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Guide de rédaction d’un avis argumenté en philosophie et

citoyenneté
Monsieur OSTE

Principe
L’avis argumenté est en apparence une entreprise contradictoire. En effet, par « avis »,
on entend quelque chose de singulier, de propre à la personne qui expose son avis, son
opinion sur le sujet. Mais plus qu’une simple opinion, l’avis argumenté tend à mettre en
avant des éléments objectifs ou, du moins, valables pour d’autres personnes qui peuvent
en reconnaître le bien fondé, l’aspect rationnel.
L’avis argumenté vise donc à convaincre la ou les personnes à qui nous donnons notre
avis. Et par convaincre, il ne faut pas nécessairement entendre les convaincre de penser
comme nous, mais plutôt de les convaincre que nous avons de bonnes raisons de penser
ce que nous pensons. Cette nuance subtile est importante car elle permet de ne pas
tomber dans le « piège » de la mise en avant de l’avis de la personne (que l’on retrouve
dans les formulation comme je trouve que, il me semble que) et met ainsi l’accent sur
l’argument. En substance, l’idée n’est pas de dire voilà pourquoi tu devrais penser comme
moi, mais voilà de bonnes raisons qui devraient permettre de comprendre mon point de
vue.
L’avis argumenté n’est pas un exercice d’éloquence dans lequel on amène l’autre à
vibrer comme nous, à ressentir ce que nous ressentons (ce qui est plutôt le fait des
prédicateurs). Il est la construction et l’articulation d’un ensemble de raisons et
d’arguments qui permettent la compréhension du caractère rationnel d’une prise de
position.
Dans ce petit guide, nous verrons les grandes étapes et les éléments importants de toute
construction d’un avis argumenté. Pour chaque, dans un souci de clarté, nous prendrons
des exemples sur la peine de mort, sujet ô combien récurrent.

1. L’oral n’est pas l’écrit


Avant la rédaction même d’un début de plan d’avis argumenté, il faut avoir en tête si cet
avis sera exprimé oralement ou sera lu. Bien qu’anodine en apparence, cette différence
est pourtant fondamentale dans la réception de votre avis. La principale raison est assez
simple, le caractère subjectif de votre avis sera plus facilement accepté à l’oral qu’à
l’écrit.
Lorsque j’écoute quelqu’un parler, lorsque je discute avec quelqu’un, je discute avec un
corps en plus d’entendre ses idées. À travers la perception de ce corps et de la voix qu’il
émet, toute une série de modulations du discours sont perceptibles. De ce fait, le
caractère nécessairement subjectif de l’avis argumenté m’est en permanence rappelé
que ce soit dans un regard inspiré, un rictus d’hésitation ou encore un froncement de
sourcils qui souligne un passage important de l’exposé.
Dans le cas de la lecture (et donc de la rédaction en amont d’un texte), les choses sont
différentes. En effet, lorsque nous lisons un avis argumenté, nous sommes en connexion
directe avec les idées de ce texte. Il n’y a pas de médiation par le corps ou la voix et il
s’y trouve donc moins de possibilités de moduler l’interprétation en la calquant sur des
éléments périphériques.
Bien entendu, on peut toujours écrire ces modulations au moyen de tournures de phrases
ou d’un choix savant de certains mots qui préciseront la nuance que nous voulons
apporter à ce que nous disons. Mais dans les faits, le texte étant plus direct, on risque
davantage d’y sentir la marque de la subjectivité comme un défaut. S’il paraît déjà
compliqué d’écouter l’avis de quelqu’un qui donne l’impression de dire « moi je » tout le
temps, à l’écrit, cette impression est bien plus vite atteinte. Le lecteur est moins charitable
que l’auditeur.
En substance on retiendra qu’à l’écrit la charité du lecteur étant très limitée quant au
caractère subjectif de l’avis, il faut mettre en avant le caractère universellement
compréhensible et convaincant de l’argument.
Dans les faits, on gardera à l’esprit que c’est l’agencement de tous les arguments qui
donne son caractère singulier à l’avis, c’est à-dire propre à la personne qui l’émet.
Si chaque argument est là pour convaincre sur un aspect de la problématique, la structure
de l’avis est là pour montrer que votre avis n’est pas anodin ou quelconque, qu’il doit
être pris en compte parce qu’il est rationnel, compréhensible et cohérent.
Passons maintenant à la structure à proprement parler.

2. La structure
Nous venons de le voir, si les arguments peuvent être partagés et sont la marque du
caractère objectivable de votre avis, c’est dans la structure que pourra s’exprimer votre
personnalité et la singularité de votre position sur la question. Ainsi, avant toute chose,
il vous faudra écrire sur une feuille de brouillon les différentes idées qui vous viennent
en tête. Que pensez-vous de la question. Est-ce évident ? Ne l’est-ce pas ? Voyez-vous
une difficulté particulière à résoudre avant de répondre à la question ? On ne rédige rien
avant d’avoir mis sur papier les grandes idées qui nous traversent l’esprit et d’avoir fait
les recherches nécessaires en fonction des zones d’ombre que l’on doit éclairer.
Une fois vos idées mises sur le papier, dégagez la tendance principale de votre avis :
êtes-vous plutôt en faveur, en défaveur, avez-vous un avis mitigé ou êtes-vous incapable
de prendre position ? Déterminer de quel « côté » on penche est très important pour
éviter les incohérences et les mauvaises interprétations de votre prise de position.
Rappelons-nous que c’est l’agencement qui fait l’identité de votre avis, les arguments
ne vous « appartiennent pas », vous les découvrez et les utilisez. Trop souvent dans la
rédaction des élèves, on sent un décalage entre la prise de position explicitement donnée
(souvent dans l’introduction) et le sentiment qu’il ressort de la lecture du texte. Ce
décalage apparaît le plus souvent dans les textes et où les avis sont dits mitigés.
Regardons de plus près les catégories que nous venons d’évoquer.
2-1 Les avis tranchés
Par définition, l’avis tranché implique d’être sûr de sa position. On remarquera toutefois
une différence entre être sûr de sa position et penser que le caractère évident de notre
avis se suffit à lui-même . C’est le plus gros risque de l’avis tranché, à savoir de considérer
sa position comme tellement évidente qu’elle ne nécessite pas de développement
profond.
Astuce
Un avis tranché ne veut pas dire un avis évident et sans nuance.
Un avis tranché veut dire qu’à la fin du texte le lecteur n’a aucun doute quant à la position
de l’auteur vis-à-vis de la problématique ou de la question et ce, malgré toutes les
difficultés qui auraient pu être soulignées.

2-2 Les avis mitigés


Avoir un avis mitigé est la marque d’une difficulté à décider. Et par voie de conséquence,
avoir un avis mitigé est plus difficile à défendre qu’un avis tranché car la nuance y est
cruciale.
Contrairement à une idée reçue, être indécis ne veut pas dire qu’on se trouve face à une
impossibilité totale de décider. Dire « j’ai un avis mitigé sur la question », c’est dire qu’il
faudrait peu de choses pour basculer d’un côté ou de l’autre de la prise de décision.
C’est une erreur que font beaucoup d’élèves à savoir de dire qu’il ont un avis mitigé sur
la question alors qu’à la lecture on se rend compte qu’ils penchent d’un côté plutôt que
de l’autre.
Astuces
Avoir un avis mitigé, c’est montrer que la décision est loin d’être évidente, qu’elle peut
pencher d’un côté ou de l’autre.
Argumenter dans un avis mitigé ce n’est pas donner autant d’arguments dans un sens
que dans l’autre, c’est veiller à l’intensité de ces arguments.

2-3 Les impossibilités à prendre prendre position


On l’oublie trop souvent, dire d’une problématique qu’elle ne peut avoir de solution, ou
qu’aucune solution ne semble être la bonne, est une possibilité de l’avis argumenté. Il
faut être franc, c’est la plus difficile à suivre car elle suppose un équilibre parfait dans
l’exposition des arguments. En effet, dire qu’il y a incapacité à décider c’est mettre en
balance des arguments et des idées différentes en montrant comment elles se
neutralisent ou en révélant leur incommensurabilité (c’est-à-dire l’impossibilité à les
mesurer et à les comparer).
Astuce
Opposer deux principes fondamentaux et montrer en quoi ils se neutralisent est le moyen
le plus facile (mais risqué) d’atteindre l’équilibre de l'impossibilité à décider.
3. Stratégie de structure
Traditionnellement, l’avis argumenté se compose d’une introduction, de paragraphes
argumentés - où chaque paragraphe vaut pour un argument - et d’une conclusion.
L’introduction
L’introduction sert à contextualiser la question. S’il s’agit d’une question de société
ou qui trouve des applications concrètes dans le réel, on contextualisera en mettant en
avant le caractère actuel (réel ou possible) de la question (1). S’il s’agit d’une question
qui touche à des concepts ou à des idées, on veillera à définir dans les grandes lignes
les notions centrales de la question (2).

Exemple [1] Faut-il rétablir la peine de mort ?


La peine de mort est un sujet de conversation qui revient régulièrement dans les débats
de société à l’occasion d’événements particulièrement choquants pour l’opinion publique.
En effet, la question du rétablissement de la peine de mort indique que nous parlons du
point de vue des sociétés qui l’ont exclue de leur système de justice. Pour commencer,
rappelons que la peine de mort n’est pas abolie dans plusieurs pays et qu’aujourd’hui
encore, dans le monde, de nombreuses personnes sont condamnées à mort pour des
raisons qui ne nous semblent pas toujours légitimes. Ainsi, c’est du point d’un système
de justice qui garantit un droit à la défense, un certain nombre de recours et de
vérifications, en résumé qui évite l’arbitraire, que j’emploierai la notion de peine de mort.
Malgré le caractère séduisant de cette forme de résolution des problèmes, j’y suis
farouchement opposé pour des raisons factuelles, mais aussi par principe.
Exemple [2] Le respect se mérite-t-il ?
La question ici posée est d’une grande complexité car elle met en relation deux notions
faussement évidentes. De manière générale, on entend par respect une certaine attitude
vis-à-vis de quelqu’un voire de quelque chose. Pour ce qui est du mérite, il s’agirait plutôt
d’une sorte de normalité d’un résultat obtenu. Dire qu’on mérite quelque chose, c’est
dire qu’il y a une cause juste à ce que cette chose advienne pour nous. Comme je le
vois, la question posée peut être traitée de plusieurs façons et demanderait un long
travail d’explication trop grand malheureusement pour la tâche demandée. C’est pourquoi
je considérerai la question ici dans le cadre du respect entre des personnes que l’on
pourrait reformuler : Le respect dû à une personne est-il inconditionnel ou est-il le fruit
d’actions, de situation, etc. ? Avant de répondre, il faudra explorer ces deux aspects de
la question.
Dans un avis argumenté, l’introduction est fondamentale car elle cartographie le
traitement de la question. C’est à cette occasion que l’on peut explicitement dire que l’on
n’abordera pas une partie de la question (il faudra alors le justifier comme dans le cas
dans l’exemple du mérite).
Parce qu’elle est une introduction, on veillera à ce qu’elle ne dépasse pas ¼ du texte
pour les avis sur des questions « de société » et ¹⁄3 pour les avis qui concernent des
idées et autres notions.
Astuces
Le contexte scolaire n’est jamais pertinent comme introduction d’un avis argumenté. Dire
« dans le cadre du cours », c’est comme lire un livre dont les premières phrases sont
« ceci est une histoire écrite sur du papier »… on le sait, pas besoin de le dire.
Pour une introduction qui marque au minimum le caractère subjectif de l’avis, on veillera
à parler de la prise de position en dernier, c’est-à-dire à la fin de l’introduction.

La construction du texte
Tout texte argumentatif est construit selon une structure, un squelette. La séparation
des idées et des arguments en paragraphes est primordiale car elle permet de visualiser
les différentes idées du texte et de se repérer dans celui-ci. Cette partie faisant l’objet
du cours de français, nous allons nous pencher sur la manière de construire le squelette
de l’argumentation, c’est-à-dire le cœur du texte (donc ni l’introduction, ni la conclusion).
En simplifiant, on peut identifier deux grandes catégories de structures d’argumentation.
Soit le catalogue et le filage.

Le catalogue Le filage
Très répandu chez les élèves, le catalogue Comme le laisse entendre ce terme issu
consiste à lister une série d’arguments et du monde du textile, le filage suppose une
à les développer les uns à la suite des idée large que l’on va affiner. Cette
autres. approche est particulièrement efficace
pour des textes où les enjeux semblent se
L’idée ici est de proposer plusieurs raisons situer dans la compréhension ou dans le
et de les agencer selon la prise de position choix de principes ou de notions.
(tranchée, mitigée, absente).
Bien souvent, pour argumenter, nous
En termes de construction, on veillera à invoquons de grands principes comme la
bien lier les différentes parties et on sera liberté ou la justice. Mais à bien y regarder,
particulièrement attentif à travailler les ces notions ne sont généralement pas
transitions. Si, dans un premier temps, on traitées et développées, mais plutôt
se contentera des classiques utilisées voire exposées comme si elles
« premièrement, de plus, en outre, etc.», avaient une valeur intrinsèque, une force
il sera de bon ton de proposer des en soi. C’est le fameux « chacun devrait
transitions plus subtiles qui fluidifieront la être libre de faire ce qu’il veut » et pour les
lecture du texte. plus nuancés on ajoutera « tant que cela
On peut imaginer, par exemple, de ne nuit pas aux autres ».
reprendre un élément donné dans le Un avis argumenté qui « file » ressemblera
paragraphe précédent et de l’utiliser pour davantage à un exercice de clarification à
commencer son argument. l’occasion d’une question problématisante.
Exemple (suite de l’introduction sur la Dans les faits, la question est le terrain de
peine de mort) : en lieu place du « jeu » où l’on développera et précisera la
sempiternel « premièrement », nous notion tout en
pouvons reprendre un élément de marquant en quoi cette notion est
contextualisation. fondamentale pour comprendre la
question et pour pouvoir y répondre.
Nous venons de le dire, la question porte
sur le rétablissement d’une sanction qui a Visiblement plus compliquée qu’un
été abolie pour des raisons de principe. catalogue, cette approche, quand elle est
Dès lors, il me semble important de bien menée, est bien plus
commencer par mettre en avant ce qui « convaincante » car elle montre dans sa
relève des principes dans mon opposition. réalisation le caractère implacable et
Loin d’invoquer la barbarie d’une telle cohérent des principes invoqués là où,
pratique, discutable d’ailleurs, j’aimerais d’habitude, ils sont simplement affichés.
attirer l’attention du lecteur sur la nature Pour s’en convaincre, il suffit de regarder
d’une peine censée rendre la justice. Bien les débats où, au bout de quelques
souvent, on s’imagine l’utilité de la peine secondes ces derniers temps, on pourrait
de mort dans des circonstances précises, résumer les échanges à « je vous dis que
souvent un acte que l’on qualifie de non, je vous dis que si » sans qu’aucun
monstrueux, dont la culpabilité ne fait intervenant ne se soit mis d’accord avec
aucun doute et surtout dans des cas où l’autre sur le sens des mots employés.
l’empathie avec les victimes est directe et
évidente. Sans ignorer ces aspects, il ne Exemple : Dans un travail qui porte sur la
faudrait pas oublier qu’à travers cette liberté d’agir en société, on commencera
sanction, la société ne tend pas seulement par distinguer le droit de la liberté. Prenant
à se protéger, la prison y suffit, mais elle bien le temps d’examiner les difficultés
porte un jugement sur le mérite des uns d’expressions telles que « on devrait être
et des autres à vivre en fonction de leurs libre de », on montrera comment sa
actes, et sur ce que l’on peut attendre représentation de la liberté n’est pas
d’eux en termes de réparation. incohérente avec la position que nous
prenons vis-à-vis de la question abordée.

Du point de vue de la stratégie de construction, on fera particulièrement attention à ne


pas commencer par son meilleur argument. Bien que je puisse moduler mon
argumentation, l’intensité de mon texte dépendra de celle des arguments et de leur
séquençage. Ainsi, commencer par un argument extrêmement convaincant et puissant
risque de rendre les autres moins impactants et, pour le lecteur lambda, de donner le
sentiment que votre texte ne comporte qu’un seul véritable argument. À l’inverse, une
construction en crescendo (arguments de plus en plus forts) permettra un assentiment
de plus en plus appuyé au fur et à mesure que votre texte avance.
Si nous partons du principe que le lecteur n’est pas de bonne foi (mais n’est pas
complètement buté non plus), le début du texte est le moment où ses certitudes sur la
question sont les plus fortes. Ainsi, c’est le moment du texte où il sera le plus « résistant »
ou le moins perméable à votre propos. Trop d’intensité en début de texte risque de le
pousser dans ses retranchements. De là, il risque de voir dans toute faiblesse ultérieure
un moyen de marquer son désaccord. En graduant l’intensité, vous l’installez dans une
zone de confort où chaque argument amenant plus de précision et d’intensité, le lecteur
se laissera davantage convaincre. Dans notre exemple ci-dessus sur la peine de mort,
dire explicitement de ne pas aborder la thématique à travers la notion de barbarie est à
dessein de ceux qui refuseraient par principe cet argument. En signifiant qu’on ne
l’abordera pas en ces termes, on diminue la puissance du choc de l’opposition.
La conclusion
Le rôle de la conclusion d’un avis argumenté est de présenter la synthèse de ce qui a
été dit tout au long du texte. Trop souvent, les élèves pensent qu’énoncer les arguments
donnés dans le texte est une manière pertinente de le terminer. Si cette règle est valable
pour un texte long (au moins 30 000 signes espaces non comprises), un article voire un
chapitre de livre d’essai, il n’en est rien pour un texte relativement court. La raison est
simple, le lecteur n’a pas eu le temps d’oublier la structure du texte.
Pour éviter ce piège de la répétition, il faut envisager la conclusion comme le moment
où l’on rappelle les enjeux de la question et où l’on montre en quoi notre choix
d’arguments éclaire et/ ou répond à la question. Il y a donc nécessité de reformuler ce
qui a été dit dans le texte et de le mettre en scène.
Astuce
Votre conclusion ressemble à une liste d’arguments liés par des connecteurs vus et
revus… c’est que vous faites fausse route.
Exemple de ce qu’il ne faut pas faire : En conclusion je suis contre la peine de mort car,
premièrement, ce n’est pas efficace, deuxièmement ce n’est pas juste car il y a un risque
de condamner des innocents sans pouvoir revenir en arrière. [On dirait un inventaire]
Exemple (à partir de l’introduction formulée plus haut dans ce dossier) : Nous l’avons vu
tout au long de ce texte, la question de la réhabilitation de la peine de mort n’est pas un
sujet aisé à aborder. Toutefois, cette difficulté n’empêche nullement de prendre position
de manière franche [ici on rappelle le contexte et notre position]. La question de la peine
de mort a ceci de particulier qu’elle relève à la fois d’éléments concrets et qu’elle porte
sur des principes moraux, éthiques et des choix de société [ici, on replace les enjeux
des arguments avancés]. Parmi ces principes, nous avons montré l’importance de
l’innocence dans la représentation que nous avons de la justice. Mais la question ne
s’arrête pas à cette dimension. En effet, poser la question de la peine de mort, c’est
poser la question des effets de cette dernière sur la société et évaluer l’efficacité de la
mise en place de mesures aussi radicales. Nous l’avons montré, il n’y a aucune certitude
en la matière qui assure le coût de renier les principes sur lesquels la société a décidé
de l’abolir. À la lumière de ces éléments, il ne me semble pas nécessaire de rétablir une
pratique abandonnée depuis des années et dont la question s’invite à chaque moment
d’émois autour d’affaires sordides…. Émois légitimes, mais qui n’ont rien à voir avec la
Justice [On ajoute ici un petit élément rhétorique qui n’est pas directement un argument
pour appuyer la clôture de notre texte].
Malgré une idée reçue, il n’est pas obligatoire que l’ordre des arguments dans la
conclusion et dans le texte soit le même. C’est d’ailleurs une bonne manière d’éviter le
piège de l’inventaire cité plus haut.

Astuce pour la structure du texte


Dans la construction de son plan, on veillera à rédiger l’introduction et la conclusion
après avoir choisi et travaillé les arguments.
4. Les arguments
Dernier morceau de notre guide et non des moindres, les arguments sont les éléments
essentiels de l’avis argumenté. Rappelons qu’un avis, par définition, dépend uniquement
du sujet qui expose son avis. Sans argument, l’avis n’est porté que par le bon vouloir de
celui qui a cet avis… et encore, il faudrait s’assurer que ce bon vouloir n’est pas le lieu
d’une influence extérieure.
Par définition, un argument est une raison, une motivation qui ne dépend pas uniquement
du sujet pensant. Autrement dit, un argument est une raison de penser qui peut se
partager. Par corrélation, convaincre c’est montrer que les raisons que nous avons sont
bonnes et peuvent - voire doivent - être partagées par ceux à qui nous nous adressons.
On peut distinguer deux grandes catégories d’arguments : les arguments basés sur les
faits et les arguments basés sur les principes. Ces deux catégories concernent la nature
de l’argument et son contenu.
Arguments factuels Arguments de principes
Utiliser un argument factuel, c’est insister Un argument basé sur un principe, ou une
sur l’aspect concret de la question, sur les idée, vise à marquer ce qui, dans la
conséquences des choix posés. question, dépasse la factualité, l’actualité
de la question. Un argument de principe
Ils dépendent donc de l’adéquation au se base plutôt sur une abstraction.
réel. Leur force réside dans la pertinence
du lien qu’ils font entre le réel et la Ces arguments dépendent de la
question posée, la problématique. Basés cohérence au moment de l’élaboration de
sur des faits, ils sont généralement la notion, mais aussi de la pertinence du
sourcés ou au moins illustrés à l’aide lien fait avec cette même notion telle
d’exemples. qu’abordée par la question.
Exemple : Je suis contre la peine de mort Exemple : Je suis pour la peine de mort
car elle est inefficace à diminuer la car, la condamnation à la prison à
criminalité. perpétuité est une condamnation à mort
différée et déguisée.

Ce sont des arguments difficiles à Ce sont des arguments plus faciles à


contredire, mais également difficile à remettre en question, mais plus facile à
élaborer car ils demandent des élaborer (pour peu qu’on y soit habitué)
recherches pour s’assurer que les car ils demandent de la réflexion et
éléments donnés sont factuellement vrais. permettent des choix dans la construction
des concepts et des idées.

On peut contre-argumenter : Si la peine de mort ressemble à la prison à perpétuité sur


sa capacité à mettre hors de la société des individus, on ne peut les considérer comme
équivalentes en regard de l’irréversibilité de la peine de mort.
La structure de l’argument
A. La construction classique.
Habituellement un argument se construit en trois temps : énonciation, développement,
illustration. Ces trois éléments sont nécessaires car, dans le cas contraire, l’argument
peut sembler manquer de clarté (pas d’énonciation), ou trop rapide et sommaire (pas de
développement) ou difficile à, comprendre et abstrait (pas d’illustration).
L’énonciation est la formulation claire et concise de l’argument.
Le développement est une formulation plus complète de l’argument, on y met de la
précision et de la nuance.
L’illustration est la représentation concrète de l’argument. Ce peut-être un cas réel ou
fictif.
Exemple : La peine de mort ne sert pas la société [énonciation]. Le but de la justice est
multiple et ne concerne pas seulement les victimes, d’autant plus dans les affaires
particulièrement médiatisées. Dans ces cas, la mise à mort de l’individu clôt l’affaire et
sa dette envers la société. Aucune réparation au préjudice pour la société ne sera
envisagée. Or, un système de justice digne de ce nom se doit de servir les intérêts des
victimes, de la société et s’assurer d’un procès équitable (intérêt de l’accusé)
[développement]. Par exemple, on pourrait très bien imaginer un système dans lequel
le « condamné à mort » travaillerait jusqu’à la fin de ses jours au service de la collectivité
sans avoir de lien avec elle (il reste en prison) [illustration].
Astuce
Commencer par un exemple c’est prendre le cas particulier pour la règle. C’est donc
s’exposer à un contre-argument qui mettra à mal tout notre argument. Dans un argument
développé, un mauvais exemple ne met pas à mal l’argument, il est simplement non
pertinent.

B. La fausse concession.
Une autre manière d’envisager la structure d’un argument consiste à ajouter une
quatrième partie à la structure ci-dessus. Cette nouvelle partie vient en premier et
consiste à reconnaître un argument en défaveur de notre prise de position. L’idée est
alors de montrer en quoi cet argument n’est pas si évident et de présenter le nôtre comme
une réponse, un contre-argument, à celui mis en scène.
Astuces
On n’utilisera pas cette technique plus d’une fois par texte au risque de révéler le
caractère artificiel de la mise en avant d’arguments qui vont contre notre idée.
On évitera, autant que faire se peut, de formuler des hommes de pailles et autres
généralités abusives. La force de cette construction d’argument dépend de la plausibilité
de l’argument mis en avant afin d’être contredit.
Liste de validation de mon plan
Ai-je une idée arrêtée et claire sur la question ?
Je fais un peu de recherches, j’en discute autour de moi, j’utilise mon cours.

Oui : avis tranché. Non mais une tendance se Non : absence de décision.
dégage un peu: avis mitigé.

Quelle est la nature de mes arguments ?

Factuelle : je les construis en partant de Basée sur un principe, une notion : je


ma source. Je formule clairement m’assure d’avoir bien développé cette
l’essence de l’argument puis le développe notion, je ne me contente pas de grandes
et enfin l’illustre. phrases toutes faites.

Comment organiser mes arguments ?

Ils semblent différents : je les agence en Ils semblent tous parler de la même
veillant à créer un crescendo au niveau chose, tourner autour de la même notion
de l’intensité. Si je suis mitigé ou indécis, : je les agence du plus simple au plus du
je veille à ce que le dernier présenté ne complexe, du plus facile à comprendre
crée pas de cassure trop franche avec la au plus nuancé et subtil.
conclusion.

Comment réussir mon introduction et ma conclusion ?

Mon introduction doit bien contextualiser Ma conclusion ne doit pas ressembler à


et éclaircir la question. C’est le moment une succession d’arguments recopiés
où je présente le ton du texte. depuis mon texte. Ils sont reformulés et
les enjeux rappelés.

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