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La communication est souvent mal perçue par les chercheurs – c’est un art de la séduction qui
conduit à simplifier outrageusement le réel, et une perte de temps. En même temps, c’est une
contrainte institutionnelle de plus en plus forte : tous les opérateurs de recherche demandent une «
valorisation » auprès des acteurs socio-économiques. C’est aussi le cœur même du métier de
chercheur : pas de progression de la connaissance sans échanges d’informations entre pairs,
négociations avec les financeurs, publications des résultats. Dans une société qui a soif de
transparence et qui se méfie du scientisme – à une époque où les controverses scientifiques sont de
plus en plus nombreuses –, il est donc nécessaire de se pencher de manière scientifique sur la
communication scientifique. Comment ? De manière collective, pluridisciplinaire et empirique, ce
que nous avons proposé en 2009. Et c’est cette aventure collective que nous allons nous efforcer de
restituer dans cet ouvrage.
Les personnes qui sont à l’origine de ce projet ne sont pas des spécialistes de la communication
scientifique, mais des chercheurs qui s’interrogent sur leurs pratiques professionnelles de la
communication. Il ne s’agit donc pas de proposer des recettes clefs en main ou de poser les bases
épistémologiques d’un modèle performant de communication scientifique, mais de rendre compte
d’une recherche-action en cours, non pas de proposer un résultat avéré, un but atteint, mais de
dresser le contour des réflexions en construction, un chemin qui se fait en marchant.
ÉPISTÉMOLOGIE ET COMMUNICATION
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L’épistémologie et la communication sont, dans le monde académique, un peu comme l’air que l’on
respire dans la vie quotidienne : incolore et inodore. L’épistémologie est cachée dans l’ombre des
réflexions théoriques qui positionnent le laboratoire ; la communication n’est que l’un des aspects de
l’activité scientifique. Mais comme pour l’air, invisibilité ne veut pas dire inutilité. C’est même tout le
contraire : il n’y a pas de vie humaine sans échanges respiratoires, il n’y a pas de science sans
réflexions épistémologiques ni échanges communicationnels. Mais qu’est-ce qu’au juste que
l’épistémologie ? Comment définir la communication ?
Cette citation de Bernard Espagnat (2000, p. 3), membre de l’Institut, montre tout à la fois l’enjeu
d’une réflexion épistémologique et la difficulté à définir l’épistémologie. Selon le Trésor de la langue
française, le mot épistémologie a deux emplois : le premier, vieilli, fait de l’épistémologie « l’étude de
la connaissance scientifique en général » ; le second, usuel, définit l’épistémologie comme « la
partie de la philosophie qui a pour objet l’étude critique des postulats, conclusions et méthodes
d’une science particulière, considérée du point de vue de son évolution, afin d’en déterminer l’origine
logique, la valeur et la portée scientifique et philosophique ». Il y a donc deux conceptions
différentes que nous allons rappeler brièvement.
Fonder la connaissance
Cette définition est le sens le plus récent, mais aussi le plus restreint du mot épistémologie. C’est
cette acception qui domine en France. Comme l’indique Léna Soler, cette seconde conception
confère deux caractéristiques majeures à l’épistémologie : c’est un discours réflexif (il s’agit de faire
retour sur la science), donc dépendant de l’avancée des connaissances scientifiques ; et c’est aussi
un discours critique (l’épistémologie discute du bien fondé et de la portée des propositions et des
méthodes scientifiques, Soler, 2000).
Le problème majeur, selon nous, est que quelle que soit l’acception que l’on retienne,
l’épistémologie n’est généralement pas enseignée aux chercheurs. Considérée du point de vue
institutionnel comme une partie de la philosophie, elle reste trop souvent confinée aux amphis de
Lettres. Pourtant, s’interroger sur ce qu’est la connaissance, ou questionner les résultats et les
méthodes de sa discipline, nous semble être au cœur même du métier de chercheur. C’est pourquoi
notre but, dans ce séminaire, n’était pas de développer un débat pointu entre spécialistes reconnus
de l’épistémologie, mais au contraire, de faire communiquer des chercheurs – et des citoyens
intéressés par la recherche – venant d’horizons scientifiques très différents (des mathématiques à la
linguistique en passant par la météorologie et l’économie). Autrement dit, il nous semblait important
non pas de produire de grands discours sur les avantages et inconvénients de telle ou telle
épistémologie théorique, mais plus pragmatiquement de présenter un état des lieux conflictuel de ce
que c’est que l’épistémologie « vécue » dans chaque discipline, dans chaque laboratoire, équipe,
individu – de partir du terrain. En effet, sous des apparences consensuelles, ces « épistémologies
vécues » cachent des a priori (dogmatiques, éthiques ou méthodologiques) et des « postures »
philosophiques plus profondes (idéalistes, matérialistes ou pragmatiques). Postures qui, justement,
se révèlent dans la communication entre chercheurs.
La communication, ou l’impensé du
métier de chercheur
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Pour les uns, la communication est synonyme d’écoute, d’échange, d’ouverture à l’autre. Source de
compréhension, elle est « l’ange pacifique » qui construit une communauté scientifique conviviale.
Pour les autres, au contraire, la communication est synonyme de publicité, de marketing, des
relations publiques : un art de la manipulation qui, comme un cancer, ronge la science. Il convient de
renvoyer dos à dos ces deux visions simplistes.
1 En 1629, dans une lettre au Père Mersenne, Descartes affirme qu’il est possible d’inventer
une lang (...)
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Pourtant, les travaux des chercheurs en sciences de la communication insistent, au contraire, sur
l’impossibilité d’une compréhension totale. En réalité, se comprendre parfaitement est presque
impossible. Nous sommes des individus ayant des corps, des cerveaux, des expériences
différentes. Nous interprétons librement ce que l’on nous dit à l’aide de références culturelles qui ne
sont pas forcément celles des personnes qui s’adressent à nous. Nous utilisons des codes (langue,
musique, danse, etc.) sans les maîtriser totalement. Nous sommes enclins à des sentiments qui
nous bouleversent (amour, peur, douleur, etc.) mais que l’on ne sait traduire qu’imparfaitement. De
fait, nous sommes confrontés au paradoxe suivant : nous communiquons pour mieux nous
comprendre et, ce faisant, générons de l’incompréhension. C’est ce paradoxe qui explique les
difficultés quotidiennes de la communication entre les individus. Or, ces problèmes d’expression, de
compréhension ainsi que les maux psychologiques (timidité, frustration, etc.) et sociaux (violence,
racisme, etc.) qu’ils alimentent, conduisent, presque mécaniquement, à rêver d’un monde où la
compréhension réciproque serait totale. On retrouve des traces de ce rêve dans les discours
entourant le lancement de chaque nouvel outil de communication (la radio, la télévision, Internet,
etc.), mais on en reconnaît également des traces dans le mythe de Babel et les projets de langue
universelle ou internationale qui, de Descartes (1629) à Zamenhof (1887), traversent les siècles1.
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Loin de cette vision idyllique de la communication perdure, depuis Platon et sa prévention à l’égard
de la rhétorique, une vision soupçonneuse voire carrément hostile. La communication est un
instrument, un outil pour convaincre l’autre de faire ce qu’on lui dit, un média qui « vend du temps de
cerveau disponible à des annonceurs ». La communication n’est pas du côté de la raison, mais de la
séduction. Elle ne vise pas le vrai mais le vraisemblable. Elle n’ouvre pas à l’autre, elle permet de le
manipuler. D’ailleurs, ce que l’on appelait jadis les agences de publicité, ne sont-elles pas devenues
aujourd’hui des agences de communication qui développent – avec les mêmes méthodes et les
mêmes outils – des campagnes particulièrement ruineuses pour des marques de lessives, des
candidats aux élections, des ONG caritatives ? Plus grave, la plupart des techniques de
communication que l’on présente comme des progrès humains, ne sont-elles pas, à l’origine, des
inventions à usages militaires destinées à accroître le pouvoir de l’État sur son territoire et celui de
ses voisins ?
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Si la communication est une activité scientifique impensée par les chercheurs, c’est aussi un terme
utilisé dans des articles pour décrire certains phénomènes. Or, la conceptualisation de ce terme
diffère d’une discipline à une autre, ce qui complexifie encore le projet d’une réflexion
pluridisciplinaire sur la communication scientifique. À titre d’illustration, voici quatre définitions
scientifiques de la communication. La liste n’est bien entendu pas exhaustive.
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En sciences sociales, la communication est tout à la fois une relation humaine et la construction d’un
monde commun : relation humaine, parce qu’elle participe à l’élaboration de liens sociaux qui sont
marqués par l’intrication étroite de la passion et de l’intérêt, de la tradition et de la modernité, du
hasard et du projet ; construction d’un monde commun parce qu’elle est ce qui permet, dans une
perspective constructiviste, à des êtres humains radicalement différents les uns des autres de
construire une réalité commune propre à une culture donnée (Watzlavick, 1978) – ce qui bien
entendu pose la question, à l’heure de la globalisation, de la difficile rencontre des cultures.
Dans les STIC – Sciences usant des formules mathématiques, à ne pas confondre avec les SIC
sciences sociales de l’information et de la communication –, la communication est, à la suite des
travaux de C. Shannon (Théorie mathématique de la communication, 1948), définie comme la
transmission d’informations. Il s’agit de la circulation de données entre un émetteur et un récepteur ;
données qui peuvent être perturbées justement lors du codage par l’émetteur ou du décodage par le
récepteur, mais aussi lors de la circulation dans le canal. Cette définition se retrouve, implicitement,
dans de nombreuses sciences du vivant lorsqu’on parle par exemple de « communication » entre
cellules ou de « communication » entre animaux.
2 Dan Sperber, « La Communication et le sens », dans Yves Michaud (éd.), Qu’est-ce que
l’humain ? Uni (...)
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Contre cette vision mathématique, s’est construite une définition cognitiviste de la communication,
qui insiste non pas sur l’acte de coder et de décoder, mais sur la capacité d’inférence du cerveau.
Dans cette optique, communication verbale et pensée ne sont plus de même nature : la pensée est
une computation mentale de l’univers environnant bien plus riche que des énoncés linguistiques,
puisque le message linguistique n’est qu’une représentation incomplète des pensées du locuteur qui
doit être recomposée et complétée par l’auditeur. En ce sens, rédiger un article scientifique ne
revient pas à mettre des pensées sur du papier, mais à laisser des traces d’encre qui vont être lues,
les pensées restant inaccessibles à autrui dans le cerveau du scripteur. Pour le dire autrement, « La
communication humaine est un effet secondaire de la capacité d’attribuer des états mentaux à
autrui. Le trait qui, plus que tout autre, distingue les êtres humains des autres espèces animales
auxquelles ils sont apparentés, ce n’est pas comme on le pense souvent le langage – encore
qu’évidemment le langage joue un rôle fondamental –, c’est cette capacité
méta-représentationnelle2. »
La communication par les sciences du langage
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Les sciences du langage permettent, quant à elles, d’insister sur une dimension importante de la
communication : sa performativité. Ainsi, Benveniste (1966) constate deux illusions du langage qui
seraient que la langue serait un des truchements de la pensée et que la langue serait un décalque
d’une logique inhérente à l’esprit. Dans ses conférences, Austin montre en quoi l’usage de la parole
est aussi une modalité de l’agir. Il part du problème que l’on rencontre face à certaines affirmations
qui sont des non-sens. Il existe en effet des énonciations de verbes ordinaires à la première
personne du singulier au présent de l’indicatif voix active, qui ne décrivent, ne rapportent et ne
constatent rien, qui ne sont ni vraies ni fausses : elles sont telles que « l’énonciation de la phrase est
l’exécution d’une action qu’on ne saurait décrire comme étant l’acte de dire quelque chose ». Austin
donne un certain nombre d’exemple, comme Je baptise ce bateau Liberté, Je vous déclare mari et
femme, etc. Énoncer la phrase dans un pari ou un lègue par exemple, c’est faire. Quel nom donner
à cette phrase ? Austin a sa réponse : « Je propose de l’appeler une phrase performative », en
référence au verbe to perform, qui « indique que produire l’énonciation c’est exécuter une action »3.
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Très vite, nous nous sommes rendu compte que nous ne mettions pas les mêmes choses sous le
vocable de « communication scientifique ». Certains pensaient aux relations entre les chercheurs et
les médias, d’autres à la communication entre pairs, d’autres enfin à la communication entre
scientifiques de disciplines différentes. De même, nous avons vite constaté que ce qui faisait
obstacle à la communication entre chercheurs d’origines scientifiques distinctes était moins la
confrontation d’épistémologies explicitées et assumées, que la méconnaissance de l’épistémologie
de sa propre discipline. C’est pourquoi, nous avons défini deux nouveaux axes de recherche :
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De la thèse (discussion sur le choix du sujet avec son directeur, soutenance devant un jury) au prix
Nobel (réseaux de relations qui plaident pour vous, discours public lors de la remise, interviews dans
les médias) en passant par les colloques internationaux (communication aux pairs) et la publication
d’articles dans les revues reconnues, la communication est tellement au cœur de l’activité
scientifique qu’on finit par ne plus la voir. Elle demeure par conséquent largement impensée.
Épistémologiquement s’entend, car cela fait bien longtemps que des institutions comme le CNES, la
NASA ou le CERN ont compris tout l’intérêt stratégique d’une communication performante avec le
grand public et les agences de financement pour obtenir des crédits de recherches. Peu pensée,
mais pas totalement impensée. Les philosophes (d’Aristote à Bachelard en passant par Dewey) se
sont intéressés aux problèmes de la vulgarisation de la science, des chercheurs reconnus se sont
également penchés sur cette question (J.M. Lévy Leblond, G. de Gène, G. Charpak). De plus, les
travaux de sociologie des sciences s’intéressent aux controverses scientifiques (Latour, 1989) ; les
sciences de l’information, à travers des questions comme celles des archives ouvertes, produisent
d’utiles travaux sur les questions de l’accessibilité à l’information scientifique ; la science politique
consacre des recherches au rôle des experts (scientifiques ou non) dans l’espace public ; les
sciences de la communication interrogent, à la marge, les rapports entre sciences et médias
(Hermès, no 21, 1997), etc. Cette liste n’est pas exhaustive, l’un des objectifs de ce séminaire était
de la compléter et de l’enrichir.
2° Des épistémologies singulières et isolées
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Les travaux d’E. Mayr (biologiste), de R. Thom (géomètre) ou d’A. Chalmers (historiens des
sciences) montrent, qu’il n’y a pas de consensus des spécialistes sur la définition de l’activité
scientifique alors même que le contexte académique est marqué par un positivisme logique adopté,
implicitement, par les chercheurs, les gestionnaires des organismes de recherche et le grand public
curieux se sentant concerné par l’activité scientifique. Cette absence de consensus sur l’activité de
recherche et la présence corrélative d’une grande variété des épistémologies implicites sont
cependant masqués par deux faits :
● L’existence d’un vrai consensus (ancien et de plus en plus étayé historiquement) sur les
résultats de la recherche, ce que les humanistes acceptent pour vrai, ce qui est écrit dans les
revues scientifiques, ce que l’on apprend au lycée.
● La faiblesse de la formation à l’épistémologie dans le cursus des chercheurs. Aujourd’hui
encore, nombreux sont ceux qui, ignorant qu’il existe un débat rationnel sur la nature de
l’activité scientifique, pensent naturellement que leur pratique scientifique est la seule et
unique science possible et imaginable.
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Dès lors, les problèmes rencontrés lors des discussions interdisciplinaires sur un sujet commun (la
notion de chaos ou d’intermittence, par exemple) sont bien plus qu’un problème d’usages différents
d’un même terme d’une discipline à l’autre (ce que chacun admet assez facilement) : ils sont le
révélateur d’épistémologies implicites qui expliquent, en partie, ces différences d’usages.
La volonté d’expérimenter une
nouvelle méthode
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Les séances du séminaire et plus encore, les séances de préparation de ce séminaires, nous ont
permis d’expliciter nos hypothèses de travail et par conséquent de proposer une méthode capable
de les faire fructifier. Le groupe de travail appuie énormément sa réflexion sur l’aspect
multidisciplinaire et l’étude comparée de la communication entre les différentes sciences.
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Le séminaire qui se poursuit depuis septembre 2010 repose sur trois hypothèses successives :
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Ces deux principes méthodologiques se sont concrétisés par la formulation d’une méthode que nous
nous sommes efforcés de suivre sans y parvenir totalement. Cette méthode, qui a donné son
architecture au séminaire, peut se résumer par les éléments suivants :
Originalité du séminaire
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L’originalité de ce séminaire qui apporte la matière première à cet ouvrage collectif est multiple :
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En lisant ces lignes, on aura compris que l’enjeu scientifique de ce séminaire n’est pas de
déboucher sur un manuel méthodologique de la communication des chercheurs s’adressant au
grand public, mais sur l’identification des problèmes épistémologiques et communicationnels qui
surgissent dans les différentes situations de communication scientifique qu’un chercheur rencontre
au cours de sa vie professionnelle. En effet, dans un contexte institutionnel marqué par la réforme
du CNRS et des universités mettant la recherche à la une de l’actualité, dans un contexte
économique de crise où les experts scientifiques sont amenés à donner leur avis, dans un contexte
social marqué par une « société du risque » où la sensibilité publique aux erreurs scientifiques est
de plus en plus forte, dans un contexte démocratique marqué par une demande sociale de
participation qui conduit les associations à produire leur propre expertise et à s’associer avec les
laboratoires ; dans un contexte européen, enfin, visant à faire de l’UE une société de connaissance
compétitive et inclusive, il semble opportun de s’interroger (via une approche pluridisciplinaire) sur la
notion de « communication scientifique » et les obstacles épistémologiques qui se dressent sur sa
route.
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Pour ce faire, cet ouvrage s’organise en quatre parties distinctes. La première a pour objectif de
donner à voir le séminaire. La seconde fait part des leçons subjectives que des participants ont pu
tirer. La troisième est constituée par la conclusion générale, élaborée de manière collective. La
dernière regroupe en annexes des documents factuels à visée illustrative.
4 Demande à eric.dacheux@univ-bpclermont.fr.
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La première partie a donc une visée ethnographique : faire comprendre au plus grand nombre
comment nous nous sommes efforcés de construire une pensée collective commune, malgré des
disciplines et des épistémologies différentes. Pour ce faire, nous avons choisi de présenter deux
séances qui nous semblent représentatives du déroulement général de nos discussions. La
première séance, consacrée aux mathématiques comme langage commun des scientifiques, est le
fruit d’une transcription d’un enregistrement sonore. L’intégralité de ce verbatim est disponible pour
les chercheurs désireux de l’exploiter4, mais pour le confort de lecture de tous, nous avons décidé
de présenter une version beaucoup plus courte des interventions et des débats. La deuxième
séance se centre sur un autre thème transdisciplinaire : l’argumentation. Cependant, elle se
présente sous une forme différente, non pas un enregistrement impersonnel des discussions, mais
la confrontation de regards subjectifs scientifiquement construits. Cette première partie peut se lire
indépendamment de la seconde, plus réflexive, qui montre comment chacun, en fonction de sa
disponibilité, de son parcours de vie et de sa discipline s’est approprié le séminaire. Cette seconde
partie met en balance d’un côté le regard des sciences de la nature et de l’autre celui des sciences
de l’homme. Ces regards individuels sont ensuite repris de manière commune dans une conclusion
générale collective qui s’efforce de mettre en lumière les points d’accord et de désaccord entre les
participants à ce séminaire. En annexes, enfin, nous nous sommes efforcés de mettre à disposition
un matériel empirique de première main pouvant nourrir les analyses de ceux qui cherchent à
comprendre comment la science tâtonnante s’efforce de se construire chaque jour. Un livre
expérimental pour rendre compte d’une démarche innovante.