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DOMAINE I : LA REFLEXION PHILOSOPHIQUE

INTRODUCTION GENERALE

Au moment où l’humanité est sous le joug de la technoscience, la philosophie continue


d’exister. Elle est enseignée dans les lycées, dans les instituts et dans les universités. Une
question principielle mérite d’être posée : qu’est-ce que la philosophie ?

La tâche est alors difficile lorsqu’il s’agit de la philosophie. Il n’est pas facile de répondre
à cette question apparemment simple : La question de savoir ce qu'est la philosophie est
une question difficile dans la mesure où il s'agit déjà d'une question philosophique au
sujet de laquelle les avis des philosophes eux-mêmes sont divergents voire
contradictoires.

Face à cette question Jules Lachelier répond à ses élèves : je ne sais pas.

Karl Jaspers, dans son ouvrage Introduction à la philosophie, Paris : Plon, 1960, p.01, va
emboucher la même trompette en confessant : « On est d’accord ni sur ce qu’est la
philosophie, ni sur ce qu’elle vaut »

En effet, l’entreprise semble impossible à réaliser. Les tentatives de définitions sont


nombreuses. La polysémie du terme « philosophie » n’est manifestement pas étrangère à
cette situation. Selon son étymologie, la philosophie est définie comme « amour de la
sagesse » par Pythagore. Formée à partir de philia et de sophos, elle traduit un désir, une
quête de sagesse. Le philosophe, loin donc d’être le possesseur de la vérité, en est un
pèlerin. Selon Platon, dans République, le philosophe est « possédé du désir de la
sagesse, non pas tel ou tel élément, mais de la sagesse tout entière ». La philosophie
est présentée aussi comme une réflexion critique. A ce niveau elle fonctionne comme un
tamis c’est-à-dire elle cherche à discerner le vrai du faux. Ainsi, elle examine toute
croyance et connaissance. La philosophie se résumerait dès lors d’après Edmond Husserl
(1859-1938) dans Méditations cartésiennes à une « attitude d’un genre nouveau à
l’égard du monde environnant ». La philosophie peut signifier encore la connaissance de
la totalité. Conçue comme telle par Aristote et plus tard par Descartes, elle véhicule l’idée
de la recherche du savoir. Ce faisant, elle s’intéresse à tout. La philosophie désigne enfin
une vision du monde. Autrement dit, une manière particulière de concevoir le monde ou

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de l’expliquer. Dès lors se présentent plusieurs philosophies (africaine, indienne,
américaine etc.).

Ce manque de consensus autour d’une définition unique ne saurait militer pour un


abandon de l’activité philosophique. Car au-delà de la diversité des pensées
philosophiques, derrière ces doctrines qui jalonnent la philosophie, un fil d’Ariane les relie
à savoir une quête insatiable de vérité.

En ce sens, elle étudiera son rapport avec les autres sciences. Ces dernières
prétendent posséder la vérité. Elles seront donc comparées à la philosophie. Le sens
commun est-il philosophique ? La philosophie est-elle un mythe? Est-elle antinomique
avec la religion ? S’oppose-t-elle radicalement à la science ? Les réponses à ces questions
permettront de souligner entre autre la spécificité de la philosophie.

La réflexion philosophique s’articulera essentiellement autour de trois grands


domaines. Elle porte son analyse d’abord sur la métaphysique où elle interroge les
connaissances du supra-sensible. Dans l’interrogation anthropologique, elle scrute
ensuite la nature de l’homme et sa place dans le cosmos. Pour enfin examiner les valeurs
et leur hiérarchie dans l’interrogation axiologique.

Mais au moment où la philosophie s’interroge, le monde change grâce à la science.


Dès lors, d’aucuns proclament la mort de la philosophie. Son utilité est de plus en plus
contestée dans un environnement où la pratique l’emporte sur la théorie. Néanmoins, la
philosophie revendique sa place dans notre vie. Elle se veut un creuset à la fois de savoir
et de morale.

En définitive, réfléchir sur la philosophie, c’est s’interroger à plusieurs niveaux.


D’où vient la philosophie ? Quelles sont ses propres caractéristiques? Quelles sont les
principales questions de la philosophie ? Philosopher aujourd’hui est-il indispensable ?

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CHAPITRE I- LES ORIGINES ET LA SPECIFICITE DE LA REFLEXION
PHILOSOPHIQUE.

A- Conditions d’émergence de la philosophie.


Objectif : l’élève saura analyser le contexte de naissance et la particularité de la
philosophie.

Etude de texte:

« Où commence la philosophie ? Il y a deux façons d’entendre la question. On peut se


demander d’abord où situer les frontières de la philosophie, les marges qui la séparent de
ce qui n’est pas encore ou pas tout à fait elle. On peut se demander ensuite où elle est
apparue pour la première fois, en quel lieu elle a surgi_ et pourquoi là plutôt qu’ailleurs.
Question d’identité, question d’origine, liées l’une à l’autre, inséparables, même si en trop
bonne, en trop simple logique, la seconde semble supposer déjà résolue la première. On
dira, pour établir la date et le lieu de naissance de la philosophie, encore faut-il connaître
qui elle est, posséder sa définition afin de la distinguer des formes de pensée non
philosophiques ? Mais, à l’inverse, qui ne voit qu’on ne saurait définir la philosophie dans
l’abstrait comme si elle était une essence éternelle ? Pour savoir ce qu’elle est, il faut
examiner les conditions de sa venue au monde, suivre le mouvement par lequel elle s’est
historiquement constituée, lorsque dans l’horizon de la culture grecque, posant des
problèmes neufs et élaborant les outils mentaux qu’exigeait leur solution, elle a ouvert
un domaine de réflexion, tracé un espace de savoir qui n’existaient pas auparavant, où elle
s’est elle-même établie pour en explorer systématiquement les dimensions. C’est à travers
l’élaboration d’une forme de rationalité et d’un type de discours jusqu’alors inconnus que
la pratique philosophique et le personnage du philosophe émergent, acquièrent leur
statut propre, se démarquent, sur le plan social et intellectuel, des activités de métier
comme des fonctions politiques ou religieuses en place dans la cité, inaugurant une
tradition intellectuelle originale qui en dépit de toutes les transformations qu’elle a
connues, n’a jamais cessé de s’enraciner dans ses origines(…).

« S’étonner, déclare le Socrate du Théétète, la philosophie n’a pas d’autre origine. ».


S’étonner se dit Thaumazein, et ce terme, parce qu’il témoigne du renversement
qu’effectue par rapport au mythe l’enquête des Milésiens, les établit au point même où la

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philosophie s’origine. Dans le mythe, Thauma c’est le « merveilleux », l’effet de stupeur
qu’il provoque est le signe de la présence en lui du surnaturel. Pour les milésiens
l’étrangeté d’un phénomène, au lieu d’imposer le sentiment du divin, le propose à l’esprit
en forme de problème. L’insolite ne fascine plus, il mobilise l’intelligence. De vénération
muette, l’étonnement s’est fait interrogation, questionnement. Lorsqu’au terme de
l’enquête le thauma a été réintégré dans l’ordinaire de la nature, il ne reste de merveilleux
que l’ingéniosité de la solution proposée. Ce changement d’attitude entraîne toute une
série de conséquences. Pour atteindre son but, un discours explicatif doit être exposé : non
seulement énoncé sous une forme et en des termes permettant de le bien comprendre,
mais encore livré à une publicité entière, placé sous le regard de tous, de la même façon
que, dans la cité, la rédaction des lois en fait pour chaque citoyen un bien commun
également partagé. Arrachée au secret, la théoria du physicien devient ainsi l’objet d’un
débat ; elle est mise en demeure de se justifier ; il lui faut rendre compte de ce qu’elle
affirme, se prêter à critique et à controverse. Les règles du jeu politique_ la libre
discussion, le débat contradictoire, l’affrontement des argumentations contraires_
s’imposent dès lors comme règles du jeu intellectuel. A coté de la révélation religieuse qui,
dans la forme du mystère, reste l’apanage d’un cercle restreint d’initiés, à coté aussi de la
foule des croyances communes que tout le monde partage sans que personne ne
s’interroge à leur sujet, une notion nouvelle de la vérité prend corps et s’affirme : vérité
ouverte, accessible à tous et qui fonde sur sa propre force démonstrative ses critères de
validité. »

Jean-Pierre Vernant, Les origines de la philosophie.

Questions de compréhension

1) Quelle est l’idée générale de ce texte ?

2) Comment a-t-elle pu acquérir son propre statut par rapport aux autres éléments
de la culture grecque ?

3) Que vise le philosophe à travers son questionnement ?

Réponses aux questions

Dans ce texte de J.P.VERNANT, il est question d’une réflexion sur les origines de la
philosophie. Celle-ci s’impose, selon lui, dès lors qu’on cherche à comprendre la nature de

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la philosophie : « Pour savoir ce qu’elle est, il faut examiner les conditions de sa
venue au monde, suivre le mouvement par lequel, elle s’est historiquement
constituée (…). ». Cette perspective montre que la philosophie est née au sein de l’espace
de la culture grecque antique, à Milet en Ionie au VI ème siècle avant Jésus Christ. Ses
précurseurs sont Thalès, Anaximandre, Anaximène.

Comment a-t-elle pu acquérir son propre statut par rapport aux autres
éléments de la culture grecque ?

Selon Vernant, c’est en initiant un discours posant des problèmes neufs et se


caractérisant par une forme de rationalité. La philosophie est une nouvelle attitude de
l’homme face au monde. Elle opère une rupture vis-à-vis du monde et installe une
différence entre un sujet connaissant et un objet à connaître. Ainsi Vernant reprend à son
compte le point de vue du SOCRATE du Théétète : «« S’étonner, déclare le Socrate du
Théétète, la philosophie n’a pas d’autres origines. ».

L’importance est de se demander à ce niveau ce que vise le philosophe à


travers son questionnement ?

L’étymologie du concept montre sans équivoque que c’est la sagesse qui est visée

(Philia=Amour, Sophia= Sagesse). C’est PYTHAGORE qui en premier emploie la notion en

se présentant par humilité comme « philosophos », un amoureux de la sagesse, plutôt

qu’en « sophos », sage. Cela veut dire que le philosophe vise la sagesse mais qu’il n’en est

pas le possesseur. Être amoureux de la sagesse, c’est attester d’une attitude intellectuelle

régie par une recherche de la vérité.

Cependant il urge de préciser que les origines de la philosophie ont toujours fait l’objet de
vives controverses entres les europhilosophes et les tenants de la philosophie africaine.

De nos jours, la philosophie n’a pas de patrie. Mais, selon la tradition largement
rependue en occident, elle avait belle et bien une patrie ou commencement. En effet, selon
cette tradition, la philosophie commence dès le VIe siècle B.C, exactement dans la cité
grecque Milet sur la côte d’Asie Mineure.

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Les Ioniens ou Milésiens étaient ceux qui avaient entrepris une vaste enquête sur la nature
(physis) en vue d’en rechercher le principe d’explication. Leur objectif était de répondre
à la question d’ où vient la vie ? C’est ainsi que pour Thales de Milet, l’origine de la vie c’est
l’eau « sein maternel de toute chose ». Pour Anaximène de Milet, c’est l’air le principe
d’explication de la nature. Pour Anaximandre de Milet, c’est l’infinie substance éternelle.
Dès lors devons-nous accepter l’idée selon laquelle « ces philosophes » ont « ouvert la voie
que la science, depuis, n’a plus eu qu’à suivre ».

Thalès, Anaximandre et Anaximène étaient –ils réellement des philosophes au sens


moderne du terme. Si l’on en croit vraiment, de telles questions ne peuvent avoir de
réponses simples. Quoi qu’il en soit, si nous partons de l’idée selon laquelle la philosophie
est questionnement et vision du monde, il faut convenir à l’idée selon laquelle ils étaient
bel et bien des philosophes.

Rappelons que les milésiens étaient des présocratiques. D’autres aussi le furent, c’est
l’exemple d’Héraclite d’Ephese qui porta un intérêt tout particulier aux mouvements. Pour
ce présocratique, tout bouge tout coule. « Tout coule, rien ne demeure(…) On ne se beigne
jamais deux fois dans le même fleuve » disait-il. Il prônait ainsi une sorte de philosophie
dialectique(le changement et la contradiction dans chaque chose). (Les éléates écoles
fondée Xénophane et développée Parménide d’Elee) s’opposèrent à la thèse avancée par
Héraclite, la doctrine de Parménide sera fondée sur le principe de l’identité immuable. Son
disciple Xénon d’ Elée ira jusqu’à nier tout mouvement dans sa démonstration immergée
de la course engagée entre Achille aux long pieds et la tortue. Les Pythagoriciens étaient,
ceux qui réclament de Pythagore de Samos. Ce dernier avait une vision cosmique d’où
l’univers constitue un nombre, c’est sur ce nombre que repose l’harmonie de l’univers.
D’après Pythagore, chaque âme est liée à un astre dés qu’intervient la mort, l’âme retourne
à son astre. Quant au néo physiciens, ils cherchent à expliquer rationnellement la terre
selon Anaxagore, il y a un principe d’ordonnance dans chaque chose. Ce principe porte le
nom de (noûs en grec). Empédocle soutenait l’idée selon laquelle il existe une lutte
continuelle entre deux couples qui sont contraires. Chacune des forces cherche à
préserver son potentiel une telle théorie est contraire à celle d’Héraclite en revanche, les
Atomistes (Démocrite/Leucippe) acceptent au départ la réalité du mouvement chez
Héraclite. Ce qui va le permettre de découvrir la matière sous la forme de particule

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dynamique (atome : a-tomos= sans partie) enfin, parmi les présocratiques, citons les
Sophistes. Ils étaient de véritable professeur de rhétorique et

d’éristique. Ils allaient de ville en ville pour enseigner l’art de parler en public, ils
n’hésitaient pas à se donner eux même le nom de sophiste de « connaisseurs de tout ».
Protagoras d’Abdère, Gorgias de Léontium, Prodicos de Céos, Hippias d’ Elis peuvent être
cités parmi les plus célèbres quant à Calliclés, il fut l’adversaire le plus redoutable de
Socrate. (V. Platon, Gorgias).

En cherchant à présenter une vision rationnelle du monde, en se donnant pour mission la


réconciliation de l’homme avec l’univers et ses lois, les présocratiques ont constitué
l’amorce d’une philosophie. Et celle-ci serait donc née en Grèce. Bien des penseurs
occidentaux tels que Hegel, Heidegger et Russell confirment cette thèse.

Hegel affirme que l’Afrique est hors d’histoire de l’esprit. Selon lui l’Afrique reste
enfermée dans l’univers de la rationalité. Certains penseurs africains récusent une telle
idée. « On sait le thème de l’irrationalité des attitudes et des comportements des sociétés
indigènes fait partie d’un corpus d’images et d’idées véhiculées par la littérature coloniale
qui a longtemps ignorés les savoirs endogènes » V. Jean Mark Ella, les voies de l’Afro
renaissance Intro : Le monde diplomatique, no 535-45eme année, octobre 98, p.03

Cheikh A. Diop dans Civilisation Ou Barbarie s’insurge contre les idées avancées par
Hegel. D’apres lui, il y a un apport fondamental de l’Egypte, donc de L’Afrique, à la pensée
philosophique mondiale. Cette thèse ardue (courageuse) est restée et reste méconnue.
Pour rendre justice à Cheikh A. Diop, résumons l’essentiel de ses idées formulées au
chapitre XVII de l’ouvrage déjà cité. Selon la cosmologie héliopolitainne (ville de l’Egypte
ancienne), Ra (démiurge, première conscience qui émerge du Noun, la matière
primordiale) créa les deux couples divins : Schoutendre et Tefnut (air et eau), Geb et Nut
(terre et feu). Les quatre éléments constitutifs de l’univers des philosophes
présocratiques (Thales, Héraclite, Anaximandre, Parménide, Anaxagore) à savoir l’air, la
terre, le feu, l’eau se trouvent dans les deux couples. En partant de la pensée égyptienne,
on est amené à dire que l’être est composé de trois principes.

1. Le Zed ou le Khed qui se décompose dés après la mort


2. Le Ba âme corporelle
3. L’ombre de l’être (quatrième élément ajouté)

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4. Le Ka principe immortel rejoignant la divinité après la mort

Cheikh A. Diop termine en citant les principes opposés de la nature qui serait à l’ origine
des choses.

- Niaou et le Niaouet : le vide et le plein (la matière)


- Amon et Amonet : le noumène et le phénomène
- Neh et Nehet : l’infini et le fini
- Noun et Nounet : la matière et le néant
- Couk et Couket : les ténèbres et la lumière

Et le savant conclut ces termes : « On voit comment on pourrait construire l’univers à


partir de ces notions qui seront aussi à la base de la philosophie occidentale et de la pensée
dialectique en particulier » (op.cit.)

Au demeurant, la pensée Grecque doit beaucoup à la pensée égyptienne des noirs de la


vallée du Nil. Cf. Platon Timée. Ajoutons qu’il ne s’agit pas là d’un travail fantaisiste. Le
savant est parti une cosmogonie attestée dans les textes des pyramides (2.600 BC) à un
moment où les grecques n’existaient pas dans l’histoire.

Au-delà de cette controverse sur l’origine de la philosophie, il ya quand même lieu


de précise que l’origine de la philosophie réside donc dans ce regard nouveau porté sur le
monde, dans cette entreprise de réflexion à partir du souci naissant qui s’est transformé
en question rationnelle. A ce niveau, Vernant montre qu’au même titre que la politique,
les règles de la philosophie qui est ce nouveau jeu intellectuel sont : « la libre discussion,
le débat contradictoire, l’affrontement des argumentations contraires ». Tout dans
le cadre philosophique doit se prêter à critique. C’est cette dimension critique qui fonde
la force selon Vernant entre la vérité philosophique et celle des croyances
communes « que tout le monde partage sans que personne ne s’interroge à leur
sujet ».

La philosophie comme amour de la sagesse suppose la recherche de la vérité au lieu


d’une reconnaissance de soi par autrui. L’essence du philosopher se trouve dans cette
quête de sagesse. Antoine Guillaume Amo, philosophe ghanéen né en 1703 écrivait en ce
sens « la philosophie n’est rien d’autre que la sagesse, qui est la vertu ; et la vertu
consiste à s’attacher toujours à la vérité connue ». Elle est avant tout une attitude, un

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comportement et non d’abord une doctrine c’est-à-dire un corps de vérités qui
s’enseignent. Raison pour laquelle, K. Jaspers soutient que la philosophie « se trahit elle-
même lorsqu’elle dégénère en dogmatisme, c’est-à-dire un savoir mis en formules,
définitif, complet, transmissible par enseignement » Intro. En d’autres termes, elle est
une entreprise de réflexion.

Mais il reste à comprendre les origines proprement philosophiques de la philosophie.


Pour cela, il faut se souvenir de l'importance de l'étonnement chez Platon et Aristote.

L'étonnement (qu'il faut prendre en un sens fort : admiration, stupeur, etc.) suscite la
vocation de chercheur de la vérité, car la pensée reste inquiète tant qu'elle n'a pas
trouvé les causes et les principes des choses. D'où la définition antique de la philosophie,
qui est la connaissance des causes et des réalités divines. Cette connaissance du sage
doit conduire au bonheur. Le vécu philosophique prend donc sa source dans l'inquiétude
de l'homme face au monde, quand il se pose des questions sur son existence ; la soif de
connaître (philo-sophie) cherche alors un apaisement dans la science.

Dans le Phédon, Platon fait dire à Socrate que l'origine de cette inquiétude est la mort. La
mort, parce qu'elle semble refuser que nous donnions une signification trop réelle à la
vie, suscite tous les fantasmes et toutes les interrogations : peut-on savoir ce qui nous
attend ? L'homme a-t-il une destination particulière dans l'au-delà ? Par exemple, pour
Platon, il est nécessaire de supposer l'existence de réalités divines, car de telles réalités
sont seules susceptibles de donner un fondement à la connaissance, à la morale et à
l'espérance humaine. Ainsi la vie serait-elle privée de sens et de valeur si nous ne
pouvions nous faire de telles réflexions.

Néanmoins par rapport aux autres discours, elle présente beaucoup de particularités.

B- La spécificité de la philosophie.

Objectif : l’élève donnera la différence entre la philosophie et les savoirs sur place.

1-PHILOSOPHIE ET SENS COMMUN.

Etude de texte :

« La valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain
même. Celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence, prisonnier des
préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays et
de conviction qui ont grandi en lui sans la coopération, le consentement de la raison.

Pour un tel individu, le monde tend à devenir défini, fini, évident : les objets ordinaires ne
font pas naître des questions et les possibilités peu familières sont rejetées avec mépris.

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Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nous
voyons, que les mêmes choses les plus ordinaires de la vie quotidienne posent des
problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très incomplètes.

La philosophie, bien qu’elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude la
réponse au doute qui nous assiège, peut tout de même suggérer des possibilités qui
élargissent le champ de notre pensée et délivre celle-ci de la tyrannie de l’habitude. Tout
en ébranlant notre certitude concernant la nature de ce qui nous entoure, elle accroît
énormément notre connaissance d’une réalité possible et différente ; elle fait disparaître
le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui l’ont jamais parcouru la région du doute
libérateur et elle garde intact notre sentiment d’émerveillement en nous faisant voir les
choses familières sous un aspect nouveau. »

Bernard Russell, Problèmes de philosophie.

Questions de compréhension

1) De quoi parle le texte ?


2) Qu’est-ce qui fait l’importance de la philosophie selon Russell ?
3) Pourquoi l’homme du sens commun donne foi aux préjugés et opinions ?
4) Qu’est-ce qu’on peut attendre de la philosophie ?

Réponses aux questions

1) Dans ce texte, l’auteur nous fait part de la valeur de la philosophie.

2) Selon, l’auteur c’est l’absence de réponse figée qui fait l’importance de la


philosophie.

3) L’homme du sens commun donne foi aux préjugés et opinions parce qu’il n’a
aucune teinture philosophique. La croyance commune l’installe dans un confort du savoir.
Chez ce « prisonnier des préjugés », dira B. Russell, « Les objets ordinaires ne font
pas naître de questions et les possibilités peu familières sont rejetées avec
mépris.» Cette absence de critique fait du savoir populaire un dogme c’est-à-dire un
savoir qui n’admet ni interrogation, ni discussion et interdit la critique.

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4) Même si la philosophie n’est pas en mesure de nous donner des réponses
satisfaisantes, elle peut au moins élargir l'horizon de notre réflexion, nous départir de la
servitude cruelle de la coutume, tout en nous permettant de connaitre les choses aussi
différentes quelles sont et en tuant en nous tous les germes du dogmatisme.

Du latin sensus communis, le sens commun est selon Martin Heidegger, ce « on »


c’est a dire cette manière commune de voir, de penser, de juger, lequel est indéfini,
imperceptible et orphelin parce que personne ne voudrait réclamer sa paternité. C’est
dire donc que le sens commun milite en faveur d’un agir commun. A contrario, la
philosophie encourage l’esprit critique. Le philosophe s’arme du doute pour jauger la
véracité des réalités et se libérer des conceptions du sens commun, des croyances
habituelles et des convictions qui n’émanent pas de la raison. Il se détache des convictions
et des croyances habituelles en cherchant le consentement de la raison. En d’autres
termes, la philosophie nous pousse à interroger le vécu quotidien. Jankélévitch l’exprime
bien « Philosopher revient à ceci : se comporter à l’égard du monde comme si rien
n’allait de soi » (La Mauvaise Conscience). Autrement dit, chez le philosophe les choses
les plus ordinaires suscitent des interrogations et appellent une explication de sa part.
Ainsi, philosopher, c’est combattre les fausses évidences et connaissances, les opinions et
les préjugés. Descartes dans ce sens affirme : « C’est proprement avoir les yeux sans
jamais tâcher de les ouvrir que de vivre sans philosopher » (Principes). La
philosophie commence donc par rejeter l’autorité des sens et trouver un fondement
rationnel par soi-même. Elle n’accepte pas la quiétude de l’esprit par rapport aux
manifestations simples de la vie.

2- PHILOSOPHIE ET RELIGION

Etude de texte:

« La philosophie entre en conflit avec la religion, du fait que celle-ci se veut l’autorité
absolue tant dans le domaine de la vérité que dans celui de la pratique. Mais la vérité de
la religion se présente comme un donné extérieur en présence duquel on s’est trouvé. Cela
est particulièrement net dans les religions dites révélées ; celles dont la vérité a été

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annoncée par quelque prophète, quelque envoyé de DIEU. Ainsi dans la religion « le
contenu est donné, il est considéré comme au-dessus ou au-delà de la raison ». La religion
conçoit l’esprit humain comme borné, limite et ayant donc besoin que les vérités
essentielles pour l’homme, que sa raison infirme serait incapable de découvrir par elle-
même, lui soient révélées d’une façon surnaturelle et mystérieuse. Mais l’idée d’une vérité
au-delà de la raison, inaccessible naturellement à l’esprit humain, est absolument
inconcevable par la philosophie qui repose sur le principe diamétralement opposé selon
lequel la pensée ne doit rien admettre comme vrai qui n’ait été saisi comme tel par la
pensée. L’homme est certes un être borné, fini, sauf du côté où il est esprit. « Le fini
concerne les autres modes de son existence (…) ; mais quand, comme esprit, il est esprit
alors il ne connaît pas de limites. Les bornes de la raison ne sont que les bornes de la
raison de ce sujet-la, mais s’il se comporte raisonnablement l’homme est sans bornes,
infini. ». »

Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique


actuelle.

Tiré du latin religére ou religaré, le concept de religion veut dire ce lien sentimental
que l’humain entretient avec une force extérieure. En d’autres termes, c’est la croyance à
une réalité transcendante généralement nommée DIEU qui implique une soumission à
l’Etre suprême. D’après Kant, on peut la définir comme la « connaissance de tous nos
devoirs comme commandements divins ». (La religion dans les limites de la simple
raison). La religion ressort du domaine du sacré, du tabou, des interdits et du dogme. Les
Ecritures religieuses saintes professent des vérités intouchables au-dessus de la
juridiction humaine.

A l’opposé, le discours philosophique est humain, libre et critique. Ce n’est plus


DIEU qui parle aux hommes mais c’est un homme qui s’adresse à ses semblables. Sa vérité
ne saurait donc être absolue. La religion va subir d’ailleurs des critiques chez certains
philosophes. Selon Karl Marx « la religion est l’opium du peuple » (Critique de la
philosophie du droit de Hegel). En d’autres termes, elle adoucit nos maux comme la drogue
mais elle est tout aussi illusoire que celle-ci parce que l’au-delà n’existe pas et son discours
empêche l’humanité de se battre pour éliminer l’injustice sociale. Nietzsche considère que

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la religion est un mensonge et proclame même la mort de dieu. Sartre fera de l’existence
de dieu une présence sans incidence sur le monde.

Il faut préciser cependant que tous les philosophes n’ont pas eu cette position.
Descartes par exemple affirme « que la raison est cette lumière naturelle qui nous
permet d’accéder à Dieu » (Méditations Métaphysiques). A l’opposé Blaise Pascal
rétorque que « c’est le cœur qui sent Dieu et non la raison » (Pensées). Autrement
dit « Dieu s’éprouve mais ne se prouve pas » (op.cit.). C’est pourquoi Pascal considère
qu’il y a deux excès à éviter « exclure la raison, n’admettre que la raison » (op.cit.).
Dans une telle perspective, il est possible d’affirmer avec Saint Thomas d’Aquin
que « raison et foi ne s’excluent pas » (Somme théologique). C’est pourquoi, il a cherché
à rapprocher la philosophie d’Aristote avec le christianisme. Saint Augustin en fera de
même avec la philosophie platonicienne. La raison et la foi pourraient travailler ensemble
ainsi en synergie. Mais à la question de savoir si l’une précède l’autre, Saint Augustin
affirme « S’il est raisonnable que la foi précède la raison pour accéder à certaines
grandes vérités, il n’est pas douteux que la raison même qui nous la persuade,
précède elle-même la foi ». La perspective kantienne reconnaît des limites à la raison
dans le champ nouménal pour y donner une place à la foi. En tout cas, Mircea Eliade nous
avertit ainsi « un monde qui n’a pas de commencement, qui n’a pas de fin, qui n’a pas de
créateur est un monde de cendre voué à la déchéance et à la mort. ».

3- PHILOSOPHIE ET SCIENCE

Etude de texte :

« Pour quiconque croit à la science, le pire est que la philosophie ne fournit pas de
résultats apodictiques, un savoir qu’on puisse posséder. Les sciences ont conquis des
connaissances certaines, qui s’imposent à tous ; la philosophie, elle, malgré l’effort des
millénaires, n’y a pas réussi. On ne saurait le contester : en philosophie il n’y a pas
d’unanimité établissant un savoir définitif. Dès qu’une connaissance s’impose à chacun
pour des raisons apodictiques, elle devient aussitôt scientifique, elle cesse d’être
philosophie et appartient à un domaine particulier du connaissable.

A l’opposé des sciences, la pensée philosophique ne parait pas non plus progresser.
Nous en savons plus certes, qu’Hippocrate, mais nous ne pouvons guère prétendre avoir
dépassé Platon. C’est seulement son bagage scientifique qui est inférieur au nôtre. Pour

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ce qui est chez lui à proprement parler recherche philosophique, à peine l’avons-nous
rattrapé. ».

Karl Jaspers, Introduction à la philosophie.

La philosophie et la science se sont longtemps confondues. A l’origine, la


philosophie était présentée comme la mère de toutes les sciences. Elle était une discipline
encyclopédique, répondant au vœu d’Aristote qui la définissait aussi comme « la science
universelle ou la science des sciences » (Métaphysique). Les premiers philosophes
étaient, en fait, des mathématiciens, physiciens. Ainsi de Thalès à Pythagore et jusqu’au
XVIIème siècle avec les Descartes et Pascal, les deux notions avaient des rapports étroits.
Le progrès des sciences finit par avoir raison de ce mariage en rendant impossible la
maîtrise du savoir total par un seul homme. La philosophie comme « savoir de la totalité
ou la totalité du savoir » selon Aristote devient chimérique. La science s’écarte du
caractère imprévisible de la philosophie. Ce fut F. Bacon qui au début du XVII ème inaugure
la rupture avec la méthode expérimentale, suivirent la physique avec Newton et Galilée et
l’astronomie de Kepler. Au XVIIIème siècle, la biologie fera de même et les sciences sociales
au XXème siècle conclurent définitivement la séparation. Il sera désormais laissé à la
philosophie que la logique et la métaphysique.

Ainsi, de la pensée encyclopédique du philosophe comprenant tous les domaines,


se dégage la pensée objective du scientifique qui se porte sur un objet particulier. En effet,
nous fait savoir Antoine-Augustin Cournot dans son Essai sur les fondements de la
connaissance…, la science suit un cheminement dans sa méthodologie ; elle part de
l’observation, en tire une hypothèse, passe à l’expérience ou la vérification pour déduire
des lois universelles et apodictiques. A contrario, la philosophie saisit par l’intuition et
aboutit, à la suite d’un raisonnement, à des réponses invérifiables. Les orientations sont
donc différentes : la science est une activité constructiviste, la philosophie reste une
activité spéculative. La science s’intéresse à la question du comment des choses alors
que la philosophie cherche à savoir le pourquoi de ses choses.

La science s’attache principalement à dégager des lois permettant de prévoir le


déroulement des phénomènes et d’en expliquer les causes. La philosophie, préoccupée
par la raison des choses est, selon les propos de A. Cournot, « enfermée dans un cercle
de problèmes qui restent au fond toujours les mêmes. » (Essais sur…) D’où la critique

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de Claude Bernard qui avance « la philosophie n’apprend rien et ne peut rien
apprendre de nouveau par elle-même puisqu’elle n’expérimente ni
n’observe.»(Introduction à la médecine expérimentale). Avec Auguste Comte, Bernard
réhabilite la science au dépend de la philosophie affirmant en outre que seuls Descartes,
Leibniz, Newton et Galilée sont de grands savants, tous les autres philosophes n’ont rien
produit de nouveau. Pour C. Bernard, Kant, Hegel et Schelling « n’ont pas à eux tous
introduit la moindre vérité sur la terre. Il n’y a que les savants qui le peuvent. »
(Op.cit.).

Pour autant, la philosophie reste utile pour C. Bernard, elle joue un rôle
prépondérant dans les sciences malgré les imperfections et critiques constatées à son
égard. En réalité, la philosophie est omniprésente dans l’analyse du scientifique. Dans sa
méthode expérimentale, la réflexion et la cohérence guident l’expérience du chercheur.
Ce qui permet à Jaspers d’avancer que « L’homme ne peut se passer de la
philosophie…Aussi est-elle présente partout et toujours. »(Introduction…). La
philosophie est ce qui donne plus de maturité à la science en lui apportant « un
supplément d’âme » (Bergson) et le rend noble.

En effet, la philosophie qui s’occupe de morale ou d’éthique peut jouer le rôle d’une
conscience ou d’une police de la science en définissant des garde-fous aux savants et
techniciens afin de préserver le bonheur et le bien être de l’homme. Rabelais nous avertit
d’ailleurs dans ce sens en affirmant que « science sans conscience n’est que ruine de
l’âme »

La science dans son évolution suscite donc des questions d’ordre philosophique et
donne ainsi une matière de réflexion à la philosophie « les philosophes se tiennent
toujours dans des questions à controverses et dans les régions élevées, limites
supérieures des sciences. Par là, il communique à la pensée scientifique un
mouvement qui la vivifie et l’anoblit » affirme Claude Bernard. La nécessité de
philosopher résulte donc des lacunes mêmes de la science du point de vue morale et
même métaphysique. « La biologie ne nous dira jamais comment il faut vivre ni s’il le
faut (…) » dira André Comte-Sponville.

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Il y a entre la science et la philosophie une relation de proximité comme le note
Gusdorf « la philosophie (peut être) située au-dessus ou à côté de la science parce
qu’elle se soucis des conséquences de l’application des découvertes scientifiques ».

La philosophie et la science s’associent ainsi dans le développement régulier de


l’activité intellectuelle. La philosophie continue ses spéculations en restant dans
l’abstraction lorsque la science objective et pratique vise le savoir. Cette complémentarité
transparaît chez A. Cournot, il écrit « la philosophie sans la science perd bientôt de
vue nos rapports réels avec la création pour s’égarer dans des espaces imaginaires,
la science sans la philosophie mériterait encore d’être cultivée pour les
applications aux besoins de la vie, mais hors de là, on ne voit pas qu’elle offre à la
raison un aliment digne d’elle, ni qu’elle puisse être prise pour le dernier but des
travaux de l’esprit. »(Les fondements de la connaissance).

CHAPITRE II- LES GRANDES INTERROGATIONS PHILOSOPHIQUES

Objectif général : L’élève saura rendre le sens des différentes questions philosophiques.

Introduction

D’après, Gabriel Marcel (1889-1973) dans L’homme Problématique, « des questions


portant sur son origine, sa nature et sa destinée » ont toujours préoccupé l’être humain.
Ainsi, l’homme s’est depuis longtemps intéressé sur sa création, son être et sa finalité.
L’angoisse a donc très tôt habité l’humanité. Ebenezer Njoh Mouelle, philosophe
camerounais avait donc raison d’écrire dans Jalons « la philosophie naît (…) d’une
conscience angoissée, (…) des situations troubles ». Cette angoisse s’est traduite dans la
question de Leibniz « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » Dès lors, des
questions jaillissent de l’esprit humain pour tenter d’embrasser la réalité. L’intellect est
sollicité. L’interrogation surgit. L’homme est donc sommé de trouver un sens à sa genèse,
son existence et son devenir. C’est dans et par la philosophie qu’il va chercher les
réponses.

La philosophie devient la discipline qui tentera de lui fournir les remèdes à sa


misère existentielle. Pour ce faire, elle va s’attaquer à la question philosophique par

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excellence : Qu’est-ce que l’homme ? Cette connaissance de soi est fondamentale. Socrate
en saisit le sens en s’appropriant le « connais-toi toi-même » gravé sur le sanctuaire
d’Apollon. Selon Kant, cette question majeure résume trois grandes interrogations : Que
puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Aussi, l’être humain est
tenaillé par des interrogations métaphysiques, axiologiques et anthropologiques.

A- L’interrogation métaphysique
Objectif spécifique 1 : L’élève sera en mesure de montrer l’importance de la question
métaphysique, ses partisans, ses critiques et son actualité face à l’avancée des sciences.

Selon l'opinion commune, le mot métaphysique, qui sert aujourd'hui à désigner la partie
la plus élevée et la plus générale de la philosophie, est né d'une circonstance
accidentelle. On prétend qu'Andronicos de Rhodes, contemporain de Cicéron, s'occupant
à classer les différents ouvrages d'Aristote, forma une première catégorie de tous ceux
qui avaient pour objet les sciences-physiques et naturelles, puis rangea sous ce titre
commun, ta meta ta physika , c'est-à-dire les livres qui viennent après ceux sur les
choses physiques, les divers écrits où ce philosophe traitait des choses qui sont au-
dessus des données des sens. Mais il paraît beaucoup plus vraisemblable d'admettre que
cette inscription est due à Aristote lui-même. En effet, ce philosophe consacre les
premiers chapitres de ses ta meta ta physika à établir la distinction qui existe entre les
choses qui font l'objet des sciences physiques et celles dont il va traiter; et ces dernières
sont nommées par lui "philosophie première, ou science des premiers principes."

Philosophie première, c'est-à-dire la métaphysique, la philosophie qui porte sur les


principes et les causes : ce qui est premier ontologiquement. C'est la science la plus
haute, car elle porte sur les premiers principes de toutes choses. Son objet est la réalité
la plus haute que l'esprit humain puisse concevoir. Certains philosophes en font la
philosophie tout entière, dans la mesure où la métaphysique interroge le sens de l'être
de choses (et non seulement leurs déterminations, les manières dont ils existent). Ainsi,
selon Heidegger, la question fondamentale, la plus profonde et la plus vaste est-elle :
« Pourquoi donc y a-t-il de l'étant, et non pas plutôt rien. » (Introduction à la
métaphysique)

Dans le langage vulgaire, le mot métaphysique se prend assez généralement en


mauvaise part, pour désigner l'abus des abstractions, ou simplement l'usage intempestif
de considérations plus ou moins philosophiques. Mais la définition de la métaphysique
la plus généralement admise est celle qui se déduit de l'étymologie même de ce mot.
C'est, disent la plupart des auteurs, la science qui traite des choses au-dessus de la
nature, c.-à-d. au-dessus du monde sensible ou matériel. Elle a pour objet l'être en tant
qu'être c.-à-d. l'essence des choses; elle est le point le plus élevé de la philosophie : de là
vient que cette dernière, quand elle est prise pour la métaphysique, soit parfois appelée
la science des premiers principes et des causes. Aristote n'est pas l'inventeur de la
métaphysique : Thalès et Pythagore, l'école d'Élée , Platon, l'avaient traitée à leur
manière; mais Aristote y mit plus de méthode en la constituant régulièrement.

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La métaphysique comprend classiquement l'ontologie, ou science de l'être considéré
abstractivement, la théologie , au sens de science des êtres incorporels, la cosmologie
et la psychologie rationnelle; leur ensemble forme ce qu'on appelle les sciences
métaphysiques. Au reste, sans prétendre critiquer cette manière de voir, nous
considérons, ainsi que le faisait Aristote lui-même, la métaphysique comme la science
des vérités premières. Mais par vérités premières, nous entendons exclusivement ces
idées supérieures, nécessaires et absolues, que l'intelligence ne peut atteindre par la
perception soit externe, soit interne, parce qu'elles dépassent toute notion empirique; en
d'autres termes, la métaphysique est proprement la science qui a pour objet les
principes que nous atteignons à l'aide de la raison. Comme on le voit la métaphysique est
pour nous, de même que pour tous les philosophes, le couronnement de la philosophie,
et l'on peut dire, non moins exactement, qu'elle en est la racine et la base.

Historiquement, la question essentielle, en métaphysique, a été de savoir si l'esprit


humain a le droit d'affirmer si ce qu'il conçoit nécessairement existe, et s'il existe comme
il le conçoit, par exemple, la substance, la cause, le temps, l'infini, etc. De la réponse faite
à cette question capitale sont nés les grands systèmes en philosophie; le Spiritualisme,
l'Idéalisme, le Panthéisme, etc., ce qui montre l'extrême importance de la métaphysique.
Les réponses souvent si opposées viennent de la différence des procédés employés à les
chercher. La vraie méthode consiste-t-elle à substituer la conscience à des abstractions,
à un procédé tout géométrique, comme chez Spinoza, ou à la prétention de s'identilier a
priori avec l'infini, comme l'ont fait plusieurs philosophes allemands, ou à celle, non
moins aventureuse, de s'élever à la vérité suprême par l'enthousiasme et l'amour, en
dédaignant les secours de la raison et de la science?

L'Antiquité accorda une grande attention à la métaphysique. Aristote, dans la partie


ontologique, distingue quatre principes : la qualité, par laquelle une chose est ce qu'elle
est; la matière; le principe du mouvement; le principe de la fait ou du bien. Les
commentateurs les plus connus de cette partie de ses oeuvres sont, chez les Anciens,
Alexandre d'Aphrodisie, Thémistius, J. Philopon; Au Moyen âge ce furent d'abord :
Avicenne, Averroès, et Anselme de Cantorbéry. Ce dernier se distingue par son
indépendance, en cherchant à asseoir le dogme sur des arguments métaphysiques. Les
maîtres les plus célèbres qui cherchèrent ensuite à établir la métaphysique d'Aristote
dans les écoles en l'interprétant, furent Alexandre de Hales, Albert le Grand, St Thomas
d'Aquin , Duns Scot.

La philosophie moderne, ayant surtout en vue la méthode, s'occupa plus du


sujet que de l'objet, et, par suite, sembla accorder moins d'importance à la
métaphysique. Bacon en fait une partie de la physique, sans cependant la
méconnaître, puisqu'il admet une théologie naturelle fondée sur la raison seule.
Pour Descartes, "toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la
Métaphysique." Malebranche, voit dans la même science les vérités qui peuvent
servir de principes aux sciences particulières; il est plus près de Platon que
d'Aristote; Leibniz se place entre les deux pour les concilier. Après lui, la
métaphysique perd de ses droits et de son importance dans l'histoire de la

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philosophie avec Locke, Condillac, et l'école idéologique; en faisant dériver de la
sensation toute la connaissance, ils méconnaissaient les conceptions de la raison
et les premiers principes. Avec Kant, la métaphysique reprend la place qui lui
appartient, mais avec un caractère essentiellement subjectif : le philosophe ne voit
en elle que la liste des notions données par la raison. Avec Schelling et Hegel, elle
fut entraînée à dépasser ses limites légitimes.

Au demeurant, une analyse des sciences modernes et des discours contemporains, montre
en filigrane des préoccupations métaphysiques. Le souci de l’humanité étend ses
tentacules dans tous les domaines d’expression. La destinée humaine est devenue l’affaire
de tous et se manifeste partout. Dans ce cadre, G. Gusdorf remarque à juste raison dans
Traité de métaphysique « loin donc d’affirmer la déchéance de la métaphysique, il faut
bien plutôt souligner qu’elle s’est en un certain sens universalisée, qu’elle a acquis une
sorte de suprématie.» En effet, la réflexion métaphysique permet de cerner tout le sens
de ce désarroi pascalien « Je ne sais qui m’a mis au monde, ni ce que c’est que le monde,
ni que moi-même ; je suis dans une ignorance terrible de toutes choses ; je ne sais ce que
c’est que mon corps, que mes sens, que mon âme et cette partie même de moi qui pense
ce que je dis, qui fait réflexion sur tout et sur elle-même, et ne se connaît non plus que le
reste » Pensées. Ainsi, les questions demeureront présentes tant que l’homme sera un être
malade de sa propre finitude. Les attaques contre la métaphysique ne suppriment pas
pour autant les interrogations métaphysiques, même si l’homme reconnaît qu’il ne peut
pas les résoudre.

B- L’ INTERROGATION ANTHROPOLOGIQUE.

Objectif spécifique 2 : L’élève sera en mesure de montrer l’importance de la question


anthropologique eu égard à la nature complexe de l’homme.

L’anthropologie (du grec anthrôpos : homme et logos : étude ou science) signifie la


science de l’homme. Elle est très proche de la philosophie puisque toutes deux s’emploient
à connaître l’homme. On pourrait ainsi penser à une anthropologie philosophique et une
anthropologie scientifique selon kant. Mais, l’anthropologie scientifique n’envisage pas
l’homme comme un pur être, mais elle l’étudie tel qu’il apparaît dans l’expérience et dans
l’histoire. Elle analyse l’homme concret dans son milieu concret donc a pour cadre la

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nature. Son objet est l’homme empirique alors que la philosophie a pour objet l’homme
abstrait c’est-à-dire saisit dans la pensée comme une idée.

Cependant, l’anthropologie n’est pas la seule science qui prétend investir l’homme.
Elle partage ce champ avec d’autres sciences telles, la sociologie, la linguistique, l’histoire,
la psychologie… qui se présentent aussi comme des sciences humaines. Mais par rapport
à ces dernières, l’anthropologie se démarque en se posant comme la science par
excellence de l’homme en tant qu’elle s’occupe de l’humain sous toutes les attitudes et
dans tous les temps.

C’est le rapport de l’homme au monde que l’anthropologie interpelle. D’après Lévi-


strauss « elle vise à une connaissance globale de l’homme embrassant son sujet dans toute
son extension historique et géographique ; aspirant à une connaissance applicable à
l’ensemble du développement humain ; et tendant à des conclusions, positives ou
négatives, mais valables pour toutes les sociétés humaines, depuis la grande ville moderne
jusqu’à la plus petite tribu mélanésienne. » Anthropologie structurale. En somme, son
souci, nous dit Topinard, est « de nous montrer l’homme dans toute sa nudité, de nous
livrer le secret de ses actes, de ses passions et de ses besoins, dans le passé et peut être
dans l’avenir » L’anthropologie.

Toutefois, l’homme peut se présenter sous une infinité d’aspects de par sa liberté et sa
sensibilité. Il reste donc un objet inassignable ce qui rend son étude problématique. Aussi,
apparaît en filigrane le risque d’une subjectivité dans la mesure où le savant et l’objet de
la recherche relève du même cadre humain. Ainsi, l’anthropologie va s’intéresser à
l’homme sur les plans physiologique et culturel. Du point de vue physiologique,
l’anthropologie va étudier les variations des caractères biologiques nées de la
confrontation de l’homme avec son milieu ambiant. Il s’agit d’étudier l’action de l’homme
dans son environnement et ses efforts dans l’accomplissement de sa destinée morale et
pour améliorer son existence. Du point de vue culturel ou social, elle interprète l’homme
dans sa diversité, dans toutes les sociétés et à toutes les époques. Sur ce plan, des
ethnologues occidentaux, au nom d’un ethnocentrisme vont juger de primitives certaines
sociétés. De l’avis de Lévi-Strauss, il faut plutôt penser à une relativité voire une diversité
des cultures car il ne peut y avoir de hiérarchie entre elles ; les cultures sont toutes
équivalentes.

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C- L’INTERROGATION AXIOLOGIQUE

Objectif spécifique 3 : L’élève sera en mesure de montrer l’importance de la question


axiologigue , le sens du Bien et du Mal.

L’axiologie est une théorie des valeurs, plus particulièrement des valeurs morales (Bien,
Mal, Juste…), une recherche sur leur nature et la hiérarchie à établir entre elles. Du grec
axios (mérite, de grande valeur) et logos (étude, discours), elle étudie de façon normative
la valeur des conduites et tente de prescrire les règles qu’il convient de respecter. Il s’agit
là de la philosophie morale qui prend en charge l’action humaine dans la société. Elle est
à la fois réflexion sur les valeurs qui doivent guider la vie et la mise en exercice de ces
valeurs dans des actes quotidiens de vigilance et d’attention à soi et aux autres. Aussi des
valeurs comme le courage, la générosité… peuvent être considérées comme des valeurs
positives. Les anti-valeurs seront évidemment leur contraire : la trahison, la méchanceté,
le mal…C’est pourquoi la tradition philosophique a toujours compris la sagesse comme
synonyme de vérité qui s’oppose aux vices.

En fait, l’axiologie cherche à assurer à l’homme une vie paisible dans la société. Le
problème, c’est que chaque doctrine philosophique produit sa propre morale. Par
exemple, les épicuriens considèrent que le plaisir est le souverain bien, que l’homme doit
admettre les plaisirs naturels et nécessaires, tolérer les plaisirs naturels mais non
nécessaires et fuir les plaisirs ni naturels ni nécessaires, s’il veut atteindre la paix de l’âme
(Ataraxie ou Apathie : absence de trouble, paix de l’âme). Pour parvenir à ce bonheur, les
stoïciens recommandent à l’homme d’acquiescer à l’ordre de la nature. Descartes dans la
définition de sa morale provisoire ou par provision (en attendant, faute de mieux)
préconise d’ailleurs de « changer nos désirs plutôt que l’ordre du monde. » Discours de la
méthode, 3ème. Chez Platon, toute la philosophie est orientée vers la recherche du bien ou
de la vertu ; mais le bien en tant qu’il est d’abord et avant tout dans le monde intelligible.
Kant suggère « qu’on doit toujours traiter l’autre comme une fin et jamais comme un
moyen » Fondements de la métaphysique des mœurs. Il affirme d’ailleurs en substance
que la loi morale est inscrite dans la raison de chaque être humain. Cela veut dire qu’il
développe une morale universelle. Il semble même que les organisations internationales

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en charge de la protection des droits de l’homme (Amnesty international, radho, fidh,
human rights watch….) s’inspirent de cette conception.

Seulement, il faut reconnaître que même si chaque peuple sait faire la distinction
entre le bien et le mal, le contenu qu’on en donne varie d’une contrée à une autre. Ainsi,
les valeurs sont socialement orientées et culturellement marquées. Le sociologue français
Emile Durkheim le rappelle ainsi « chaque peuple a sa morale qui est déterminée par ses
conditions de vie. On ne peut donc lui en inculquer une autre, si élevée qu’elle soit, sans la
désorganisée » Sociologie et philosophie.

Nietzsche va théoriser le perspectivisme en matière de morale. Il s’agit là de dire


que chacun doit éviter d’être un suiviste, de devenir un être du troupeau ou de la plèbe.
En effet, l’archéologie des valeurs morales dominantes (valeurs judéo-chrétiennes)
montre que celles-ci émanent du « ressentiment des faibles » qui n’osent pas affronter la
vie telle qu’elle est. Ainsi pour lui, chaque homme doit définir ce qu’il entend par le bien
et par le mal. Sartre précise qu’en matière de morale c’est comme en matière d’art : un
domaine de création et d’invention.

Chapitre III- ENJEUX, FINALITES ET PERSPECTIVES PHILOSOPHIQUES.

Objectif : les élèves sauront identifier les justifications qui sont à la base de
l’activité philosophique, de donner des indications sur l’état actuel de la
philosophie et ses perspectives.

L’avènement de la philosophie dans le monde de la réflexion a donné une autre


dimension à la pensée. La pensée devient un effort libre de réfléchir, dégagé de tout enjeu
de pouvoir. Elle revêt une exigence spécifique de rationalité et de rigueur dans
l’argumentation. Ses fonctions pratique et théorique sont souvent ignorées ; c’est
pourquoi elle est parfois présentée comme spéculation pure sans conséquence dans la
vie. D’un point de vue théorique, elle veut donner une vision plus systématique des choses
à l’homme, l’aider à comprendre la signification cachée des phénomènes ou des
événements. La philosophie suppose ainsi une tâche pratique parce qu’elle permet de
rectifier les erreurs et de corriger les contres vérités. La pensée philosophique développe

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une manière propre de réfléchir et une cohérence dans les actes de la vie qui vise
l’universel. Elle pense au-delà des frontières, ce qui en fait une activité intemporelle. Elle
se veut non cette superstructure injustifiée mais une démarche rationnelle s’assumant
dans l’individualité d’un discours critique et autonome. Toute tentative philosophique
véritable est effort lucide de théorisation individuelle se démarquant des traditions, des
préjugés, des savoirs préétablis.

Ainsi la philosophie se démarque de l’idéologie qui peut se définir comme un ensemble de


représentations conscientes ou inconscientes vécues ou/et théoriques propre à un
groupe donné, déterminé, conditionné par des intérêts communs servant de référence de
validation le plus souvent de justification non seulement des modes de vie mais aussi pour
des actions. L’idéologie dans son sens négatif, apparaît comme tromperie, illusion,
mensonge, pensée hypocrite qui se base sur la persuasion.

De nos jours, on assiste à des critiques qui finissent par proclamer l’inutilité ou
sinon la mort de la philosophie. On lui reproche d’ignorer la vie présente au profit d’un
monde possible au moment où la science permet à l’homme d’« être comme maître et
possesseur de la nature » (Discours…). La philosophie semble se réduire à des
élucubrations. D’où la question de son statut actuel et son importance .

En fait, la philosophie, cherche à installer un cadre propice à l’esprit critique. Elle


rassure, libère, en expliquant le monde et en donnant sens à la vie de sorte que l’homme
puisse penser aux conséquences de ses actions dans la vie. La course au profit et les défis
titanesques de l’homme au nom du développement ont fini de menacer son existence
même. Aidés par la techno-science, les hommes interviennent dans l’alimentation (ogm),
la reproduction humaine (in vitro) et animale (clonage) etc. Il est donc urgent que la
philosophie intervienne pour arrêter ces débordements. Ainsi, elle apporte un
« supplément d’âme » (une conscience) et une éthique aux scientifiques. La philosophie
favorise une ouverture d’esprit sur autrui qui permet l’acceptation de la différence et à la
tolérance donc à l’anti-dogmatisme, ce qui favorise une vie en commun. La montée de
l’intégrisme surtout religieux, du racisme, du nazisme et du nationalisme sont autant de
questions qui recommandent la pratique philosophique.

Ainsi, la question de l’éthique est brandie dans tous les secteurs pour que la
dimension spirituelle de l’homme ne s’éteigne à jamais et pour inviter à un respect de la

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nature. La question des fins dernières de l’humanité ne saurait être traitée par la
technologie ni par la science. Et, l’homme dans l’action ou la production est appelé à
s’interroger sur le sens de son activité et chacun doit savoir, comme le dit si bien
Kant « traiter autrui toujours comme une fin, et jamais simplement comme un
moyen. » Fondements de la métaphysique des mœurs.

CONCLUSION

La philosophie se remarque par sa complexité tout d’abord à être campée dans un cadre
restreint comme une définition visant l’unanimité. On s’en tient toujours à son étymologie
preuve que définir la philosophie reste une tâche difficile. Néanmoins on retiendra cette
volonté commune à toutes les philosophies de fonder une pensée rationnelle basée sur un
esprit critique. Ainsi la philosophie s’est démarquée des sources ou types de savoirs des
grecs critiquant le discours mythique et religieux, disqualifiant l’opinion et les speudo-
connaissances. Elle devient une pensée qui scrute le sens des phénomènes ou des
événements, l’au-delà des choses, analyse l’homme dans son être et propose des valeurs
morales. D’où une visée pratique de la philosophie qui suggère une conduite de vie pour
une meilleure réalisation de l’homme. Ouvrant de nouveaux champs de réflexion, elle
inaugure de nouvelles façons de voir le monde et un changement dans les mentalités. Ce
tournant de perception s’avère salutaire si l’on considère les développements inquiétants
de la science et le réveil de la xénophobie et autres formes d’intolérance. La philosophie
européenne s’adresse à un homme individuel, en Afrique l’homme se démarque
difficilement de son groupe social si bien qu’on parle d’une philosophie collective. Une
source de solution ne serait-elle pas d’accepter une philosophie africaine et d’en tirer des
avantages pour toute l’humanité ?

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