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INTRODUCTION GENERALE
La tâche est alors difficile lorsqu’il s’agit de la philosophie. Il n’est pas facile de répondre
à cette question apparemment simple : La question de savoir ce qu'est la philosophie est
une question difficile dans la mesure où il s'agit déjà d'une question philosophique au
sujet de laquelle les avis des philosophes eux-mêmes sont divergents voire
contradictoires.
Face à cette question Jules Lachelier répond à ses élèves : je ne sais pas.
Karl Jaspers, dans son ouvrage Introduction à la philosophie, Paris : Plon, 1960, p.01, va
emboucher la même trompette en confessant : « On est d’accord ni sur ce qu’est la
philosophie, ni sur ce qu’elle vaut »
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de l’expliquer. Dès lors se présentent plusieurs philosophies (africaine, indienne,
américaine etc.).
En ce sens, elle étudiera son rapport avec les autres sciences. Ces dernières
prétendent posséder la vérité. Elles seront donc comparées à la philosophie. Le sens
commun est-il philosophique ? La philosophie est-elle un mythe? Est-elle antinomique
avec la religion ? S’oppose-t-elle radicalement à la science ? Les réponses à ces questions
permettront de souligner entre autre la spécificité de la philosophie.
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CHAPITRE I- LES ORIGINES ET LA SPECIFICITE DE LA REFLEXION
PHILOSOPHIQUE.
Etude de texte:
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philosophie s’origine. Dans le mythe, Thauma c’est le « merveilleux », l’effet de stupeur
qu’il provoque est le signe de la présence en lui du surnaturel. Pour les milésiens
l’étrangeté d’un phénomène, au lieu d’imposer le sentiment du divin, le propose à l’esprit
en forme de problème. L’insolite ne fascine plus, il mobilise l’intelligence. De vénération
muette, l’étonnement s’est fait interrogation, questionnement. Lorsqu’au terme de
l’enquête le thauma a été réintégré dans l’ordinaire de la nature, il ne reste de merveilleux
que l’ingéniosité de la solution proposée. Ce changement d’attitude entraîne toute une
série de conséquences. Pour atteindre son but, un discours explicatif doit être exposé : non
seulement énoncé sous une forme et en des termes permettant de le bien comprendre,
mais encore livré à une publicité entière, placé sous le regard de tous, de la même façon
que, dans la cité, la rédaction des lois en fait pour chaque citoyen un bien commun
également partagé. Arrachée au secret, la théoria du physicien devient ainsi l’objet d’un
débat ; elle est mise en demeure de se justifier ; il lui faut rendre compte de ce qu’elle
affirme, se prêter à critique et à controverse. Les règles du jeu politique_ la libre
discussion, le débat contradictoire, l’affrontement des argumentations contraires_
s’imposent dès lors comme règles du jeu intellectuel. A coté de la révélation religieuse qui,
dans la forme du mystère, reste l’apanage d’un cercle restreint d’initiés, à coté aussi de la
foule des croyances communes que tout le monde partage sans que personne ne
s’interroge à leur sujet, une notion nouvelle de la vérité prend corps et s’affirme : vérité
ouverte, accessible à tous et qui fonde sur sa propre force démonstrative ses critères de
validité. »
Questions de compréhension
2) Comment a-t-elle pu acquérir son propre statut par rapport aux autres éléments
de la culture grecque ?
Dans ce texte de J.P.VERNANT, il est question d’une réflexion sur les origines de la
philosophie. Celle-ci s’impose, selon lui, dès lors qu’on cherche à comprendre la nature de
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la philosophie : « Pour savoir ce qu’elle est, il faut examiner les conditions de sa
venue au monde, suivre le mouvement par lequel, elle s’est historiquement
constituée (…). ». Cette perspective montre que la philosophie est née au sein de l’espace
de la culture grecque antique, à Milet en Ionie au VI ème siècle avant Jésus Christ. Ses
précurseurs sont Thalès, Anaximandre, Anaximène.
Comment a-t-elle pu acquérir son propre statut par rapport aux autres
éléments de la culture grecque ?
L’étymologie du concept montre sans équivoque que c’est la sagesse qui est visée
qu’en « sophos », sage. Cela veut dire que le philosophe vise la sagesse mais qu’il n’en est
pas le possesseur. Être amoureux de la sagesse, c’est attester d’une attitude intellectuelle
Cependant il urge de préciser que les origines de la philosophie ont toujours fait l’objet de
vives controverses entres les europhilosophes et les tenants de la philosophie africaine.
De nos jours, la philosophie n’a pas de patrie. Mais, selon la tradition largement
rependue en occident, elle avait belle et bien une patrie ou commencement. En effet, selon
cette tradition, la philosophie commence dès le VIe siècle B.C, exactement dans la cité
grecque Milet sur la côte d’Asie Mineure.
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Les Ioniens ou Milésiens étaient ceux qui avaient entrepris une vaste enquête sur la nature
(physis) en vue d’en rechercher le principe d’explication. Leur objectif était de répondre
à la question d’ où vient la vie ? C’est ainsi que pour Thales de Milet, l’origine de la vie c’est
l’eau « sein maternel de toute chose ». Pour Anaximène de Milet, c’est l’air le principe
d’explication de la nature. Pour Anaximandre de Milet, c’est l’infinie substance éternelle.
Dès lors devons-nous accepter l’idée selon laquelle « ces philosophes » ont « ouvert la voie
que la science, depuis, n’a plus eu qu’à suivre ».
Rappelons que les milésiens étaient des présocratiques. D’autres aussi le furent, c’est
l’exemple d’Héraclite d’Ephese qui porta un intérêt tout particulier aux mouvements. Pour
ce présocratique, tout bouge tout coule. « Tout coule, rien ne demeure(…) On ne se beigne
jamais deux fois dans le même fleuve » disait-il. Il prônait ainsi une sorte de philosophie
dialectique(le changement et la contradiction dans chaque chose). (Les éléates écoles
fondée Xénophane et développée Parménide d’Elee) s’opposèrent à la thèse avancée par
Héraclite, la doctrine de Parménide sera fondée sur le principe de l’identité immuable. Son
disciple Xénon d’ Elée ira jusqu’à nier tout mouvement dans sa démonstration immergée
de la course engagée entre Achille aux long pieds et la tortue. Les Pythagoriciens étaient,
ceux qui réclament de Pythagore de Samos. Ce dernier avait une vision cosmique d’où
l’univers constitue un nombre, c’est sur ce nombre que repose l’harmonie de l’univers.
D’après Pythagore, chaque âme est liée à un astre dés qu’intervient la mort, l’âme retourne
à son astre. Quant au néo physiciens, ils cherchent à expliquer rationnellement la terre
selon Anaxagore, il y a un principe d’ordonnance dans chaque chose. Ce principe porte le
nom de (noûs en grec). Empédocle soutenait l’idée selon laquelle il existe une lutte
continuelle entre deux couples qui sont contraires. Chacune des forces cherche à
préserver son potentiel une telle théorie est contraire à celle d’Héraclite en revanche, les
Atomistes (Démocrite/Leucippe) acceptent au départ la réalité du mouvement chez
Héraclite. Ce qui va le permettre de découvrir la matière sous la forme de particule
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dynamique (atome : a-tomos= sans partie) enfin, parmi les présocratiques, citons les
Sophistes. Ils étaient de véritable professeur de rhétorique et
d’éristique. Ils allaient de ville en ville pour enseigner l’art de parler en public, ils
n’hésitaient pas à se donner eux même le nom de sophiste de « connaisseurs de tout ».
Protagoras d’Abdère, Gorgias de Léontium, Prodicos de Céos, Hippias d’ Elis peuvent être
cités parmi les plus célèbres quant à Calliclés, il fut l’adversaire le plus redoutable de
Socrate. (V. Platon, Gorgias).
Hegel affirme que l’Afrique est hors d’histoire de l’esprit. Selon lui l’Afrique reste
enfermée dans l’univers de la rationalité. Certains penseurs africains récusent une telle
idée. « On sait le thème de l’irrationalité des attitudes et des comportements des sociétés
indigènes fait partie d’un corpus d’images et d’idées véhiculées par la littérature coloniale
qui a longtemps ignorés les savoirs endogènes » V. Jean Mark Ella, les voies de l’Afro
renaissance Intro : Le monde diplomatique, no 535-45eme année, octobre 98, p.03
Cheikh A. Diop dans Civilisation Ou Barbarie s’insurge contre les idées avancées par
Hegel. D’apres lui, il y a un apport fondamental de l’Egypte, donc de L’Afrique, à la pensée
philosophique mondiale. Cette thèse ardue (courageuse) est restée et reste méconnue.
Pour rendre justice à Cheikh A. Diop, résumons l’essentiel de ses idées formulées au
chapitre XVII de l’ouvrage déjà cité. Selon la cosmologie héliopolitainne (ville de l’Egypte
ancienne), Ra (démiurge, première conscience qui émerge du Noun, la matière
primordiale) créa les deux couples divins : Schoutendre et Tefnut (air et eau), Geb et Nut
(terre et feu). Les quatre éléments constitutifs de l’univers des philosophes
présocratiques (Thales, Héraclite, Anaximandre, Parménide, Anaxagore) à savoir l’air, la
terre, le feu, l’eau se trouvent dans les deux couples. En partant de la pensée égyptienne,
on est amené à dire que l’être est composé de trois principes.
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4. Le Ka principe immortel rejoignant la divinité après la mort
Cheikh A. Diop termine en citant les principes opposés de la nature qui serait à l’ origine
des choses.
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comportement et non d’abord une doctrine c’est-à-dire un corps de vérités qui
s’enseignent. Raison pour laquelle, K. Jaspers soutient que la philosophie « se trahit elle-
même lorsqu’elle dégénère en dogmatisme, c’est-à-dire un savoir mis en formules,
définitif, complet, transmissible par enseignement » Intro. En d’autres termes, elle est
une entreprise de réflexion.
L'étonnement (qu'il faut prendre en un sens fort : admiration, stupeur, etc.) suscite la
vocation de chercheur de la vérité, car la pensée reste inquiète tant qu'elle n'a pas
trouvé les causes et les principes des choses. D'où la définition antique de la philosophie,
qui est la connaissance des causes et des réalités divines. Cette connaissance du sage
doit conduire au bonheur. Le vécu philosophique prend donc sa source dans l'inquiétude
de l'homme face au monde, quand il se pose des questions sur son existence ; la soif de
connaître (philo-sophie) cherche alors un apaisement dans la science.
Dans le Phédon, Platon fait dire à Socrate que l'origine de cette inquiétude est la mort. La
mort, parce qu'elle semble refuser que nous donnions une signification trop réelle à la
vie, suscite tous les fantasmes et toutes les interrogations : peut-on savoir ce qui nous
attend ? L'homme a-t-il une destination particulière dans l'au-delà ? Par exemple, pour
Platon, il est nécessaire de supposer l'existence de réalités divines, car de telles réalités
sont seules susceptibles de donner un fondement à la connaissance, à la morale et à
l'espérance humaine. Ainsi la vie serait-elle privée de sens et de valeur si nous ne
pouvions nous faire de telles réflexions.
Néanmoins par rapport aux autres discours, elle présente beaucoup de particularités.
B- La spécificité de la philosophie.
Objectif : l’élève donnera la différence entre la philosophie et les savoirs sur place.
Etude de texte :
« La valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain
même. Celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence, prisonnier des
préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays et
de conviction qui ont grandi en lui sans la coopération, le consentement de la raison.
Pour un tel individu, le monde tend à devenir défini, fini, évident : les objets ordinaires ne
font pas naître des questions et les possibilités peu familières sont rejetées avec mépris.
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Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nous
voyons, que les mêmes choses les plus ordinaires de la vie quotidienne posent des
problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très incomplètes.
La philosophie, bien qu’elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude la
réponse au doute qui nous assiège, peut tout de même suggérer des possibilités qui
élargissent le champ de notre pensée et délivre celle-ci de la tyrannie de l’habitude. Tout
en ébranlant notre certitude concernant la nature de ce qui nous entoure, elle accroît
énormément notre connaissance d’une réalité possible et différente ; elle fait disparaître
le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui l’ont jamais parcouru la région du doute
libérateur et elle garde intact notre sentiment d’émerveillement en nous faisant voir les
choses familières sous un aspect nouveau. »
Questions de compréhension
3) L’homme du sens commun donne foi aux préjugés et opinions parce qu’il n’a
aucune teinture philosophique. La croyance commune l’installe dans un confort du savoir.
Chez ce « prisonnier des préjugés », dira B. Russell, « Les objets ordinaires ne font
pas naître de questions et les possibilités peu familières sont rejetées avec
mépris.» Cette absence de critique fait du savoir populaire un dogme c’est-à-dire un
savoir qui n’admet ni interrogation, ni discussion et interdit la critique.
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4) Même si la philosophie n’est pas en mesure de nous donner des réponses
satisfaisantes, elle peut au moins élargir l'horizon de notre réflexion, nous départir de la
servitude cruelle de la coutume, tout en nous permettant de connaitre les choses aussi
différentes quelles sont et en tuant en nous tous les germes du dogmatisme.
2- PHILOSOPHIE ET RELIGION
Etude de texte:
« La philosophie entre en conflit avec la religion, du fait que celle-ci se veut l’autorité
absolue tant dans le domaine de la vérité que dans celui de la pratique. Mais la vérité de
la religion se présente comme un donné extérieur en présence duquel on s’est trouvé. Cela
est particulièrement net dans les religions dites révélées ; celles dont la vérité a été
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annoncée par quelque prophète, quelque envoyé de DIEU. Ainsi dans la religion « le
contenu est donné, il est considéré comme au-dessus ou au-delà de la raison ». La religion
conçoit l’esprit humain comme borné, limite et ayant donc besoin que les vérités
essentielles pour l’homme, que sa raison infirme serait incapable de découvrir par elle-
même, lui soient révélées d’une façon surnaturelle et mystérieuse. Mais l’idée d’une vérité
au-delà de la raison, inaccessible naturellement à l’esprit humain, est absolument
inconcevable par la philosophie qui repose sur le principe diamétralement opposé selon
lequel la pensée ne doit rien admettre comme vrai qui n’ait été saisi comme tel par la
pensée. L’homme est certes un être borné, fini, sauf du côté où il est esprit. « Le fini
concerne les autres modes de son existence (…) ; mais quand, comme esprit, il est esprit
alors il ne connaît pas de limites. Les bornes de la raison ne sont que les bornes de la
raison de ce sujet-la, mais s’il se comporte raisonnablement l’homme est sans bornes,
infini. ». »
Tiré du latin religére ou religaré, le concept de religion veut dire ce lien sentimental
que l’humain entretient avec une force extérieure. En d’autres termes, c’est la croyance à
une réalité transcendante généralement nommée DIEU qui implique une soumission à
l’Etre suprême. D’après Kant, on peut la définir comme la « connaissance de tous nos
devoirs comme commandements divins ». (La religion dans les limites de la simple
raison). La religion ressort du domaine du sacré, du tabou, des interdits et du dogme. Les
Ecritures religieuses saintes professent des vérités intouchables au-dessus de la
juridiction humaine.
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la religion est un mensonge et proclame même la mort de dieu. Sartre fera de l’existence
de dieu une présence sans incidence sur le monde.
Il faut préciser cependant que tous les philosophes n’ont pas eu cette position.
Descartes par exemple affirme « que la raison est cette lumière naturelle qui nous
permet d’accéder à Dieu » (Méditations Métaphysiques). A l’opposé Blaise Pascal
rétorque que « c’est le cœur qui sent Dieu et non la raison » (Pensées). Autrement
dit « Dieu s’éprouve mais ne se prouve pas » (op.cit.). C’est pourquoi Pascal considère
qu’il y a deux excès à éviter « exclure la raison, n’admettre que la raison » (op.cit.).
Dans une telle perspective, il est possible d’affirmer avec Saint Thomas d’Aquin
que « raison et foi ne s’excluent pas » (Somme théologique). C’est pourquoi, il a cherché
à rapprocher la philosophie d’Aristote avec le christianisme. Saint Augustin en fera de
même avec la philosophie platonicienne. La raison et la foi pourraient travailler ensemble
ainsi en synergie. Mais à la question de savoir si l’une précède l’autre, Saint Augustin
affirme « S’il est raisonnable que la foi précède la raison pour accéder à certaines
grandes vérités, il n’est pas douteux que la raison même qui nous la persuade,
précède elle-même la foi ». La perspective kantienne reconnaît des limites à la raison
dans le champ nouménal pour y donner une place à la foi. En tout cas, Mircea Eliade nous
avertit ainsi « un monde qui n’a pas de commencement, qui n’a pas de fin, qui n’a pas de
créateur est un monde de cendre voué à la déchéance et à la mort. ».
3- PHILOSOPHIE ET SCIENCE
Etude de texte :
« Pour quiconque croit à la science, le pire est que la philosophie ne fournit pas de
résultats apodictiques, un savoir qu’on puisse posséder. Les sciences ont conquis des
connaissances certaines, qui s’imposent à tous ; la philosophie, elle, malgré l’effort des
millénaires, n’y a pas réussi. On ne saurait le contester : en philosophie il n’y a pas
d’unanimité établissant un savoir définitif. Dès qu’une connaissance s’impose à chacun
pour des raisons apodictiques, elle devient aussitôt scientifique, elle cesse d’être
philosophie et appartient à un domaine particulier du connaissable.
A l’opposé des sciences, la pensée philosophique ne parait pas non plus progresser.
Nous en savons plus certes, qu’Hippocrate, mais nous ne pouvons guère prétendre avoir
dépassé Platon. C’est seulement son bagage scientifique qui est inférieur au nôtre. Pour
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ce qui est chez lui à proprement parler recherche philosophique, à peine l’avons-nous
rattrapé. ».
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de Claude Bernard qui avance « la philosophie n’apprend rien et ne peut rien
apprendre de nouveau par elle-même puisqu’elle n’expérimente ni
n’observe.»(Introduction à la médecine expérimentale). Avec Auguste Comte, Bernard
réhabilite la science au dépend de la philosophie affirmant en outre que seuls Descartes,
Leibniz, Newton et Galilée sont de grands savants, tous les autres philosophes n’ont rien
produit de nouveau. Pour C. Bernard, Kant, Hegel et Schelling « n’ont pas à eux tous
introduit la moindre vérité sur la terre. Il n’y a que les savants qui le peuvent. »
(Op.cit.).
Pour autant, la philosophie reste utile pour C. Bernard, elle joue un rôle
prépondérant dans les sciences malgré les imperfections et critiques constatées à son
égard. En réalité, la philosophie est omniprésente dans l’analyse du scientifique. Dans sa
méthode expérimentale, la réflexion et la cohérence guident l’expérience du chercheur.
Ce qui permet à Jaspers d’avancer que « L’homme ne peut se passer de la
philosophie…Aussi est-elle présente partout et toujours. »(Introduction…). La
philosophie est ce qui donne plus de maturité à la science en lui apportant « un
supplément d’âme » (Bergson) et le rend noble.
En effet, la philosophie qui s’occupe de morale ou d’éthique peut jouer le rôle d’une
conscience ou d’une police de la science en définissant des garde-fous aux savants et
techniciens afin de préserver le bonheur et le bien être de l’homme. Rabelais nous avertit
d’ailleurs dans ce sens en affirmant que « science sans conscience n’est que ruine de
l’âme »
La science dans son évolution suscite donc des questions d’ordre philosophique et
donne ainsi une matière de réflexion à la philosophie « les philosophes se tiennent
toujours dans des questions à controverses et dans les régions élevées, limites
supérieures des sciences. Par là, il communique à la pensée scientifique un
mouvement qui la vivifie et l’anoblit » affirme Claude Bernard. La nécessité de
philosopher résulte donc des lacunes mêmes de la science du point de vue morale et
même métaphysique. « La biologie ne nous dira jamais comment il faut vivre ni s’il le
faut (…) » dira André Comte-Sponville.
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Il y a entre la science et la philosophie une relation de proximité comme le note
Gusdorf « la philosophie (peut être) située au-dessus ou à côté de la science parce
qu’elle se soucis des conséquences de l’application des découvertes scientifiques ».
Objectif général : L’élève saura rendre le sens des différentes questions philosophiques.
Introduction
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excellence : Qu’est-ce que l’homme ? Cette connaissance de soi est fondamentale. Socrate
en saisit le sens en s’appropriant le « connais-toi toi-même » gravé sur le sanctuaire
d’Apollon. Selon Kant, cette question majeure résume trois grandes interrogations : Que
puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Aussi, l’être humain est
tenaillé par des interrogations métaphysiques, axiologiques et anthropologiques.
A- L’interrogation métaphysique
Objectif spécifique 1 : L’élève sera en mesure de montrer l’importance de la question
métaphysique, ses partisans, ses critiques et son actualité face à l’avancée des sciences.
Selon l'opinion commune, le mot métaphysique, qui sert aujourd'hui à désigner la partie
la plus élevée et la plus générale de la philosophie, est né d'une circonstance
accidentelle. On prétend qu'Andronicos de Rhodes, contemporain de Cicéron, s'occupant
à classer les différents ouvrages d'Aristote, forma une première catégorie de tous ceux
qui avaient pour objet les sciences-physiques et naturelles, puis rangea sous ce titre
commun, ta meta ta physika , c'est-à-dire les livres qui viennent après ceux sur les
choses physiques, les divers écrits où ce philosophe traitait des choses qui sont au-
dessus des données des sens. Mais il paraît beaucoup plus vraisemblable d'admettre que
cette inscription est due à Aristote lui-même. En effet, ce philosophe consacre les
premiers chapitres de ses ta meta ta physika à établir la distinction qui existe entre les
choses qui font l'objet des sciences physiques et celles dont il va traiter; et ces dernières
sont nommées par lui "philosophie première, ou science des premiers principes."
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La métaphysique comprend classiquement l'ontologie, ou science de l'être considéré
abstractivement, la théologie , au sens de science des êtres incorporels, la cosmologie
et la psychologie rationnelle; leur ensemble forme ce qu'on appelle les sciences
métaphysiques. Au reste, sans prétendre critiquer cette manière de voir, nous
considérons, ainsi que le faisait Aristote lui-même, la métaphysique comme la science
des vérités premières. Mais par vérités premières, nous entendons exclusivement ces
idées supérieures, nécessaires et absolues, que l'intelligence ne peut atteindre par la
perception soit externe, soit interne, parce qu'elles dépassent toute notion empirique; en
d'autres termes, la métaphysique est proprement la science qui a pour objet les
principes que nous atteignons à l'aide de la raison. Comme on le voit la métaphysique est
pour nous, de même que pour tous les philosophes, le couronnement de la philosophie,
et l'on peut dire, non moins exactement, qu'elle en est la racine et la base.
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philosophie avec Locke, Condillac, et l'école idéologique; en faisant dériver de la
sensation toute la connaissance, ils méconnaissaient les conceptions de la raison
et les premiers principes. Avec Kant, la métaphysique reprend la place qui lui
appartient, mais avec un caractère essentiellement subjectif : le philosophe ne voit
en elle que la liste des notions données par la raison. Avec Schelling et Hegel, elle
fut entraînée à dépasser ses limites légitimes.
Au demeurant, une analyse des sciences modernes et des discours contemporains, montre
en filigrane des préoccupations métaphysiques. Le souci de l’humanité étend ses
tentacules dans tous les domaines d’expression. La destinée humaine est devenue l’affaire
de tous et se manifeste partout. Dans ce cadre, G. Gusdorf remarque à juste raison dans
Traité de métaphysique « loin donc d’affirmer la déchéance de la métaphysique, il faut
bien plutôt souligner qu’elle s’est en un certain sens universalisée, qu’elle a acquis une
sorte de suprématie.» En effet, la réflexion métaphysique permet de cerner tout le sens
de ce désarroi pascalien « Je ne sais qui m’a mis au monde, ni ce que c’est que le monde,
ni que moi-même ; je suis dans une ignorance terrible de toutes choses ; je ne sais ce que
c’est que mon corps, que mes sens, que mon âme et cette partie même de moi qui pense
ce que je dis, qui fait réflexion sur tout et sur elle-même, et ne se connaît non plus que le
reste » Pensées. Ainsi, les questions demeureront présentes tant que l’homme sera un être
malade de sa propre finitude. Les attaques contre la métaphysique ne suppriment pas
pour autant les interrogations métaphysiques, même si l’homme reconnaît qu’il ne peut
pas les résoudre.
B- L’ INTERROGATION ANTHROPOLOGIQUE.
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nature. Son objet est l’homme empirique alors que la philosophie a pour objet l’homme
abstrait c’est-à-dire saisit dans la pensée comme une idée.
Cependant, l’anthropologie n’est pas la seule science qui prétend investir l’homme.
Elle partage ce champ avec d’autres sciences telles, la sociologie, la linguistique, l’histoire,
la psychologie… qui se présentent aussi comme des sciences humaines. Mais par rapport
à ces dernières, l’anthropologie se démarque en se posant comme la science par
excellence de l’homme en tant qu’elle s’occupe de l’humain sous toutes les attitudes et
dans tous les temps.
Toutefois, l’homme peut se présenter sous une infinité d’aspects de par sa liberté et sa
sensibilité. Il reste donc un objet inassignable ce qui rend son étude problématique. Aussi,
apparaît en filigrane le risque d’une subjectivité dans la mesure où le savant et l’objet de
la recherche relève du même cadre humain. Ainsi, l’anthropologie va s’intéresser à
l’homme sur les plans physiologique et culturel. Du point de vue physiologique,
l’anthropologie va étudier les variations des caractères biologiques nées de la
confrontation de l’homme avec son milieu ambiant. Il s’agit d’étudier l’action de l’homme
dans son environnement et ses efforts dans l’accomplissement de sa destinée morale et
pour améliorer son existence. Du point de vue culturel ou social, elle interprète l’homme
dans sa diversité, dans toutes les sociétés et à toutes les époques. Sur ce plan, des
ethnologues occidentaux, au nom d’un ethnocentrisme vont juger de primitives certaines
sociétés. De l’avis de Lévi-Strauss, il faut plutôt penser à une relativité voire une diversité
des cultures car il ne peut y avoir de hiérarchie entre elles ; les cultures sont toutes
équivalentes.
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C- L’INTERROGATION AXIOLOGIQUE
L’axiologie est une théorie des valeurs, plus particulièrement des valeurs morales (Bien,
Mal, Juste…), une recherche sur leur nature et la hiérarchie à établir entre elles. Du grec
axios (mérite, de grande valeur) et logos (étude, discours), elle étudie de façon normative
la valeur des conduites et tente de prescrire les règles qu’il convient de respecter. Il s’agit
là de la philosophie morale qui prend en charge l’action humaine dans la société. Elle est
à la fois réflexion sur les valeurs qui doivent guider la vie et la mise en exercice de ces
valeurs dans des actes quotidiens de vigilance et d’attention à soi et aux autres. Aussi des
valeurs comme le courage, la générosité… peuvent être considérées comme des valeurs
positives. Les anti-valeurs seront évidemment leur contraire : la trahison, la méchanceté,
le mal…C’est pourquoi la tradition philosophique a toujours compris la sagesse comme
synonyme de vérité qui s’oppose aux vices.
En fait, l’axiologie cherche à assurer à l’homme une vie paisible dans la société. Le
problème, c’est que chaque doctrine philosophique produit sa propre morale. Par
exemple, les épicuriens considèrent que le plaisir est le souverain bien, que l’homme doit
admettre les plaisirs naturels et nécessaires, tolérer les plaisirs naturels mais non
nécessaires et fuir les plaisirs ni naturels ni nécessaires, s’il veut atteindre la paix de l’âme
(Ataraxie ou Apathie : absence de trouble, paix de l’âme). Pour parvenir à ce bonheur, les
stoïciens recommandent à l’homme d’acquiescer à l’ordre de la nature. Descartes dans la
définition de sa morale provisoire ou par provision (en attendant, faute de mieux)
préconise d’ailleurs de « changer nos désirs plutôt que l’ordre du monde. » Discours de la
méthode, 3ème. Chez Platon, toute la philosophie est orientée vers la recherche du bien ou
de la vertu ; mais le bien en tant qu’il est d’abord et avant tout dans le monde intelligible.
Kant suggère « qu’on doit toujours traiter l’autre comme une fin et jamais comme un
moyen » Fondements de la métaphysique des mœurs. Il affirme d’ailleurs en substance
que la loi morale est inscrite dans la raison de chaque être humain. Cela veut dire qu’il
développe une morale universelle. Il semble même que les organisations internationales
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en charge de la protection des droits de l’homme (Amnesty international, radho, fidh,
human rights watch….) s’inspirent de cette conception.
Seulement, il faut reconnaître que même si chaque peuple sait faire la distinction
entre le bien et le mal, le contenu qu’on en donne varie d’une contrée à une autre. Ainsi,
les valeurs sont socialement orientées et culturellement marquées. Le sociologue français
Emile Durkheim le rappelle ainsi « chaque peuple a sa morale qui est déterminée par ses
conditions de vie. On ne peut donc lui en inculquer une autre, si élevée qu’elle soit, sans la
désorganisée » Sociologie et philosophie.
Objectif : les élèves sauront identifier les justifications qui sont à la base de
l’activité philosophique, de donner des indications sur l’état actuel de la
philosophie et ses perspectives.
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une manière propre de réfléchir et une cohérence dans les actes de la vie qui vise
l’universel. Elle pense au-delà des frontières, ce qui en fait une activité intemporelle. Elle
se veut non cette superstructure injustifiée mais une démarche rationnelle s’assumant
dans l’individualité d’un discours critique et autonome. Toute tentative philosophique
véritable est effort lucide de théorisation individuelle se démarquant des traditions, des
préjugés, des savoirs préétablis.
De nos jours, on assiste à des critiques qui finissent par proclamer l’inutilité ou
sinon la mort de la philosophie. On lui reproche d’ignorer la vie présente au profit d’un
monde possible au moment où la science permet à l’homme d’« être comme maître et
possesseur de la nature » (Discours…). La philosophie semble se réduire à des
élucubrations. D’où la question de son statut actuel et son importance .
Ainsi, la question de l’éthique est brandie dans tous les secteurs pour que la
dimension spirituelle de l’homme ne s’éteigne à jamais et pour inviter à un respect de la
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nature. La question des fins dernières de l’humanité ne saurait être traitée par la
technologie ni par la science. Et, l’homme dans l’action ou la production est appelé à
s’interroger sur le sens de son activité et chacun doit savoir, comme le dit si bien
Kant « traiter autrui toujours comme une fin, et jamais simplement comme un
moyen. » Fondements de la métaphysique des mœurs.
CONCLUSION
La philosophie se remarque par sa complexité tout d’abord à être campée dans un cadre
restreint comme une définition visant l’unanimité. On s’en tient toujours à son étymologie
preuve que définir la philosophie reste une tâche difficile. Néanmoins on retiendra cette
volonté commune à toutes les philosophies de fonder une pensée rationnelle basée sur un
esprit critique. Ainsi la philosophie s’est démarquée des sources ou types de savoirs des
grecs critiquant le discours mythique et religieux, disqualifiant l’opinion et les speudo-
connaissances. Elle devient une pensée qui scrute le sens des phénomènes ou des
événements, l’au-delà des choses, analyse l’homme dans son être et propose des valeurs
morales. D’où une visée pratique de la philosophie qui suggère une conduite de vie pour
une meilleure réalisation de l’homme. Ouvrant de nouveaux champs de réflexion, elle
inaugure de nouvelles façons de voir le monde et un changement dans les mentalités. Ce
tournant de perception s’avère salutaire si l’on considère les développements inquiétants
de la science et le réveil de la xénophobie et autres formes d’intolérance. La philosophie
européenne s’adresse à un homme individuel, en Afrique l’homme se démarque
difficilement de son groupe social si bien qu’on parle d’une philosophie collective. Une
source de solution ne serait-elle pas d’accepter une philosophie africaine et d’en tirer des
avantages pour toute l’humanité ?
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