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Philosophie Méthodologie Dissertation M.

Bourgeois

Conseils méthodologiques pour la dissertation.

Introduction générale :
Une dissertation de philosophie est un écrit de plusieurs pages qui, en tentant de
répondre à une question, formule, explique, démontre et tente de résoudre le problème auquel
l’analyse de la question a conduit (Voir plus loin, étape 1 : analyse du sujet et problématisation).
Au terme de la dissertation, le problème ayant reçu une solution, on doit donc pouvoir répondre
le plus précisément possible à la question posée par le sujet.
Un problème philosophique étant une contradiction, un paradoxe ou plus généralement
une difficulté logique entre deux idées, une dissertation comporte nécessairement au moins trois
parties, non pas par convention scolaire ou académique mais par une nécessité logique : une
première partie dans laquelle une première idée est exposée (appelons-la « A »), expliquée,
démontrée, et qui semble donc pouvoir être dite vraie. Une seconde partie dans laquelle une
seconde idée est exposée (appelons la « E » et non pas « Non A », c’est à dire le contraire de
« A ».1), seconde idée donc expliquée et démontrée, et qui semble aussi pouvoir être dite vraie.
Pourtant, au terme de la deuxième partie, il apparaît que ces deux idées pourtant vraies semblent
impossibles à penser ensemble. On a donc deux idées (A et E) à la fois vraies et pourtant
apparemment logiquement incompatibles, ce qui constitue le problème. (A><E) Enfin, la
troisième partie doit tenter de formuler une hypothèse de solution (Appelons la « X »), non pas
en supprimant l’une ou l’autre des deux idées précédemment présentées puisqu’elles ont été
démontrée. Les deux idées (A et E) doivent donc toutes les deux être intégrées à cette solution
(X = A+E).
Il ne s’agit pas de faire un mélange des deux idées en prenant un peu de l’une et un peu
de l’autre pour prétendre résoudre le problème (troisième partie style « salade russe »). Il s’agit
d’arriver à adopter un autre point de vue (« X ») sur la question, point de vue qui n’avait pas
encore été envisagé jusqu’à présent, point de vue à partir duquel ce qui semblait contradictoire
ne l’est plus, ou bien qui, tout en maintenant (en conservant) la contradiction préalablement
formulée, la dépasse, la surmonte. Ce nouveau point de vue résulte souvent d’une
réinterprétation d’une ou de plusieurs notions présentes dans le sujet.

En ce qu’elle rencontre un problème dans son effort pour répondre à une question, et en
ce qu’elle formule explique et démontre une hypothèse de solution au problème, hypothèse de
solution à partir de laquelle une réponse à la question devient possible, une dissertation est un
acte de connaissance, et non pas un propos vague, plus ou moins littéraire, dans lequel le
candidat se contenterait de donner une opinion subjective sur la question posée, même si cette
opinion est « appuyée » sur des références ou des citations, propos qui se terminerait en donnant
une réponse relativiste du style : « ça dépend des cas, peut-être que oui, peut-être que non… »,
ou bien encore « Moi, je pense que … ». Il ne faut jamais développer une dissertation dans cet
esprit et ne jamais la terminer de cette façon.
Si faire de la philosophie c’est refuser le parti-pris, ce n’est en revanche pas refuser de
prendre parti, dès lors que cette prise de parti est capable de donner ses raisons, donc de se

1
« A « suivi de « non-A », c’est-à-dire une idée suivie de l’idée contraire, cela ne s’appelle pas un problème
mais une incohérence ! … Attention donc au plan style « thèse-anti-thèse-synthèse », la plupart du temps
mal compris, encore plus mal mis en œuvre et qui conduit souvent à dire une chose puis son contraire…)

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démontrer. A ce titre, la dissertation n’est pas -et ne doit surtout pas être- l’expression d’une
simple opinion subjective. Au contraire elle doit être une tentative d’exercice du jugement
rationnel et, à ce titre, elle peut donc légitimement revendiquer le statut d’une connaissance ou,
tout au moins, d’une hypothèse de connaissance.

Résumé formel de la structure logique d’une dissertation :


(Attention, ceci est une structure logique générale. Ce n’est pas le seul type de plan
possible…)

Introduction :
- Analyse et interprétation de la question
- Formulation du problème
- Formulation de façon interrogative de l’hypothèse de solution.

Ière partie : première idée : A


- Argumentation (c’est-à-dire démonstration à partir de l’interprétation des
notions en jeu dans la question)

IIème partie : deuxième idée : E


- Argumentation (c’est-à-dire démonstration à partir de l’interprétation des
notions en jeu la question))
- Mais problème car, apparemment, A><E (A incompatible avec E, d’où
problème)

IIIème partie : X = (A+E)


- Formulation d’une hypothèse de solution : X.
- Argumentation (c’est-à-dire démonstration) à partir d’un autre point de vue
conceptuel (une réinterprétation, clarification, nuance apportée à l’une ou à
plusieurs des notions en jeu dans le problème) permettant de démontrer la
compatibilité possible entre les deux idées préalablement formulées.

Conclusion :
- Rappel du problème
- Rappel de l’hypothèse de solution.
- Réponse la plus précise possible à la question posée par le sujet.

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Déroulement chronologique de la préparation au brouillon


et de la rédaction au propre de la copie.

1ère étape : Analyse et interprétation du sujet en vue de la problématisation.

Analyser (du grec analysis : décomposition) le sujet signifie décomposer la question en ces
différents éléments constitutifs afin d’être sûr de n’en oublier aucun lorsqu’on l’interprètera2.

Interpréter un sujet, cela signifie formuler une (ou plusieurs) hypothèse(s) d’interprétation du
(ou des) sens de la question (interpréter = prêter un sens, donc provisoirement) à partir des
hypothèses d’interprétation des différents éléments qui la constituent. Mais l’interprétation
n’est jamais innocente. Elle dépend toujours de l’intention de la conscience qui interprète
(interpréter c’est instaurer une relation de signification entre (« inter-préter ») la conscience
qui interprète et l’objet interprété.) Une interprétation proprement philosophique est une
interprétation dans laquelle l’intention de la conscience est la problématisation. Il s’agit
donc non pas seulement de se demander quels sens peuvent avoir les éléments de la question,
mais il s’agit surtout de se demander quels sens faut-il leur donner (ou plutôt leur prêter,
provisoirement…) pour qu’il y ait problème. Attention : il faut toujours relier l’interprétation
que l’on fait de chaque élément du sujet au contexte global de la question pour éviter les
interprétations hors contexte, donc hors-sujet. Comme on commence par certains éléments (voir
ci-dessous B), il faut à chaque fois revenir de façon critique sur ce qui a déjà été interprété pour
le contextualiser au fur et à mesure de sa progression dans l’interprétation de la question.

Problématiser, cela signifie, à partir de l’interprétation des éléments de la question, mettre en


évidence une contradiction, un paradoxe, d’une façon générale une difficulté d’ordre logique
telle que la réponse à la question semble de prime abord impossible. Il s’agit donc de
transformer ce qui n’est qu’une question (c’est-à-dire une proposition interrogative qui vient
d’un manque de connaissances ou d’informations) en un problème, en une difficulté telle qu’on
ne puisse pas répondre à la question avant d’avoir résolu cette difficulté. On pourrait donc dire
que la problématisation consiste à transformer ce qui n’est qu’une question en une énigme,
c’est-à-dire une question qui semble ne pas pouvoir recevoir de réponse.
Certes la problématisation consiste à mettre en évidence une contradiction apparente ou
un paradoxe entre des idées, de sorte que ces idées ne semblent pas pouvoir être pensées
ensemble. Mais ce qui caractérise ces idées, en ce qu’elles sont proprement philosophiques,
c’est qu’elles renvoient à des dimensions de l’existence humaine, qu’elles ont donc une
dimension anthropologique. Mettre en évidence un problème philosophique ce n’est donc pas
seulement mettre en évidence une contradiction logique et tenter de la résoudre (ce qui est le
cas d’un problème mathématique), mais c’est se servir de cette contradiction logique pour
penser une contradiction anthropologique, c’est-à-dire une contradiction humaine, une
contradiction présente dans notre condition humaine. (Par exemple la contradiction qu’il peut
y avoir entre, d’une part, notre raison qui nous dicte notre devoir et, d’autre part, notre
sensibilité qui nous incline au plaisir, contradiction qui se manifeste dans l’expérience de la
tentation, expérience proprement humaine. Donc la tentation est un problème philosophique).
Nous sommes des êtres contradictoires. Faire de la philosophie c’est donc parvenir, à
partir des idées qui leur correspondent, à penser les contradictions inhérentes à la condition
humaine. Pour essayer d’y apporter des hypothèses de solution … Ainsi, lorsqu’on formule un
2
Descartes, Discours de la Méthode, IIème partie, 2ème règle : « diviser chacune des difficultés que j'examinerais,
en autant de parcelles qu'il se pourrait, et qu'il serait requis pour les mieux résoudre. »

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problème, il faut toujours se demander si c’est bien aussi un vrai problème humain. Si c’est
le cas, si au-delà de la contradiction logique on pense une réelle contradiction anthropologique,
alors c’est qu’on tient un vrai problème philosophique.

Comme dit dans l’introduction ci-dessus, la dissertation philosophique est l’exposé, la


démonstration et la tentative de résolution d’un problème afin, une fois le problème résolu, de
pouvoir répondre à la question. Donc, s’il n’y avait pas de problème, alors il ne serait pas
nécessaire de faire une dissertation… Autrement dit, la dissertation ne se justifie que s’il y a
problème. Elle est le détour par la réflexion en vue d’expliquer et de résoudre un problème afin
de pouvoir, en conclusion, répondre à la question. C’est pourquoi, dans le travail au
brouillon, il est impératif de rester sur cette première étape tant qu’on n’a pas trouvé un
problème. S’il n’y a pas de problème, il n’y a pas de dissertation de philosophie et donc,
quelques soient les autres qualités de la copie, celle-ci, a priori, ne peut pas avoir la moyenne.
C’est l’aptitude à problématiser qui constitue l’acte de l’intelligence proprement philosophique
et c’est cette intelligence qui définit le critère de discrimination entre le non philosophique (9/20
ou moins…) et le philosophique (10/20 ou plus…). C’est pourquoi tout le travail d’analyse et
d’interprétation du sujet doit se faire en vue de la problématisation, comme indiqué dans
le titre de cette 1ère étape. L’enjeu de cette 1ère étape est crucial car c’est elle qui va déterminer
tout le reste de la copie et notamment sa pertinence par rapport à la question posée. Il faut donc
attacher à cette première étape la plus haute importance. En effet, c’est en fonction du travail
qui y sera fait que la copie pourra éviter l’erreur la plus grave, celle qui fait que la note
s’effondre : le hors-sujet : on ne traite pas l’enjeu problématique de la question posée, voire on
traite d’une autre question parce qu’on a mal interprété le sujet…

Eléments de méthode pour faciliter le travail d’analyse, d’interprétation et de problématisation :

A) Les éléments types : dans un sujet de dissertation on trouve quasiment toujours les
éléments suivants :
1) Le groupe verbal : le verbe détermine la signification dominante d’une
phrase. Si on change n’importe quel mot dans une phrase, on en change en
partie le sens. Mais si on change le verbe, le sens de la phrase change
radicalement. Il est donc absolument essentiel de s’interroger sur le sens du
verbe. On peut noter trois verbes qui reviennent fréquemment dans les sujets
de dissertation du bac : pouvoir (Peut-on…) ; devoir (Doit-on…) ; falloir
(Faut-il…) Il est donc utile de bien faire la distinction entre le sens de ces
trois verbes qui peuvent conduire à des problèmes très différents.
2) Les notions outils : ce sont les notions, mots ou groupes de mots, sans
oublier les déterminants (« un » ou « une » n’est pas synonyme de « le » ou
« la », tout comme « les » n’est pas synonyme de « des » …), qui figurent
dans le sujet mais qui ne sont pas des notions au programme de
philosophie de Terminale et donc dont le champ de signification est
théoriquement moins vaste que celui des notions au programme. En d’autres
termes, ce sont des notions a priori moins complexes du point de vue de leur
signification. En revanche, ce sont très souvent précisément ces notions
outils dont l’interprétation permet de mettre en évidence l’enjeu
problématique particulier du sujet, voire de trouver une solution... Leur
interprétation est donc absolument fondamentale.

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3) Les notions thématiques : Ce sont la ou les notions au programme de


terminale et qui sont en jeu dans la question, explicitement ou implicitement
(c’est-à-dire que l’on peut rattacher à une expression présente dans le sujet :
exemple : « être heureux » renvoie à une certaine expérience du bonheur,
notion au programme). Il est très important de connaître par cœur les notions
qui sont au programme pour pouvoir rapidement identifier ces notions
thématiques ce qui permet également de choisir tel sujet plutôt que tel autre
en début d’épreuve. De plus, comme leur nom l’indique, ces notions
thématiques délimitent la thématique du sujet (De quoi est-il question ?
De la liberté ?... Du bonheur ?... De la justice ? ...), mais attention : ne
jamais réduire la dissertation à un propos général sur la ou les notions
thématiques. Ne jamais réduire une question à sa thématique ! (Sinon :
hors sujet : erreur la plus grave qui fait perdre beaucoup de point...) Attention
aussi : si vous identifiez une notion thématique implicitement véhiculée par
une expression (« le bonheur » dans l’expression « être heureux » par
exemple) ne jamais réduire la question à la notion thématique mais
toujours s’interroger sur le sens de l’expression qui véhicule
implicitement cette notion thématique car c’est cette expression qui figure
littéralement dans la question et non la notion thématique en elle-même. Si
on fait une dissertation sur le bonheur (qui est une idée, voire un idéal) alors
que c’est l’expression « être heureux » (qui est une expérience particulière
de cette idée ou de cet idéal) qui figure explicitement dans la question, on
risque le hors-sujet… Par exemple : « Peut-on être heureux ? » N’est pas la
même question que « Peut-on atteindre le bonheur ? » et donc le problème
sera en partie différent dans chacune de ces deux questions…

En résumé : Attention au hors-sujet !

B) L’ordre d’interprétation des différents éléments.


Comme principe, une règle de bon sens qu’on emprunte ici à Descartes3 :
commencer par résoudre les difficultés les plus simples, celles dont les solutions
permettent de résoudre ensuite les difficultés plus complexes… Logique !
Après avoir analysé, c’est-à-dire identifié les différents éléments de la question,
il va s’agir de les interpréter ; mais pour cela il faut le faire logiquement, c’est-à-dire en
suivant un ordre rationnel. Il est conseillé, pour aborder l’interprétation, de commencer
par suivre l’ordre de présentation des éléments types tel qu’il a été présenté ci-dessus, à
savoir :
- Premièrement le groupe verbal.
- Deuxièmement la ou les notions outils, celles dont l’interprétation
fournissent un angle d’interprétation pour aborder les notions thématiques.
- Troisièmement la ou les notions thématiques, explicites d’abord et implicites
ensuite.

Puisqu’on interprète en vue de la problématisation, ce travail d’interprétation


n’est pas séparable du travail de problématisation. C’est en interprétant que l’on
envisage les différents sens possibles des éléments présents dans la question et que l’on
peut donc, en sélectionnant les sens opportuns, découvrir une contradiction, un

3
Discours de la méthode, IIème partie, 3ème règle : « conduire par ordre mes pensées, en commençant par les
objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusques à la
connaissance des plus composés. »

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paradoxe, une difficulté logique qui constituera le problème que la dissertation devra
résoudre.

2ème étape : L’hypothèse de résolution et l’élaboration du « plan ».

Ce que l’on appelle le « plan » ce sont les différentes étapes logiques de l’argumentation qui
formule, explique, démontre le problème puis propose une hypothèse de résolution en
l’expliquant et en la démontrant également.
Une fois le problème formulé grâce au travail au brouillon de l’analyse et de l’interprétation du
sujet, il va s’agir ensuite, au brouillon, d’imaginer une hypothèse de résolution au problème
puis de mettre en forme les différentes idées et arguments en faisant un plan détaillé de la
dissertation, plan qui servira ensuite de structure et d’aide-mémoire lors de la rédaction au
propre de la copie. (Voir plus loin, 5ème étape, la rédaction au propre de la copie)

A) L’hypothèse de résolution : Si le problème est une contradiction entre deux idées vraies
mais pourtant apparemment incompatibles logiquement, une telle contradiction n’est
pas satisfaisante du point de vue de la connaissance rationnelle puisque la vérité, dans
le sens d’une connaissance conforme au réel, est supposée être unique et donc intégrant
les différentes dimensions de ce réel, fussent-elles contradictoires. Il s’agit donc, pour
résoudre le problème, d’unifier les éléments différents et potentiellement contradictoires
qui le constituent. Pourtant, il n’est pas exclu que la réalité naturelle ou humaine,
quoiqu’étant supposée être une et unifiée, possède néanmoins des dimensions
contradictoires comme nous l’avons souligné plus haut : les contradictions en l’homme
entre la raison et la sensibilité ; la contradiction entre le déterminisme culturel et la
liberté par exemple. Penser cette réalité conformément à sa vérité ne consiste donc pas
à nier ses dimensions potentiellement contradictoires mais à les unifier dans leurs
relations dynamiques (« dialectiques ») qui produisent leurs mouvements et leur
évolutions, exactement comme en sciences physiques, et plus précisément en
mécanique, le mouvement d’un corps est la résultante des différentes forces
contradictoires, la force transmise par une impulsion, la force de résistance qu’oppose
l’air par exemple, ou bien encore la « force » gravitationnelle… La connaissance de la
réalité ne consiste donc pas à supprimer les différentes dimensions contradictoires de
l’objet que l’on cherche à connaître mais à intégrer ces contradictions dans une
interprétation générale (une théorie) permettant d’unifier ces dimensions contradictoires
en une totalité cohérente à l’intérieur de laquelle les contradictions, quoique réelles,
peuvent néanmoins être pensées ensembles. L’hypothèse de solution ne consiste donc
pas nécessairement à supprimer la ou les contradictions mais à les intégrer à une
interprétation synthétique qui les englobe (les conserve et les surmonte) en les
unifiant rationnellement ce qui permet donc de penser ces contradictions comme
étant logiquement compatibles voire même complémentaires c’est-à-dire
indissociables, reliées logiquement et nécessairement les unes aux autres. Par
exemple la contradiction réelle dans la condition humaine entre la raison et la sensibilité
ne peut-elle pas être pensée comme logiquement nécessaire à la manifestation de la
liberté au sens de la faculté de choix qui permet, comme l’écrit Rousseau, « d’écouter
sa raison plutôt que de suivre ses instincts » ? En effet s’il n’y avait pas contradiction
entre ce vers quoi nous inclinent nos désirs d’une part et, d’autre part, ce que nous
prescrit notre raison, nous ne pourrions pas penser la liberté comme faculté de choix.
Ce n’est donc pas malgré la contradiction entre raison et sensibilité qu’il y a liberté,
mais c’est bien au contraire grâce à cette contradiction que s’offre à nous l’alternative
du choix. La contradiction entre la sensibilité et la raison est donc logiquement

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nécessaire à l’exercice effectif de cette liberté au sens d’un choix possible. De même
pour la contradiction entre le déterminisme culturel et la liberté, car n’est-ce pas toujours
face à une situation culturellement déterminée et que nous n’avons donc pas choisie que
nous pouvons -et même devons- nous déterminer nous-mêmes, donc faire usage de notre
liberté ? Ainsi la liberté effective -ici au sens du processus de libération- suppose le
déterminisme culturel comme sa condition de possibilité logique et concrète.
Néanmoins, et comme l’illustrent les exemples donnés ci-dessus, la formulation de
cette hypothèse de solution permettant de penser ensemble les éléments
contradictoires, suppose toujours une réinterprétation ou, tout au moins, un
approfondissement et une clarification du sens des notions essentielles en jeu dans
le problème…

En résumé, et dans l’idéal, l’hypothèse de résolution consiste donc, non pas à


supprimer la contradiction mise en évidence dans le problème, mais à conserver
cette dimension contradictoire tout en parvenant à la dépasser (la surmonter tout
en la conservant) en l’intégrant à une hypothèse d’interprétation nouvelle qui
permet d’unifier les éléments contradictoires.

B) L’élaboration de l’argumentation en vue de la formulation et de la résolution du problème :


le « plan ».
Une fois le problème et l’hypothèse de solution déterminés, il faut faire au brouillon le
« plan » de la dissertation, c’est-à-dire mettre en place, dans chacune des parties de la
dissertation, les éléments de l’argumentation qui permettent, d’une part, de donner à chaque
partie une valeur scientifique donc démonstrative et, d’autre part, de progresser de la
formulation du problème vers sa résolution, afin de s’orienter vers une hypothèse justifiée de
réponse à la question posée par le sujet.

Nous soulignerons ici deux points méthodologiques essentiels : tout d’abord ce qu’est
une argumentation et ensuite les différents types de plan possibles.

1er point : Qu’est-ce qu’une argumentation ?

Différentes stratégies argumentatives sont possibles :

- L’usage des exemples : l’exemple a une valeur illustrative mais non pas
démonstrative et il n’est donc pas vraiment un argument. Il permet de
« montrer » (et non de démontrer) une idée en lui donnant une forme
concrète et sensible, tangible, et à ce titre il a une valeur pédagogique qui ne
doit pas être négligée dans l’argumentation. Il permet au lecteur de se faire
une représentation concrète de l’idée, donc de mieux la comprendre, mais ce
n’est pas parce que l’on donne un ou plusieurs exemples que ce que l’on dit
est vrai. En effet, à tout exemple, on peut toujours trouver un contre-exemple.
En outre le même exemple peut être utilisé pour illustrer une idée ou bien
l’idée contraire en fonction de l’interprétation qu’on en fait. De plus, pour
atteindre une certitude absolue en recourant aux exemples, il faudrait donner
tous les exemples ayant existé ou pouvant exister, ce qui est impossible
puisqu’ils sont potentiellement infinis. Enfin, les meilleurs exemples, ceux
qui illustrent de façon parfaitement adéquate une idée, sont la plupart du
temps des exemples que l’on imagine afin qu’ils soient particulièrement
« exemplaires », et à ce titre ils n’ont rien de réel… Ils ne sont bien souvent

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que des fictions pédagogiques, des exemples imaginaires. Ces remarques


critiques sur l’usage des exemples ne signifient pas qu’il ne faut pas en
utiliser mais elles signifient : premièrement que l’exemple n’est pas à
proprement parler un argument. Deuxièmement que tout exemple doit
toujours être accompagné d’une explication et d’une interprétation qui lui
donnent son sens et sa valeur illustrative. Enfin, troisièmement, que l’on doit
sélectionner ces exemples pour ne conserver que ceux qui se rattachent à la
culture générale qu’est supposée avoir un élève de Terminale et donc qu’il
faut aller puiser ces exemples dans la littérature, la culture artistique,
l’histoire, la culture scientifique etc…, en évitant les exemples simplistes et
communs ainsi que les exemples liés à l’actualité trop proche4.
Attention : la thématique de certains sujets justifie néanmoins, voire requière,
plus que d’autres le recours à des exemples notamment empruntés à l’histoire :
c’est le cas des sujets portant sur la connaissance scientifique, l’art ou bien
encore la philosophie politique. Pour ces thématiques on attend tout de même du
candidat qu’il soit capable de mobiliser les connaissances qu’il a acquises dans
d’autres disciplines (histoire, sciences, culture artistique…) pour illustrer sa
réflexion en lui donnant un contenu de culture sur lequel, il faut tout de même le
rappeler, la copie est aussi évaluée.

- L’usage des références / citations. Une référence consiste à reformuler l’idée


d’un auteur en expliquant cette idée et en citant l’auteur, l’œuvre et
éventuellement la partie de l’œuvre (Par exemple : Platon, La République ;
Livre VII, pour le passage dit de « l’allégorie de la caverne ».)5 Une citation
est une référence à laquelle, en plus de l’auteur et de l’œuvre, on ajoute un
extrait du texte de cette œuvre à laquelle on se réfère. Par exemple : « Nous
disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons
jamais. », Pascal, Les Pensées (1670) ; fragment 172.6
Tout comme les exemples et pour des raisons similaires, les références et les
citations ne sont pas en elles-mêmes des arguments : d’abord on peut
toujours trouver des références ou des citations qui semblent avoir des
significations contraires. Ensuite, ce n’est pas parce qu’un auteur, aussi
classique ou célèbre soit-il, a dit ou écrit une idée que cette idée est vraie.
Enfin le sens d’une référence ou d’une citation dépend de l’interprétation
qu’on en fait. Ainsi les références ou citations seules ne donnent pas, par
elles-mêmes, au propos une véritable valeur argumentative. Comme pour les
exemples, et là encore pour des raisons similaires, cela ne signifie bien
entendu pas qu’il ne faudrait pas y avoir recours dans sa copie, mais cela
signifie : premièrement que toute référence ou citation doit toujours être
accompagnée d’une explication et d’une justification qui en dégage les sens
et l’intègre dans la démarche argumentative qui est à l’œuvre, donc qui en
démontre la cohérence logique (voir ci-dessous la démonstration, seul
véritable procédé argumentatif). Deuxièmement que les références et les
citations, dès lors qu’elles sont expliquées et justifiées, constituent des points
d’appui de la pensée qui doit donc s’aider d’elles pour développer sa propre
réflexion et non pas se contenter de répéter des formules toutes faites et
prétendument indépassables. Enfin, troisièmement, que la copie est aussi
4
Se souvenir de la formule de Kant : « Les exemples sont les béquilles de la pensée. » …
5
Seuls éléments de la copie dans ce cas, le titre des œuvres doit être souligné.
6
Seuls éléments de la copie dans ce cas, la citation d’un auteur doit être mise entre guillemets.

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évaluée, dans le cadre de l’examen scolaire du baccalauréat, en fonction de


l’usage qu’elle est capable de faire de la culture acquise notamment pendant
l’année de philosophie de Terminale. L’aptitude à mobiliser cette culture
philosophique pour, à partir d’elle, être capable de développer une pensée
cohérente et autonome est donc aussi, bien évidemment, un élément
d’évaluation de la copie.

- La démonstration : Si les exemples et les citations/références ne prennent


une véritable valeur argumentative que s’ils sont expliqués et démontrés, cela
revient à dire que la seule véritable stratégie argumentative légitime est
la démonstration. C’est en effet la démonstration qui donne au propos sa
valeur scientifique et donc philosophique (à condition qu’elle soit bien
évidemment associée à la problématisation et à la résolution du problème).
L’évaluation de la valeur philosophique d’une pensée se fait donc en grande
partie en fonction de sa valeur démonstrative. C’est pourquoi il est
fondamental de comprendre ce qu’est une démonstration.
Démontrer, littéralement, c’est « montrer » à partir « de » (« dé-montrer »).
C’est donc déduire logiquement une proposition d’une ou de plusieurs
proposition(s) préalable(s), comme on peut le faire par exemple dans une
démonstration mathématique. Or, une proposition à démontrer possède
nécessairement différents éléments qui la constituent, en l’occurrence
différents mots. Pour démontrer cette proposition il est donc logiquement
nécessaire d’être capable de déduire logiquement cette proposition de la
définition des différents éléments (mots) qui la constituent. Si je veux
démontrer, par exemple, que le sentiment de liberté peut être une illusion, il
faut que je définisse les mots de « sentiment », de « liberté » et
d’ « illusion ». Sans ce travail de définition, aucune démonstration n’est
possible et donc pour démontrer il faut définir. Cette exigence
méthodologique de la définition du sens des termes que l’on utilise afin de
démontrer les propositions que l’on avance n’est pas propre à la philosophie
mais se retrouve dans toutes les disciplines ayant une exigence de
scientificité, c’est à dire de vérité. En revanche la réflexion philosophique
sur cette stratégie de la démonstration accède à la conscience que toute
définition n’est en réalité toujours qu’une interprétation et, qu’à ce titre, elle
est potentiellement discutable, donc devrait, en toute logique, être elle-même
démontrée. Dans la plupart des autres sciences, ces définitions qui servent de
point de départ à la démonstration, ne sont pas -ou rarement- discutées ni
interrogées de façon critique et, sont donc des postulats, c’est-à-dire des
présupposés explicites ou implicites mais non justifiés. En philosophie, nos
définitions sont au contraire toujours pensées comme des interprétations,
donc comme des hypothèses de définitions qui devraient donc,
conformément à la logique et à l’exigence de la démonstration, être à leur
tour démontrées. Or, si chaque définition suppose elle-même d’être à son
tour démontrée, et pour être démontrée, si elle suppose à son tour de
nouvelles définitions devant également être démontrées, l’exigence
méthodologique de la démonstration se trouve donc inévitablement conduite
à une régression à l’infini dans la recherche d’une définition première, d’où
toutes les autres définitions et propositions pourraient être déduites. Mais une
telle définition première n’existe pas, si ce n’est sous la forme d’un postulat,
d’un dogme ou d’un article de foi. S’il n’y a donc pas de définition première,

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il n’y a par conséquent pas non plus de démonstration parfaite et toute


proposition reste en réalité toujours fondée sur certains postulats ou
présupposés non démontrés. Un fois encore, cela n’est pas seulement vrai du
discours philosophique mais de tout discours scientifique. Cette
impossibilité logique d’une démonstration absolue qui serait indiscutable et
définitive ne remet néanmoins pas en question l’exigence de la
démonstration de nos propositions par la clarification (ou l’interprétation) du
sens des mots que nous utilisons, et ce que l’on évalue lorsque l’on évalue la
valeur démonstrative d’une copie, c’est l’effort d’approfondissement de cette
exigence de démonstration des affirmations. Plus loin aura été poussé cet
effort de démonstration et donc de définition (ou d’interprétation) des
notions essentielles, plus satisfaisante sera la valeur démonstrative -et donc
scientifique- de la copie. Dans le cadre d’une épreuve de philosophie de
Terminale, il est au minimum exigible qu’un premier degré de clarification
du sens des notions essentielles soit atteint c’est-à-dire qu’il n’est pas
acceptable par exemple qu’un des termes du sujet de dissertation,
groupe verbal, notion outil ou notion thématique, n’ait pas fait l’objet,
au moins une fois dans la copie, d’un travail de définition, donc de
formulation d’une hypothèse d’interprétation du sens dans lequel la copie
l’utilise. Une fois encore, plus ce travail de clarification du sens des notions
utilisées dans l’argumentation aura été approfondi, plus la valeur
démonstrative -donc argumentative- de la copie sera élevée. Et comme on
n’en a jamais fini avec ce travail de clarification et de démonstration, il faut,
en utilisant tout le temps imparti pour l’épreuve (c’est-à-dire 4 heures),
pousser ce travail le plus loin possible.
En résumé : seule la démonstration (d’un exemple, d’une citation ou
d’une proposition) donne à la copie une valeur argumentative et pour
démontrer, donc argumenter, il faut définir, c’est-à-dire interpréter.

2ème point : Quels sont les différents types de plans possibles ?

On peut très grossièrement distinguer deux types de plan possibles, mais ces deux types
peuvent être associés l’un à l’autre et produire une quasi-infinité de plans réels7.

Le premier type de plan correspond à la structure formelle général de la dissertation telle


qu’elle a été définie dans l’introduction de ces conseils méthodologiques. Nous ne reviendrons
donc pas ici sur son explication mais nous nous contentons simplement de la rappeler et de
renvoyer aux explications données dans l’introduction générale.

1er type de plan :

Introduction :
- Analyse et interprétation de la question
- Formulation du problème
- Formulation de façon interrogative de l’hypothèse de solution.

7
Par ailleurs on pourrait présenter d’autres types de plan possibles. On se contente ici de deux types à titre
d’illustration de la mise en œuvre de la structure logique de la dissertation de philosophie : Problématisation et
hypothèse de solution.

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Philosophie Méthodologie Dissertation M. Bourgeois

Ière partie : première idée : A


- Argumentation (c’est-à-dire démonstration à partir de l’interprétation des
notions en jeu dans la question)

IIème partie : deuxième idée : E


- Argumentation (c’est-à-dire démonstration à partir de l’interprétation des
notions en jeu la question))
- Mais problème car, apparemment, A><E (A incompatible avec E, d’où
problème)

IIIème partie : X = (A+E)


- Formulation d’une hypothèse de solution : X.
- Argumentation (c’est-à-dire démonstration) à partir d’un autre point de vue
conceptuel (une redéfinition, clarification, nuance apportée à l’une ou à
plusieurs des notions en jeu dans le problème) permettant de justifier la
compatibilité possible entre les deux idées préalablement formulées.

Conclusion :
- Rappel du problème
- Rappel de l’hypothèse de solution.
- Réponse la plus précise possible à la question posée par le sujet.

Remarque : L’hypothèse de solution proposée en troisième partie est bien sûr susceptible a
priori d’être problématisée à son tour. Il est donc tout à fait possible que ce type de plan
débouche sur une quatrième partie, puis une cinquième et ainsi de suite …

Deuxième type de plan : Il s’agit ici d’intégrer l’exigence de problématisation dans chacune
des parties de la dissertation en déclinant le problème selon différentes perspectives
d’interprétation. On n’a pourtant pas à faire à différents problèmes mais à différents niveaux
d’interprétation d’un même problème, différents niveaux de problématisation. A chacun de
ces différents niveaux, le problème est abordé en fonction d’une perspective particulière qui lui
donne également une dimension problématique propre (ce qui justifie la distinction entre les
différents niveaux) et qui exige aussi une hypothèse de solution singulière à chacun de ces
niveaux. Par exemple sur l’usage problématique de la violence ou de la contrainte en vue de la
libération de l’esprit du préjugé8, puisque cette contrainte semble s’opposer à la liberté de celui
sur lequel elle est supposée néanmoins être libératrice, on pourrait distinguer trois niveaux de
problématisation et de résolution : 1er) Le niveau épistémologique (permettant l’apparition du
désir de connaissance par la contrainte paradoxale faite au corps et notamment à l’habitude) ;
2ème) Le niveau pédagogique (théorie de l’éducation et libération de l’enfant par la contrainte
paradoxale de la discipline) ; 3ème) Le niveau politique (la libération du peuple par la contrainte
paradoxale de la loi civile.)
Attention : Ce type de plan exige d’une part qu’on établisse un ordre logique entre les
différentes parties en partant de celle dont la solution permet d’aller à la suivante, et ainsi de
suite afin qu’il y ait dans la copie une progression logique du simple au complexe ou de
l’élémentaire au complémentaire. Ensuite il faut bien prendre garde à conserver à la copie le
même fil conducteur problématique c’est-à-dire le même problème et si, d’une partie à une
autre, le niveau d’interprétation de ce problème change, il doit bien néanmoins toujours s’agir
8
Voir par exemple le cours fait en classe et l’explication donnée du texte de Platon, République, Livre VII («
L’allégorie de la caverne »).

11
Philosophie Méthodologie Dissertation M. Bourgeois

d’un seul et même problème quoiqu’interprété dans des perspectives différentes. Enfin, il ne
faut pas perdre de vue qu’au terme de la copie, et donc plus particulièrement dans la conclusion,
il est nécessaire de faire un bilan synthétique des trois parties, de dégager une hypothèse de
solution générale au problème abordé et donc d’apporter à la question posée par le sujet une
réponse la plus claire et la plus précise possible.

Structure formelle de ce 2ème type de plan :

Introduction :
- Analyse et interprétation de la question
- Formulation du problème et annonce des différents niveaux de son analyse.
- Formulation de façon interrogative de l’hypothèse de solution générale.

Ière partie : premier niveau de problématisation : A


- Argumentation de A (c’est-à-dire démonstration à partir de l’interprétation
des notions en jeu dans la question)
- Problématisation niveau A avec justification (c’est-à-dire démonstration)
- Hypothèse de solution niveau A avec justification (c’est-à-dire
démonstration)

IIème partie : deuxième niveau de problématisation : B


- Argumentation de B (c’est-à-dire démonstration à partir de l’interprétation
des notions en jeu la question)
- Problématisation niveau B avec justification (c’est-à-dire démonstration)
- Hypothèse de solution niveau B avec justification (c’est-à-dire
démonstration)

IIIème partie : troisième niveau de problématisation : C


- Argumentation de C (c’est-à-dire démonstration à partir de l’interprétation
des notions en jeu la question)
- Problématisation niveau C avec justification (c’est-à-dire démonstration)
- Hypothèse de solution niveau C avec justification (c’est-à-dire
démonstration).
-
Conclusion :
- Rappel du problème et de ces différents niveaux d’interprétation.
- Rappel des hypothèses de solution par niveaux de problématisation et
formulation synthétique de l’hypothèse de solution générale.
- Réponse la plus précise possible à la question posée par le sujet.

Remarque : le nombre de ces différents niveaux d’interprétation et de problématisation peut


varier. Il peut y en avoir trois, quatre, cinq etc… Et donc ce plan peut avoir plus que trois parties.
En revanche, il ne peut pas n’en avoir qu’une seule car alors cela impliquerait qu’il aurait fallu
opter pour le 1er type de plan. Enfin si ce deuxième type de plan ne possède que deux parties,
ce qui est logiquement possible et donc acceptable, il est néanmoins conseillé d’essayer, dans
une troisième partie, de problématiser à nouveau l’hypothèse de solution proposée au terme des
deux premières parties et donc d’essayer d’ajouter une troisième partie conforme à la structure
logique des deux dernières parties du plan du 1er type. (En une seule dernière partie, problème
et hypothèse de solution.).

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Philosophie Méthodologie Dissertation M. Bourgeois

En résumé : Quelle que soit la nature du problème, de l’hypothèse de solution et du plan


retenu, il est nécessaire : 1er) de faire un plan en trois parties ; 2ème d’avoir un seul et même
fil conducteur problématique dans sa copie ; 3ème que la réflexion progresse logiquement
au cours de chacune des parties afin d’aller vers une hypothèse de solution ; 4ème) que
l’hypothèse de solution envisagée permette de proposer finalement une réponse justifiée
à la question posée par le sujet de dissertation.

3ème étape : la rédaction au brouillon de la conclusion

Remarque générale concernant la rédaction de l’introduction et de la conclusion au


brouillon : Puisqu’on sait mieux comment commencer une dissertation une fois que l’on sait
comment on va la conclure, on peut considérer qu’il est préférable de rédiger au brouillon sa
conclusion avant de rédiger son introduction. De plus, dans le déroulement chronologique du
travail au brouillon, après le plan et donc les arguments de la troisième partie qui propose une
hypothèse de solution au problème, il est plus logique d’enchainer directement sur la rédaction
de la conclusion au brouillon, puisqu’elle suivra la troisième partie dans la copie, pour ensuite
seulement revenir à la rédaction au brouillon de l’introduction. Cela évite de perdre du temps à
revenir en arrière pour se remettre dans la disposition d’esprit de l’introduction pour ensuite
retourner aux idées qui correspondent à la conclusion. Cet aller-retour peut générer une
confusion dans les idées et donc dans la rédaction de l’introduction et de la conclusion et, par
ailleurs, il fait aussi perdre un temps précieux. Pour toutes ces raisons, une fois que le plan au
brouillon est terminé, il semble à la fois logique, plus efficace et plus rapide d’enchainer
directement par la rédaction au brouillon de la conclusion avant de revenir à la rédaction au
brouillon de l’introduction puis de passer à la rédaction au propre de la copie.
D’autre part, la conclusion et l’introduction étant les deux parties qui encadrent la
dissertation, il est très important d’attacher à leur rédaction une attention particulière. Leur
lecture va en effet déterminer en partie l’évaluation du correcteur qui découvre la copie avec
l’introduction (elle lui donne donc une première impression…) et qui la quitte avec la
conclusion (le correcteur la lit donc juste avant de mettre la note…). La qualité de l’introduction
et de la conclusion peut donc avoir une influence significative sur la notation de la copie et c’est
pourquoi il faut, contrairement au développement, les rédiger d’abord au brouillon avant de les
recopier au propre, en prenant garde d’éviter les fautes d’orthographe, en soignant la clarté des
phrases et en mettant en œuvre les exigences méthodologiques propres à chacune d’elles. Une
fois rédigées au brouillon, il faut donc prendre le temps de relire attentivement sa conclusion et
son introduction avant de les recopier au propre pour en rectifier éventuellement le contenu et
la formulation.

En ce qui concerne la conclusion : trois exigences méthodologiques doivent y être


mises en œuvre :
1°) Le rappel du problème annoncé en introduction et expliqué et justifié par le
développement.
2°) Le rappel de l’hypothèse de solution expliquée et justifiée par exemple dans la
troisième partie (si plan de type 1)
3°) Une réponse la plus précise possible à la question posée par le sujet, avec
éventuellement une nuance (type : « Oui ou non, mais … » ; ou bien « Oui ou non si… »)

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Ce qu’il faut faire :


Alors que l’introduction peut et même doit être relativement longue (voir ci-dessous,
4ème étape), la conclusion doit être brève et claire, en un mot : concise. Elle doit correspondre à
un tiers environ de la longueur de l’introduction. Les trois exigences méthodologiques ne
donnent pas nécessairement lieu à trois paragraphes distincts mais peuvent être mises en œuvre
sous la forme d’un seul et même paragraphe. La conclusion n’est qu’un rappel de l’essentiel du
développement. Aucune idée nouvelle ne doit donc y figurer ; l’élément crucial est la
réponse la plus précise possible à la question du sujet. A ce titre et avant de commencer à
rédiger la conclusion, relire attentivement le sujet de dissertation qui, au cours du travail de
préparation au brouillon, a pu être un peu perdu de vue dans sa formulation exacte. La réponse
à cette question peut en effet avoir à reprendre la formulation précise de la question afin d’y
répondre précisément. La question du sujet peut appeler une réponse par oui ou par non, ou
bien porter sur certaines conditions (exemple : « A quelles conditions peut-on dire que … ? »),
et cette réponse peut nécessiter le rappel d’une définition claire d’une ou de plusieurs notion(s)
(Exemple : Dans quel sens peut-on dire que … ?). Dans tous les cas il s’agit de respecter la
formulation de la question posée par le sujet dans la réponse que l’on y apporte. Au terme
de la conclusion, une fois que la réponse a été apportée, inutile d’ajouter quoique ce soit (pas
« d’ouverture » du sujet). Eventuellement, comme pour la conclusion de l’explication de texte,
il est possible d’indiquer très brièvement l’enjeu que le problème abordé par la dissertation a
pu avoir dans l’histoire des idées, mais cela doit n’être fait que si cette dimension a été abordée
dans le développement et donc que si le sujet posé se prête à cette mise en perspective
historique. Dans les autres cas, la conclusion se termine simplement par la réponse donnée à la
question posée par le sujet.
Ce qu’il ne faut pas faire :
Ne jamais formuler en conclusion une réponse de type relativiste (« ça dépend des cas,
peut-être que oui, peut-être que non … ») et ne jamais apporter une réponse qui ne serait que la
manifestation d’une opinion personnelle (« Personnellement, je pense que » … ; « A mon avis »
… etc.). Le pire étant évidemment d’associer ces deux défauts ce qui est malheureusement
souvent le cas puisqu’ils s’impliquent l’un l’autre : l’échec relativiste implique l’arbitraire
subjectiviste...
Ne jamais non plus finir sa conclusion par une question. Soit elle est pertinente par
rapport au sujet et elle aurait donc dû être abordée plus tôt. C’est donc un aveu d’imperfection
voire d’échec si on ne l’aborde qu’en conclusion, et il n’est pas nécessaire de le rappeler au
correcteur… Soit cette question n’a pas de lien direct avec le sujet et donc est hors sujet.
Enfin, ne jamais finir sa conclusion par une prétendue « ouverture du sujet ». D’abord,
puisque, notamment en philosophie, tout est toujours lié à tout, il est donc toujours possible de
relier tout à n’importe quoi et par conséquent cette pseudo « ouverture du sujet », étant toujours
possible, ne manifeste aucune qualité intellectuelle particulière. Elle est donc inutile. Pire
encore, elle est nuisible car, au pire des moments, c’est-à-dire à la fin de la lecture de la copie,
elle introduit la confusion et donc le doute dans l’esprit du correcteur sur la compréhension
précise du sujet par le candidat : si la copie se met finalement à parler de tout autre chose que
de ce dont il était question, peut-être est-ce parce que le sujet n’a pas bien été compris ?...

En résumé : En conclusion, on rappelle les éléments essentiels de la dissertation


(problème et hypothèse de solution) et on répond le plus précisément possible à la question
posée par le sujet.

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Philosophie Méthodologie Dissertation M. Bourgeois

4ème étape : la rédaction au brouillon de l’introduction

Rappel : voir remarques générales sur la rédaction de la conclusion et de l’introduction ci-


dessus (étape 3).

Compte tenu des exigences qui doivent y être mises en œuvre, l’introduction peut et
même doit être relativement longue et détaillée. Elle ne doit néanmoins pas dépasser environ le
triple de la longueur de la conclusion ni le tiers de la longueur de chacune des parties du
développement. Il ne s’agit pas ici de donner un nombre de lignes impératif mais de donner une
indication approximative de la longueur de chaque partie de la dissertation les unes par rapport
aux autres (l’introduction, les trois (ou plus) parties du développement et la conclusion). La
longueur de chacune de ces parties dépend en effet de la longueur totale de la copie et
l’introduction d’une copie qui fait deux feuilles doubles ne sera pas nécessairement de la même
la longueur que l’introduction d’une copie qui fait à peine une feuille double… Il s’agit donc
d’équilibrer, de proportionner la longueur de chacune de ces différentes parties de façon à ce
qu’il y ait cohérence entre la longueur de l’introduction (environ 1/3 de la longueur de chaque
partie du développement), celle de chaque partie du développement et celle de la conclusion
(environ 1/3 de la longue de l’introduction).

En ce qui concerne l’introduction, trois exigences méthodologiques doivent y être mises


en œuvre. Mais attention, contrairement à la conclusion, chacune de ces exigences ne donne
pas nécessairement lieu à un paragraphe distinct car l’une de ces exigences, la première
(analyse et interprétation des termes du sujet et donc du sens de la question), peut et même doit
être abordée dans chacun des paragraphes de l’introduction puisque ce sont les différents sens
possibles des termes de la question qui justifient à la fois le problème posé et la solution
proposée.

Ces exigences méthodologiques sont (si on prend un plan de type 1) :

1°) L’analyse du sujet et les hypothèses d’interprétation des éléments qui le


constituent.
2°) La formulation d’un problème et sa justification minimale par une clarification
elle aussi minimale du sens des notions qu’il mobilise et qu’il faudra expliciter en détail
dans le développement.
3°) La formulation de façon interrogative, donc sous la forme d’une question, de
l’hypothèse de solution au problème qui sera envisagée, par exemple, dans la 3ème partie
de la dissertation.

On voit donc que le style et l’esprit de l’introduction est le questionnement,


l’interrogation. C’est le temps de l’hypothèse : les hypothèses d’interprétation des notions en
jeu dans la question ; la formulation d’un problème qui dans sa formulation paradoxale voire
contradictoire pose question ; et enfin l’hypothèse de solution à ce problème, formulée de façon
interrogative. Contrairement à la conclusion qui doit avoir atteint la possibilité de répondre à la
question du sujet, la tonalité générale de l’introduction est celle de l’interrogation, du
questionnement, de la conjecture et cette tonalité doit se retrouver autant dans la forme
(formulation conditionnelle de type : « si… alors… ; formulations interrogatives, c’est-à-dire
questions) que dans le fond, c’est à dire dans les idées abordées.
Pour autant il ne s’agit pas de croire que l’introduction pourrait se satisfaire d’un
questionnement vague et confus, plus ou moins en rapport avec la thématique du sujet, ni d’une

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Philosophie Méthodologie Dissertation M. Bourgeois

simple juxtaposition de questions dont le sens n’aurait fait l’objet d’aucune clarification ni
justification. Chaque questionnement ou hypothèse doit au contraire être à la fois claire, c’est-
à-dire pouvoir s’appuyer sur des hypothèses précises d’interprétation des termes du sujet, et
justifiées -au moins un minimum- en s’appuyant sur ces hypothèses d’interprétation et dans
l’attente de leur(s) confirmation(s) par les développements plus exhaustifs et plus systématiques
des différentes parties de la copie.

Ce qu’il faut faire :


Pour un plan de type 1 par exemple, l’introduction doit avoir trois paragraphes :

Un premier paragraphe dans lequel, à partir d’une première hypothèse d’interprétation


de certains éléments de la question, une première idée est annoncée de façon conditionnée à
cette interprétation. Par exemple : Si on définit telle(s) notion(s) de telle façon, alors telle idée
(celle qui sera développée dans la première partie) semble pouvoir être logiquement soutenue.
Un deuxième paragraphe dans lequel, à partir d’une autre hypothèse d’interprétation de
certains éléments du sujet, une seconde idée est annoncée de façon conditionnée à cette
interprétation (ex : « Mais, d’un autre côté, si on définit … alors … »). Or cette deuxième idée
doit apparemment entrer en contradiction avec la première ce qui constitue, dans ce deuxième
paragraphe, la formulation de l’hypothèse de problématisation ainsi que l’annonce de sa
justification.
Un troisième paragraphe qui formule une interrogation correspondant à l’hypothèse de
solution qui sera développée dans la troisième partie. Cette hypothèse de solution doit être un
minimum expliquée à partir d’hypothèse(s) de réinterprétation(s) d’une ou de plusieurs
notion(s) préalablement abordée(s), voire à partir de l’interprétation d’un élément de la question
qui n’avait pas été jusqu’à présent précisément analysé ni interprété.

Dans la mesure où chacun de ces trois paragraphes correspond à une partie du


développement (1er paragraphe = 1ère partie ; 2ème paragraphe = 2ème partie ; 3ème paragraphe =
3ème partie), ces trois paragraphes peuvent être considérés comme remplissant par eux-mêmes
la fonction de « l’annonce du plan » souvent lourde, maladroite, simple mécanique scolaire dont
on attend qu’un élève de terminale soit un peu capable de s’affranchir… Il n’est donc pas
nécessaire, si chacun de ces trois paragraphes est correctement réalisé et rédigé, d’ajouter une
annonce de plan de type : « Dans une première partie nous verrons que … Puis dans une
deuxième partie nous développerons l’idée selon laquelle … » etc. Ces formules scolaires
machinales et souvent vides de sens sont même, de préférence, à éviter afin de donner un peu
plus de légèreté et d’originalité au style de l’introduction.

En résumé l’introduction possède trois paragraphes qui annoncent, en les justifiant


un minimum, les hypothèses d’interprétation(s) qui seront développées dans la copie,
notamment en ce qui concerne la nature du problème et celle de l’hypothèse de solution.
Au terme de l’introduction le lecteur doit donc avoir clairement compris quel sera le
problème qui sera traité dans la copie et vers quelle hypothèse de solution on va s’orienter,
même si, une fois encore, ces annonces doivent être faites de façon interrogative, c’est-à-
dire comme des hypothèses de travail à explorer et non pas comme des vérités.

Ce qu’il ne faut pas faire :


Bannir absolument les formules dites « passe-partout » c’est-à-dire les groupes de mots,
expressions ou parties de phrases que l’on pourrait utiliser dans n’importe quelle autre
introduction concernant un sujet différent. (Par exemple : « Depuis toujours les hommes se sont
interrogés sur … le bonheur, la liberté, la justice, etc…, ou bien « Ce sont à ces questions que

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nous nous attacherons dans la suite de ce développement … » Ou bien encore : « Ce sont à ces
questions –et à bien d’autres encore- que nous tenterons de répondre … »)
Ne jamais commencer son introduction par un propos général concernant la ou les
notions thématiques présentes dans le sujet.
Ne jamais commencer son introduction par un vague préambule d’ordre historique par
exemple et qui aurait soi-disant pour objectif d’introduire la question. Un tel préambule n’étant
pas philosophique n’a pas d’intérêt. Il vaut mieux directement être dans le propos philosophique
en commençant directement son introduction par la formulation d’une première hypothèse
d’interprétation de la question qui va déboucher sur la première idée et donc la première partie
de la dissertation, en écrivant par exemple, dès la première phrase de l’introduction : « Si on
interprète le terme de …, alors ne doit-on pas penser que … » etc…
Evitez d’avoir recours à des connaissances du type des citations ou références dans
l’introduction car cet usage exige toujours, comme nous l’avons dit plus haut (les différentes
stratégies argumentatives ; 2ème étape) une explication et une justification des citations ou
références utilisées, ce qui, faute de place, n’est pas possible dans l’introduction et ce qui n’est
pas son objectif méthodologique. Si l’on a des connaissances sur la thématique du sujet
(exemples, citations, références…) alors il est préférable de les garder pour les aborder dans le
développement où l’on aura le temps et la place de leur accorder l’analyse, l’explication et la
justification qu’ils exigent.
En résumé : L’introduction possède déjà en elle-même suffisamment d’exigences
méthodologiques à mettre en œuvre pour ne pas la rallonger excessivement et inutilement
par des remarques vagues et générales, des fioritures superflues, des phrases tout faites et
« passe-partout » ou des références condamnées ici à rester allusives et donc sans intérêt
philosophique.

5ème étape : la rédaction au propre et la relecture attentive de la copie.

Remarque concernant la gestion du temps : Sur la durée globale de l’épreuve (4 heures), il est
conseillé de consacrer environ les deux premières heures au travail au brouillon pour
réserver les deux dernières heures à la rédaction au propre et à la relecture attentive de
la copie. Il faut donc avoir une montre avec soi (pas de téléphone portable) pour, au cours de
l’épreuve, gérer son temps afin de bien avoir terminé au bout des quatre heures, mais aussi pour
ne pas avoir terminé ½ heure ou une heure avant la fin de l’épreuve. La durée de l’épreuve est
un critère d’évaluation : on évalue la copie en postulant que le candidat a exploité la totalité
du temps qui lui était accordé. Ne pas utiliser ces quatre heures en totalité, c’est donc se mettre
soi-même dans une situation de handicap au regard des autres candidats qui auront, eux, utilisés
ces quatre heures… Quel que soit le temps que le candidat utilise, la copie sera évaluée
comme si elle avait été faite en quatre heures…
Le travail de rédaction au propre commence par le recopiage du sujet de
dissertation qui a été choisi, puis par le recopiage de l’introduction qui a été rédigée
préalablement au brouillon.
Ensuite, avec le plan au brouillon sous les yeux, il s’agit de rédiger directement au
propre sa copie en suivant un principe, la lisibilité de la copie, principe qui justifie les trois
conséquences suivantes :

1°) la lisibilité graphique de la copie, c’est-à-dire la lisibilité de l’écriture : il faut


soigner le dessin des lettres et de la ponctuation afin de rendre son écriture facile voire agréable
à lire et donc faire un effort tout particulier pour ne pas écrire avec la même écriture que celle
que l’on utilise par exemple pour prendre des notes en classe, lorsque l’on écrit pour soi-même.
Lorsqu’on écrit une copie, on écrit pour être lu par quelqu’un d’autre qui n’est pas habitué

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à notre écriture, qui la découvre pour la première fois et qui ne la reverra sans doute jamais. De
plus, comme l’articulation à l’oral permet de bien se faire comprendre par notre interlocuteur,
le soin apporté à la lisibilité de l’écriture est la seule façon d’être sûr de bien se faire
comprendre à l’écrit. On ne peut pas valoriser les éléments illisibles d’une copie… Parce
qu’on ne peut pas les comprendre. Enfin, c’est aussi une marque de respect à l’égard du travail
de lecture du correcteur que de prendre soin de la lisibilité de son écriture et, dans le cas
contraire, s’il est nécessaire de relire trois ou quatre fois la même ligne pour arriver à déchiffrer
ce qui est écrit, le correcteur risque bien de se contenter de lire la copie en diagonale ce qui se
comprend : Pourquoi devrait-il faire l’effort de déchiffrer une écriture illisible alors que le
candidat n’a pas, de son côté, fait l’effort pour écrire correctement ?
2°) La lisibilité orthographique de la copie : respecter les règles de l’orthographe et
de la grammaire n’est pas un simple détail purement conventionnel mais une condition de
possibilité de la construction du sens de la phrase. Si on n’écrit pas le mot conformément à son
orthographe et si on n’accorde pas les mots entre eux, alors c’est le sens même de la phrase qui
devient incompréhensible… Il faut donc éviter à tout prix les fautes d’orthographe, de
grammaire et de syntaxe tout simplement pour rendre le sens de son propos compréhensible.
3°) La visibilité formelle de la copie : il s’agit de faire apparaître clairement les
différentes parties de la copie et, à l’intérieur de chaque partie les différents moments
argumentatifs (paragraphes) en appliquant quelques règles simples qui permettent au correcteur
de voir la structure formelle de la copie en jetant un premier coup d’œil sur celle-ci avant même
de commencer à lire le texte en lui-même. Voici quelles sont ces quelques règles :
- A chaque paragraphe (changement d’idée) on va à la ligne et on laisse un
alinéa (deux ou trois carreaux) au début de la ligne suivante. On ne saute pas
de lignes entre les différents paragraphes.
- Entre l’introduction et le début du développement (Ière partie), on saute deux
lignes.
- A l’intérieur de chaque partie on ménage des paragraphes (au moins deux ou
trois) pour distinguer les différentes idées et aérer la présentation.
- Entre chaque partie du développement on saute une ligne.
- Entre la dernière partie du développement et la conclusion on saute deux
lignes.

En aucun cas il ne faut signer sa copie ni lui associer quelque signe qui permettrait d’en
identifier son auteur ce qui contreviendrait au principe de l’anonymat de l’épreuve et de
l’évaluation.

A la fin de l’épreuve il faut se réserver au moins 15 minutes pour une relecture


attentive de la copie, non pas en se demandant si on a fait des fautes mais en se demandant
où on a fait des fautes, car il y en a nécessairement. La relecture de la copie est un véritable
travail qui doit être fait stylo en main et avec la plus grande concentration. Elle permet de
corriger les fautes, au moins les plus grossières, mais aussi de réécrire certaines phrases qui
n’ont peut-être pas été formulées très clairement lors de la rédaction au propre. Ce travail, s’il
est fait avec l’attention nécessaire, peut avoir une influence non négligeable sur la note finale.

Même si on est fatigué au terme de cette épreuve et même s’il est difficile
psychologiquement de se confronter à la réalité de la valeur de sa copie, il faut faire ce dernier
effort.
Il est en effet préférable de rectifier des erreurs, quitte à perdre quelques illusions sur la
valeur de sa dissertation plutôt de rendre sa copie très content de soi et d’être ensuite
cruellement désillusionné au moment des résultats…

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