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L'Image de Dieu

SOMMAIRE
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Introduction...................................................................................
..............p.3

I. Définitions et
dichotomies......................................................................p.4

a) Image et
ressemblance........................................................................
p.4
b) Corps et
esprit......................................................................................
p.5
c) Individualité et
collectivité.....................................................................p.7

II. Trois aspects de l'image : alliance et


création.....................................p.8

d) Aspect
relationnel..............................................................................
....p.8
e) Aspect
ontologique.............................................................................
...p.8
f) Aspect
fonctionnel.............................................................................
....p.9

III. ...et même quatre : chute et


rédemption............................................p.11
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g) Que reste-t-il de
l'image ?...................................................................p.11
h) Aspect rédempteur : Christ image de
Dieu.........................................p.13
i) Alliance et
consommation...................................................................p.1
4

Conclusion.....................................................................................
............p.15

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Introduction

Dans la Bible, aucun être vivant, aucune chose créée n'est appelé image
de Dieu, si ce n'est l'être humain. Mais en quoi l'homme est-il image de
ce Dieu qui le dépasse ?

Les théologiens n'accordent pas tous la même place à cette question :


Wayne Grudem en fait une partie de chapitre dans son anthropologie 1,
Herman Bavinck et Louis Berkhof lui accordent un chapitre entier2, pour
G.C. Berkouwer c'est une clef de compréhension de la doctrine de
l'homme3, H.R. Boer enfin l'utilise comme point de départ pour présenter
une systématique de la foi chrétienne4. De même, selon la tradition chré-
tienne, la réponse apportée varie largement :

- L'Eglise Catholique Romaine distingue l'image (dons naturels : per-


sonnalité, intellect, etc.) et la ressemblance (dons surnaturels de droi-
ture et de sainteté), cette dernière ayant été perdue lors de la chute;

- L'Eglise Orthodoxe d'Occident maintient cette distinction (sans la


terminologie), et utilise la doctrine du Christ comme image de Dieu fait
à notre image pour justifier la vénération d'icônes représentant Jésus,
Marie, et autres;

- Les Luthériens lui identifient plutôt le don originel de justice octroyé


à l'homme;

- Les Réformés distinguent quant à eux dans l'image de Dieu un sens


restreint (connaissance, droiture et sainteté) perdu lors de la chute, et
un sens large (capacité intellectuelle, affection naturelle et liberté
morale) qui demeure;

- Les Arminiens5 circonscrivent l'image de Dieu au mandat culturel...

Reste enfin l'interprétation éthico-spirituelle, qui rejette que le "sens


large" des Réformés participe de l'image de Dieu et nie par conséquent

1 W. Grudem, Systematic Theology : An Introduction To Biblical Doctrine (1994), p.442-


450.
2 H. Bavinck, In The Beginning : Foundations of Creation Theology (1999), p.189-195 ; L.
Berkhof, Systematic Theology (1996), p.202-210.
3 G.C. Berkouwer, Man: The Image of God (1962).
4 H.R. Boer, An Ember Still Glowing: Humankind as the Image of God (1990).
5 Cette perspective d'origine socinienne se retrouve cependant dans l'enseignement
de plusieurs pères de l'Eglise, comme Grégoire de Nyssé et Jean Chrysostome.
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qu'un non-croyant soit encore à son image. Elle est généralement
présente dans les courants Luthériens et Presbytériens.

Malgré cette richesse de réflexion historique, la question ne semble


plus abordée dans les églises françaises, et les chrétiens notamment
évangéliques restent peu conscients de l'importance et de la pertinence
du sujet. Les réponses les plus communes que donnent aujourd'hui les
paroissiens sont données par défaut, et réduisent l'image de Dieu à deux
éléments : l'altérité homme/femme et, éventuellement, le mandat créa-
tionnel.
Nous verrons donc dans ce dossier les écueils à éviter dans la défini-
tion de l'image de Dieu, puis les différents aspects de l'image de Dieu
dans l'histoire du salut.

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I. Définitions et dichotomies

Le premier danger concerne une définition négative de l'image de Dieu,


autrement dit ce qu'elle n'est pas. Du point de vue méthodologique, c'est
un passage obligé, qui permet de délimiter le champ de recherche, mais
cette étape présente un risque : opérer des dichotomies au sein même
de la définition. Comme nous allons le voir, peu de théologiens ont su
distinguer sans séparer l'inséparable.

a) Image et ressemblance

Imago & Similitudo. Certains théologiens, notamment des Pères de


l'Eglise6, ont remarqué que si le Dieu trinitaire avait annoncé son
intention de créer l'homme à son image et à sa ressemblance, il ne le
créait à l'origine qu'à son image (Gn.1,26-27). De là, la tradition
catholique romaine tire une doctrine de l'image ( imago) et de la
ressemblance (similitudo) qu'elle associe aux dons grâcieux naturel et
surnaturel.

Autrement dit, l'homme est image de Dieu par nature mais la


ressemblance se mesure dans sa conformité à Dieu (conformitas),
conformité qu'il n'est plus capable de respecter. Cependant, cette
interprétation est intenable, car il est indiqué par la suite que l'homme
a été créé à la ressemblance (Gn.5,1) et à l'image (Gn.9,6) de Dieu.

Tsêlêm (‫ & )ֶ֫צֶל ם‬Demout (‫)ְּד מּות‬. Les termes image (tsêlêm) et res-
semblance (demout) sont des mots différents, mais concernent essen-
tiellement la même notion. Ils sont utilisés de manière interchan-
geable7, et alternent sans raison spécifique. De même les prépositions
hébraïques utilisées varient sans influence sur le sens8.

H. Bavinck fait une seule distinction : l'image, plus rigide, se réfère au


lien d'archétype à effigie; la ressemblance, plus fluide et "spirituelle",

6 Irénée de Lyons, Contre les Hérésies, III. 23. 5. (env. 180).


7 Et ce dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament : comparer Gn.1,27 ; 5,1 & 3 ;
9,6 ; de même Col.3,10 ; Ja.3,9. D'ailleurs Christ est image de Dieu (Col.1,15 ; 2 Cor.4,4),
mais il nous ressemble (Ph.2,7).
8 Comme le note le Rev. Angus Stewart dans son article (voir bibliographie), en Gn.5,3
les deux termes sont employés mais leur ordre et préposition respective sont inversés
par rapport à Gn.1,26. Cette inversion pourrait indiquer un renversement de la volonté
divine par l'homme, pourtant cette hypothèse est difficile à étayer, parce que image et
ressemblance, comme nous l'avons vu, sont utilisés de manière interchangeable.
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se réfère au lien de l'exemple à sa copie. Autrement dit, l'image est un
prototype, la ressemblance est un idéal. Les deux termes seraient ainsi
complémentaires : ressemblance qualifie et intensifie le terme
d'image, car bien qu'il soit plus faible, il est aussi plus général -
indiquant que l'homme est non seulement l'effigie de Dieu, mais lui
correspond en tout point.

Tout l'humain comme image de Dieu. L'humain ne possède pas


l'image de Dieu, il est l'image de Dieu. Le texte ne permet aucune
restriction quant au sens de l'expression, et il est clair que toute
tentative de restriction mène à des doctrines insoutenables9. Une autre
marque de cette globalité est que dans l'humanité, le monde spirituel et
matériel se rejoignent. C'est le couronnement et la culmination de
l'oeuvre créatrice, sa création marque la fin de la nature et le début de
l'Histoire.

b) Corps et esprit

Pour définir l'homme comme image de Dieu de manière négative, on a


également tenté de le contraster avec le reste de la création d'après
les critères de corporalité et de spiritualité. Cette approche se décline
en plusieurs versions, chacune avec leurs fondements bibliques et
leurs partisans.

La théorie psychologique. Dans la tradition occidentale, l'homme


ne peut pas physiquement refléter Dieu, qui est esprit. Le corps hu-
main n'aurait donc rien à voir avec la notion d'image et de ressem-
blance (seuls les Mormons font un lien direct, car ils croient que Dieu
a un corps10). Cette apparente impossibilité logique est souvent dou-
blée d'une impossibilité qualitative, fondée sur le dualisme Platonicien
qui déprécie le corps : comment un corps mauvais, impur, et périss-
able pourrait-il refléter un esprit bon, pur et éternel ? Ainsi seul l'esprit
de l'homme est à l'image de Dieu, et c'est là qu'on trouve la raison, la
connaissance, et la volonté.

Notons d'abord que dans la perspective biblique, le corps physique est


une bonne chose. Dieu lui-même déclare, en contemplant sa création
9 Pélage par exemple réduisait l'image de Dieu à la volonté humaine, préservée même
après la chute, ce qui lui permettaire de se repentir et croire.
10 Joseph Smith, Livre de Mormon, Moïse 6,9 (1830).
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physique couronnée par la création du premier couple, que c'est "très
bon" (Gn.1,31). On confond parfois la chair (au sens littéral) que Dieu
crée et la chair (au sens figuré) qui désigne la partie corrompue de
l'être humain. En réalité, ce qui est lié à l'aspect physique et corporel
en soi est considéré bon dans la Bible : le sexe (Gn.2,24), la nourriture
(Gn.1,29-30), le sport11, le travail (Gn.2,2-5 & 15), puis l'incarnation
(Jn.1,14) et la résurrection (Ph.3,21).

Remarquons ensuite que l'image est, par définition, une chose visible
(Jn.14,9). Dieu est invisible12, mais son image, elle, doit être visible et
donc physique, corporelle (Lc.3,22). D'ailleurs, l'incarnation de Dieu en
homme montre bien que le corps humain est une composante essen-
tielle de l'image de Dieu : dès le départ il était prévu pour être entière-
ment adéquat pour Dieu et pour accueillir et manifester sa pleine pré-
sence13.

Des animaux, des hommes et des anges. L'homme serait entre les
animaux, qui n'ont pas d'esprit, et les anges, qui n'ont pas de corps.
Pour cela, on s'appuie d'abord sur le récit de la création, qui attribue
aux animaux une âme (Gn.1,20 - ‫ )ֶ֫נֶפ ׁש‬mais non un esprit, comme à
l'homme (Gn.2,7 - ‫ ; ְנָׁש ָמה‬Gn.6,17 - ‫)רּוַח‬14, puis sur le statut de l'homme
"de peu inférieur aux anges15" (bien qu'ils soient aussi appelés "fils de
Dieu"16).
Il faut faire attention ici à ne pas opérer une trichotomie entre corps,
âme et esprit qui ne serait qu'une extension du dualisme Platonicien.
En fait, comme les termes image et ressemblance, les termes âme et
esprit sont employés de manière interchangeable 17, les mêmes activi-
tés sont attribuées aux deux 18. Par ailleurs, mourir est appelé "rendre

11 1Cor.9,25 ; 1Tim.4,8 ; 2Tim.2,5.


12 1Tim.1,17 ; Hb.11,27.
13 Col.1,15 & 2,9.
14 Bien que ‫ ְנָׁשָמה‬soit utilisé pour l'animation de l'homme et ‫ רּוַח‬pour décrire la vie
des animaux, les deux mots sont au moins en partie synonymes comme l'indiquent
2Sam.22,16 et Job.4,9. On notera cependant que ‫ ְנָׁשָמה‬n'est jamais attribué aux ani-
maux, ce qui implique peut-être un sens plus restreint.
15 Ps.8,6-7. Le mot traduit "anges" est elohim, mais fait référence aux anges dans ce
contexte.
16 Job.1,6 ; 2,1 ; 38,7 ; et éventuellement Da.3,25 (voir 3,28).
17 Comparer Mt.10,28 ; 1Cor.7,4 et Ja.2,26.
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l'âme"19 ou "rendre l'esprit"20, les morts sont indifféremment appelés
des âmes ou des esprits21, et les deux sont immortels (Ec.12,7 ;
Mt.10,28).

H. Bavinck propose de distinguer âme et esprit sans les séparer, selon


les nuances suivantes : l'esprit dénoterait l'aspect spirituel (que les
animaux ne possèdent effectivement pas), tandis que l'âme implique-
rait que l'homme est fait pour vivre dans un corps (les hommes et les
animaux, contrairement aux anges, sont des âmes vivantes 22 et des
êtres corporels). Il résume son avis ainsi : l'esprit est "organisé" en
âme vivante23. Ceci satisfait à la distinction entre humain et ange, mais
il faut aller plus loins pour distinguer humain et animal (voir note de
bas de page n°14), car l'humain demeure fondamentalement différent
des animaux (Gn.2,20).

J.-M. Berthoud et H. Bavinck soutiennent qu'un élément essentiel de


l'homme et qui lui est particulier (notamment par rapport aux animaux)
est le fait qu'il soit façonné à partir de la matière existante et qu'il soit
spiré personnellement par Dieu (Gn.2,7). On retrouve ici une volonté de
définir l'image de manière négative, qui mène à des approximations.
En effet, les animaux sont eux aussi formés à partir de la matière
créée, et même du sol (Gn.2,19) 24 et possèdent le même souffle que les
humains25.

18 Ps.139,13ss ; Pr.19,2 & 17,27 ; Ps.77,6 ; 1Cor.2,11 ; No.21,4 ; Job.21,4 ; 1Sam.1,10 ;


Is.54,6 ; Lc.1,46-47.
19 Gn.35,18 ; 1Ro.17,21 ; Mt.20,28 ; Ac.15,26 & 20,10.
20 Ps.31,5 ; Mt.27,50 ; Lc.8,55 & 23,46 ; Ac.7,59.
21 Comparer Ap.6,9 & 20,24 et Hb.12,23 ; 1Pi.3,19.
22 Gn.2,7 et 1,20.
23 Se pose alors la question du coeur, souvent cité à côté de l'esprit et de l'âme. En
fait, le coeur est à la fois le centre de la vie physique mais aussi, symboliquement, de la
vie psychique : c'est le siège de la volonté (émotions/désirs) et de ses pensées (percep-
tions).
24 Il ne semble pas y avoir de différence fondamentale dans l'acte de création entre le
rôle de la Parole et celle du souffle (de l'Esprit), si ce n'est que la Parole vient en pre-
mier comme moyen de création ex nihilo (Ps.33,6). Pour le reste, que ce soit la forma -
tion spécifique d'un élément ou l'ordonnancement du créé, c'est blanc bonnet et bonnet
blanc.
25 Gn.6,17 & 7,15 ; Ec.3,19.
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Le Dieu incorporable. Plusieurs théologiens ont voulu limiter le
Dieu dont l'homme est image au Fils (notamment Clément d'Alexan-
drie26, Tertullien27 et Osiander28).

Il convient d'éviter cet écueil, car le texte ne donne aucune restriction


qui limite le parallèle entre l'homme et Dieu : l'homme n'a pas été créé
d'après quelque chose au sein de Dieu qui soit appelé "image" (le Fils),
mais il a été créé, dans tout ce qu'il est, à l'image de Dieu dans tout ce
qu'il est, d'une telle manière qu'il peut être appelé image ou ressem-
blance de Dieu. C'est cela qui permet à Paul d'écrire que le Fils a été
fait à la ressemblance des hommes (Ph.2,7).

Lors de la délibération pour créer l'homme, il est d'ailleurs écrit "Fai-


sons l'homme à notre image" et non "à mon image" (Gn.1,26), ce qui
implique que l'image est celle de Dieu au complet, le Fils compris.
C'est le Dieu trinitaire dans son ensemble qui est l'archétype de
l'homme, comme ont su le percevoir Augustin29 et Thomas d'Aquin30.

c) Individualité et collectivité

Homme et femme. Reste enfin, parmi les plus célèbres, l'approche


Barthienne. Elle est fondée sur le verset le plus connu si ce n'est le
plus explicite (Gn.1,27) :

"Et Dieu créa l'humain à son image, à son image il le créa, homme et
femme il les créa"

Pour le philosophe Karl Barth, c'est l'altérité et la diversité de l'huma-


nité qui fait l'image de Dieu. C'est la relation à autrui, établie dans
cette diversité homme-femme, des individus à la fois similaires et dif-
férents, qui fait que l'homme est être humain, d'où l'inclusion dans le
mandat créationnel de la procréation.

En réalité, Barth est un existentialiste : pour lui c'est la relation qui dé-
finit l'existence. Le texte biblique implique clairement qu'Adam est in-
dividuellement image de Dieu et Eve aussi ("mâle et femelle il les

26 C. d'Alexandrie, Stromates, V, 14. (env. 198).


27 Tertullien, De la résurrection de la chair, c.6. (env. 197-208).
28 Rapporté par J. Calvin, Institution de la Religion Chrétienne, I.xv.2 et II.xii.6. (1560).
29 A. d'Hyppone, De la Trinité, XII,6. (env. 417)
30 T. d'Aquin, Somme Théologique, I, qu.13, art.5. (1266-1273).
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créa", il y a jeu entre le singulier et le pluriel). L'image de Dieu n'est
pas une réalité uniquement sociale, Adam était déjà à l'image de Dieu
avant qu'Eve ne soit créé.

De même, comment Jésus, le Fils incarné, pourrait-il alors être l'image


de Dieu à moins d'être en relation avec une femme ? Et si l'Eglise est
qualifiée d'épouse, ce n'est pas sur ce point que les auteurs bibliques
s'étendent lorsqu'ils parlent de Jésus en tant qu'image de Dieu.

Hommes et Dieu. D'autres théologiens, comme Emil Brunner, sans


être aussi restrictifs que Barth, voient principalement l'image de Dieu
dans la relation d'altérité humain/Dieu ou humain/humain. Si cette ap-
proche est plus correcte, c'est une exagération que d'en faire le
principe de l'image de Dieu. Cependant, l'idée d'unité dans la diversité,
autrement dit la dimension sociale, est une composante essentielle de
l'image de Dieu.

L'humanité (au singulier) a été créé homme et femme, et de ce premier


couple découlent ensuite tous les humains. L'unité fondamentale de
l'humanité est le présupposé nécessaire à toute religion et morale, et
dans le christianisme c'est le pré-requis nécessaire à la solidarité de
l'humanité dans le péché comme la valeur de l'expiation de Christ,
l'universalité du Royaume, la catholicité de l'Eglise et l'amour du
prochain.

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II. Trois aspects de l'image : alliance et création

L'Alliance est constitutive de l'être humain : l'homme n'est pas créé


avant l'Alliance, il est créé dans le cadre de l'Alliance, dans tous ses as-
pects. C'est donc un être créé en relation à Dieu, comme le nécessite la
notion d'image. Cet aspect relationnel suppose un aspect ontologique, et
bien sûr un aspect fonctionnel.

a) Aspect relationnel

Connaissance de Dieu. Le premier élément de la relation entre


l'homme et Dieu est que l'homme possède une capacité à connaître
Dieu - d'où le fait que Dieu lui adresse sa Parole. Cette connaissance
n'est pas que théorique mais également affective et pratique, puisqu'il
s'agit en tout premier lieu de commandements. Cette connaissance in-
clue donc une confiance et une obéissance qui renforcent l'aspect re-
lationnel entre Dieu et l'homme.

Le premier commandement relaté par la Bible induit une mise à


l'épreuve de cette connaissance dans le jardin, et inspirera le discours
de nombreux prophètes pour lesquels la connaissance de Dieu équiv-
aut à la mise en pratique de ses commandements. Nous voyons donc
déjà ici que l'aspect relationnel nécessite par essence également un
aspect fonctionnel. On retrouve d'ailleurs ces mêmes aspects dans le
premier couple.

Alliance à Dieu. Ensuite, la relation spécifique qui unit l'homme à


Dieu implique une capacité à être partenaire/allié de Dieu, individuelle-
ment et collectivement. Cette communion particulière n'est possible
qu'à l'humain, et c'est l'objet de l'Alliance entre l'humain et la Trinité.
En d'autres termes, la création est une façon pour la Trinité de
fédérer31.

31 Si le mot traditionnellement retenu pour traduire berith et diatheke est Testament,


ou Alliance, le verbe qui en découle serait donc allier. Seulement, l'idée de pacte de
suzeraineté, c'est-à-dire un pacte unilatéral résultant d'une seule volonté et non une al-
liance réciproque à égalité, est perdue avec ce verbe. Le verbe fédérer, à l'exemple du
foedus iniquum romain, semble plus approprié pour rendre les termes originaux. Cepen-
dant, la notion moderne de fédération tend à rejoindre celle du foedus aequum (alliance
bilatérale), et selon le contexte on pourra éventuellement préférer, à des fins d'original-
ité clarificatrice, le terme rallier.
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De plus, trois facultés humaines ne sont envisageables, même en par-
tie, qu'en relation à Dieu : la droiture (1Jn.3,7), la sainteté (1 Pi.1,15-
16) et la justice (Rom.16,20).

Alliance aux hommes. Enfin, l'humain possède une capacité à être


partenaire/allié avec un autre humain, individuellement ou collective-
ment. Comme nous l'avons vu, cela va plus loin que la simple différen-
ciation sexuelle ou la relation homme/femme, bien que le couple con-
stitue un lieu privilégié d'expression de cette image de Dieu. Il s'agit
de tout duo humain, puisque chaque individu est l'image de Dieu, et les
relations qu'ils auront doivent refléter celles présentes au sein de la
Trinité comme entre la Trinité et l'humanité.

b) Aspect ontologique

Si l'homme est capable de relation avec Dieu, c'est qu'il y a une corre-
spondance ontologique entre lui et Dieu, comme pour l'ensemble de la
création (qui reflète ses qualités invisibles - Rom.1,20). Mais l'homme
est, parmi toute la création, dans une relation particulière avec Dieu,
et lui seul est créé à l'image et ressemblance de Dieu, ce qui implique
une correspondance ontologique plus grande. En quoi consiste-t-elle ?

Facultés naturelles. D'abord, les facultés de l'homme reflètent la


nature de Dieu. A sa création, Adam est, comme son créateur, un être :

- conscient : il sait qu'il est humain (Gn.2,20) et s'il est homme ou


femme (Gn.2,23),
- relationnel : "il n'est pas bon que l'homme soit seul" (Gn.2,18),
- personnel : non pas au sens moderne du sujet pensant de Descartes,
mais parce qu'il est un individu humain (on traduit souvent le mot ‫ֶ֫נֶפ ׁש‬
dans l'Ancien Testament par "personne"32),
- raisonnable : il est capable de comprendre et retenir un commande-
ment (Gn.1,28-30 ; 3,2-3), et d'être trompé par un raisonnement et des
mensonges (Gn.3,1ss),
- moral : il sait discerner le bien, le vrai, et le bon dans une certaine
mesure (Gn.3,3),
- créatif : il nomme tous les animaux (Gn.2,19-20),

32 English Standard Version, New Living Translation : Gn.46,18-27 ; Ex.12,15-19 ;


Lv.22,6 ; Nb.15,27-31 ; Jos.10,28-39 ; etc. Louis Segond : Ex.12,15-19 ; Nb.15,27-28 ; etc.
Darby : Ex.12,16 ; Lv.22,6 ; etc.
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- volitif : il est capable de choisir selon son discernement (Gn.3,6),
- affectif : il est capable d'attachement et d'amour (Gn.2,25).
- sage : il peut adapter ses connaissances en pratique, puisque Dieu lui
donne l'ordre de garder et prendre soin du jardin sans lui donner plus
de détail et le tient pour responsable lors de son échec.

Une vie abondante. Comme nous l'avons vu, l'homme n'est pas par-
ticulier parce qu'il aurait été fait à partir du sol ou animé par le souffle
de Dieu. La différence se trouve peut-être dans l'emphase qui est
placé sur l'acte personnel de spiration par Dieu, mais plus certaine-
ment dans le fait que ce souffle de vie est censé rester en lui à jamais,
lui conférant un corps et une âme immortelle (Gn.6,3). En cela, c'est
une autre caractéristique de Dieu qui est déclinée : la vie 33. De la
même manière, il est donné à l'homme de se nourrir des végétaux et
non des animaux, sa domination de la création doit être pacifique,
sans entraîner la mort34 : un catalyseur de vie.

c) Aspect fonctionnel

Gloire et image de Dieu. Les notions de gloire et d'image sont rap-


prochées dans les textes bibliques, et les deux sont liées à la
présence agissante de Dieu au sein de sa création 35. Dès que le conseil
divin a voulu créer l'homme, cette idée de règne terrestre apparaît, et
est confirmée par le mandat culturel (Gn.1,26 & 28).

Cependant si la gloire de Dieu implique la manifestation ou révélation


de Dieu (autrement dit, sa présence) au sein de la création, elle im-
plique également la réponse de la création face à cette présence 36.
Glorifier Dieu est un aspect de ce que cela signifie d'être image de
Dieu, mais c'est un aspect déterminant car il pointe vers la finalité de
toute la création, dont l'homme est le couronnement.

33 Dieu est "le Dieu vivant" (Ps.42,2 ; Mt.16,16 ; 2 Cor.6,16) et le "Dieu des vivants"
(Mc.12,27 ; Lc.20,38).
34 Quid de la mort des végétaux à la récolte ? D'abord, notons que c'est "toute herbe
porteuse de semence" et "tout arbre fruitier porteur de semence" (autrement dit, les
graines et les fruits) qui sont donnés à l'homme, les "plantes vertes" étant destinées
aux animaux. Ensuite, la vie dans la Bible est caractérisée par deux choses : le mouve-
ment (Gn.1,20; 24) et la respiration (Jr.10,14 ; Ha.2,19). Les végétaux ne sont donc pas
considéré comme étant "vivants" en ce sens.
35 1 Cor.11,7 ; 2 Cor.3,18. ; Hb.1,3 ; Rom.1,23.
36 Ps.102,15 ; 138,4-5 ; Ap.4.
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Le miroir, la statue et le prêtre. H. Bavinck explique ainsi la néces-
sité de glorifier Dieu : l'artiste ne crée pas parce qu'il est contraint et
forcé mais parce qu'il donne libre cours à son plaisir de créer. Et tout
comme un artiste se cherche et s'exprime lui-même dans ses oeuvres,
Dieu se cherche et s'exprime lui-même dans sa création - d'où le fait
que toutes les oeuvres de Dieu proclament sa gloire, et qu'il ait créé
l'homme à son image. Être l'image de Dieu consiste, comme le formule
Jean Calvin, à être "miroir de la gloire de Dieu"37.

Une autre manière de voir que l'homme en tant qu'image de Dieu est la
marque de sa présence agissante est le contexte culturel du Proche-
Orien Ancien. A l'époque de Moïse déjà, les rois plaçaient leur image
(sous forme de statue notamment) sur les territoires conquis pour si-
gnifier leur autorité sur les lieux (Dn.3,1).

De même, les païens voyaient les idôles comme une présence de leurs
dieux, et d'une certaine manière Adam est placé dans le Temple qu'est
le jardin d'Eden comme une représentation du Dieu qu'on y adore, et
un prêtre de ce dernier38. Adam est donc la marque de l'autorité de
Dieu et de sa présence. Il est appelé à accomplir l'oeuvre de Dieu sur
cette terre, par l'Alliance.

Le sens de la vie. Toute finalité, partout, en tout temps, est la gloire


de Dieu, et en créant l'homme à son image, Dieu a fait que ce dernier
ne puisse trouver un accomplissement que dans la glorification de
son créateur39. Autrement dit, le sens de la vie humaine est d'être l'im-
age de Dieu et c'est cela qui doit fonder son caractère et ses actes.
C'est pour cela que la Parole de Dieu est qualifiée de miroir (Ja.1,23),
elle joue un rôle de révélateur pour que l'homme se voie clairement et
prenne conscience qu'il n'est pas censé être cette image dévoyée
mais celle de son créateur.

37 J. Calvin, Institution de la Religion Chrétienne, I.xv.4. Voir aussi son commentaire


sur l'épître aux Colossiens (3,10) et sur la 1ère épître aux Corinthiens (11,7).
38 Adam est placé dans le jardin pour le cultiver et le garder (Gn.2,15), les mêmes
verbes se retrouvent dans le commandement donné aux Lévites au sujet du tabernacle
(No.3,6-10). De même, le verbe utilisé pour décrire la marche de Dieu dans le jardin
(Gn.3,8) se retrouve pour décrire sa présence dans le Tabernacle (Lv.26,12 ; Dt.23,14 ; 2
Sam.7,6-7).
39 Is.43,7; 60,21 ; Ps.144,15 ; Ap.21,3-4.
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III. ... et même quatre : chute et rédemption

Après la chute, le terme d'image de Dieu n'est appliqué qu'aux humains


en général, et non plus à un humain en particulier - si ce n'est Adam et
Jésus. L'homme est donc image de Dieu dans un sens relatif, fils créé,
externe à Dieu, et doit se conformer à Christ, qui est l'image de Dieu
dans un sens absolu, fils unique incréé, interne à Dieu.

a) Que reste-t-il de l'image ?

La chute. La question de l'image de Dieu est centrale dans l'événe-


ment lapsaire. En effet, la chute n'intervient pas au moment où Eve
croque dans la pomme comme on a pu l'entendre et le voir dépeint.
Deux éléments sont ici à prendre en compte :

- D'abord, Adam et Eve devaient protéger le Jardin, mais ils ont


laissé rentrer le serpent (c'est-à-dire Satan) et ils ne s'alarment pas
de voir un serpent qui parle et remet en question la Parole de Dieu
pour la remplacer par la sienne propre);

- Ensuite, lorsque le serpent les interroge, Eve récite le commande-


ment donné par Dieu ("tu ne mangeras pas du fruit") en y ajoutant
une interdiction supplémentaire ("tu n'y toucheras même pas"), ce
qui dénote un rapport malsain à l'interdit (ce que Jésus relèvera plus
tard chez les Pharisiens, qui ajoutent aux prescriptions de la loi).

Ce sont ces deux choses que le serpent perçoit et exploite, intro-


duisant la notion d'image de Dieu pour catalyser la réaction qu'il at-
tend : il promet à Adam et Eve qu'ils seront "comme Dieu" s'ils dé-
sobéissent à leur créateur, pourtant ils sont déjà comme Dieu
puisqu'ils en sont l'image et la ressemblance. Et cela ne manque pas :
les humains tentent de devenir comme Dieu d'une manière qui n'entre
pas dans la volonté de ce dernier. Ce faisant, ils démissionnent de leur
condition d'image de Dieu et ils font de l'Arbre de la Connaissance du
Bien et du Mal la première idole.

Après la chute. Si l'homme a été créé droit (Ec.7:29), il est devenu


tortueux et refuse d'agir en accord avec ce qu'il est, c'est-à-dire
l'image de Dieu : il préfère que ce rôle glorieux 40 échoie à d'autres,

40 Ps.106,20 ; 1Cor.11,7.
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transgressant la volonté de Dieu41, et se crée donc des images de Dieu,
à la fois pour remplacer Dieu et se remplacer lui-même, pervertissant à
la fois l'aspect relationnel et fonctionnel de son être.

Cette image qu'il crée peut prendre de nombreuses formes, depuis un


morceau de bois scuplté et recouvert de métal42 à un empire43, à qui
l'on attribue la responsabilité des circonstances de nos vies (Is.47,5),
ce qui nous donne l'illusion de pouvoir démissionner de notre respon-
sabilité d'image de Dieu, et finalement de reprocher au Seigneur nos
propres fautes (Pr.19,3).

Dans ce refus de la présence de Dieu, l'homme perd donc la capacité


de la voir et de l'être, c'est-à-dire de reconnaître Dieu et de le glori-
fier44.

Les non-croyants. Une question fondamentale se pose alors : peut-


on encore être l'image de Dieu en dehors d'une foi en Dieu ? Jésus lui-
même pose la question de manière rhétorique, mais à l'envers : " Com-
ment pouvez-vous croire, quand vous recevez la gloire les uns des
autres et que vous ne cherchez pas la gloire qui vient du seul vrai Dieu
?" (Jn.5,44), autrement dit, impossible d'avoir foi en Dieu si on ne
cherche pas à être son image. Cela semble d'autant plus logique
qu'être l'image de Dieu c'est aussi être sa gloire, or permettre aux hu-
mains d'être cela, c'est l'oeuvre que le Fils est venu accomplir.

Pour aller dans ce sens, on peut proposer que l'image de Dieu ne


concerne que l'homme pré-lapsaire, en se basant sur la première
épître de Paul aux Corinthiens (15,42-49) :

"C’est aussi le cas pour la résurrection des morts. Le corps est se-
mé corruptible, il ressuscite incorruptible. Il est semé méprisable,
il ressuscite glorieux. Il est semé faible, il ressuscite plein de

41 Ex.20,4 ; Dt.4,16 & 5,3.


42 Dt.9,12 ; Jg.17,3-4 ; Né.1,14.
43 Dn.2,31-35. D'ailleurs le mot "image" utilisé pour la création de l'homme ( ‫ )ֶ֫צֶלם‬et en
Daniel pour désigner la statue (‫ )ְצ ֵלם‬sont très similaires.
44 On objectera que Pierre recommande aux chrétiens de veiller sur leur conduite afin
que les païens voient leurs bonnes oeuvres et glorifient Dieu (1Pi.2,12). Mais la fin du
verset est claire : ils le glorifieront "au jour de la visite", ce qui fait manifestement
référence au jugement dernier (voir Lc.19,44), quand ils ne pourront plus refuser la
présence de Dieu.
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force. Il est semé corps naturel, il ressuscite corps spirituel. Il y a
un corps caractérisé par l'âme, il y a aussi un corps caractérisé
par l'esprit. C'est pourquoi il est écrit: Le premier homme, Adam,
devint un être vivant. Le dernier Adam est un esprit qui commu-
nique la vie. Mais ce n’est pas le spirituel qui vient en premier,
c'est le naturel; ce qui est spirituel vient ensuite. Le premier
homme, tiré de la terre, est fait de poussière, le second homme
est du ciel. Tel est l'homme terrestre, tels sont aussi les hommes
terrestres; et tel est l'homme céleste, tels seront aussi les
hommes célestes. Et de même que nous avons porté l'image de
l’homme fait de poussière, nous porterons aussi l'image de celui
qui est venu du ciel."

La qualification d'Adam en tant qu'homme de poussière fait référence


non à sa création (puisque Jésus lui aussi était alors fait de la même
matière physique que tout homme) mais à sa malédiction : "Tu es pous-
sière et à la poussière tu retourneras" (Gn.3,19). En liant donc ce pas-
sage à celui de l'engendrement de Seth (Gn.5,3) à l'image d'Adam, on
pourrait comprendre que depuis la chute, les humains sont par nature
à l'image de l'homme et non de Dieu, et que seul l'intervention de
Christ peut les rétablir à leur nature d'image.

Pourtant, une telle interprétation ignorerait qu'Adam lui-même était


par nature à l'image de Dieu, et comme nous l'avons vu, cela concerne
l'ensemble de son être. S'il avait complètement cessé d'être l'image de
Dieu, il serait mort. Ainsi en transmettant son image, Adam transmet
au moins en partie l'image de Dieu. D'ailleurs l'interdiction de tuer, fon-
dée sur le fait que l'homme est image de Dieu (Gn.9,6) ne pourrait plus
être d'actualité si l'homme ne l'était plus du tout.

En fait, et plus largement, c'est parce que l'homme n'accomplit pas sa


vocation d'image de Dieu qu'il est coupable devant Dieu. La position
selon laquelle les non-croyants ne seraient absolument plus image de
Dieu est donc intenable.

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b) Aspect rédempteur : Christ, image de Dieu

L'image de Dieu a subi un tel tort dans la chute qu'elle doit à présent
être re-créée, régénérée, et c'est toute l'oeuvre de Jésus-Christ avec
la Nouvelle Alliance.

Régénération en Christ45. Pour régénérer cette image, le Fils a été, lui,


fait à notre ressemblance46 afin que nous, conformés à son image,
devenions de nouveau comme Dieu 47. Irénée de Lyons le formulait
ainsi :

"Notre Seigneur Jésus Christ (...) par son amour incommensurable,


est devenu ce que nous sommes, afin qu'il puisse faire que nous
devenions ce qu'il est lui-même"48.

Athanase reformule de manière plus radicale en disant que le Fils de


Dieu "est devenu homme afin que nous devenions Dieu "49. L'idée ici
n'est bien sûr pas de diviniser l'individu, mais de qualifier l'Eglise,
corps de Christ, de présence agissante de Dieu sur terre - autrement
dit, l'Eglise est l'image et la gloire de Dieu 50. Ainsi en prenant part à la
nature divine, on manifeste de manière finie la gloire infinie de Dieu (2
Pi.1,4).

L'homme n'est pas obligé d'opérer cette régénération par ses propres
forces puisque Dieu génère son propre amour entre Père et Fils, auquel
nous sommes inclus par le Saint Esprit, au moyen de la foi.

Aspects régénérés. La conformation à Christ concerne bien sûr des


vertus spirituelles, telles que la connaissance (Col.3,10), la sainteté et
la justice (Eph.4,24), mais plus largement, cette nouvelle image est dé-
crite autant en termes individuels que communautaires (Rom.12,5), et

45 Pour cette partie, je suis les thèses de G.C. Berkouwer, Man : The Image of God
(1962).
46 Rm.8,3 Phil.2,7 (voir aussi Hb.2,14)
47 Rm.8,29 ; 1Jn.3,2.
48 I. de Lyons, Contre les Hérésies, V, Préface (env. 180).
49 A. d'Alexandrie, Sur l'incarnation de la Parole, 54,3 (env. 335-337).
50 Jn.17,22 : ""Je leur ai donné la gloire que tu m'as donné, afin qu'ils soient un comme
nous sommes un".
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notamment les relations au sein de cette communauté 51. Encore une
fois, elle concerne donc l'ensemble de la vie humaine.

On notera qu'il ne s'agit pas seulement de discernement de la


présence de Dieu (ce qui implique de le connaître) mais aussi de la
pratique de sa présence, c'est-à-dire une représentation au sens théâ-
tral du terme. Plusieurs lieux privilégiés sont à mentionner ici en parti-
culier : le couple (Eph.5,25), la famille (Eph.3,14-15), et l'Eglise 52.

51 Voici les références des commandements contennant le mot ἀλλήλων ("les uns les
autres") qui sont donnés aux disciples de Christ dans le Nouveau Testament : Mc.9,50 ;
Jn.6,43; 13,14 & 34 (voir aussi 15,12 & 17 ; Rom.13,8 ; 1 Th.3,12; 4,9 ; 1 Pi.1,22 ; 1
Jn.3,11; 23; 4,7; 11-12; 2 Jn.1,5) ; Rom.12,10; 16 (15,5); 14,13; 19 (voir aussi 1 Th.5,11);
15,7; 16,16 (voir aussi 1 Cor.16,20 ; 2 Cor.13,12 ; 1 Pi.5,14) ; 1 Cor.7,5; 11,33; 12,25 ;
Ga.5,13; 15; 26; 6,2 ; Eph.4,2; 25 (voir aussi Col.3,9); 32; 5,21 ; Ph.2,3 ; Col.3,13 ; 1
Th.4,18; 5,15 ; Hb.10,24 ; Ja.4,11 (voir aussi 5,9); 5,16 ; 1 Pi.4,9; 5,5.
52 Jn.13,34 (voir aussi 15,12 & 17 ; Rom.13,8 ; 1 Th.3,12; 4,9 ; 1 Pi.1,22 ; 1 Jn.3,11; 23;
4,7; 11-12; 2 Jn.1,5).
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c) Alliance et consommation

L'oeuvre de Christ qui renouvelle l'Alliance ouvre sur deux portes es-
chatologiques : la première est la restauration finale et l'autre la répro-
bation finale. Pour ceux qu'il aura choisi, ce sera la gloire d'un rétab-
lissement à l'image dans toutes ses dimensions.

"Ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés; ceux qu'il a ap-


pelés, il les a aussi déclarés justes; et ceux qu'il a déclarés
justes, il leur a aussi accordé la gloire". (Rom.8,30).

La résurrection des corps donnera accès aux hommes à un corps glori-


fié - c'est-à-dire un corps rétabli à ses facultés parfaites et qui mani-
festera la présence agissante de Dieu selon qu'il jugera par la miséri-
corde ou la justice.

"Que dire si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa


puissance, a supporté avec une grande patience des vases de
colère tout prêts pour la perdition? Et que dire s'il a voulu faire
connaître la richesse de sa gloire envers des vases de compas-
sion qu'il a d'avance préparés pour la gloire?"
(Rom.9,22-23).

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Conclusion

Une juste approche de l'anthropologie biblique doit commencer par la


doctrine de l'image de Dieu, et peut servir de point de départ pour
développer tout le plan du Salut (à condition bien sûr d'avoir avant toute
chose formulé une doctrine de Dieu).

L'homme a été créé à l'image de Dieu (et selon sa ressemblance), il est


donc l'image de Dieu, d'un point de vue relationnel, ontologique et fonc-
tionnel : il est fait pour être la présence agissante et la gloire de Dieu au
sein de la création.

Mais, entraîné dans le stratagème du serpent, il n'a plus voulu assumer


sa vocation ni agir en cohérence avec sa nature, il a démissionné,
échangeant la gloire de Dieu pour celle du prince de ce monde. Pourtant,
ne pouvant complètement échapper aux impulsions de sa nature, il a
fabriqué des idoles à son image, pour se remplacer lui-même et Dieu, et
il a attendu d'elles qu'elles assument ses propres responsabilités.

Alors Dieu s'est incarné, le Fils représentant l'image parfaite du Père, et


en cela, accomplissant toute la loi et les prophètes. Contrairement à
Adam, il résista aux tentatives du diable de remettre en question sa na-
ture d'image et son identité de Fils de Dieu, et par son sacrifice grâcieux
il restaure au rang d'image, de gloire, et de fils de Dieu les fils d'Adam
qui placent leur foi en lui.

A la fin des temps, tout homme sera jugé en fonction de son attitude par
rapport à l'image de Dieu, tant dans sa nature et vocation propres qu'en
celui qui l'a parfaitement incarné, et alors toute chair glorifiera Dieu, soit
dans la restauration, soit dans la réprobation.

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BIBLIOGRAPHIE

REFORMED DOGMATICS
Volume 2 : God and creation
H. Bavinck.

L'INSITUTION DE LA RELIGION CHRÉTIENNE


Livre 1, Chapitre 15 (édition de 1560),
Par J. Calvin.

CRÉATION BIBLE ET SCIENCE


Les fondements de la métaphysique, l'oeuvre créatrice divine et l'ordre
cosmique
Par J.-M. Berthoud (2008).

THE IMAGE OF GOD : A REFORMED REASSESSMENT


Par le Reverrend A. Stewart
British Reformed Journal, Issue 38 (Eté 2003)

A BIBLICAL-THEOLOGICAL FOUNDATION FOR CULTIVATING A GOD-GE-


NERATED LIFE OF BEING EMBEDDED WITH CHRIST IN THE FATHER
THROUGH THE ADVANCE INSTALLMENT OF THE HOLY SPIRIT
Par D. Moes,
Dissertation disponible sur le site A God-generated life
http://www.godgeneratedlife.com/dissertation/chapter02.pdf
Date de dernière consultation : le 08/06/2013 à 18:17.

COURS DE THÉOLOGIE SYSTÉMATIQUE


Licence 3, second semestre, Faculté Jean Calvin, 2013
Par Flavien Pardigon.

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