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39 QUESTIONS

DE CHRISTOLOGIE
(notes d’étudiant)

Questions de Christologie:...................................................................................................................... 1
1) Qu’est-ce que pensent les autres religions de Jésus ? - judaïsme, islam, hindouisme (1.3)................ 3
2) Qu’est-ce qu’on entend en parlant de « protévangile » ? (2.1.1.2) ..................................................... 4
3) Quels sont les 4 types de médiation espérée dans l’Ancien Testament (entre Dieu et les hommes) ?
Montre leur importance ! (2.1.2.3)........................................................................................................... 5
4) Donne quelques renvois aux fondements historiques de la résurrection du Seigneur ! (2.2.1.3)....... 8
5) Qu’est-ce qu’un miracle ? (2.2.2.3, §1) ................................................................................................ 9
6) Est-ce que les miracles de Jésus sont des évènements historiques ? (2.2.2.3, §2)............................ 10
7) Est-ce que les miracles de Jésus peuvent être expliqués à travers la parapsychologie ou la magie ?
(2.2.2.3, §2)............................................................................................................................................. 11
8) Quels sont les fins des miracles de Jésus ? (2.2.2.3, §4)..................................................................... 12
9) Quel importance ont les paroles « Abba » et « Amen » pour indiquer la prétention divine de Jésus ?
(2.2.2.4.1)................................................................................................................................................ 13
10) Est-ce que Jésus a affirmé d’être le Messie ? (2.2.2.4.3) ................................................................. 14
11) Qu’est-ce que signifie et quelle importance a le titre « Fils de l’homme » concernant Jésus ?
(2.1.2.3.4 et 2.2.2.4.3)............................................................................................................................. 15
12) Qu’est-ce qu’est « l’hymne de jubilation » et qu’est-ce qu’elle signifie pour la prétention de Jésus ?
(2.2.2.4.3, fin).......................................................................................................................................... 16
13) Explique le terme « double pro-existence » concernant la vie et la mort de Jésus ! (2.2.2.5) ........ 17
14) Donne un panorama de la christologie johannique ! (2.2.3.4)......................................................... 18
15) Qu’est-ce que signifient « ébionisme » et « adoptianisme » ? (3.1.1) ........................................... 20
16) Explique les termes : « modalisme » et « monarchianisme » ! (3.1.1) ............................................ 21
17) Qu’est-ce qu’on entend sous « docétisme » et « gnose » ? (3.1.1) ................................................. 22
18) Explique l’hérésie d’Arius et la réponse du concile de Nicée ! (3.2) ................................................ 23
19) Quelle importance a pour la christologie le concile de Constantinople I (381) ? (3.3) ................... 25
20) Quand a été définit le titre « Theotokos » et quelle importance a cette définition pour la foi en
Jésus Christ ? (3.4) .................................................................................................................................. 26
21) Décris l’hérésie du monophysisme et la réponse du concile de Calcédoine (451) ! (3.5 à 3.5.2).... 27
22) Est-ce que le Fils de Dieu se serait incarné aussi si Adam n’avait pas péché ? (5)........................... 29

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23) Dans quel sens l’Incarnation est œuvre de la Trinité ? (6.3.1 et 2).................................................. 30
24) Est-ce que le Fils de Dieu est changé par l’Incarnation ? (6.3.2 à 6.3.4) .......................................... 31
25) Qu’est-ce que veut dire « personne » ? (6.3.5)................................................................................ 32
26) Qu’est-ce que signifie « communication des idiomes » ? (6.3.8)..................................................... 33
27) Pourquoi l’Incarnation est un « mysterium stricte dictum » ? (6.3.9) ............................................. 34
28) Est-ce qu’en Jésus Christ nous trouvons 2 « moi » ? (6.4) ............................................................... 35
29) Comment mettre ensemble le facteur humain et le facteur divin dans la science humaine de
Jésus ? (6.5)............................................................................................................................................. 37
30) Comment expliquer l’opposition entre la volonté du Père et celle de Jésus au mont des oliviers ?
(6.6.3)...................................................................................................................................................... 40
31) Comment St. Anselme explique la satisfaction vicaire du Dieu-homme ? (7.3.2 à 7.3.7)................ 41
32) Quel est le rôle du concept de la « médiation » pour la sotériologie ? (7.5) ................................... 44
33) Comment expliquer les concepts de la « rédemption » et du « rachat » ? (7.6.2) .......................... 46
34) Quelles sont les principales lignes systématiques pour décrire le sacrifice du Christ ? (7.6.3) ....... 49
35) Comment structurer systématiquement la satisfaction vicaire ? (7.6.4)......................................... 50
36) Comment indiquer la relation entre substitution et solidarité dans l’œuvre de salut ? (7.6.8) ...... 52
37) Quelle est l’importance du schéma des « trois ministères de Jésus » ? (7.7) .................................. 54
38) Décris un des « mystères de la vie de Jésus » (7.8.2 à 7.8.14) ......................................................... 55
39) Qu’est-ce qu’enseigne la déclaration "Dominus Iesus" sur Jésus Christ et sur son œuvre salvifique ?
(8.10.2.2 à 8.10.2.4)................................................................................................................................ 57

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1) Qu’est-ce que pensent les autres religions de Jésus ? - judaïsme, islam, hindouisme
(1.3)

Judaïsme : selon Pinchas Lapide (théologien juif) il y a plus de livres sur Jésus qui apparaissent
après la fondation de l’état d’Israël (1948-1988) que durant tout le temps précédant – ca.500
publications. Ces travaux soulignent que Jésus était un juif, mais ils refusent de parler de lui
comme du Messie, Fils de Dieu et Rédempteur.

Islam : Jésus = grand prophète, né de la vierge Marie, auteur de nombreux miracles et maître du
monothéisme absolu et de la soumission totale à Dieu. Il est monté au ciel et viendra de nouveau
pour le jugement dernier.
Le coran nie la mort de Jésus (à sa place a été crucifié une personne qui lui ressemblait – idée
gnostique).
Il s’oppose fortement au fait de reconnaître Jésus comme Fils de Dieu. Jésus reste un simple
prophète qui a préparé la venue de Mohamed, le prophète ultime.

Hindouisme : L’opinion de Gandhi : sa lutte pour l’indépendance de l’Inde contre l’Angleterre fut
influencé par le sermon de la montagne.
Il ne s’agit pas d’une foi absolue en Jésus comme Dieu, à côté de Lui il y a d’autres incarnations.
Jésus est un personnage divin parmi beaucoup d’autres (l'un des vavatars de la divinité).
Certains le retiennent comme « incarnation plénière de Dieu », d’autres « un prophète pur et
généreux qui a souffert et expié comme vicaire pour chacun de nous ».
Jésus n'est pas unique.

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2) Qu’est-ce qu’on entend en parlant de « protévangile » ? (2.1.1.2)

Gn 3,15 : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la
tête et tu l’atteindras au talon. »

- lutte entre les forces du mal et l’humanité


- le serpent mord le talon (= endommage les hommes) – mais il sera vaincu

La tradition biblique place déjà cette ancienne promesse dans un contexte messianique.

La Septante : met le « lignage » victorieux de la femme dans une forme personnelle : « autos » =
« il » écrasera la tête du serpent. « Autos » = un pronom masculin pour un substantif neutre « tò
sperma » (le lignage). « Il » = une personne concrète, pas simplement l’humanité en général.
Le contexte messianique devient plus évident ! Le Messie représente l’humanité devant Dieu.

La Vulgate : donne à ce passage un sens marial. « Ipsa conteret caput tuum » = « Elle t’écrasera la
tête ». Philologiquement cette traduction est fausse et elle a été corrigée par la Néo-Vulgate. Mais
il est vrai qu’on ne peut séparer le Messie de sa Mère.

L’opposite (le serpent) est expliqué déjà dans l’Ancien Testament comme le diable.
Justin et Irénée font le lien: Adam/ Jésus Eve/ Marie
Dans le protévangile on peut rencontrer une promesse de rédemption. Cette promesse implique
l’action humaine, celle du Messie appartenant au lignage de la femme – mais de façon indirecte
aussi l’action de Dieu : seulement Dieu peut sauver l’homme, en envoyant son Messie.
Le salut doit venir d’en bas, de l’humanité – mais surtout d’en haut, de Dieu. En Jésus les 2
facteurs sont unis.

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3) Quels sont les 4 types de médiation espérée dans l’Ancien Testament (entre Dieu et
les hommes) ? Montre leur importance ! (2.1.2.3)

La médiation royale
La médiation sacerdotale
La médiation prophétique
La médiation céleste

Les trois premières sont de la voie ascendante : elles viennent du bas ; la dernière est de la voie
descendante : elle vient d’en haut.
« Christos » - « Messiach » = L’oint !
Dans l’Ancien Testament surtout les rois et plus tard aussi les prêtres et les prophètes reçoivent
l’onction. Il y a donc une préférence pour les rois.

La médiation royale :
Le Messie : fils de David (et donc : un personnage royal).

L’annonce de l’ange à Marie : « Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui
donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne
n’aura pas de fin. »

Avec cette annonce se réalise la prophétie de Nathan à David (10ème siècle) – la protection divine
pour la maison de David et son règne existera pour toujours.

Le Yahviste (10ème siècle) : il connaît la prophétie à David et présente 4 autres promesses


précédentes comme préparation : le protévangile, la vocation d’Abraham, la bénédiction de Jacob,
les oracles de Balaam.
La prophétie de David intègre en soi toute l’histoire.
A côté de l’alliance du Sinaï vient l’alliance avec David. Les prophéties précédentes entrent dans la
nouvelle promesse à la maison de David.

Les psaumes royaux : ils reprennent la prophétie de Nathan (le roi davidique est « Fils de Dieu »
dans le sens d’une filiation adoptive, il est un homme, mais dans la splendeur de la gloire divine).
Ps : 2, 18, 20, 21, 45, 72, 89, 101, 110, 132 - ils ne décrit pas seulement un roi historique, mais ils
s’ouvrent aussi vers le Messie, le roi par excellence.

Les textes prophétiques : sur le roi messianique du lignage de David.


• cycle de l’Emmanuel en Isaïe : le roi futur qui inaugurera l’ère de la félicité ….
• prophétie de Michée : le Messie naîtra à Bethlehem la ville de David
• d’autres textes prophétiques (après le 8ème siècle) qui viennent tous de situations où il n’y
avait plus de rois de la maison de David (ils ont faillit) – l’espérance s’oriente donc
davantage vers l’intervention de Dieu dans le futur.

La médiation sacerdotale :
Jésus est aussi le prêtre qui nous a réconciliés avec Dieu (aspect particulièrement souligné dans la
lettre aux Hébreux).

Dans l’Ancien Testament :

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Lévi et ses fils : une bénédiction spéciale (même si le roi reste le vrai prêtre d’Israël)

Ps 110 : le roi reçoit aussi le titre de prêtre : « prêtre pour l’éternité selon l’ordre de
Melchisédech ».
Le Messie se tiendra entre Dieu et le peuple : il représente le peuple devant Dieu dans
l’intercession et dans l’expiation ; il représente Dieu au milieu du peuple en donnant la
bénédiction et la protection des ennemis.

Ezéchiel : dans une vision sur le futur temple ; il y aura les « prêtres lévites, fils de Sadoq » qui
célèbreront le sacrifice dans le temple. (Ez 44,15)

Zacharie : La vision des deux oliviers : l’oint royal et l’oint sacerdotal.


Il attribuait l’espérance messianique à Zorobabel et à Josué, mais quand cette espérance tombait,
la signification pleine de la prophétie s’orienta au futur.

La tradition sacerdotale du 5ème siècle : relit la tradition mosaïque comme le Yahviste au 10ème
siècle – dans une prospective davidique.
Elle affirme la réalité de 3 alliances : avec l’humanité entière en Noé, avec Israël en Abraham, avec
la famille de Pinhas (neveu d’Aaron) – promesse qui doit s’accomplir à un niveau supérieur (en
Jésus Christ, le vrai médiateur sacerdotal), car le dernier prêtre de sa descendance fut tué en 170
avant Christ.

La médiation prophétique :
Deutéronome 18, 15-18 :
15 Yahvé ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi, que vous écouterez. 16
C'est cela même que tu as demandé à Yahvé ton Dieu, à l'Horeb, au jour de l'Assemblée: "Pour ne pas mourir, je
n'écouterai plus la voix de Yahvé mon Dieu et je ne regarderai plus ce grand feu", 17 et Yahvé me dit: "Ils ont bien
parlé. 18 Je leur susciterai, du milieu de leurs frères, un prophète semblable à toi, je mettrai mes paroles dans sa
bouche et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai.
Un prophète comme Moïse, suscité par Dieu.
Peut être interprété : il y aura toujours des prophètes en Israël – ou : à la fin, comme au début
d’Israël avec Moïse, il y aura un nouveau Moïse.

Isaïe : les cantiques du Serviteur de Jahvé : = le peuple Israël, ou bien sa partie saine, ou bien un
groupe de prophètes. Argument principal : identification de ce serviteur avec Israël.
Mais : un personnage individuel peut représenter le peuple devant Dieu. Les raisons les plus fortes
pour l’interprétation individuelle du serviteur de Dieu : le Serviteur fidèle est opposé au peuple
obstiné, ses souffrances ont une valeur salvifique pour les autres.
Le Serviteur est présenté comme prophète avec une mission universelle.
Le 4ème chant du Serviteur de Dieu est une prophétie surprenante de la mort d’expiation et de la
glorification de Jésus.

La médiation céleste :
= une aide qui vient plus directement d’en haut, du ciel – la voie descendante.

L’ange du Seigneur :
- un être identifié avec Dieu
- un représentant de Dieu, mais distinct de lui
- « un » ange de Jahvé (comme Michel ou Raphaël)
L’ange a une fonction révélatrice, libératrice et d’intercession.
Il est devenu objet de l’attente messianique comme le montre le prophète Malachie (5ème siècle).

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Ange = malach = messager. Le « malach » ne doit pas être de nature angélique dans le sens d’un
esprit non-humain.

Figure de la Sagesse : = une personnalisation de la caractéristique de Dieu.


La fonction cosmique et la médiation de la création qu’on ne peut pas trouver dans les autres
figures médiatrices contemplées jusqu’à présent.
La Sagesse exprime surtout la préexistence de Jésus et son rôle pour tout le cosmos.

La Parole : = personnalisation de la force créatrice de Dieu.


Elle indique que Dieu agit avec force.
C’est une préparation pour parler du Christ comme le Verbe éternel.

Le Fils de l’homme : (Dn 7, 13-14) = un médiateur qui vient du Ciel.


Interprétation collective : Fils de l’homme = Israël
Interprétation individuelle : Fils de l’homme = le représentant
La figure du Fils de l’homme met ensemble la voie descendante avec la voie ascendante : il vient
du ciel, mais il est intronisé comme le roi davidique et il porte le nom de fils de l’homme.

Conclusion :
Angelo Amato : « même si l’aube de la résurrection vient après le crépuscule de l’attente, elle est
un passage historiquement non déductible. La res du Christ dépasse incommensurablement la
spes d’Israël ».
Hans Urs von Balthasar, dans le dernier volume de la « Gloire », le formule ainsi : « dans sa
conclusion l’Ancien Testament est seulement un cri en direction de son achèvement, mais un cri
incapable de minimalement délinéer la forme de l’achèvement que son entière structure postulait
».

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4) Donner quelques renvois aux fondements historiques de la résurrection du Seigneur !
(2.2.1.3)

Beaucoup de formulations brèves :


- 1 Th 1,10 : Nous attendons le Fils de Dieu « qu’il a ressuscité des morts, Jésus ».
- Ga 1,10: Paul est apôtre « par le moyen de Jésus Christ et de Dieu le Père qui l’a ressuscité des
morts ».
Comme la libération de l’esclavage d’Egypte était l’attribut typique de Dieu dans l’Ancien
Testament, la résurrection de Jésus devient l’élément central pour décrire l’action de Dieu
dans le Nouveau Testament.

- 1Co 15, 3-8 : « Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir
que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est
ressuscité le troisième jour selon les Écritures, qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il
est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart d’entre eux demeurent jusqu’à présent
et quelques-uns se sont endormis - ; ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Et, en
tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton. »
Dans la 1ère partie de ce passage nous trouvons des formulations prépauliniennes et
Paul affirme qu’il transmet ce qu’il a lui-même reçu.
Date précise du 1er séjour de Paul à Corinthe : l’an 52. (Paul parle du proconsul d’Achaïe :
Galion. Un proconsul exerçait son ministère seulement une année. A Delphes on a trouvé
une inscription qui indique l’an 52). Pour la formulation prépaulinienne les exégètes
indiquent la période entre 35-40. La mort et résurrection du Christ ont eu lieu autour de
30.

Comme fondement historique pour la résurrection nous avons deux éléments centraux : les récits
sur les apparitions du Seigneur devant les siens et la tradition du sépulcre vide :

« Le bon nombre de témoins » : pour défendre la foi dans la résurrection


Le tombeau vide : le premier témoignage est lié aux femmes qui voulaient aller oindre le corps du
Christ. Si l’Eglise primitive avait inventé la tradition du Tombeau vide, ils n’auraient pas indiqué le
témoignage des femmes – car dans la société judaïque seuls les hommes étaient comptés comme
témoins valides.
St. Jean qui arrive au tombeau vide : « Il vit et il crut. » - ce qui veut dire qu’il a pu constater que
l’absence du corps du Christ ne pouvait être une œuvre humaine.

Le témoignage décisif = les apparitions !

Il y a des différences dans les récits (nombre des femmes qui vont au tombeau, nombre d’anges,…)
– mais tous les témoignages sur la résurrection indiquent : Jésus s’est montré vivant devant
beaucoup de témoins.

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5) Qu’est-ce qu’un miracle ? (2.2.2.3, §1)

Albert Lang : « Le miracle est un phénomène extraordinaire dans notre monde empirique qui ne
s’explique pas à travers des causes naturelles, mais remonte à une intervention directe de Dieu. »

- rôle important pour témoigner de la prétention divine de Jésus et pour révéler l’amour divin

1. L’aspect ontologique : met en relief l’origine divine, qui ne provient pas de la créature. Le
Nouveau Testament nous présente le terme grec érga c'est-à-dire œuvre divine qui chez Jean attestent
l’action du Christ en tant que Fils divin. Marc et Matthieu parlent de dynameis, d’effets de la puissance
divine.
2. L’aspect psychologique : l’homme s’émerveille du fait inattendu, hors de l’ordre normal.
Paradoxa (faits inattendus).
3. L’aspect de la finalité : des signes qui révèlent l’intention de Dieu. Jean parle avant tout
des signes, des semeia.

• un phénomène du monde matériel, accessible aux sens, mais,


• la nature n’explique ni la cause, ni le but. La cause suffisante
• vient directement de Dieu qui donne une finalité particulière à ce signe

Le miracle a une cause et une finalité transcendante !


Ainsi, en soi la Transsubstantiation n’établit pas de critères empiriques, donc ce n’est pas un
miracle dans le sens apologétique.

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6) Est-ce que les miracles de Jésus sont des évènements historiques ? (2.2.2.3, §2)

On ne s'explique pas l'enthousiasme des disciples sans qu'il y ait eu de miracles.


Les opposants juifs n’ont pas nié les miracles du Seigneur, mais ils les ont interprétés comme de la
magie diabolique.
Pour la recherche des sources historiques sont importantes deux loghion de Jésus qui indiquent
clairement la situation pré-pascale.
• Mt 11,21-24 : La critique de Jésus concernant le comportement des villes de Chorazeïn,
Bethsaïde et Capharnaüm : ceci indique que la prédication de Jésus dans les 3 villes n’avait
aucun succès. C’est donc la réalité qui est rapportée.
• Mt 11,2-6 : La réponse de Jésus à Jean-Baptiste qui l’interroge sur sa vraie identité : cela
montre que Jésus lui-même a interprété les miracles comme critère de sa mission
messianique.

Les évangiles nous rapportent 4 groupes de miracles :

• guérisons des maladies


• exorcismes
• résurrections de la mort
• miracles sur des éléments de la nature

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7) Est-ce que les miracles de Jésus peuvent être expliqués à travers la parapsychologie ou
la magie ? (2.2.2.3, §2)

Non !!!

La parapsychologie : = des forces cachées dans l’âme humaine, des forces au-delà de la
psychologie normale. Pour ceux qui soutiennent cette thèse, la cause des miracles seraient les
forces cachées de l'âme humaine.

• ce n’est pas une science reconnue


• pour montrer une force cachée dans l’homme (qui ne vient pas d’une influence extra-
humaine) il faudrait être capable de répéter expérimentalement les effets soi-disant
parapsychologiques. Mais ce n’est pas possible.
• les résultats des preuves de la parapsychologie sont assez modestes – et souvent il s’agit
plutôt de la tromperie
• certains phénomènes extraordinaires demandent une explication qui va au-delà de la
personne humaine (anges ou esprits mauvais)
Les miracles de Jésus ne se laissent pas expliquer de la façon naturelle !

La magie : explication diabolique. Les esprits mauvais peuvent produire des effets extraordinaires
– même s’ils ne peuvent rien créer à partir du néant.

• les miracles de Jésus ne se passent pas dans un contexte du mal, mais ils ont un caractère
qui révèle l’amour de Dieu
• il faut voir les fruits
• le diable ne fait pas des exorcismes – si non, il détruirait lui-même son règne

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8) Quels sont les fins des miracles de Jésus ? (2.2.2.3, §4)

On a trois raisons principales:


1. ils attestent la divinité de Jésus, la puissance de Dieu
2. ils indiquent l'amour divin pour l'homme (il y a beaucoup de miracles de guérison)
3. ce sont des signes qui indiquent la présence d'un monde nouveau, il y a ici une dimension
eschatologique
(Une invitation forte à la foi – pour tous ceux qui s’y ouvrent !)

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9) Quel importance ont les paroles « Abba » et « Amen » pour indiquer la prétention
divine de Jésus ? (2.2.2.4.1)

Article de Joachim Jeremias (études protestantes sur le NT) sur la thématique du : « ipsissima vox
Iesu » - des paroles qui remontent avec certitude à Jésus :

Abba les 2 mots restent en araméen – alors que l’évangile est écrit en grec ;
Amen c’est une originalité qui ne vient pas de l’ambiance juive mais qui fait partie de "ipsissima
vox Iesu"

Ces 2 mots attestent : - La relation particulière de Jésus avec son Père


- La prétention divine de Jésus qui dépasse une mission seulement
prophétique.

Abba :
- langage familier : « cher père », papa
- aussi : version standard pour le terme en hébreux « mon père » (abi)
- donc : pas typique du langage enfantin – mais quand même aussi utilisé par les enfants
- les juifs n’auraient jamais osé appeler le roi de l’univers de façon si familière
- = témoignage de la conscience filiale de Jésus face à Dieu
- prier « Notre Père » veut dire : participer à la relation personnelle de Jésus avec le Père

Amen :
- dans l’hébraïsme « Amen » servait pour affirmer la parole d’une autre personne
- mais dans la tradition sur les « loghia » de Jésus : Amen introduit et affirme les propres
paroles de Jésus
- ce que les prophètes indiquent comme volonté de Dieu, Jésus le prononce avec la propre
autorité
- dans cette conscience Jésus peut corriger Moïse – comme le montrent les antithèses du
sermon de la montagne
Jésus enseigne avec autorité, cela affirme sa prétention divine.

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10) Est-ce que Jésus a affirmé d’être le Messie ? (2.2.2.4.3)

Jésus évitait d’utiliser le titre de « Messie » pour lui-même parce qu’il ne pouvait pas satisfaire
toutes les attentes par rapport au Messie (surtout pas l’attente d’un messianisme politique !).

St. Jean : Jn 4,25 avec la samaritaine = l’unique exception où Jésus se donne ce titre lui-même

Dans les autres cas, le titre de Messie lui est donné de l’extérieur.
Devant des personnes qui avaient un droit de recevoir un témoignage clair, Jésus acceptait le titre
de Messie :
1. La confession de Pierre : « Tu es le Christ » (Mc 8,29)
Jésus accepte le titre messianique, mais il indique tout de suite la façon concrète d’être le
Messie : en passant par la passion.
2. La confession devant le sanhédrin : « Tu es le Christ, le Fils du Béni ? » - « Je le suis » (Mc
14, 61) Cette confession était le fondement de tout le procès de Jésus ; pour cela on
trouvera le titre sur la Croix : « Jesus Nazarenus Rex Iudaeorum ».
Jésus pouvait accepter ce titre messianique en ce moment, parce que dans cette apparente
impuissance il était clair qu’il ne voulait pas être le vainqueur politique.

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11) Qu’est-ce que signifie et quelle importance a le titre « Fils de l’homme » concernant
Jésus ? (2.1.2.3.4 et 2.2.2.4.3)

AT: c'est un texte apocalyptique


Daniel 7, 13-14 : « Je contemplais, dans les visions de la nuit : Voici, venant sur les nuées du ciel,
comme un Fils d’homme. IL s’avança jusqu’à l’Ancien et fut conduit en sa présence. A lui fut conféré
empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un
empire éternel qui ne passera point, et son royaume ne sera point détruit. »

Ici le « Fils de l’homme » est un médiateur qui vient du ciel.


On peut y trouver une interprétation collective (Fils de l’homme = Israël) et individuelle.
Le Fils de l’homme est aussi le représentant, le chef et le modèle du peuple des saints.
La figure du Fils de l’homme fait le lien entre la voie descendante et la voie ascendante : il vient du
ciel, mais il est intronisé comme le roi davidique et il porte le nom de « Fils de l’homme ».

Jésus lui-même utilise le titre souvent dans la période prépascale :


1. se trouve plusieurs fois dans les évangiles, mais disparaît presque complètement dans la
prédication postpascale
2. à différence du titre de Messie, on ne le trouve pas dans la bouche d’autres personnes,
mais seulement comme témoignage de Jésus sur lui-même
3. Jésus utilise le titre seulement dans la 3ème personne (même s’il parle clairement de lui-
même)
4. dans les 2 occasions où Jésus accepte la désignation de « Messie », il donne un
commentaire avec le titre de « Fils de l’homme » - ce qui a conduit de nombreux exégètes
à voir ce titre comme « ipsissima vox Jesu » avant Pâques

Dans les synoptiques il y a 3 séries d’affirmations qui parlent du « Fils de l’homme » :


• la vie terrestre de Jésus
• la passion
• la venue sur les nuées du ciel

Jésus a utilisé ce titre pour préparer petit à petit la révélation de son mystère divin. Il a choisi un
titre qui n’était pas remplit de malentendus politiques.
Il se définit comme Fils de Dieu.

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12) Qu’est-ce qu’est « l’hymne de jubilation » et qu’est-ce qu’elle signifie pour la
prétention de Jésus ? (2.2.2.4.3, fin)

Mt 11,27 / Lc 10,22 : « Tout m’a été remis par mon Père, et nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père,
et nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler. »

Cette phrase met le Père et le Fils au même niveau.


La connaissance du Père dispose d’une propriété divine – et de même la connaissance du Fils.
Une connaissance complète de Dieu par contre présuppose l’égalité de l’être : seulement Dieu
peut comprendre Dieu.
Cela montre la divinité ontologique de Jésus : « Fils de Dieu ».
Jésus s’attribue ici lui-même le titre de « Fils » - « le Fils ».

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13) Explique le terme « double pro-existence » concernant la vie et la mort de Jésus !
(2.2.2.5)

Jésus vit totalement pour son père – mais aussi totalement pour les hommes qui se trouvent dans
la situation du péché.

Heinz Schürmann :
1. Jésus se savait le représentant eschatologique du règne de Dieu, envoyé du Père. Il a une
position d’importance absolue qui se montre dans la double pro-existence.
2. Jésus maintenait sa double pro-existence aussi durant la mort. Ainsi la mort reçoit un
caractère expiatoire.
3. Il y a un « loghion » reconnu par tous comme « ipsissima vox Jesu » :
Mc 14,25 : « En vérité, je vous le dis, je ne boirai plus du produit de la vigne jusqu’au jour où
je boirai le vin nouveau dans le Royaume de Dieu. »
Ce texte affirme 2 faits :
- Le règne de Dieu viendra malgré la mort de Jésus
- Jésus lui-même ne restera pas dans la mort, mais participera à la cène eschatologique
Jésus affirme l’importance de son annonce eschatologique aussi concernant le fait de sa
mort !
4. A la dernière Cène Jésus montre dans les dons offerts son sacrifice, réalisé à la Croix

Schürmann veut montrer que l’interprétation sotériologique de la mort de Jésus après Pâques a
son fondement déjà dans la conscience du Seigneur avant la Pâques.
Il fait comprendre que la mort de Jésus pour le péché des hommes n'est pas une théorie isolée,
elle est liée à toute la vie de Jésus qui est tendu vers sa passion.

17
14) Donner un panorama de la christologie johannique (2.2.3.4)

St. Jean souligne la vraie divinité et la vraie humanité !

Jn 1,14 : « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous »

La vraie divinité du Seigneur est le fondement pour notre salut. Christologie et Sotériologie sont
ainsi intimement liés.

1. La phrase : « le Verbe s’est fait chair » est presque la formule classique de


l’Incarnation. C’est le cadre pour la profession christologique de Nicée et
Chalcédoine.

« Chair » - « Sarx » ne désigne non seulement la matière corporelle de l’humanité, mais l’entier
être humain sous l’aspect de sa faiblesse.

« Logos » : implique pour Jésus une ample préhistoire.


• dans la théologie vétérotestamentaire : le Verbe divin contient une force créatrice
• figure de la Sagesse (presque personnifiée et existant depuis toujours) – Jean ne parle pas
de la Sagesse, mais du Verbe. Pourquoi ? Parce que les rabbins ont identifié la Sagesse
avec la Thora ou parce que le genre féminin de « sophia » n’était pas adéquat pour un
Rédempteur masculin ou encore parce que le rôle de la Sagesse a été déformé par le
gnosticisme.
• pour Jean le Logos est un être personnel qui transcende le monde
• le Logos = Dieu et homme en même temps

2. Le Fils de Dieu envoyé dans le monde :


Il n’est pas possible de séparer le Fils du Père. Les titres « Fils de Dieu » et « Fils » révèle la réalité
plus profonde de Jésus.

3. L’autorévélation divine dans la formule « Ego eimi » :


La prétention divine de Jésus se montre dans la formule « Je suis » (« Ego eimi ») qui correspond à
la formule de la révélation du nom de Dieu en Ex 3,14 : « Je suis celui qui est ».
La formule « Ego eimi » implique donc le plein contenu de la foi : Jésus est Dieu, il est le Fils
éternel, préexistant depuis toujours.

7 images :
• le pain de vie Je suis le pain de la vie (Jn 6,35.48)
• la lumière du monde Je suis la lumière du monde (Jn 8,12)
• la porte des brebis Je suis la porte des brebis (Jn 10,7.9)
• le bon pasteur Je suis le bon pasteur (Jn 10,11.14)
• la résurrection et la vie Je suis la résurrection et la vie (Jn 11,25)
• la vie, la vérité et la vie Je suis le chemin et la vérité et la vie (Jn 14,6)
• la vraie vigne Je suis la vraie vigne (Jn 15,1.5)

4. La relation éternelle avec le Père exprimée en termes fonctionnels :


• pour révéler la vérité divine

18
• pour procurer la vie éternelle aux hommes
• point de départ pour parler de la relation éternelle entre Père, Fils et Esprit St. (car la
mission dans le temps présuppose la relation pré-temporelle entre les personnes divines).

5. L’heure de Jésus comme révélation de sa gloire :


La mission de Jésus se montre toute orientée vers l’heure prévue par le Père.
L’expression « heure » considère ensemble les évènements de la Croix et de la Résurrection.
(L’exaltation, la glorification commence à la Croix !)
Gloire et Croix sont des réalités qui vont ensemble dans la mission de Jésus.

6. Jésus comme Fils de l’homme, Agneau de Dieu et le Prophète :


Fils de l’homme : lié à la descente du Fils du ciel et à son ascension vers le Père. Jésus est toujours
dans la présence de sa vie céleste.

Agneau de Dieu : l’agneau pascal de l’AT – ou le Serviteur de Dieu du Deutéro-Isaïe


La parole araméenne « talja » (originairement dans la bouche de Jean-Baptiste) peut être traduite
par « serviteur » ou par « agneau ».
Le prophète : Jn 6,14 : « C’est vraiment lui le prophète qui doit venir dans le monde. » - Cette
conception correspond à Dt 18, où un prophète semblable à Moïse est promis pour le futur.
Jésus est le prophète !
7. La vraie humanité de Jésus, pleine de vérité et de grâce :
Jean parle avec un langage amplifié et concentré sur l’autorévélation de Jésus.
Il donne les informations les plus précises sur les données historiques de l’ambiance de Jésus.
Il est théologiquement l’évangéliste le plus grand – mais aussi celui qui est le plus attaché à
l’importance de l’humanité de Jésus au niveau historique.
• Jésus qui montre ses sentiments humains
• dispose de la plénitude de la connaissance divine
• est le révélateur parce qu’il a vu le Père
• connaît parfaitement le cœur des hommes
• son omniscience renvoie à son origine divine

19
15) Qu’est-ce que signifient « ébionisme » et « adoptianisme » ? (3.1.1)

L’ébionisme :
Le nom : « ébionites » vient probablement de la parole hébreux « ebionim » = « les pauvres ».
C’est une hérésie typiquement judéo-chrétienne qui désigne un nombre indéfini de sectes judéo-
chrétiennes (indiquées en premier par Irénée).
Ils nient la vraie divinité de Jésus : pour eux Jésus est un simple homme (selon Tertullien) – même
s’il est retenu comme Messie et vrai Prophète.
Ils nient aussi sa conception virginale – et pour cela ils enlèvent les premiers 2 chapitres de
l’évangile de Matthieu (qu’ils utilisaient).
Ils affirment Jésus vrai prophète, mais refusent sa divinité.

L’adoptianisme :
Aussi de type judaïque
Jésus n’est pas vraiment le Fils divin, mais seulement le « Fils adoptif de Dieu ».
Il y a deux courant: 1. Jésus serait adopté à son baptême
2. Jésus serait adopté à la résurrection

Théodote de Byzance dit le Corroyeur: voulait diffuser l’adoptianisme à Rome à la fin du 2ème
siècle :
- Jésus était seulement homme
- né de la vierge Marie
- adopté par Dieu comme Fils par ces mérites (au moment du Baptême)
Il fut condamné par le pape Victor en 190.

D’autres adoptianistes attribuent l’adoption au moment de la Résurrection de Jésus.

Paul de Samosate : évêque d’Antioche au 3ème siècle. Il fut condamné par un synode à Antioche
parce qu’il était un protagoniste d’une christologie « d’en bas ».
Il donnait le titre de « Fils de Dieu » à l’homme Jésus dans lequel le Verbe aurait pris sa demeure,
comme dans un temple et duquel il se serait vêtu, comme d’un vêtement. Le Verbe divin est une
force à l’intérieur de lui qui le rend identique au Père : de la même substance (homoousios).
Le synode d’Antioche a condamné cette thèse que le Fils fut « homoousios tô Patrî ». Plus tard, au
concile de Nicée cette expression devient le signe de l’orthodoxie – mais dans un sens divers.

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16) Explique les termes : « modalisme » et « monarchianisme » (3.1.1)

Le modalisme : (Plusieurs modes, masques)


Père, Fils (et Esprit St.) ne sont pas des personnes diverses dans une unique divinité, mais des
« modes » d’une unique personne.

Noët de Smyrne et Praxéas: = les premiers modalistes


Ils identifiaient le Père et le Fils. Le Père s’appelait Fils après la naissance de la Vierge – la même
personne qui se présente sous des titres divers. Le Père lui-même a subi la passion (d’où le titre de
« patripassiens »).

Sabellius : condamné par le pape Calixte en 220, introduit dans la doctrine modaliste aussi le St.
Esprit. Il voulait éviter de dire que le Père a subi la passion et a enseigné que Père, Fils et Esprit
n’étaient que des modes dans lesquels se montrait l’unique personne divine. (Comme des
masques diverses par lesquelles se présente toujours le même acteur.)

Dieu est :
- Père dans l’Ancien Testament
- Fils dans l’Incarnation
- Esprit à Pentecôte

Le monarchianisme :
= titre général dans lequel rentrent aussi le modalisme et l’adoptianisme
= un mouvement qui voulait garantir la monarchie de Dieu – ils voient l’unité de Dieu de façon que
disparaît la diversité des personnes

L’adoptianisme est appelé aussi le « monarchisme dynamique » : parce qu’il est dit que Jésus était
remplit d’une force – dynamis – divine. Habitation de Dieu en l'homme Jésus.

Le modalisme est appelé aussi le « monarchisme modalistique » : attribuant l’Incarnation à Dieu


sans distinguer entre Père, Fils et Esprit St.

21
17) Qu’est-ce qu’on entend sous « docétisme » et « gnose » ? (3.1.1)

Le docétisme : Jésus homme en apparence/ sur la croix en apparence.


Il s’oppose à la vraie humanité de Jésus – Jésus était homme et a subi la passion seulement en
apparence. (dokein = sembler, apparaître)
Derrière cette doctrine il y a un refus du contact immédiat de Dieu avec la chair – une tendance
qui vient probablement de l’hellénisme.

St. Jean : commence à combattre contre ces hérétiques.

Ignace d’Antioche : le premier à écrire contre le docétisme. Il affirme que Jésus est vraiment né,
mort et ressuscité.

Les valentiniens : niaient absolument la réalité corporelle du Christ

Marcion : admettait la réalité du corps, mais disait que ce corps venait directement du ciel. Jésus
serait venu comme homme adulte, avec un corps céleste. Ceci pour éviter tout contact avec le
Dieu méchant de l’Ancien Testament.

Clément d’Alexandrie : Jésus aurait mangé et bu seulement pour combattre les docètes.

La gnose :
« gnosis » = connaissance
= une attitude qui se base plutôt sur la spéculation humaine et pas sur la révélation divine,
transmise par l’Eglise – un mouvement qui apparaît à partir du 2ème siècle
La gnose veut transmettre des mystères à un groupe d’élus.
Fondateurs : Valentin, Marcion, Basilide

Ce mouvement met ensemble des éléments païens, juifs et chrétiens.


L’esprit humain serait tombé de la lumière divine du ciel dans ce monde de ténèbres. Il faut se
libérer de la situation corporelle pour remonter au ciel. Pour aider à ça, il y a des personnes
rédemptrices – entre autres le Christ.

Un dualisme fort entre matière et esprit : négation de l’Incarnation.

Les rédempteurs gnostiques disposent d’une divinité diminuée, mais ne prétendent pas d’être le
Fils de Dieu même.
Le Jésus gnostique n’est ni vraiment Dieu, ni vraiment homme, mais une figure fantastique.

22
18) Expliquer l’hérésie d’Arius et la réponse du concile de Nicée (3.2)

Arius : 260 – 336 (Le Verbe est une "supercréature" mais pas Dieu)
Presbyte à Alexandrie

Vers 320 : il cause un grand conflit (s’abord avec son évêque Alexandre).
Il affirme que Jésus n’était pas vraiment Dieu, mais qu’il appartenait au créé.
Le Logos était seulement une créature, même s’il s’agit de la plus noble et plus antique.
Il y avait un temps où le Verbe n’existait pas.
Arius nie l’âme humaine de Jésus et attribue tous les actes spirituels seulement au Verbe
préexistant. Ainsi le Verbe devient un être mutable et soumis aux changements des sentiments
humains.

Il faut voir la doctrine arienne sous un double horizon :


-1- manque de clarté dans la théologie avant Nicée (il manquait la clarté sur le fait que le Fils en
tant que tel soit soumis au Père) Il s’agissait d’un subordinationisme fonctionnel qui accentue la
dépendance du Fils du Père 1
Arius par contre parle d’un subordinationisme ontologique
Arius nie la génération éternelle et ne retient seulement que l’origine de la volonté du Père – ce
qui emmenait à croire que le Fils n’est qu’une créature comme les autres.
Il profite du fait que la différence entre devenir et être généré n’est pas encore clairement
reconnue. Pour indiquer que le Père était sans origine d’ailleurs, on utilisait le terme
« agénnetos » (ce qui peut dire : Le Père n’est pas généré ou il n’est pas devenu, pas créé).
Arius a identifié « pas généré » avec « pas créé » - et il a donc attribué l’être créé au Fils.
Seulement après Nicée on distinguait entre « agénnetos » (pas généré) et « agénetos » (pas créé).
Arius se sentait encouragé par la Bible où la Sagesse est décrite comme créée, ou des passages du
Nouveau Testament qui montrent le Fils comme inférieur au Père (« le Père est plus grand que
moi »).

-2- le concept philosophique du médioplatonisme


Le divin comme l’un et l’unique est séparé du monde de la multiplicité (opposition entre l’un et la
multiplicité).
Arius professe verbalement la doctrine biblique, met en relief la préexistence du Verbe et retient
le titre « Dieu » pour Jésus, mais ne croit pas en Jésus comme Fils éternel.

La réponse de Nicée :
En 324 / 325 : un synode à Antioche professe contre Arius que le Fils n’est pas créé, mais généré
depuis l’éternité.
La condamnation décisive se fait en 325 à Nicée.

Ce qui a été ajouté au symbole précédant :

1
La théologie des IIe et IIIe siècles ne distingue pas encore entre la mission du Logos vers l'extérieur et son origine
intradivine. Dans ce cas l'on peut parler de subordinationisme légitime fondée sur la considération de l'histoire du salut.
Cette conception se trouve chez Justin, Tertullien et Origène (apologistes). Le fondement théologique d'un tel
subordinationisme était une compréhension surtout dynamique et historico-salvifique du Christ. Alois Grillmeier fait la
distinction entre un "subordinationisme ecclésial" tolérable (non clarifié) et un arianisme insoutenable. Ce dernier est
appelé "subordinationisme métaphysique", qui entraîne la question de savoir si et dans quelle mesure le Verbe fait chair
est du côté de Dieu ou du côté de la création.

23
1. Jésus est de la substance du Père (et non sorti de la volonté du Père)
2. Jésus est « homoousios tô patrî » - consubstantiel au Père (ce n’est pas une créature, mais
il se trouve sur le même niveau ontologique que le Père)
3. Jésus Christ est vrai Dieu et du vrai Dieu (et non pas dans le sens figuré ou par filiation
adoptive)
4. Jésus Christ est généré, pas créé (pour indiquer l’origine éternelle, on parle de la
génération, pendant que la création a un début et une fin dans le temps)

L’anathématisme souligne le fait que le Fils divin n’est pas soumis au changement – même pas à
travers l’Incarnation. La divinité ne subit aucune mutation.

Nicée a "déshellénisé" la foi (contre Arius qui appliquait des termes platoniques) – en exprimant
avec un terme philosophique le contenu biblique.
Le symbole est important parce qu’il clarifie la vraie divinité du Fils de Dieu en mettant en relief
l’état ontologique de Jésus.

24
19) Quelle importance a pour la christologie le concile de Constantinople I (381) ? (3.3)

Apollinaire, évêque de Laodicée (362-390), défenseur ardent du concile de Nicée.


Mais en affirmant la vraie divinité de Jésus, il niait la vraie humanité du Seigneur
Il était de formation alexandrine qui avait la tendance d’accentuer le schéma : Logos – Sarx (le
Verbe divin est uni à la chair). Il manque le rôle de l’âme (= réaction contre Origène qui retenait
l’âme de Jésus préexistante).
Apollinaire voulait combattre cette tendance de séparer trop la réalité divine et humaine en Jésus.
(Le concile de Constantinople I définit l'Esprit Saint en réaffirmant sa divinité et condamne
Apollinaire parce qu'il a nié l'humanité de Jésus. Il niait l'âme humaine rationnelle de Jésus. )

Ecole de Alexandrine :
Elle soutient la théologie du: Logos – Sarx où l'âme humaine est
estompée (Athanase) voir même inexistante (Apollinaire).
Le Verbe divin est uni à la chair
Ils ne voient pas assez la coopération humaine dans la rédemption
par Jésus

Ecole de Antioche :
Elle soutient la théologie du Logos – anthropos qui est une réaction
contre la christologie de Arius. Cela aboutit à une division du Christ,
un dualisme.
Le Verbe divin s’unit à un homme entier.
Danger de séparer la contribution humaine de l’union avec le Verbe

Nestorius : ne reconnaît pas l’union des 2 natures dans la personne


du Verbe – nie le titre de Théotokos.

Apollinaire nie l’âme rationnelle de Jésus (accepte seulement un âme sensitive) parce qu’une
propre âme rationnelle pourrait s’opposer à la volonté divine et conduire au péché.
Il nie l’âme humaine de Jésus avec l’argument de l’unité et de la sainteté du Seigneur Cela a
conduit à accentuer encore l’importance de l’âme humaine. (Grégoire de Naziance : « ce qui n’est
pas assumé, n’est pas racheté ») Jésus devait assumer l’âme humaine !

En 362 : synode contre Apollinaire – guidé par Athanase


En 377 : synode romain contre l’apollinarisme – condamnation par le pape Damase I
En 381 : concile oecuménique à Constantinople : ce concile confirme la foi catholique et
apostolique de Nicée, condamne toutes hérésies christologiques (Arianisme, les monarchistes) il
affirme la Vraie humanité de Jésus et défends la divinité du St. Esprit (et met le point final dans la
controverse apollinariste)

25
20) Quand a été définit le titre « Theotokos » et quelle importance a cette définition
pour la foi en Jésus Christ ? (3.4)

Nicée 325: La vraie divinité du Christ


Constantinople 381: La vraie humanité du Christ
Ephèse 431: L’unité entre la divinité et l’humanité en Jésus

Débat entre les écoles alexandrines et antiochiennes :


1. Concile d’Ephèse : l’unité du Christ (alexandrins)
2. Concile de Calcédoine : diversité des 2 natures (antiochiens)

La décision d’Ephèse a été préparée par le scandale de Nestorius qui refusait le droit théologique
du titre « Theotokos ». On peut appeler Marie « Christotokos » - mais pas « Mère de Dieu ». en
tant qu’Antiochien il ne reconnaît pas l’union des deux nature en Christ ; il refuse aussi l’idée que
Dieu a souffert pour nous.

L’adversaire principal de Nestorius était Cyrille d’Alexandrie : il utilise en premier l’expression de


l’union hypostatique. Il ytilise le terme fusis (essence) dans le sens de l’existence individuelle
concrête.
Le concile d’Ephèse faisait sien la 2ème lettre de Cyrille à Nestorius. (Avec 12 anathèmes).
Les antiochiens n’acceptent pas tout de suite la décision d’Ephèse – seulement en 433 Théodoret
de Cyr propose une formule de compromis : « 2 natures qui restent dans l’unité de la personne » -
acceptant le titre de Theotokos.
 La communication des idiomes est une conséquence de l'union hypostatique: de la
communication des idiomes les deux natures sont unies, on déduit donc que Marie est
Theotokos.
Le concile d’Ephèse confesse l’unité de sujet dans le Rédempteur. L’éternel Fils de Dieu est né,
selon la nature humaine, de la Vierge Marie. Pour cela Marie est appelée justement Theotokos,
Mère de Dieu.

Schématiquement:
L'union hypostatique: ----(conséquence)---- la communication des idiomes:  les deux natures
en Jésus sont unies: --- Marie ne peut être la mère que d'une partie, elle est aussi Mère de Dieu:
Theotokos

26
21) Décrire l’hérésie du monophysisme et la réponse du concile de Calcédoine (451) ! (3.5
à 3.5.2)

Ephèse 431: a mis en relief l’unité de la divinité et de l'humanité (2 sujets) en Jésus, sans trouver la
terminologie suffisamment claire pour déterminer ce qu'est cette unité. L’unité se décrit-elle avec
la nature (fusis) ou ave la personne (prosopon) ?

Nature : Quid ? Qu’est-ce qu’est Christ ? --- réponse : Dieu et homme.


Personne : Quis ? Qui est Christ ? --- réponse : Le Fils éternel qui s’est fait chair.

Cyrille : interprète cette formule comme unité concrète qui respecte et la réalité humaine et la
réalité divine.
Eutychès (+ 454) protestait contre cette solution – en la considérant un mélange.
« L’unité du Christ fut absorbé dans l’unique nature divine comme une goutte de miel dans le
mer. »
« Je professe que notre Seigneur a été de 2 natures avant l’union, mais après l’union je professe
une seule nature. »  monophysisme

Le terme monophysisme : de « nature unique » - monos et fusis


Le monophysisme ne respecte ni la transcendance de Dieu (qui ne peut se mélanger avec une
réalité créée, ce qui provoquerait un changement en lui), ni la propriété de la nature humaine (qui
serait disparue dans la mer divine).
= un mouvement qui veut défendre à tout prix la formule de Cyrille « mia fusis » - une unique
nature. (Alors que Cyrille avait accepté en 433 la formule de « 2 natures dans une unique
hypostase ») : nous avons donc un problème de vocabulaire important !

En 448 le patriarche Flavien, de Constantinople convoque un synode auquel il présente à Eutychès


la formule : « Nous confessons que le Christ est de 2 natures après l’Incarnation, en une hypostase
et en une personne ». Eutychès refusa et fut condamné.

Le patriarche Dioscures d’Alexandrie, successeur de Cyrille, sentait la tradition alexandrine en


danger et défendait Eutychès.
En 449 l’empereur convoque un concile à Ephèse : ce qui devient une manifestation violente de
Dioscures. Eutychès est réhabilité et les diphysites (ceux qui parlaient de 2 natures) condamnés et
la lettre de Léon le Grand n’est pas lue. Léon le Grand appelait ce synode une assemblée de
brigands (« latrocinium »).
Cette lettre de Léon le Grand (« Tomus ad Flavianum ») était importante pour la décision de
Calcédoine !

La définition de Calcédoine :
Ce concile refuse le monophysisme / ni séparation, ni confusion des deux natures en Jésus.
Concile de Calcédoine : 451
Une définition nourrie de documents déjà existants :
• le symbole de Nicée
• la 2ème lettre de Cyrille à Nestorius
• la formule d’union de 433
• le synode de Flavio contre Eutychès

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• la lettre de Léon le Grand
• Parfait en humanité et divinité, vrai Dieu et vrai homme, âme et corps, consubstantiel au
Père (divinité) et consubstantiel à nous (humanité).

Jésus n’est pas constitué de 2 natures – mais en 2 natures.


La réalité humaine de Jésus reste intacte. Pour cela le terme « homoousios » est aussi attribué à la
nature humaine : « consubstantiel à nous selon l’humanité ».
La réalité humaine n’est pas absorbée dans la réalité divine. Il n’y a pas de mélange, de confusion
et de mutation entre les 2 natures.

L’union hypostatique ne connaît aucune séparation entre Dieu et l’homme en Jésus.


Il y a l’unité dans la personne qui se manifeste dans les 2 natures, sans confusion et sans
séparation.

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22) Est-ce que le Fils de Dieu se serait incarné aussi si Adam n’avait pas péché ? (5)

Dans le symbole de Nicée – Constantinople : le Verbe s’est fait chair pour nous, les hommes et
pour notre salut.
Le salut trouve son point central dans la rémission des péchés, infusion d’une grâce sanctifiante
(ce qui permet de devenir fils adoptifs de Dieu et avoir la vie éternelle).
Si Adam n’avait pas péché :
- Le premier qui s’est posé la question : Rupert Deutz (mort en 1135)
 sa réponse : l’Incarnation aurait eu lieu de toute façon,
 parce qu’elle ne pouvait pas dépendre du péché.

 Souligné par Hauke


- Les scotistes : ils veulent souligner le primat du Christ sur toutes choses. Aussi sans le péché il y
aurait eu l’Incarnation (non pour notre rédemption, mais pour la communication de la vie divine.
(Voir : L’Hymne aux Colossiens qui indique que tout est créé par et pour le Christ – et donc le
péché ne peut pas être la chose décisive pour motiver l’Incarnation).
= la prédestination absolue de Jésus
 De toute façon Jésus se serait incarné.

- St. Thomas : Dieu s’est incarné comme remède au péché (dans l’Ecriture c’est le motif qui est
donné !). Mais la puissance de Dieu ne se limite pas à ça – Dieu aurait pu s’incarner aussi s’il n’y
avait pas eu le péché. (= solution préférée par les théologiens ! – parce qu’elle montre bien la
gratitude : Dieu se fait chair pour notre misère.)
= la prédestination conditionnée de Jésus
 Le péché n’est pas cause – mais occasion pour l’Incarnation !

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23) Dans quel sens l’Incarnation est œuvre de la Trinité ? (6.3.1 et 2)

 Distinction entre le principe et le terme (le but) de l’Incarnation.

Le principe : les 3 personnes divines ensemble par moyen de leur nature commune sont le
principe de l’Incarnation. La nature est le principe de l’action. L’Incarnation se fait donc à travers
l’entière Trinité.

Le terme : seulement dans le Fils, dans sa personne s’unissent la nature divine et la nature
humaine. Seulement l’Incarnation du Fils !

Raison de convenance de l’Incarnation du Fils – selon St.Thomas :


1. Si la création est arrivée en vue du Verbe, il est convenant qu’aussi la réparation de l’œuvre
déchue se fait par le Verbe.
2. Les hommes sont appelés à participer à la vie divine en devenant des fils adoptifs de Dieu.
Il convient que la filiation se fait par Celui qui est Fils naturel de Dieu.

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24) Est-ce que le Fils de Dieu est changé par l’Incarnation ? (6.3.2 à 6.3.4)

L’Ecriture enseigne l’immutabilité de Dieu.

Arius retenait le Verbe changeable – le concile de Nicée excommunie ceux qui disent que le Fils de
Dieu est variable ou mutable.

Ceux qui adhèrent à une mutabilité de Dieu dans le temps moderne, ce sont des théologiens sous
l’influence de Hegel.

Dans l’antiquité : les gnostiques valentiniens disent que Dieu est mutable.

St. Thomas :
Distinction selon « relation réelle » et « relation selon la raison » !
Le devenir est un changement, une relation réelle seulement du point de vue humaine – de la part
de Dieu c’est une « relation selon la raison ». En Lui tout est prévu depuis l’éternité – seulement le
terme de son projet dans le temps établit quelque chose de nouveau.
En Jésus les deux natures sont unies.
L’immutabilité de Dieu montre la transcendance divine, mais aussi la gratuité et de la création et
de l’Incarnation. (Autrement le créé deviendrait un moment nécessaire de l’auto-développement
divin.

(Excursus pas indispensable savoir : Hauke)


L’Hymne aux philippiens :
Phil. 2,7 : le Fils « s’anéantit lui-même » - ou littéralement : « se vide lui-même »
Les « kénotiques » pensaient que Jésus aurait laissé derrière lui la qualité divine.
L’explication juste :
- le Fils de Dieu se dépouille dans sa nature humaine de la gloire qui lui
correspondait (et qui se révèle dans la transfiguration)
- le Fils de Dieu assume une nature humaine avec laquelle il se révèle et il se voile
au même temps ; « prenant la condition d’esclave, et devenant semblable aux
hommes »

St.Paul :
Les hébreux ont crucifié « le Seigneur de la gloire ».
La gloire reste dans la divinité.
La gloire resplendit dans l’âme humaine quand elle se trouve dans la vision béatifique.
Le Fils divin est descendu du trône céleste, mais il n’a pas abandonné la gloire du Père.

31
25) Qu’est-ce que veut dire « personne » ? (6.3.5)

L’humanité et la divinité de Jésus sont unies dans la personne.

Boèce (6ème siècle) :


« La Personne est une substance individuelle de nature rationnelle »
La substance est un être qui n’existe pas dans un autre sujet, mais qui existe par soi (sub-stantia,
hypo-stasis)
Dans le concept de la substance nous trouvons donc le moment de la subsistance (stare sotto) = la
fonction de fonder l’être, l’être par soi.
La personne est une substance individuelle, intellectuelle avec une subsistance propre.

St.Thomas :
Il utilise cette définition de Boèce, mais il précise l’attribut « individuel ».
On ne peut pas communiquer l’être personne à une autre personne.
« Individuel » = « incommunicabilis ».
« Substance individuelle » = une substance complète qui existe par soi, séparée des autres.
Le point décisif est la subsistance : La personne est un subsistant dans la nature intellectuelle.

Le concept de personne dans la christologie et dans la théologie trinitaire :

Dans la Trinité :
La personne est une relation subsistante. (= une relation qui est identique avec la substance).

Concile de Florence 1442 : En Dieu tout est un et la relation n’est pas une opposition à ça.
La relation est un « esse ad » = un « s’adresser à », « être tourné vers »…
Dans le monde du créé, la relation est toujours un accident et pas une substance – mais dans la
Trinité la relation n’est pas un accident, mais identique à la substance. La nature unique consiste
dans les relations entre Père, Fils et Esprit St.

Le concept de personne dans la Trinité (la relation subsistante) affirme la distinction.


Mais dans la christologie le but est contraire : ici la personne ne fonde pas la différence (comme
pour la Trinité) mais l’unité entre les 2 natures.
Le Fils est déterminé totalement par sa relation au Père (et au St Esprit).
Par la personne, orientée totalement vers le Père, Jésus est tourné totalement vers le Père aussi
comme homme. L’être et l’action humaine de Jésus expriment sa relation éternelle au Père,
elles sont un reflet de sa personne.
La mission du Fils dans le temps révèle la procession éternelle du Père ; par la personne,
totalement orientée au Père, Jésus est totalement tourné vers le Père aussi comme homme.
Donc l’être et l’action humaine de Jésus expriment sa relation éternelle au Père, sont un reflet
de sa personne.

32
26) Qu’est-ce que signifie « communication des idiomes » ? (6.3.8)

Idiome = propriété
Communication des idiomes = les propriétés de la nature humaine et de la nature divine
communiquent entre elles, en tant qu’elles sont unies dans la personne divine.

Règle principale pour utiliser la communication des idiomes :


Il faut utiliser des termes concrets, mais pas des termes abstraits ! (ex : Le Fils de Dieu est mort –
mais pas : la divinité est morte)
Les concepts abstraits concernent la nature, pendant que les termes concrets signifient la
personne.
Exemple : il s’est racheté l’Eglise au prix de son sang.

33
27) Pourquoi l’Incarnation est un « mysterium stricte dictum » ? (6.3.9)

Déjà dans le Nouveau Testament la venue du Christ est retenue comme un mystère, caché à la
raison humaine, mais révélée de Dieu.

2 caractéristiques pour parler d’un mystère au sens strict :


1. La raison humaine peut connaître son existence seulement par voie de révélation
2. Même après la révélation l’homme ne peut pas comprendre l’essence du mystère, on ne
peut que l'intuiter. On peut seulement indiquer des rapprochements.

L’Incarnation (avec la Trinité) est le mystère central du christianisme.

On peut indiquer le fait, l’existence de l’Incarnation seulement après la révélation. Mais aussi la
possibilité rationnelle de l’Incarnation est un mystère.
Voir Vatican I qui parle du mystère. Les mystère divins surpassent totalement l’intellect créé.
Pas indispensable pour l’examen
Karl Rahner :
« L’homme attend depuis toujours l’union hypostatique. »
L’Incarnation est une autocommunication transcendantale que Dieu offre depuis toujours à tous les
hommes.
Identification de « grâce » et « autocommunication de Dieu ».
Dans l’Incarnation, la nature humaine arrive à une fin vers lequel elle chemine depuis toujours.
Cheminer vers Dieu = l’essence humaine. Ainsi l’union hypostatique est décrite comme cas
suprême de l’essence humaine.
Problèmes :
• Rahner identifie la relation humaine à Dieu avec l’essence humaine (ce qui dissout la
subsistance de l’homme)
• égalité entre « grâce » et « autocommunication de Dieu » (= une transgression du fait que
la grâce est une participation créée à la vie divine. L’autocommunication divine n’est pas
une union hypostatique, mais reste philosophiquement au niveau accidentel)
• le vrai noyau du christianisme ne semble plus l’Incarnation, mais l’autocommunication
transcendantale

34
28) Est-ce qu’en Jésus Christ nous trouvons 2 « moi » ? (6.4)

Qu’est-ce que veut dire le « moi » ?


- le centre de l’autoconscience
- le sujet de la pensée et de la volonté
- l’objet de la réflexion sur soi-même
- le fondement et le porteur substantiel de la nature
- comme synonyme de la personne (le sujet)
- comme l’expression psychologique de la personne

En Jésus Christ, d’un côté le je exprime le sujet, la personne divine : il doit donc y avoir un Je divin.
D’autre part Jésus est vraiment homme avec une connaissance humaine. A la connaissance
appartient aussi l’autoconscience de soi : il doit donc y avoir aussi un Je humain.

Dans l’Ecriture :
1. En Jésus parle le « moi » du Fils divin.
St. Jean : « Avant qu’Abraham fut, je suis ». (Jn 8,58), le moi divin
Matthieu : dans les antithèses du Sermon de la Montagne, Jésus parle avec une autorité
divine, supérieur de Moïse : « Je vous dis… » (Mt 5,22 s)
Il y a donc un « moi » divin qui parle en Jésus.
2. Il y a des passages qui semblent présupposer un « moi » humain :
« Abba ! Tout t’es possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant, pas ce que je veux, mais
ce que tu veux ! » (Mc 14,36)
→ La volonté de Dieu est commune aux 3 personnes – donc, ce passage parle de la volonté
humaine.

Il faut exclure de voir seulement un « moi » humain – mais aussi de parler de « moi » de Dieu en
général (en introduisant le « moi » du Fils seulement avec l’Incarnation – comme Rahner).
Dans la Trinité il y a 3 sujets – et donc : 3 « moi » !

Les tentatives de solutions :

Déodat de Basly (+ 1937) – franciscain de la tradition de Scott


La théorie de l’homo assumptus :
1. décrire l’Incarnation comme un évènement qui élève l’homme du bas vers le haut, plutôt
que de partir d’en haut
2. en Jésus existent toutes les réalités humaines, y compris la subsistance dans l’être et le
« moi » psychologique
3. en Jésus il y a 2 sujets : un autre et un autre
→ Ce 3ème point fut refusé par le pape Pie XII dans l’encyclique « Sempiternus Rex » de
1951, écrite pour le 1500ème anniversaire de Calcédoine : en Jésus il n’y a pas 2 sujets, mais
un seul, la personne divine. Refus de la christologie de Basly

Paul Galtier SJ : - protagoniste principale d’un double « moi » de Jésus


Travail : « L’unité du Christ… » (de 1939)

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Le « moi » humain n’a aucune subsistance propre, mais subsiste dans la personne
divine.
Le « moi » psychologique est le centre empirique des actes humains, mais il n’est
pas une hypostase.
Le « moi » humain exprime le « moi » divin, parce qu’il connaît Dieu parfaitement à
travers la vision béatifique.
Le « moi » humain est seulement un « moi » psychologique dans lequel s’exprime
le « moi » divin. Le « moi » psychologique subsiste ontologiquement dans le
« moi » divin.
Galtier cherche à éviter une théorie qui proposerait 2 sujets en Jésus !

Pietro Parente et Jean Galot :


S’opposent en disant qu’un double « moi » est égal à la proposition de 2 sujets
Le « moi » divin est donc exprimé à travers l’âme humaine, sans parler d’un 2ème « moi ». Il semble
que cette théorie correspond le plus aux données de la Révélation.

Paul VI :
En Jésus existe une seule personne, un seul « moi » vivant et oeuvrant dans une double nature :
divine et humaine.
Le Magistère n’a pas tranché la question.

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29) Comment mettre ensemble le facteur humain et le facteur divin dans la science
humaine de Jésus ? (6.5)

La tension entre historicité et accomplissement dans la science humaine de Jésus :

CEC 478 :
Jésus (aussi comme homme) a donné sa vie non seulement pour l’humanité en général, mais aussi
en faveur de chaque personne singulière.

Pie XII – dans l’encyclique « mystici corporis » :


Il souligne la connaissance de chacun de nous de la part de l’âme de Jésus déjà avant Pâques – ce
qui présuppose la vision béatifique.

Riedlinger :
S’oppose à Pie XII :
Une telle proposition ne ferait pas justice à l’historicité de la connaissance de Jésus et à sa vraie
humanité.

Les données du NT :
D’un côté il y a le fait que Jésus pose des questions, s’émerveille, grandit en sagesse, a appris
l’obéissance, que le Père lui manifestera des œuvres encore plus grandes et que même pas le Fils
connaît le jour du jugement dernier. Jésus apprend.
De l’autre côté, Matthieu et Luc diminuent le nombre des demandes du Seigneur comparé à Marc.
Aussi Marc présente entre autre la connaissance surnaturelle de Jésus concernant la trahison de
Judas, le reniement de Pierre, la passion et résurrection. Jésus sait.

L’hymne de Jubilation :
Mt 11,27 : décrit une connaissance parfaite du Père en Jésus

Lettre aux hébreux :


Malgré le passage sur l’obéissance apprise, elle affirme l’obéissance humaine de Jésus déjà à son
entrée dans le monde.

St. Jean :
Parle clairement de la vision du Père comme d’un fait qui reste permanent dans la connaissance
de Jésus – Jésus « sait tout » déjà depuis le début.

La Transfiguration :
Représentée dans les synoptiques : témoigne d’une réalité cachée et glorieuse en Jésus, qui se
montre de façon merveilleuse. On ne peut pas séparer la « kénose » et la « gloire » dans la vie de
Jésus, même pas pour sa connaissance humaine.

Il y a des témoignages sur l’historicité et l’accomplissement de la science de Jésus et dans Jean


et dans les synoptiques !

Luc 2,52 : « Quant à Jésus, il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les
hommes. »

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Comparaison avec la croissance de Jean-Baptiste (Lc 1,80) : « son esprit se fortifiait » - pour Jésus :
« il grandit plein de sagesse ». Ca veut dire que Jésus était dés le début pleinement remplit de
sagesse – son comportement à 12 ans dans le temple en témoigne.

La croissance en sagesse (dans l’Eglise antique) :


- n’augmente pas la divine sagesse en tant que telle, mais sa révélation
- Jésus grandit dans sa connaissance humaine

Marc 13,32 : « Quant à la date de ce jour, ou à l’heure, personne ne les connaît, ni les anges dans
le ciel, ni le Fils, personne que le Père. »
Le CEC explique que Jésus n’avait pas la mission de révéler la date du jugement.
Jésus, aussi dans sa connaissance humaine « cheminait » - mais de l’autre côté, il se trouvait
dans la vision de Dieu et donc au terme de l’existence humaine.

Le refus de l’agnoétisme dans l’Eglise antique :


1ère grande controverse au 6ème siècle :
Le diacre Thémistius d’Alexandrie (monophysite) – contre le patriarche Eulogie d’Alexandrie.
Thémistius parlait d’une limitation de la science humaine du Seigneur en argumentant avec la
question en Jn 11,34 (Lazare, il est où ?) et l’ignorance en Mc 13,32.
Ignorer = agnoein (en grec). La conception d’attribuer à Jésus une ignorance est appelée donc
« agnoétisme ».
Eulogie demandait l’aide du pape Grégoire le Grand qui répondait en 600 avec la lettre « Sicut
aqua » :
• Jésus dit de ne pas connaître la date parce qu’il ne veut pas qu’elle soit connue
• Jésus connaît la date dans son humanité (parce qu’il est le Fils consubstantiel au Père)
• Jésus ne connaît pas la date par son humanité, parce que la source d’une telle science est
l’union avec Dieu
Les questions de Jésus ne sont pas une preuve de son ignorance, sinon comment expliquer que
Dieu demande dans la Genèse : « Adam où est-tu ? ».
Le nestorianisme indique la source théologique de l’agnoétisme : séparer la divinité et l’humanité.
Grégoire le Grand rappelle que l’attribution d’une « ignorance » à Jésus était retenue typique pour
le nestorianisme.

Pour la théologie Médiévale:


Jésus était en même temps « viator et comprehensor » ! (Explication de l’Eglise antique)
Le NT montre 2 faits: -Jésus dans sa connaissance humaine était en chemin
- Il se trouvait dans la vision de Dieu à la fin de son existence humaine.

La conception de la triple science :

Thomas d’Aquin :
• la science acquise ou expérimentale : correspond au processus d’abstraction de l’intellect
humain qui reçoit ses informations de l’extérieur à travers les sens. (Lc 2,52) Cela implique
la faculté d’apprendre, de s’émerveiller, de poser des questions.

• la science des bienheureux – vision béatifique : = voir l’essence totale de Dieu – mais pas
comme Dieu se connaît lui-même – un être fini ne peut jamais « comprendre » le Dieu
infini.
- Voir Dieu – voir en Dieu des réalités créées !

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- Chaque homme porte en soi le désir de voir Dieu. L’union hypostatique présuppose que
Jésus a rejoint dés sa conception ce but. L’humanité de Jésus est l’instrument par lequel les
hommes rejoignent Dieu – pour cela la vision béatifique doit d’abord être dans l’humanité
de Jésus même.
- La vision béatifique ne remplissait pas l’âme entière, mais seulement la « partie
supérieure ». La « partie inférieure » par contre est tournée vers les créatures.
→ Coexistence entre « kenosis » et « gloria » : au fin fond de l’âme il y a la paix, aussi si
l’âme est inondée dans le fleuve de la souffrance.

• la science infuse : Pour exprimer la vision béatifique de façon humaine, en concepts et


termes, il faut la transmission à travers la « science infuse » qui représente par influence
divine directe, les ressemblances intellectuelles des choses, sans impliquer un processus
d’abstraction. (comme le prophète qui reçoit une information d’en haut sans l’avoir
trouvée par sa propre réflexion).

Bonaventure : Jésus sait tout « quoad habitum » (par habitude) – mais « quoad actum » (par
connaissance actuelle et humainement exprimée) il a besoin d’une attention
particulière.

Selon St. Thomas, Jésus n’avait pas besoin d’apprendre quelque chose des hommes – il ne posait
des questions que pour être questionné et pour enseigner. C’est exagéré !

Le Magistère du 20ème siècle :


• la condamnation des thèses modernistes en 1907
• l’intervention du St. Office en 1918
• l’encyclique « Mystici corporis » de Pie XII en 1943
• l’encyclique « Haurietis aquas » sur le Sacré Cœur en 1956
• le CEC de 1992 : cite la lettre de Grégoire le Grand contre les Agnoètes et une affirmation
de Maxime le Confesseur

La théologie dogmatique a déclaré le fait que Jésus était dans la vision béatifique déjà avant la
Pâques comme « sententia certa » ou « sententia fidei prossima » = une vérité proche à la foi, au
seuil d’être un dogme formel.

39
30) Comment expliquer l’opposition entre la volonté du Père et celle de Jésus au mont
des oliviers ? (6.6.3)

Mc 14,36 : « …pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »


Maxime, le Confesseur :
- thélesis = tendance naturelle de chaque volonté de rejeter la souffrance.
- boulesis = la volonté qui réfléchit et qui peu aussi s’opposer à la tendance naturelle
Dans sa tendance naturelle Jésus ne voulait pas la passion, mais dans sa volonté libre et
rationnelle, il a accepté la souffrance pour notre salut.

St. Thomas :
- volontas ut natura
- volontas ut ratio
Il ne s’agit donc pas de 2 volontés humaines en Christ, mais d’une double opération de la même
faculté volitive.

On peut distinguer trois libertés :


1. de vouloir quelque chose ou de ne pas le vouloir,
2. de choisir une chose plutôt qu’une autre,
3. de faire le bien ou le mal.
Jésus ne possédait pas la 3ème mais que les deux premières.

40
31) Comment St. Anselme explique la satisfaction vicaire du Dieu-homme ? (7.3.2 à 7.3.7)

- Monologion
- Proslogion
- Cur Deus homo

Cur Deus homo (Pourquoi Dieu s’est fait homme) :


Le triple motif de l’œuvre :
- motif apologétique (repousser les objections des infidèles selon lesquels l’Incarnation du
Fils de Dieu et sa mort sur la Croix s’opposent à la raison)
- motif dogmatique (approfondir sa propre foi avec des raisons théologiques)
- motif pastoral (répondre aux nombreuses questions qui tournent autour de l’Incarnation et
à la crucifixion du Fils de Dieu)

 Il veut faire comprendre les raisons pour l'incarnation et la mort sur la croix.

Le noyau de l’argumentation :
Pécher = ne pas donner à Dieu ce que nous lui devons.
Qui s’oppose à la volonté de Dieu, lui refuse ce qui lui est dû ; déshonore Dieu.
Le péché grave provoque une condamnation que l’homme par lui-même ne peut pas réparer.
Offenser Dieu = blesser son honneur divin.
C’est « l’honneur extérieur » de Dieu qui est blessé (l’harmonie du cosmos est dérangée, l’ordre
voulu par Dieu est obscurci – et aussi l’ordre propre du pécheur !).
Le péché est infini parce qu’il va contre la volonté de Dieu.
Seulement Dieu est capable de peut pardonner un tel dégât infini – l’homme ne peut pas.
De l’autre côté, la miséricorde ne doit pas être imposée à l’homme. Pardonner le péché seulement
à travers la miséricorde, signifierait le laisser sans punition et sans ordre. Le genre humain doit se
relever par lui-même de sa chute et offrir une satisfaction pour son péché.
Pour la satisfaction : seulement Dieu peut la faire, mais de l’autre côté seulement l’homme peut la
faire – alors il qu’elle soit faite par un Dieu-homme.

 Celui qui pèche se sépare de Dieu. Mais l'homme ne peut se sauver lui-même. D'où nécessité
d'un Dieu homme pour le salut.

La nécessité de la rédemption :
Selon Anselme, il s’agit d’une « nécessité » plutôt que d’une simple convenance.
Mais la nécessité est distinguée d’un « constriction ».
Parler de nécessité veut dire : La nécessité pour Dieu de maintenir son honnêteté…qu’il a de lui-
même, et de personne d’autre.
Une raison plausible qui n’est pas dépassée par une raison supérieure, est déjà une nécessité.

3 raisons pour la mort du Dieu-homme :


1. Si l’homme a péché par la mollesse, est-ce qu’il ne lui conviendrait pas d’expier par la
dureté ? (la dureté de la mort = le contraire de la mollesse du péché)
2. Le péché = l’opposition à la volonté de Dieu. La satisfaction pour le péché = le don suprême
à la volonté divine (la mort = plus grand don).

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3. Avec la propre mort le rédempteur donne un exemple pour les hommes : il faut faire la
volonté de Dieu, aussi quand viennent des difficultés.

Le terme « justice » :
Justice = un don de Dieu qui n’est pas mérité – la grâce originelle dans le paradis.
Iustitia pour Anselme n’est pas la justice qui punit, mais l’ordre établi par Dieu.
La divine miséricorde serait alors une conséquence de la justice.
Il n’y a rien de plus miséricordieux que Dieu qui se donne, qui donne son Fils à l’homme pécheur
qui est condamné à des peines éternelles et qui n’a rien par lequel se libérer.
Ce don de la divine miséricorde dans le sacrifice du Fils incarné n’est pas seulement satisfaction
pour le dégât du péché, mais il suffit pour infiniment plus. C’est un prix d’amour qui est plus grand
que toutes les fautes.

Le commentaire de Thomas sur la « nécessité » de la rédemption :


Il fait des distinctions dans le concept de « nécessité » :
1. nécessité : pour rejoindre plus facilement un but
2. nécessité : pour indiquer quelque chose d’indispensable pour l’être d’une réalité

Pour l’Incarnation : il ne s’agit pas d’une nécessité dans le sens strict (comme ontologiquement
indispensable) – mais seulement d’une nécessité dans le premier sens, une nécessité qui suit la
libre décision de Dieu.

Dans le sens strict, il n’existe aucune nécessité, mais une convenance et pour l’Incarnation du Fils
de Dieu, et pour la mort du Dieu-homme.

L’attaque moderne contre le concept de la satisfaction :


A. von Harnack : contre Anselme
A. Ritschl: en Jésus il resplendissent l’amour et la fidélité de Dieu – il ne s’agit pas d’expiation.
Pour Harnack et Ritschl, l’idée d’un fuate à expier face à Dieu est une erreur théologique.
Hans Kessler : refuse la mort expiatrice de Jésus. Plus tard il fait marche arrière.
Heinz Schürmann : depuis la pro-existence de Jésus on s’approche de l’expiation vicaire de Jésus.

Un « formalisme juridique » ?
Louis Bouyer : La synthèse d’Anselme n’aurait rien à faire avec la Parole de Dieu, mais serait
seulement une construction de la culture du temps : du concept feudal d’honneur et du
formalisme juridique.
Mais Balthasar répond que déjà dans la Ste Ecriture il y a des concepts de nature juridique dans le
contexte de la rédemption. Dans la lettre aux hébreux : « testament », « médiateur » et
« serment ».
L’amour et le droit ne sont pas contraires. L’amour respecte le droit, mais va au-delà. Il faut donc
la précompréhension de l’Ancien Testament pour se rapprocher d’Anselme. C’est une valorisation
de la structure juridique qui est l’essence de la liberté personnelle tant de Dieu que de la créature.
Amour et droit ne sont pas contraires.

La question fondamentale de la liberté :


Et Dieu et l’homme sont impliqués dans le processus de la rédemption. Et la sainteté de Dieu et la
libre coopération reçoivent un rôle central.
La rédemption objective : offerte à tous !
La rédemption subjective : chacun doit l’accueillir personnellement !
42
L’acte vicaire de Jésus n’exclue pas notre participation, mais l’inclue.

Le poids de la sainteté divine :


Pour l’élimination du péché et de ses conséquences, il faut notre liberté personnelle – mais aussi
la sainteté de Dieu est indispensable. Le pardon est lié à la purification des péchés.

Un Dieu cruel ?
Anselme répond : le pardon des péchés engage l’homme avec sa liberté. La liberté est le centre de
la pensée d’Anselme. Sainteté de Dieu + libre coopération de l’homme. La médecine doit être
prise pour faire son effet.

Résultat :
Anselme veut montrer la plausibilité de l’œuvre salvifique qui conduit à la mort du Dieu-homme.
La théorie de la satisfaction en Anselme prend au sérieux et la liberté humaine et la sainteté
divine.

43
32) Quel est le rôle du concept de la « médiation » pour la sotériologie ? (7.5)

La lettre aux hébreux : Jésus Christ, médiateur de la nouvelle alliance – lié à la prospective du
« grand prêtre » selon l’ordre de Melchisédech

1 Tm 2,5 : Jésus Christ – unique médiateur entre Dieu et les hommes. Sa médiation est pour la
rédemption.

Dans l’Ancien Testament : Moïse, les rois, les prophètes, les prêtres, le serviteur de Dieu, les
anges,…

Dieu offre le salut normalement par médiation (par des hommes chargés de Dieu pour porter les
dons du salut aux autres et pour attirer à lui à travers des hommes.)

Médiation descendante : une médiation qui va de Dieu vers l’homme


Médiation ascendante : une médiation qui va de l’homme vers Dieu

« L’unique médiateur » : parce que seulement par Jésus est établit ce lien entre Dieu et les
hommes (et cela déjà dans la création).
Les autres peuvent seulement disposer (= préparer à l’union avec Dieu) ou transmettre le salut
comme ministres dans lesquels agit le Christ lui-même. Cela compte aussi pour les anges.

Médiation concernant la création + médiation concernant la rédemption : « par Lui » !

La médiation advient par le Verbe, mais la nature humaine de Jésus y est impliquée (voir 1Tm et
He).
La médiation présuppose la constitution ontologique comme Dieu et comme homme. Mais il est
médiateur en tant que homme.

Les 2 points essentiels de la médiation :


1. Le médiateur est celui qui se trouve « au milieu » entre 2 extrêmes
2. son devoir est d’unir ses 2 extrêmes.

Augustin dira que par son être non pécheur il est lié à Dieu et par son être faible il est lié à
l’homme : donc Jésus est médiateur.

En St. Thomas le concept de médiation est quasi identique avec celui du « sacerdoce ». sa
définition de médiateur : « l’office du médiateur consiste dans l’unir ceux entre qui il exerce cette
fonction, parce que les extrême sont conjoint par le terme intermédiaire ».

St. Bonaventure : Le fondement ultime de la médiation du Christ se trouve dans le mystère


trinitaire. Dans la Trinité, le Christ est le centre, le « milieu des 3 personnes ». Il procède du Père et
participe à la procession de l’Esprit.

But de la médiation : L’union avec Dieu.


Vu que cette unification entre Dieu et l’humanité se passe sous la condition du péché, la
médiation reçoit un caractère de « réconciliation ». (St. Thomas)

Signification de « médiation » + signification de « sacrement » : parole/sacrement et Verbe/chair.

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- rapport entre le visible et l’invisible
- l’humanité de Jésus apparaît comme le « sacrement » de la présence et de l’activité du Verbe.
- dans les sacrements : une parole unie à quelque chose de sensible – dans le mystère de
l’Incarnation : le Verbe de Dieu qui s’unit à une chair sensible
- le signe sacramentel et le corps de Jésus sont sanctifiés et reçoivent le pouvoir de sanctifier grâce
à la « parole » et au « Verbe » qui sont liés à eux
Dans l’explication systématique de la sotériologie :
La médiation est décrite avec le schéma des « 3 ministères » de Jésus (roi, prophète et prêtre).

Autre description :
- médiation descendante
- médiation ascendante

Exposition narrative :
- suivant l’ordre des évènements salvifiques
- de l’Incarnation au jugement dernier
- suivant les mystères du Christ

45
33) Comment expliquer les concepts de la « rédemption » et du « rachat » ? (7.6.2)

Le terme le plus utilisé pour le processus salvifique est « rédemption » = libération, dissolution
d’un mal.

La signification du « rachat » :
Mc 10,45 : « Aussi bien, le Fils de l’homme lui-même n’est pas venu pour être servi, mais pour servir
et donner sa vie en rançon pour une multitude. »

1Tm 2,6 : « Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ
Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous. »

« Lútron » = le « prix » payé pour la libération d’un esclave ou d’un prisonnier (dans le langage
commun).
L’utilisation en Mc 10,45 rappelle l’expiation vicaire formulée en Is 53, 10-12 : « …s’il offre sa vie en
sacrifice expiatoire, il verra une postérité, il prolongera ses jours, et par lui la volonté de Yahvé
s’accomplira…. »
La préposition « anti » (antilútron : 1Tm 2,6) fait allusion à la dimension vicaire de la mort de Jésus
(« en faveur de » / « à la place de »).
Les deux passages se rapprochent aux formulations de l’expiation vicaire dans la dernière Cène.

Le rachat n’est pas payé au diable, mais s’adresse (comme sacrifice) à Dieu.

3 racines hébraïques du terme « lútron » (AT) :


1. kofer : (dans le droit privé) = un don qui se substitue à une faute – surtout pour libérer une
vie humaine. Idée de la « vicairie » et de la substitution.
2. goel : de gal = racheter, désengager (dans le droit familial) = terme qui indique le parent le
plus proche qui était responsable par des obligations juridiques. C’était à lui de libérer une
personne tombée dans l’esclavage, ou bien d’acquérir un bien de la famille enlevé par un
débit. Dieu n’est pas goel selon une parenté de sang, mais selon l’élection. (Deutéro-Isaïe :
Is 41,14)
3. fidin : le rachat donné surtout pour une vie humaine. Avec cette racine Dieu est appelé
rédempteur de l’esclavage égyptien.

Dans le contexte linguistique « lútron » = libération de l’esclavage + devenir possession de Dieu. Le


rachat arrache l’homme au pouvoir du mal et le rend propriété de Dieu.

Le prix versé pour le rachat : le sang du Christ = sa vie !

St. Thomas :
Le rachat concerne la libération de l’esclavage de la faute.
2 éléments à distinguer dans cet esclavage : le péché et le débit (devoir subir une peine).
L’homme pécheur était esclave du diable – mais il devait aussi subir une peine : souffrir quelque
chose qu’il ne voulait pas.
Le rachat a rendu l’homme à Dieu (propriété de Dieu) – dans le sens que l’homme à travers le
péché n’était plus uni à Dieu dans l’amour.
Le prix du rachat est offert à Dieu – pas au diable.

46
Une telle rédemption était nécessaire soit concernant la faute par laquelle l’homme avait offensé
Dieu, soit concernant la peine (comme conséquence de la faute). Car Dieu permet que l’homme (à
cause du péché) subit l’esclavage du diable. Il était injuste que le diable tenait l’homme dans son
esclavage – mais il était juste que l’homme souffrait cela. Le rachat, comme acte de justice
s’adresse donc à Dieu et pas au diable.
Comme Augustin, Thomas souligne que Dieu a vaincu le diable pas seulement par la force, mais
aussi par la justice (le diable a perdu le pouvoir sur les hommes parce qu’il attaquait en Jésus un
innocent). Mais Thomas souligne (à différence d’Augustin) que le diable n’avait aucun droit sur
l’homme.
Le rachat (en le rapprochant des significations de l’expiation, de la satisfaction et du sacrifice)
appartient plutôt à la médiation ascendante. En partant de la victoire, il faut le décrire plutôt
comme une médiation descendante.

La libération du péché, de la mort et du pouvoir de Satan :


1. Libération du péché :
- le nom de Jésus qui renvoie au pardon des péchés (Mt 1,21)
- l’institution de l’Eucharistie décrit le but de la mort sur la croix
- la libération comme but de la venue de Jésus (1Tm 1,15 / Rm 6,17-18 / Jn 8,34-36)
La rédemption porte en soi la vraie liberté qui nous introduit dans la vie de Dieu.

3 modes pour causer le pardon des péchés (selon St.Thomas) :


1. la passion du Christ manifeste l’amour de Dieu et suscite notre amour par lequel nous
recevons le pardon des péchés
2. Le Christ, chef de l’Eglise, a racheté les membres de son corps dans un acte solidaire.
L’Eglise est le corps mystique du Christ, et pour cela le rachat peu provoquer la pardon
des péchés.
3. La passion du Christ est « cause efficiente » pour le pardon des péchés – en tant que la
chair de Jésus était « instrument de la divinité ». Par sa passion Jésus a mis la cause par
laquelle tous les péchés du monde peuvent être remis – mais il faut que cette cause
soit accueillie (par la foi, formée par la charité et les sacrements de l’Eglise).

2. Libération de la mort :
La mort = le décès du corps – mais aussi la privation de la vie divine (comme conséquence du
péché grave). Le péché original peut être décrit comme « mort spirituelle ».
Péché et mort sont décrit (Rm) comme des « pouvoirs » presque personnalisés qui attaquent
l’homme.

3. La libération de Satan :
Dans les synoptiques : tout de suite après le baptême de Jésus viennent les tentations par de la
part du diable.
Marc : met en évidence le travail exorciste de Jésus.
Actes : soulignent la victoire contre le diable.
Jean : au moment de la passion : « maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors… »
Colossiens : l’effet de la mort sur la croix = dépouillement des pouvoirs sataniques
Hébreux : réduire à l’impuissance celui qui a la puissance de la mort – Satan

Comme le premier péché commence en cédant à Satan – la rédemption commence par la victoire
de Jésus sur les tentations du diable.

47
Jésus n’a pas offert le rachat de son sacrifice au diable (comme disait Origène, Grégoire de Nysse) !
Augustin parle des « droits du diable ». Thomas refuse cette théorie :
Le diable comme l’homme appartiennent à Dieu et aucun des deux ne se trouve en dehors du
pouvoir divin. L’homme avait mérité d’être punit, mais le diable n’avait aucun mérite pour punir.

Abélard : réagit de façon exagérée contre la théorie du « droit du diable » en disant que Jésus ne
s’était pas incarné pour nous libérer du joug de Satan. Sa thèse fut condamnée au synode de Sens.
Irénée : il parle d’une justice face au diable. « Si l’ennemi n’aurait pas été vaincu par un homme, la
victoire n’aurait pas été juste ».
Il fallait que le péché fût tué par un homme – pour que l’homme sorte de la mort.
Dans la patristique était discuté de diverses façons si Satan connaissait le mystère du Dieu-homme
ou non. Certainement les pouvoirs diaboliques ne connaissaient pas pleinement ce mystère.
Le diable : le trompeur trompé.

48
34) Quelles sont les principales lignes systématiques pour décrire le sacrifice du Christ ?
(7.6.3)

Il faut faire la différence entre « élément intérieur » et « élément extérieur ».


C’est la filiation divine qui rend efficace le sacrifice du Christ.
Le sacrifice du Christ à lieu sur la croix – mais il commence déjà par l’Incarnation et continue au
ciel jusqu’à la fin des temps.

Le sacrifice du Christ est expression de sa communion d’amour avec le Père. Ce désir d’embrasser
le dessein du Père anime toute la vie de Jésus. L’aspect de la volonté de Dieu de l’Incarnation à la
croix.
Cette mort est :
1. un sacrifice unique et définitif,
2. anticipé à la Cène,
3. rendu présent à la Sainte Messe.

Le sacrifice du Christ comme acte cultuel :


1. Le don sacrificiel (expression de sa communion d'amour avec le Père)
2. Le prêtre (le Christ donne sa personne)
3. L’acte sacrificiel (la mort à la croix comme culminant)
4. L’esprit sacrificiel (l'obéissance)
5. Le but du sacrifice (supplique, expiation, action de grâce)

(1) Le don du sacrifice est identique (2) avec le prêtre, parce que le Christ s’est offert lui-même.
(3) Advient un acte sacrificiel visible dans le versement du sang et dans la mort sur la croix.
L’acte visible est l’expression (4) de l’obéissance envers Dieu outre du double amour envers le
Père et les hommes. (5) La fin du sacrifice est la louange et l’action de grâce, la supplication et
l’expiation.
Face au péché est mis en relief surtout le moment de l’expiation, le sacrifice propitiatoire.

49
35) Comment structurer systématiquement la satisfaction vicaire ? (7.6.4)

Le concept de « satisfaction » décrit une caractéristique du sacrifice de Jésus. Satisfaction dans ce


cadre, c'est une compensation pour une offense
Le terme vient du droit romain : « faire assez » (satis-facere) – accomplir une action qui
correspond au débit envers un autre.
Satisfaction vicaire signifie ici que Jésus prend sur soi les peines du péché.

Tertullien : satisfaction = conduite pénitentielle du pécheur (il fait entrer le terme dans le langage
théologique).
Ambroise : satisfaction = le sacrifice de Jésus Christ.
Anselme : satisfaction = faire une compensation pour une offense (il fait devenir le terme un pilier
de la sotériologie systématique). Péché= de briser l'harmonie d'un ordre par le péché.

« Satisfaction vicaire » : car Jésus offre cette compensation à la place et pour / en faveur des
pécheurs (et pas pour son propre péché) – cela devient un terme technique à partir du 17ème
siècle.

Satisfaction : le prix est payé volontairement


Peine : subir un dommage contre la propre volonté
On peut aussi parler de satisfaction en tant qu’elle prend sur soi librement la peine des autres.
Satisfaction pénale : Jésus a pris sur lui la mort (comme peine du péché)

L’offense du péché ne blesse pas l’honneur intérieur de Dieu, mais l’ordre du cosmos (l’honneur
extérieur de Dieu).

« La colère de Dieu » ne veut pas dire que Dieu « se met en colère » dans le sens qu’il subit une
passion.
St. Thomas : ce qui change n’est pas l’affection de Dieu, mais l’effet de la volonté de Dieu dans le
créé : il vient imposé une peine.
« Offense » ou « colère » de Dieu reçoivent un autre niveau quand ils seront appliqués à Jésus,
comme Dieu-homme.

Notes systématiques :
- Tenir compte de l’amour prévoyant du Père et de l’importance de la libre réponse de
l’homme avec l’effort d’une juste réparation.
- Jésus a fait plus que ce que toute les offenses du genre humain demandaient comme
compensation.
• à cause du grand amour avec lequel il souffrait
• à cause de la dignité de sa vie qu’il donnait en satisfaction – la vie d’un Dieu-homme
• à cause de l’extension de la passion et de la grandeur de la douleur assumée
→ « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5)

- 2 éléments dans le péché :


• l’aversion contre de Dieu – condamnation infinie (perte du bien infini qu’est Dieu) –
en réponse : l’amour infini du Dieu-homme

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• la conversion vers les créatures – peine sensuelle qui est finie – compensée par la
mort sur la croix

Fondement de la satisfaction vicaire : la solidarité entre la Tête du corps et ses membres. Comme
Adam a représenté toute l’humanité dans le premier péché, ainsi le Christ la représente dans son
œuvre salvifique.
La rédemption devient efficace pour ceux qui l’accueillent !

Souffrir pour un autre et une disposition d’amour – pendant que souffrir pour soi-même est une
chose nécessaire.

Problème : est-ce que la satisfaction du Christ est vraiment vicaire ? Est-ce qu’il ne s’agit pas d’une
action au niveau divin ? La satisfaction de Jésus à la Trinité ?
Pour cela on a introduit dans la sotériologie le concept de la « double personne morale » en Christ.
En Jésus nous trouvons seulement la personne divine, mais les deux natures constituent deux
volontés (divine + humaine). La responsabilité morale pour l’acte vicaire vient de la volonté
humaine, aussi si elle est soutenue de la personne divine. Dans ce sens le Verbe éternel (en tant
qu’il subsiste éternellement) peut accueillir la satisfaction en tant qu’œuvre à travers l’amour
humain.

51
36) Comment indiquer la relation entre substitution et solidarité dans l’œuvre de salut ?
(7.6.8)

Deux courants théologiques : un qui souligne la solidarité de Jésus avec nous ; et un qui dit que le
Sauveur a pris notre place, substitution.

Les concepts de solidarité et de substitution :

1. Solidarité : vient de solidare = rendre ferme, mettre ensemble.


Les membres d’une communauté qui sont liés entre eux – ou la vertu de s’engager pour la
cohésion de cette communauté selon le principe : l'implication d'un pour tous – et de tous
pour un.
= amitié
= charité sociale
= promptitude ferme et continuelle de s’engager pour le bien commun

2. Substitution : vient de sub-stituire = poser sous…


= remplacer un élément par un autre dans un tout
= remplacer une personne par une autre dans une fonction ou dans une relation
L’un prend la place de l’autre, d’une façon que cet autre est libéré de l’acte qu’accomplit
son remplaçant.
La substitution présuppose que la personne soit semblable – elle demande une
représentation.

La préparation la plus forte dans l’Ancien Testament pour cette représentation : Is 53 le serviteur
de Dieu.
L’idée de la substitution se présente ensuite dans :
• ce que Jésus dit sur le rachat (Mc 10, 45 : le Fils de l’homme est venu pour donner sa vie en
rançon)
• les récits eucharistiques
• les deux passages pauliniens (2Co 5,21 / Gal. 3,13): Jésus devient pour nous péché,
malédiction pour nous apporter la justice et la bénédiction.
La substitution de Jésus ne vaut que pour la rédemption objective et pas pour la rédemption
subjective. Il nous a ouvert la voie vers le Royaume et il nous demande de le suivre – sa liberté ne
se substitue pas à la nôtre, mais nous la donne de nouveau.

Luther et Calvin :
Jésus ne prend pas sur soi seulement la mort sur la Croix pour satisfaire à nos péché, mais il
accueille en soi aussi la faute même et l’abandon de Dieu (comme état de péché mortel) avec le
tourment infernale. = Substitution pénale ! Pour Luther la volonté humaine de Jésus n’a aucun rôle
active – on ne peut donc pas parler d’une libre acceptation de la mort.

L’exégète F. Prat SJ (après la 2ème guerre mondiale):


Il remplace le principe de la substitution par la catégorie de la solidarité.
« Il n’y a pas vraiment de substitution de personne, il y a une solidarité d’action. »
Jésus n’est pas mort à notre place, il est mort en notre faveur.

K. Rahner :

52
Il refuse le fait que Jésus aurait fait quelque chose à notre place (Stellvertretung). Jésus ne s’est pas
substitué à notre action, mais il a donné le présupposé pour elle.
Le Sauveur n’a rien fait pour nous (à notre place), mais seulement avant nous.

La solidarité a un rôle important mais sans perdre non plus la substitution et la représentation.
Avec l’Incarnation le Fils de Dieu est fait solidaire de nous. « De riche qu’il était, il s’est fait pauvre
pour nous… » ; « Dieu a envoyé son propre Fils » ; « se dépouilla lui-même ». La Gaudium et Spes
met en relief le fait que le Verbe incarné veut être participant de la nature humaine. L’incarnation
est en vue de la rédemption. La solidarité est pour la substitution !

Le NT souligne qu’avec l’Incarnation, le Fils de Dieu s’est fait solidaire avec nous.
Dans Gaudium et Spes il y a tout un article sur : Verbum Incarnatum et solidarietal humana.

K. Barth :
L’homme moyen est l’homme avec les autres – Jésus est l’homme pour les autres.

Avec l’Incarnation le Fils de Dieu se rend solidaire pour toujours avec l’humanité. Et en retour il
rend solidaire aussi l’humanité avec Dieu.

La solidarité constitue le fondement pour la représentation de l’humanité devant Dieu, par Jésus.
(Rm 5,12-21 Adam-Christ). Au même moment il représente Dieu face aux hommes. Cette double
représentation est donc le pont logique qui conduit à la substitution.
La substitution présuppose la solidarité – comme terme intermédiaire : la représentation.

53
37) Quelle est l’importance du schéma des « trois ministères de Jésus » ? (7.7)
C’est le résumé de la sotériologie.

Les premières tentatives systématiques de résumer l’entière sotériologie sous le titre des « 3
ministères de Jésus » remontent à Calvin.
Puis dans les présentations catholiques : Dyonisius Petavius (17ème siècle) et Matthias Joseph
Scheeben (19ème siècle).
Mais : le point de départ le plus ancien remonte au nom même du « Christ », « l’Oint ».

AT : des rites d’onction pour les prêtres et les rois qui sont des personnes différentes.
Prêtres : sanctification
Rois : effusion de l’Esprit de Dieu
Prophètes : ne recevaient pas d’onction, mais « l’onction » est une métaphore pour la
présence de l’Esprit St.

• le serviteur de Dieu : il est prophète, il donne sa vie en expiation pour beaucoup et il sera
exalté comme gouvernant (Is 53,12)
• le Ps 110 : le futur Messie = roi, prêtre pour toujours selon l’ordre de Melchisédech

Nouveau Testament : le Christ rassemble ces 3 qualités en lui seul.


Jésus est l’Oint depuis l’Incarnation (la présence du St.Esprit ne peut se séparer de la personne du
Fils de Dieu fait homme.
Il reçoit une mission particulière du St.Esprit au baptême en fonction du ministère publique.
Comme les disciples de Jésus participent à la mission de leur maître, il sont eux aussi appelés
« chrétiens » = « oints du St.Esprit ». (→ les noms : « Christ » et « chrétiens » - et les rites
d’onction après le baptême rappellent les 3 ministères de Jésus). Dans 1P 2,9 les membres de
l’Eglise sont appelés un « sacerdoce royal ».

Eusèbe de Césarée :
Dans ses écrits apparaît pour la première fois la trilogie complète.

La liturgie romaine :
Dans la prière pour la consécration du Chrême : renvoi à l’onction des prêtres, rois et prophètes.
De cette tradition vient aussi le texte qui est utilisé immédiatement après le baptême.

54
Résumé de tout l’œuvre salvifique du Christ : le triple schéma résume toute l’œuvre salvifique.
3 étapes fondamentales :

Incarnation, mort, résurrection


Révélateur, Prêtre, Seigneur La montée de l’Incarnation à la Glorification !

On peut relire tout le NT dans cette ligne :


• Hébreux : accomplissement du ministère prophétique en Jésus, l’acte sacrificiel,
gouvernement céleste
• Apocalypse : témoin fidèle, premier-né d’entre les morts, prince des rois de la terre
• Jean : « je suis la voie, la vérité et la vie » - la voie = ministère royal (guider les gens vers le
but céleste), la vérité = prophétique (enseigner), la vie = sacerdotal (transmettre la divine
grâce)

En suivant l’ordre des évènements salvifiques : prophétique, sacerdotal, royal.


Mais aussi chaque ministère se réalise dans l’entière œuvre salvifique méritoire de l’Incarnation
jusqu’à la croix.

Dans les documents de Vat.II :


= le schéma structurant dans les documents.

Pour décrire les devoirs des apôtres et de leurs successeurs (prêtres, évêques) : enseigner –
sanctifier – guider
Pour décrire les devoirs de tous les chrétiens : culte – témoignage – ministère royal

Yves Congar : « Théologie du laïcat » : il choisit l’ordre « ministère sacerdotal – royal –


prophétique » pour décrire la participation des laïcs aux ministères du Christ.

La catégorie la plus importante = le sacerdoce ! Elle peut être mise au début (point de départ), à la
fin (sommet), au centre (importance de la passion dans la vie du Christ).
Toutes les trois positions sont possibles aussi pour les 2 autres catégories.

La médiation résumée dans les 3 ministères :


• Service prophétique = médiation descendante (de la Révélation)
• Ministère sacerdotal = médiation ascendante (du rachat)
• Ministère royal = médiation descendante (préparée par la royauté de Dieu dans l’AT) et
médiation ascendante (préparée des rois davidiques).

38) Décris un des « mystères de la vie de Jésus » (7.8.2 à 7.8.14)

La vie cachée de Jésus : (p.192-193)


De toute cette période (30 ans) nous est révélé seulement que Jésus était soumis à ses parents et
qu’il grandissait en sagesse, âge et grâce devant Dieu et les hommes.

7 points fondamentaux de la vie cachée de Jésus :

1. L’unicité de la croissance de Jésus en sagesse et grâce :


Le renvoi à une telle croissance correspond à des formules diverses dans l’AT.

55
Luc souligne la particularité d’une telle croissance avec le parallélisme avec Jean-Baptiste.
Jean-Baptiste : se fortifiait dans l’esprit. Jésus : se fortifiait plein de sagesse.
Jésus à 12 ans au temple…
Comment expliquer une telle croissance : La divine sagesse et la grâce resplendissent
toujours plus en Jésus, sans qu’il y ait une réelle croissance.

2. L’humilité du Fils de Dieu :


La vie cachée fait partie de la kénose (Ph 2,6-11).
L’humilité est l’antidote contre l’orgueil du premier péché.
La vie de Nazareth avait une connotation négative pour les contemporains de Jésus.
(Nathanael : Qu’est-ce qui peut venir de bon de Nazareth ?)

3. L’obéissance du nouvel Adam :


= l’observance parfaite du 4ème commandement
= l’œuvre de restauration de ce que la désobéissance d’Adam avait détruit

4. L’importance de la vie familiale :


La famille, première cellule vitale de la société !
Importance de Marie, Joseph et des cousins pour le développement de l’enfant.

5. L’attitude de la pauvreté :
Lors de la présentation de Jésus au temple : les colombes étaient l’offrande des pauvres.
« …mais le Fils de l’homme n’a rien pour reposer sa tête »
Il meurt sur la Croix – dérobé même de son vêtement.
La pauvreté = une attitude spirituelle – qui se concrétise dans le conseil évangélique de
renoncer aux biens terrestres dans la sequela Christi.

6. L’appréciation du travail :
Jésus, le charpentier.
Le fait du travail manuel montre l’appréciation de cette activité (dépréciée dans l’antiquité
païenne).
La vénération de Joseph, travailleur.
Encyclique de JP II : "Laborem exercen"s (1981) sur la spiritualité du travail.

7. La valeur de la vie intérieure :


L’activité publique de Jésus surgit du mystère filial, du dialogue avec le Père céleste.
Sans le silence et la prière : pas de fruits extérieurs qui restent.

L’effacement de la vie chrétienne fait partie du mystère de l’Incarnation,

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39) Qu’est-ce qu’enseigne la déclaration "Dominus Iesus" sur Jésus Christ et sur son
œuvre salvifique ? (8.10.2.2 à 8.10.2.4)

Voir surtout la valeur dogmatique du texte


Les 3 contenus principaux :
1. La plénitude et le caractère définitif de la révélation de Jésus
2. L’unité de l'économie salvifique du Verbe incarné et de l’Esprit St.
3. L’unité et l’universalité du mystère salvifique de Jésus Christ (Le rôle unique de Jésus-unité-
, le salut est offert à tous-universalité-)

1. La révélation de Jésus Christ est pleine et définitive.


Dans le mystère de Jésus Christ, Fils de Dieu incarné, se trouve la révélation de la plénitude de la
vérité divine.
Comme la révélation pleine et définitive se passe en Jésus Christ, il faut la réponse de l’homme
dans l’obéissance de la foi.
La foi = accueil dans la grâce de la vérité révélée. La croyance = recherche humaine de la vérité.

2. L’unité entre le Verbe éternel et la nature humaine de Jésus et entre Jésus Christ et l’Esprit
St.
Refus de 3 hérésies :
• Jésus ne serait qu’une incarnation à côté d’autres (= l’idée diffusée parmi les hindous)
• Une économie du Verbe éternel, valide aussi en dehors de l’Eglise et sans rapport avec elle,
et une économie du Verbe incarné. Une pour les chrétiens et une plus universelle.
• Séparation du Verbe incarné de l’Esprit St. → une économie de l’Esprit St. avec un
caractère plus universel que celle du Verbe incarné, crucifié et ressuscité. Mais : l’Esprit St.
n’agit pas en dehors ou à côté du Christ

3. L’unité et l’universalité du mystère salvifique de Jésus Christ


Il faut souligner la foi en Jésus Christ, l’unique Sauveur – mais aussi : la grâce offerte à tous.
Redemptoris missio : D'autres médiations participées ne sont pas exclues, mais elles reçoivent
toutes leur signification et leur valeur du Christ et ne peuvent pas être comprises comme des
parallèles.

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