1. Définition du business model Le business model ou modèle économique décrit les principes selon lesquels une organisation crée, délivre, et capture de la valeur. Le business model positionne l’entreprise au sein de la chaîne de valeur ses relations avec ses clients, fournisseurs et partenaires afin de générer du profit. Qu’est-ce que le business model ?
• La manière dont “une organisation crée, délivre et recueille de la
valeur” • Décrire la logique de fonctionnement et de cohérence de votre projet • Décrire la stratégie générale de votre projet • Visualiser en un coup d’oeil des différents aspects de votre projet ainsi que toutes les parties prenantes • Trouver de nouveaux leviers d’innovation pour votre projet 2.Utilité un business model
Un business model, appelé également modèle
économique ou modèle d'affaires, décrit précisément comment votre entreprise va gagner de l'argent. En pratique, cela revient à définir ce que vous allez vendre, auprès de quels clients, dans quel but, de quelle manière et pour quel bénéfice. 3. Composantes du business model • Tout business model possède trois composantes génériques : la Génération d’une valeur appréciée par les marchés, la Rémunération de cette valeur et le Partage de la réussite avec le « réseau de valeur », autrement dit les acteurs du système.
• Le modèle GRP (pour Génération, Rémunération, Partage), permet de décrire les
composantes d’un business model.
• La puissance de ce modèle réside dans sa capacité à permettre aux différentes
parties prenantes de se représenter le projet, de l’analyser et de s’y projeter. 4. Types de canevas du business model
a. Quel est votre produit ou service ? C’est ce que vous
voulez vendre à vos clients. Il peut s’agir d’informations (prix, informations météorologiques, etc.), de services (tendances, comparaisons, analyses, etc.), ou d’outils (tels qu’un logiciel prêt à l’emploi ou une formation). Vous pouvez offrir plus d’un type de produit ou service, pour plus d’un type de client. Par exemple, vous pouvez fournir des données de prix aux exploitants agricoles et des analyses aux négociants et aux transformateurs. b. Qui sont vos clients ? Vos clients peuvent être : Acteurs directs du marché (ceux qui produisent, achètent et vendent la marchandise) : exploitants agricoles, associations d’exploitants, négociants, transformateurs, grossistes, détaillants, exportateurs et importateurs. Acteurs indirects du marché (autres parties prenantes intéressées par le marché ou fournissant des services aux acteurs du marché) : fournisseurs d’intrants, banques, assureurs et autres organisations financières, instituts de recherche, bailleurs de fonds et agences de développement, services de vulgarisation, coopératives, associations professionnelles, organisations non gouvernementales, transporteurs, agences gouvernementales, analystes de marchandises et bourses de marchandises. c. Quels canaux de commercialisation utiliserez-vous pour fournir votre produit à vos clients ? Comment mettrez-vous votre produit ou service à la disposition de vos clients ? Vous pouvez faire usage d’un éventail de canaux traditionnels et non traditionnels.
❖Affichage : panneaux d'affichage, tableaux d'affichage et des
tableaux électroniques sur les marchés. ❖Publications imprimées : bulletins d'information, avis, articles dans des magazines et des journaux. ❖Télé/radiodiffusion : radio et télévision. ❖Internet : Sites Internet, Adresse e-mail and média social Téléphones mobiles et tablettes : SMS, applications, services mobiles Internet et médias sociaux. d. Comment créerez-vous et entretiendrez-vous la relation avec vos clients ? Comment présenterez-vous votre produit ou service à votre clientèle potentielle ? Comment les persuaderez-vous de payer pour ce produit ou service ? Comment traiterez-vous les paiements ? Comment pouvez-vous obtenir un retour de vos clients pour savoir s’ils apprécient votre service ou s’il y a d’autres fonctionnalités qu’ils souhaiteraient ? Les méthodes les plus efficaces dépendront de votre clientèle cible. Pour les exploitants agricoles, par exemple, envisagez de la publicité sur des panneaux d’affichage, la distribution de dépliants dans la zone que vous ciblez ou obtenez des organisations de développement qu’elles promeuvent votre service auprès des exploitants agricoles avec lesquelles elles collaborent. Une fois que vous avez établi un premier contact, la meilleure recommandation est le bouche-à oreille : des clients satisfaits qui recommandent votre service à leurs amis, voisins et partenaires commerciaux. e. Quels flux de revenus pouvez-vous générer ? Sources de revenu Certains de vos canaux généreront des revenus. Par exemple, vous pouvez faire payer aux utilisateurs l'information envoyée sur leur téléphone mobile. Il est plus difficile de générer des revenus à partir d’autres canaux (comme les panneaux d’affichage) – mais vous pouvez néanmoins les utiliser pour vendre de la publicité. Plus loin, nous traitons de la génération de revenus grâce aux services d’information mobiles. Envisagez les flux de revenus suivants pour vos produits ou services. Calculez combien d’argent chaque flux peut générer pour que votre activité soit viable. Pour chacune de ces catégories, vous devez décider de votre stratégie de tarification. Devriez-vous offrir gratuitement quelques informations et facturer des informations ou des analyses plus détaillées ? Ou alors que pensez-vous d’offrir gratuitement un premier service (ou pour un coût nominal) et de facturer uniquement les utilisateurs qui dépassent une certaine limite ? Ou d’offrir des abonnements généraux pour les membres d’associations agricoles ? Ou devriez-vous facturer davantage pour des services de premier plan et utiliser les revenus supplémentaires afin de subsidier un service de base destiné aux petits utilisateurs ? f. Quelles seront les ressources dont vous aurez besoin pour créer votre produit ou service ? Nous pouvons maintenant passer à l’aspect production. Ici, vous identifiez les ressources que vous nécessiterez pour produire et livrer vos produits et services. Elles comprennent plusieurs combinaisons de ces ressources : ❖Humaines : l’équipe d’agents de terrain pour collecter les données, les développeurs de logiciel, les analystes, les spécialistes de la commercialisation, les gestionnaires et le personnel d’appui. ❖Intellectuelles : elles comprennent les données que vous collectez, votre analyse, le logiciel que vous développez ou utilisez et vos brevets, partenariats et marque. ❖Infrastructure physique : cette catégorie inclut les bureaux, les ordinateurs et l’équipement. ❖ Financières : les fonds propres, le soutien des bailleurs de fonds ou la ligne de crédit dont vous aurez besoin pour développer et commercialiser le produit ou service. g. Quelles sont les activités que vous devrez mener à bien pour créer un produit ou service ? Il vous faudra réaliser des études sur vos clients potentiels et les produits et marchés que vous souhaitez couvrir. Il vous faudra ensuite acquérir ou développer un logiciel et établir un système pour collecter, analyser et diffuser les informations, attirer et conserver les clients et traiter leurs paiements. h. Quels sont les services et partenaires commerciaux dont vous aurez besoin ? Vous devrez collaborer avec diverses organisations : ❖Des sources d’information telles que le ministère de l’agriculture, l’institut de météorologie et les administrateurs de marché. ❖Des organisations de diffusion comme des opérateurs de réseau mobile et les stations de radio. ❖Des services d’analyse d’information tels que des développeurs de logiciels (si vous n’en disposez pas en interne) et des spécialistes. Universitaires des cultures ou du bétail (si vous souhaitez offrir des conseils de production). i. Quels sont les coûts que vous supporterez ? Quels sont les différents types de coûts que vous supporterez ? ❖Planification et développement. Vous devez effectuer des études sur votre marché potentiel, établir votre système d’information sur les marchés, acquérir, adapter ou développer et tester un logiciel et former du personnel à son utilisation. Les plateformes et le logiciel changeant rapidement, leur adaptation et leur mise à jour est une tâche continue. ❖Gestion des informations. Vous devez employer des enquêteurs pour collecter des informations, des employés pour contrôler et traiter les données, des spécialistes pour analyser les informations et élaborer des conseils sur le marché et des experts pour répondre aux questions. ❖Distribution. D’une manière ou d’une autre, vous devez distribuer votre service à vos clients. Cela peut passer par un partage de revenus avec un opérateur mobile, le paiement du temps de diffusion radio ou télévisée et d’espace dans des journaux et le paiement d’imprimés et de distribution de bulletins d’information. Les opérateurs mobiles peuvent prendre environ 75 % des revenus et donc vous laisser très peu du total. D’autre part, ils peuvent constituer le seul moyen de vous permettre d’atteindre le nombre d’abonnés nécessaire pour atteindre l’équilibre. ❖ Promotion et formation. Il faut que les utilisateurs potentiels de votre service sachent que vous existez et les persuader de s’inscrire et de commencer à l’utiliser. Vous aurez besoin de former des exploitants et d’autres clients à l’accès et l’utilisation de votre service. Les agences de développement peuvent être très utiles pour familiariser des exploitants agricoles avec votre service et la manière de l’utiliser. ❖Ressources humaines. Ils comprennent les enquêteurs de marché et les gestionnaires de la plateforme, mais aussi des personnes gérant la communication, la formation et le développement des technologies. Le personnel compétent peut être onéreux et il a beaucoup d’autres offres d’emploi. Il faut le former, le motiver et le payer suffisamment pour le garder. Généralement, il représente environ 70 % de vos coûts. ❖Moyens de communication. Vous aurez besoin d’une connexion Internet et il vous faudra peut-être louer une ligne à haut débit auprès d’une société de télécommunications. ❖Équipement et frais généraux. Il faut payer des espaces de bureau, des ordinateurs et d’autres équipements, des connexions téléphoniques et Internet, des capacités de sauvegarde, des services en ligne, des licences, des frais d’enregistrement, de gestion, de sécurité, des impôts, etc. II. Renseigner un canevas type de business model 1. Canevas type Qu'est-ce qu'un business model ? Le modèle d'entreprise, ou modèle d'affaires, décrit la manière dont une organisation crée, fournit et conserve de la valeur (et la capitalise). Chaque organisation dispose dès lors d'un "business model« . Beaucoup de modèles d'affaires existants sont actuellement sous pression en raison du nombre croissant des possibilités offertes par les TIC. Des start-up disruptives mettent à mal les secteurs de l'hôtellerie et de la musique, les organisations de voyages, les commerces de détail, les maisons d’édition et les compagnies de taxis. Il est donc essentiel que vous réfléchissiez en continu à votre modèle d'affaires. Si vous ne remettez pas vous-même en question votre modèle d'affaires, il est fort probable que quelqu'un d'autre le fera à votre place, par voie directe ou indirecte. 2. Etude de cas sur un canevas type Le Business Model Canvas La méthode a été conçue par Alex Osterwalder. Il a également écrit un livre à ce sujet en collaboration avec Yves Pigneur. Sur un grand poster - le canevas - les 9 éléments importants de tout modèle d'affaire sont indiqués. Au cœur du business modèle se trouve la proposition de valeur. Ce sont les produits et/ou services que vous proposez à votre clientèle. La partie gauche du modèle est consacrée à la façon dont vous travaillez ('comment') : quels sont vos partenaires, ressources et activités ? La partie droite se penche sur votre clientèle ('qui'). À qui vendez-vous vos produits/services, comment se fait la livraison et comment entretenez-vous la relation avec vos clients ? Remplissez vos frais et revenus dans les cases au bas du modèle. Comment remplir les différentes parties du business model canvas ? Afin de compléter chaque partie du modèle, nous vous conseillons de vous poser les bonnes questions et de noter vos réponses. 1. Segments de clients Les segments de clientèle et la proposition de valeur forment un des éléments-clés du modèle d'affaires. Pour cette partie du modèle, vous devez définir quels segments vous souhaiter desservir. Qui sont vos clients ? Est-ce que votre clientèle peut être répartie en groupes de clients ? Quels sont les besoins de vos (groupes de) clients ? Qui sont vos clients les plus importants ? 2. Relations CLIENTS De quelle façon êtes-vous en contact avec les différents segments de clientèle ? Uniquement en ligne ou avez-vous également des contacts face à face avec vos clients ? Quelle façon est la meilleure et la plus rentable pour chaque segment ? par ex. : l’assistance personnelle, la gestion des comptes, le self-service, les services automatisés, les communautés, la co-création 3. Canaux de distribution Notez entre autres votre stratégie de marketing et de distribution dans cette case du modèle. Comment est-ce que votre clientèle est tenue au courant de votre offre ? De quelle façon peut-elle accéder à votre offre, dans un magasin ou en ligne ? Comment est-elle informée au sujet de votre produit ? ? Quelle est la meilleure façon pour votre clientèle de faire l'expérience de votre proposition de valeur ? 4. Proposition de valeur Quelle valeur distinctive ou ajoutée votre produit ou service apporte-t- il au client (nouveauté, réduction des coûts, performance, réduction des risques … ) ? Quel besoin ou problème résolvez-vous ? Est-ce que vos clients ont réellement besoin de votre produit ? Tout segment de clientèle ne réagit pas de la même façon. Cela explique pourquoi la perception de valeur diffère par segment de clientèle. 5. Partenaires STRATÉGIQUES Quels partenaires stratégiques ou conseillers externes apportent une valeur ajoutée essentielle à votre gestion de l’entreprise ? Les raisons de leur importance stratégique peuvent évidemment différer. Sont-ils essentiels à votre gestion de l’entreprise afin de limiter les risques ? Vous apportent-ils des connaissances et de l’expertise ? Sont-ils essentiels à la réalisation de votre service/produit ? Quels partenaires sont cruciaux pour avoir encore plus de succès ? 6. Activités-clés Quelles activités et quels processus de production apportent en fin de compte une valeur ajoutée à votre entreprise ? Expliquez clairement comment vous ajoutez de la valeur à la qualité de votre produit, à l'entretien de la relation client et à l'acquisition de nouveaux clients. 7. Ressources-clés Quelles ressources vous faut-il pour réaliser votre produit ou proposition de valeur ? Pour entretenir les relations avec la clientèle ? Pour attirer de nouveaux clients ? Pour faire parvenir le produit chez le client ou pour être payé ? Tenez compte des ressources physiques (le matériel de l'entreprise comme un ordinateur ou une caméra), des ressources intellectuelles (un brevet ou une marque) et des ressources humaines (le personnel). 8. Sources de revenus D’où viennent vos revenus ? En d’autres termes, quel est votre modèle de rémunération (maintenant et à l’avenir) ? Vos revenus sont-ils proportionnels aux attentes financières des clients ? Comment pouvez- vous développer des sources de revenus supplémentaires ? Pensez à d'autres modèles de rémunération (abonnement, modèle de base, vente jumelée …). 9. Structure des coûts La structure des coûts rassemble tous les coûts nécessaires pour le fonctionnement du business modèle et le développement des activités centrales. Quels coûts sont fixes (locaux commerciaux et industriels, machines) et lesquels sont variables (achat de produits) ? Quelles ressources d’entreprise sont coûteuses et où pouvez-vous encore faire des économies (d’échelle) ou retirer des avantages ? Soumettre votre projet existant à un examen critique Constatez-vous que votre proposition de valeur n'est plus suffisamment distinctive ? Ressentez-vous que les attentes du marché ont changé ? Ou voulez-vous créer des nouveaux canaux de vente ou de distribution, tenter d’établir des partenariats ou passer la gestion de l’entreprise au crible ? Dans ce cas, le Business Model Canvas est également un outil utile. Avec cet outil, vous pouvez détailler rapidement et de façon visuelle quelles parties de votre entreprise sont essentielles à une hausse de succès, quelles parties peuvent être améliorées et quelles modifications et innovations sont nécessaires. Quand le canevas est déjà complété, vous pourrez par exemple retirer des éléments et vous poser la question : « Que ferai-je si ... ? » Par exemple, que faites-vous si ce client n’existe plus ou que ces ressources ne sont plus disponibles ? Inversement, il est également possible d'ajouter des éléments qui ne faisaient pas encore partie de votre business modèle. Par exemple, un canal de vente supplémentaire ou un partenaire auquel vous n’avez encore jamais pensé. De cette façon, vous renouvelez votre business modèle. Après un peu de pratique, vous deviendrez très vite un pro. La préparation est toutefois de mise Le Business Model Canvas vous permettra de réfléchir de façon structurée à votre business modèle. Vous trouverez des explications et des vidéos d’instruction en ligne qui vous aideront à appliquer cette technique. Vous n’avez pas besoin d'autres outils pour développer des idées simples, liées à des décisions stratégiques à faible impact financier, qui n’influenceront pas la stratégie d’entreprise. Vous ne pouvez cependant pas commencer sans être préparé. Réfléchissez donc bien avant de commencer : ❖Votre objectif ou le résultat final : à quelle question voulez-vous avoir une réponse précise ? Quel problème vous aidera-t-il à résoudre ? Si vous voulez étudier une situation existante, le modèle suffira. Si vous voulez par contre développer un nouveau service/produit, des analyses devront d'abord être effectuées. ❖Portée : quel modèle d'affaires voulez-vous redessiner ? Celui de toute l’organisation, d’un département ou d'une équipe ? ❖Le suivi : après avoir complété le canevas, vous vous demanderez inévitablement « Que faire avec ce document ? ». Trop souvent, le business model reste un exercice théorique qui n’est plus employé par la suite. Réfléchissez aux étapes suivantes, qui sera responsable de ces étapes et quelles ressources seront nécessaires pour les réaliser. ❖Il est certainement utile de lire le livre Business Model Generation pour déterminer la meilleure façon d'appliquer ce modèle de canevas, car il fait partie d’une approche beaucoup plus large, le ‘Business Model Generation’. ❖Ce modèle de canevas ne pourra cependant pas vous donner toutes les réponses à vos questions et ne saura pas résoudre tous vos problèmes. Ainsi, un 'Lean Canvas’ adapté, qui convient mieux aux sujets spécifiques d’une start-up, a déjà été développé. Le modèle subséquent, ‘Value Proposition Canvas’, est plus approprié pour la conception de nouveaux produits, services et propositions de valeur. Il existe également un Social Lean Canvas pour y inclure quelques aspects nécessaires à la création d’un modèle d’affaires social. Chapitre II : élaborer un business plan I. Décrire le business plan 1. Définition du business plan (différence entre le business model et le business plan) Le business plan (BP), ou plan d’affaires en français, est la formalisation écrite du projet entrepreneurial. Il s’agit d’un document d’une cinquantaine de pages environ, qui présente les éléments essentiels du projet, et notamment la nature spécifique et l’opportunité du projet étayée par une analyse du marché et de la concurrence, l’équipe qui la développe et sa cohérence avec le projet, les ressources nécessaires à sa réalisation et la perspectives qu’il vise, le business mode crédible et attractif , une stratégie de démarrage réaliste, des prévisions financières à 3 ou 5 ans et l’explicitation des attentes vis – à – vis du partenaire pressenti (besoin financier, accompagnement …). L’élaboration du BP force le créateur d’entreprise à réfléchir, à analyser, à décider… Sa réaction donne corps au projet, permet de passer des hypothèses aux calculs, de l’envie à l’anticipation, bref, il s’agit de la dernière porte à franchir avant d’entrer dans l’action. Mais le BP n’est pas le projet lui- même, c’est – à – dire que pour un même projet on peut élaborer un bon ou un moins bon BP, de même, on peut lire un bon BP présentant un projet sans grande qualité. Durant un processus de création d’entreprise, l’entrepreneur peut décider d’arrêter sa démarche à tout moment. Si le BP démontre l’opportunité et que celle – ci est associée à un business model performant, il ne manque plus, le cas échéant, que l’engagement des financeurs pour que le projet se concrétise. Pris dans son sens premier, la notion de plan fait référence à une représentation graphique (le plan d’un quartier) ou à un parcours (comme se rendre de tel point à tel autre). Puis, dans la pratique, l’application de ce terme inclut une dimension temporelle (au lieu de l’espace), c’est notamment le cas lorsqu’on parle d’un BP : il y est fait référence au future, et le chemin ne s’inscrit pas dans l’espace, mais dans le temps. Le BP est donc, pour l’entreprise en création, la trajectoire qu’elle est sensée suivre pour s’implanter et se doter des meilleures conditions pour réussir, et ainsi se développer dans la durée. Finalement, rédiger un BP c’est décrire une belle histoire qui va bientôt commencer … car il doit contenir ce supplément d’âme pour fédérer les ressources à sa réalisation. Il faut également tenir compte du fait que la trajectoire prévue dans le BP reste purement hypothétique, et que dans la réalité future, la nouvelle entreprise pourra en suivre bien d’autres. Ces autres scénarios, plus ou moins envisagés, peuvent aussi bien conduire le projet vers l’échec que vers une réussite beaucoup plus rapide et fulgurante que prévue. En fin de compte le BP ne veut guère mieux – ou moins bien – que les hypothèses qu’il renferme … C’est pourquoi, il est nécessaire d’être clair sur les raisons de son élaboration d’une part, et sur la manière et la rigueur avec lesquelles il faut le présenter d’autre part. NB : Différence entre business plan et business model Le business model (ou modèle économique en français) est la façon dont l'entreprise génère son profit, tandis que le business plan ou plan d'affaires est un document présentant la stratégie de l'entreprise et ses implications financières pour les années à venir. Ainsi, le business model est au centre du business plan. Le business model décrit la façon dont l'entreprise se positionne au sein de la chaîne de valeur de son secteur et comment elle organise ses relations avec ses clients, fournisseurs, et partenaires afin de générer un profit. Le business plan traduit ce positionnement en une série d'actions stratégiques à mettre en place et chiffre leur impact. 2. Utilité ou objectifs du business plan Le BP participe concrètement à l’avancement du projet de création d’entreprise répondant à deux objectifs distincts : ❖Aider le créateur à construire puis mettre en œuvre son projet : ici c’est plutôt la notion de « Plan » du BP qui est concernée. Il s’agit, plus globalement, de la fonction interne du BP. ❖Trouver des ressources externes – principalement financières – afin de pouvoir réaliser son projet. Cette fois, c’est plutôt la dimension « business » du BP qui est impliquée. C’est la fonction externe du BP. II. Expliquer le contenu du business plan 1. L’élaboration du business plan Six étapes sont évoquées pour décrire le processus à suivre afin d’aboutir à l’élaboration d’un BP concret et efficace. Les trois premières étapes sont liées à la fonction interne du BP, la quatrième est relative à l’écriture du BP lui-même, la cinquième à la fonction externe et la sixième couvre les deux fonctions. ❖Faire le diagnostic du projet de création d’entreprise. Il s’agit de définir ses ambitions, puis ses principales forces et ses principales faiblesses, identifier les opportunités et les menaces ,la finalité étant d’identifier les principaux leviers de développement ainsi que les enjeux pesant sur le projet à court, moyen et long termes. ❖Définir la ligne stratégique retenue pour le projet. Il faut faire l’inventaire des scénarios et options stratégiques possibles, en évaluer les attraits afin de définir comment utiliser au mieux les atouts du projet. Cela permet de retenir le meilleur scénario et de préciser le business model et les grandes orientations à moyen terme. Bien sur les différentes options sont aussi analysées en termes de couts et de rentabilité espérée. ❖Décliner les conditions opérationnelles de mise en œuvre de la stratégie retenue et valider sa faisabilité. L’idée bien concrète que recouvre cette étape vise à définir si les ressources du projet permettent, et sous quelles conditions, de réaliser la stratégie retenue. Cette déclinaison opérationnelle de la stratégie éclaire certaines priorités et certains risques .Elle permet aussi de définir les limites à ne pas franchir et les éventuels points de non retour. ❖Elaborer concrètement le BP. Une fois toutes les analyses stratégiques effectuées ,il convient de formaliser l’ensemble des rubriques :la présentation du projet et de l’équipe entrepreneuriale ,l’analyse du marché et de la concurrence ,la stratégie d’offre ,de lancement ,le business model, les perspectives de développement etc. ; et leurs points clés dans le BP, en essayant d’être clair et précis sur les objectifs . ❖ Communiquer le projet. Le BP doit être un vecteur de communication vis-à-vis de l’ensemble des parties prenantes pouvant être concernées par le projet, et plus particulièrement auprès des potentiels apporteurs de ressources pour la mise en place du projet(fonction externe du BP). ❖Analyser les premiers temps de l’existence de l’entreprise. Cette dernière étape se situe en réalité en phase de post lancement ; le BP de démarrage et /ou de recherche de ressources est déjà réalisé et diffusé. Elle consiste à mesurer les écarts entre les résultats obtenus et les prévisions établies dans le BP d’origine, de manière à identifier les causes, se faire une idée sur leurs niveaux de gravité, et éventuellement de fixer de nouveaux objectifs à partir de ces nouvelles données. Cette démarche permet de diagnostiquer le projet au regard du contenu du BP (fonction interne du BP) et éventuellement, en cas de succès ou de besoin, de préparer un BP de deuxième tour. 2. Ce que doit démontrer le business plan Le BP, doit autant rassurer le créateur que l’ensemble des parties prenantes du projet sur les chances de succès de ce dernier. Différents éléments peuvent contribuer à atteindre l’objectif du business plan. Ces éléments se décomposent en 4 domaines que le BP doit rendre cohérents entre eux : ❖Définir le projet : ses métiers et sa proposition de valeur ; ❖ Construire : les éléments nécessaires à sa réalisation ❖Exister : les ressorts stratégiques permettant au projet de voir le jour ❖Assurer : les facteurs de renforcement de l’entreprise Le BP doit démontrer la cohérence globale qui existe entre ces quatre rubriques qui constituent les fondations stratégiques du projet. C’est la complémentarité et la logique d’ensemble qui doivent ressortir à sa lecture. 2.1. Définir le projet Il est crucial, dans le BP, d’être clair et précis sur le métier de la future entreprise afin d’identifier les compétences et ressources qu’il faut mobiliser et ce sur quoi repose précisément la proposition de valeur originale du projet. Ainsi, en établissant l’inventaire des activités nécessaires à sa mise en œuvre, le créateur peut définir celles sur lesquelles il compte bâtir une spécificité et celles sur lesquelles il pense pouvoir sous traiter. C’est ce type de démarche qui permet de démarrer un projet en tirant le meilleur parti de son avantage concurrentiel. Si, par défaut, le créateur aboutit au constat que son avantage concurrentiel est très fragile, peu identifiable ou éphémère, cela peut constituer une cause raisonnable d’abandon du projet. 2.2. Construire le projet Le BP doit donner une représentation précise et justifiée du calibrage choisi pour le projet. En effet, un même projet peut prendre des formes variées en taille, en implantation en réseau, en vitesse de croissance, etc. L’idée ici est de justifier le choix retenu. La première caractéristique dont dépend le calibrage repose sur l’équipe des fondateurs, c’est-à-dire l’équipe qui au départ va conduire le projet. Il est crucial de mettre en exergue la force de cette équipe (cela peut se réduire au créateur uniquement) :sa capacité (quasi unique) à faire émerger le projet et sa compétence pour le conduire, la logique de son parcours et son investissement (sans réserve) dans le projet .Nous pouvons noter ici un facteur qui peut créer un atout très puissant :lorsque l’avantage concurrentiel du projet repose sur l’équipe ,ce dernier bénéficie d’un crédit considérable dans la mesure ou sa différence ne peut pas être imitée. Le calibrage du projet peut aussi dépendre de la nature du projet, certains, en effet, requièrent une grande envergure des le démarrage. 2.3. Faire exister le projet Pour renforcer l’impact du BP il est nécessaire de présenter une stratégie de lancement claire et détaillée. Un projet dépend beaucoup de ses premiers pas, il est ainsi indispensable d’avoir une logique précise des premières étapes à franchir pour accroitre les chances de réussite de la nouvelle entreprise ; une road-map (ou trajectoire d’évolution) qui indique notamment la stratégie d’accès au marché. Le BP doit rassurer sur la pertinence de la stratégie de lancement. Si l’ensemble de ces dimensions est argumenté sur la base d’un business modèle crédible dans sa mise en œuvre, et le créateur contrôle une grande part des facteurs, cela ajoute beaucoup de force de conviction au BP. On peut noter ici que la future valorisation de l’entreprise, ou sa capacité à mobiliser de nouvelles ressources, dépend en grande partie de la capacité de l’entrepreneur à respecter les échéances annoncées dans les BP. Le fait de suivre sa road-map apporte un crédit considérable à l’entrepreneur et à son projet. 2.4. Assurer la pérennité du projet En dernier lieu dans une perspective globale, il nous semble judicieux d’indiquer deux perspectives dans son BP. Tout d’abord de rassurer sur le fait qu’une fois la phase de démarrage passée, le projet sera inscrit dans la durée (une pérennité à même de garantir une ressource aux différentes parties prenantes : salaires, remboursement d’emprunts,…..) mais aussi, dans la perspective de fédérer des apports de fonds, de montrer qu’en cas de succès le 15 projet pourra générer des retours sur investissements, quelle que soit la nature de ces retours (dividendes, plus value,…). 3. La structure type d’un BP Nous proposons ci-après une structure standard de BP. Il faut bien sûr considérer celle-ci seulement comme indicative, toute adaptation à la spécificité de la situation entrepreneuriale ou à la particularité du projet reste indispensable. 3.1. Le résumé opérationnel Le résumé opérationnel est à rédiger en dernier, même s’il est placé en début de plan, car c’est la partie la plus importante du document. Elle a pour objectif de permettre une présentation extrêmement synthétique du projet. Cela permet d’éviter, de diffuser des informations confidentielles qui peuvent figurer dans le BP et demander un engagement de confidentialité aux parties prenantes avant de leur envoyer le BP. En effet, vous devez réussir à vendre votre projet en 2 ou 3 pages. Il faut que vous présentez la ou les créateurs (l’équipe du projet), quelle est l’activité de la future entreprise, la description du marché et de l’offre choisie (les produits, le positionnement et l’avantage concurrentiel), quelles sont les points forts du projet (en quoi votre proposition est intéressante), pourquoi elle marchera, ce que vous attendez de vos lecteurs – combien vous voulez qu’ils investissent, et quand – et les avantages qu’ils en tireront (les performances financières, les perspectives de sortie pour un investisseur : délai à partir duquel il peut espérer revendre ses parts et réaliser sa plus-value). 3.2. La page de garde du BP La page de garde doit être attractive : le logo doit y figurer, ainsi que tous les éléments qui renforcent l’identité visuelle de la future entreprise. La page de garde est suivie par les remerciements des personnes ayant contribué à la réalisation du BP et l’avancement du projet, puis par le sommaire. Il est recommandé de placer au début du BP Le résumé opérationnel (Executive Summary) du projet, cela permet une entrée en matière plus attractive et suscite l’intérêt du lecteur. N.B : faire apparaître sur la page de garde les éléments de caution du projet : par exemple le fait d’être lauréat d’un concours de création d’entreprise, d’être intégré dans un incubateur, d’avoir le soutien d’une fondation, etc… 3.3. La présentation de l’équipe et genèse du projet La première partie du BP constitue la fondation sur laquelle sera bâti un projet de création d’entreprise. Deux éléments y sont réunis par une forte cohérence. Il faut ainsi expliquer quelle est l’origine du projet, d’où provient l’idée entrepreneuriale, et lui donner de la crédibilité. Le point indissociable et qui détermine le futur du projet est relatif à l’équipe des fondateurs (ou au créateur s’il est seul). Il est primordial de mettre en évidence l’adéquation de l’équipe avec cette idée, en quoi elle lui correspond et qu’elle est la motivation de celle-ci pour la développer. Il est recommandé de faire état de son degré d’implication et d’investissement dans le projet, et s’il s’agit d’une équipe, de montrer la complémentarité entre ses membres, la répartition du capital entre les associés, les rôles et les fonctions de chacun. Cette première partie insiste principalement sur l’équipe, et à sa capacité à faire émerger le projet. L’activité de la future entreprise et la stratégie d’offre Il s’agit ici de préciser la définition du métier de l’entreprise projetée, la nature exacte de ses activités (ce qu’elle intègre et ce qu’elle sous- traite), sa proposition de valeur spécifique et son ou ses marchés cibles. Une description des produits et/ou services proposés est aussi requise : le positionnement de ces derniers, la gamme prévue en augmentant sur la technologie mobilisée et la possibilité ou non protéger juridiquement la totalité ou une partie des produits ou procédés. N.B : cette partie doit faire apparaître l’ensemble des éléments constituant l’identité de l’entreprise, lui conférant ses compétences distinctives. 3.5. L’analyse du marché Au-delà de la nécessaire présentation du marché, de ses tendances et ses évolutions, l’entrepreneur doit donner une représentation claire et structurée de la cible sur laquelle se greffent le projet et son offre. Il présente les différents segments identifiés et la hiérarchie choisie. Dans cette partie, il est aussi bienvenu de donner quelques éléments relatifs aux prix, aux marges et aux volumes de chiffre d’affaires potentiels. L’étude de marché doit être décrite : le nombre de questionnaire administrés dans quelles conditions, par qui, etc. cela donne une idée de la fiabilité de l’information et renforce le poids des conclusions et orientations que l’entrepreneur en déduit. Il est crucial de parler du projet avant tout ; cela signifie qu’il faut éviter les descriptions sectorielles interminables et les suites de données macro-économiques qui n’indiquent pas vraiment comment une nouvelle entreprise va se positionner dans ce milieu. Les informations avancées sur le marché contribuent à justifier la valeur de l’opportunité. A ces données, s’ajoutent des informations concurrentielles : les concurrents directs ou indirects, les produits de substitution, l’intensité de la lutte concurrentielle, etc. Cette partie s’agrémente de graphiques (mapping concurrentiels, tableaux comparatifs, etc.). 3.6. Le plan stratégique Dans cette partie, le lecteur doit percevoir les ambitions que se fixe le créateur. Une première partie détaillée et concrète doit impérativement expliciter la stratégie de démarrage du projet. Une lucidité et un choix judicieux dans la stratégie de lancement permettront au projet d’émerger. Il n’y a guère de compromis possible sur ce point. Ensuite, la stratégie de développement escomptée peut être explicitée : le positionnement visé sur le marché, la nature de l’entreprise dans 5 ans, etc. Cela doit s’accompagner d’une description des principes directeurs mobilisés pour atteindre ces positions visées, en particulier le business model. Les arguments avancés pour étayer ces choix sont important, c’est à partir de ceci que la crédibilité de la trajectoire stratégique se mesure. Les principaux facteurs de risque et les moyens prévus pour les éviter doivent être indiqués si les risques peuvent être perçus comme élevés. 3.7. Le plan marketing et commercial Il s’agit de décrire les caractéristiques significatives des démarches marketing et commerciale prévues. Elles doivent s’inscrire en cohérence avec la partie précédente notamment. Une localisation particulière doit être faite sur la politique tarifaire privilégiée et son impact sur le business model du projet. Cette partie doit aussi, lorsque le projet le nécessite, présenter les canaux de distribution choisis (stratégie d’accès au marché) et les enjeux générés par ces relations en aval. Les principaux moyens de communication du projet aussi dans cette partie du BP. 3.8. Le plan financier Cette partie doit refléter la maîtrise des leviers de la mécanique financière, les partenaires externes sont très sensibles à ces indicateurs. Il s’agit principalement d’expliquer l’incidence des principaux flux qui traversent le projet et de montrer en quoi ils concourent à pérenniser le projet. Une explication précise et argumentée des prévisions de chiffre d’affaires sur 3 à 5 ans doit figurer et être accordée avec un niveau de charge cohérent. Le point mort est défini et le temps prévu pour l’atteindre expliqué clairement. Il est important de mettre en évidence le niveau et la nature du besoin financier (répartition entre variation du besoin en fond de roulement ou BFR, investissements, pertes d’exploitation liées au démarrage…) qui permettent de justifier, le cas échéant, l’opération de financement sollicitée dans le BP. Il est utile enfin de proposer une approche de la sensibilité des risques de projet, notamment par l’hypothèse d’u scénario catastrophe. D’une façon générale, l’entrepreneur présente une hypothèse haute et une hypothèse basse ; l’écart entre les deux scénarios est à définir en fonction de la nature du projet. En synthèse, nous pouvons dire que cette dernière partie du BP doit faire ressortir les trois grands équilibres financiers de la future entreprise : l’équilibre général du projet à moyen terme (bilan), l’équilibre de l’exploitation (compte de résultat) et l’équilibre de l’activité à court terme (plan de trésorerie). N.B : l’ensemble des chiffres de l’activité doivent être le reflet direct de la mise en ouvre du business model du projet, en mettant en exergue l’équation de profit qui en résulte. 3.9. Les annexes Il est recommandé de répertorier en annexes l’ensemble des informations détaillées qui permettent d’étayer la crédibilité des principaux volets du BP. On peut notamment intégrer dans les annexes les C.V. des principaux associés, les résultats d’études de marché, les descriptifs techniques du produit, les brevets, les contrats… Nous considérons que les annexes sont « techniques », c'est-à-dire qu’elles présentent tous les éléments qui permettent de préciser tel ou tel éléments décrit ou affirmé dans le corps du texte. Le principe est de donner le plus possible d’éléments objectifs qui renforcent la validité intrinsèque de l’opportunité et viennent contrebalancer les risques de subjectivité contenus dans le BP. Cette partie est complètement facultative, mais peut dans certains cas faire la différence dans certaines négociations, puisque certains éléments vont prouver les arguments mis en avant dans les parties précédentes. N.B : les annexes sont présentées lisiblement, l’entrepreneur attribue une nouvelle page par annexe, et celles-ci sont numérotées et paginées.