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Introduction à l'épistémologie

Type de document ; Ouvrages


Titre : Introduction à l'épistémologie
Auteur(s) : Léna Soler 1
1 LHSP - Laboratoire d'Histoire des Sciences et de Philosophie - Archives Henri
Poincaré 1060 - Université de Lorraine, 91, avenue de la Libération BP 454,
54001 Nancy Cedex - France
Université de Lorraine 413289 ; Centre National de la Recherche Scientifique :
UMR7117 441569

Résumé
frL'épistémologie caractérise les sciences existantes, en vue de juger de leur
valeur et notamment de leur prétention à coïncider avec l'idéal d'une
connaissance certaine parce qu'authentiquement fondée. Comment les
théories scientifiques sont-elles élaborées et testées ? Quels types de facteurs
conduisent à les accepter ou à les rejeter ? Le fait qu'une théorie formule des
prédictions effectivement réalisées implique-t-il que cette théorie soit vraie ?Y
a-t-il un progrès scientifique ? Les disciplines qui ne procèdent pas selon le
modèle de la physique peuvent-elles être considérées comme des sciences
dignes de ce nom ? Cet ouvrage présente les grandes questions de
l'épistémologie et analyse les principaux types de réponses qui ont été
apportées à ces questions. Il s'emploie à dresser un état des lieux didactique,
avec le souci d'examiner (et de prémunir le lecteur contre) un certain nombre
de confusions et de malentendus récurrents. Il s'adresse à tous ceux - lycéens,
étudiants, enseignants, etc. -, qui désirent réfléchir sur la science. Cette
seconde édition a été augmentée d'un nouveau chapitre où sont discutés
quelques thèmes et problématiques récemment introduits dans le cadre de ce
qu'on a appelé le " tournant pratique " des études sur les sciences, en
accordant une attention spéciale à la question de la contingence/inévitabilité
des résultats scientifiques.
Date de publication 2009-03-25
Domaine : Sciences de l'Homme et Société/Histoire, Philosophie et Sociologie
des sciences
Mots-clés : frtournant pratique, épistémologie, "tournant pratique",
contingence
Page/Identifiant : 335
Éditeur commercial :Ellipses

Résumes des chapitres


Chapitres 1-3 : distinctions élémentaires
On s’intéresse ainsi au sens général du terme ‘épistémologie’. Lorsqu’il s’agit
de préciser son objet, on retient le sens francophone pour lequel
l’épistémologie concerne la science, plutôt que le sens anglo-saxon, qui fait de
l’épistémologie une réflexion sur la connaissance. Le problème est alors de
déterminer s’il faut parler de la science ou des sciences. Dans le chapitre 2, elle
s’interroge sur ce qui distingue l’épistémologie d’autres types de discours sur la
science, tels que l’histoire ou la sociologie des sciences.
On y aborde aussi la question de l’instrument , celle de la mathématisation et
enfin le concept d’explication. Quant au concept d’explication, celui-ci est
analysé en le confrontant d’une part à la description, d’autre part à
l’interprétation et à la compréhension. Il faudrait alors considérer qu’il y a une
multiplicité de niveaux de description, tel niveau étant dit explicatif pour tel
autre, plus superficiel. On peut poursuivre cette analyse de l’explication en
distinguant un sens fort et un sens faible, selon le type de cause que l’on
invoque ou recherche.
Chapitre 4 : valeur de la science empirique : mise à l’épreuve et démarcation
(Le Cercle de Vienne et ses critiques)
Ce qui fait la valeur de la science, semble-t-il, c’est son rapport aux faits – c’est
aussi ce qui semble la distinguer d’autres types de discours, dont le rapport aux
faits est plus fragile. La base ferme recherchée serait fournie par des énoncés
d’observation absolument irrécusables. L’auteur nous propose de distinguer
quatre composantes dans l’idée que les faits sont chargés de théorie. En effet,
les théories sélectionnent les faits pertinent, conduisent à les énoncer d’une
certaine manière, fixent la signification des faits-énoncés et conditionnent des
décisions relatives à la valeur de vérité des énoncés d’observation . Ce que l’on
considère comme ‘base empirique’ n’est alors rien de plus qu’un ensemble
d’énoncés faisant consensus à une époque donnée, pour des raisons
indissociablement théoriques, psychologiques et pragmatiques.
Ces difficultés conduisent à envisager la substitution de la confirmation à la
vérification, une démarche qui consisterait à estimer la plausibilité des énoncés
théoriques, plutôt qu’à chercher à les prouver. Cela renvoie au projet carnapien
d’une logique inductive et aux approches dites ‘néo-bayesiennes’, que l’auteur
se contente de mentionner .
Chapitre 5 : le réalisme en question
Le chapitre 5 traite du rapport entre une théorie scientifique et son objet. La
question rejoint en grande partie celle de la partie précédente, mais ici c’est le
concept de réalisme dans ses différentes versions qui est mis en avant. Le
réaliste défend la thèse selon laquelle les théories scientifiques sont au moins
approximativement vraies, et cela au sens où elles correspondent à la réalité,
elles en constituent une sorte de reflet. Le réalisme naïf, qui défendrait l’idée
d’une vérité absolue des théories scientifiques, est écarté rapidement au profit
d’un réalisme dit convergent, qui considèrent que les théories scientifiques
gagnent en précision au cours d’un progrès scientifique, et qu’elles peuvent
contenir à un moment donné des éléments qui ne sont pas vrais.

L’argument principal retenu au crédit de la thèse réaliste est celui de l’efficacité


prédictive. Mais l’antiréaliste peut rétorquer que, tout comme un même
objectif peut être atteint de plusieurs manières, de même l’efficacité prédictive
pourrait être obtenues par plusieurs théories différentes . Le succès d’une
théorie n’est pas une marque indiscutable de sa vérité. De manière plus
évidente, l’histoire des sciences permet un inventaire de théories scientifiques
relativement efficaces et dont l’ontologie a ensuite été abandonnée.
Chapitre 6  : La science comme processus historique
Dans un premier temps, ce processus peut être considéré de manière
continuiste ou discontinuiste. Qu’elle soit continuiste ou discontinuiste,
l’évolution historique de la science est déterminée en partie par certaines
contraintes, qui conditionnent l’acceptation ou le rejet d’une théorie. A noter
que cette idée de contrainte englobe aussi bien des facteurs psychologiques ou
sociaux que des éléments objectifs . Entre une épistémologie naïve qui nierait
le poids des facteurs sociaux sur les théories, et une sociologie des sciences qui
prétendrait expliquer le contenu d’une théorie par le contexte social, il existe
évidemment des positions intermédiaires.

De la même manière, elle introduit des distinctions au sein du relativisme fort,


notamment entre relativisme des fins et des moyens. Cette distinction lui
semble essentielle pour éviter un rejet « épidermique » du relativisme, qui
conduirait à embrasser un « scientisme non critique ».

Chapitre 7 : Bachelard et Kuhn, deux position originales et complexes


Après avoir explicité la signification de la thèse si fameuse de
l’incommensurabilité des paradigmes, l’auteur conclut en rappelant très
utilement que Kuhn s’est fermement opposé à une interprétation relativiste de
son propos. «Force est de constater que la position de Kuhn est complexe dans
la mesure où il affirme que « la concurrence entre paradigmes n’est pas le
genre de bataille qui puisse se gagner avec des preuves » . » Une confiance qui
ne va pas de soi, tant la structure précise de la communauté scientifique est
complexe et variable.
Chapitre 8 : la diversité des sciences
Le court chapitre 8 aborde le problème de la diversité des sciences, ou encore
des épistémologies régionales.
Chapitre 9 : orientations et enjeux de la philosophie des sciences ‘post-
kuhnienne’ : le tournant pratique et la contingence
L’ouvrage se clôt sur un chapitre fondé sur les recherches novatrices de
l’auteur et il offre donc un aperçu d’un pan de la philosophie des sciences la
plus actuelle. Ce chapitre beaucoup plus dense mériterait incontestablement
un compte-rendu à part. Un autre thème important issu du tournant pratique
est celui des aspects tacites, ou encore de l’opacité irréductible des pratiques
scientifiques, un thème introduit par M. Polanyi et développé aujourd’hui
notamment par H. Collins. Dans le cas des pratiques expérimentales, l’idée est
que l’expérimentateur est dans l’incapacité d’expliciter toutes les conditions
nécessaires à la maîtrise des protocoles expérimentaux et à l’établissement des
résultats. Cette idée a des enjeux importants en ce qui concerne la
reproduction expérimentale et la conservation des acquis scientifiques. Le
tournant pratique permet également de donner une nouvelle dimension à la
thèse dite de Duhem-Quine : alors que classiquement celle-ci s’applique à des
énoncés, il s’agit maintenant de faire tenir ensemble le plus grand nombre
possible d’éléments hétérogènes des pratiques scientifiques. On obtient alors
une totalité où les différents éléments se soutiennent les uns les autres – une
totalité que Hacking qualifie de système clos auto-justifié. Ceci nous introduit
au thème de la solidité de la science, de sa stabilité, ou encore, de sa «
robustesse ».

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