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2.1. Introduction
2.2. Aperçu historique
2.3. Eléments de géopolitique
2.4. Les grands aires civilisationelles
2.5. Aperçu de la civilisation récente
2.6. Annexes
1.1. INTRODUCTION A LA GEOPOLITIQUE
L’espace n’est pas neutre, le milieu naturel a
été peu à peu organisé par les hommes, il
est devenu un lieu de relations entre les
hommes.
La Géopolitique est une réflexion afin de
mieux comprendre la politique des Etats;
c’est l’étude des rapports entre les données
naturelles de la géographie et la politique
des Etats;
le territoire est le premier enjeu de la
géopolitique, le contrôle (ou la
possession) d’un territoire est, en
effet, un moyen d’exercer une autorité
ou une influence sur les hommes et
les ressources qui s’y trouvent.
Bien qu’elle se réfère pour une grande
partie à l’Histoire, la démarche
géopolitique emprunte l’essentiel de ses
arguments au raisonnement
géographique.
Elle se fonde sur des cartes, notamment
de géographie historique, qui
représentent aussi bien les accidents du
relief que les phénomènes humains
(langues, religions, limites de provinces
ou frontière d’Etat).
La Géopolitique n’est pas une science car
elle est indissociable de la stratégie et
peut être utilisée éventuellement par la
propagande des Etats : pour une même
portion de territoire, il y a des
représentations géopolitiques plus ou
moins contradictoires car chacune d’elles
exprime les intérêts, la façon de voir de
telle ou telle force politique, qu’il s’agisse
d’Etats ou de peuples rivaux.
Elle permet cependant de mieux
comprendre les enjeux du monde actuel.
1.2. Aperçu historique
1. L’école allemande
Le géographe allemand Friedrich RATZEL (1844-
1904) écrivit en 1897 une «Politische
geogaphie»; il est de ce fait considéré
aujourd'hui comme le fondateur de la
géopolitique. Pour RATZEL, soucieux
d’établir des lois de formation territoriale des
Etats, «l’homme est déterminé par son
aptitude innée , en tant qu’élément d’un
peuple, à s’intégrer dans le milieu naturel et
à l’organiser».
Les deux éléments de base de sa doctrine
sont l’espace (RAUM) qui est
fondamentalement déterminé par ses
caractères physiques, et la position
(LAGE) qui «situe l’espace sur la
planète»; et c’est dans ce contexte que
le milieu naturel, influencé par l’action
des hommes, est modelé par une
colonisation « déterminée par le sens de
l’espace ».
Après la défaite de l’Allemagne en 1918, de
jeunes enseignants patriotes dénoncèrent
l’injustice et l’illogisme des frontières
imposées à leur pays par le traité de
Versailles.
Ce mouvement eut bientôt comme chef de fille
le Général Karl HAUSHOFER (1869-1946) qui
anima, à partir de 1924, la «Zeitschrift fur die
Gropolitik» (la Revue de Géopolitique) dont
l’influence s’étendit dans tous les Etats
d’Europe Centrale où l’on n’était pas satisfait
des frontières établies après la première
guerre mondiale.
Plus tard, par l’intermédiaire de son ancien
étudiant Rudolf HESS, Haushofer établit
d’étroites relations avec le parti nazi qui
proclama la géopolitique «science
allemande».
C’est ainsi que se développa la
géopolitique de l’espace vital
(LEBENSRAUM) et que Haushofer fut un
des inspirateurs de la politique extérieure
du III ème Reich.
En réaction aux ambitions allemandes,
l’école géopolitique française (avec
notamment VIDAL DE LA BLANCHE)
a mis l’accent sur la géographie
humaine, opposée aux
déterminismes physiques;
la frontière est modelée par l’homme et
non par la nature (cf. question de
l’Alsace-Lorraine)
2. L’école anglo-saxonne
La thèse de l’amiral Alfred MAHAN (1840-1914)
sur l’antagonisme, au niveau planétaire, entre
la puissance terrestre et la puissance maritime,
et affirmant la suprématie de la mer sur la terre
(exemple de l’Angleterre au XIXe siècle), fut
reprise et généralisée par le géographe
britannique Halford MACKINDER, (1861-1947),
professeur à Oxford, pour qui toute l’histoire du
Monde se résumait à la rivalité éternelle de
deux forces radicalement différentes qu’il
dénommait la Terre et la Mer.
Ainsi, au début du XXe siècle, Mackinder
estimait que si la puissance Terre (la
Russie) s’associait à une puissance
navale secondaire (l’Allemagne), alors la
puissance Mer (l’Angleterre) serait vaincue
et perdrait son rôle mondial.
Pour éviter cette perspective, l’Angleterre
s’allia à la Russie tsariste (et à la France)
pour former la Triple Entente qui entra en
guerre contre l’Allemagne en 1914.
Et, plus tard, en Allemagne, Karl
Haushofer, reprenant le schéma de
Mackinder, fut un des inspirateurs du
pacte germano-soviétique de 1939.
De même, au lendemain de la seconde
guerre mondiale, le conflit entre USA
(la Mer) et l’URSS (la Terre) sembla
illustrer ce schéma.
3. Après la seconde guerre mondiale, en
dépit du nombre et de la gravité des
problèmes nouveaux de nature pourtant
géopolitique, le terme fut proscrit dans
tous les pays, comme s’il avait, par lui-
même, une portée maléfique;
le mot avait été trop utilisé par la
propagande nazie.
La Géopolitique est réapparue cependant à
la fin des années 70, après la guerre du
Vietnam, dans un contexte
d’affaiblissement des idéologies,
notamment lors du conflit entre le
Cambodge des Khmers rouges et le
Vietnam, puis avec la chute du mur de
Berlin (1989) et l’effondrement de l’URSS
(1991), le retour des conflits régionaux a
consacré le retour de la Géopolitique.
1.3. Eléments de géopolitique
La terre habitée est partagée entre plus de
200 Etats et territoires.
L’ÉTAT est la finalité première de chaque
groupe identitaire, mais il n’y a pas
toujours adéquation entre Etat et ethnie
(cf. la question des Balkans).
Chaque Etat a un gouvernement, un
système politique, économique et social,
et des forces militaires.
Dans chaque pays s’exercent les
contraintes du milieu naturel, les habitants
ont une culture, ils produisent des biens et
des services mais sans toujours satisfaire
leurs besoins et leurs désirs.
C’est pourquoi des relations commerciales,
financières et diplomatiques s’établissent
entre les Etats, ainsi que des rapports de
force, et de conflits éclatent.
Les principaux facteurs permanents de la
Géopolitique sont le milieu naturel, les langues,
les religions et les civilisations.
1. Les contraintes et les facilités du milieu
naturel
Tous les milieux terrestres ne sont pas également
favorables à la vie humaine et le peuplement des
continents est très inégal. Ainsi, les Etats
enclavés (sans accès à la mer) sont dépendants
de leurs voisins, tandis que la situation d’insularité
(Royaume uni, Japon…) favorise l’ouverture
maritime et présente un grand avantage
stratégique.
La présence de la montagne (refuge ou
sanctuaire de la rébellion),
d’un grand fleuve (axe de pénétration des
conquêtes ou moyen de désenclavement),
et les ressources du sous-sol (notamment
les hydrocarbures et les minerais rares)
sont des facteurs géopolitiques importants.
Les régions répulsives sont les régions très
froides ou très sèches.
Les terres arides, de part et d’autre des
tropiques, couvrent environ un tiers des
terres émergées;
la vie et l’activité des hommes y est
précaire, liées à la maîtrise de l’eau.
L’espace est un lieu de conflit ou
d’échanges entre nomades et sédentaires.
Aujourd'hui, les zones arides accèdent à la
modernisation, mais de façon ponctuelle
ou marginale:
construction de voies ferrées ou routières,
développement de l’irrigation grâce aux
grands barrages, exploitation des
ressources minières, aménagement de
bases spatiales ou nucléaires, etc.
Dans tout le Moyen-Orient, l’eau est un
enjeu essentiel.
Le milieu maritime est si fréquenté que des
mers comme la Manche ou la Mer du Nord
ont une densité humaine supérieure à celle
de beaucoup d’espaces continentaux.
Mais le milieu maritime exerce des contraintes
et, du fait de la disposition des terres et des
mers, il existe des lieux de passage obligés:
les détroits et les isthmes.
Par ailleurs, la mer, avec ses richesses, est
devenue l’objet d’une appropriation de la part
des Etats :
- une zone large de 12 milles (1 mille
marin= 1852 mètres) en bordure du littoral
est considérée comme « mer territoriale »