Vous êtes sur la page 1sur 20

Margot Foubert Pascal Chabot

BLOC 2 2016/2017

Argumentation, rhétorique, expression orale

Prologue
Dans Les animaux malades de la peste, Jean de la Fontaine défend que la justice, selon lui, n’est pas
juste. Elle rend des jugements différents selon la classe sociale ou la fortune des plaignants. Ce qui nous
intéresse est l’ensemble des procédés que Jean de la Fontaine va utiliser pour expliquer cela. Il parle d’un
lion, qui est la personnification d’un Roi. Jean de la Fontaine utilise aussi le procédé de la narration, la
fable raconte et met en scène une allégorie. Dans la fable, il y a également un renard, qui représente la
flatterie, la tromperie. C’est une personnification du courtisan. Ensuite, l’âne (le sujet, le citoyen)
intervient. Dans un contexte d’argumentation, il apparaît comme innocent parce qu’il n’a rien compris.
Mais on juge tout de même que son pêché (manger un peu d’herbe) est grave et tous les animaux le
dévorent. Au final c’est l’argumentation du lion, forte et puissante, et celle du renard rusé, flattant, qui
gagnent. L’argumentation de l’âne, qui se basait sur la sincérité, ne vaut rien ici face au lion et au renard.
Tout cela pour dire que l’argumentation est présente partout, même dans les fables.

Introduction : Qu’est-ce qu’une argumentation ?


L’argumentation est un art total, elle met en œuvre de nombreuses dimensions. Pour l’utiliser dans
différents domaines, il faut connaître ceux-ci. Il faut avoir une certaine théorie de la justice, du pouvoir,
de la philosophie, de la linguistique, de la sociologie, de la psychologie, etc. pour pouvoir argumenter
dessus. C’est avant tout une pratique, une expérience. Il y a évidemment aussi un rapport de force en
argumentation. Cette dernière est également intéressante parce qu’elle force les gens à dire ce qu’ils
pensent. Pour argumenter sur un sujet, il faut savoir ce que l’on pense sincèrement sur ce sujet et il faudra
travailler dessus pour clarifier sa pensée. Pour certains sujets, c’est facile de savoir ce qu’on en pense
(journée sans voitures à Bruxelles), pour d’autres, c’est plus compliqué et ça demande plus de réflexion
(débattre sur notre politique actuelle). Il faut non seulement connaître notre avis sur un sujet, mais aussi
savoir l’exprimer, le structurer. On peut ici rappeler la célèbre devise de Socrate, «  Connais-toi toi-
même ».
Au final c’est un procédé pour faire connaître sa thèse, sa position à un lecteur ou à un auditoire.
L’argumentation est une démarche par laquelle une personne ou un groupe entreprend d’amener un
auditoire à adopter une position, par le recours à des présentations ou assertions 1 qui visent à en montrer
la validité ou le bien fondé.

a. Argumentation et influence sociale  : argumenter = manipuler  ?


L’argumentation suppose de vouloir exercer une influence sur autrui. On dit souvent que c’est une
manipulation. Les discours peuvent être trompeurs mais l’argumentation n’est pas de la manipulation.
Quand on parle de cette dernière, on suppose qu’une des deux personnes est inerte ou passive. Cette
passivité ne se retrouve pas dans l’argumentation. Pour qu’il y ait argumentation, chacun doit être actif, il
faut qu’il y ait une certaine réciprocité. Elle commence très souvent avec un désaccord ou un doute sur
ce que l’énonciateur dit. Si deux personnes sont d’accord, alors ce n’est pas de l’argumentation mais une
simple conversation. Mais parfois on se trouve dans un contexte social particulier, où on ne peut pas
vraiment se défendre, où l’on n’ose pas parler, de peur de perdre son emploi ou autre. Quand le pouvoir
est total, il n’a pas besoin de se justifier, il suffit de commander, de donner des ordres. L’argumentation
suppose alors une situation démocratique, dans laquelle les interlocuteurs sont à forces égales.

1
Arguments
De plus, dans la manipulation, la personne cache souvent son jeu. Cela se fait parfois en argumentation,
mais ça n’a jamais effet sur le long terme, on se rend vite compte de la fausseté des arguments amenés.
Dans la tromperie, une des personnes utilise des moyens pour mentir ou ruser en vue de tromper. Tandis
qu’argumenter doit profiter aux deux personnes. Dans l’argumentation, on coopère. On n’affirme que ce
en quoi on croit ou ce pour quoi on a des preuves. Dans bien des cas, l’argumentation est soutenue par un
désir de coopération. Le philosophe Jürgen Habermas a écrit Théorie de l’agir communicationnel où il
distingue trois impératifs de l’argumentation : s’exprimer de manière intelligible ; être véridique dans ce
que l’on donne à entendre ; présenter ses intentions sincèrement.
L’argumentation est donc très différente de la manipulation. Elle apparaît même fragile et précaire car le
langage peut facilement être détruit ou déconstruit.

b. Argumentation et raison
L’argumentation entretient des rapports avec le raisonnement et la logique. Elle suppose un « circuit
long », c’est-à-dire une élaboration cognitive et intellectuelle plus complexe que la simple force physique.
Cela suppose à un recours à la raison. Comme
l’argumentation a besoin du langage, elle fait partie des
circuits longs, les circuits rationnels qui s’opposent aux
circuits courts, ceux de la force. La pyramide montre bien
que les circuits courts (comme les insultes) sont séparés
des circuits longs par des stades. Ils interviennent quand la
personne a recours à des souvenirs, construit des
hypothèses, analyse les éléments, etc. Il faut donc avoir
des facultés cognitives élaborées pour avoir recours à
l’argumentation. Ces circuits longs font appel à des
mécanismes d’interférence dans le traitement de
l’information. En psychologie, l’interférence est une
opération cognitive, un mode de raisonnement. Nous en
parlerons dans le premier chapitre.

Au final, l’argumentation se rapproche fortement de la rhétorique. Les différents arguments se basent sur
les différentes émotions dans le pathos, le langage correspond au logos, etc. La réflexion sur
l’argumentation fera appel aux cinq moments de la rhétorique :
 La recherche des arguments concerne l’inventio
 Le plan dans lequel les arguments sont ordonnés relève de la dispositio
 L’elocutio, mise en forme du discours, sera abordée dans la partie consacrée aux figures de style
 L’actio elle est au centre de l’enseignement d’expression orale de Florence Gabriel
 La memoria est la mémorisation du discours
Dans la rhétorique, il y a trois composantes indispensables, définies par Aristote qui sont : l’orateur (qui
représente l’ethos), l’auditoire (le pathos) et le discours (le logos). Ces trois pôles de la rhétorique
correspondent à trois moyens de persuader, selon qu'ils s'appuient sur l'ethos, le pathos ou le logos, les
deux premiers étant d'ordre affectif, le troisième d'ordre rationnel. Le caractère de l’orateur joue sur
l’argument d’autorité. Ce qui compte, c’est qui il est, sa prestance, sa posture, son expérience, etc. Le
public doit ressentir des passions, des émotions pour qu’il soit convaincu. On va ici employer l’argument
ad metam (argument de la peur). Dans ce cours on va surtout voir la dimension du langage.
Chapitre 1 : raisonnement logique et raisonnement argumentatif

a. Aristote et la naissance de l’argumentation


Dans la Grèce antique, on pouvait retrouver des manuels qui reprenaient des modèles types, qui
fonctionnent bien pour défendre une cause. Ce sont surtout des exemples pratiques à apprendre par cœur.
Chez Platon, on retrouve les premières réflexions sur l’argumentation, notamment quand il parle de
rhétorique et de sophistique, qu’il rejette toutes les deux. Pour lui, la vraie rhétorique c’est la philosophie.
C’est Aristote qui amène une réflexion systématique sur l’argumentation. Il étudie tout particulièrement le
logos, le langage. Chez les Sophistes, la vérité important peu, il fallait avant tout convaincre. Une grande
partie de sa Rhétorique consiste en une sorte de manuel d'anthropologie pratique, visant à donner les
bases d'une tactique de persuasion

b. Le syllogisme
La science d’Aristote (la philosophie) est le lieu où la vérité peut être atteinte au moyen de
démonstrations. C’est lui qui a inventé le syllogisme. Cela se caractérise par le fait que, des prémisses
étant posées, on peut en déduire une conclusion de façon contraignante. L’exemple le plus connu est le
suivant :
 Tout homme est mortel (prémisse majeure, notée M)
 Socrate est un homme (prémisse mineure, notée m)
 Donc Socrate est mortel (conclusion, notée C)
Le syllogisme met en relation deux termes (mortel et Socrate) grâce à un moyen terme (homme) qui ne se
retrouve pas dans la conclusion. C’est le terme commun entre la majeure et la mineure. En gros :

C’est l’exemple le plus flagrant du discours irréfutable, toujours vrai. Si l’on accepte les deux prémisses,
on est obligé d’accepter la conclusion tirée. La science utilise énormément ce procédé d’argumentation.

c. L’enthymème
On arrive nécessairement à la conclusion d’un syllogisme, mais cela reste un idéal. En général, il n’y a
pas toujours une seule conclusion. Le syllogisme et l’enthymème sont tous deux des raisonnements
déductifs, ils partent du général pour arriver au particulier. Ils ont cependant des caractéristiques
distinctes. En fait, on peut décrire l’enthymème comme un syllogisme logiquement rigoureux, mais qui
repose sur des prémisses seulement probables et/ou qui peuvent rester implicites (syllogisme dont une
prémisse est sous- entendue). La conclusion est logique ou sous-entendue, mais il existe bien souvent
d’autres conclusions. On utilise souvent ce procédé dans les publicités. Par exemple :
 Il vaut mieux acheter des voitures qui polluent peu.
 La voiture X pollue peu (c’est possible mais pas démontré)
 Donc achetez cette voiture (on peut arriver à d’autres conclusions si on s’en fiche de la pollution,
ou si on n’a pas d’argent pour une voiture et qu’on préfère acheter un vélo)
d. Les formes de raisonnements
D’une manière très générale, on peut dire que le raisonnement s’oppose à l’intuition. Celle-ci porte
directement sur une vérité, ou une supposée vérité. Nous n’argumentons jamais avec des intuitions mais
en suivant un chemin langagier qui doit être rationnel. Le raisonnement emprunte un chemin pour aboutir
à une conclusion. Des preuves sont toujours demandées. Les raisonnements principaux sont les suivants :

Type de raisonnement Explication Exemple


Tout fait possède une cause et produit des À force de conduire si vite et de faire si
effets. Pour ce raisonnement, on doit peu attention, il va lui arriver un
Le raisonnement
montrer que tel effet a telle cause. Pour le accident.
causal
réfuter, on doit montrer qu’il y a plusieurs
causes. C’est un enthymème.
On part du cas général pour aller au Cette montre est suisse, or les montres
La déduction particulier. C’est aussi un enthymème. suisses sont de bonne qualité, donc cette
montre est de bonne qualité.
Deux prémisses sont mises ensembles La peine de mort détruit la personne du
mais les propositions sont ici contraires, criminel. La peine de mort exalte le
voire contradictoires. La conclusion de ce criminel jusqu’à en faire un héros.
raisonnement apporte quelque chose de Supprimer la peine de mort permet
Le raisonnement
neuf, elle manifeste une pensée en d’humaniser le criminel sans l’idéaliser.
dialectique
mouvement. C’est un des raisonnements L’alcool détruit la santé du buveur.
les plus purs et les plus complets. L’alcool donne l’euphorie au buveur.
Supprimer l’alcool permet de préserver la
santé du buveur sans le chagriner.
On part du particulier pour arriver à une Quelques étudiants ont réussi sans
loi générale. C’est le contraire de la travailler. Il n’y a donc pas besoin de
déduction. Il est relativement facile à travailler pour réussir.
déconstruire.
L’induction L’induction par illustration part d’une Les jeunes ne respectent pas les
conclusion générale qui est ensuite personnes âgées, j'ai encore vu ce matin
illustrée par un exemple. dans le métro une vieille dame rester
debout alors qu'un étudiant, assis,
continuait à lire
C’est un type de raisonnement inductif. Si les Etats-Unis s’engagent en Irak, ça
Ce type d’argument est toujours efficace finira comme pour le Vietnam.
au niveau politique. Pour le contrer, il faut
L’exemple trouver le contre-exemple qui invalide Machin qui est de couleur de peau X a
celui de l’opposant. L’exemple est aussi commis un délit, donc tous les autres de
souvent utilisé dans les discours racistes sa couleur sont dangereux
"au quotidien".

e. Le schéma de Toulmin dans The uses of Arguments

 PROJET D’UNE LOGIQUE APPLIQUÉE ET COMPARATIVE


En 1958, Stephen Toulmin a écrit un livre important, Les usages de l’argumentation. Il veut étudier les
variations de la rationalité au travers de la diversité des domaines où elle s’exerce. Il va se demander
comment on raisonne et à quoi ressemble l’argumentation dans différents domaines (philosophie, médias,
sciences humaines, dans le quotidien, etc.). Il part donc d’un problème.
Aristote ouvre la porte de la philosophie à la rhétorique. Toulmin veut reprendre ce projet aristotélicien
visant à décrire et expliquer les formes de la raison en général, pas seulement de la raison démonstrative.
Mais on n’a pas répondu à ces problèmes fondamentaux, ils ont été oubliés par les développements de la
logique moderne. Toulmin veut développer la logique appliquée ou logique empirique. Celle-ci doit
analyser les processus par lesquels on aboutit à une conclusion rationnelle dans nos raisonnements. Elle
doit être descriptive et comparative. Elle doit pouvoir décrire et comparer la structure des argumentations
dans différents domaines, sans privilégier ou prendre pour norme un domaine particulier.
Avec Toulmin, il faut arrêter de croire qu’une logique est vraie et que les autres sont fausses. Par
exemple, en anatomie, on ne dit pas qu’il y a un modèle de mains qui est correct et que les autres sont
moins bons. Chaque être (humain, animal, etc.) aura sa propre structure anatomique. La normalité et la
difformité doivent être donc « internes à l’espèce ». On quitte le platonisme et l’idée d’une main parfaite,
idéale. On est plutôt dans un modèle empirique, on regarde, on analyse, on teste le terrain. Les modèles
idéaux nous parasitent. Toulmin fait pareil pour les raisonnements. Il va tous les regarder et chercher à les
décrire. Il a dit « Ce qui constitue une déformation chez une espèce peut correspondre à la normalité chez
une autre. ». Il a donc engagé un travail descriptif, tout en ayant toujours l’envie de modéliser, de trouver
des caractéristiques communes, et non pas analyser tout individuellement.
En général, on peut dire que Toulmin cherche à faire une description des argumentations ou des types
d’argumentation mais aussi à faire une comparaison de ces différents types d’argumentation. Il est dans la
suite des pensées qui prônent le "retour au langage ordinaire". Il s’inscrit donc directement dans la pensée
de Ludwig Wittgenstein qui commença son travail philosophique dans un esprit proche du
néopositivisme. En fait sa pensée est surtout de se dire qu’il n’y a pas forcément de meilleur, la main de
l’homme n’est pas meilleure que celle du chimpanzé, elles sont juste différentes. Tout comme une
argumentation scientifique n’est pas forcément meilleure qu’une autre, tout dépend du contexte.
Wittgenstein est inscrit dans une tendance d’hyper logique, que l’on retrouve dans son livre Tractatus
logico-philosophicus (1922). Il dit que le langage est structuré. Mais il va totalement changer d’opinion et
dira même que son premier livre était faux. Le langage est organisé par famille, il n’est pas uniquement à
utiliser pour les raisonnements mais pour d’autres usages qui sont indescriptibles logiquement. Une ville
n’est pas seulement un plan, c’est également des coins reclus, des petites ruelles, etc. Wittgenstein dit
alors qu’il faut savoir parler d’une ville des deux façons. Toulmin rejoint donc ces idées.

 DU SYLLOGISME AU MODÈLE DE TOULMIN


Toulmin va reprendre la notion d’enthymème. Il corrige l’aristotélisme qui avait un point de vue
normatif. Lui, il veut être avant tout comparatif. Les syllogismes, raisonnements parfaits, sont trop
éloignées de la façon dont se présentent la plupart de nos argumentations quotidiennes. Donc Toulmin va
reprendre l’enthymème parce que ça se rapproche plus. Il se demande comment se déroule couramment
une argumentation dans la vie quotidienne. Toute argumentation commence par un énoncé. Une personne
(le proposant) prononce une assertion à son interlocuteur. Pour qu’il y ait argumentation, l’interlocuteur
doit marquer son désaccord ou son doute, souvent sous forme de question, il devient alors l’opposant. Le
proposant va devoir alors argumenter en s’appuyant sur des faits. L’argumentation au quotidien est
contre-intuitive. On commence toujours par la conclusion.
- Il faut voter Clinton  conclusion (C)
- Pourquoi ?
- Parce que blablabla  donnée (D)
Le cœur d’une argumentation est l’implication, ce qui lie la donnée à la conclusion. Il faut rendre ce
passage plus ou moins obligé et surtout solide. Il faut qu’il y ait un rapport entre l’une et l’autre. En
argumentant, on doit légitimer le passer de la donnée à la conclusion. Pour ce faire, il faut obéir à la loi de
passage ou licence d’inférer (L), qui est une argumentation permettant de passer de l’une à l’autre. La
loi de passage est ce qu’il y a de plus difficile en argumentation. Elle est souvent implicite. Elle peut
varier selon les contextes et les cultures de tels ou tels endroits. Donc D implique C grâce à L. Mais la loi
de passage n’est pas une donnée quelconque. Comme la majeure d’un syllogisme, c’est une donnée
d’ordre général qui permet d’appliquer D à C. Au final, pour faire le parallèle entre Toulmin et le
syllogisme, c’est que C correspond à la conclusion du syllogisme, D à la mineure et L à la majeure. Par
exemple, voici des modèles typiques du schéma de Toulmin
On pourrait également expliquer ces deux mêmes exemples par des
diagrammes de Venn. Mais les deux diagrammes ne seraient pas
identiques. Pour le second exemple, puisqu’il s’agit d’un
enthymème, le plus petit des trois ensembles ne serait pas
entièrement inclus dans A ni entièrement dans B. 
Pour pouvoir argumenter, il faut connaître ce que l’interlocuteur connaît déjà, afin d’y prendre appui pour
retrouver un accord. Il faut donc connaître les lieux, les topoi, que Toulmin réintroduit avec sa notion de
loi de passage. Ce sont les idées générales, partagées par le public ou l’interlocuteur à qui on s’adresse.

 LE MODÈLE DE TOULMIN, AU-DELÀ DU SYLLOGISME


À ce schéma, on peut rajouter un indicateur de force (F) ayant la forme linguistique d’un adverbe modal
(probablement, certainement, peut-être, etc.). C’est un indicateur de certitude. Dans le syllogisme, les
conclusions étaient nécessaires. Ici elles ne le sont pas, elles dépendent de l’indicateur de force. Il y a des
raisonnements qui peuvent paraître plus vrais que d’autres. On n’est pas soit dans le syllogisme pur, soit
dans l’enthymème. On peut lier les données à la conclusion de façon plus ou moins forte. La plupart du
temps, dans la vie quotidienne, on se contente d’arguments probables.
L’opposant ajoute des réfutations (R) avec des phrases comme « à moins que, mais, et si etc. » (qui
pourraient, elles aussi, être questionnées), ce à quoi le proposant répond des garanties (G). La loi de
passage reste ce qu’il y a de plus compliqué, car elle n’est jamais donnée. L’exemple vu plus haut avec le
voisin qui emploie un clandestin, peut s’étendre ainsi :

Ou plus généralement :

Les avantages de la théorie de Toulmin sont les suivants :


 Le modèle de Toulmin a une grande portée descriptive, le schéma peut s’étendre puisque
Toulmin ne rejette aucune argumentation, toutes étant correctes selon lui.
 Il rejoint la théorie des « lieux communs » avec la loi de passage.
 Il sort des raisonnements apodictiques2 et de l’enthymème en utilisant un indicateur de force.
En conclusion, ce modèle appliqué, empirique, comparatif de l’argumentation est :
 Un modèle justificatif de l’argumentation. Un locuteur apporte une ou plusieurs justifications à
une assertion qu’il avait avancée et que son interlocuteur questionne ou remet en doute.
L’assertion peut devenir une conclusion après avoir trouvé des preuves.
 Un modèle procédural de l’argumentation. Cela désigne l’existence d’une série d’étapes pour
arriver du début à la fin. C’est comme une cartographie de l’argumentation.

Chapitre 2 : la recherche d’arguments


La recherche des arguments fait partie, en rhétorique, de l’inventio. Selon Cicéron, c’est la partie la plus
importante de la rhétorique. Ici, nous allons voir quels types d’arguments utiliser et dans quel contexte.

2
Syllogismes
a. Les preuves extrinsèques et intrinsèques
Selon Aristote, il y a deux types de preuves. Celles qui sont non rhétoriques (atechnai) et celles qui sont
rhétoriques (entechnai) à proprement parler. En fait, la distinction porte sur le fait que certaines preuves
existent dans les faits ou dans les textes, indépendamment de l’orateur tandis que d’autres sont fournies
par l’orateur lui-même, par son propre talent, sa créativité, son discours.
Les preuves extrinsèques sont celles qui demandent une enquête sur le sujet, qui demandent de trouver
des preuves dans des textes ou sur le terrain. Ce sont les arguments ayant le plus de poids. Il s’agit des
différents types de preuves dont on dispose au niveau juridique, par exemple les témoignages, les indices.
Mais ce sont aussi des éléments pour construire un discours délibératif (les lois, des faits, etc.) et
épidictique (savoir ce qu’a fait la personne dont on fait l’éloge). La recherche de preuve extrinsèque peut
s’apparenter au travail d’un juge d’instruction, d’un détective, d’un journaliste d’investigation ou encore
d’un chercheur. Il s’agit d’aller sur le terrain, dans les archives ou d’interroger les personnes. Cette
dimension est évidemment capitale parce qu’on ne sait pas réfuter une preuve flagrante.
Les preuves intrinsèques dépendent du savoir-faire de celui qui parle. Il y a moyen, bien souvent, de
faire tourner en faveur de la cause un dossier défavorable. Il y a des formules utilisées par un avocat
lorsqu’un dossier lui est défavorable au niveau de la loi. Les preuves intrinsèques ne dépendent que de
l’habileté de l’orateur à retourner une situation à son avantage. On comprend donc les critiques faites aux
orateurs puisque parfois ils utilisent des arguments "limites" pour vaincre l’adversaire.

b. Les lieux
Il s’agit de la question des sources dans lesquelles l’orateur peut aller puiser ses arguments intrinsèques.
L’une des tâches de la rhétorique est, en effet, de donner un catalogue de ces sources qui sont appelées
« lieux » (topoi en grec), c’est-à-dire des idées générales, des arguments préétablis et largement admis qui
permettent d’aborder n’importe quel sujet. La science de ces lieux est appelée la topique. C’est comme si
c’était un grand magasin des arguments, rangés les uns à côtés des autres, regroupés en différentes
familles. Ce magasin d’arguments est ancré dans la mémoire et dans la pensée.
Pour nous, l’expression « lieux communs » a pris un sens péjoratif et est devenu synonyme de cliché, de
thème bateau, rabattu, de passe-partout, etc. Pourtant, il y a une importance capitale des lieux pour
conduire une argumentation. Ce magasin d’argument est un lieu commun, connu par tous. Les arguments
les plus efficaces (du moins pour un discours public à une foule) sont souvent ceux qui reprennent les
opinions les plus largement partagées. Cependant, le terme « lieu » a eu un tel succès en rhétorique qu’on
peut le comprendre dans trois sens différents que nous développerons ci-dessous.

 LE LIEU COMME ARGUMENT TYPE


Ce sont des arguments qui vont être appris par cœur, en tant que tels, par la personne qui argumente. Ce
sont des listes à mémoriser, que l’orateur pourra replacer dans tel ou tel moment. C’est essentiel de les
connaître, selon Aristote. Les premiers recensements de ces lieux ont été faits par les logographes à la
Grèce antique. Cela peut sembler artificiel, ce sont des orateurs se préparent en apprenant des choses par
cœur alors que nous préférons la spontanéité, le show et l’improvisation. Mais c’est très rarement le cas
dans les discours actuels (Hillary Clinton avait préparé son débat face à Trump). Il y a deux types de
lieux :
 Les lieux spéciaux sont adaptés à des cas spécifiques. Ils dépendent du contexte, du type de discours.
Il va y avoir des lieux spéciaux dans le discours épidictique, « ce sont les meilleurs qui partent les
premiers » (pour des personnes décédées jeunes) ou « ils sont faits l’un pour l’autre » (à un mariage).
Il y a des lieux spéciaux au tribunal, « nul n’est censé ignorer la loi ». Les lieux spéciaux du discours
judiciaire peuvent changer au cours du temps. Auparavant, lorsqu’on disait « il a eu une enfance
malheureuse », c’était pour dire que l’accusé était forcément coupable. Maintenant c’est plutôt pour
lui trouver des circonstances atténuantes. Les lieux spéciaux en politique sont encore très utilisés
(« on ne peut pas accueillir toute la misère du monde »). Il y a également des lieux spéciaux pour tel
ou tel moment d’un discours (« je ne suis pas le mieux placé pour parler de cela, cependant… » dans
l’exorde ; « si vous laissez son crime impuni, il aura des imitateurs en foule. » dans la péroraison ;
etc.)
 Les lieux communs sont plus généraux. Ce sont des phrases toute faites valables dans tous les
discours à n’importe quel moment. Ce sont très souvent des citations, des proverbes (« après la pluie,
le beaux temps », « les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas », etc.). Des gens comme Erasme ou
Montaigne ont écrit des recueils reprenant des compilations de lieux communs. Tout le monde n’est
cependant pas d’accord. Flaubert, notamment, a écrit Le Dictionnaire des idées reçues où il se moque
des lieux communs. Léon Bloy, dans Exégèse des lieux communs, veut prouver qu’ils sont très
connotés de façon idéologique. Jacques Ellul va rependre l’idée de Bloy et déconstruire les nouveaux
lieux communs qui sont apparus à son époque. Dans tous les cas, si l’on veut convaincre un public, il
faut nécessairement connaître un certain nombre de ces lieux communs.

 LE LIEU COMME TYPE D’ARGUMENT


Les rhéteurs ont voulu faire une liste de tous les lieux. Il s’agit d’un inventaire, d’un classement, un ordre
de tous les arguments où l’on pourra aller chercher les arguments que l’on désire. On va essayer de mettre
une étiquette à tous ces lieux, pour que l’orateur sache facilement les retrouver en fonction de ce qu’il a
besoin. On peut les classer de façons différentes. Aristote, notamment, les classait selon un tiroir «  le plus
et le moins ». Ces arguments sous-entendent qui sait on sait faire quelque chose de difficile, alors on
pourrait aisément remplir une tâche plus simple. Ce sont des arguments a fortiori (« qui peut le plus, peut
le moins »).
On peut classer les arguments selon leur structure. Elle est soit rhétorique, les arguments feront alors
appel au pathos et à l’éthos, ils seront mis en scène. Ou ils peuvent également avoir une structure quasi-
logique, ils sont construits sur une sorte de modèle logique.
Argument Explication Exemples
Argument dans lequel on se base sur une Des médecins en blouse blanche
D’autorité autorité qui va donner du crédit à nos pour vendre du dentifrice.
Ad autoritatem propos. Il se base évidemment sur l’éthos.
La réfutation se fera en contestant l’autorité.
Il va confondre un adversaire en lui Un homme défend l’écologie
opposant ses propres paroles, ses propres mais utilise des jets privés pour
actes ou ses propres convictions. On vise se rendre à ses réunions.
Ad hominem
surtout les paroles dites par la personne. Cet
argument ne veut que pour un auditoire
particulier.
On interpelle l’interlocuteur en tant que Les caricatures de personnalités
personne afin de dévaluer ses propos. Ici, on politiques importantes (Obama,
Ad personam
s’attaque réellement à la personne, à ce Bush, Sarkozy, etc.).
Structure qu’elle est, à son ethos.
rhétorique On met en présence deux ordres de grandeur S’il est interdit de camper sur
comparable pour dire que si on admet le un lieu, il est a fortiori interdit
A fortiori
plus petit, alors on admet le plus grand d’y faire du feu.
aussi.
Argument de la répétition, ce qui donne un Général de Gaulle, le 18 juin
sentiment de trop. On fait croire que 1940 : « Car la France n’est
quelque chose est vrai en le répétant le plus pas seule ! Elle n’est pas
souvent. C’est un procédé souvent employé seule ! Elle n’est pas seule ! ».
en politique et en publicité, pour matraquer
les esprits. Ce que l’on répète souvent
Ad nauseam
devient vrai. Les behavioristes avaient
démontré l’efficacité de la répétition. On dit
souvent que c’est la plus puissante des
figures de style. Napoléon, Goebbels ou
encore George Orwell (1984) étaient
d’accord avec cet avis.
De la bonne foi Argument de l’intention droite. On plaide Avouer son crime alors que
coupable en disant que les reproches sont celui-ci était fait avec une
fondés, on s’excuse mais on était de bonne bonne intention (sauver
foi. quelqu’un, par exemple).
Type d’argument d’autorité, on invoque C’est son propre enfant, il est
Du bon sens l’autorité du bon sens évident qu’elle fera tout pour
lui
Argument typiquement invoqué par les On faisait tous cela, je n’étais
De la faute
politiciens fautifs. On généralise une faute pas le seul, il y en a d’autres
commune
pour en diminuer sa gravité. comme moi 
Il est au cœur du storytelling. En racontant Hier soir, je refuse à Nicolas de
une histoire, parfois inspirée de faits vécus, regarder Goldorack, car je
on cherche à mener l’auditoire vers une trouve ce dessin animé trop
vérité générale. On apporte beaucoup de violent. Aujourd'hui, dans la
De la narration précision, pour en accentuer le réalisme. cour de l'école, je le vois
C’est un argument par l’exemple. On veut donner des coups de pieds à ses
d’abord capter l’attention, puis stimuler le copains avec un plaisir évident.
désir de changement et enfin convaincre. Il m’a dit qu’il « jouait à
Goldorack  ».
Il est très utilisé pour prévenir (cigarettes, « Vous avez juste oublié un
Par la peur prévention routière) mais on le retrouve clignotant, il est juste un peu
Ad metam également dans les messages religieux et les mort. »
messages de propagande.
Argument qui invite à refuser une décision Je ne peux vous dispenser de ce
non parce qu’elle est mauvaise mais parce travail, sinon, vous me
Le précédent que son inévitable répétition aurait des demanderez chaque semaine la
conséquences fâcheuses. même chose et je devrai vous
dispenser de tout.
C’est la recherche de la véritable cause sous Pour lutter contre la drogue, il
les causes apparentes. On remonte la chaîne faut surtout offrir une
Le premier
des responsables. alternative aux paysans dont
responsable
l'existence dépend uniquement
de la culture de la marijuana.
Surtout utilisé en publicité, pour montrer « Vivez mieux avec Friand 10,
que le produit vendu est unique. On le réfute le vrai yaourt au bifidus actif »
Par la qualité
souvent par l’argument de la quantité. Mais
Ad qualitatem
on peut défendre la qualité en disant « ne
soyez pas des moutons ».
Essaie de convaincre le peuple en disant Déjà plus de 4 millions
Par la quantité qu’il faut acheter tel produit parce que tout d’exemplaires vendus !
Ad quantitatem le monde l’a déjà fait. Il y a une pression de
Ad numerum conformisation, une pression de la foule. On
le réfute par l’argument de la qualité.
Appel à une décision immédiate, tout délai Dépêchez-vous, plus que 2
Structure De l’urgence entraînant des conséquences fâcheuses. jours pour profiter de notre
rhétorique super promo !
On remet en cause l’interlocuteur en Vous dirigez un orchestre et
montrant que son raisonnement est vous prônez l’anarchie  !
Par l’absurde
contradictoire. C’est aussi un argument ad
hominem.
Limitation des options possibles à « Ou bien on croit à la peine de
L’alternative
seulement deux, en vue d’imposer une des mort et on la conserve. Ou bien
(dilemme, tiers
deux voies. On fait apparaître les avantages on n’y croit pas et dans ce cas-
exclu)
de l’une et on critique l’autre. là il faut l’abolir. »
Structure L’analogie Similitude de rapports entre deux couples de Il faut équiper tous les avions
quasi- termes. On utilise le mot "comme" pour d’un radar puisque le radar est
logique faire la liaison. Présente dans les pubs à l’avion ce que l’œil est au
visuelles. La métaphore est une analogie chasseur.
raccourcie.
Établit des relations entre des faits Vous vivez la vie d’aujourd’hui,
appartenant à un même univers mais mais vous continuez à manger
La différent dans le temps et l’espace. Il y a un comme dans le temps (pub pour
comparaison cas particulier dans les comparaisons, c’est une margarine de régime)
la loi Godwin ou Reductio ad Hitlerum (on
fait très souvent référence au passé nazi).
Énoncé des conséquences, positives ou non, Imaginez que…
L’hypothèse
d’un fait possible.
Explication d’un terme de façon détaillée en Bougez, courez, sautez, jouez,
privilégiant certains éléments. C’est une roulez !... Et n’oubliez pas : le
La définition
interprétation, une simplification qui oriente mouvement c’est la vie. (Roba)
dans le sens de la thèse qu’on soutient.
Englobe les parties dans un tout, montre les Pour le bien du pays, il faut
L’inclusion
points communs. accroître les recettes fiscales.
Les Assimile deux faits dont l’un ne peut être Le recel, inséparable du vol, ne
inséparables dissocié de l’autre. doit-il pas être puni  ?
Refuse la partialité. On doit citer deux cas Si les ouvriers du bois ont une
De la justice semblables et préciser la façon dont on a augmentation, les ouvriers de la
A pari traité le premier. métallurgie devraient en avoir
une aussi.

 LE LIEU COMME QUESTION TYPE


Les questions permettent d’aider l’orateur à trouver des arguments et des contre-arguments, c’est-à-dire
pour faciliter l’inventio. Il s’agit de questions très générales que l’on peut poser dans n’importe quel cas et
qui permettent d’argumenter pour ou contre. On les retrouve surtout dans les discours judiciaires, on les
appelle d’ailleurs "états de cause" (questions qui ne se posent que devant le tribunal). Dans ce type de
discours, on peut par exemple se poser les questions suivantes lors d’une affaire de crime :
 L’état de conjoncture : Le fait a-t-il existé ou non ? A-t-il vraiment tué ?
 L’état de définition : Comment le qualifier ? Crime prémédité ? Homicide involontaire ?
Accident ?
 L’état de qualité : Comment l’évaluer ? Est-il permis, utile, excusable ? Quel motif ?
 L’état de récusation : Le tribunal est-il vraiment compétent ?
L’état de définition est très important parce qu’on peut nommer de façon différente un même fait. On peut
parler d’accident, d’assassinat ou de bavure. En Irak, on peut parler ou non de "guerre civile" selon notre
point de vue.
Le lieu est donc ici une question permettant de trouver des arguments au service de la thèse défendue. Le
schéma célèbre de Lasswell (qui, dit quoi, par quels moyens, à qui avec quels effets ?) n’est qu’une
transposition d’une des questions que se posaient les rhéteurs romains dans l’inventio rhétorique
(Quintilien) : qui ? quoi ? où ? avec l’aide de qui ? pourquoi ? comment ? quand ? Cette phrase s’inscrit
dans la conception des lieux communs comme question.

Chapitre 3 : l’éristique et les arguments fallacieux


Nous allons ici pointer quelques arguments incorrects. L’éristique, c’est l’art d’avoir toujours raison.
Nous allons voir quelles sont les techniques utilisées pour arriver à ce but. Il faut tout d’abord distinguer
le paralogisme du sophisme. Le paralogisme est un raisonnement faux mais qui est fait de bonne foi. Le
sophisme est à peu près pareil, sauf que l’intention est ici nocive. La personne veut nous tromper et utilise
un raisonnement pour cela. Un sophisme sert à tromper l’auditoire. C’est parfois difficile de distinguer les
deux, la bonne foi étant parfois compliquée à prouver.
a. Les paralogismes

 PARALOGISMES FORMELS
Les plus courants sont des synonymes incorrects. C’est comme dire :
– Tous les hommes sont mortels
– Or un éléphant est mortel
– Donc un éléphant est un homme
Les paralogismes formels ont une structure erronée à cause de leur forme. Ça peut également être un
raisonnement incohérent.
– Je ne suis pas dans la même école que X
– X n’est pas dans la même école que Y
– Donc je ne suis pas dans la même école que Y
Un paralogisme est un argument contre la logique. Il peut être prononcé de bonne foi par quelqu’un qui
est nul en logique. Ce raisonnement peut paraître exact pour certains.

 PARALOGISMES INFORMELS
Ce sont des raisonnements qui ne sont pas invalides à cause de leur forme mais à cause d’une propriété du
langage ou de la manière dont on invoque un fait. On peut retenir 4 paralogismes informels :
 La pétition de principe est une faute logique par laquelle on commence à admettre ce qu’en fait on
voulait prouver. C’est un raisonnement qui prétend prouver une thèse en s’appuyant sur les principes
mêmes de cette thèse. Il y a une répétition de la même proposition plusieurs fois. C’est un
raisonnement circulaire, la conclusion est déjà implicitement contenue dans la prémisse. Exemple : je
ne mérite pas d’être puni car seuls les coupables méritent d’être punis. Je ne suis donc pas coupable.
 Post hoc ergo propter hoc3 (confusion entre corrélation et relation de cause à effet) signifie que
lorsque deux événements se succèdent, le premier est forcément la cause du suivant. Cependant, la
succession et la cause ne sont pas forcément liées. Exemple : j’ai pris un comprimé homéopathique
puis j’ai guéri. On n’a pas guéri forcément grâce au comprimé homéopathique, mais c’est ce qu’on
veut faire croire en mettant ces deux événements en relation. C’est possible que le comprimé soit la
cause de la guérison, mais ça n’est pas forcément nécessaire (100% véridique). On utilise souvent ce
raisonnement en astrologie, avec les voyantes, etc.
 Le faux dilemme est un raisonnement qui réduit une situation à un seul choix entre deux options,
faisant croire qu’il n’y en a pas d’autres. On va présenter une situation comme un dilemme alors que
ce n’en est pas un. Dans un débat politique on pourrait dire "soit vous êtes de gauche, soit vous êtes
de droite" alors qu’il y a beaucoup plus de choix que cela. La réfutation de cet argument se base sur la
complexité du réel, il y a souvent une troisième voie (voire même beaucoup plus).
 La pente glissante (dite aussi pente savonneuse ou pente fatale) est une sorte d’exagération. On
reprend la proposition de l’autre et on l’exagère au point de présenter un scénario complètement
catastrophique. C’est très courant dans les débats publics. On l’utilise principalement sur les sujets du
mariage gay ou sur les migrants (si on en accepte quelques-uns, il en viendra des milliers). C’est un
argument de l’effet boule de neige, un argument de la dramatisation. L’argument ad metam est très
utilisé dans ce type de raisonnement, on veut faire peur, on veut démontrer des conséquences très
graves.

b. Les sophismes
Ce terme fait référence aux sophistes, qui se présentaient comme professionnels de l’éloquence. C’étaient
les ennemis des philosophes qui préféraient la vérité à l’envie d’avoir toujours raison. Les sophismes sont
comme les paralogismes que nous venons de voir, mais il est fait en connaissance de cause, avec
beaucoup de mauvaise foi. Ici on souhaite tromper et/ou manipuler. Ce n’est donc pas une simple erreur

3
Après cela donc à cause de cela.
de raisonnement, mais un trucage conscient du raisonnement, animé par la volonté de l’emporter dans le
débat. Parfois c’est compliqué de savoir si la personne a réellement voulu nous tromper ou non.

c. Arthur Schopenhauer et L’art d’avoir toujours raison


Schopenhauer a un en 1830 un traité célèbre intitulé L’art d’avoir toujours raison. Comment s’y prend-t-
on pour enseigner cet « art » ? D’habitude les philosophes, comme l’était Schopenhauer, cherchent la
vérité et non pas à avoir raison. On peut chercher à avoir raison tout en disant des mensonges (c’est même
souvent le cas). En fait, il s’inspire de la dialectique socratique, qui permet de démontrer, réfuter,
emporter la conviction. Son traité, il le qualifie de « dialectique de l’éristique ». L’éristique, c’est l’art du
combat verbal, l’art de la controverse. Schopenhauer veut nous apprendre à avoir toujours raison, même
quand on a tort. Il va donner trois grands arguments pour aider les philosophes à avoir toujours raison :
 Il peut arriver que l’on ait fondamentalement raison, alors qu’aux yeux du public, on ait tort. La vérité
objective d’une proposition et l’approbation du public sont donc deux choses différentes. Il ne suffit
pas donc de chercher la vérité, mais il faut également la faire triompher aux yeux de notre auditoire.
 Schopenhauer invoque un argument lié à la nature humaine. Si les êtres humains étaient sages, ils
réfléchiraient avant de parler. Mais il affirme que les humains parlent tous avant de réfléchir, ils sont
malhonnêtes mais continuent à défendre leur thèse. Face à des adversaires pareils, on ne peut pas
qu’invoquer la vérité, ça n’est pas assez. Il faut imposer son point de vue.
 Il se peut qu’on ait tort, mais on ne doit jamais l’avouer car la vérité peut changer. Celui qui a tort un
jour aura peut-être raison dans 20 ans. On peut réfuter une de nos preuves, mais on en trouvera
d’autres qui prouveront que notre thèse est juste.

Pour ces trois raisons, Schopenhauer réfléchit aux stratagèmes pour emporter l’adhésion. Il ne se soucie
pas d’éthique. Dans son texte, il explicite 38 stratagèmes. Ils n’ont pas pour but de triompher face à
l’adversaire mais de le faire changer d’avis sans qu’il ne s’en rende compte. Les plus importants sont les
suivants :
 Exagérer. Étirer l'affirmation de l'adversaire, l'interpréter de la façon la plus générale possible.
 Jouer sur les mots. Utiliser l'homonymie pour étendre également l'affirmation à ce qui, à part le
même mot, n'a pas grand-chose ou rien du tout en commun avec l'objet du débat, puis réfuter de façon
lumineuse et se donner ainsi l'air d'avoir réfuté l'affirmation elle-même.
 Cacher son jeu. Approuver les prémisses dans le désordre pour cacher son jeu. Brouiller les pistes
 Susciter la colère de l’adversaire. Un adversaire en colère ne sait pas porter un jugement correct. On
met quelqu’un en colère en étant injuste envers lui, en le provoquant.
 Par l’antithèse. Feindre d’adhérer à la thèse de l’opposant en l’appuyant avec nos propres
arguments.
 Titre ronflant. Choisir une désignation flatteuse pour notre thèse, ou des termes orduriers pour
désigner la thèse que l’on veut discréditer.
 Contraste engageant. Présenter le contraire de notre thèse, en mettant en évidence l’aspect péjoratif
de cette antithèse, en espérant que l’opposant choisira notre thèse au final.
 Triomphe proclamé. Faire semblant que nous avons brillamment prouvé notre thèse, pour que
l’opposant soit déboussolé et croit qu’il n’a rien compris, qu’il n’est pas assez subtil pour l’avoir
saisi. Il devra alors contester, mais se fera passer pour lent d’esprit ou accepter notre (fausse) victoire
et perdre la face. Souvent c’est la première option qui est choisie. Mais après l’opposant nous déteste.
 Inciter à se commettre, à cohérence. Chercher si l’adversaire ne se contredit pas ou ne contredit pas
ce en quoi il croit, ne serait-ce qu’en apparence. Pourquoi habiter Bruxelles si tu dis c’est moche ?
 Détourner la conversation. Si l’adversaire peut nous battre, il faut l’en empêcher en l’interrompant.
 Réfuter les exagérations. Contredire l’adversaire si, sous l’énervement, il exagère notre thèse.
 Retourner son argument contre lui. C’est un enfant, il faut être indulgent. C’est justement parce
que c’est un enfant qu’il faut le punir pour l’empêcher de recommencer ses bêtises.
 Mystifier. Faire appel à une autorité respectée par l’adversaire ou par le public. Ça aura encore plus
d’effet si l’on prend une autorité dont l’adversaire ne comprend pas un seul de ses mots.
 Ultime stratagème : injurier. Si on voit qu’on va perdre, il faut tenir des propos désobligeants,
blessants et grossiers. On quitte l’objet de la querelle (puisqu’on va perdre) pour s’attaquer à la
personne elle-même.

d. Les stratégies de pacification


Schopenhauer voyait l’argumentation comme un duel, dans lequel tous les coups sont permis pour avoir
raison. Mais les conflits sont coûteux en énergie et en temps, mais aussi en réputation. Certains préfèrent
donc une argumentation plus diplomate, plus calme. Et pour cela il y a des stratégies de pacification qui
permettent de construire un cadre plus serein dans lequel leur point de vue pourra être entendu. Ici on
veut faire changer l’autre d’avis, et non pas de triompher brutalement. Le meilleur moyen de triompher
dans une querelle argumentative serait ainsi de l’éviter. Les partisans des stratégies de pacification
donnent une série de conseil, parmi lesquels : respecter son interlocuteur, admettre si l’on a tort, parler
avec douceur, laisser parler l’autre, etc. Parfois cependant, le conflit est inévitable. Dans ce cas, il faut
éviter de les offenser ou de les irriter. Dans ce cas-là, il faut rester gentil avec son interlocuteur.

Chapitre 4 :
l’argumentation dans
le langage

a. L’elocutio
L’elocutio correspond à la
rédaction d’un discours.
C’est la mise sur papier du
discours.
Ce qui a frappé les anciens,
c’est qu’on peut dire la même chose de plusieurs façons différentes (la bouteille à moitié vide ou à moitié
pleine). Cela veut dire qu’on distingue le fond et la forme, les res et les verba. Les res et les verba sont
coupées par la coupure sémiotique : entre le signe et le référent, il y de la marge. La qualité du langage va
déterminer la qualité de l’argument. Par la manière de dire (rhétorique) on va convaincre (argumentation).
La représentation n’est pas la chose représentée. Le monde des signes n’est pas celui des choses. Le
monde du langage est un monde de liberté. C’est par le signe que l’on invente le message et souvent que
l’on invente l’image elle aussi. Le signe et la manipulation des signes vont permettre la manipulation des
images.
En rhétorique, il y a la règle de la convenance, c’est-à-dire que le sujet choisi doit être adapté à l’orateur
(ethos), au sujet en lui-même (logos) et au public visé (pathos). Pour convenir au sujet, il faut choisir le
bon style : noble, employé dans la péroraison ; simple, dans la narration et la confirmation ; agréable,
dans l’exorde.
Le rhéteur doit essayer d’obtenir la collaboration du public. Il doit guider l’auditeur et, en quelque sorte,
veiller à son confort. En littérature, certains auteurs veillent à la compréhension de leurs lecteurs et à ce
qu’ils suivent. D’autres ne s’en soucient pas du tout, comme Proust par exemple. En rhétorique, c’est
impératif que l’on se fasse suivre par ceux qui nous écoutent, il ne faut surtout pas faire du style pour du
style. L’elocutio est donc fondamentale.
Chris Marker, Lettre de Sibérie. C’est un mini film qui nous montre que le commentaire induit la réalité.
Cela montre trois commentaires différents pour présenter la même chose.
b. Les figures de style
Ce sont des éléments importants dans une argumentation. Ce ne sont pas des constructions ornementales,
mais comme l’argumentation passe par le langage, les figures de style vont souvent servir d’arguments.
Le but n’est pas de faire poétique. La figure de style est toujours un écart rapport à une certaine normalité
du langage. Un simple exemple de la figure comme simple écart est celui de la répétition. C’est ce qu’il y
a de plus basique. À force de répétition, on rend cela plus présent et donc plus crédible. Utiliser les
répétitions serait donc un écart, puisque dans la langue française on évite au maximum les répétitions
(c’est même une faute de français). La répétition est donc une figure de style puisque c’est un tic du
langage.
On peut catégoriser les figures de sens en différents groupes : les figures de mots, les figures de sens, les
figures de pensée et les figures de construction.

 LES FIGURES DE MOTS


Au cœur du langage, il y a le rythme. On parle avec une certaine musicalité. On cherche toujours à avoir
un certain rythme quand on parle, que ce soit en prose ou en littérature. Ça a un certain pouvoir persuasif.
Figure Explication Exemples
La plus connue, elle consiste en la répétition régulière d’une Boire ou conduire, il faut choisir.
Rime
syllabe (d’une consonne). Les publicitaires l’utilisent beaucoup. Métro, boulot, dodo. Dior, j’adore.
Figure de répétition, mais ici on répète des consonnes à l’intérieur Pour qui sont ces serpents qui
Allitération d’un mot. Souvent difficile à lire. sifflent sur vos têtes. Les chaussettes
de l’Archiduchesse sont-elles sèches.
Rapproche dans une même phrase des termes qui se ressemblent Qui se ressemble, s’assemble.
sur le plan phonique (sonnent pareils) mais dont les sens sont Qui vivra verra.
différents. Le mot paronomase vient du mot paronyme (deux mots
qui se ressemblent au son mais qui ont un sens différent). Par la
Paronomase
répétition des termes proches, on donne un certain rythme. Ça nous
marque, on retient mieux ce qui est dit. On a également plus
l’impression que c’est que c’est vrai, parce que les mots se
ressemblent et quand ça marche bien, on y croit plus facilement.
Paronomase à laquelle un des paronymes est sous-entendu. La Euroshima non  !
différence avec la paronomase c’est qu’il n’y a pas de répétition. «  Arme de distraction massive  » (à
Calembour
On n’explique jamais un bon calembour, il se comprend de lui- propos des médias)
même. C’est surtout un jeu de mots.
Joue sur la répétition de la même sonorité et sur la répétition du Le cœur a ses raisons (motifs) que la
même mot. À la base, l’antanaclase désigne une figure qui consiste raison (esprit de géométrie) ignore.
Antanaclase
à reprendre un mot prononcé par l’adversaire dans un sens
différent. On joue ici sur la polysémie d’un même mot.
Réelle répétition du même terme avec le même sens. À première Un ordre est un ordre.
vue, la tautologie a un sens très péjoratif. Mais on ne répète pas Non c’est non.
Tautologie pour rien. La répétition est ici très sérieuse, pour marquer les
esprits. Roland Barthes décrit la tautologie comme agressive, c’est
la figure de prédilection de la petite bourgeoisie.
Appelée aussi tautologie apparente. Figure de style où on peut Un homme (sexe masculin), c’est un
Pseudo-
souvent y repérer, selon les contextes d’énonciation, une différence homme (clichés : infidèle, grossier).
tautologie
de signifié entre les termes répétés.
Figure dans laquelle on accole un terme et son dérivé pour faire La France aux français.
Dérivation
croire qu’il y a un lien normal entre les deux.
Figure qui instaure une sorte de naturalité du signe et semble faire Vittel réveille la vitalité en vous.
coïncider le signifiant et le signifié. On veut ici utiliser le sens Fanta c’est fantastique.
Étymologie
(prétendu) originel d’un mot, pour produire un effet persuasif. La
publicité l’utilise.
Onomatopée Caractérise le plus l’apparente naturalité de certains mots. Elles Bling-bling veut dire chic, alors que
sont vues comme des imitations de sons naturels. Ce n’est pas de base c’est censé être le bruit de
limité C’est un héritage de lecteurs de bandes dessinées chaînes qui s’entrechoquent.

 LES FIGURES DE SENS


Ici c’est le sens, la signification qui est en jeu. Elles sont basées sur le signifié, le sens des mots.
L’exemple le plus connu est L’homme est un loup pour l’homme.
Figure Explication Exemples
Consiste à désigner une chose par une chose qui lui ressemble. On Le soir de la vie.
l’utilise en publicité, mais de façon plus visuelle. Les métaphores Montrer un ballon gonflé pour parler
Métaphore tellement utilisées qui sont devenus des clichés sont appelées les de la peau jeune, montrer un ballon
catachrèses. Le lien se fait ici par ressemblance ou analogie entre fripé pour parler de la peau vieille.
les deux choses. Catachrèse : les ailes d’un avion
Consiste à désigner un objet par le nom d’un autre ayant avec lui Boire un verre
un lien habituel. Employée dans les caricatures ou dans les pubs.
Métonymie On associe des personnes avec des attributs qui leur sont habituels.
Le lien se fait ici par la proximité ou par un lien habituel entre les DSK avec une petite culotte sur la
deux choses. tête
Exagération visant à mieux mettre en relief ce que l’on veut Publicité d’un chien qui est rentré
exprimer. On en dit plus qu’on le pense. On amplifie, on exagère. dans l’arrière du fauteuil de la
C’est très utilisé en pub visuelle. C’est également utilisé dans les voiture tellement elle est rapide
Hyperbole
dessins animés, avec les expressions des personnages. On voyait
l’exagération aussi dans le théâtre grec et romain, avec les masques
(persona) utilisés par les acteurs.
Figure de l’atténuation. Elle consiste à éviter d’énoncer, à masquer Avoir des relations intimes
des idées et des notions désagréables, pénibles, effrayantes,
grossière ou indécente. C’est la figure du politiquement correct, ça Il nous a quitté
Euphémisme
évite d’insulter ou de choquer. L’utilisation de plusieurs
euphémismes est souvent une manipulation, il faut se méfier des
mots qui peuvent toujours cacher quelque chose.
Atténue pour exagérer. On dit beaucoup de choses en en disant Ce n’est pas mal (=c’est bien)
peu. En fait, on remplace un signifié par un autre moins fort. La Ce n’est pas un prix Nobel (=pas très
sécurité routière utilise tout particulièrement les litotes. intelligent)
Litote Visuellement, dans la publicité graphique, la litote peut aussi
fonctionner (WWF a enlevé les différents animaux de grands logos
pour dénoncer leur disparition). On joue sur le vide, sur l’absence,
qui en dit parfois plus long que les présences.
Consiste à rapprocher des mots de sens opposés et incompatibles Un pauvre riche, une guerre propre
Oxymore
pour créer une expression paradoxale. C’est aussi utilisé dans les Karl Lagerfeld qui fait la promo des
Oxymoron
pubs visuelles. gilets fluo jaune moches

 LES FIGURES DE PENSÉE


Les figures ici jouent sur la manière de présenter, de raconter les choses. Ici les figures ne dépendent pas
des mots mais des idées.
Figure Explication Exemples
Suite de métaphores qui se présentent sous forme d’un récit dont L’allégorie de la caverne de Platon
L’allégorie
on peut tirer un enseignement religieux ou moral. Les paraboles religieuses
Consiste à donner la parole à des êtres non humains, absents, Publicité Greenpeace d’un poisson
La prosopopée
inanimés (divinités) ou à des abstractions (la liberté, la justice). qui parle.
La Consiste à donner un visage ou à attribuer des sentiments et des Marianne, figure féminine forte qui
personnificatio traits humains à des êtres inanimés ou à des abstractions. représente la France
n
Consiste à dire le contraire de ce que l’on veut dire, non pas C’est une lumière ! pour dire en fait
pour mentir mais pour railler, faire rire et déstabiliser. Quand on que quelqu’un est très con
L’ironie parle ironiquement, on adopte souvent un ton particulier ou on
s’inscrit dans un contexte particulier, et donc on peut reconnaître
l’ironie. En l’employant, on juge souvent, on se place au-dessus.
L’humour C’est le plus court chemin d’un humain à un autre. L’humoriste

Note : ces deux premières figures de sens sont des tropes : procédé de dénomination consistant à prendre un mot dans le sens d’un autre. Au
départ ces tropes étaient très mal vues, mais désormais on a démontré que la métaphore avait son importance, puisque notre pensée fonctionne
sur base de métaphore. (Lakoff et Johnson)
met l’auditoire de son côté, parce qu’il inspire confiance et
sympathie, contrairement à l’ironie.
Va contre l’opinion, contre la doxa. Il peut heurter l’opinion, Qui paie ses dettes, s’enrichit.
mais on peut aussi l’utiliser à des fins argumentatives. Les
Le paradoxe publicitaires partent d’une affirmation qui est contraire à Le paradoxe est le nom que les
l’opinion courante, pour ensuite démontrer leurs arguments. Le imbéciles donnent à la vérité.
paradoxe est un argument provocateur.

 LES FIGURES DE CONSTRUCTION


Ce sont des figures d’architecture qui portent sur une construction syntaxique particulière.
Figure Explication Exemples
Croisement entre des termes appartenant deux à deux à une Il faut manger pour vivre et non
Le chiasme
même nature grammaticale (2 noms, 2 verbes, etc.). vivre pour manger.
On enlève quelque chose dans la construction. On enlève des Je n’avance guère. Le temps
L’ellipse mots qui sont normalement exigés grammaticalement. L’ellipse beaucoup.
est typique des titres journalistiques.

Chapitre 5 : les valeurs et visions du monde


L’argumentation s’appuie sur certaines valeurs et le processus argumentatif s’inscrit dans une vision du
monde.

a. Les valeurs dans l’argumentation


Pour parler de la valeur, on peut parler d’un événement. En 2004, il y a eu l’important ouragan Charley
dans le Golfe du Mexique, qui a causé 22 morts et des dégâts matériels très importants. Suite à ça,
beaucoup de personnes étaient dans le besoin. Le prix des biens demandés (générateurs, électricité,
nourriture, etc.) a énormément augmenté. La hausse abusive des prix, pour loger les sinistrés ou pour
offrir des services aux victimes déclencha une controverse. Mais ils n’avaient pas le choix et donc
payaient ces énormes sommes. De nombreux journaux se demandèrent alors si c’était normal, et donc il y
eut un grand débat sur ce sujet. Il y avait donc une argumentation pour et contre cette augmentation des
prix.
Ceux qui étaient contre l’augmentation accusaient la cupidité de l’homme et sa capacité à tirer profit de la
souffrance. L’homme, selon eux, n’avait plus de cœur ni de miséricorde ou de solidarité. Ceux qui étaient
pour l’augmentation expliquent que c’est normal que le marché se régule de la sorte et que c’est ainsi que
se vendent et s’acquièrent les biens et les services dans un marché libre. Ce n’est pas un argument de
valeur humaine, mais plutôt de valeur du marché, de l’économie. Ce sont donc deux valeurs qui
s’affrontent, mais aussi deux visions du monde qui s’opposent. On peut se demander quelle valeur mettre
au-dessus de l’autre. C’est un conflit de hiérarchie des valeurs.
Mais au fond, qu’est-ce qu’une valeur ? C’est un concept très polysémique. Ça peut être quelque chose
de chiffré (la valeur de Google, la valeur de telle entreprise, etc.). Les valeurs vont souvent ensemble, il y
a comme des constellations de valeurs. Si on défend la solidarité, on défend très probablement la dignité
de l’être humain. Si on défend la liberté du marché, on défend très probablement la compétitivité.
Les valeurs peuvent être universelles. Mais au départ, étant des créations culturelles, elles appartiennent à
des sociétés précises. Mais certaines valeurs ont voulu s’universaliser. Notre mondialisation, grâce à la
technologie, a promu la globalisation des valeurs.

Note : On peut également rajouter l’exagération dans les figures de construction


b. Le rôle argumentatif des valeurs
Dans l’argumentation, les valeurs sont aussi importantes que les faits et les vérités. Les vérités sont de
moins en moins importantes. Maintenant on parle de post-vérité, c’est en fait les mensonges. Le Brexit,
Trump, etc. ont pu gagner grâce à des campagnes basées sur le mensonge. C’est vraiment une horreur
pour l’argumentation, surtout qu’on était persuadé qu’avec l’avancement du temps, les mensonges
seraient moins utilisés et que le populisme aurait disparu. La vérité n’est donc pas toujours la garantie du
succès et les valeurs, peu concrètes voire abstraites, peuvent être plus importantes.
Les valeurs sont des moyens de persuasion. C’est dans la mesure où elles sont vagues que les valeurs se
présentent comme universelles. Les valeurs sont préalables au discours, comme la justice par exemple (ce
n’est pas juste). Tout le monde sait ce qu’est la justice, et on partage presque tous la même vision de
celle-ci, on est tous pour la justice. Pour les valeurs, on cherche des choses que tout le monde partage, on
cherche des lieux communs. La force des valeurs vient aussi du fait qu’on ne puisse pas les nier, on ne
peut pas nier la justice ni l’égalité. C’est comme les faits, on ne peut pas les nier.
Il y a des valeurs abstraites (la justice, la véracité) et des valeurs concrètes (la France, l’Église, l’Europe)
qui sont liées à la valorisation de l’unique (une patrie, la France).

c. La hiérarchie des valeurs


Les valeurs sont hiérarchisées. On les classe. Souvent, on hiérarchise les valeurs parce qu’il faut choisir
entre elles, et qu’on les pense incompatibles. Souvent, on oppose la liberté et la sécurité. Personne ne nie
l’importance des deux, mais on se demande laquelle privilégier, laquelle mettre en avant (faut-il contrôler
les sacs à l’entrée des bâtiments ou non ?). C’est parfois très dur de classer les valeurs.
Boltanski et Thévenot ont écrit De la justification. Les valeurs et les économies de la grandeur. Ils ont
essayé de classer en 6 grandes classes des groupes humains en les caractérisant selon leurs valeurs
dominantes et selon les valeurs qui justifient leurs actions. Ces 6 cités partagent les mêmes valeurs mais
ne les considèrent pas de la même importance. Chacun de ces mondes possède son propre système de
valeurs, c’est un modèle donc aucune personne ne correspond réellement à ce modèle. Les 6 cités sont les
suivantes :
 La grandeur domestique met en avant la grande chaîne des êtres, la solidarité humaine, les relations
personnelles. La grandeur des gens dépend de leur position, de leur hiérarchie dans une chaîne de
dépendances personnelles.
 La grandeur de l’opinion : dans le monde de l’opinion, la grandeur d’une personne est indépendante
de l’estime qu’elle a d’elle-même. C’est l’opinion que les autres ont sur nous qui prime.
 La grandeur inspirée : là c’est notre créativité personnelle, notre capacité à innover, notre
enthousiasme poétique qui vont faire la différence. C’est vraiment le côté créatif qui compte. Et
l’artiste est important. Mais celui-ci dépend aussi de l’opinion. Les différentes cités sont malgré tout
interdépendantes.
 La grandeur civique est une cité politique, une cité d’action où on met en avant le bien commun et où
la loi est l’expression de chacun. Le monde de l’éducation s’inscrit dans cette grandeur-là. On sert des
causes qui nous dépassent.
 La grandeur marchande, dont la richesse est l’argument le plus important.
 La grandeur industrielle est à distinguer de la grandeur marchande. Ici on est dans la mise au point
technique et scientifique d’un monde matériel, qui sera fabriqué et construit. On est d’abord dans la
question du progrès scientifique et technologique.
Il y a des liens entre ces différentes cités, mais pas entre toutes.

d. Chaïm Perelman et le projet d’une logique des valeurs


Le Traité de l’Argumentation de Chaïm Perelman n’a pas eu un succès immédiat lors de sa parution. La
rhétorique n’était pas au centre des préoccupations à l’époque de sa parution (1958). Puis sa réflexion ne
s’inscrivait pas dans le domaine francophone, parce qu’il s’est plus inspiré du positivisme anglo-saxon et
parce qu’il reprenait la tradition de pensée rhétorique que l’on avait rejeté depuis Descartes.
En fait, Perelman réhabilite la rhétorique parce qu’il estime que les domaines juridiques et liés aux
valeurs sont des domaines dans lesquels il y a des argumentations qui ne peuvent pas être rencontrées par
le modèle argumentatif venant des sciences exactes. Par exemple, il y a de l’argumentation en droit, mais
on ne sait pas le faire avec de l’argumentation.
Il assimile argumentation et rhétorique, ce qui peut sembler étrange à première vue. En effet, lorsqu’on
pense à l’argumentation, on relie l’idée à la recherche de la vérité, de la logique, tandis que la rhétorique a
encore un aspect négatif de « mensonge ». Pour lui, la raison était soit apodictique, soit une raison usant
de toute une série de procédés. Pour Perelman, les valeurs se trouvent dans des sphères (la sphère
juridique, par exemple). Il va réfléchir à ces valeurs qui s’expriment dans ces sphères. Mais les valeurs
restent rationnelles.

e. Valeurs et structure du réel


Il faut faire la distinction entre les arguments fondés sur la structure du réel et les arguments la fondant.

 LES ARGUMENTATIONS FONDÉES SUR LA STRUCTURE DU RÉEL


Les argumentations fondées sur la structure du réel sont des argumentations qui admettent une certaine
relation dans le réel, partagée par tous. C’est la liaison entre les événements qui est une liaison dont on
cherche à profiter pour argumenter. Ici le schéma de Toulmin et la loi de passage sont importants.
L’argumentation est fondée sur une série de croyances que l’on partage tous. Par exemple, dans une
société où la médecine est importante, on dira « si vous avez telle maladie, vous suivrez tel traitement »,
parce que tout le monde a admis que la médecine permettait de sauver des vies. Mais dans une société
plus religieuse, on verra la maladie comme un signe de Dieu, et donc on dira « vous irez faire un
pèlerinage à tel endroit » parce qu’ici tout le monde est d’accord pour dire que seul Dieu pour nous
guérir. Quand on parle de structure du réel, on ne parle pas d’une vérité unique, mais des formes de réel
auxquelles les gens croient.

 LES ARGUMENTATIONS FONDANT LA STRUCTURE DU RÉEL


Les argumentations fondant la structure du réel sont des argumentations qui s’attèlent à faire voir le
monde d’une certaine façon, à changer notre vision du monde, à changer notre vision du réel. C’est
l’argumentation des sectes et des partis d’extrême droite. Ces derniers ont intérêt à ce que chacun voit le
réel d’une façon violente. L’Allemagne nazie a fonctionné comme ça pendant des années et ça a très bien
fonctionné. Une fois que cette structure du réel est acceptée, les gens acceptent l’argumentation proposée,
souvent accompagnée d’argument ad metam. Les médias jouent un rôle très important dans la création de
nouvelles structures du réel. Huntington était un théoricien de cette structure du réel. Il divisait le monde
entre la pensée européenne/américaine qui s’opposait à la pensée de l’Islam. Mais ça ne peut pas être la
seule vision du monde. Ces argumentations portant sur la structure du réel peuvent être décisives, même
au niveau mondial, pour orienter des actions et des opinions dans un sens ou dans un autre.

Chapitre 6 : les théories du complot, entre argumentation et dogmatismes

a. Les théories du complot, entre argumentation et dogmatismes


Une théorie du complot est une vision de l’histoire perçue comme le produit de l’action d’un groupe
occulte agissant dans l’ombre. On parle de conspirationnisme ou de complotisme. Il s’agit d’un récit
théorique qui se croit cohérent et cherche à démontrer l’existence d’un complot, comme étant le fait d’un
petit groupe de gens puissants qui se coordonnent en secret pour entreprendre une action illégale et
néfaste affectant le cours des événements. Le but prétendu de ces groupes est de conserver une sorte de
pouvoir (politique ou religieux). Il est très difficile de réfuter une théorie du complot, parce que les gens

QUESTION
EXAMEN
qui croient en cette théorie réfuteront tous les arguments en prétendant que c’est une preuve
supplémentaire au complot. Les complotistes sont souvent convaincus à 100% de ce qu’ils disent.
L’histoire du complotisme remonte à la Révolution française. C’est l’Abbé Augustin Barruel qui a été le
premier à parler de complot, dans son ouvrage Mémoires pour servir là l’histoire du jacobinisme (1798).
Selon lui, la Révolution ne serait pas le résultat d’un mouvement populaire spontané, mais celui d’une
conspiration antichrétienne. Il essaie de prouver ça en servant de tous les faits possibles et en les
réinterprétant. On constate que dans toute théorie du complot, il y a trois éléments importants :
 Une idéologie réactionnaire 
 Une subjectivité camouflée dans une fausse objectivité
 Un langage haineux
Dans tous les cas, il y a toujours beaucoup d’interprétation. Dans ce cas-ci, il y a de l’interprétation sur la
Révolution française, il s’agirait de groupes anciens qui en seraient les responsables : les Templiers, les
Rosicruciens, les Francs-Maçons, etc.
Un autre ouvrage important dans les théories du complot c’est le Protocole des sages des Sion (1903). Il a
été écrit pour dévoiler un complot maçon et juif. Il a été mis au service de l’antisémitisme russe, qui a
servi à justifier les pogroms et a été utilisé par la suite par les antisémites nazis.
D’autres théories du complot ont été élaborées depuis et surtout à partir des années 80, elles se sont
multipliées. Le sénateur McCarthy a dénoncé un grand complot communiste aux USA ; l’assassinat de
Kennedy ; les premiers pas sur la Lune ; les morts de Coluche, Balavoine, Lady Diana ; les attentats du 11
septembre 2001, de Paris, de Bruxelles, etc. Les complots existent aussi en fiction (X-Files, Da Vinci
Code).

Karl Popper, dans Conspiracy theory of society dit que c’est « une opinion selon laquelle l’explication
d’un phénomène social consiste en la découverte des hommes ou des groupes qui ont intérêt à ce qu’un
phénomène se produise (parfois il s’agit d’un intérêt caché qui doit être révélé au préalable) et qui ont
planifié et conspiré pour qu’il se produise. ». C’est un raisonnement par l’intérêt, mais ce n’est pas un
raisonnement valide. Parler de théories du complot est trop généreux, ce ne sont que des rumeurs, des
hypothèses et non pas des théories. On parlait de conspiration « judéo-maçonnico-bolchévique ».

b. Un défi à l’argumentation
En quoi ces théories seraient-elles un défi pour l’argumentation ? Face à des personnes totalement
convaincues d’une théorie du complot, l’argumentation ne sert à rien. La personne est tellement
convaincue qu’elle retourne nos arguments contre nous. L’argumentation ne fait pas mouche, il faut plus
que ça. Il y a toujours moyen de retourner nos arguments. L’imaginaire du complot est insatiable et la
thèse du complot est irréfutable.
Bronner, un sociologue français a écrit un livre, La démocratie des crédules. Il diagnostique dans les
rumeurs complotistes, une inversion de la charge de la preuve. C’est-à-dire que ceux qui pensent qu’il
n’y a pas de complot doivent prouver qu’il n’y a pas de complot. Ceux qui pensent qu’il y a des complots
ne doivent pas les prouver. C’est cette inversion de la charge de la preuve qui fait que l’argumentation est
toujours difficile. À cela s’ajoute un biais cognitif, également appelé biais de confirmation d’hypothèse.
La certitude préalable qu’un complot existe implique l’analyse de toute information et tout fait au travers
du prisme de la théorie du complot. Chaque fait confirme l’hypothèse du complot et ceux qui ne le font
pas sont exclus. C’est de la mauvaise foi et de l’étroitesse d’esprit. Ce qui donne toujours du poids à ces
théories, c’est qu’il y a toujours un peu de vérité dedans. Il faut mélanger le vrai et le faux, c’est ce
mélange qui troublera. Souvent, les complotistes ont davantage de temps et d’énergie que ceux qui les
réfutent.
Perelman parle du doute et du lien qu’il a avec la rhétorique. En rhétorique, on doit toujours pouvoir
douter. Le doute est consubstantiel à la rhétorique. Dans les théories du complot, on emploie des
enthymèmes, on arrive à des conclusions probables et non pas certaines, contrairement à si on employait
des syllogismes. Les prémisses sont elles-mêmes probables. Dès le début, on doute, plus ou moins. Les
prémisses ne sont pas des vérités scientifiques. Ce doute poursuit le raisonnement et se retrouve dans la
conclusion. Perelman, totalement antifasciste, oppose la maxime fasciste « croire, obéir, combattre »,
maxime de la force à celle de la pensée : « douter, se décider et convaincre ». L’argumentation représente
la voie difficile. La voie facile c’est celle où il n’y a pas de doutes, où on est sûr de la vérité, à laquelle
s’associe souvent la force (on veut faire croire aux autres la même chose que nous par la force).
Les théories du complot ne sont déjà plus de l’argumentation. Les personnes croyant aux complots sont
persuadées de leur vérité et rien ne peut aller à l’encontre de celle-ci, il n’y a pas de doutes et les preuves
sont irréfutables. Dans une vraie argumentation, les arguments ne sont pas collés à la thèse.

c. Motivation des théories du complot


Les théories du complot sont très populaires aux Etats-Unis de nos jours. On en écrit souvent des récits,
on appelle cela le style paranoïaque, c’est ce qui motive les théories.
Pierre-André Taguieff, auteur français, dit que derrière ce style paranoïaque, il y a 4 grandes convictions :
 Rien n’arrive pas accident
 Tout ce qui arrive est le résultat d’intentions ou de volontés cachées
 Rien n’est tel qu’il paraît être
 Tout est lié mais de façon occulte
Les masses sont manipulées par les médias et par des groupes de pouvoir (politique, religieux, etc.).
Parler de « théories du complot » a déjà une visée rhétorique et peut être diffamatoire. Les qualifier ainsi,
c’est déjà dans le but de les disqualifier et de les critiquer. L’expression doit donc être utilisée avec
ménagement. Elle peut être diffamatoire et, finalement, empêcher de réfléchir. Noam Chomsky, homme
politique de gauche aux USA, est souvent critiqué et discrédité parce qu’il parle de faits complotistes qui
se passeraient au Wall Street Journal.
La théorie du complot permet de donner sens à tout ce qui l’entoure, à retrouver un conscience critique, à
exister parce que le complotiste ne serait pas « manipulé » comme les autres.

Les théories du complot nous permettent de réfléchir sur les post-vérités et sur l’ère post-factuelle. Ces
néologismes désignent une culture politique au sein de laquelle les leaders politiques orientent les débats
vers l’émotion en ignorant (ou en faisant mine d’ignorer) les faits et la nécessité d’y soumettre leur
argumentation (Trump, Brexit, etc.). Les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion
publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles. C’est le triangle du pathos-éthos-logos
où le logos a presque disparu au profit de l’éthos et du pathos. Mais ce n’est pas nouveau, on en parlait
déjà à l’époque des grands philosophes grecs comme Aristote. De nos jours, c’est le numérique qui a
ébranlé notre rapport aux faits. C’est tellement simple désormais de publier des informations
mensongères, qui sont immédiatement reprises et passent pour des vérités. Les médias alternatifs ont de
plus en plus de succès, mais ils ne sont pas professionnels, et donc pas toujours déontologiques.
On parle de l’ère de la post-vérité, cela voudrait dire qu’avant on était dans l’ère de la vérité. Sauf que
pendant la Guerre Froide, les guerres Mondiales, etc. ça n’était pas forcément l’ère de la vérité non plus.

Vous aimerez peut-être aussi