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Pénélope Dufourt L1/L2/L3 2022-2023

Méthodologie - La Dissertation juridique


Par opposition à un commentaire d'arrêt ou à un cas pratique, la dissertation est un exercice théorique. Ce
n'est néanmoins pas une simple exposition de vos connaissances puisque la dissertation est avant tout une
réflexion approfondie et structurée sur un sujet donné.
L’exercice de la dissertation exige donc :
§ Des connaissances solides et développées
§ Des qualités d'exposition et de structuration.

En ce sens, cet exercice implique DEUX GRANDES ÉTAPES :


1) D'une part, la COMPRÉHENSION du sujet
2) D'autre part, la RÉDACTION à proprement parler

1. LA COMPRÉHENSION DU SUJET

1. La lecture du sujet

La lecture du sujet est une étape PRIMORDIALE.


Elle permet d'éviter les contresens, trop fréquents.
Comment ?

En cherchant, dans votre lecture, la compréhension du sens susceptible d’avoir été attribué par
l’auteur(e) du sujet à chacun des mots retenus pour l’énoncé, afin d’obtenir une vision d'ensemble
des matières à traiter.

Un écueil trop fréquent :


v N'essayez pas de faire « rentrer » dans votre dissertation une partie du cours, un chapitre ou un titre
même si l'intitulé du sujet en est proche : si vous faites ça vous ne pensez plus par vous-mêmes et
ne montrez pas à votre correcteur votre capacité à sélectionner, au sein de vos connaissances
acquises dans le cours, celles qui sont pertinentes pour ce sujet.

Pour cette première phase de lecture, vous devez :


v Définir les termes du sujet. (Attention, ensuite en introduction ne soyez pas trop scolaire dans la
présentation de vos définitions : celles-ci doivent apparaître de façon « naturelle » dans votre copie.
Ne définissez que les termes importants et pensez à expliciter ce qu’ils veulent dire, en prenant en
considération le contexte d’énonciation de chacun des termes).
v Justifier les termes du sujet. (Cela revient à répondre à : Pourquoi ce sujet ? -> Répondre à la
question de savoir pourquoi ce sujet vous est posé vous permet en réalité de commencer à mettre
en relation les termes du sujet entre eux, et de déceler ainsi progressivement les potentielles
tensions et les possibles paradoxes du sujet). Justifier le sujet revient donc à faire des liens entre les
termes du sujet, et en saisir donc l’enjeu.

Vous serez ainsi capable de reformuler la SPÉCIFICITÉ du sujet. N’oubliez pas ces questions : Pourquoi
ce sujet m’est-il posé ? Quels sont les enjeux de ce sujet ?

Cette étape de DÉFINITION et de JUSTIFICATION constitue la base de votre développement qui vous
servira de fil conducteur par la suite. En effet, c’est à ce moment-là que peut venir en vous l’intuition d’une
PROBLÉMATIQUE.

Parfois, un sujet de dissertation peut donner lieu à plusieurs interprétations possibles, et donc à
plusieurs problématiques possibles. Si tel est le cas, ne cherchez pas à tout traiter. Au contraire, il est
préférable que vous précisiez à l’intention de votre correcteur que vous avez perçu les différentes
interprétations possibles et lui indiquiez ensuite, en le justifiant, l’interprétation que vous avez retenue. Ce
choix interprétatif devra être sauvegardé tout au long de votre développement.

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Pénélope Dufourt L1/L2/L3 2022-2023

2. Recensement et inventaire de vos idées.

À la lecture de votre sujet, des idées vont éclore, en fonction de vos connaissances et de votre culture
générale. Il est important de les recenser.
Au départ, et c’est bien normal, votre pensée ne sera pas articulée : le recensement est proche d'un listing
de vos idées sous forme de tirets sur une feuille à part.
À ce stade, notez toutes les idées qui vous viennent. Ne vous censurez pas, au contraire prenez confiance !
Si besoin, vous pouvez ajouter un point d'interrogation à la suite d’une idée en cas d'hésitation.
L'important, à ce stade, est de ne rien oublier. Soyez le plus exhaustif possible.

Ensuite, et c’est ESSENTIEL : Vous devrez hiérarchiser vos idées : du plus important voire nécessaire,
qui nécessitera des développements conséquents, à l'accessoire qui sera simplement évoqué. C’est le moment
de faire des CHOIX. Un inventaire intelligent implique de devoir faire un choix dans les éléments que vous
développerez. En fonction du libellé de votre sujet, ce choix peut être plus ou moins aisé.

La seule véritable difficulté concerne les éléments sur lesquels vous avez un doute quant à leur pertinence
au regard du sujet. Dans ce cas, comme pour l'étape précédente, vous devez adopter une position définie et
vous y tenir en la justifiant au correcteur. Le but de ces justifications n'est autre que de montrer au correcteur
que vous maitrisez parfaitement toutes les subtilités du sujet.

3. Le choix d'un plan

Une fois vos idées recensées et hiérarchisées, il sera nécessaire de les « classer » en deux grandes masses,
ayant une trame commune, un fil conducteur général. Pour faire ce classement, vous devez respecter deux
règles impératives : L'UNITÉ et la CORRESPONDANCE

v L'unité : les éléments doivent être reliés entre eux par un thème dominant.
En pratique, reprenez votre feuille à part et affectez des numéros (par exemple 1 et 2) à vos idées en
fonction de leur connexité, de leurs liens.
Ce travail vous permet d’apercevoir vos deux thèmes dominants.

v La correspondance : il ne doit y avoir aucune rupture entre vos deux grands thèmes dominants ;
bien plutôt, ils doivent correspondre de manière étroite : soit par opposition, soit par
complémentarité, soit par progression logique...

Une fois vos deux grandes masses identifiées, organisez vos idées à l'intérieur de chacune d'entre elles, là
encore en deux sous-ensembles (qui constitueront vos 2 sous-parties). Pour ce faire, procédez de la même
manière que précédemment (thème dominant, numéros...).

A ce stade de la préparation, vos deux parties ainsi que vos sous parties sont clairement identifiées. La
problématique, qui était peut-être déjà pressentie devient alors sous-jacente, si ce n'est évidente.
N’oubliez pas que la problématique est le problème de droit auquel va répondre votre développement.
Autrement dit, vos deux parties doivent répondre à une seule et même question que vous devez
identifier.

Attention : la problématique n'est jamais la reprise du sujet même si ce dernier est sous forme
interrogative ! Si le sujet est « le droit administratif est-il un droit spécifique ? », la problématique ne peut
pas être la reprise mot pour mot du sujet. Au contraire, il s’agit de se demander pourquoi une telle question
vous est posée, ce qu’elle induit, et quels sont ses enjeux.

Recopiez alors sur une nouvel feuille votre problématique, votre plan détaillé (grandes masses et
sous-parties) et insérez vos idées à l'intérieur sous forme de tirets.

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Pénélope Dufourt L1/L2/L3 2022-2023

2. LA MISE EN FORME DE LA DISSERTATION

Une dissertation juridique est composée de :


§ Une introduction (1/3 de la copie)
§ Un plan en deux parties, elles-mêmes divisées en deux sous-parties

1. L'introduction

Vous devez absolument respecter les six étapes suivantes :

v La phrase d'accroche : Elle peut être en lien avec l’actualité, ce peut également être une citation
ou le rappel d’un événement historique en lien avec le sujet. Ici l’originalité prime, ainsi que la culture
générale : l’objectif est d’éveiller l’intérêt de votre correcteur. Éviter les généralités trop abstraites.
Surtout, ne commencez pas votre accroche par une formule du type « Depuis toujours,… »

v La présentation du sujet : Ici il s’agit de reprendre votre travail de définition du sujet, et de ses
principaux termes. L’objectif est ici de s’assurer que l’on ne sombre pas dans le HS. Ne soyez pas
trop scolaire dans la présentation des définitions : n’oubliez pas de rester « fluide ».

v La délimitation du sujet Il s’agit de délimiter le sujet, en répondant à la question : Jusqu’où va le


sujet ? Puis c’est aussi le moment où vous présenter au correcteur vos choix interprétatifs. Pourquoi
n’allez-vous pas étudier telle ou telle partie du sujet ?

v L'intérêt du sujet : Après avoir défini le sujet, vous en venez à souligner les raisons d’un tel
sujet : Pourquoi ce sujet est posé ? Quelle est sa spécificité ? En quoi l’étude de ce sujet est
pertinente ? Là encore vous pouvez vous appuyer sur l’actualité, l’histoire, le contexte politique
qui entoure le problème de droit implicite du sujet.

v La problématique sous forme interrogative de préférence : c'est la qualification juridique du


sujet, il s’agit donc de souligner le problème de droit du sujet de façon précise. Au niveau de la
forme : essayez de bien mettre en évidence votre problématique, pour qu’elle soit clairement
identifiable pour votre correcteur puisque c’est généralement ce qu’il cherche à lire en premier.

v L'annonce du plan sous la forme d'une phrase rédigée. Évitez si possible les phrases type « nous
verrons dans un premier temps… ». N’hésitez pas à mettre des (I) et (II) après avoir décrit les titres
de vos parties dans l’annonce du plan.

L'introduction suit donc la structure d'un « entonnoir » : vous partez du plus général pour resserrer
votre analyse vers le plus détaillé : votre problématique.

D'une manière plus générale, l'introduction sert à situer le sujet, mettre en évidence son intérêt et sa portée
et doit donc contribuer à délimiter le sujet, annoncer et justifier le plan retenu ainsi que les éléments non
retenus.

N'oubliez pas que l'introduction est la première lecture du correcteur. La première impression n'est pas
toujours la bonne mais elle donne le ton général de votre devoir et renseigne sur sa qualité.
Soyez donc particulièrement attentif et concentré. Les HS sont bien souvent décelés à ce moment.

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Pénélope Dufourt L1/L2/L3 2022-2023

2. La rédaction
Reprenez votre feuille à part qui contient votre plan détaillé avec les idées générales et commencez votre
rédaction selon la structure ci-dessous :
I) TITRE DE VOTRE PREMIERE PARTIE :

Chapeau introductif...................(A)...........(B).

A. Titre de votre première sous-partie :

Présentez dans un premier paragraphe votre première idée, soutenue par des arguments, puis des
exemples juridiques (Pensez à la portée des arrêts étudiés)
Ensuite vous pouvez présenter votre deuxième idée qui appuie votre première sous-partie,
soutenue là encore par des arguments et des exemples.

Phrase de transition entre le A et le B

B. Titre de votre deuxième sous-partie :

Présentez dans un premier paragraphe votre première idée, soutenue par des arguments, puis des
exemples juridiques (Pensez à la portée des arrêts étudiés)
Ensuite vous pouvez présenter votre deuxième idée qui appuie votre première sous-partie,
soutenue là encore par des arguments et des exemples.
(Une troisième si jamais vous en avez encore...)

Transition entre le I et le II...........................

II) TITRE DE VOTRE DEUXIEME PARTIE :

Chapeau introductif...................(A)...........(B).

A. Titre de votre première sous-partie :

Première idée, arguments, exemples


Deuxième idée, arguments, exemples

Transition entre le A et le B...........................

B. Titre de votre deuxième sous-partie :

Première idée, arguments, exemples …. Deuxième idée, arguments, exemples


Phrase d’ouverture vers un autre sujet. Ce peut être une phrase interrogative qui pourrait être la
problématique d’une autre dissertation

NB : Les intitulés de vos parties et sous-parties doivent obligatoirement être apparents.


v Vos intitulés ne sont pas des phrases, ils ne doivent en aucun cas comporter de verbes conjugués.
v Ils doivent être courts, simples et donner une idée générale : il faut qu'à la seule lecture de vos
intitulés le correcteur comprenne le sens de votre démonstration.
v Les intitulés sont, après l'introduction, la deuxième chose que votre correcteur analyse avant de
véritablement lire votre commentaire au fond.
v Si vos titres se répondent, c’est un « plus »

Les chapeaux introductifs et les phrases de transition sont primordiaux.


v Ils permettent d'expliquer le fil conducteur de votre raisonnement au correcteur, les raisons de vos
développements.
v Ils permettent surtout de dégager une cohérence générale à votre rédaction.

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Pénélope Dufourt L1/L2/L3 2022-2023

Quelques conseils généraux :

– Soyez précis, explicite et concis : être percutant est essentiel. Il faut éviter de répéter les mêmes
idées, et d’être trop évasif.
– Ne vous éparpillez pas, restez fidèle à votre problématique et à vos choix en introduction
– Soignez votre présentation, votre écriture
– Faites attention aux fautes d'orthographe, relisez-vous ! Une copie avec de nombreuses fautes
d’orthographe est assez difficilement supportable pour le correcteur. S’il passe son temps à corriger
vos fautes, il sera moins attentif au contenu et au fond de votre devoir.
– Optez pour un style simple et des phrases courtes (évitez les phrases de 2 ou 3 lignes).
– Soyez critique et distancié pour montrer votre esprit critique et votre capacité de penser par vous-
mêmes : vous devez absolument prendre position sur le sujet, réfuter des arguments d'autres
auteurs...
– Il n'existe pas un seul plan type pour répondre à un sujet donné ; il en existe généralement plusieurs
possibles. Un « bon plan » est un plan qui ne peut s'appliquer à un autre sujet : pour autant un « bon
plan » n'est pas forcément le même que celui de votre correcteur.
– N'utilisez pas d'abréviations ou alors écrivez le mot entier une première fois en précisant entre
parenthèse que vous allez par la suite utiliser une abréviation.

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