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Méthode de la dissertation

Objectif de l’épreuve

L’objectif de l’épreuve de philosophie au baccalauréat est d’évaluer si le candidat est capable


de :
- poser un problème lié à une ou plusieurs notions du programme
- mobiliser une culture philosophique (ce qui ne signifie pas réciter son cours, mais de
le mettre au service de votre réflexion)
- construire une réflexion (la structure de la dissertation est très importante, car elle
doit permettre à votre réflexion de progresser vers la résolution du problème)
- procéder avec méthode pour conduire un raisonnement de manière rigoureuse (ce qui
suppose de soigner l’argumentation).

Les écueils
- le hors-sujet
- prendre la dissertation pour une occasion de réciter son cours, sacrifier la réflexion à une
simple restitution de connaissances

Au brouillon

1° CLARIFIER le sens des termes et de la question, en étant attentif à la polysémie des


termes (c’est-à-dire au fait qu’ils sont parfois plusieurs sens). Il ne faut garder que les sens
pertinents.
Attention : ne pas « saucissonner » le sujet en considérant les termes abstraitement,
indépendamment les uns des autres. Il ne faut jamais perdre de vue le sujet dans sa globalité.

Ex : dans le sujet « Doit-on toujours dire la vérité ? », la vérité nous intéresse non pas en tant
qu’elle est le contraire de l’erreur (fausse piste car ce sujet ne porte pas sur « La raison et le
réel »), mais en tant qu’elle est le contraire du mensonge. Ici l’expression clé à analyser n’est pas
« la vérité » mais « dire la vérité ».

2° PROBLEMATISER, c’est-à-dire montrer que la question posée recouvre un


véritable problème philosophique.
Attention : le problème n’est pas le sujet lui-même (qui sera toujours formulé sous la forme d’une
question). En effet, alors qu’une question appelle une simple réponse, un problème appelle une
discussion, parce que la réponse ne va pas de soi.
Problématiser le sujet = montrer en quoi la question qu’il pose ne peut être évacuée
simplement, mais appelle différentes réponses (il faut en dégager au moins deux), qui ont
chacune leur bien-fondé, mais qui sont incompatibles entre elles.

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 Qu’est-ce qu’un problème ? C’est la conjonction de deux affirmations séparément
nécessaires et mutuellement incompatibles.

 Comment dégager un problème ?

1) Formuler la réponse la plus évidente, la plus naïve à la question posée. Cette réponse doit
aussi être la plus contestable, la moins convaincante, car c’est celle que vous allez devoir
critiquer et dépasser.
NB/ Cette réponse vous fournit la thèse que vous défendrez dans le I.
2) Chercher les limites et insuffisances de cette première réponse en lui adressant des
objections : pourquoi ne peut-on pas en rester à cette 1ère réponse, quel(s) problème(s)
pose-t-elle ?
NB/ Cette étape vous fournit la transition entre le I et le II.
3) Chercher une réponse alternative qui intègre les éventuels acquis de la 1 ère et en corrige
les insuffisances.
NB/ Cette réponse vous fournit la thèse que vous défendrez dans le II.

3° REPERER LES ENJEUX du sujet


Un sujet n’est jamais une question neutre : il faut réfléchir aux raisons pour lesquelles il a été
posé, au sens qu’il y a à se poser une telle question, aux enjeux profonds qu’il engage.
Ex : Le sujet « Doit-on toujours dire la vérité ? » soulève plus généralement un enjeu sur la notion
même de devoir : suffit-il de se conformer à des devoirs généraux pour agir moralement (morale
déontologique) ? Une telle conception de la moralité est-elle satisfaisante dans tous les cas ? Ne
devons-nous pas, au contraire, chercher à anticiper les conséquences de nos actions pour agir
moralement (morale conséquentialiste) ?

4° CONSTRUIRE LE PLAN
Il faut 3 parties et 2 ou 3 sous-parties par partie :
- Chaque partie doit défendre une thèse qui doit être clairement énoncée au début.
- Chaque sous-partie doit développer un argument en faveur de la thèse défendue, et
éventuellement un ou plusieurs exemples.
- Ne pas négliger les transitions qui ne sont pas décoratives mais justifient la nécessité de
passer d’une partie à l’autre.

 Les I et II sont fournis par la phase de problématisation (1ère et 3ème étapes).


 Pour le III, c’est plus compliqué… Contrairement à ce que l’on entend souvent, la
troisième partie ne doit pas être une « synthèse molle » (« un peu oui, un peu non »). Ce
serait très décevant de rédiger toute une dissertation pour arriver à un tel résultat !

Quatre grande possibilités s’offrent à vous pour construire une 3ème partie :

- 1/ le présupposé

I/ De prime abord, OUI (ou NON)


II/ En fait, NON (ou OUI)
III/ Remise en cause d’un présupposé commun à I et à II

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 Ex : La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?

I/ De prime abord, oui, puisque la conscience est une connaissance immédiate


II/ Mais en fait non, car nous ne sommes pas transparents à nous-mêmes ; la conscience réflexive
est partielle et superficielle
III/ Remise en cause du présupposé commun à I et à II, à savoir que le moi est qqch de stable et
qu’il est possible de le connaître (or le moi n’est qu’une fiction, que qqch d’instable – cf Hume et
Pascal)

- 2/ la « seconde couche »
I/ De prime abord, OUI (ou NON)
II/ Mais en réalité, NON (ou OUI) car raison1
III/ Et en plus, NON (ou OUI) car raison2

- 3/ la réfutation de l’argument adverse


I/ De prime abord, OUI (ou NON) car raison1
II/ Mais la raison1 est fausse / problématique
III/ Donc NON (ou OUI) car raison2

 Ex : Faut-il chercher à travailler le moins possible ?

I/ Oui, car travailler est une forme de torture (R1).


II/ Réfutation : Mais le travail n’est pas une torture, il peut procurer bonheur, épanouissement et
satisfaction à certaines conditions
III/ Donc non, il ne faut pas chercher à travailler le mois possible car le travail permet à l’homme
de développer ses talents et ses capacités (R2).

- 4/ la solution
I/ De prime abord, OUI (ou NON) car raison1
II/ Mais en réalité, NON car raison2
 Inquiétude : mais alors ???
III/ Solution : OUI ou NON car raison3

 Ex : pour le sujet « La morale est-elle relative ? »

I/ De prime abord, non : il y a un mal et un bien absolus (R1).


II/ Mais en réalité oui car on voit bien que chaque société a sa propre moralité (R2).
 Mais alors, tout est-il permis ??? (problème du relativisme moral)
III/ Non : certes les règles morales varient d’une société à l’autre, mais on peut trouver des
normes morales absolues par-delà ces variations culturelles et sociales (R3).

NB/ Par définition, une typologie est réductrice et non exhaustive. Il y a donc une multitude
d’autres façons de construire une 3ème partie. Toute 3ème partie traitant le sujet et ne se résumant
à une « synthèse molle » est en droit admissible.

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Aspects formels

1° INTRODUCTION (en 4 temps) :


1) Une accroche : c’est le moment de la prise de parole. Il s’agit d’entrer en douceur, et de
manière pertinente dans le sujet.
2) Une définition pertinente, dynamique et ouverte des termes du sujet (sans le
saucissonner !).
3) Problématisation qui doit se terminer par une problématique sous forme de question
(ou bien reprise du sujet tel quel, ou bien reformulation de la question).
4) Annonce du plan.

2° DEVELOPPEMENT, selon un plan en trois parties et trois sous-parties.


Chaque grande partie (I / II / III) doit défendre une thèse – qui doit pouvoir être
énoncée clairement en une phrase (cf énoncé du plan). Ces grandes parties / thèses générales
sont le squelette de la dissertation, les grandes étapes de la réflexion, et donc de la résolution du
problème que vous vous êtes donné. Elles ne doivent donc pas être juxtaposées, mais
logiquement et organiquement reliées entre elles, par un fil argumentatif.
Il faut qu’il y ait une forme de nécessité à l’œuvre dans le passage d’une grande
partie à une autre. Idéalement, il faut que le développement de la thèse de la première partie
aboutisse à une aporie, ou au moins à une difficulté, qui nécessite de passer à la partie suivante
en permettant de rebondir sur une nouvelle thèse. Le rôle des transitions, qui doivent faire
l’objet d’un paragraphe à part, est de montrer cette nécessité.
Chaque sous-partie doit constituer un argument en faveur de la thèse que vous êtes
en train de développer. Une sous-partie = un argument + un exemple ET/OU un auteur.

3° CONCLUSION
La conclusion doit reprendre clairement les trois grandes étapes de l’argumentation et
aboutir à une réponse claire. Vous pouvez éventuellement (mais pas nécessairement) terminer
sur une ouverture.

NB/ Chaque paragraphe doit être signalé par un alinéa.

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