouve ses limites. Le temps des mea culpa à
répétition est révolu et la vingtaine de « communicants», venus renforcer le cabi­
net du porte-parole de l'OTAN aux premiersjours du mois de mai, sont donc bel
et bien à pied d'œuvre. Mais rien ne serait possible sans la complaisance, la ser­
vilité et la collaboration paifois zélée desjournalistes. La seule source d'informa­
tion crédible est, éta it et restera l'OTAN.

Le 3 mai, les autorités serbes affirment qu'un autocar et des voitures ont été bom­
bardés. L'OTAN ne confirme pas l'information. Comment peut-on douter de sa
sincérité?
L'OTAN est de bonne foi, si elle ne reconnaît pas ce bombardement,
cette bavure là, c'est qu'elle pense qu'elle ne l'a pas perpétré.
Jean-Louis DUFOUR, conseiller militaire de RFI, le 04/05/1999

Encore une « méprise» qui ne sera pas confirmée


Au moins 11 morts et cinquante blessés à Nis [ . . . ] une nouvelle méprise
de l'OTAN si elle était confirmée.
Europe 1 , le 07/05/1999

Intervenant le 14 mai sur l'antenne de France-Info, le ministre de l'information


yougoslave annonce que des réfugiés qui regagnaient le Kosovo depuis la Macé­
doine ont été « pulvérisés» par des bombes à fragmentation. Commentaire du
journaliste:
Une information à prendre avec précaution puisque je vous rappelle
que l'OTAN n'a pas confirmé l'information.
France-Infa, le 14/05/1999
�i seulem� nt les/o1! rnalistesp ou:1 aient user de la "!ême « précaution» à l'égard des
i nfo rma/t ons dtstt llées parJamie Shea et ses copains. . .
102 BOMBES ET BOBARDS

KORISA
Q uand les « bavures» deviennent « légitim es», /esjournalistes restent coopératifs.
L e 15 m ai, nouveau carnage, celui de Korisa: Au m oins cent m orts tués dans la
cour d'uneferm e.

Un remake de Timis oara ?


L'OTAN rejette le massacre sur les Serbes [ . . . ] Comme souvent en la
matière, des éléments d'informations collatéraux (attention aux dégâ ts!)
sont venus d'Allemagne. Un représentant du ministère allemand de la
Défense [ . . . ] Detlef Puhl, a précisé: «Nous supposons - ce ne serait
pas la première fois - que ces cadavres ont été transportés d'un endroit
à un autre.»
journal du Dimanche, le 15/05/1999

Claire Chazal prise enjlag d'excès de précautions


L'Alliance refuse de parler de bavure et affirme qu'il s'agissait d'une cible
militaire légitime [ . . . ] c'est en tout cas ce qu'on affirme. Les responsa­
bles de l'Alliance rappellent que le président Milosevié a déjà eu recours
aux boucliers humains.
Confirmation du correspondant de TF1 au siège de l'OTAN qui ne dévie pas
d'un pouce des explications officiel/es:
Les cibles ont été validées par l'OTAN comme cibles militaires [ ...] La
nouvelle donne qui est l'utilisation possible de civils comme boucliers
humains va particulièrement compliquer les évaluations de tirs.
TF1, le 15/05/1999

En regardant lejournal de France 2, on serait presque tenté de croire que ce nou­


veau carnage est dû en partie à l'imprudence ou à la légèreté des victim es e//es­
mêm es:
A défaut d'apporter des explications sur ces morts civils, l'OTAN pose
une question: Comment se fait-il que dans une région comme Prizren,
où des centaines de milliers de personnes ont été déplacées par la force
- plus de 100000 en tout cas - des Kosovars, 400 d'entre eux au
moins, aient pu choisir de passer la nuit dans une cour de ferme adja­
cente à un poste de commandement serbe, donc à une cible. Et bien ce
soir cette question reste en suspens. « Nous ne sommes pas sur le terrain»
nous a dit le porte parole de l'OTAN. «Vous les journalistes n'êtes pas
sur le terrain» une manière de sous-entendre, vous n'êtes pas sur le ter­
rain pour vérifier, pour restituer la réalité d'un village qui selon Am nesty
international avait déjà été à plusieurs reprises la cible des forces serbes.
France 2, le 15/05/1999
LES «BAVURES» DEVIENNENT LÉGITIMES 103

Les gros sabots déontologiques du correspondant du Figaro à Bruxelles


Le piège des boucliers humains : Pour justifier les morts de Korisa,
l'OTAN insiste sur cette hypothèse [ . ..] Mais en l'absence de preuve
formelle, personne ne l'affirme, même si tout le monde le donne à en­
tendre tout en insistant qu'il s'agissait d'une «cible militaire légitime et
dûment identifiée», pas une nouvelle erreur.
Information otanesque recoupée avec Bonn, Londres, le Pentagone, et une radio
allemande. Tous les relais habituels sont activés.
Javier Solana [ . . . ] se réfère aux « manières de faire » de Slobodan
Milosevié pour estimer qu'on «peut penser que les réfugiés ont été uti­
lisés non seulement militairement mais politiquement. » [ . . . ] A Bonn
un porte parole du ministère de la Défense parle d'«indications selon les­
quelles Milosevié a utilisé la tactique déjà souvent mise en pratique des
boucliers humains. » A Londres, on le tient pour « de plus en plus
probable » [ . . . ] Même le Pentagone reste prudent: en l'absence de
«confirmation indépendante » , Kenneth Bacon se borne à constater que
les Kosovars «ont été placés à côté d'un bâtiment dont les Serbes devai­
ent savoir qu'il serait une cible ». Hypothèse confirmée par un homme
présenté samedi par la radio allemande Deutsche Welle comme un témoin
oculaire. [ . . . ] Qiii croire ?
Le ou les chefs d'orchestre qui organisent si bien ce semblant de pluralité peut­
être ?
De toutefaçon, comme le disent joliment Madeleine Albright et Robin Cook
dans un texte commun publiépar le Washington Post,
il n'y a pas de « coercition immaculée. »
Pierre BOCEV, Le Figaro, le 17/05/1999

Un «lieu de torture » avec ses bourreaux et ses victimes est bombardé:prière de ne


pas chercher la moindre trace de dégâts collatéraux
L'OTAN a confirmé le bombardement du centre pénitencier[ . .. ] pré­
cisant bien que ces prisons où sont détenues des militants de l'UCK ser­
vaient de lieu de torture aux forces spéciales de la police serbe.
RTL, le 21/05/1999

Un nouveau bonimenteur à l'OTAN


Présentépar Libération comme le nouvel alter ego civil de Jamie Shea, Walter
]ERTZ déclare lors de sa première conférence de presse :
Je suis un pilote. Je veux être crédible, honnête.
Libération, le 04/05/1999
104 BOMBES ET BOBARDS

LES CARNAGES OFFICIELS DE LA GUERRE JUSTE


Incidents, erreurs, bavures, dégâts collatéraux. . . Depuis quelques jours,
l'OTAN, avec l'aimable collaboration des journalistes, dresse régulièrement le bi­
lan «des incidents» commis par les bombardiers de l'Alliance. Bilan officiel s'en­
tend, à l'exemple de celui proposé par Pierre Bénazay sur France-Infu le 2 mai.
Ne sont pas répertoriés, « les dégâts collatéraux » au centre de Belgrade le 30 avril,
ni la «bavure» à lafrontière bulgare le 29 avril, quant à la douzaine de techni­
ciens ensevelis le 23 décembre sous les décombres d'un immeuble de la télévision
serbe, ils ne sont même pas des « erreurs regrettables. »

SuperJamiefatigue
Nous devons toujours faire tout en notre pouvoir pour minimiser les ac­
cidents qui produisent des victimes civiles, ça va de soi.
Jamie SHE A sur RFI, le 17/05/1999

L 'OMELETTE CHINOISE
Nouvel exploit de l'OTAN: Le 8 mai, trois missiles réduisent en cendres l'ambas­
sade de Chine à Belgrade. Ce bombardement qui déchaîne lafureur de Pékin est
immédiatement qualifié de « nouvelle bavure» par la plupart des journalistes qui
se lancent aussitôt dans toutes sortes d'hypothèsespour tenter d'expliquer aupublic
les raisons de cette dernière «erreur tragique» de l'OTAN Pourtant, il est une hy­
pothèse que nos pros de l'investigation se garderont bien de suggérer au public
(hormis quelques articles parus dans la presse munichoise et une analyse plutôt
pertinente de Michel Pouco sur France-Inter), celle d'un bombardement vo­
l�ntaire. En effe.t, il sem_�le qu'une partie de l'in,nommable et 1ém_oniaque tél�vi­
ston serbe se soit rifugtee dans les locaux de I ambassade chinoise peu apres la
destruction du siège technique de la RTS.

Le correspondant de France-Infa au siège de l'OTAN dans ses œuvres


Les excuses de l'OTAN ne signifient pas obligatoirement un quelconque aveu de
sa responsabilité!
L'OTAN exprime des regrets quant aux pertes de vies humaines et
quant aux dégâts infligés à des bâtiments civils [ ... ] mais en y ajoutant
toujours - et cette fois-ci ne fait pas exception à la règle - qu'il ne
s'agit nullement là d'une reconnaissance de responsabilité, que seule
l'enquête peut établir.

C'est le QG des SS d'Arkan (selon le mot de Jacques Julliard} qui était visé:
La précision n'est jamais absolue et les incidents précédents ont tous vu
la destruction de bâtiments situés de 200 à 300 mètres environ de la ci­
ble. Or, ici, l'ambassade de Chine était située à un peu moins de 300 mè­
tres de l'hôtelJugoslavija, le quartier général des tigres d'Arkan [ . . . ]
LES « BA VURES» DEVIENNENT LÉGITIMES 105

Autre hypothèse
Il existe malgré tout d'autres hypothèses même si, il faut bien le dire
maintenant, elles paraissent moins vraisemblables (mais pourquoi se
priver ?), l'une serait le tir par pure provocation d'un missile sol-air léger
au départ d'une fenêtre de l'hôtel ]ugoslavf/a vers l'ambassade de Chine
[ . . .]
Un incident somme toute normal
Peut-être n'a-t-on jamais autant cherché dans l'histoire de la guerre mo­
derne à limiter ce qu'ils appellent les dégâts collatéraux mais c'est inévi­
table [ . . . ] Finalement il n'y a eu que huit ou neuf incidents de ce type
reconnus par l'OTAN.
Q!,lentin DICKINSON, France-Iefo le 08/05/999

La lumière estfaite sur RTL


On sait exactement ce qui c'est passé [ . . . ] L'erreur est en amont. « Nous
avons visé le mauvais immeuble » a dit ce matin Jamie Shea. Pas de dé­
faillance technologique donc mais une mauvaise programmation des ci­
bles.
RTL, le 08/05/1999

Nouveaux tuyaux de Quentin Dickinsonjamais en retard d'un scoop:


Les agents (de renseignements) occidentaux restés sur place, selon nos
sources, c'est là l'origine de l'erreur, l'enquête se poursuit toujours pour
voir si il y eut bévue ou désinformation mais il est possible que les résul­
tats de cette enquête là ne soient jamais publiés.
France-Inter, extraits du journal de 19h, le 10/05/1999

Vers un déb ut de vérité?


Après 45 jours de guerre les hommes sont usés, l'élite a fini son service,
les remplaçants ne sont peut-être plus aussi rodés [ . . . ] les Yougoslaves
se seraient fait abriter par les chinois, l'OTAN n'oserait pas frapper, de
plus les ambassades, ça émet beaucoup, c'est intouchable. Les messages
hertziens yougoslaves pourraient se confondre avec les messages chinois
et dans cette hyp othèse, soit les Américains ont frappé la source des
émissions la croyant yougoslave et pas située dans le bâtiment chinois,
soit ils ont voulu frapper quand même afin de sanctionner et de dissua­
der les Yougoslaves d'utiliser ce genre de stratagème de contournement
avec la complicité de pays qui sont leurs alliés. Autre hypothèse encore
plus secrète mais plausible : le détournement d'objectif des missiles [ . . . ]
par les Serbes est possible. La thèse de l'erreur n'est donc pas la plus cré­
dible.
Michel POLACO, journaliste à France-Inter, le 10/05/1999
106 BOMBES ET BOBARDS

Nouveaux tests
A Bruxelles, la communication est devenue une priorité.[ . . . ] Désormais
au briefing rituel et télévisé de l'après-midi, est venue s'ajouter, le matin,
une réunion sans images. Le porte-parole (de l'OTAN) y donne des in­
formations sur la campagne de la nuit et le programme - réunions et
visites officielles - de la journée. Il en profite également pour en tester
les thèmes qu'il abordera plus en détail lors de la « grand-messe» de 15
heures.
L 'Ex press, le 03/06/1999

JOYEUX ANNIVERSAIRE
A troisjours de la célébration du cinquantième anniversaire de l'OTAN qui, ha­
sard du calendrier, tombe enp leine démonstration defarce de la coalition de l'Al­
liance, l'op timisme reste de rigueur.
Le cinquantième anniversaire de la création de l'OTAN, sera célébré à
la fin de la semaine à Washington, les événements du Kosovo n'ont pour
l'instant pas perturbé les préparatifs de la fête.
RFI, le 20/04/1999

Art déco
Les nappes du dîner de gala seront de couleur kaki, ce n'est pas une al­
lusion militaire mais un souci d'harmonie avec le carrelage brique de la
bibliothèque du congrès
Anne TOULOUSE, journaliste à RFI. le 20/04/1999

Milosevié casse l'ambiance


Dans la nuit du 20 au 21 avril, tous les médias annoncent que Belgrade
vient de faire de nouvelles propositions à Victor Tchernomyrdine, l'in­
termédiaire russe entre Belgrade et L'OTAN.
Avec le négociateur russe, Milosevié semble avoir trouvé l'arme fatale
pour torpiller le cinquantième anniversaire de l'OTAN.
TF1, le 21/04/1999

Patatras. . .
Les chefs d'états et les représentants des pays de l'Alliance seront privés
de parade militaire dans les rue de la capitale et ils ne dîneront pas en
smoking.
RTL, journal de 18h, le 23/04/1999

Lepremierjour desfe stivités commencep ar une réunion de crise mais «positiver»


est un réel art de vivre aupays du sourire obligatoire:
L'OTAN aurait préféré fêter son anniversaire avec un peu plus de joie
mais aujourd'hui c'est une organisation dont on dit qu'elle est là pour
LES « BA VURES» DEVIENNENT LÉGITIMES 107

gérer les crises, c'est sa raison d'être et c'est ce qu'elle fait. Finalement, il
n'y a pas meilleur manière de fêter son anniversaire [ . . . ] l'enlisement de
la guerre n'est pas un échec en tant que tel, mais un échec par rapports à
des objectifs extrêmement ambitieux.
Le correspondant à Washington de RFI, le 23/04/1999

Dix ans après la chute du mur de Berlin, les célébrations du cinquantième anni­
versaire sont aussi l'occasion, pour l'OTAN, de redéfinir ses missions. Et ça
promet:
De quelles façons l'OTAN doit-elle contrer préventivement les menaces
nouvelles, que sont parmi d'autres, la prolifération nucléaire, les états fé­
lons et le terrorisme et qu'elles doivent être les limites géographiques des
interventions de l'Alliance.
France-Infa, le 23/04/1999

La France et l'OTAN: en êtr e tout en n'en étant pas


La France n'a jamais quitté la table du conseil de l'OTAN, elle a toujours
participé à ses discussions, et comme il faut que toutes ces décisions
soient unanimes, on peut dire que la France à vraiment fortement pesé
sur ses décisions. La France participe de nouveau au comité militaire et
son représentant militaire à Mons participe tout aussi activement à la
planification des opérations au Kosovo. On y est donc de nouveau sans
y être tout en y étant tout de même.
France-Infa, le 23/04/1999)

Tous les objectifs que nous assignent l'Alliance sont examinés par mes
collaborateurs et moi-même, ensuite ils sont remontés au niveau politi­
que pour approuver tous ces choix d'objectifs.
Témoignage d'un gradé sur la base française d'Istrana
à l'occasion d'une «opération de communication»
dixit Claude StRILLON, France 2, le 27/04/1999
XIII
FAITS D'ARMES

LA « DESTRUCTION » DE L 'ARMÉE SERBE


Bien camouflée, utilisant de nombreux leurres, à l'issue de lagu erre l'arméeyou­
goslave se retirera du Kosovo en bon ordre de marche et quasi ment intacte.

Le s oleil, ennemi de la milice


Le beau temps est de retour, les pilotes vont pouvoir s'en prendre direc­
tement aux chars et aux véhicules des paramilitaires.
Dominique THIERRY correspondant à Bruxelles
pour France-In.fa, le 05/04/1999

L'étau se resserre
Efficacité des raids [ . . . ] L'étau qui se resserre autour des Serbes à Peé,
même si l'UCK n'est aucunement en mesure de les menacer, démontre
l'efficacité des raids aériens de l'OTAN contre les mouvements de l'ar­
mée en Yougoslavie.
Le Monde , le 10/04/1999

Les bombardements commencent à produire leurs effets et ils ont affai­


bli le potentiel militaire des serbes.
Lionel JOSPIN, France-Culture, le 13/04/1999)

En dépit de toutes ces nouvelles rassurantes, William COHEN, le secrétaire d'état


américain à la défense, demande au Congrès de voter une rallonge budgétaire.
Le Congrès a le pouvoir de choisir entre une politique d'extermination
et une dictature, en partant du principe que ce n'est pas son problème,
et la démocratie, en fait ce n'est pas un choix.
France-ln.fa, le 13/04/1999

Bientôt 300 avions de s ur veillance s upplémentaires


Pourquoi plus d'avions, pourquoi tant d'avions ? Et bien parce qu'en
permanence il faut assurer la surveillance du ciel pour empêcher les Ser­
bes de faire voler leurs avions.
Michel POLACO, journaliste à France-Inter, le 14/04/1999
FAITS D'ARMES 109

Lorsque nous serons à 24 heures sur 24, (de présence aérienne) d'une
part nous améliorerons les destructions de ces forces qui sont la base du
problème, d'autre part nous commencerons à les paralyser vraiment par
rapport aux actions de terrorisation qu'elles continuent à développer.
Alain RICHARD, sur France-Inter, le 16/04/1999

Toujours une seule personne visée


Notre campagne aérienne est méthodique et systématique, c'est une
campagne progressive et elle va devenir de plus en plus intense et in­
supportable pour le président Milosevié.
Déclaration du général Wesley CLARK, France-Infa, le 14/04/1999

Il est clair que les enjeux sont élevés à cause des actions de Milosevié et
il semble accepter à avoir des pertes mais les pertes qu'il va devoir accep­
ter vont devenir de plus en plus lourdes.
Jamie SHEA, France-Infa, le 13/04/1999

Extraits de la quatrième déclaration radiotélé<uisée de CHIRAC le 21 avril


Aujourd'hui nous avons réduit fortement la mobilité des forces serbes,
nous les empêchons de se concentrer et nous les coupons progressive­
ment de leurs ravitaillements et de leurs bases. [ . . . ] Nous devons atta­
quer des objectifs de plus en plus diversifiés dont la destruction pèsera
de plus en plus lourdement sur l'action des forces et sur le fonctionne­
ment du régime serbe.

L 'invasion se précise
L'hypothèse de l'envoi de troupes terrestres prend de plus en plus corps.
Le Monde, le 22/04/1999

Nouveaux bilans bidons


Plus de 17000 missions aériennes, dont un tiers de combat, ont permis
de toucher au Kosovo huit postes de commandement, dont 200 de
« matériel lourd» comme des chars ou de l'artillerie. soit quelque 20 %
du total déployé dans la province.
Le Figaro, le 07/05/1999

Des bombardiers B-2 ont pilonné des chars serbes sur la frontière avec
l'Albanie.
RFI, le 03/05/1999

Une nuit de bombardementfructueuse


Au Kosovo, les appareils de combat de l'OTAN ont détruit une trentai­
ne de chars, des véhicules blindés, des pièces d'artillerie.
RTL, le 21/05/1999
1 10 BOMBES ET BOBARDS

Trente chars «détruits» en une nuit! Quelq ues semaines après la signature des ac­
cords de paix, l'OTAN reconnaîtra n'avoir rienfait de plus en 78 jours de bom­
bardements sur les «farces serbes».

Nouveaux chiffres douteux. . . maispas pour {tout) Le Monde


L'OTAN ne compte que les matériels qu'elle est sûre d'avoir détruit.
Ainsi 312 chars, véhicules blindés, transports de troupes et pièces d'ar­
tillerie sont hors service, soit 31 % du total déployé dans la province, non
compris 244 autres engins militaires non détaillés. [ . . . ] « Nous com­
mençons désormais à dégrader réellement les forces serbes de manière
sévère» à déclaré la porte-parole de l'OTAN, Jamie Shea.
Le Monde, le 21/05/1999

SCALP
Les Apaches, armesfatales
On va voir ce qu'on va voir, le 5 avril, l'OTAN annonce le déploiement des hé­
licoptères apaches, autrement nommés tueurs de chars. . .
Les hélicoptères Apache sont très efficaces.
Jamie SHEA, Europe 1, le 5/04/1999

C'est une avant garde nécessaire à un déploiement au sol.


Philippe RAILTIEN, correspondant de France-Inter, le 5/04/1999

La « bête » - 15 mètres de long - tient toutes ses promesses.


France-Soir, le 09/04/1999

Dix jours plus tard, les «Apache» s'apprêtent à passer à l'action.


Alors que l'on s'achemine vers une intervention terrestre [ . . .] on ap­
prend que dix lance-roquettes ont été déployés dans le nord de l'Alba­
nie pour protéger les hélicoptères Apaches.
RFI, le 20/04/1999

Publicitégratuite
L'Apache est un redoutable appareil[ . . . ] il a prouvé son efficacité pen­
dant la guerre du Golfe. Il peut frapper, par tout temps, même de nuit
avec un canon de lance-roquettes et un lanceur de missiles.
TF1, le 20/04/1999

Les supercoptères saventjouer à cache-cache


On les appelle les tueurs des chars car en effet ils sont très souples, très
bien armés, capables de se dissimuler dans des terrains qui sont
accidentés. Ils ne sont pas trop vulnérables dans ces zones là parce qu'ils
peuvent se protéger derrière des bosquets et dans les accidents du
FAITS D'ARMES 111

relief. L'apache est assez adapté à un combat de terrain contre les forces
serbes [ ...] Petit à petit on est en train de se mettre en place des actions
aéroterrestres.
Michel PoLACO, journaliste à France-lnfo, le 20/04/1999

900 millions de francs l'unité, fabriqué par Boeing et Mac Douglas, ce


qui en fait un redoutable destructeur de char, c'est son canon rotatif de
30 millimètres monté dans l'axe du fuselage et tirant 625 coups à la mi­
nute.[ .. . ] Doté d'un moteur puissant et silencieux, l'apache peut s'em­
busquer durant de longues minutes derrière un obstacle naturel et
surgir par surprise pour attaquer sa cible.
Journal de France 2, le 20/04/1999

L'Apache est l'hélicoptère de combat le plus performant au monde [ . . . ]


l'appareil est très maniable et extrêmement efficace pour la lutte antichar
ou anti-guérilla avec missiles, canons, roquettes, voire en pire Apoca-
lypse Now.
Michel POLACO, journaliste à France-Inter, le 24/04/1999

Patience
Le déploiement des Apache est retardé de 24 heures pour raisons de sé­
curité.
RFL le 20/04/1999

Une semaine plus tard, le commandant suprême desfarces alliées, Wesley CLARK
en personne, déclare au cours d'une courte conférence de presse de trois
minutes:
Le déploiement des hélicoptères Apache ? Je ne sais pas mais ça ne sau­
rait tarder.
France-lnfo, le 26/04/1999

Les Apaches empêchés


Les Américains ont perdu un de leurs hélicoptères Apache, il s'est écrasé
au sol au cours d'une opération d'entraînement.
Arte, le 27/04/1999

Un accident qui ne remettra pas en cause l'engagement des Apache


prévu pour cette semaine.
France 2, le 27/04/1999
112 BOMBES ET BOBARDS

Comique de sur-répétition
Les hélicoptères Apache stationnés en Albanie ont effectué leurs pre­
miers exercices à balles réelles ce qui laisse présager que ces appareils
tueurs de chars entreront prochainement en action au Kosovo.
Europe 1 , le 14/05/1999

Encore plusfart que les Apache


Les Américains ont déployé quatre avions AC-130 Spectre équipés de
redoutables canons pour l'attaque au sol.
France-Infa , le 20/05/1999

UCK: L'ÉPOPÉE DES BRAVES GARS


UCKsympa
On a donné une image très injuste de l'UCK, je crois que se sont des
jeunes gars courageux, qui aiment leur pays, qui détestent l'oppression
et la barbarie, ces gens là, avec leurs limites, avec leurs défauts, il faut les
soutenir. [ . . . ] Les gens qui refusent la force contre Milosevié sont des
super-munichois [ . . . ] Milosevié est une sorte de concentré de toutes les
horreurs du siècle, c'est le Fascisme, c'est le communisme, c'est les dé­
portations, c'est les camps [ . . . ] comme une espèce non pas de best of
mais de worst of, le pire du siècle. [ . . . ] Il me semble qu'on a dit beau­
coup de sottises sur l'UCK et qu'on l'a un peu injustement diffamé.
J'ajoute que lorsqu'une résistance, fût-elle maoïste à ses origines, est re­
jointe par un peuple tout entier ce qui est le cas aujourd'hui, elle se dé­
mocratise [ . . . ] Elle est en train de devenir un large front démocratique
qu'à mon avis nous aurions fort intérêt à soutenir.
BHL, Le Vrai Journal, Canal +, le 1 1/04/1 999

Les combattants (de l'UCK) n'ont qu'un seul objectif: devenir assez
puissants pour se transformer un jour en une armée nationale dans un
Kosovo démocratique et bien sûr indépendant.
RTL, le 07/05/1999

Bien quef1 rtement soupçonné de vouloir éliminer, y compris physiquement, les


proches d1brahim Rugova, l'UCK est présentée comme une org anisation amie:
Ibrahim Rugova critiqué par ses propres amis : selon un représentant de
l'UCK, le leader modéré des Kosovars serait devenu l'émissaire de Slo­
bodan Milosevié.
France-Inter, le 10/05/1999
FAITS D 'ARMES 113

L a mafia, connais pas


Récurrente, la rumeur accuse les séparatistes kosovars de bénéficier des
profits que génère le trafic d'héroïne, en partie orchestré par la mafia al­
banaise. Reste qu'aucune des enquêtes menées à ce jour n'a pu établir un
lien organique entre les deux réseaux.
En 1 998, la CIA avait plus de certitudes. . .
L 'Ex press, le 13/05/1999

Élémentair e
On peut croire que l'UCK pourrait se révéler aussi criminelle que ceux
qui veulent l'éradiquer, sauf qu'elle n'est pas criminelle, faute de pouvoir
l'être, même si elle le voulait.
Jean-Michel DELACOMPTÉE, pages Horiwns-Débats,
Le Monde, le 25/05/1999

Lejeu de la vérité
Aucun dispositif militaire engagé dans l'Alliance aujourd'hui ne colla­
bore avec l'UCK.
Au mieux, l'armée indépendantistefait un peu de renseignement sur le terrain:
L'UCK donne des coups de téléphone, ça c'est sûr.
Alain RlCHARD, France-Infa, le 8/04/1999

Le lendemain, la partition a déjà changé


Le secrétaire général de l' OTAN, Javier Solana a déclaré : « L'Alliance
Atlantique n'a pas de contact sur le terrain avec l'UCK. » Javier Solana
cependant n'a pas exclu que certains pays membres de l'Alliance puis­
sent armer les militants de l'UCK.
RFI, le 09/04/1999

De hautsfaits d'armes
L'armée de libération du Kosovo qui, il y a quelques semaines encore, C07!. trôlait
parait-iljusqu'à 40 % du territoire du Kosovo, subit une déroute totale. A Paris,
comme à Washington ou à Bruxelles, on garde le moral.
L'UCK est loin d'être détruite, elle serait repliée et réorganisée pour ne
pas s'éparpiller.
Alain RICHARD, Europe 1, le 20/04/1999

Une armée de par tisans


À Skopje en Macédoine un diplomate nous a dit que le fait que l'UCK
ait survécu est déjà en soi une victoire. L'UCK s'est transformée d'armée
de défense du territoire avant les raids de l'OTAN, en armée de résis-
1 14 BOMBES ET BOBARDS

tants, exactement comme les partisans Serbes face aux nazis dans la
même région il y a cinquante ans.
Europe 1, le 20/04/1999
Fine allusion aussi, la une de Libération sur la «Résistance» albanaise.

Les bonnes no uvelles dufront


Totalement laminée par les contre-offensives serbes depuis plusieurs semaines dé­
jà, l'UCK demeure po urtant « OK» pour les stratèges de l'OTAN
Il n'y a aucune preuve que les combattants de l'UCK soient défaits.
Communiqué de l'OTAN, France-Infa, le 11/05/1999

« Aujourd'hui les troupes de l'UCK ne tiennent aucune ville ni aucune


portion appréciable du terrain », reconnaît Kenneth Bacon, porte-parole
du Pentagone, « mais elles se comportent déjà en authentique guérilla,
frappant ici ou là, avant de se replier pour éviter les pertes. »
Le Figaro , le 21/05/1999

Au moins unfaf dans le bon camp


Dans Libéra tion du 21 mai, à la rubrique «Les gens», quelques lignes sur un
gentilfacho, «Jacques», un Français dans les rang de l'UCK.

Photos-souvenirs
«fai été recruté comme officier dans l'UCK [ . . . ] en montrant des photos de
cadavres Serbes que j'avais tués en Croatie », raconte «Jacques», un français
d'extrême droite blessé après trois semaines de combats au Kosovo.

Un brun chiraquien ?
«Je suis anticommuniste» dit cet athlète de 39 ans, au crâne rasé et au
corps tatoué. Pour ce Français qui déclare avec fierté que son père était
« chauffeur de Chirac », les pertes de l'UCK sont très lourdes.
Libération, le 21/05/1999

BLOCUS PÉTROLIER : UN NOUVEL OBJECTIF DE GUERRE


L'OTAN veut neutraliser le sources d'approvisionnement en carburant
des forces serbes. C'est d'ailleurs devenu l'objectif militaire prioritaire.
Europe 1, le 12/04/1999

Vers un embargo pétrolier contre la Yougoslavie.


RFI, le 23/04/1999

Il est désormais interdit de vendre du pétrole à la Yougoslavie.


Eric DENESSAY, journaliste à RF1, le 23/04/1999
FAITS D'ARMES 1 15

L'approvisionnement en produits raffinés par voie fluviale est quasi­


ment impossible.
Qyentin DICKINSON journaliste à France-Infa , le 24/04/1999

Le conseiller de Bill Clinton pour les affaires de sécurité nationale a


déclaré : « Si un blocus contre la Yougoslavie est mis en place pour couper
tout ravitaillement en produits pétroliers, ce blocus s'appliquera aussi à
la Russie. »
RTL, le 25/05/1999

LA FRANCE GUERRIÈRE
Poésie: Le « blues ves péral» du tr oufion
Ce soir, le « PA» (le porte-avions Foch} est loin de l'escadre américaine
qui croise plus au nord. « Nous ne pourrons pas voir partir les missiles
Tomahawk», regrette un marin. Petit coup de blues vespéral, après
soixante-cinq jours de mer. Pour 46 matelots, la mission s'est brutale­
ment interrompue en début de semaine [ . . . ] « Certains avaient les lar­
mes aux yeux lorsqu'ils ont débarqué », raconte un enseigne de
vaisseau. A 19h 15, les lumières rouges s'allument dans les coursives sans
hublot. Il fait désormais officiellement nuit.
Jean-Dominique MERCHET , Libération, le 2/04/1999

Les pilotesfrançais bientôt SDF


Sur la base d1strana
On est à 40 kilomètres de Venise, en pleine zone touristique, et les hôtels
ont été réservés pour la belle saison. Chassés par les touristes, où les
combattants de l'air vont-ils pouvoir être logés ces prochaines semaines?
L'Ex pansion, le 12/05/1999

Huber t Védrine à Cannes: la guerre d'art et d'essai


Pendant une bonne partie du m ois de mai, la guerre est re léguée au deuxième voi­
re au dernier plan de l'actualité par les ajfa ires de dopage dans le cyclisme, les
paillotes en Corse, Roland-Garros et les réjouissances de l'annuelfestival de Can­
nes où le chef de la diplomatiefrançaise s'ojfre quelques m oments de détente. Mi­
chèle STOUVENOT signale sa présence
à la fête donnée en l'honneur de Léos Carax. C'était là qu'il fallait être :
elle se passait dans la banlieue de Cannes, dans un hangar désaffecté.'
Carcasses de voitures cramées avec, cerise sur le gâteau, un caddie volé,
forcément volé. Au son d'un orchestre algérien, le tout cinéma en smo­
king, entre deux coupes de champagne, a beaucoup apprécié ce trash li­
ght [ . . . ] Jack (Lang) assis a côté de Catherine (Deneuve} était plein
d'attention. Il a été rejoint par Hubert Védrine. On ne sait trop pour­
quoi, c'est Claude Auger qui, à Cannes, drive Védrine. L'ex-James Bond
116 BOMBES E T BOBARDS

girl qui a refusé de monter les marches au côté de Sean Connery [ . . . ]


On l'a aiguillé du côté de Youssef Chahine. Le cinéaste égyptien fêtait
ses cinquante ans de cinéma. Védrine est tombé dans les bras de
Youssef. Il a même plaisanté : « Moi, je fais la guerre sans scénario. » Le
mot a fait rire.
Lejournal du Dimanche, le 16/05/1999

Kouchner ouvre un n ouveaufront en Fr ance


Guerre ouverte au tabac [ . . . ] Bernard Kouchner, secrétaire d'État à la
santé et à l'action sociale, a présenté au Conseil des ministres, mercredi
26 mai, un plan de lutte nationale contre le tabagisme.
Le Monde, le 27/05/1999

D'ailleu rs les camps sont déjà n on-fumeu rs


Faut-il donner des cigarettes aux réfugiés kosovars ? Pas question estime
la Croix-Rouge canadienne, qui rappelle, avec l'OMS, que fumer nuit
gravement à la santé.
Die Welt, journal berlinois, extrait traduit et publié par Le Courrier
international, le 03/06/1999
XIV
LES RATÉS DE LA CHIRURGIE

QUELQUES EXEMPLES D 'INTERVENTIONS MILLIMÉTRÉES


Claude BRD_UIUOT, l 'ex-:expulsé �e Yougosl�vie, est de retour au _Monté�1t;o.
Dans la nuit du 28 avril, tl décrit aux auditeurs de RFI le travail de prectston
des chirurgiens de l 'OTAN dans la banl ieue de Podgorica:
Ils semblent que les avions de l'OTAN cherchent à viser une cible en
précision, ils n'ont sans doute pas réussi cet après-midi et c'est pour cela
que ce soir, ils souhaitent à nouveau essayer d'atteindre cette cible.
Un reportage sur le vifqui n 'empêche pas Claude Brouillot de glisser le bobard
suivant :
Les avions de l'Alliance passent à très haute altitude dans le ciel, c'est
difficile pour la DCA yougoslave d'être très efficace. Elle ne l'a pas été
en tout cas depuis le début des frappes le 24 mars.
RFI, le 28/04/1999
FAUX C'est précisément l 'ejficacité de la DCAyougoslave qui empêche les bom­
bardiers de l 'OTAN de se risquer au-dessous des 5 000 mètres.

Chir urgie transfrontalière


Et puis sans doute une nouvelle erreur dans la soirée. En Bulgarie, un
projectile militaire vraisemblablement de l'OTAN est tombé sur une
maison à Gornabania dans la banlieue de Sofia. Le toit et le dernier
étage de la maison ont été détruits.
Il n'y aurait pas de victimes.
RFI, le 28/04/1999

Il arrive que le guidage se dérègle ou que les calculs soient erronés.


Journaliste commentant la «cinquième erreur de l'OTAN » sur
Europe 1, le 28/04/1999

Opération millimétr ée à Belgrade


Je suis dans un quartier résidentiel du centre de Belgrade qui est à moitié
fait de HLM et de pavillons. Un cratère de deux mètres. Maisons entiè­
rement rasées. Deux bombes qui ont manqué leurs cibles.
Renaud GIRARD, correspondant du Figaro à Belgrade, interrogé par
France-Infa le 30/04/1999
118 BOMBES ET BOBARDS

Il y a eu beaucoup de dégâts collatéraux parce qu'il y a eu beaucoup plus


de bombardements dans le centre ville.
Catherine MONET, correspondante à Belgrade,
France-Inter, le 30/04/1999

Cocasse
L'OTAN reconnaît son erreur. (Attaque et destruction d'un train con­
voyant des voyageurs civils sur un pont) Ironie de l'histoire, il aura fallu
une nouvelle vague pour que la nuit dernière, l'OTAN fasse enfin ex­
ploser le pont.
Dominique THIERRY correspondant de France-Inter au siège de
l'OTAN, le 13/04/1999

Du matériel depointe
Les principaux problèmes de l'Alliance sont d'une part le temps et
d'autre part les armes utilisées. 15 % des missiles Tomahawk ont des
problèmes de fiabilité [ . . . ] Les missiles antiradar «ARM» s'égarent dès
que le radar qu'ils visent est éteint. Enfin les bombes à guidage laser sont
soumises aux jugements du pilote, à certains défauts techniques ou à des
déviations par la DCA serbe.
Pierre BÉNAZAY, journaliste à France-Infa, le 02/05/1999

On est loin, très loin même, des bombes de haute précision vantées (et vendues ?)
un mois plus tôt, images de l'OTAN à l'appui:
L'OTAN affirme que ces dégâts collatéraux ont été minimes en raison
de la précision des frappes. Voyons comment cela est possible avec Jean­
Pierre Ferré. Tirés cette nuit depuis les navires de surface et depuis un
sous-marin les missiles ont atteint sur Belgrade, à plusieurs centaines de
kilomètres, des cibles avec une précision dont on ne cesse de s'�tonner
[ . . . ] le Tomahawk n'est rien d'autre qu'un gros cylindre de tôle. A L'in­
térieur, un turboréacteur, du carburant et surtout un ordinateur. On y a
introduit en mémoire le plan de vol du missile, en tenant compte de tous
les paramètres, en particulier le relief. En fonction de la vitesse, le cal­
culateur indique à quel moment changer de direction ou d'altitude. Le
missile peut ainsi voler très bas, entre dix et cent mètres du sol, échap­
pant aux radars. Mais ce n'est pas tout, l'ordinateur est couplé à des cap­
teurs, des yeux, qui décèlent des obstacles imprévus. Exemple, sur cette
image on voit nettement le missile éviter les deux patrouilles en se glis­
sant entre les deux avions. Enfin, le calculateur contrôle en permanence
son vol grâce au système de positionnement par satellite, le GPS, une
aide supplémentaire [ . . . ] résultat cette précision époustouflante, au mè­
tre près, une prouesse technique mais surtout, une arme redoutable.
TF1, le 03/04/1999
LES RATÉS DE LA CHIRURGIE 119

LES DÉGÂTS COLLATÉRAUX DONT PERSONNE NE PARLE ...


Dans le champ, à côté, (camp retranché de l'UCK) un imposant cratère
évoque la « bombe de l'OTAN» qui, selon un soldat, a été larguée par
erreur, il y a dix jours, sur les positions de l'UCK.
Le Monde, le 23/05/1999

Quelques exemples de cibles militaires détruites ou touchées

Les bombardements de Priftina


Les bombes alliées ont aussi touché des habitations alentour, une ving­
taine ont été détruites, on compte douze civils tués, dont trois enfants
[ . . . ] Effectivement, les gens ont très peur des bombardements.
Et aucun de ces bombardements nefa itfa ir quiconque. ..
France 2, le 08/04/1999

Les bombes alliées ont aussi touché des habitations alentour, une ving­
taine ont été détruites, on compte douze civils tués, dont trois enfants.
France 2, le 08/04/1999

Sur un rayon de 500 mètres vous marchez sur des gravats du verre brisé.
TF1, le 08/04/1999

Un central téléphonique.
Annoncé sur BFM le 9/04/1999

Une usine plastique.


Europe 1, le 13/04/1999

Autres exemples de cibles militaires


Les frappes ont des répercussions sur l'approvisionnement en carburant
et en nourriture notamment. Quentin Dickinson corifirme: Selon les ser­
vices de renseignements, l'étau se ressert autour du régime de Belgrade
[ .. .] Pénurie dans la distribution du pain dans certaines régions.
France-lnfa, le 1/04/1999

Une fabrique de chauffage urbain à Belgrade.


Europe 1, le 13/04/1999

Des émetteurs de la télévision serbe.


Une centrale de gaz.
Une école.
France-Infa, le 16/04/1999
120 BOMBES ET BOBARDS

L'OTAN a bombardé essentiellement des infrastructures industrielles


et de communication dans le sud et le centre de la Serbie.
Europe 1, le 20/04/1999

Bombardement des locaux de la télévision serbe.


RFI, le 23/04/1999

Transformateurs électriques touchés à Belgrade.


RFI, le 24/04/1999

Destruction d'un complexe métallurgique à 30 km à l'ouest de Pristina.


Europe 1, le 29/04/1999

Le consulat de Grèce à Nis.


RFI, le 08/05/199

Manufactures de tabac.
France-lnfa, le 14/05/1999

Belgrade et ses environs le 20 mai:


Un hôpital de la banlieue.
L'ambassade de Suède, la résidence de l'ambassadeur espagnol, la repré­
sentation diplomatique de la Norvège.
France-lnfa, le 20/05/1999

jack LANG, (qui est aussi le président de la commission des affaires étrangères de
l'assemblée nationale) et Andre GLUCKSMANN ont b ien raison de nous rappeler
avec quelles b onnes intentions l'OTAN a provoqué la guerre:
Une stratégie qui vise à détruire un système policier et militaire en pre­
nant la précaution, c'est un point très important, d'épargner autant que
possible les victimes civiles, et de ne pas mettre à bas l'économie serbe,
pour ne pas étouffer le peuple Serbe.
Jack LANG sur France-Inter, le 21/04/1999

Remake «postmoderne»
Là-haut, une guerre aux cibles minutieusement contrôlées - ni tapis de
bombes, ni napalm - tente d'épargner l'homme de la rue. En bas une
guerre contre les civils dévaste sans foi ni loi. Ces deux formes de combat ­
une paradoxalement «sage», l'autre épouvantablement sale (pas de guille­
mets) - demeurant parfaitement distinctes. [ . ..] Deux avenirs s'affrontent.
L'un prohibe la guerre contre les civils, l'autre la pratique. Ou bien le nou­
veau soldat Ryan débarque avec quelques amis. Ou bien le nettoyeur racial
gagne et fait école; gare à ses clones nucléaires!
Nom de Diou!
André GLUCKSMANN , L'Ex press, le 29/04/1999
LES RATÉS DE LA CHIRURGIE 121

LES ÉTATS D'ÂME DES GENTILS


C'est l'Alliance atlantique qu'ilfautplaindre
À l'inverse du méchant Milosevié, les démocraties
s'interrogent sans cesse - et c'est à leur honneur - sur l'efficacité et la
justesse de leur combat. Ce questionnement soucieux réduit inévitable­
ment leur capacité d'action.
La perplexité, voire le désarroi, des démocraties acculées à l'usage de la
force, sont d'autant plus grand que l'effondrement du communisme en
Europe avait, depuis dix ans, éloigné la guerre de leur horizon.
Douter, c'est être slobodanisé.
Habile manœuvrier, maître en propagande Slobodan Milosevié [ . . . ]
tente d'instiller le doute dans l'opinion. Pour l'instant il n'y est pas par­
venu [ . . . ] l'intervention conserve l'essentiel de son crédit moral.
A tel point que de moins en moins d'européens soutiennent l'action de l'OTAN,
même dans les sondages!
Jean-Pierre LANGELLIER, Le Monde, le 17/05/1999

Bombes au graphite: la guerrejuste et morale toiyours auxpetits soins avec les Ser­
bes.
La Serbie privée d'électricité.
RFI, le 03/05/1999

Les bombes au graphite larguées sur des centrales électriques coupent le


courant et parfois l'eau en Serbie.
France-Infa, le 03/05

L'objectif de l'OTAN est de prouver qu'elle peut couper le courant en


provocant un minimum de dégâts.
Qientin DICKINSON sur France-Infa, le 03/05/1999

Félicitations dujury
Cette nouvelle illustration de la guerre énergétique portée contre Bel­
grade a porté ses fruits.
RFI, le 03/05/1999

Suite à la bavure de l'ambassade de Chine il y a huit jours, l'OTAN pré­


fère prendre pour cibles les centrales électriques : plus de lumière à Nis
ou à Novi Sad et à Belgrade.
Précisons que les très démocratiques bombes au graphite ont été utiliséesplusieurs
jours avant la destruction de l'ambassade.
France-Infa, le 14/05/1999
122 BOMBES ET BOBARDS

Pour que Miloievié trinque, les Serbes doivent déguster


L'OTAN a tendance à détruire l'ensemble des infrastructures civiles
serbes [ . . . ] ces bombardements sont moins prévisibles et les civils vont
ne pas avoir tendance de s'en écarter. Autrement dit il y a un risque que
le nombre de bavures augmente.
[ . . .] Au fond il eût été normal que l'OTAN commence par ces bombarde­
ments, par ces privations d'électricité [ . . . ] L'OTAN n'en est plus à des
frappes militaires mais à des frappes sur des objectifs civils. Donc priver la
population d'électricité pourquoi pas, c'est un élément supplémentaire.
Jean-Louis DUFOUR, conseiller militaire de RFI, le 04/05/1999

Les bombardements des sites industriels


Ça peut avoir un effet sur la population et on voit bien que les pannes d'élec­
tricité (et les manufactures de tabac ajoute Serge]uly) semblent avoir été plus
dommageables pour Milosevié que les attaques des casernes.
Christine ÜCKRENT et Serge }ULY, Politique Dimanche. le 21/05/1999

DES LENDEMAINS QUI CHANTENT


La Hongrie a des atouts, elle est bien placée pour participer à la recons­
truction une fois la guerre terminée.
France-In.fa, le 03/05/1999

Les Serbes eux-mêmes ont décidément bien de la chance


On peut déjà penser paradoxalement à la reconstruction qui pourrait
donner un coup de fouet à cette économie serbe moribonde [... ] De­
main l'économie serbe risque de voir les entrepreneurs occidentaux ve­
nir enlever des contrats, bref, se tirer d'un mauvais pas économique
dans lequel la Serbie était embourbée depuis 1992.
Journaliste de La Tribune s'exprimant sur RFI, le 03/05/1999

La guerre du bien qui surtout, ne devait pas «mettre à bas l'économie serbe» est
en train de ruiner et de ravager la Yougoslavie
mais peut-on parler de développement économique ? La Yougoslavie n'a
jamais décollé.
Grâce à l'action militaire, diplomatique et économique de la coalition du Bien, la
Yougoslavie pourra bientôt repartir sur des bases saines:
Bien que les occidentaux abordent la question avec prudence, pour ne
pas donner des «signes» à Slobodan Milosevié, les experts estiment
pourtant que le réintégration de la Yougoslavie au sein de la commu­
nauté internationale est un élément majeur de la stabilité économique
de la région.
On espère qu'elle dira merci au moins!
Babette STERN, pages Horizons-Analyses, Le Monde, le 21/05/1999
XV
VERS LA PAIX

DU SANG ! DE LA CHIQUE ET DU MOLARD !


Négociation = humiliation
La gesticulation de l'OTAN est aujourd'hui destructrice, parfois meur­
trière, mais elle campe toujours le refus obstiné de la guerre.
Prévoir repentan ces
Nous sommes de ce fait plus proches d'une solution honteuse sanction­
nant l'épuration ethnique que d'une capitulation du régime de
Belgrade. Cette capitulation à un prix terrible : la guerre terrestre. En
dehors de cette éventualité, il faudra composer avec le criminel contre
l'humanité. Ce compromis aura un prix moral et politique.
Serge ]ULY, Éditorial de Libération, le 1/05/1999

On ne peut pas, pendant des semaines, affirmer à tous vents que la lutte
qu'on mène est dirigée contre la « barbarie » et la « gangrène de
l'innommable » et refuser qu'une seule goutte de sang soit versée. La
« mondialisation » de la guerre du Kosovo [ . . . ] donne à penser qu'une so­
lution diplomatique miracle est à portée de main. Mais elle ne dit pas
que le prix pourrait en être une humiliante défaite.
Libération, cité par Le Monde dans la page Kiosque, le 12/05/1999

La hon te
Toute honte bue, les États-Unis et leurs partenaires européens parais­
sent vouloir discuter avec le président yougoslave. Un « dictateur» qu'ils
comparaient naguère à Hitler et juraient de faire capituler.
Le Figaro, le 21/05/1999

Bain de sangfinal, dern iers espoirs, dern iers appels


Exclure l'éventualité d'une intervention terrestre comme on l'a fait in­
considérément en mars, c'est se priver du plus puissant moyen de pres-
sion qui soit sur M. Milosevic : la perspective de sa défaite assurée. [ . . . ]
il se pourrait pourtant que ce qui n'était pas envisageable tout de go [ . . . ]
apparaisse bientôt comme un douloureux mais nécessaire impératif, tout
124 BOMBES ET BOBARDS

simplement pour éviter l'échec de l'intervention engagée le 24 mars et


que la majorité continue de trouver juste.
Claire TRÉAN, Le Monde, le 26/05/1999

Il faut aller chercher la victoire au sol si l'on veut ramener les réfugiés au
Kosovo [ . . . ] la répugnance des sociétés démocratiques à se battre est à
son comble.
Thérèse DELPECH, pages Horizo ns-débats, Le Monde, le 26/05/1999

Frustrations
La coalition du Bien décidément trop gentille
Le général Short, qui commande les raids au dessus de la Serbie et du
Kosovo depuis son poste de Vicenza, en Italie, a formellement regretté
de ne pas avoir eu, dès le début de �, Force alliée», les mains libres pour
procéder à des frappes massives sur de larges objectifs, y compris Bel­
grade, dans le but d'amener les dirigeants yougoslaves à capituler. Une
façon, là aussi, d'indiquer aux responsables politiques de l'Alliance
qu'une offensive aérienne, pour réussir, ne doit pas être bridée.
Jacques lsNARD, Le Monde, le 22/05/1999

LOT DE CONSOLATION
À défaut de guerre totale, c'est maintenant aux diplomates de gagner la
guerre de l'OTAN. [ . . . ] La seule garantie que Milosevié ne puisse pas
transformer sa défaite en victoire, c'est de le chasser du pouvoir.
Le Figaro, extrait repris dans la page «Kiosque » du Monde, le 21/05/
1999

Sondages: Les craquements du béton ar mé


Après deux mois de guerre en Yougoslavie, la détermination de l'opi­
nion française reste encore forte [ . .. ] cela n'empêche pas les Français
d'être saisis de doutes.
Lejournal du Dimanche, le 23/05/1999

C/inton relaxe
Après soixante jours de frappes aériennes, l'OTAN est plus unie au Ko­
sovo qu'elle ne l'était au début.
Bill CLINTON, Le Monde le 23/05/1999

MILOSEVIé WANTED
Une de l'Humanité
VERS LA PAIX 125

Le 27 mai, LouiseÂRBOUR, procureur du Tribunal Pénal international pour les


crimes en ex-Yougoslavie, exerçant sesfonctions en dehors de toute pression et à
son rythme, rend publique l'inculpation de Slobodan Milosevié et de quelf ues uns
de ses sbires pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Ce qui n empêche
pas madame le Procureur defaire un peu de diplomatie:
Même si les accusés ont le droit de bénéficier de la présomption d'inno­
cence jusqu'à ce qu'ils soient reconnus coupables, les preuves sur la base
desquelles cette inculpation à été confirmée soulèvent de sérieuses dif­
ficultés quant à leur capacité à garantir le moindre accord, sans parler
d'accords de paix.
L'Humanité, le 28/05/1999

C'est la même Louise Arbour qui déclarait quinzejours plus tôt:


Il est fondamental que nos enquêtes ne soient pas perçues comme un
élément d'une campagne de diabolisation et de démoralisation de l'ad­
versaire. Pour cela, nous continuons à travailler à notre rythme, sans cé­
der à l'hystérie du dehors, aux appels aux lynchages de la foule.
L'Express, le 13/05/1999

Selon la plupart des médias, cette inculpation inopinée aurait pris de court les
« dirigeants occidentaux» et prouve si besoin était, l'indépendance du TPIY. Ou
peut-être un excès de zèle?
L'initiative de Louise Arbour a surpris les alliés, c'est le moins que l'on
puisse dire. Madeleine Albright a même piqué une belle colère, faute
d'avoir été prévenue de l'inculpation de Milosevié par le procureur qué­
bécois, comme celui-ci le lui avait promis . . .
Le Figaro, le 28/05/1999

Les Américains ont été les plus empressés à lui fournir (à Louise Ar­
bour) les preuves qu'elles cherchait. C'est le porte-parole du départe­
ment d'Etat, James Rubin, qui s'en vantait hier : «Je pense qu'il est
juste de dire que nous avons été le fournisseur principal des preuves
au tribunal, qu'il s'agisse de preuves venant du terrain ou de nos ser­
vices de renseignements [ . .. ] et nous l'avons fait d'une manière
accélérée», a t-il dit en parlant de «milliers de pages sur les activités
au Kosovo cette année».
À noter que la présidente du TPIY, la juge Gabrielle Kirk Mac Do­
nald,,est... Américaine. Elle a estimé hier que la RFY est devenue
«un Etat malhonnête, qui méprise la loi internationale», et qu'il fal­
lait prendre contre elle des «mesures fortes».
L'Humanité, le 28/05/1999
126 BOMBES ET BOBARDS

Intuitionféminine
Louise Arbour a peut-être agi parce qu'elle sentait que les alliés flan­
chaient dans leur détermination et que l'on s'orientait vers un
« compromis honteux» avec Belgrade.
Pierre ROUSSELIN, extrait de l'éditorial du Figaro, le 28/05/1999

La coalition acculée
Il est probable qu'aucun dirigeant occidental ne critiquera publiquement
cette manifestation d'indépendance du procureur . . . Slobodan
Milosevié ne peut définitivement plus être un partenaire de négocia­
tions pour les Occidentaux. Mais il n'était de fait déjà plus considéré
comme tel par la plupart d'entre eux.
Le Monde, le 28/05/1999

L'inculpation ne donne au président yougoslave que le choix entre une


capitulation pure et simple, prélude à une condamnation, ou une fuite
en avant suicidaire. Pour provoquer la première, la réédition, ou pour
parer la seconde, la résistance, les Occidentaux n'ont d'autre option
après cette inculpation, que la poursuite d'une guerre totale, aérienne
aujourd'hui encore, et sans doute demain terrestre.
Pierre-Luc SÉGUILLON, LCI, propos reproduits dans la page
« Kiosque » du Monde le 28/05/1999

Cette guerre ne pourra s'achever sur une demi-guerre [ . . . ] L'inculpation


de Slobodan Milosevié a un double mérite. Elle rappelle d'abord que le
combat engagé relève d'une «juste cause » [ . . . ] elle a également pour effet
de clarifier le but ultime d'une campagne militaire dont on ne savait plus
très bien au fil des semaines ce qu'elle recherchait
Pierre ROUSSELIN, extrait de l'éditorial du Figaro, le 28/05/1999

Étrangement, le 10juin, -premier jour effectifde lapaix retrouvée temporai­


rement dans les Balkans -, Louise Arbour annoncera sa démission du poste de
procureur du tribunalpénal international. . . Mission accomplie ?

Milosevié décidément de plus en plus répugnant


La guerre ? Slobodan Milosevié ne lui trouve qu'un seul inconvénient.
Elle le prive de ses promenades dans le jardin.
lrina de CHIKOFF, Le Figaro, le 28/05/1999

Il n 'est mêmeplus question de vaincre!


Jamie Shea a déclaré que, pour l'organisation qu'il représente, une vic­
toire militaire n'était pas l'objectif majeur.
Le Monde, le 28/05/1999
VERS LA PAIX 127

LA CAPITULATION
Une de Libération
La guerre totale n'au ra pas lieu. On s'achemine vers une « solution honteuse»: un
règlement négocié de la crise. La « demi-guerre» ju ste n'ira donc pas «jusqu 'au
bou t» de sa mission démocratique et morale:
Milosevié et le parlement serbe acceptent le plan du G8 [ . . . ] Tout le
monde est pressé d'en finir. Il faut donc maintenant arrêter les bombar­
dements.
Le Figaro, le 04/06/1999

Par rapport au diktat des « accords de Rambouillet», le plan du G8, qu i va per­


mettre d'ouvrir directement les négociations avec les représentants de Miloievié
et de conclure les accords de Kumanovo, est beaucoup moins contraignant pou r le
pou voir serbe: 1 °) Les troupes du maintien de la paix (j,U i se déploieront au Ko­
sovo agiront sous mandat de l'ONU alors que Rambout!let était un plan conçu et
exécuté 100 % par l'OTAN 2°) Hormis le Kosovo, l'intégrité du territoireyou­
goslave est respectée. L'occupation et la libre circu lation des troupes de l'OTAN
sur tout le territoire de la RFY (annexe B du traité de Rambouillet) nefigure pas
dans le plan du G8. 3°) Malgré la mise en place d'un protectorat international
au Kosovo, la souveraineté tfe la You goslavie sur la province est reconnue alors
- qu e Rambou illet prévoyait un référendum d'au todétermination dans les trois
ans, ce qui aurait aboutit inévitablement à une proclamation d'indépendance.
Trois concessions d'importance qu i ne semblent pas gêner nos médias otanisés. Li­
bération allant mêmejusqu'à parler à la une de son édition du 4ju in de La ca­
pitulation du pouvoir serbe.
Tou t se passe comme si lesjournqlistes ne vou laient pas connaître la réelle teneur
des « accords de Rambou illet». A peine relève- t- on une seu le réelle différence: la
composition defarce qui, du « tout- OTAN», devient « internationale». Su r Fran­
ce-Info, Patrick BOYER affirmera même que Miloievié a signé pire qu 'à Ram­
bou illet.
Cependant, après une courte interrup tion, les bombardements civilisés repren­
nent car il r� ste_ des points 1e détails à discu ter, dont la compositi? n exacte de « la
fa rce du maintien de la paix» au Kosovo, le rôle que devront y ;ouer les Russes,
l'ONU. ..

Les illuminations de SergeJuly


Le dictateur du délire serbe a provoqué la guerre sciemment et pour un
résultat, du point de vue des Serbes, terrible.
Cette épreuve des Balkans aura constitué un grand pas dans l'émer­
gence d'une véritable conscience européenne, préalable à une existence
politique effective.
Malgr é son suivisme at/antiste - dernier exemple en date, Javier SOI.ANA, en­
core secrétaire général de l'OTAN, annonce qu'il occu pera le siège de «M. PESC»,
12 8 BOMBES ET BOBARDS

il sera le haut- représentant eurot,_ éen pour la politique étrangère et la sécurité


commune à lafin de l'année - l'Europe
vient de connaître une épreuve fondatrice. Elle a su prouver son exis­
tence. Elle est, pour la première fois à cette échelle, dans un drame de
cette ampleur, un acteur de sa propre histoire : c'est aussi l'enjeu du Ko­
sovo.
Extraits de l'éditorial de Libération, le 05/06/1999

Au moins un vainqueur
Aussi mal conduite qu'elle fùt, la guerre des Balkans aura été un formi­
dable exercice pédagogique.
Franz-Olivier GIESBERT, Le Figaro magazine, le 05/06/1999

Les meilleures choses ont unefin


Le baromètre du Figaro-Magazine du mois dejuin indique que les cotes de po­
pularité de Jospin et de Ch irac sont en chute libre. Le p remier ministre perd 4
points et leprésident de la République 9. C'est La fin de l'effet Kosovo non seu­
lement en France mais partout en Europe.
Le Figaro-Magazine, le 05/06/1999

Dans Paris-Match, qui publie lui aussi un nouveau sondage, on lit ces
commentaires:
L'esprit guerrier des Français s'affaiblit [ . . . ] Seulement 4 Français sur
10 favorables à une intervention terrestre au Kosovo.
Paris-Match, le 10/06/1999

En attendant la phasepsy. . .
L'espoir serait plutôt que les Serbes ouvrent enfin les yeux sur la vraie
nature du régime yougoslave, et tirent eux-mêmes la leçon de huit ans
de tragédie et de destruction. C'est cette phase psychologique de la
_
guerre qm a commencé.
Avec débarquement de troupes de psy chiatres?
Jean-Jacques MÉVEL, correspondant du Figaro
à Washington, le 05/06/1999

. . . ou laphasejardinage ?
Le but premier de l'Alliance est, certes, de faire plier le dictateur de Bel­
grade, adepte, lui, du vieil adage selon lequel seule la force fonde le droit.
(Amusant quand on sait combien l'OTAN a violé toutes les lois internatio­
nales) Mais la communauté internationale, (comprendre les pays qui sou­
tiennent l'action de l'OTAN, Chine, Inde, Brésil, Russie et bien d'autres en
sont donc exclus) avec les Yougoslaves eux-mêmes, doit maintenant aller
plus loin encore et déraciner le chiendent de la barbarie.
Denis JEAMBAR, L'Ex press, le 10/06/1999
VERS LA PAIX 129

Le 10 juin, l'adoption de la résolution 1 244 du conseil de sécurité de l'ONU,


autorisant le déploiement de contingents militaires et confiant aux Nations­
Unies l'administration du Kosovo, met un terme au 79jours de bombardements
alors que les troupes serbes commencent à quitter leurs positions.

Chirac charrie
Bien que l'accord de paix conclu avec le pouvoir serbe est lefruit de nombreuses
tractations, Jacques Chirac ne craint pas d'affirmer sur TF1 qu'il s'agit d'une
capitulation, je dirais sans condition dans la mesure ou nous avions clai­
rement indiqué qu'il n'y avait rien à négocier.
Autre énormité proférée parJacques Chirac au cours de cette émission, celle qui
voudrait que
pas une seule frappe - et il y en a eu 22 000 - n'a été faite sans l'accord
de la France.
Enfa it, il y a eu au moins troisfais plus de bombardements et les anglo-améri­
cains (60 % desfarces engagées} ne se sontjamais cachés d'agir sans consulter leurs
chers et dévoués partenaires sur le choix des cibles qui les concernait en p ropre.
Théoriquement, la France avait un droit de veto sur les cibles qui lui étaient dé­
volues.

Védrine abuse
Alors que le Kosovo s'apprête à être livré aux gangs de l'UCK, il déclare:
Nous serons les bâtisseurs de la paix.
Le Figaro, le 12/05/1999

Matchfanfaronne
D'après cet hebdomadaire, la paix (?) enfin retrouvée est une
victoire pour l'Europe, le plan est né à Cologne sans Madeleine Albri­
ght.
On se souviendra que le même genre de sornettes avaient été entendues après
l'échec des «justes et équitables accords de Rambouillet»
Paris-Match, le 17/06/1999

APRÈS LES BOMBARDEMENTS, LES BOBARDS CONTINUENT


Dans son numéro du 10juin, L'Express tente de dresser un catalogue des crimes
de Milosevié. Nul doute que des actes ignominieux ont été commis par les soldats
ou les milices serbes, cependa nt la liste établie par L'Express est tellement exagé­
rée qu'elle produit l'effe t inverse du résultat recherché. Du moins auprès des lec­
teurs chez qui il reste un reliquat d'esprit critique. On remarquera l'habile emploi
du conditionnel affirmatif(nouveau mode de conjugaison apparu dès le début de
la guerre} employé par l'auteur de l'article, Jean-Marc Dém etz.
130 BOMBES ET BOBARDS

Les viols, m éthode de guer re


A Peé, à l'hôtel Karagac, transformé en bordel de campagne, de jeunes
Albanaises auraient été forcées à répétition. « Le viol a servi de méthode
de guerre », accuse Brigitta, une solide Suédoise de l'organisation Kvinna
till kvinna (Femme pour la femme)

Instituteurs pendus
Dans le village de Goden, près de Djakovica, 28 instituteurs auraient,
selon des témoignages concordants, été rassemblés et pendus.
Dès le 26 m ars pourtant, le (bon) correspondant de France-lnfo nous avait m is
en garde:
Qyand on trouve un enseignant sur cinq ou six villages, c'est déjà beau­
coup. Donc trouver 20 enseignants au même endroit, ça semble incroya­
ble.
France-Infa, le 26/03/1999

Négationnisme m achiavélique
« La négation fait partie du crime contre l'humanité, c'est une de ses
caractéristiques », note le magistrat Antoine Garapon, président du co­
mité Kosovo [ . . . ] déjà les indices de ce négationnisme apparaissent.
Dans les exécutions massives dont elles se seraient rendues coupables,
les forces auraient fait, dans certains cas, courir leurs victimes et les
auraient tirées comme des lapins, pour faire croire que ce sont des victi­
mes collatérales des bombardements. [ . . . ] Ce négationnisme des auto­
rités serbes s'était déjà manifesté lors de la conférence de Rambouillet.
La délégation de Belgrade avait alors estimé à 1 million le nombre d'Al­
banais - au lieu probablement de 1,8 millions.

Ralak
Bien que les circonstances du crime de Raiak ne soient pas élucidés (les victi­
m es étaient-elles des com battants de l'UCK ou des civils?) dans la localité de
Racak, selon le procureur (du tribunal pénal international) , le 15 janvier,
près de 45 hommes et femmes ont été abattus, dont certains de sang­
froid, par les policiers serbes.

Le plan «Fer à cheval»


D epuis plusieurs sem aines, plus personne n'ose donner du crédit à cette
« inform ation» m ais qu'im porte,
selon un document officiel yougoslave, révélé par le gouvernement alle­
mand et daté du 26 février, les autorités de Belgrade ont planifié dès ce
moment l'expulsion des Albanais des centres urbains du Kosovo. Sous
le nom de code « Fer à cheval», ce texte reprenait un projet établi en 1937
VERS LA PAIX 131

par l'universitaire Vaso Cubrilovié, un des conjurés, en 1914, de l'atten­


tat de Sarajevo contre l'archiduc d'Autriche.

Vigilance et rigueur
Par souci de rigueur, les enquêteurs écartent les témoignages non-véri­
fiables. « L'histoire du fœtus arraché aux entrailles de la mère et jeté sur
son visage, c'est une rumeur classique des guerres balkaniques [ . . . ] nous
sommes soumis à une obligation de vigilance».
Et comment!
Jean-Marc DËMETZ, L'Express, le 10/06/1999

Glu cksmann en son labo


Merci les Américains ! Une nouvelle fois vous vous « projet�z» sur nos
terres pour sauver un peuple [ . . . ] Vieux Continent contre Etats-Unis ?
Un match suicide. Plutôt s'allier pour dissuader les barbaries tout terrain.
Ancienne école des guerres et des révolutions mondiales, l'Europe de­
viendrait ainsi laboratoire des paix futures.
André GLUCKSMANN, L'Express, le 17/06/1999

Rafraîchissements serbes
On a appris, la semaine dernière, que les milices ne se contentaient pas
de tuer sous les yeux des victimes leurs animaux familiers, chiens et
chats, mais qu'ils faisaient boire de l'acide sulfurique aux enfants, pour
voir ce que ça fait.
Philippe VAL, extrait de l'éditorial de Charlie-Hebdo, le 23/06/1999

L es vr ais chiffres du génocide


On ne peut pas mettre sur le même pied le probable millier de victimes
serbes (Au minimum 2000 paraît plus certain) et les centaines de milliers
de Kosovars massacrés.
Pas plus?
Antoine GARAPON interviouvé par Télérama, le 23/06/1999

Et ci:etera, et ci:etera. . .
Postface

LA « DÉMOCRATIE » DANS LE NOUVEL ORDRE MONDIAL

CHACUN EST LIBRE DE SES OPINIONS .•.

TANT QU'ELLES CORRESPONDEI\T AUX NÔTRES !


INDEX DES INTERVENANTS

A CAPTIER Christian 53
ADLER Alexandre 84, 85 CAYROL Roland 73, 78
ALBRIGHT Madeleine 12, 24, 35, CHABOT Arlette 24, 76
103, 125 CHALAMET Marc 80
AMALRIC Jacques 65, 66 CHARBONNEAU Nicolas 58
ANNAN Kofi 36, 76 CHARETTE Hervé de 12, 15, 18
APHATIE Jean-Michel 29, 81, 82 CHAZAL Claire 70
ARBOUR Louise 125 CHEYSSON Claude 10
ASKI Pierre 45 CHIKOFF Irina de 126
CHIRAC Jacques 9, 1 1, 13, 14, 24, 30,
B 37, 53, 80, 81, 109, 129
CHRISTOPHER Warren 36
BACON Kenneth 103, 1 14 CLARK Wesley 13, 25, 109, 1 1 1
BÉDOUAIS Alain 43 CLINTON William Jefferson 11, 16,
BEER Patrice de 47, 78, 100 45, 49, 79, 124
BENAMOU Georges-Marc 21 COHEN William 108
BÉNAZAY Pierre 1 18 COHN-BENDIT Daniel 29, 45, 99
BÉNI CHOU Marcel 74 COOK Robin 71, 95, 103
BIARD Gérard 44 COQUIO Catherine 38
BIBERSON Philippe 41, 42 COURCHELLES Gérard 41, 42, 74,
BLAIR Tony 25, 70, 95 79
BLINKEN Anthony 1 1, 15, 17, 24, 94
BOCEV Pierre 103 D
BÔLE-RICHARD Michel 99 DAENINCKX Didier 89
BONIFACE Pascal 9 DANIEL Jean 9, 47, 99
BOURGET Paul-Marie 32, 85 DAVIDOFF Yvan 47
BOYER Patrick 1 1, 17, 20, 30, 83, 84, DE GRAAF Thom 97
127 DE GRAVE Frank 97
BROUILLOT Claude 33, 117 DEBRAY Régis 85, 86, 88, 89
BRUCKNER Pascal 40 DELACOMPTÉE Jean-Michel 1 13
BRZEZINSKI Zbigniew 37, 49 DELPECH Thérèse 124
DÉMETZ Jean-Michel 20, 129, 131
C
DENESSAY Eric 114
CADIER Bernard 58 DESTEXHE Alain 46
136 BOMBES ET BOBARDS

DEVEDJIAN Patrick 43
DICKINSON Qyentin 13, 16, 25, 26, IMBERT Claude 14
27, 105, 115, 121 ISNARD Jacques 52, 124
DISPOT Laurent 37 ITERMAN Mémona 71
DONADIEU DE VABRES 48
DOUSTE-BLAZY Philippe 11, 30 J
DUFOUR Jean-Louis 101, 122
DUHAMEL Alain 9, 99 JACKSON Michael 56
DUHAMEL Olivier 14 JAGGER Bianca 57
DUPUIS Gérard 48 JEAMBAR Denis 47, 48, 128
JERTZ Walter 103
E JOBERT Michel 19
ELVEZ José 79 JOFFRIN Laurent 73
JOSPIN Lionel 13, 14, 15, 17, 34, 37,
F 81, 108
JOXE Alain 49, 86
FABRE Clarisse 29 JULLIARD Jacques 84
FERRÉ Jean-Pierre 118
JULY Serge 46, 100, 122, 123, 127
FISCHER Joschka 98
JUPPÉ Alain 80
FODHA Hassen 76
FRANCHON José-Alain 16 K
FRANÇOIS Didier 59
FRAPPAT Bruno 31 KADARÉ Ismaïl 37, 41
FRITSCH Laurence 55 KELCHE (Général) 27, 53, 69
KIRK MAC DONALD Gabrielle 125
G KOUCHNER Bernard 16, 18, 43, 84,
GAIGNOT (Général) 46 116
GARAPON Antoine 130, 131
L
GARAUD Marie-France 83
GARDE Paul 12, 34 LACOSTE Yves 46
GENESTAR Alain 12, 15, 18 LAJON Karen 26
GIESBERT Franz-Olivier 128 LALUMIÈRE Catherine 22
GIRARD Patrick 21 LAMASSOURE Alain 43
GIRARD Renaud 66, 70, 117 LAMBROSCHINI Charles 47
GLUCKSMANN André 120, 131 LANG Jack 10, 47, 120
GODEFROY Jérôme 59 LANGELLIER Jean-Pierre 21, 121
GORDEY Serge 69 LECARPENTIER Marc 73
GOUPIL Romain 85 LELLOUCHE Pierre 16, 36, 43, 69,
GUÉNAIRE Michel 71 75
GUILBERT Paul 80 LEMONIER Luc 59
LÉOTARD François 17, 45, 51
H LEPARMENTIER Arnaud 36, 99
HEISBOURG François 13, 75 LÉPINE Dorothée 60
HERZOG Philippe 89 LÉVY Bernard-Henri 11, 17, 18, 22,
HOFNUNG Thomas 21, 75 31, 43, 53, 79, 86, 112
INDEX DES INTERVENANTS 1 37

LÉVY Elisabeth 85 R
LOUQUET Catherine 40 RAILTIEN Philippe 28, 59, 110
LUZET François 57
REDGRAVE Vanessa 57
M RICHARD Alain 11, 15, 17, 25, 26,
27, 81, 82, 109, 113
MAC CAIN John 60 ROBERTSON Jeff 18
MADELIN Alain 46, 56
ROCARD Michel 13, 17
MAJAX Gérard 57
MAMÈRE Noël 46 ROQUELLE Sophie 49
MAMOU Jacky 52, 93 ROSENZWEIG Luc 96
MAZEROLLE Olivier 13 ROUSSELIN Pierre 126
MERCHET Jean-Dominique 115 ROZÈS Stéphane 14, 78
MÉVEL Jean-Jacques 59, 69, 128 RUBIN James 125
MONET Catherine 118 RUGOVA Ibrahim 32, 61
MOORE Roger 57 RUPNIKJacques 18, 20, 71, 72, 98
RUSHDIE Salman 85
N
NAHOUM-GRAPPE Véronique 19, S
30 SAINT GERMAIN Paul Ivan de 22
NARCY Jean-Claude 40 SAINT-PAUL Manuel 97
NICHANIAN Marc 38 SANGUINETTI Antoine (Amiral) 30
NOTTE Pierre 19
SCHARPING Rudolf 35, 36, 98
0 SCHIFRES Michel 47, 66
SCHMIDT (Général) 45
OCKRENT Christine 122
SCHNEIDERMANN Daniel 73
D'ORMESSON Jean 19
D'ORVIL Jacques 29 SCHRCEDER Gerhard 36, 97, 98
OURDAN Rémy 32 SÉGUILLON Pierre-Luc 126
SÉGUIN Philippe 29
p SELLAM Sadek 38
PERNAUD Jean-Pierre 77 SÉRILLON Claude 32, 73, 74, 75, 80,
PIQUARD Patrice 75 107
POIVRE D'ARVOR Patrick 73 SERVONNET David 53, 80
POLACO Michel 52, 80, 104, 105, SHEA Jamie 10, 17, 27, 28, 34, 40, 59,
108, 111 60, 61, 65, 66, 67, 70, 74, 90, 95, 96,
POPE Nicole 35 97, 104, 105, 109, 110, 126
POTET C atherine 79 SOLANA Javier 16, 24, 25, 103, 113,
PUECH Olivier 32 127
PUHL Detlef 102 SONOMUT Guldener 74
SONTAG Susan 85
Q SOUCHIER Dominique 46
QUÉNO (Général) 50 STERN Babette 82, 122
QUILÈS Paul 11 STOUVENOT Michèle 115
138 BOMBES ET BOBARDS

T VULSER Nicole 63
THIERRY Dominique 65, 66, 96,
108, 1 18 W
THRÉARD Yves 48 WATSON Paul 85
TOULOUSE Anne 60, 106 WAYSAND Georges 38
TRÉAN Claire 13, 124
WILBY David (Général) 16, 24, 25,
V 26, 68
VAL Philippe 34, 48, 131 z
VAUZELLE Michel 36
VÉDRINE Hubert 10, 12, 17, 81, 129 ZÉRO Karl 43, 69
TABLE DES MATIÈRES

AVANI'-PROPOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
LA GUERRE DU BIEN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
VICTOIRE IMMINENTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
SHOAH BIS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
INÉVITABLE ET NÉCESSAIRE
GUERRE TOTALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
GUERRE ET FUREUR HUMANITAIRE . . . . . . . . 51
LES FEUILLETONS DE LA DÉSINFORMATION 58
LES BOMBES DÉONTOLOGIQUES . . . . . . . . . . . 68
LES MÉDIAS IRRÉPROCHABLES . . . . . . . . . . . . . 73
LA CHASSE AUX DÉVIANTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
ÉMISSIONS SPÉCIALES À LA TÉLÉVISION . . . . 90
L'EUROPE DU BOURRAGE DE CRÂNES . . . . . . 95
LES « BAVURES » DEVIENNENT LÉGITIMES . . 101
FAITS D'ARMES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
LES RATÉS DE LA CHIRURGIE . . . . . . . . . . . . . . 117
VERS LA PAIX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
POSTFACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133

Index des intervenants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135


Chez le même éditeur
GÉOPOqTIQUE, MONDIALISME,
DESINFORMATION

Depuis leur fondation, les éditions L'Age <l'Homme ont voué une attention
particulière à l'Europe de l'est et du sud-est.
Hormis la collection Classiques slaves, la plus importante bibliothèque de tra­
ductions slaves au monde, L'Age <l'Homme publie régulièrement des essais histo­
riques ou d'actualité ayant trait aux questions est-européennes.
Apparaissant au départ comme un fait divers tragique, la crise yougoslave est deve­
nue le révélateur de l'instauration, dans les pays occidentaux, d'un nouvel ordre totali­
taire à vocation globale dont le bourrage de crâne médiatique est une composante
fondamentale. Aussi les ouvrages sur la Yougoslavie publiés depuis 1990 à L'Age
<l'Homme, outre leur valeur souvent prémonitoire, permettent également de compren­
dre la mutation intérieure des sociétés où nous vivons.

Ouvrages collectifs BOSNITCH Sava


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Avec les Serbes BUGNON-MORDANT Michel
De l'imprécision à lafalsification (criti­ Sauver l'Europe
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L a crise yougoslave
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Lettre ouverte au soldat serbe La pensée asphyxiée
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On assassine un peuple, les Serbes de Le défi de l'infacommunication
Krajina
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Kosovo, la spirale de la haine contre l'Europe
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BESSON Patrick La sign ification du Kosovo dans l'histoire
Sniper allée du peuple serbe
DIMITRIJEVIC Vladimir MOLNAR Thomas
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Scandale de la Vertu Les musulmans yougoslaves

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Dossier Kossovo Dohritsa Tchossitch
KARADZIC Radovan Requiem po ur l'Europe
L a Bosnie, un enjeu tragique/L'éveil de STOYANNE Denis
l'â me repliée Petitglossaire de la guerre civile yougos­
lave
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Oubli ou nouvelle trahison? TCHOSSITCH Dobritsa
La Yo ugoslavie et la question serbe
KOLJEVIC Nikola L'effondrement de la Yo ugoslavie
Du patriotisme Po ur la réconciliation des Serbes
KRESTIC V., MIHAILOVIC K. Un homme dans son époque {entretiens
Le «Mémorandum» de l'Académie serbe avec S. Djoukitch}
des sciences et des arts VELIMIROVITCH Nicolas
KRESTITCH Vassilié Théodule
Un peuple en otage VOLKOFF Vladimir
La désinformation, arme de guerre
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Du 24 mars au 1 0 juin 1 999, tout au long de l'agression de l'OTAN contre
la République fédérale de Yougoslavie, David Mathieu a consigné les décla­
rations des d i rigeants, des faiseurs d'opinion et des journalistes occidentaux.
Depuis le guet-apens des « accords » de Rambouillet, monté dans le but
de fournir un prétexte aux « frappes » , jusqu'à la calamiteuse « victoire » de
l'OTAN obtenue au prix d'une guerre contre les civils (al banais y compris) et
d'un désastre écologique, et préludant au nettoyage du Kosovo de sa popu­
lation serbe et de toutes ses minorités non albanaises - tzigane, turque,
macédonienne, juive -, le lecteur découvre dans Bombes et bobards une
invraisemblable cacophonie de la haine et du mensonge, que nul drama­
turge désaxé n'aurait su imaginer et mettre en paroles.
Du président de la République au pigiste obscur, de la vedette média­
tique à I' «expert » incompétent, de I' «humanitaire » écumant de rage au poli­
ticien véreux en q uête de virg i n ité morale, tous les rouages d u système de
désinformation mondialiste défilent dans ce livre. Non plus en tant que pro­
cureurs, stratèges, oracles, « consciences » , mais pour une fois en tant
qu'accusés.
Les délits ? Mensonge, faux témoignage, incitation à la haine ethnique,
d iffusion de fausses nouvel les, complot contre la paix, i ntoxication, bêtise
grégaire . . .
Les preuves ? I rréfutables : leurs propres paroles et écrits ! Leurs pro­
phéties ineptes ; leurs informations inventées et remaniées au jour le jour ;
leurs promesses jamais tenues ; leurs accusations de « génocide » aussi
folles qu'infondées ; leur triomphal isme technologique ; leur humanitarisme
hypocrite masquant la cruauté . . . Bref, les « maîtres du monde » et leurs
valets peints par eux-mêmes.
Accompagné d'un index des intervenants permettant de suivre les prota­
gonistes au fil de leurs déclarations, ce _bottin sobrement commenté permet
d 'établir un profil ahurissant mais réel de la nouvelle caste mondialiste.

DAVID MATHIEU est né à Paris en 1969. Escroqué moralement et appauvri


financièrement par la bourgeoisie post-soixante-huitarde, ingrat, il se fait un
devoir de combattre le conformisme oppressant de cette génération. Prolon­
geant par un rigoureux travail pratique l 'étude de la désinformation « libé­
rale-démocratique » initiée par des précurseurs comme Noam Chomsky, le
général Gallois, Michel Collon ou Vladimir Volkoff, David Mathieu nous livre ici
une mise en garde raisonnée contre l'infinie puissance d'illusion et d'auto-illu­
sion du « complexe militaro-médiatique » occidental.

La collection OBJECTIONS accueille des textes qui combattent, arguments à


l'appui, les l ieux communs de la pensée médiatisée.

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ISBN : 2-8251 - 1 361 -1

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