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COURS DE MATHEMATIQUES MTH1101

ANALYSE

Sékou Coulibaly
Contents

1 NOMBRES RÉELS 3
1.1 Introduction et un peu d’histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Corps commutatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Relation d’ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.4 Bornes supérieures, bornes inférieures, maximum et minimum . . . . 6
1.5 Existence et unicité de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.6 Règles de Calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.7 Intervalles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.8 voisinage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.9 Valeur absolue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.10 Distance usuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.11 Partie entière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.12 Rationnels et irrationnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

2 SUITES NUMERIQUES 20
2.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2 Convergence d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3 Propriétés des suites convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.4 Opérations sur les limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.5 Limites et rélation d’ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.6 Suites monotones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.7 Suites adjacentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.8 suites extraites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.9 Suites de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.10 Les suites usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.10.1 Suites arithmétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.10.2 Suites géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.10.3 Suites arithmético-géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.11 Suites récurrentes linéaires d’ordre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.11.1 Suites récurrentes linéaires homogènes . . . . . . . . . . . . . 34
2.11.2 Suites récurrentes linéaires avec second membre . . . . . . . . 38

3 Fonction numérique d’une variable réelle 41


3.1 Généralités sur les fonctions définies au voisinage d’un point . . . . . 41
3.2 Limite d’une fonction en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.3 Limite à droite-Limite à gauche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

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3.4 Limite à infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44


3.5 Continuité d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.6 Fonctions continues sur un segment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.7 Fonction dérivable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.8 Extension de la notion de dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.9 Dérivabilité, opérations algébriques et composition . . . . . . . . . . . 53
3.10 Classes de fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.11 Dérivée et monotonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.12 Dérivées et extrema . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.13 Fonctions convexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.14 Théorèmes fondamentaux sur les dérivées . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.15 Etude globale de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.15.1 Fonctions Logarithmes, Exponentielles, Puissances . . . . . . 61
3.16 Fonctions circulaires réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.17 Fonctions hyperboliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

4 DEVELOPPEMENT LIMITE 75
4.1 Les notations de Landau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
4.2 Formule de Taylor avec reste de Lagrange . . . . . . . . . . . . . . . 77
4.3 Formule de Taylor-Young et développements limités . . . . . . . . . . 79
4.4 Opérations sur les développements limités . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.5 Développements limités généralisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

2 Document en cours de rédaction


Chapter 1

NOMBRES RÉELS

1.1 Introduction et un peu d’histoire


Les nombres apparaissent très tôt dans l’histoire de l’humanité. Pour mémoire, le
calcul a été inventé avant l’écriture (il y a 20 000 ans mais certains disent 35 000
et d’autres plus). Il s’agissait de compter avec des cailloux (calculus en latin) afin
d’évaluer des quantités entières.
Ces entiers naturels permettaient de résoudre des équations du type

x + a = b, a et b

étant des entiers naturels et a < b par exemple. Cet ensemble sera par la suite noté
N en 1888 par Richard Dedekind (pour ”nummer” qui signifie numéro en allemand).
On notera ainsi N = {0, 1, 2, 3, 4, ...}. Notons au passage, que c’est René Descarte
qui suggéra par convention (que l’on garde encore aujourd’hui) de noter les incon-
nues par les dernières lettres de l’alphabet, et de garder les premières lettres pour
les paramètres connus. Il s’avéra très vite que les entiers ne pouvaient pas résoudre
certaines équations comme x + a = b, (a, b) ∈ N2 et a > b. Il fallut alors introduire
un ensemble agrandi du précédent, que l’on appellera entiers relatifs (par rapport
à leurs positions à 0). Dedekind notera l’ensemble K, mais on retiendra plutôt la
notation Z (pour zahlen qui signifie nombre en allemand) de Nicolas Bourbaki.
On notera ainsi Z = {..., −4, −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3, 4, ...}.
Il fallut ensuite résoudre des équations du type ax = b, a ∈ Z et b ∈ Z∗ . On
ne pouvait pas trouver toutes les solutions dans l’ensemble Z. Un autre ensemble
fut alors introduit. L’ensemble des rationnels permettait de contenir l’ensemble des
solutions de ce type d’équation, et il fut noté Q par Giuseppe Peano en 1895 (initiale
du mot ”quoziente” (quotient) en italien).
On notera ainsi
na o
Q= où a et b sont des entiers relatifs et b 6= 0 .
b
Il ne faut cependant pas confondre l’ensemble des rationnels Q avec celui des
décimaux D. Les nombres décimaux sont de la forme a.10n où a et n sont des entiers
relatifs. Un nombre décimal a donc un nombre fini de chiffres après la virgule: par
exemple 1, 23 s’écrit 123.10−2 . Tandis qu’un nombre rationnel est de la forme ab où a

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est un entier relatif, et b est un entier relatif différent de zéro. C’est d’ailleurs ici que
commence le premier piège qu’il faudra éviter, et qui semble assez évident a priori:
on ne divise pas par 0!.
Un nombre décimal est donc un cas particulier de nombre rationnel.
Considérons ABC un triangle rectangle en A tel que AB = AC = 1 et BC = x.
Déterminer x revient à résoudre une équation assez simple 12 + 12 = x2 , autrement
dit x2 = 2. Cette équation provenant d’un problème géométrique assez simple (le
théorème de Pythagore), n’est pas récente (dans une version différente évidemment). √
Elle date de 500 ans avant J-C environ. Une démonstration de l’irrationalité de 2
date à peu près de cette époque mentionnée dans les manuscrits d’Aristote. Il fallut
donner un nom à l’ensemble de ces nombres qui contenait tous les précédents (entiers
et rationnels) mais qui n’étaient ni entiers ni rationnels. [Hugues Charles Robert
Méray (1835 à Chalon-sur-Saône -1911), un mathématicien français, professeur à
la faculté des sciences de Lyon. En 1869, il donne, le premier, une construction
rigoureuse des nombres réels]. René Descartes les appela nombres réels en 1637 et
c’est Georg Cantor qui désignera l’ensemble des réels par R.
Augustin Cauchy, puis Charles Méray suivi de Georg Cantor établiront que
l’ensemble des réels est complet. Autrement dit, contrairement à l’ensemble des
rationnels qui contenait encore des ”trous” que l’on pouvait remplir avec des réels,
l’ensemble des réels ne possède pas de trou. On dit qu’il est complet. Cette notion
sera très utile dans la suite des cours d’analyse. Puis vinrent les nombres complexes
et d’autres équations de plus en plus élaborées à résoudre.
Nous en aborderons quelques unes dans ce cours (comme les équations différentielles).
Pas toutes, ce serait impossible, mais celles qui nous semblent incontournables pour
le premier semestre de la première année en analyse. Pour cela il faudra définir les
bons outils, leur manipulation précise et rigoureuse (ce que l’on peut faire et ce que
l’on ne peut pas faire). Une fois les outils en main nous avancerons progressivement
de telle sorte qu’à la fin du semestre, nous aurons effleuré la puissance d’applications
de ce que l’on aura appris.
Nous pourrons nous trouver de temps en temps devant des concepts qui pour-
raient aller à l’encontre de nos intuitions. Comme par exemple :
1. Est-ce que le nombre ”juste avant” 1 que l’on note x = 0.999999999... est égal
à un ?
2. Est-ce que l’ensemble des entiers naturels est plus grand que celui des entiers
relatifs, lui même contenu dans les rationnels ? Et que dire de l’ensemble des réels ?
Les réponses à ces questions ne doivent pas être données si rapidement...nous
verrons en cours pourquoi.

1.2 Corps commutatif


Un corps commutatif K est un ensemble muni de deux opérations notées + et × qui
vérifient:

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(K, +) groupe commutatif (K∗ , ×) groupe commutatif


a+b=b+a ab = ba (commutativité)
a + (b + c) = (a + b) + c a(bc) = (ab)c (associativité)
a+0=0+a=a a × 1 = 1 × a = a (élément neutre)
a + (−a) = (−a) + a = 0 a × a−1 = a−1 a = 1, (a 6= 0) (inversibilité)
a(b + c) = ab + ac (distributivité de + par rapport à×).

Remarque 1.

a) L’opposé de a noté −a n’est pas nécessairement négatif ! L’opposé de a = −3 par


exemple est −a = 3! C’est une erreur que l’on rencontre souvent.

b) On rappelle encore une fois ici que l’on peut pas diviser par 0! Ainsi lorsque l’on
écrira un dénominateur, il faudra toujours s’assurer que ce dernier est non
nul.

1.3 Relation d’ordre


Définition 1.
• Soit R une relation binaire sur E, c’est à dire une propriété portant sur les
couples d’éléments de E. On notera xRy le fait que la propriété est vraie pour le
couple (x, y) ∈ E × E.
Pour tous x, y, z ∈ E, R est dite :
 Réflexive si : xRx c-à-d. chaque élément est en relation avec lui-même.
 Anti-symétrique si :[xRy et yRx] alors x = y. Si deux éléments sont en relation
l’un avec l’autre, ils sont égaux.
 Transitive si : [xRy et yRz] alors xRz. Si x est en relation avec y et y en
relation avec z alors x est en relation avec z.
La relation R est une relation d’ordre si elle est à la fois réflexive, anti-symetrique
et transitive. Dans ce cas, on dit alors que (E, R) est un ensemble ordonné.
• Soit E un ensemble muni d’une relation d’ordre R. Les éléments x et y de E
sont dits comparables si l’on a [xRy ou yRx]. Si tous les éléments de E sont com-
parables par la relation R, l’ensemble E est dit totalement ordonné par R. Sinon, il
est dit partiellement ordonné.

Propriété 1. La relation ≤ sur R est une relation d’ordre, et de plus, elle est totale.

Nous avons donc:


• pour tout x ∈ R, x ≤ x
• pour tout x, y ∈ R, si x ≤ y et y ≤ x alors x = y,
• pour tout x, y, z ∈ R, si x ≤ y et y ≤ z alors x ≤ z.

Remarque 2. Pour (x, y) ∈ R2 on a par définition:

x ≤ y ⇐⇒ y − x ∈ R+
x < y ⇐⇒ (x ≤ y et x 6= y).

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Les opérations de R sont compatibles avec la relation d’ordre ≤ au sens suivant,


pour des réels a, b, c, d :
(a ≤ b et c ≤ d) ⇒ a + c ≤ b + d
(a ≤ b et c ≥ 0) ⇒ a × c ≤ b × c
(a ≤ b et c ≤ 0) ⇒ a × c ≥ b × c
On résume l’ensemble des propriétés de R en disant que (R, +, ×, ≤) est un corps
commutatif totalement ordonné.
Par contre (R, +, ×, ≥) n’est pas un corps commutatif totalement ordonné car
{x ∈ R, 0 ≥ x} n’est pas stable par la multiplication.
On définit le maximum de deux réels a et b par:

a si a ≥ b
max(a, b) =
b si b > a.
Exercice 1. Comment définir max(a, b, c), max(a1 , a2 , ..., an )? Et min(a, b)?

1.4 Bornes supérieures, bornes inférieures, maxi-


mum et minimum
Voyons maintenant comment on pourrait construire l’ensemble R à partir de l’ensemble
Q (ce n’est pas l’unique façon de construire R mais pour l’instant c’est la seule que
l’on puisse aborder dans l’état de nos connaissances).
Pour cela nous avons besoins des notions de bornes supérieures et inférieures,
pour les utiliser, nous devons auparavant définir les notions de majorant et minorant.
Définition 2. Soient (E, ≤) un ensemble ordonné et A ⊂ E :

i) On dit que m ∈ E est un majorant (resp. minorant) de A si :


∀x ∈ A, m ≥ x ( resp. m ≤ x).

ii) On dit que m ∈ A est le plus grand élément (resp. le plus petit élément) de A,
on le note max A (resp. min A) si : ∀x ∈ A, m ≥ x ( resp.∀x ∈ A, m ≤ x).

iii) On dit que A est majorée (resp. minorée) si il existe au moins un majorant
(resp. minorant) de A dans E.

iv) On dit que A est bornée si elle est majorée et minorée.

v) On appelle borne supérieure (resp. borne inférieure) de A, le plus petit des ma-
jorants (resp. le plus grand des minorants) de A lorsqu’il existe: on le note
sup A (resp. inf A).

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Exercices d’applications

1. La relation R est-elle une relation d’ordre? Si oui l’ordre est-il total


- E = N, xRy ⇐⇒ x = −y
La relation n’est pas réflexive, car 1 n’est pas en relation avec lui-même. En
effet, 1 6= −1.
La relation est symétrique, car x = −y ⇐⇒ y = −x. Elle n’est pas anti-
symétrique, car 1R − 1 et −1R1, alors que 1 6= −1. Elle n’est pas transitive,
sinon, comme elle est symétrique, elle serait réflexive. On peut aussi vérifier
que 1R − 1, −1R1 et 1 et 1 ne sont pas en relation. Cette relation n’est pas
une relation d’ordre.
- E = R, xRy ⇐⇒ cos2 x + sin2 y = 1
De la formule cos2 x + sin2 x = 1, on déduit que la relation est réflexive.
Elle n’est pas antisymétrique, car 0R2π et 2πR0 alors que 0 6= 2π.
Elle est transitive. Si xRy et yRz, on a

cos2 x + sin2 y = 1 et cos2 y + sin2 z = 1

soit en sommant

cos2 x + (cos2 y + sin2 y) + sin2 z = 2

ce qui implique
cos2 x + sin2 z = 1.

-E = N∗ , x divise y.
Sur N∗ la relation x divise y, notée x/y, est une relation d’ordre mais n’est pas
total. On rappelle que x divise y s’il existe k ∈ N∗ tel que y = kx. réflexive:
x/x pour tout x ∈ N∗ .
antisymétrique:si x/y et y/x alors x = y.
transitive: si x/y (c’est à dire il existe k tel que y = kx) et y/z (c’est à dire il
existe k 0 tel que z = k 0 y) z = k 0 y = (kk 0 )x donc x divise z.

2. Déterminer les majorants, minorants, le maximum, le minimum, le sup, l’inf


des ensembles √
A = [−1, 7], B = [1, +∞[, C =] − ∞, 7], D = [−1, 7] ∩ Q.

1.5 Existence et unicité de R


On admet l’existence et l’unicité du corps commutatif R muni de la relation d’ordre
totale sous-jacente et le théorème suivant.

Théorème 1. Toute partie non vide et majorée (resp. minorée) de R admet une
borne supérieure (resp. inférieure) dans R .

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Proposition 1. Soit A une partie non vide et majorée de R et (m, M ) ∈ R2 .


M majorant de A
M = sup A ⇐⇒
∀ε > 0, ∃ x ∈ A /M − ε <x ≤ M
m minorant de A
De même si A est minorée : m = inf A ⇐⇒
∀ε > 0, ∃ x ∈ A, m ≤ x < m + ε.

Proof. (⇒) Si M est la borne supérieure de A, alors M est un majorant de A par


définition d’une borne supérieure. Soit ε > 0 quelconque.
Comme M est le plus petit des majorants de A, le réel M − ε, qui est strictement
inférieur à M, n’est pas un majorant de A.
Ceci signifie qu’il existe x ∈ A tel que M − ε < x.
(⇐) Puisque M est par hypothèse un majorant de A, il suffit de prouver qu’il
n’existe pas de majorant de A qui soit strictement inférieur à M (pour en déduire
que M est bien le plus petit des majorants de A).
Or, si un réel m est tel que m < M, on peut poser ε = M − m > 0, de sorte
que notre hypothèse implique l’existence de x ∈ A tel que m = M − ε < x, ainsi, m
n’est pas un majorant de A.

Exercice 2.

1. On munit l’ensemble P(R) des parties de R de la relation R définie par ARB


si A ⊂ B. Montrer qu’il s’agit d’une relation d’ordre. Est-elle totale?
1

2. Soit A = (−1)n n+1 / n ∈ N . Déterminer, s’ils existent, le plus grand
élément, le plus petit élément, les majorants, les minorants, la borne supérieure
et la borne inférieure.
 1
3. Même question avec A = 1+x / x ∈ [0, +∞[ .

4. Soit A une partie de R. On note

−A = {−x / x ∈ A}.

Montrer que min A = − max(−A), c’est-à-dire que si l’une des deux quantités
a un sens, l’autre aussi, et on a égalité.

5. Soit A = {x ∈ Q, x > 0 et x2 < 2} .

a) Montrer que A n’a pas de plus grand élément.


b) Montrer que A possède une borne supérieure.

1.6 Règles de Calcul


Formule du binôme de Newton Soient a et b deux nombres réels et n un entier
naturel non nul. On a
n    
n
X n k n−k n n!
(a + b) = a b où =
k=0
k k k!(n − k)!

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n n!

Remarques 1. 1. On note aussi couramment Cnk au lieu de k
= k!(n−k)!
, le
(k + 1)eme coefficient de la formule du binôme de Newton.

2. La commutativité de la somme dans R implique que l’on a également


n  
n
X n n−k k
(a + b) = a b .
k=0
k

Il peut être avantageux selon des situations d’utiliser l’une ou l’autre des deux
expressions de la formule du binôme de Newton.
Proposition 2. Pour tous réels a et b et pour tout entier naturel non nul, on a
n−1
X
n n
a − b = (a − b) an−k−1 bk .
k=0

Proof. La formule se démontre par le calcul suivant


n−1
X n−1
X n−1
X
n−k−1 k n−k k
(a − b) a b = a b − an−1−k bk+1
k=0 k=0 k=0
n−1
X Xn
= an−k bk − an−l bl
k=0 l=1
n n
= a −b ,

les termes des deux sommes s’annulant deux à deux à l’exception des termes extrêmes
correspondant à k = 0 dans la première et à l = n dans la seconde.

1.7 Intervalles
Définition 3. Pour a ≤ b, le segment [a, b] est défini par:

[a, b] = {x ∈ R, a ≤ x ≤ b} .

On utilise souvent la propriété:

c ∈ [a, b] ⇐⇒ ∃t ∈ [0, 1] c = ta + (1 − t)b.

en effet,
a) Supposons qu’il existe t de [0, 1] tel que c = ta + (1 − t)b. Montrons que c ∈ [a, b].
Il est facile de voir que c − b = t(b − a) ≥ 0 et c − a = (1 − t)(b − a) ≥ 0.
Donc on a a ≤ c ≤ b c’est à dire c ∈ [a, b].

b) Réciproquement, on peut écrire


c−b
c = ta + (1 − t)b avec t = a−b
. Mais comme t ∈ [0, 1], on a donc

∃ t ∈ [0, 1], c = ta + (1 − t)b.

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Propriété caractéristique

Une partie I de R est un intervalle si et seulement si

∀x, y ∈ I, x < a < y ⇒ a ∈ I.

Exemple 1. I = {x ∈ R/ 1 ≤ x ≤ 3} et J = {x ∈ R/ 1 < x < 2} sont des inter-


valles de R mais K = {1, 2, 3} n’est pas un intervalle de R car 1 < 1, 5 < 2 et
1, 5 ∈
/ K.

Dans R on définit de même les 8 autres types d’intervalles :

Définition 4.
• ]a, b] = {x ∈ R, a < x ≤ b} intervalle semi ouvert à gauche, idem pour [a, b[

• ]a, b[= {x ∈ R, a < x < b} intervalle ouvert

• [a, +∞[= {x ∈ R, x ≥ a}, idem pour ]a, +∞[

• ] − ∞, b] = {x ∈ R, x ≤ b}, idem pour ] − ∞, b[

• ] − ∞, +∞[= R.

Remarque 3. On note R+ = [0, +∞[, R− =] − ∞, 0], R∗ =] − ∞, 0[∪]0, +∞[ et


R = R ∪ {−∞, +∞} appelée droite numérique achevée.

Définition 5.
On appelle intervalle ouvert de centre x0 et de rayon r > 0 l’ensemble,

]x0 − r, x0 + r[= {x ∈ R, x0 − r < x < x0 + r}.

1.8 voisinage
La notion de voisinage servira pour les chapitres suivants quand on abordera les
notions de limites... Les limites qui seront des outils indispensable sen Analyse.
Noter que dans ce qui suit (et ce sera valable pour tous les chapitres), dès que
l’on considère une quantité aussi petit que l’on veut, on la note ε.

Définition 6.
Une partie V de R est dite voisinage de x0 s’il existe ε > 0 tel que

]x0 − ε, x0 + ε[⊂ V.

Remarque 4. Le voisinage V de x0 peut s’interpréter donc comme ce qu’il y a


autour de x0 tout en étant très proche de x0 .

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Définition 7.
• On dit que V ⊂ R est un voisinage de +∞ (respectivement de −∞) si et
seulement s’il existe X0 ∈ R tel que [X0 , +∞[⊂ V (respectivement ] − ∞, X0 ] ⊂ V ).

• On appelle ouvert de R une partie O de R qui est voisinage de chacun de ses


points c’est à dire
∀x0 ∈ O, ∃ε > 0, ]x0 − ε, x0 + ε[⊂ O
• Une partie O de R est un ouvert si elle est réunion d’intervalle ouvert.

Exemple 2.

• I =]1, 2[ est un voisinage de a = 23 car par exemple ] 23 − 14 , 32 + 14 [⊂ I.


I est ouvert car ∀x ∈ I, pour ε = min( x−12
, 2−x
2
) nous avons ]x − ε, x + ε[⊂ I.

• J =]1, 2] est un voisinage de 32 , il n’est pas un voisinage de 2 et n’est pas ouvert


car:
- par exemple ] 23 − 14 , 32 + 14 [⊂ J donc J est un voisinage de 32 ,

- ∀ε > 0, ]2 − ε, 2 + ε[* J donc J n’est pas un voisinage de 2 et par suite J


n’est pas ouvert.

1.9 Valeur absolue


Rappelons ici quelques propriétés des valeurs absolues que vous êtes censés maı̂triser
depuis le lycée. Commençons par en donner la définition qui est due à François Viéte
en 1591.

Définition 8. On appelle valeur absolue d’un réel x, le réel, noté |x|, défini par :

x si x ≥ 0
|x| =
−x si x ≤ 0.

On a immédiatement les résultats suivants.

Propriétés 1. :Pour tous réels x et y, on a:

1. |x| = sup{x, −x}, |x| ≥ x et |x| ≥ −x.



2. |x| ≥ 0, x2 = |x|, |x| = | − x|

3. |x| = 0 ⇐⇒ x = 0.

4. Pour tout n ∈ N ou Z, |x|n = |xn |, (si on a en plus x ∈ R∗ ).


y |y|
5. |xy| = |x||y|, | x1 | = 1
|x|
(x 6= 0) et de façon générale x
= |x|
.

6. |x + y| ≤ |x| + |y| (Inégalité triangulaire).

7. ||x| − |y|| ≤ |x + y|

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8. sup{x, y} = 21 (x + y + |x − y|), inf{x, y} = 21 (x + y − |x − y|).


Exercice 3. Soit a ∈ R∗ et x ∈ R tel que |x − a| < |a|. Montrer que x 6= 0 et ensuite
que x est du même signe que a.
Théorème 2. (Inégalité de Cauchy - Schwarz)
Pour tous réels x1 , x2 · · · , xn , y1 , y2 · · · , yn : on a
v v
X n u n u n
uX uX
xi yi ≤ t x2i t yi2 .
i=1 i=1 i=1

n
(xi + yi x)2 . On remarque que pour tout réel
P
Proof. Pour x réel, posons f (x) =
i=1
x, f (x) ≥ 0. En développant les n carrés on obtient:
n
X
yi2 x2 + 2xi yi x + x2i

f (x) =
i=1
n
! n
! n
!
X X X
= yi2 x2 + 2 xi y i x+ x2i .
i=1 i=1 i=1

n
1er cas: Si yi2 6= 0, f est un trinôme du second degré de signe constant sur R. Son
P
i=1
discriminant réduit est alors négative ou nul. Ceci fournit
n
!2 n
! n !
X X X
∆0 = xi y i − yi2 x2i ≤ 0
i=1 i=1 i=1

et donc
v v
n
X
u n u n
uX uX
xi y i ≤ t x2i t yi2 .
i=1 i=1 i=1

n
2eme cas: Si yi2 = 0, alors tous les yi sont nuls et l’inégalité est immédiate.
P
i=1
Finalement, dans tous les cas
v v
n
X
u n u n
uX uX
2t
x i yi ≤ t xi yi2 .
i=1 i=1 i=1

qui est l’inégalité de Cauchy-Schwartz.


Théorème 3. Inégalité de Minkowski
Pour tous réels x1 , x2 · · · , xn , y1 , y2 · · · , yn : on a
v v v
u n u n u n
u X 2
u X uX
2
t (xi + yi ) ≤ t xi + t yi2 .
i=1 i=1 i=1

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Proof.
n
X n
X n
X n
X
2
(xi + yi ) = x2i +2 xi y i + yi2
i=1 i=1 i=1 i=1
Xn Xn Xn
≤ x2i + 2 xi y i + yi2
i=1 i=1 i=1
v v
n
X
u n
X uX
u n n
X
2
u
≤ xi + 2 t 2t
xi 2
yi + yi2 Cauchy-Schwartz
i=1 i=1 i=1 i=1
v v 2
u n u n
uX uX
≤ t x2i + t yi2 
i=1 i=1

et donc v v v
u n u n u n
uX 2
uX uX
2
t (xi + yi ) ≤ t xi + t yi2 ,
i=1 i=1 i=1

qui est l’inégalité de Minkowski.

1.10 Distance usuelle


Définition 9. L’application d de R × R vers R définie par : d(x, y) = |x − y|, est
appelée distance usuelle dans R.
Proposition 3. ∀(x, y, z) ∈ R3
1. d(x, y) = 0 ⇐⇒ x = y.
2. d(x, y) = d(y, x).
3. d(x, z) ≤ d(x, y) + d(y, z) (Inégalité triangulaire).
4. |d(x, y) − d(x, z)| ≤ d(y, z).
Exercice 4. Le but de cet exercice est de trouver les solutions dans R de l’équation.
√ √
q q
x + 3 − 4 x − 1 + x + 8 − 6 x − 1 = 1. (1.10.1)

1. Montrer que x est solution de (1.10.1) si et seulememt si


√ √
x − 1 − 2 + x − 1 − 3 = 1. (1.10.2)

2. Trouver les solutions u ∈ R de l’équation

|u − 2| + |u − 3| = 1. (1.10.3)

3. Conclure

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1.11 Partie entière


Une notion qui peut vous sembler nouvelle est celle de la partie entière d’un nom-
bre réel. La partie entière a beaucoup d’applications notamment en probabilités,
en théorie des nombres mais également dans l’affichage numérique d’appareils de
mesures. Elle pourra également nous être utile pour la résolution de certains exer-
cices ainsi que pour la preuve de certaines propositions.

Définition 10. Soit x un nombre réel. Le plus grand entier inférieur ou égal à x
s’appelle la partie entière de x. Nous le noterons E(x) ou [x].

Remarque 5. Intuitivement, il est assez aisé de voir que pour les nombres positifs,
la parite entière d’un nombre est le nombre lui même ”coupé” de ses chiffres après
la virgule. D’où le nom partie entière.
Par contre pour les nombres réels négatifs, il faudra faire attention, ce sera le
nombre entier inférieur au nombre ”coupé” de ses chiffres après la virgule.

Exemple 3. On a E(5, 47) = 5 et E(−19, 85) = −20

Théorème 4.
Soit x un nombre réel.
Il existe un unique entier relatif n de Z vérifiant n ≤ x < n + 1 où n est la partie
entière de x c’est à dire n = E(x).

NB: Il est important de noter l’inégalité stricte à droite et large à gauche.


Proof. Existence. Supposons x > 0, par la propriété d’Archimède il existe n ∈ N
tel que n > x.
L’ensemble X = {p ∈ N / p ≤ x} est donc fini. (car pour tout p dans X, on a
0 ≤ p < n). Il admet donc un plus grand élément p0 = max X. On a alors p0 ≤ x
car p0 ∈ X et p0 + 1 > x car p0 + 1 ∈ / X.
Donc p0 ≤ x < p0 + 1 et on prend donc E(x) = p0 .
Unicité. Si p et n sont deux entiers relatifs vérifiant p ≤ x < p + 1 et n ≤ x <
n + 1, on a donc p ≤ x < n + 1, donc par transitivité p < n + 1. En échangeant les
rôles de n et p, on a aussi n < p + 1. On en conclut que n − 1 < p < n + 1, mais il
n’y a qu’un seul entier compris strictement entre n − 1 et n + 1, c’est n. Ainsi p = n.
Le cas x < 0 est similaire

Exemple √ 4. Encadrons 10 par deux entiers consécutifs. Nous savons que 9 < 10
donc
√ 3 < 10 (la fonction
√ racine carrée est croissante).
√ De même 10 < 16 donc
10 < 4. Ainsi 3 < 10 < 4 ce qui implique E( 10) = 3.

Remarque 6. Pour tout x ∈ R, on a les encadrements suivants:

E(x) ≤ x < E(x) + 1 ⇒ x − 1 < E(x) ≤ x.

Proposition 4.
• ∀x ∈ R, E(x) = x ⇔ x ∈ Z.
• ∀x ∈ R, ∀p ∈ Z, E(x + p) = E(x) + p.

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Proof. Il suffit d’encadrer x + p par deux entiers


Proposition 5. La fonction partie entière n’est pas linéaire.
Ainsi, en général:
1) E(x + y) 6= E(x) + E(y).

2) E(nx) 6= nE(x) n ∈ Z.
Proof. Trouvez des contres-exemples

-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6

-1

-2

-3

-4

-5

-6

-7
f

-8

Figure 1.1: Graphe de la fonction partie entière

Théorème 5.
R est un corps archimédien : c’est à dire ∀x ∈ R, ∀y ∈ R∗+ , ∃n ∈ N, x < ny.
Proof. Il est clair que ∀ x ∈ R∗+ et ∀ n ∈ N∗ , ny > 0.
Cas 1: si x ≤ 0 on a
∀ n ∈ N∗ , x ≤ 0 < ny.
Cas 2: si 0 < x ≤ y, on aura donc

x < 2y.

Donc, il existe n = 2 tel que x ≤ ny.


Cas 3: si 0 < y < x.
D’après la proprièté de la partie entière, on aura
 
x x
<E + 1.
y y

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Donc,    
x
x< E + 1 y.
y
 
Par conséquent, il existe n = E xy + 1 tel que x < ny.
Conclusion ∀ x ∈ R, ∃ n ∈ N, x < ny.

Corollaire 1. ∀ x ∈ R, ∃ n ∈ N∗ , x < n.

Proof. Il suffit de prendre y = 1

Exercice 5. 1. Soient x et y deux réels.

a) Montrer que: x ≤ y ⇒ E(x) ≤ E(y).


b) Exprimer en fonction de E(x) et E(y) les réels E(x + y) et E(x − y).

2. Soient a et b deux entiers naturels


 non nuls. Montrer que pour tout nombre
x
réel x, on a E ab = E 1b E xa .

3. Soit n un entier naturel non nul.


 
E(nx)
a) Montrer que pour tout nombre réel x : E n
= E(x).
n2
P √
b) Calculer: E( k).
k=1

1.12 Rationnels et irrationnels


Ecriture décimale
 
p ∗
Q= / p ∈ Z, q ∈ N .
q
Par exemple: 53 , 10
7 8
, 16 = 21 .
a
Les nombres décimaux, c’est-à-dire les nombres de la forme 10n
, avec a ∈ Z, n ∈
N, fournissent d’autres exemples:
2354 765
2, 354 = 2354 × 10−3 = 0, 0000765 = 765 × 10−7 = .
1000 10000000
Proposition 6. Un nombre est rationnel si et seulement s’il admet une écriture
décimale périodique ou finie.

Exemple 5.
3 1
= 0, 6 = 0, 3333... 3, 245765 765 765...
5 3

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Nous n’allons pas donner la démonstration mais le sens direct (⇒) repose sur la
division euclidienne. Pour la réciproque (⇐) voyons comment cela marche sur un
exemple: Montrons que x = 17, 22021 2021... est un rationnel. L’idée est d’abord de
faire apparaı̂tre la partie périodique juste après la virgule. Ici la période commence
deux chiffres après la virgule, donc on multiplie par 10 :
10x = 172, 2021 2021... (1.12.1)
Maintenant on va décaler tout vers la gauche de la longueur d’une période, donc ici
on multiplie encore par 10000 pour décaler de 4 chiffres:
10000 × 10x = 1722021, 2021... (1.12.2)
Les parties après la virgule des deux lignes (1.12.1) et (1.12.2) sont les mêmes, donc
si on les soustrait en faisant (1.12.2) − (1.12.1) alors les parties décimales s’annulent:
100000x − 10x = 1722021 − 172
donc 99990x = 1721849. Ainsi,
1721849
x= .
99990
Et donc bien sûr x ∈ Q.

2 n’est pas un nombre rationnel
Il existe des nombres qui ne sont pas rationnels, les irrationnels. Les nombres irra-
tionnels apparaissent naturellement dans les figures géométriques:
√ par exemple la
diagonale d’un carré de côté 1 est le nombre irrationnel 2 la circonférence d’un
cercle de rayon 21 est π qui est également un nombre irrationnel. Enfin e = exp(1)
est aussi irrationnel. √
Nous allons prouver que 2 n’est pas un nombre rationnel.
Proposition 7. √
2∈
/ Q.

Proof. Par l’absurde supposons que √ 2psoit un nombre rationnel. Alors il existe des

entiers p ∈ Z et q ∈ N tels que 2 = q de plus ce sera important pour la suite on
suppose que p et q sont premiers entre eux (c’est-à-dire que la fraction pq est sous
une écriture irréductible). √
En élevant au carré, l’égalité 2 = pq devient 2q 2 = p2 . Cette dernière égalité est
une égalité d’entiers. L’entier de gauche est pair, donc on en déduit que p2 est pair;
en terme de divisibilité 2 divise p2 .
Mais si 2 divise p2 alors 2 divise p (cela se prouve facilement par contraposée).
Donc il existe un entier p ∈ Z tel que p = 2p0 .
Repartons de l’égalité 2q 2 = p2 et remplaçons p par 2p0 . Cela donne 2q 2 = 4p02 .
Donc q 2 = 2p02 . Maintenant cela entraı̂ne que 2 divise q 2 et comme avant alors 2
divise q.
Nous avons prouvé que 2 divise à la fois p et q. Cela rentre en contradiction avec
le
√ fait que p et q sont premiers entre eux. Notre hypothèse de départ est donc fausse:
2 n’est pas un nombre rationnel.

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Comme ce résultat est important en voici une deuxième démonstration, assez


différente, mais toujours par l’absurde.
√ √
Proof. Autre démonstration. Par l’absurde, supposons 2 = pq , donc q 2 = p ∈ N.
Considérons l’ensemble
n √ o
A = n ∈ N∗ / n 2 ∈ N .

Cet ensemble n’est pas vide car on vient de voir que q 2 = p ∈ N donc q ∈ A. Ainsi
A est une partie non vide de N, elle admet donc un plus petit élément n0 = min A.
Posons √ √
n1 = n0 2 − n0 = n0 ( 2 − 1),

il découle de cette dernière égalité et de 1 < 2 < 2 que 0 < n1 < n0 .
De plus √ √ √ √
n1 2 = (n0 2 − n0 ) 2 = 2n0 − n0 2 ∈ N.
Donc n1 ∈ N et n1 < n0 : on vient de trouver un élément n1 de N strictement plus
petit que n0 qui était le minimum. C’est une contradiction.

Notre hypothèse de départ est fausse donc 2 ∈ / Q.

Exercice 6.

1. Montrer que la somme de deux rationnels est un rationnel. Montrer que le pro-
duit de deux rationnels est un rationnel. Montrer que l’inverse d’un rationnel
non nul est un rationnel. Qu’en est-il pour les irrationnels?

2. Ecrire les nombres suivants sous forme d’une fraction

0, 1234; 3, 12 432 432...; 78, 33456 17...


√ √
3. Sachant que 2∈
/ Q, montrer que 2 − 3 2 ∈
/ Q et 1 − √1 ∈
/ Q.
2
√ √
4. Montrer que 7∈
/ Q, √2 ∈
/ Q et ln 3
.
3 ln 2

Densité de Q dans R

Théorème 6.

• Q est dense dans R : Tout intervalle ouvert (non vide) de R contient une in-
finité de rationnels.

• (R \ Q) est dense dans R : Tout intervalle ouvert (non vide) de R contient une
infinité d’ irrationnels.

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Proof. Nous procéderons en trois étapes:


∗ Tout intervalle contient un rationnel.
Pour x < y, trouver r ∈ Q tel que x < r < y.
D’après la propriété d’Archimède, il existe q ∈ N∗ tel que q > 1
y−x
.
Posons p = E(xq) + 1. Alors
p 1 p
p − 1 ≤ xq < p ⇔ − ≤x<
q q q
Donc
p p 1
x< et ≤ x + < x + y − x.
q q q
Ainsi, pq ∈]x, y[.
∗∗ Tout intervalle contient un irrationnel.
Pour x < y trouver un irrationnel i tel que x < i < y.
On sait que dans √ tout intervalle
√ non vide il existe un rationnel. Donc il existe
un rationnel r ∈]x − 2, y − 2[. √
Ainsi, il existe un irrationnel i = r + 2 ∈]x, y[.
∗ ∗ ∗ Une infinité de rationnels et d’irrationnels dans ]x, y[.
On decoupe ]x, y[ en N sous-intervalles de même longueur:
     
y−x y−x y−x y−x
x, x + , x+ ,x + 2 , ..., x + (N − 1) ,y .
N N N N

Chaque sous-ensemble contient un rationnel et un irrationnel. Donc ]x, y[ contient


(au moins) N rationnels et N irrationnels. Comme c’est vrai pour tout N ≥ 1. Ainsi
]x, y[ admet une infinité de rationnels et une infinité d’irrationnels.

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Chapter 2

SUITES NUMERIQUES

2.1 Généralités
Dès l’Antiquité, Archimède de Syracuse (−287, −212), met en œuvre une procédure
itérative pour trouver une approximation du nombre π. Il encadre le cercle par
des polygones inscrits et circonscrits possédant un nombre de côtés de plus en plus
grand. Par ce procédé, Archimède donne naissance, sans le savoir, à la notion de suite
numérique. Vers la fin du XV II ème siècle, des méthodes semblables sont utilisées
pour résoudre des équations de façon approchée pour des problèmes de longueurs,
d’aires, ... Un formalisme plus rigoureux de la notion de suite n’apparaitra qu’au
début du XIX ème siècle avec le mathématicien français Augustin Louis Cauchy
(1789, 1857).

Introduction

L’étude des suites numériques a pour objet la compréhension de l’évolution de


séquences de nombres (réels, complexes ...). Ceci permet de modéliser de nom-
breux phénomènes de la vie quotidienne. Supposons par exemple que l’on place une
somme S à un taux annuel de 10%. Si Sn reprśente la somme que l’on obtiendra
après n années, on a

S0 = S, S1 = 1, 1S, ..., Sn = (1, 1)n S

Au bout de n = 15 ans, on possédera donc S15 = (1, 1)15 S la somme de départ avec
les intérêts cumulés.

Définition 11. On appelle suite réelle toute application de N dans R qui à n on


associe un .
On note une telle application (un )n∈N .
Le nombre un est appelé terme général de la suite (un )n∈N .

Remarque 7. On appellera aussi suite les applications dont l’ensemble de départ


est N privé de ses premiers éléments jusqu’à un certain rang.
On peut définir les suites deux façon différentes.

20
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1. Soit directement par une formule, en général une fonction f, et on a

pour tout n ∈ N un = f (n),

c’est ce qu’on appelle formulation explicite de la suite.

2. Soit en exprimant un+1 en fonction du terme précédent un et en définissant


une valeur initiale, comme par exemple:

un+1 = f (un )
u0 = a,

c’est ce qu’on appelle une formulation par récurrence.

Définition 12. On dit qu’une suite (un ) est :

• Croissante (respectivement décroissante) si

∀n ∈ N, un+1 ≥ un (resp. un+1 ≤ un )

• strictement croissante (respectivement strictement décroissante) si

∀n ∈ N, un+1 > un (resp. un+1 < un )

• constante si
∀ n ∈ N, un = un+1

• stationnaire si
∃ n0 ∈ N / ∀ n ≥ n0 , un = un0

• monotone si elle est croissante ou décroissante

• majorée (respectivement minorée) si

∃ M, m ∈ R / ∀ n ∈ N, un ≤ M (resp. un ≥ m)

• bornée si elle est majorée et minorée

• périodique, si
∃ p ∈ N∗ , ∀ n ∈ N, un+p = un .

Exemples 1.

• La suite (un ) définie par ∀n ∈ N, un = 1


n+1
est majorée par 1, minorée par 0
donc bornée.

• La suite (un ) définie par ∀n ∈ N, un = 1


n+1
est décroissante.

• La suite (un ) définie par ∀n ∈ N, un = (−1)n est périodique de période 2.

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Attention 1. Toutes les suites réelles ne sont pas monotones. Certaines suites ne
sont ni croissantes ni décroissantes, comme c’est le cas, par exemple, de la suite
((−1)n )n∈N .

Exercices
n

1. La suite n+1 n∈N
est-elle monotone? Est-elle bornée?
n sin n!

2. La suite 1+n2 n∈N
est elle bornée?

3. Réécrire les phrases suivantes en une phrase mathématique. Ecrire ensuite la


négation mathématique de chacune des phrases.

a) La suite (un )n∈N est majorée par 7.


b) La suite (un )n∈N est constante.
c) La suite (un )n∈N est strictement positive à partir d’un certain rang.
d) (un )n∈N n’est pas strictement croissante.
n
4. Soit x > 0 un réel. Montrer que la suite xn! n∈N est décroissante à partir d’un
certain rang.

2.2 Convergence d’une suite


Le comportement du terme général un lorsque n tend vers l’infini est un problème
fondamental qui se pose à chaque étude d’une suite numérique. En fait, on veut
formaliser l’idée intuitive que les termes d’une suite s’approchent de plus en plus
d’une certaine valeur qui s’appelle la limite de la suite. Lorsque le terme général
s’approche, à l’infini, vers un nombre fini l, on dit que la suite converge vers l et on
écrit lim un = l. Lorsque cette limite est infini on dit que la suite diverge. Dans
n→+∞
ce cas, on écrit lim un = ∞. Mais, il y a des cas, par exemple un = (−1)n , où cela
n→+∞
se passe beaucoup moins bien et on est incapable de conclure.
Définition 13. La suite (un ) converge vers l ∈ R si, pour tout réel ε > 0, il existe
un entier nε tel que pour tout n > nε , on ait |un − l| < ε. Ceci est résumé dans la
forme compacte suivante :

∀ ε > 0, ∃ nε ∈ N : n > nε ⇒ |un − l| < ε.

Toute suite non convergente est dite divergente.


Remarque 8. On a les équivalences suivantes

lim un = l ⇐⇒ lim (un − l) = 0 ⇐⇒ lim |un − l| = 0.


n→+∞ n→+∞ n→+∞

Définition 14. On dit qu’une suite (un ) a pour limite +∞ si :

∀ A ∈ R∗+ , ∃N ∈ N/ ∀n ∈ N, n ≥ N ⇒ un ≥ A.

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n
Exemple 6. Soient (un ) et (vn ) les suites définies par un = n+1
et vn = 2n. On a
lim un = 1 et lim vn = +∞. En effet:
n−→+∞ n−→+∞

• Soit ε > 0. Déterminons nε ∈ N tel que ∀n ∈ N, n ≥ nε ⇒ |un − 1| ≤ ε.


 
1 1 1
|un −1| ≤ ε ⇐⇒ ≤ ε ⇐⇒ n ≥ −1. Il suffit de prendre nε = E +1.
n+1 ε ε

• Soit A > 0. Déterminons N ∈ N tel que ∀n ∈ N, n ≥ N ⇒ vn ≥ A.


 
A A
vn ≥ A ⇐⇒ 2n ≥ A ⇐⇒ n ≥ . Il suffit de prendre N = E + 1.
2 2

Remarque 9.

• (un ) a pour limite −∞ si (−un ) a pour limite +∞.

• Si (un ) a pour limite +∞ (respectivement : −∞ ) alors la suite (un ) n’est pas


majorée (respectivement : n’est pas minorée).

• Si (un ) a pour limite −∞ ou +∞ alors |un | a pour limite +∞, attention ! la


réciproque est fausse.

2.3 Propriétés des suites convergentes


Proposition 8.
Si lim un = l alors lim |un | = |l|.
n→+∞ n→+∞

Attention 2. la réciproque est fausse. Comme le prouve l’exemple de la suite


un = (−1)n .

Proposition 9. Si (un ) est une suite convergente, alors sa limite est unique.

Proof. Soient l et l0 deux réels tels que un − l et un − l0 convergent vers 0.


Montrons que l = l0 .
Soit ε > 0. D’après la définition, on peut trouver deux entiers naturels n0 et n”
tels que:
ε ε
∀ n ≥ n0 , |un − l| ≤ et ∀ n ≥ n”, |un − l| ≤ .
2 2
0
Posons n = max(n , n”), nous avons

|l − l0 | ≤ |l − un | + |un − l0 | ≤ ε.

Ainsi ∀ ε > 0, |l − l0 | ≤ ε.
Comme ε est quelconque, il peut être choisi aussi petit que l’on veut, à savoir
voisin de 0. Ce qui prouve que l = l0 .

Proposition 10. Toute suite convergente est bornée.

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Proof. (un ) convergente:

∃ l ∈ R, lim un = l c’est à dire ∀ ε > 0, ∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N (n ≥ N ⇒ |un −l| ≤ ε).


n→+∞

Comme la phrase est vraie, pour tout ε > 0, on peut prendre ε = 1. Ainsi, on aura

∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N ⇒ l − 1 ≤ un ≤ l + 1).

De plus

∀ n ∈ {0, 1, ..., N − 1}, min(u0 , u1 , ..., uN −1 ) ≤ un ≤ max(u0 , u1 , ..., uN −1 ).

En posant A = min(u0 , u1 , ..., uN −1 ) et B = max(u0 , u1 , ..., uN −1 ), nous obtenons

∀ n ≥ N, l − 1 ≤ un ≤ l + 1 et ∀ n ∈ {0, 1, ..., N − 1}, A ≤ un ≤ B.

Donc
∀ n ∈ N, min(l − 1, A) ≤ un ≤ max(l + 1, B).
En conclusion

∃ m = min(l − 1, A) ∈ R et ∃ M = max(l + 1, B) ∈ R, ∀ n ∈ N, m ≤ un ≤ M.

Exemples 2.

1. La suite (n2 )n∈N n’est pas convergente car elle n’est pas bornée.

2. La reciproque de la proposition précédente est fausse: par exemple la suite


((−1)n )n∈N est bornée mais n’est pas convergente.

Proposition 11.
Toute suite convergeant vers un réel strictement positif est minorée à partir d’un
certain rang par un réel strictement positif.

2.4 Opérations sur les limites


Soit (l, l0 ) ∈ R2 .
a) Somme :

Si (un ) a pour limite et si (vn ) a pour limite: alors un + vn a pour limite :


l l0 l + l0
l +∞ +∞
l −∞ −∞
+∞ +∞ +∞
−∞ −∞ −∞
+∞ −∞ on ne peut conclure
b) Produit :

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si |un | a pour limite: et si |vn | a pour limite : alors |un vn | a pour limite :
l l0 ll0
l 6= 0 +∞ +∞
+∞ +∞ +∞
0 +∞ on ne peut conclure
c) Quotient: Pour (vn ) ne s’annulant pas a partir d’un certain rang.

si |un | a pour limite : et si |vn | a pour limite : alors | uvnn | a pour limite :
l l0 6= 0 l
l0
l 6= 0 0
0 0 on ne peut conclure
l +∞ 0
+∞ l0 +∞
+∞ +∞ on ne peut conclure

2.5 Limites et rélation d’ordre


Proposition 12.
Soient (un ) et (vn ) deux suites convergentes respectivement vers l et l0 éléments
de R.
• S’il existe un entier n0 tel que ∀n ≥ n0 , un ≥ 0, alors l ≥ 0.
• S’il existe un entier n0 tel que ∀n ≥ n0 , un > vn , alors l ≥ l0 .
Attention 3. On ne peut pas améliorer le résultat précédent en utilisant une inégalité
stricte (le passage à la limite élargit l’inégalité).
Proposition 13.
Soient (un ), (vn ) deux suites réelles telles que un ≤ vn alors à partir d’un certain
rang :

• si lim un = +∞ alors lim vn = +∞.


n→+∞ n→+∞
• si lim vn = −∞ alors lim un = −∞.
n→+∞ n→+∞

Proposition 14. (Théorème des ”gendarmes”)


Soient (un ), (vn ) et (wn ) trois suites vérifiant pour tout n ∈ N : un ≤ vn ≤ wn .
Si les suites (un ) et (wn ) convergent vers l alors la suite (vn ) converge vers l.
Proof. On applique la définition de la limite vers l pour les deux suites un et vn pour
un ε ∈ R+ donné :

∀ ε ∈ R+ , ∃ n0 , n” ∈ N : |un − l| ≤ ε et |wn − l| ≤ ε.

Ce qui donne, en choisissant

n ≥ n0 + n”, l − ε ≤ un ≤ vn ≤ wn ≤ l + ε,

ce qui démontre la convregence de la suite (vn ).

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Ce théorème est très utile pour démontrer la convergence d’une suite :


sin(n)
Exemple 7. Considérons la suite de terme général vn = n2
. Pour n ≥ 0, on a

1 sin(n) 1
un = − 2
≤ vn = 2
≤ wn = 2 .
n n n
Comme les suites de termes générals vn et wn tendent vers 0 lorsque  n tend vers
sin(n)
l’infini, le théorème précédent entraine la convergence de la suite n2
vers 0.

Exercice

Soit x ∈ R fixé. On définit la suite (vn )n∈N par:


n
∗ 1 X
∀n∈N vn = 3 kE(kx).
n k=1

Etudier la suite de terme général vn .

Remarques 2.

1) Soit (un ) une suite définie par la formule explicite un = f (n). Si lim f (x) = l
x→+∞
avec l réel ou infini, alors lim un = l.
n→+∞

2) Soit f une fonction continue en l et (un ) une suite définie par son premier terme
u0 et la récurrence
un+1 = f (un ). Si la suite (un ) converge vers un réel l alors l est un point fixe
pour f et f (l) = l.

Exemple 8.
Soit (un ) une suite définie par u0 = 1 et un+1 = 2un + 5. Si la suite (un ) converge
vers l alors elle doit vérifier l’égalité l = 2l + 5. Donc, si (un ) converge, elle doit
converger vers l = −5. Pour cela, posons vn = un +5. La suite (vn ) vérifie vn+1 = 2vn ,
c’est une suite géométrique de raison 2 donc diverge. La suite (un ) n’admet pas pour
limite −5, donc elle diverge.

Exemple 9. Soit (un ) une suite définie par u0 = 1 et u2n+1 + un + 1 = 0. Si la


suite (un ) converge vers l alors il doit vérifier l’égalité l2 + l + 1 = 0. Cette équation
n’admet pas de racine réelle donc elle ne converge pas.

2.6 Suites monotones


Proposition 15. Soit (un ) une suite croissante.
• Si elle est majorée, elle converge vers l = sup{un /n ∈ N}.
• Si elle n’est pas majorée, elle tend vers +∞.

Proof.

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• Notons A = {un / n ∈ N} ⊂ R. Comme la suite (un )n∈N est majorée, disons


par le réel M, l’ensemble A est majoré par M, et de plus il est non vide et
bornée, donc il admet une borne supérieure: notons l = sup(A).
Montrons que lim un = l. Soit ε > 0. Par la caractérisation de la borne
n→+∞
supérieure, il existe un élément uN de A tel que l − ε < uN ≤ l. Mais alors
pour n ≥ N on a l − ε < uN ≤ un ≤ l, et donc

|un − l| ≤ ε.

• L’assertion (un ) majorée s’écrit :

∃ K ∈ R ∀ n ∈ N un ≤ K.

La négation de cette assertion est

∀ K ∈ R ∃ n ∈ N un > K.

Changeons de notations en échangeant les rôles de n et N :

∀ K ∈ R ∃ N ∈ N uN > K.

Comme (un ) est croissante on a alors un ≥ uN > K pour tout n ≥ N, c’est la


définition de lim un = +∞.
n→+∞

Corollaire 2. Soit (un ) une suite décroissante.


• Si elle est minorée, elle converge vers l = inf{un /n ∈ N}.
• Si elle n’est pas minorée, elle tend vers −∞.

2.7 Suites adjacentes


Définition 15. On dit que deux suites (un ) et (vn ) sont adjacentes si: l’une est
croissante, l’autre est décroissante et lim (un − vn ) = 0.
n→+∞

Théorème 7. Deux suites adjacentes convergent vers une même limite.


Proof. Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites adjacentes.
Supposons que (un )n∈N est croissante et (vn )n∈N décroissante.
Montrons, par absurde, que un ≤ vn pour tout n.
Supposons qu’il existe N tel que a = uN − vN > 0, donc pour n ≥ N
on a un ≥ uN et vN ≥ vn par suite pour tout n ≥ N

un − vn ≥ uN − vN = a > 0.

Ce qui est impossible car un − vn tend vers 0.


Par suite
u0 ≤ un ≤ vn ≤ v0 ,

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on endéduit que:
La suite (un ) est croissante majorée par v0 donc convergente vers l.
La suite (vn ) est décroissante minorée par u0 donc convergente vers l0 .
La suite (un − vn ) converge vers l − l0 = 0 donc l = l0 .

Corollaire 3. Si (un ) et (vn ) sont adjacentes, de limite commune l, on a pour tout


n ∈ N : un ≤ l ≤ vn .
Exemple 10.
√ n
• Les suites (un ) et (vn ) définies par un = −2 n + 1 + √1
P
k
et
k=1
√ n
√1
P
vn = −2 n + k
sont adjacentes.
k=1

n
• Même question pour un = 1 1
P
k!
et vn = un + n.n!
,n ≥1
k=1

2.8 suites extraites


Définition 16. Etant donnée une suite (un )n∈N , on dit que (vn )n∈N est une suite
extraite ou encore une sous-suite, s’il existe une application
φ : N −→ N strictement croissante
telle que pour tout
n ∈ N vn = uφ(n) .
Exemple 11. Soit (un ) la suite réelle. Les suites (vn ) et (wn ) définies par:
vn = u2n , wn = u2n+1 sont des suites extraites de (un ).
Propriété 2. Si φ : N −→ N strictement croissante, alors pour tout n ∈ N, on a
φ(n) ≥ n
En particulier, la suite (wn )n∈N = φ(n) a pour limite +∞.
Proposition 16. Si (un ) a pour limite l (l ∈ R) alors toute suite extraite a pour
limite l.
Proof. Soit ε > 0. D’après la définition de limite, il existe un entier naturel N tel
que n ≥ N implique |un − l| < ε Comme l’application φ est strictement croissante,
on montre facilement par récurrence que pour tout n, on a φ(n) ≥ n. Ceci implique
en particulier que si n ≥ N, alors aussi φ(n) ≥ N, et donc |uφ(n) − l| < ε. Donc la
définition de limite s’applique aussi à la suite extraite.
Remarque 10.
La contraposée de cette propriété sera parfois utilisée pour démontrer qu’une suite
diverge : Il suffira, par exemple, de déterminer 2 suites extraites qui ont des limites
differentes.

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Proposition 17.
Si (u2n ) et (u2n+1 ) convergent vers la même limite l (l ∈ R) alors (un ) converge
vers l.

Théorème 8. (Bolzano Weierstrass)


De toute suite réelle bornée on peut en extraire une sous-suite convergente.

Proof. On considère le sous-ensemble de N défini par

A = {n ∈ N / ∀ k ≥ n uk ≥ un } .

1er cas: A est un ensemble infini. Alors la suite extraite (un )n∈A est croissante et
majorée, donc converge d’après la proposition 15.
2ème cas: A est un ensemble fini. Alors il existe M ∈ N tel que si n ≥ M alors
n∈ / A, ce qui est équivalent à ∀ n ≥ M il existe un entier k ≥ n tel que uk < un .
Ceci permet d’extraire une sous-suite strictement décroissante de (un ). Comme elle
est minorée, elle converge d’après le Corollaire 2.

Proposition 18.
Soit (un ) une suite et λ ∈ [0, 1[. Si à partir d’un certain rang N on a

|un+1 | ≤ λ|un |, ∀n ≥ N, (∗)

alors lim un = 0.
n→+∞

Proof. En itérant k fois l’inégalité (∗) on obtient

|uN +k | ≤ λ|uN +k−1 | ≤ λ2 |uN +k−2 | ≤ ... ≤ (λ)k |uN |.

Donc,
lim |uN +k | ≤ ( lim λk )|uN | = 0.
k→+∞ k→+∞

Comme |uN +k | ≥ 0, on en déduit que lim |uN +k | = 0, donc


k→+∞

lim uN +k = 0 et lim un = 0.
k→+∞ n→+∞

Définition 17. a ∈ R est appelée valeur d’adhérence de la suite (un ) s’il existe une
suite extraite de (un ) convergeant vers a.

Exemple 12. un = cos nπ 2


, vn = (−1)n . Les valeurs d’adhérence de (un ) sont −1, 0, 1
et celles de (vn ) sont −1 et 1.

Proposition 19. Si (un ) converge vers a; alors a est la seule valeur d’adhérence de
(un ).

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2.9 Suites de Cauchy


Il se peut que l’on ait besoin de montrer qu’une suite est convergente sans nécessairement
calculer explicitement sa limite. C’est le cas par exemple quand cette limite est difi-
cile à trouver. Il existe alors un critère qui marche bien pour les suites réelles. C’est
le critère de Cauchy qui est un critère puissant et général pour caractériser les suites
convergentes. Avant de le définir, Commençons par introduire les suites de Cauchy.

Définition 18. On dit qu’une suite de réels est de Cauchy si elle vérifie la propriété
suivante:

∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀(n, m) ∈ N2 , (n > N et m > N ) =⇒ (|un − um | < ε).

Cette proposition peut se comprendre comme

lim |un − um | = 0.
n,m→+∞

La propriété importante des suites de Cauchy est la suivante:

Théorème 9. Une suite réelle est convergente si et seulement si elle est de Cauchy.

Proof. Soit (un )n∈N une suite réelle. Supposons que (un )n∈N soit convergente (vers
une limite l ∈ R) et soit ε un réel positif. Il existe un entier N tel que si n ≥
N, |un − l| < 2ε . Par conséquent, si n, m > N, on a

|un − um | < |un − l| + |um − l| < ε.

La suite est donc bien de Cauchy.


Inversement, supposons que la suite (un )n≥1 est de Cauchy de nombres réels. Il
existe N tel que, pour chaque m, n ≥ N, on a |um − un | < 1. Donc, pour tout n > N,
on a |un − uN | < 1 soit que

−|uN | − 1 < |un | < |uN | + 1.

En posant M le maximum de l’ensemble {|u1 |, |u2 |, |u3 |, ..., |uN |, |uN +1 |} , alors |uk | ≤
M pour tout entier k. La suite étant bornée, d’après le théorème de Bolzano-
Weierstrass, on peut extraite une sous-suite convergente (unk )k≥1 qui converge vers
un réel l.
Nous allons vérifier que la suite (un )n≥1 converge, elle aussi, vers l. Donnons-nous
un réel ε > 0. Puisque la suite (un )n≥1 est de Cauchy il existe un entier N1 tel que,
pour n, m ≥ N1 , on a |un − um | < 2ε Puisque la suite (un )n≥1 converge vers l, il
existe un entier k1 tel que, pour tout k ≥ k1 , on a |l − unk | ≤ 2ε . Soit k1 un entier
k1 ≥ max(N1 , k1 ) et N 0 = nk1 .
Il est clair que N 0 ≥ n1 . Pour chaque n ≥ N 0 , nous avons
ε ε
|un − l| ≤ |un − uN 0 | + |l − unk1 | < + = ε.
2 2

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Nous avons, en fait, montré que si, une suite de Cauchy de R possède une sous-
suite convergente, elle converge, elle aussi, vers la même limite.

Remarque 11. Le fait qu’une suite convergente soit de Cauchy est un fait général,
mais la réciproque est directement liée à la complétude de R. En fait elle lui est
équivalente, et on utilise d’ailleurs habituellement la convergence des suites de Cauchy
pour définir la complétude.

Exercices

1. Soit (un )n∈N la suite définie par un = 2n+1


n+2
. En utilisant la définition de la
limite montrer que lim un = 2. Trouver explicitement un rang à partir duquel
n→+∞
1, 999 ≤ un ≤ 2, 001.

2. La suite (un )n∈N de terme général (−1)n en admet-elle une limite? Et la suite
de terme général u1n ?
√ √
3. Déterminer la limite de la suite (un )n≥1 de terme général n + 1 − n. Idem
avec vn = sincos n
n+ln n
. Idem avec wn = nn!n .

4. Soit (un )n≥1 la suite définie par:

u1 = 0, 2; u2 = 0, 23; u3 = 0, 233; u4 = 0, 2333; ...

(a) Ecrire le terme un en fonction de un−1 et de n.


(b) Déterminer un en fonction de u1 et de n. En déduire la limite de la suite
(un )n≥1 .
n
P (−1)k+1
5. Soit (un )n≥1 la suite de terme général k
. On considère les deux suites
k=1
extraites de terme général vn = u2n et wn = u2n+1 . Montrer que les deux suites
(vn )n≥1 et (wn )n≥1 sont adjacentes. En déduire que la suite (un )n≥1 converge.

6. Soit (un )n∈N la suite définie par u0 = 1 et pour n ≥ 1, un = 2 + un−1 . Mon-
trer que cette suite est croissante et majorée par 2. Que peut-on en conclure?

2.10 Les suites usuelles


2.10.1 Suites arithmétiques
Définition 19. Une suite (un )n∈N est arithmétique de raison r si :

∀ n ∈ N, un+1 = un + r.

Une telle suite est entièrement déterminée par sa raison et par son premier terme
(ou n’importe quel terme).

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Exemple 13. La suite (un )n∈N définie par

u0 = 1 et ∀ n ∈ N, un+1 = un + 3

est l’unique suite arithmétique de premier terme 1 et de raison 3.

Remarque 12. Si r = 0, alors la suite est constante égale à son premier terme.

Proposition 20. Terme général d’une suite arithmétique


Le terme général d’une suite arithmétique (un )n∈N de raison r est

un = u0 + nr

Proof. Utilise une démonstration par récurrence.


Plus généralement, on obtient facilement que pour tous entiers naturels

p ≤ n, un = up + (n − p)r.

Proposition 21. Somme de termes en progression arithmétique


Soit (un )n∈N une suite arithmétique de raison r ∈ R. Alors pour tous entiers
naturels n et p on a
n n
X u0 + un X up + un
uk = (n + 1) et ∀ p ≤ n, uk = (n + p − 1)
k=0
2 k=p
2

Proof.
n n n n
X X X X n(n + 1) u0 + un
uk = (u0 + kr) = u0 + r k = (n + 1)u0 + r = (n + 1) .
k=0 k=0 k=0 k=0
2 2

Pour tout entier p ≤ n, on a


n n−p n−p n−p n−p
X X X X X (n − p)(n − p + 1)
uk = uk+p = (up + kr) = up + r k = (n − p + 1)up + r
k=p k=0 k=0 k=0 k=0
2
2up + (n − p)r up + up + (n − p)r up + un
= (n − p + 1) = (n − p + 1) = (n − p + 1) .
2 2 2

2.10.2 Suites géométriques


Définition 20. On appelle suite géométrique de raison q ∈ R toute suite (un )n∈N
telle que:
∀ n ∈ N, un+1 = qun .

Une telle suite est entièrement déterminée par sa raison et par son premier terme
(ou n’importe quel terme).

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Exemple 14. La suite (un )n ∈ N définie par


u0 = 1 et ∀n ∈ N, un+1 = 3un
est l’unique suite géométrique de premier terme 1 et de raison 3.
Remarque 13.
• Si q = 1, alors la suite est constante.
• Si q = 0, alors la suite est stationnaire : elle est nulle à partir du rang 1 (ou 0 si u0 =
0).
Proposition 22. Terme général d’une suite géométrique

Le terme général d’une suite géométrique (un )n∈N de raison q est


un = u0 q n
Proof. Utilise une démonstration par récurrence.
Plus généralement, pour tous entiers naturels p ≤ n, un = q n−p up .
Rappelons la formule de la somme des puissances successives d’un réel.
Proposition 23. Somme des puissances entières successives d’un réel.
Soit x un nombre réel (ou complexe). Pour tout entier naturel n, on a
n  1−xn+1
2 n
X
k 1−x
si x 6= 1,
1 + x + x + ... + x = x =
n + 1 si x = 1,
k=0

Proof. Le cas où x = 1 est trivial. Si x est différent de 1, il suffit de développer


(1 − x)(1 + x + x2 + ... + xn ) = 1 + x + x2 + ... + xn − x − x2 − ... − xn+1
= 1 − xn+1 .

Plus généralement, par la même démonstration, pour tous entiers naturels n et


p tels que p ≤ n, on a
n  xp −xn+1
p p+1 n
X
k 1−x
si x 6= 1,
x +x + ... + x = x =
n − p + 1 si x = 1,
k=p

Cette proposition permet de calculer la somme de termes en progression géométrique.


Proposition 24. Somme de termes en progression géométrique
Soit (un )n∈N une suite en progression géométrique de raison q 6= 1. Pour tous
entiers naturels p ≤ n,
n
( p n+1 n−p+1
X u0 q −q
1−q
= up 1−q1−q si q 6= 1,
up + up+1 + ... + un = uk =
k=p
n−p+1 si q = 1,

La suite (un )n∈N converge vers 0 si |q| < 1. Elle est stationnaire si q = 1. Elle
diverge dans les autres cas.

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2.10.3 Suites arithmético-géométrique


∀n ∈ N, un+1 = aun + b.
Si a = 1, elle est arithmétique de raison b.
b
6 1, on pose vn = un + a−1
Si a = qui est une suite géométrique de raison a.

2.11 Suites récurrentes linéaires d’ordre 2


Notons par F(N, K) l’ensemble des suites à valeurs dans K = R ou C.

Définition 21. On appelle suite récurrente linéaire, toute suite (un) ∈ F(N, K)
définie par la donnée de u0 et u1 et par une relation de récurrence

∃ (a, b) ∈ K et un+2 − aun+1 − bun = f (n),

où f (n) est une application de N dans K. Lorsque f (n) = 0, la suite récurrente
linéaire est dite homogène.

Exemple 15. La suite de Fibonacci est la suite réelle (un ) définie par ses premiers
termes u0 = u1 = 1 et la relation de récurrence un+2 = un+1 + un , n ≥ 0.

2.11.1 Suites récurrentes linéaires homogènes


On suppose que f (n) = 0.

Théorème 10. Soient (a, b) ∈ K L’ensemble S( a, b) des suites récurrentes, définie


par
S( a, b)(K) = {u ∈ F(N, K) : un+2 = aun+1 + bun }
est un sous-espace vectoriel de F(N, K) de dimension 2.

Proof.
Posons E {(un )n∈N ∈ F(N, K) : un+2 = aun+1 + bun } .
• Montrons que E est un espace vectoriel. Commençons par prouver que E est
un sous-espace vectoriel de l’espace vectoriels F(N, K).
On sait que E ⊂ F(N, K), d’après la définitrion de E.
Soient (un ) et (vn ) deux suites vérifiant E, λ et ν deux éléments de K

aun+1 + bun et vn+2 = avn+1 + bvn .

impliquent que

λun+2 + νvn+2 = a(λun+1 + νvn+1 ) + b(λun + νvn ),

c’est d̀ire (λun + νvn )n∈N appartient à E.


De plus, 0 ∈ E car il s’agit alors de la suite de premier terme u0 = 0 et de
deuxième terme u1 = 0, qui vérifie bien E.
Donc E est un sous-espace vectoriel de F(N, K), et par suite un espace vectoriel.
• Montrons maintenant que f est un isomorphisme.

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Soit l’application :
f : E −→ R2
(un )n∈N 7−→ (u0 , u1 ).
- Pour cela, nous commençons par vérifier que f une application linéaire. Soient
(un ) et (vn ) deux suites vérifiant E, λ et ν deux éléments de K. Alors
f (λun + νvn ) = (λu0 + νvo , λu1 + νv1 )
= λ(u0 , u1 ) + µ(v0 , v1 )
= λf (un ) + µf (vn ).
- Vérifions que f est injective.
Ker(f ) = {(un )n∈N ∈ E / u0 = u1 = 0} = {0E }.
La relation de récurrence implique que un = 0, ∀n ∈ N, ainsi f est injective.
-Vérifions maintenant que f est surjective.
Soit a = (x, y) ∈ R2 . Alors en prenant la suite (un )n ∈ N ∈ E telle que u0 = x
et u1 = y, on a donc f ((un )n∈N ) = (x, y) = a.
Donc
∀a ∈ R2 , ∃(un )n∈N ∈ E, f ((un )) = a.
Ainsi, f est surective.
Par suite, f est bijective, donc f est un isomorphisme.
Comme il existe un isomorphisme entre E et R2 , alors d’après le théorème du
rang E et R2 sont de même dimension c’est à dire 2.
Une suite géométrique de raison q 6= 0 est un élément de E si et seulement si, la
raison q est solution de l’équation du second degré
r2 − ar − b.
C’est l’équation caractéristique de l’espace vectoriel E.
Résolution si K = C
Les coefficients de l’équation caractéristique a et b sont complexes:
∆ 6= 0, l’equation caractéristique admet deux racines distinctes q1 et q2 . Les
suites géométriques
wn = q1n et vn = q2n ∀ n ∈ N,
constituent une base de E. Les solutions seront de la forme
un = Aq1n + Bq2n , (A, B) ∈ C2 .
∆ = 0, l’équation caractéristique admet une racine double q. Les couples de suites
recherchées sont
wn = q n et vn = wn = nq n ∀ n ∈ N,
et les solutions seront de la forme
un = (A + nB)q n , (A, B) ∈ C2 .
Dans les exemples qui suivent, il s’agit de trouver une suite donnée par une relation
de récurrence linéaire homogène.

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Exemple 16. La suite (un ) est définie par la formule récurrence

un+2 = (1 − i)un+1 + iun , u0 = 1 et u1 = i.

Son équation caractéristique est

r2 − (1 − i)q − i = 0.

Comme ∆ = 2i = (1 − i)2 6= 0. Alors les racines sont q1 = 1 et q2 = −i. Donc

un = A1n + B(−i), (A, B) ∈ C2 .

Les conditions initiales sur u0 et u1 , déterminent d’une façon unique les scalaires A
et B. 
u0 = A + B = 1,
u1 = A − iB = i,
Par suite A = 1 + i et B = −i, la suite recherchée est alors

un = (1 + i) + (−i)n+1 , ∀n ∈ N.

Exemple 17. Soit à chercher la suite linéaire donnée par la formule récurrence

un+2 = 2(1 + i)un+1 + iun , u0 = 1 et u1 = 1 + i.

Son équation caractéristique



r2 − 2(1 + i)r − i = 0

est de discriminant nul. Elle admet donc une racine double



2
q= (1 + i).
2
La suite (un ) aura pour terme général

un = (A + nB)q n , ∀ n ∈ N.

En tenant comptes des conditions initiales, on obtient A = 1 et B 2−1. Finalement,
on a   1 + i n
 √
un = 1 + ( 2 − 1)n √ , ∀ n ∈ N.
2
Résolution si K = R

On procède de la même façon que dans le cas complexe. Dans le cas ou le discrimi-
nant est négatif, la solution homogène sera une combinaison de fonctions trigonométriques
en n.
Les coefficients de l’équation caractéristique a et b sont nombres réels.
∆ > 0, l’équation caractéristique admet deux racines distinctes q1 et q2 . Les
suites recherchées sont

wn = q1n et vn = q2n ∀ n ∈ N,

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La solution homogène est

un = Aq1n + Bq2n , (A, B) ∈ R2 .

∆ = 0, l’équation caractéristique admet une racine double q. Les couples de suites


recherchées sont
wn = q n et vn = wn = nq n ∀ n ∈ N,
et les solutions homogènes seront de la forme

un = (A + nB)q n , (A, B) ∈ R2 .

∆ < 0, Les racines de l’équation caractéristiques sont complexes, à savoir

q1 = ρe−iθ et q2 = ρeiθ .

Les suites
wn = ρn cos nθ et vn = ρn sin nθ,
constitue une base deE. La solution homogène est la suite

un = ρn (A cos nθ + B sin nθ) , (A, B) ∈ R2 .

Exemple 18. Soit u la suite de Fibonacci, donnée par

u0 = 1, u1 = 1 et un+2 = un+1 + un .

L’équation caractéristique admet pour racines


√ √
1+ 5 1− 5
q1 = et q2 = .
2 2
Donc,
√ !n √ !n
1+ 5 1− 5
un = A +B , ∀ n ∈ N.
2 2
Les conditions initiales nous donnent la solution
√ ! √ !n √ ! √ !n
5+ 5 1+ 5 5− 5 1− 5
un = + , ∀ n ∈ N.
10 2 10 2

Exemple 19. La suite de récurrence est définie par

u0 = 1, u1 = 1 et un+2 = 4un+1 − 4un .

Son équation caractéristique admet une racine double q = 2. La solution, après le


calcul des constantes A et B, est

un = (2 − n)2n−1 , ∀ n ∈ N.

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Exemple 20. Soit u la suite

u0 = 1, u1 = 1 et un+2 = −un+1 − un .

Son équation caractéristique admet deux racines complexes conjuguées j et j 2 = j.


Donc,
2nπ 2nπ
un = A cos + B sin , ∀ n ∈ N.
3 3

Les conditions sur u0 et u1 nous donnent A = 1 et B = 3.
La solution est donc,
2nπ √ 2nπ
un = cos + 3 sin , ∀ n ∈ N.
3 3

2.11.2 Suites récurrentes linéaires avec second membre


La solution générale d’une relations de récurrence définie par

un+1 − aun − bun−1 = f (n)

sera égale à la somme de la solution homogène u∗n et d’une solution particulière


qui aura la même forme que le second membre f (n). Par exemple, si f (n) est un
polynômes de second degré en n, la solution particulière sera un polynôme du second
degré en n dont on calculera les coefficients.
Exemple 21. Considérons la suite récurrente définie par
√ √ √
un+2 − 2 3un+1 + 4un = 5 − 2 3, u0 = 3 et u1 = 1.

L’équation homogène associée est



u∗n+2 − 2 3u∗n+1 + 4u∗n = 0.

La solution homogène est alors


 nπ nπ 
u∗n =2 n
A cos + B sin .
6 6
A ce stade on ne calcule pas A et B. Le second membre est un polynm̂e de degré
zéro, donc une constante. On cherche la solution particulière de la forme un = k, ce
qui entraine √ √
k − 2 3k + 4k = 5 − 2 3 donc k = 1.
La solution générale est alors
 nπ nπ 
un = u∗n + k = 2n A cos + B sin + 1.
6 6
√ √
D’après les conditions initiales, on trouve A = 4 − 2 3 et B = 6 − 4 3.
La solutions générale qui correspond à ces valeurs est
n+1
 √ nπ √ nπ 
un = 2 (2 − 3) cos + (3 − 2 3) sin + 1, ∀ n ∈ N.
6 6

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Exemple 22. Considérons la suite récurrente définie par

un+2 − 5un+1 + 6un = 2n2 , u0 = 0 et u1 = 1.

L’équation homogène associée est

u∗n+2 − 5u∗n+1 + 6u∗n = 0.

La solution homogène est alors

u∗n = A2n + B3n .

Le second membre étant un polynm̂e de degré 2. On cherche la solution particulière


de la forme un = an2 + bn + c, ce qui entraine après calcule a = 1, b = 3 et c = 5.
La solution générale est alors

un = A2n + B3n + n2 + 3n + 5.

D’après les conditions initiales, on trouve A = −7 et B = 2.


La solutions générale qui correspond à ces valeurs est

un = −7 × 2n + 2 × 3n + n2 + 3n + 5, ∀ n ∈ N.

Remarque 14. Exhiber une solution particulière pour une suite récurrente d’ordre
2 vérifiant une relation de récurrence de la forme

un+1 − aun − bun−1 = p(n)eλn , (a, b) ∈ C2 , λ ∈ C et p ∈ P [X].

On cherche une solution particulière sous la forme

un = q(n)eλn , ∀ n ∈ N

avec

deg(q) = deg(p) si λ n’est pas une racine de l’équation caractéristique de la suite


deg(q) = deg(p) + 1 si λ est une racine simple de l’équation caractéristique de la suite
deg(q) = deg(p) + 2 si λ est une racine double de l’équation caractéristique de la suite.

Exercices

1. Déterminer un en fonction de n et de ses premiers termes dans chacun des cas


suivants:

(a) ∀ n ∈ N, 4un+2 = 4un+1 + 3un .


(b) ∀ n ∈ N, 4un+2 = un .
(c) ∀ n ∈ N, 4un+2 = 4un+1 + 3un + 12.
2 1 1
(d) ∀ n ∈ N, un+2
= un+1
− un
.
(e) ∀ n ≥ 2, un = 3un−1 − 2un−2 + 2n .

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2. Soit a un réel strictement positif et différent de 1.


1+aun
On considère la suite définie par u0 > 0 et, pour tout n ≥ 0, un+1 = a+un
.
−1+un
(a) Véerifier que la suite (vn ) définie par vn = 1+un
est géométrique de
raison a−1
a+1
.
(b) En déduire les limites des suites (vn ) et (un ).

3. Soient a, b deux réels, et une suite (un ) telle que: ∀n ∈ N∗ , u0 +u1 +...+un−1 =
n(an + b).
Montrer que la suite (un ) est arithmétique. Calculer un .

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Chapter 3

Fonction numérique d’une variable


réelle

3.1 Généralités sur les fonctions définies au voisi-


nage d’un point
Définition 22.
• On appelle fonction numérique d’une variable réelle toute application d’une
partie D de R à valeurs dans R,
f : D −→ R
x 7−→ f (x).
• On appelle ensemble de définition d’une fonction f, l’ensemble
Df = {x ∈ R, f (x) existe} .
• Soit f une fonction réelle et x0 ∈ R. On dira que f est définie au voisinage de
x0 s’il existe r > 0 tel que f soit définie sur ]x0 − r, x0 + r[.
• On dira que f est définie au voisinage de x0 sauf en x0 s’il existe r > 0 tel que
f soit définie sur ]x0 − r, x0 + r[−{x0 }.
Proposition 25. Soient f et g deux fonctions définies au voisinage de x0 . Alors,
f + g et f g sont définies au voisinage de x0 . De même fg est définie au voisinage de
x0 si g ne s’annulle pas au voisinage de x0 .

3.2 Limite d’une fonction en un point


Définition 23. Soit f une fonction réelle définie au voisinage de a ∈ R, sauf peut
être en x0 . On dira que f admet une limite en x0 , s’il existe un réel l tel que
∀ ε > 0, ∃ r > 0, 0 < |x − x0 | < r ⇒ |f (x) − l| < ε.
ce qui équivaut à:
∀ ε > 0, ∃ r > 0 : x ∈]x0 − r, x0 + r[−{x0 } ⇒ f (x) ∈]l − ε, l + ε[.

41
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On écrit dans ce cas,


lim f (x) = l.
x−→x0

Remarque 15.

1) Intuitivement, cette définition signifie que f (x) est aussi près de l que l’on veut
(autrement dit dans un voisinage de l aussi petit que l’on veut), à condition de
choisir x suffisamment près de x0 (autrement dit x doit être dans un voisinage
suffisamment petit de x0 ).
2) La définition de la limite précédente permet de dire qu’il y a équivalence entre
écrire que f (x) tend vers l et f (x) − l tend vers 0 quand x tend vers x0 .

Exemple 23. Considérons la fonction f (x) = 3x + 1 qui est définie sur R. Au point
x = 1, on a lim f (x) = 4. En effet, pour tout ε > 0 on a
x−→1

|f (x) − 4| = 3|x − 1| < ε

si l’on a, à fortiori, |x − 1| < 3ε . Le bon choix sera alors de prendre r = 3ε .


Pour montrer que la fonction f n’admet pas de limite au point x0 , il suffit de
prendre la négation de la définition. D’autre part,
Proposition 26. Si f admet une limite en x0 , cete limite est unique.
Proof. Si f admet deux limites l et l0 au point x0 alors on a, par définition :
ε
∀ ε > 0, ∃ r > 0, 0 < |x − x0 | < r ⇒ |f (x) − l| < .
2
0 0 0 ε
∀ ε > 0, ∃ r > 0, 0 < |x − x0 | < r ⇒ |f (x) − l | < .
2
Posons r00 = min(r, r0 ), alors

∀ ε > 0, ∃ r00 > 0, |x − x0 | < r00 ⇒ |l − l0 | ≤ |f (x) − l| + |f (x) − l0 | < ε.


Comme ε est quelconque alors |l − l0 | < ε entraine que l = l0 .

3.3 Limite à droite-Limite à gauche


Définition 24. On dit que la fonction f admet l comme limite à droite de x0 ,
c’est-à- dire quand x tend vers x+
0 , si

∀ ε > 0, ∃ r > 0, 0 < x − x0 < r =⇒ |f (x) − l| < ε.

On notera, dans ce cas :


lim f (x) = l.
x→x+
0

On dit que la fonction f admet l comme limite à gauche de x0 , c’est-à- dire quand
x tend vers x−0 , si

∀ ε > 0, ∃ r > 0, 0 < x0 − x < r =⇒ |f (x) − l| < ε.

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On notera, dans ce cas :


lim f (x) = l.
x→x−
0

Si la fonction f admet une limite l à gauche au point x0 et une limite l0 à droite


de x0 , pour que f admet une limite au point x0 il faut et il suffit que l = l0 .

Exemple 24. Considérons la fonction définie par



1 si x > 0,
f (x) =
−1 si x < 0,

Elle admet 1 comme limite à droite de 0 et −1 comme limite à gauche de 0. Mais


elle n’admet aucune limite au point 0. En fait f n’est autre que la fonction définie
sur R∗ par f (x) = |x|
x
.

On a la caractérisation suivante, à l’aide des suites, de la notion de limite :

Théorème 11. Soient f : I −→ R, x0 ∈ I et l ∈ R. On a lim f (x) = l si et


x−→x0
seulement si lim f (xn ) = l pour toute suite (xn ) convergeant vers x0 dans I.
n−→+∞

Proof. Supposons que lim f (x) = l et lim xn = x0 . Ceci s’écrit par définition
x−→x0 n−→+∞

∀ ε > 0, ∃ r > 0, ∀ x ∈ I, |x − x0 | < r ⇒ |f (x) − l| < ε

et
∃ N ∈ N, ∀ n > N, |xn − x0 | < r.
En récapitulant on obtient

∀ ε > 0, ∃ N ∈ N, ∀ n > N, |xn − x0 | < r ⇒ |f (xn ) − l| < ε.

Ce qui signifie bien que la suite (f (xn )) tend vers l.


Supposons que l n’est pas la limite de f en x0 . La contraposée de la définition
de la limite nous donne

∃ ε > 0, ∀ r > 0, ∃ x ∈ I, |x − x0 | < r et |f (x) − l| ≥ ε.

En particulier, pour tout n ∈ N∗ , il existe xn ∈ I tel que


1
|xn − x0 | < et |f (xn ) − l| ≥ ε.
n
Donc, la suite (xn )n∈N admet x0 comme limite, cependant, l n’est pas limite de la
suite (f (xn ))n∈N .

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3.4 Limite à infini


Définition 25. (Limite finie en +∞)
Soit f une application définie sur un intervalle I non majoré. Soit l un réel fini.
On dit que f admet une limite finie en +∞ si pour tout réel ε > 0, il existe un
réel A > 0 tel que
pour tout x ∈ I si x ≥ A alors |f (x) − l| ≤ ε.
On écrit alors
lim f (x) = l encore lim f = l.
x→+∞ ∞

Remarque 16. 1. Ceci se traduit par le fait que lorsque x devient très grand
(tend vers +∞, f (x) devient très proche de l).
2. si l’on remplace l’intervalle I non majoré, par I non minoré et x ≥ A par
x ≤ −A, on définit la limite finie en −∞ que l’on note
lim f (x) = l encore lim f = l.
x→−∞ −∞

Remarque 17. Dans les deux cas précédents (limite finie l en +∞ ou −∞) on dit
que la droite d’équation y = l est une asymptote horizontale à la courbe représentative
de f.
Définition 26. Soit f une application définie sur un intervalle I non majoré.
On dit que f admet une limite +∞ en +∞ si pour tout réel B > 0, il existe un
réel A > 0 tel que
pour tout x ∈ I si x ≥ A alors f (x) ≥ B.
On écrit alors
lim f (x) = +∞ encore lim f = +∞.
x→+∞ ∞

Remarque 18. 1. Ceci se traduit par le fait que lorsque x devient très grand
(tend vers +∞, f (x)) devient très grand.
2. Si l’on remplace f (x) > B par f (x) < −B dans la définition précédente on
obtient la définition de la limite +∞ en +∞ que l’on note
lim f (x) = −∞ encore lim f = −∞.
x→+∞ +∞

3. Si l’on remplace l’intervalle I non majoré, par I non minoré et x ≥ A par


x ≤ −A on définit la limite +∞ en −∞ que l’on note
lim f (x) = +∞ encore lim f = +∞.
x→−∞ −∞

4. Enfin, si l’on remplace l’intervalle I non majoré, par I non minoré, x ≥ A


par x ≤ −A et f (x) ≥ B par f (x) ≤ −B on définit alors la limite −∞ en
−∞ que l’on note
lim f (x) = −∞ encore lim f = −∞.
x→−∞ −∞

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Théorème 12. Soient f et g deux fonctions définies au voisinage de a sauf peut-être


en a.
• lim f (x) = +∞ et lim g(x) = l ∈ R alors lim (f (x) + g(x)) = +∞
x−→a x−→a x−→a

• lim f (x) = −∞ et lim g(x) = l ∈ R alors lim (f (x) + g(x)) = −∞


x−→a x−→a x−→a

+∞, si l > 0;
• lim f (x) = +∞ et lim g(x) = l ∈ R alors lim (f (x)g(x)) =
x−→a x−→a x−→a −∞, si l < 0.
Remarque 19. Dans les cas suivants, le théorême précedent ne permet pas de
∞ 0
conclure. On dit que ce sont des formes indéterminées: +∞ − ∞, ∞ × 0, ∞ , 0.

3.5 Continuité d’une fonction


Soit F (I, R) est l’ensembles des fonctions numériques à variable réelle définies sur
un intervalle I ⊂ R et à valeurs dans R. On notera cette fonction par f : I → R ou
x 7→ f (x).
Définition 27. Soit x0 ∈ I. On dit que la fonction f ∈ F (I, K) est continue au
point x0 si f (x) tend vers f (x0 ), quand x tend vers x0 pour tout x ∈ I, ce qui s’écrit

lim f (x) = f (x0 ).


x→x0

On peut formuler ceci de la façon suivante

∀ε > 0, ∃r > 0 tel que |x − x0 | ≤ r ⇒ |f (x) − f (x0 )| ≤ ε.

x sin x1 , si x 6= 0
 
Exemple 25. Soit la fonction réelle f définie par f (x) =
0, si x = 0.
Au point x0 = 0, on a
 
1
|f (x) − f (0)| = x sin ≤ |x|.
x
Etant donné ε ∈ R∗ , on choisira r = ε. Ainsi

|x| ≤ r ⇒ |f (x) − f (0)| ≤ ε.

Donc f est continue au point x0 = 0.


Exemple 26. Les fonctions Id : x√7→ x et x 7→ x2 sont continues en tout point
de R. Par contre, la fonction x 7→ x est continue en tout point de R∗+ Pour les
deux premières, on applique directement la définition. Pour la troisième, on étudie
la continuité au point x0 > 0 en écrivant pour tout x > 0.
√ √ x − x0 x − x0
x0 = √ x− √ ≤ √ .
x + x0 x0
√ √
On a alors clairement lim x = x0 .
x→x0

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Exemple 27. La fonction f : R → R caractéristique des nombres rationnels définie


par
∀ x ∈ Q f (x) = x, ∀ x ∈ R \ Q, f (x) = 0.
est continue en aucun point.

Soient f et g de F (I, K) et x0 ∈ I. Si f et g sont continues en x0 , alors f + g et


f g sont aussi continues en x0 . Si en outre g(x0 ) 6= 0 alors la fonction quotient fg est
continue en x0 .

Théorème 13. Si les fonctions f et g sont des fonctions réelles continues sur un
intervalle I ⊂ R alors les fonctions |f |, sup(f, g) et inf (f, g) sont continues.

Proof. On a pour tout x ∈ I, ||f (x)| − |f (a)|| ≤ |f (x) − f (a)|, de ceci découle la
continuité de x 7→ |x|. D’autre part, on peut écrire
1 1
sup(f, g) = (f + g + |f − g|) et inf(f, g) = (f + g − |f − g|) .
2 2
Des remarques précédentes on en déduit la continuité de

x 7→ sup(f (x), g(x)) et x 7→ inf(f (x), g(x)).

Ces propriétés entrainent que les fonctions polynômes sont des fonctions contin-
P (x)
ues et que toute fonction rationnelle Q(x) , P, Q ∈ K[X], est continue en tout point
où Q 6= 0. Ainsi, toutes les propriétés sur les limites des fonctions sont valables pour
les fonctions continues. Si on se donne une suite réelle (xn )n≥1 qui converge vers un
certain x0 et une fonction f ∈ F (I, R) continue, alors lim f (xn ) = f (x0 ).
n→+∞

Exemple 28. Considérons la fonction


 
1
f (x) = cos , si x 6= 0.
x
1
A l’origine, considérons une suite de terme général xn = nπ
, n ∈ Z, qui converge
vers 0. Or 
1, si n est pair
f (xn ) =
−1, si n est impair.
La fonction n’est pas continue en 0 puisqu’elle admet deux limites distinctes.

Définition 28. La fonction f est dite continue à gauche en x0 si pour x ≤ x0 on a

lim f (x) = f (x0 ).


x→x−
0

On en déduit que f est continue à gauche en x0 si, et seulement si

∀ ε > 0, ∃ δ > 0, x0 − δ < x < x0 ⇒ |f (x) − f (x0 )| < ε.

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De même, la fonction f est dite continue à droite si pour x ≥ x0 on a


lim f (x) = f (x0 ).
x→x+
0

On en déduit que f est continue à droite en x0 si, et seulement si


∀ ε > 0, ∃ δ > 0, x0 < x < x0 + δ ⇒ |f (x) − f (x0 )| < ε.
On en déduit que la fonction f est continue en x0 si et seulement si f est continue
à gauche et à droite du point x0 .
f est continue en x0 ⇔ lim+ f (x) = f (x0 ) = lim− f (x) = f (x0 ).
x→x0 x→x0

Exemple 29. La fonction Heaviside définie par



1, si x > 0
H(x) =
0, si x ≤ 0.
est continue sur R∗ . Au point x = 0, la fonction H est continue à gauche, mais elle
ne l’est pas à droite car
lim H(x) = H(0) = 0 et lim H(x) = 1 6= H(0)
x→0− x→0+

Exemple 30. La fonction partie entière E définie pour n entier par E(x) = n si
n ≤ x < n + 1 est continue en tout point de R \ Z. Comme E est une fonction en
escalier, elle est continue à droite en tout point entier x0 ∈ Z, mais elle ne l’est pas
à gauche en ces points.

 1, si 1 ≤ x < 2
E(x) = 0, si 0 ≤ x < 1
−1, si − 1 ≤ x < 0.

Par exemple, à l’origine, on a


lim E(x) = −1 et lim E(x) = E(0) = 0.
x→0− x→0+
Les limites à gauche et à droite sont différentes, donc la fonction E n’est pas continue
à gauche de l’origine.
Définition 29. Si la fonction f n’est pas définie au point x0 ∈ I et qu’elle admet
en ce point une limite finie notée l, la fonction définie par

f (x), si x ∈ I − {x0 }
g(x) =
l, si x = x0 .
est dite prolongement par continuité de f au point x0 .
Exemple 31. La fonction  
1
f (x) = x sin
x

est définie et continue sur R . Or, pour tout x ∈ R, on a |f (x)| ≤ |x|, donc
lim f (x) = 0.
x→0
Un prolongement par continuité de f au point 0 est donc la fonction g définie
par:
x sin x1 , si x 6= 0
 
g(x) =
0, si x = 0.

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3.6 Fonctions continues sur un segment


Définition 30. On dit que la fonction f est continue sur l’intervalle I si f est
continue en tout point de I.
Exemple 32. La fonction
1
 
x3 sin x
, si x 6= 0
f (x) =
0, si x = 0.
est continue sur tout intervalle fermé centré en 0.
Ainsi, si I = [a, b], la fonction f est continue sur I signifie qu’elle est continue en
tout point de l’intervalle ouvert ]a, b[ et continue à droite en a et à gauche en b.
Définition 31. La fonction f : I → R est dite uniformément continue sur l’intervalle
I si

∀ε > 0, ∃r = r(ε) > 0 tel que : |x − x0 | ≤ r ⇒ |f (x) − f (x0 )| ≤ ε, ∀x, x0 ∈ I.

Remarque 20. Le réel r ne dépend pas de x. Ainsi toute fonction uniformément


continue sur l’intervalle I est continue sur I. La réciproque est vraie lorsque l’intervalle
I est fermé.
Exemple 33. La fonction f (x) = x2 n’est pas uniformément continue sur R, par
contre elle l’est sur tout intervalle fermé [a, b] de R. En effet, pour tous réel ε > 0
et x0 ∈ [a, b], on a

|x2 − x20 | = |x + x0 | × |x − x0 |
≤ (|x| + |x0 |)|x − x0 |
≤ 2|b||x − x0 |.
ε
On choisira r indépendamment de x, par exemple r = 2|b|
.

Exemple 34. La fonction f (x) = x2 n’est pas uniformément continue sur l’intervalle
[1, +∞[. En effet, considérons les suites
1
xn = n + et yn = n.
n
On a toujours
1
|f (xn ) − f (yn )| = 2 +
>2
n2
bien que |xn − yn | = n1 . Aucun nombre r ne peut correspondre à ε = 2.
Exemple 35. La fonction f ∈ F (I, K) est dite k-lipschitzienne d’ordre α ∈ R∗+ , si
pour tous x1 , x2 ∈ I, il existe une constante k ∈ R tel que

|f (x2 ) − f (x1 )| ≤ k|x2 − x1 |α .

Toute fonction k-lipschitzienne d’ordre α, 0 < α < 1, est uniformément continue,


puisque pour ε un réel positif donné, on peut choisir r = kε indépendamment de x.

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Proposition 27. Soit a et b deux réels tel que a < b et f : [a, b] −→ R une fonction
continue. Si f (a)f (b) < 0 alors il existe au moins un point c ∈]a, b[ tel que f (c) = 0.

Proof. Supposons que f (a) < 0 et f (b) > 0.


• Posons
a0 + b 0
a0 = a, b0 = b et m0 = .
2
Si f (m0 ) = 0 on peut poser c = m0 , la proposition est démontrée.

Si f (m0 ) 6= 0, alors on pose:



a1 = m0 , b1 = b0 , si f (m0 ) < 0
a1 = a0 , b1 = m0 , si f (m0 ) > 0.
Alors
b 0 − a0 b 0 + a0
f (a1 ) < 0, f (b1 ) > 0 et a0 ≤ a1 < b1 ≤ b0 avec b1 − a1 = = b0 − .
2 2
• Posons m1 = a1 +b 2
1
.
Si f (m1 ) = 0 alors on peut poser c = m1 et la proposition est démontrée.
Si f (m1 ) 6= 0, alors on pose:

a2 = m1 , b2 = b1 , si f (m1 ) < 0
a2 = a1 , b2 = m1 , si f (m1 ) > 0.
Alors

b 1 − a1 b 0 − a0
f (a2 ) < 0, f (b2 ) > 0 et a0 ≤ a1 ≤ a2 < b2 ≤ b1 ≤ b0 avec b2 −a2 = = .
2 22
En poursuivant ce processus, nous construisons deux suite (an ) et (bn ) vérifiant:
b 0 − a0
f (an ) < 0, f (bn ) > 0, bn − an = .
2n
De plus la suite (an ) est croissante tandisque (bn ) est décroissante et donc (an ) et
(bn ) sont adjacentes.

Il en résulte que ces deux suites convergent vers une même limite c tel que
an ≤ c ≤ b n .

∀n ∈ N, f (an ) < 0 =⇒ lim f (an ) ≤ 0 donc f (c) ≤ 0.


+∞

De même

∀n ∈ N, f (bn ) > 0 =⇒ lim f (bn ) ≥ 0 donc f (c) ≥ 0.


+∞

D’ où f (c) = 0 et c ∈]a, b[.

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Théorème 14. (Théorème des valeurs intermédiaires)


Soit f : [a, b] 7−→ R une fonction continue et K un réel strictement compris
entre f (a) et f (b). Alors il existe c ∈]a, b[ tel que f (c) = K.

Proof. Poser g(x) = f (x) − K et appliquer la proposition précédente.

Proposition 28.

a) Si f est une fonction continue sur un intervalle fermé I, alors f (I) est un inter-
valle fermé.

b) Soit f une fonction continue et strictement croissante (respectivement stricte-


ment décroissante) sur un intervalle I. Alors f est une bijection de I sur f (I),
et sa bijection réciproque f −1 est continue et strictement croissante (respec-
tivement décroissante) sur f (I).

3.7 Fonction dérivable


La dérivée d’une fonction renseigne sur certaines particularités de son graphe. Elles
permet d’identifier, entre autres:

• Pour quelles valeurs de son domaine de définition la courbe croı̂t ou décroı̂t?

• Quels sont les extremums relatifs (locaux) ou absolue (globaux) de la fonction?

Définition 32. (Dérivée en un point)


Soit x0 ∈ I. On dit que f est dérivable au point x0 , si son taux d’accroissement
au point x0
f (x) − f (x0 )
x − x0
tend vers une limite finie quand x tend vers x0 et x 6= x0 . Cette limite s’appelle la
dérivée de f en x0 et se note f 0 (x0 ).
Ainsi, en posant x = x0 + h, h 6= 0, on a

f (x0 + h) − f (x0 )
f 0 (x0 ) = lim .
h→0 h
On peut encore écrire

f (x0 + h) = f (x0 ) + hf 0 (x0 ) + hε(h), lim ε(h) = 0.


h→0

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Exemple 36. Soit f la fonction réelle définie sur R par f (x) = x2 . La dérivée de
f en un point x ∈ R est
f (x + h) − f (x)
f 0 (x) = lim
h→0 h
(x + h)2 − x2
= lim
h→0 h
2xh + h2
= lim
h→0 h
= lim (2x + h)
h→0
= 2x.

En général, si f (x) = xn , n ∈ N, alors

(xn )0 = nxn−1 .

Soit f (x) = sin x, la dérivée de f au point x est

sin(x + h) − sin(x)
f 0 (x) = lim
h→0 h
sin x cos h + sin h cos x − sin x
= lim
h→0 h
cos h − 1 sin h
= lim sin x + lim cos x
h→0 h h→0 h

Or,
sin h cos h − 1
lim = 1 et lim = 0.
h→0 h h→0 h
on obtient alors f 0 (x) = cos x. On procède de la même façon pour calculer la
dérivée de la fonction x 7→ cos x. Ainsi

(sin x)0 = cos x et (cos x)0 = − sin x.

Définition 33. La fonction qui à tout x de I associe f 0 (x) dans R s’appelle fonction
df
dérivée de f et se note f 0 ou dx .
Exemple 37. Soit la fonction f définie par

x sin x1 , si x 6= 0
 
f (x) =
0, si x = 0.

Si x 6= 0, on a    
0 1 1 1
f (x) = sin − cos .
x x x
Au point x = 0, on a  
f (h) − f (0) 1
= sin .
h h
1

sin h
n’admet pas de limite, lorsque h → 0, puisqu’il oscille entre −1 et 1.

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Proposition 29. Toute fonction dérivable en un point est continue en ce point.

Proof. Si f est dérivable au point x0 , alors pour tout h > 0, il existe ε(h) tendant vers
0 avec h tel que f (x0 + h) − f (x0 ) = h[f 0 (x0 ) + ε(h)]. D’où lim f (x0 + h) = f (x0 ).
h→0

Définition 34. La forme linéaire

dfx0 : h → hf 0 (x0 )

est dite la différentielle de f au point x0 .

Remarque 21. Grâce à ce qui précéde il est alors possible d’en déduire une équation
de la tangente au graphe de f en x0 par:

y − f (x0 ) = f 0 (x0 )(x − x0 ).

3.8 Extension de la notion de dérivée


Si le taux de variations de f au voisinage de x0 tend vers ∞ on dit que f admet une
dérivée infinie et on note
f 0 (x0 ) = ∞.
La tangente à la courbe (Cf ), au point x0 est dite tangente verticale.

Définition 35. (Dérivée sur à droite et à gauche) Pour x > x0 , on dit que la
fonction f est dérivable à droite en x0 si

f (x) − f (x0 )
fd0 (x0 ) = lim+ .
x→x0 x − x0

Pour x < x0 , on dit que la fonction f est en x0 si

f (x) − f (x0 )
fg0 (x0 ) = lim− .
x→x0 x − x0

La dérivée de f au point x0 existe si et seulement si fg0 (x0 ) et fd0 (x0 ) existent et


sont égales

f est dérivable au pointx0 ⇔ fg0 (x0 ) = fd0 (x0 ) = f 0 (x0 ).

Si les dérivées à gauche et à droite existent et sont différentes, ils existent alors deux
demi-tangentes à la courbe (Cf ) au point (x0 , f (x0 )) dit point anguleux.

Définition 36. (Dérivée sur I) On dit que f est dérivable sur I si, pour tout x de
I, f est dérivable en x. Et on note f 0 : x 7→ f 0 (x) la fonction dérivée.

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3.9 Dérivabilité, opérations algébriques et com-


position
Proposition 30. (dérivée opérations algébriques) Soient f et g deux fonctions
définies sur un même intervalle I de R. Soit x0 un point de I.
1. Si f et g sont dérivables en x0 , la fonction f + g est dérivable en x0 et on a
(f + g)0 (x0 ) = f 0 (x0 ) + g 0 (x0 ).

2. Si f et g sont dérivables en x0 , la fonction f g est dérivable en x0 et on a


(f g)0 (x0 ) = f 0 (x0 )g(x0 ) + f (x0 )g 0 (x0 ).
f
3. Si f et g sont dérivables en x0 , avec g(x0 ) 6= 0 la fonction g
est dérivable en
x0 et on a  0
f f 0 (x0 )g(x0 ) − f (x0 )g 0 (x0 )
(x0 ) = .
g g 2 (x0 )
Proposition 31. (dérivée d’une fonction composée)
Soient f une fonction définie sur I à valeurs dans J et g une fonction définie sur
J à valeurs dans K (I, J et K étant des intervalles de R). Si f est dérivable en x0 ,
un élément de I, et si g est dérivable en f (x0 ) un élément de J, alors la composée
g ◦ f est dérivable en x0 et l’on a
(g ◦ f )0 (x0 ) = g 0 (f (x0 ))f 0 (x0 ).
Une des conséquences de la proposition précédente est la dérivée de la réciproque
d’une fonction.
Proposition 32. (dérivée d’une fonction réciproque)
Soit f : I −→ J une fonction bijective. Soit f −1 : J −→ I sa fonction réciproque.
On suppose que f est dérivable en x0 et que f 0 (x0 ) 6= 0. Alors f −1 est dérivable en
y0 = f (x0 ). et
1
(f −1 )0 (y0 ) = 0 −1 .
f (f (y0 ))
La dérivée f 0 de f ∈ F (I, K) est une fonction sur l’intervalle I. Si f 0 est dérivable
2
à son tour, sa dérivée notée f 00 = ddxf2 est dite dérivée seconde de f. Cette notion se
généralise à l’ordre n. Ainsi la dérivée d’ordre n de f est définie par
df (n−1)
(f (n) )0 (x) = (f (n−1) )0 (x) =.
dx
Exemple 38. Soit la fonction f (x) = sin x définie sur R. Les dérivées d’ordre 1 et
2 sont
 π  π
f 0 (x) = cos x = sin x + et f 00 (x) = − sin x = sin x + 2 .
2 2
Par récurrence la dérivée d’ordre n de f est
(n)
 π
f (x) = sin x + n .
2

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La dérivée nième d’un produit de fonctions est un peu plus compliqué. Elle porte
un nom: c’est la formule de Leibniz.

Théorème 15. (Formule de Leibniz).


Si f et g admettent des dérivées d’ordre n en x0 , alors il en est de même de f g
et on a:
n
X n
X
(f g)(n) (x0 ) = Cnk f (k) (x0 )g (n−k) (x0 ) = Cnk g (k) (x0 )f (n−k) (x0 ).
k=0 k=0

où, pour tout entier k = 0, ..., n, Cnk est le nombre défini par:
n!
Cnk =
k!(n − k)!
Et par convention, ce coefficient est nul si k > n.

Remarque 22. Si l’on considère une fonction g qui ne s’annule pas sur I, on
peut définir la dérivée nième d’un quotient de fonctions fg en reprenant la formule
précédente mais en multipliant f par g1 au lieu de g.

Exemple 39. Calculons les dérivées n-ème de ex (x2 + 1).


Posons f (x) = ex et g(x) = x2 + 1. On a

f 0 (x) = ex , ..., f (k) (x) = ex et g 0 (x) = 2x, g 00 (x) = 2, g (k) (x) = 0 pour k ≥ 3.

Appliquons la formule de Leibniz:


n
X
(n)
(f (x) × g(x)) = (ex )(n−k) (x2 + 1)(k)
k=1

(f (x) × g(x))(n) = ex x2 + 2nx + n(n − 1) + 1 .




3.10 Classes de fonction


Définition 37. (classe C n , n ∈ N)
Soit n un entier non nul. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R.
On dit que f est de classe C n sur I si f est n fois dérivable sur I et sa dérivée
nième f (n) est continue sur I.
Si n = 0 on dit juste que f est continue (de classe C 0 sans être nécessairement
dérivable).

3.11 Dérivée et monotonie


Proposition 33. (dérivée d’une fonction constante)
Soit f une fonction dérivable sur I intervalle de R. Alors f est constante si et
seulement si sa dérivée f 0 est identiquement nulle sur I.

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Définition 38. (classe C ∞ )


Soit f une fonction indéfiniment dérivable sur I intervalle de R.
On dit que f est de classe C ∞ sur I si pour tout entier naturel n, f est de classe
n
C sur I.
Proposition 34. (dérivée et monotonie)
Soit f une fonction dérivable sur I intervalle de R. Alors
1. f est croissante sur I si et seulement si sa dérivée f 0 est positive ou nulle sur
I.
2. f est décroissante sur I si et seulement si sa dérivée f 0 est négative ou nulle
sur I.
3. f est strictement croissante sur I si et seulement si sa dérivée f 0 est positive
ou nulle sur I mais ne s’annule sur aucun intervalle de I non réduit à un
point.
4. f est strictement décroissante sur I si et seulement si sa dérivée f 0 est négative
ou nulle sur I mais ne s’annule sur aucun intervalle de I non réduit à un point.

3.12 Dérivées et extrema


Soient I =]a, b[ un intervalle ouvert de R et f ∈ F (I, K). Fixons un point x0 sur I.
On dit que la fonction f admet un maximum (resp. minimum ) relatif au point x0
s’il existe un intervalle ouvert J ⊂ I centré sur x0 tel que
∀x ∈ J, f (x) ≤ f (x0 ) (resp.f (x) ≥ f (x0 )).
On dit que la fonction f présente au point x0 un extremum, si elle admet un maxi-
mum ou un minimum au point x0 .
Proposition 35. Soit f une fonction définie sur l’intervalle ]a, b[. Supposons que f
présente un extremum au point x0 . Si f est dérivable au point x0 alors f 0 (x0 ) = 0.
Proof. Supposons que l’extremum en question est un maximum. Il existe alors un
intervalle J ⊂ I contenant x0 tel que le taux d’accroissement au voisinage de x0 a
le signe (
f (x)−f (x0 )
x−x0
≥ 0, si x < x0
f (x)−f (x0 )
x−x0
≤ 0, si x > x0 .
f (x)−f (x0 )
Comme f est dérivable en x0 alors f 0 (x0 ) = lim x−x0
. Dans les deux cas, on
x→x0
obtient que f 0 (x0 ) ≥ 0 et f 0 (x0 ) ≤ 0. Donc f 0 (x0 ) = 0.
Remarquons tout d’abord qu’une fonction peut admettre un extremum en un
point sans qu’elle soit dérivable en ce point, par exemple f (x) = |x| et x0 = 0.
La réciproque de la proposition est fausse comme on peut le constater si l’on
considère la fonction f (x) = x3 . Au point x = 0, on a bien f 0 (0) = 0 et pourtant f
ne présente ni un maximum ni un minimum à l’origine.
Les points où la dérivée de f est nulle sont appelés points critiques. Il s’agit en
fait des points où la fonction f est stationnaire.

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Remarque 23. Méthode de la dérivée seconde

• Résoudre l’équation f 0 (x) = 0.

• Pour une valeur critique f 0 (a) = 0, on a f admet un maximum si f ”(a) < 0


et f admet un minimum si f ”(a) > 0.

• La méthode ne marche plus si f ”(x) = 0 ou devient infinie.

Exemple 40. Déterminer les extrémums de f (x) = x(1 − x)2 sur [−1, 23 ]. En effet
on a: f 0 (x) = (1 − x)(1 − 3x), et f ”(x) = −4 + 6x. Donc f 0 (x) s’annule aux points
x = 1 ou x = 31 . f ”(1) > 0, 1 est un minimum. f ”( 31 ) < 0, 31 est un maximum.

3.13 Fonctions convexes


Les fonctions convexes sont très utiles dans plusieurs domaines des mathématiques
appliquées et notamment dans le domaine de l’optimisation. Nous verrons d’ailleurs
dans cette section comment elles sont reliées aux extrema.
Commençons par donner d’abord une définition de ces fonctions.

Définition 39. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R. On dit que f
est convexe si et seulement si pour tous x et y dans I

f (tx + (1 − t)y) ≤ tf (x) + (1 − t)f (y).

pour tout t ∈ [0, 1].


La fonction f est dite concave si −f est convexe.

On a alors les propriétés suivantes.

Proposition 36. (Convexité et segment)


La fonction f définie sur un intervalle I de R est convexe si et seulement si pour
tous a et b dans I avec a < b et pour tout x ∈ [a, b]

f (b) − f (a)
f (x) ≤ f (a)(x − a) .
b−a
Proposition 37. (Convexité et dérivée)
Soit f une fonction définie sur un intervalle ouvert I de R et dérivable sur I. Si
sa dérivée f 0 est croissante alors f est convexe et pour tous x, a ∈ I

f (x) ≥ f (a) + f 0 (a)(x − a).

Corollaire 4. (Convexité et dérivée seconde)


Soit f une fonction définie sur un intervalle ouvert I de R et deux fois dérivable
sur I. Si sa dérivée seconde f 00 est telle que f 00 (x) ≥ 0 pour tout x ∈ I alors f est
convexe sur I.

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Une fonction deux fois dérivable est concave si et seulement si sa dérivée sec-
ondeest négative ou nulle. Les points où la dérivée seconde s’annule et change de
signe correspondent graphiquement à des points où la courbe représentative passe
de concave à convexe où inversement. On les appelle des points d’inflexion.
Proposition 38. (Dérivée et minimum)
Soit f une fonction définie sur un intervalle ouvert I de R et dérivable en a ∈ I.

1. Si a est un minimum local alors f 0 (a) = 0.

2. Si de plus, f est deux fois dérivables en a, alors f 00 (a) ≥ 0.


Inversement
Si b ∈ I est tel que f 0 (b) = 0 et si f 00 (b) > 0 alors b est un minimum local
strict (avec les inégalités strictes) de f.

Proposition 39. (Convexité et minimum)


Soit f une fonction définie sur un intervalle ouvert I de R et deux fois dérivable
sur I.
Soit a ∈ I. On a alors
f 0 (a) = 0 est équivalent à a minimum de f sur I.

3.14 Théorèmes fondamentaux sur les dérivées


Nous en arrivons aux théorèmes fondamentaux. Ces théorèmes comme leur nom
l’indique sont essentiels pour la suite du cours d’analyse. Ils seront utilisés souvent
dans les preuves de propositions ou théorèmes ainsi que dans la résolution d’une
grande variété d’exercices.
Théorème 16. (Théorème de Rolle)
Soient I = [a, b] et f ∈ F (I, K) une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur
]a, b[ telle que f (a) = f (b) = 0. Il existe alors un nombre c ∈]a, b[ tel que f 0 (c) = 0.
Proof. Suposons que la fonction f est non nulle sur I, sinon tous les points convi-
ennent.
Supposons qu’il existe x ∈]a, b[ tel que f (x) > 0. Posons M = sup f (x) > 0.
x∈[a,b]
Comme f est continue, la valeur M est atteinte par f en un point c ∈ [a, b] tel que
f (c) = M.
Comme f (a) = f (b) = 0, alors c ∈]a, b[ et f présente un maximum au point c.
D’après la proposition précédente on a f 0 (c) = 0.
Supposons que f ne s’annule pas aux points extrèmes a et b. En appliquant le
théorème de Rolle à la fonction auxilliaire
f (b) − f (a)
φ(x) = f (x) − f (a) − (x − a),
b−a
on obtient la formule des accroissements finis, à savoir:

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Théorème 17. (Théorème des accroissements finis ou théorème de Lagrange)


Soient I = [a, b] et f ∈ F (I, K) une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur
]a, b[. Il existe alors un nombre x0 ∈]a, b[ tel que

f (b) − f (a) = (b − a)f 0 (x0 ).

Proof. La fonction φ est continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[ et φ(a) = φ(b). D’après
le théorème de Rolle, il existe x0 ∈]a, b[ tel que φ0 (x0 ) = 0. Ce qui donne le résultat.

Ce résultat s’interprète géométriquement comme suit:


Soit f 0 (x0 ) = f (b)−f
b−a
(a)
: autrement dit, la pente de la corde AB joignant A =
(a, f (a)) à B = (b, f (b)) est égale à la pente de la tangente à la courbe y = f (x) au
point Mx0 = (x0 , f (x0 )). Le théorème affirme donc l’existence d’un point M sur la
courbe représentative (Cf ) de f, tel que la tangente en M à Cf est parallèle à la
corde AB.
√ √
Exemple 41. Montrons que 1 + x < 1 + x2 , x > 0. Posons f (x) = 1 + x,
alors f 0 (x) = 2√1+x1
et f (0) = 1. Pout tout x > 0, on applique la formule des
accroissements finis à l’intervalle [0, x], il existe x0 ∈]0, x[ tel que

f (x) − f (0) 1 1
= f 0 (x0 ) = √ < .
x−0 2 1 + x0 2

Ce qui donne le résultat.

Le théorème des accroissemnts finis se généralise ainsi:

Théorème 18. (Accroissements finis généralisés)


Soient f et g deux fonctions continues sur l’intervalle [a, b] et dérivables sur ]a, b[
telles que g 0 (x) 6= 0 sur cet intervalle et g(a) 6= g(b). Il existe x0 ∈]a, b[ tel que

f (b) − f (a) f 0 (x0 )


= 0 .
g(b) − g(a) g (x0 )

Proof. Il suffit d’appliquer le théorème de Rolle à la fonction

φ(x) = [f (b) − f (a)][g(x) − g(a)] − [g(b) − g(a)][f (x) − f (a)].

Comme conséquence à cette généralisation, on obtient la règle de l’Hôpital qui


s’énonce ainsi:

Proposition 40. (Règle de l’Hôpital)


Supposons que les fonctions f et g sont dérivables sur l’intervalle ]a, b[ tel que
0
g (x) 6= 0 sur ]a, b[ et que

f 0 (x)
lim+ = L (L fini où égal à ∞).
x→a g 0 (x)

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Alors on a
f (x) f 0 (x)
lim+ = lim+ 0 =L
x→a g(x) x→a g (x)
dans les cas suivants:
0
• lim+ f (x) = lim+ g(x) = 0. Indétermination de la forme .
x→a x→a 0

• lim+ f (x) = lim+ g(x) = ∞. Indétermination de la forme .
x→a x→a ∞
Le même résultat subsiste lorsque x → b− . Toutefois b peut-être infini.

Exemple 42. L’expression suivante présente une indétermination de la forme 00 , la


règle de l’Hôpital nous donne
− 2x − π − 2
limπ 2
= lim = −∞.
x→ 2 cos x x→ 2 −2 cos x sin x
π


Un exemple où l’indétermination est de la forme ∞
est donné par

x2 2x 2
lim x
= lim x = x = 0.
x→+∞ e x→+∞ e e
Soit α > 0. L’expression xα ln x présente au voisinage de 0, une indétermination de
la forme −0 × ∞. Alors
ln x 1
lim+ xα ln x = lim+ −α
= lim+ − xα = 0.
x→0 x→0 x x→0 α
Les formes d’indétermination suivantes seront étudiées dans les exemples qui
suivent:
Forme indétermination 0.∞ : Si lim+ f (x) = 0 et lim+ g(x) = ∞. On écrit dans
x→a x→a
ce cas, le produit f (x).g(x) sous la forme d’un quotient, à savoir

f (x) g(x)
f (x)g(x) = 1 ou 1 .
g(x) f (x)

Forme indétermination ∞ − ∞ Si lim+ f (x) = lim+ g(x) = ∞. La différence f (x) −


x→a x→a
g(x) peut s’exprimer sous la forme
1 1
g(x)
− f (x)
1 .
f (x)g(x)

On se ramène ainsi à la forme indéterminée 00 .


Formes indéterminées de la forme 1∞ , ∞0 , 00 : On se ramène aux cas précedent
en écrivant
(f (x))g(x) = eg(x) ln f (x) .

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π

Exemple 43. Soit à trouver la limite l = limπ x − 2
tan x qui présente une
x→ 2
0
indétermination de la forme 0.∞. On se ramène à la forme 0
en passant au quotient

π
 x − π2
l = limπ x − tan x = limπ = − limπ sin2 x = −1.
x→ 2 2 x→ 2 coth x x→ 2

Remarque 24. La réciproque de la règle de l’Hôpital est fausse comme on peut le


constater si l’on prend

x sin x1 , si x 6= 0}
 2 
g(x) = x et f (x) =
0, si x = 0.
f (x) 1

On a bien lim = lim x sin = 0. Par contre,le quotient
x→0 g(x) x→0 x

f 0 (x)
   
1 1
= 2x sin − cos
g 0 (x) x x

n’admet pas de limite lorsque x → 0. Pour cela choisissons une suite (xn ) qui tend
0 (x)
1
vers l’infini telle que πn . On a alors fg0 (x) = (−1)n+1 dont la limite est +1 ou −1
suivant que n est paire ou impaire. La limite n’est donc pas unique, de plus

f (x) f 0 (x)
lim 6= lim 0
x→0 g(x) x→0 g (x)

Exercices
3 2
1. Soit f (x) = x3 + x2 − 2x + 2. Etudier la fonction f. Tracer son graphe. Montrer
que f admet un minimum local et un maximum local.

2. Soit f (x) = x Appliquer le théorm̀e des accroissements √ finis sur l’intervalle
1 1
[100, 101]. En déduire l’encadrement 10 + 110 + 22 ≤ 101 ≤ 10 + 20 .

3. Appliquer le théorème des accroissements finis pour montrer que ln(1 + x) −


ln(x) < x1 (pour tout x > 0).

4. Soit f (x) = ex . Que donne l’inégalité des accroissements finis sur [0, x]?

5. Appliquer la règle de l’Hospital pour calculer les limites suivantes (quand x →


0):
1 ln(1 + x) 1 − cos x x − sin x
1) n
2) √ 3) 4) .
(1 + x) − 1 x tan x x3

3.15 Etude globale de fonctions


Soit f une fonction définie sur I. On dit que le graphe de f possède une branche
infinie en x0 ∈ I si x ou f (x) n’est pas borné quand x tend vers x0 .
Si le graphe de f possède une branche infinie en x0 ∈ I, et si la droite (OM )
joigant l’origine au point M (x, f (x)) a une position limite D quand x tend vers x0

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on dit que D est une direction asymtotique du graphe de f en x0 . Par exemple la


fonction x → x sin x sur R n’a pas de direction asymtotique en ∞, par contre la
fonction x → sin x admet comme direction asymptotique l’axe des abscisses.
Lorsque le graphe (Cf ) d’une fonction f s’approche à l’infini de celui d’une droite
∆ d’équation, cette dernière est dite asymptôte à la courbe (Cf ). On distingue trois
types d’asymptôte:
1. Lorsque lim f (x) = ∞, la droite d’équation x = x0 est dite asymptôte verti-
x→x0
cale ou que la courbe (Cf ) admet une direction asymptôtique parallèle à l’axe
des ordonnées.

2. Lorsque lim f (x) = l, la droite d’équation y = l est dite asymptôte horizontale


x→∞
ou que la courbe (Cf ) admet une direction asymptôtique parallèle à l’axe des
abscisses.

3. Lorsque la fonction f s’écrit sous la forme f (x) = ax+b+g(x) avec lim g(x) =
x→∞
0. La droite (∆) d’équation y = ax + b est dite asymptôte oblique à la courbe
(Cf ). Les coefficients a et b sont donnés par les formules suivantes

f (x)
a = lim et lim [f (x) − ax] = b.
x→∞ x x→∞

3.15.1 Fonctions Logarithmes, Exponentielles, Puissances


Logarithme népérien

Définition 40. on appelle logarithme népéien et on note ln la primitive sur R∗+ de


la fonction x 7→ x1 qui s’annule en 1.
Propriété 3.
1. La fonction ln est dérivable sur R∗+ et (ln x)0 = x1 .

2. u étant une fonction dérivable et non nulle sur I, ln |u| est dérivable sur I et
0
(ln |u|)0 = uu

3. ln est strictement croissante sur R∗+ .

4. Pour tout a, b ∈ R∗+ , ln(ab) = ln a + ln b.

5. ∀a, b ∈ R∗+ et , n ∈ Z, ln a1 = − ln a, ln ab = ln a − ln b, ln an = n ln a.
Proof. Les preuves de 1 ), 2 ), 3 ) découlent imédiatement de la définition de ln.
4 ) Posons f (x) = ln x et g(x) = ln ax pour a fixé dans R∗+ . f 0 (x) = g 0 (x) = x1
donc il existe un réel K tel que g(x) = f (x) + K. g(1) = f (1) + K =⇒ K = ln a.
D’où ln ax = ln x + ln a.
5 ) 0 = ln 1 = ln a a1 = ln a + ln a1 donc ln a1 = − ln a
De même ln ab = ln a 1b = ln a + ln 1b = ln a − ln b.
Pour la preuve de ln an = n ln a faire une démonstration par récurrence(utiliser
4).

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Propriété 4. (Limites)
ln x
lim ln x = +∞, lim+ ln x = −∞, lim= 0,
x−→+∞ x−→0 x−→+∞ x

ln(x + 1) ln x
lim+ x ln x = 0, lim = lim = 1.
x−→0 x−→0 x x−→1 x − 1

Proof.

• La fonction ln est strictement croissante et ln 1 = 0, donc ln 2 > 0. D’après


la dernière égalité de la proposition précédente, pour tout n ∈ N, on peut
écrire ln 2n = n ln 2. On en déduit que ln 2n −→ +∞. La fonction ln n’est
donc pas majorée. Comme elle est strictement croissante, on peut affirmer,
par application du théorème de la limite monotone, que

lim ln x = +∞.
x−→+∞

• Par application du théorème d’opérations sur les limites et par utilisation de


la limite précédente on a
1
lim+ ln x = − lim ln X = −∞ avec X = .
x−→0 X−→+∞ x

• Pour tout x > 1,


√ √ √ √ ln x 1
0 < ln x ≤ x−1 donc 0 < ln x≤ x−1 ⇒ 0 < ln x ≤ 2( x−1) ≤ x ⇒ 0 < ≤√ .
x x

Comme
1 ln x
lim √ = 0, alors lim = 0.
x−→+∞ x x−→+∞ x

ln X 1
lim+ x ln x = − lim = 0 avec X = .
x−→0 X−→+∞ X x

ln(x + 1) 1 ln x 1
lim = lim = 1, lim = lim = 1.
x−→0 x x−→0 x + 1 x−→1 x − 1 x−→1 x

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y = ln x

Logarithme de base a

Définition 41. Soit a ∈ R∗+ \{1}. On appelle logarithme de base a et on note loga
la fonction définie sur R∗+ par:

ln x
∀x ∈ R∗+ , loga (x) = .
ln a
Remarque 25. On note log x = log10 (x) et on a: ∀n ∈ Z, log(10n ) = n.

y = log 1 x
2

y = log10 x
x

Exponentielle de base e

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Définition 42. La fonction ln est continue et strictement croissante de R∗+ sur R


donc établit une bijection de R∗+ sur R et admet une bijection réciproque définie de
R sur R∗+ appelée fonction exponentielle et notée exp :

y = exp(x) ⇐⇒ x = ln(y), x ∈ R, y ∈ R∗+ .

Remarque 26.
En notant e le réel exp(1) on obtient: ∀n ∈ Z, exp(n) = en (e ∼
= 2, 718).
x
Par convention on note alors :x ∈ R, exp(x) = e . exp est appelée fonction
exponentielle de base e.

y = ex
y = ln x

Propriété 5.
Soit x, y ∈ R.
1 x−y ex x y
? ex > 0, ex+y = ex ey , e−x = , e = y , (e ) = exy .
ex e
? exp est dérivable sur R et ∀x ∈ R, (ex )0 = ex .
? exp est strictement croissante sur R.
ex − 1 ex
lim ex = +∞, lim ex = 0, lim = 1, lim = 0, lim xex = 0.
x−→+∞ x−→−∞ x−→0 x x−→+∞ x x−→−∞

Exponentielle de base a

Définition 43. Soit a ∈ R∗+ \{1}. On appelle exponentielle de base a et on note


expa la fonction définie sur R par :

∀x ∈ R, expa (x) = ex ln a = ax .

Remarque 27.

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1. Les propriétés de expa se déduisent de celles de exp, en particulier:

(a) expa est dérivable sur R et (expa (x))0 = ln aex ln a = ln a.ax


(b) si a > 1 alors expa est strictement croissante sur R.
(c) si 0 < a < 1 alors expa est strictement décroissante sur R.

2. expa est la bijection réciproque de loga .

3. On retrouve les règles usuelles des exposants entiers:


ax
∀ (x, y) ∈ R2 , ax+y = ax .ay , ax−y = , (ax )y = ax.y , a0 = 1.
ay

Exemple 44. représentation graphique de x 7→ x3 et x 7→ ( 21 )x

y
1
x ln
y=e 2

y = ex ln 3

Fonctions puissances, racines n-ièmes

Définition 44. Pour tout α de R, soit fα la fonction définie sur R∗+ par

fα (x) = xα = eα ln x .

Propriété 6.
fα est dérivable sur R∗+ et ∀x ∈ R∗+ , fα0 (x) = αxα−1 .
- pour α > 0, fα est strictement croissante sur R∗+
- pour α = 0, fα est constante
- pour α < 0, fα est strictement décroissante sur R∗+ .

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y
x3 x3

y=x

x1/3

Exemple 45.

Croissances comparées

Soit α et β deux réels strictement positifs.

(ln x)β eαx


lim α β
= 0, lim x (ln x) = 0, lim = +∞, lim xβ e−αx = 0.
x−→+∞ xα x−→0 x−→+∞ xβ x−→+∞

3.16 Fonctions circulaires réciproques


Rappels sur les fonctions trigonométriques

Effectuons un rappel sur les fonctions trigonométriques.

1. Fonction sinus
La fonction sinus, notée sin est:
- définie sur R à valeurs dans [−1, 1] est impaire et 2π-périodique. sin est
continue et dérivable sur R

∀x ∈ R, sin0 x = cos x.

- sin est de classe C ∞ sur R.


De plus, la restriction de la fonction sinus à [− π2 , π2 ], est strictement croissante.

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2. Fonction cosinus
La fonction cosinus, notée cos est:
- définie sur R à valeurs dans [−1, 1] est paire et 2π-périodique. cos est continue
et dérivable sur R
∀x ∈ R, cos0 x = − sin x
- cos est de classe C ∞ sur R De plus, la restriction de la fonction sinus à [0, π],
est strictement décroissante.
y

3. Fonction tangente
La fonction tangente, notée tan, et donnée par :
nπ o sin x
∀x ∈ R\ + kπ, k ∈ Z , tan x = .
2 cos x

La fonction tangente est:


- définie sur R\ π2 + kπ, k ∈ Z à valeurs dans R est impaire et π-périodique.


- tan est dérivable sur R\ π2 + kπ, k ∈ Z




π 1
∀x ∈ R\{ + kπ, k ∈ Z}, tan0 x = 1 + tan2 x =
2 cos2 x

- tan est de classe C ∞ sur R\{ π2 + kπ, k ∈ Z}


De plus, la restriction de la fonction sinus à ]− π2 , π2 [, est strictement croissante.

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Fonction arcsinus
La fonction sinus est continue et strictement croissante de I = [− π2 , π2 ] sur [−1, 1].
Elle admet donc une bijection réciproque de [−1.1] sur I continue et strictement
croissante notée arcsinus:
 
x= sin y y = arcsin x
⇐⇒
y ∈ [− π2 , π2 ] x ∈ [−1.1]
π π
∀ x ∈ [− , ], arcsin(sin x) = x et ∀ x ∈ [−1.1], sin(arcsin x) = x
2 2

La fonction arcsinus est impaire et ∀ x ∈ [−1.1], cos(arcsin x) = 1 − x2
De plus la fonction arcsin est dérivable et strictement croissante sur ] − 1, 1[,
1
(arcsin x)0 = √
1 − x2

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Courbes représentatives de arcsin (et sin sur [−π/2, π/2] ):


y
π
2 y = arcsin x
1

x
− π2 −1 0 1 π
2
y = sin x −1
− π2

Exemple 46. Donnons-en une simplification de l’expression  tan(arcsin x).


Si l’on pose t = arcsin x, alors x = sin t car t ∈ − π2 , π2 .


Mais sur cet intervalle on a cos t ≥ 0 et donc cos t = 1 − x2 . Ainsi
sin t x
tan(arcsin x) = tan t = =√ , −1 < x < 1.
cos t 1 − x2
Exemple 47. Cherchons l’équation de la tangente à la courbe (Cf ) représentative de
la fonction f (x) = arcsin 2 au point x0 = −1. Puisque f (−1) = arcsin − 2 = − π6 .
x 1


La pente de la tangente en ce point est f 0 (−1) = √23 car f 0 (x) = q 1 x2 . La tangente


1− 4
au point x0 = −1 a pour équation
 
2 π
y= √ (x + 1) − .
3 6

Fonction arccosinus

La fonction cosinus est une bijection de [0, π] sur [−1, 1]. Sa bijection réciproque est
appelée fonction arccosinus et est notée arccos:
 
x = cos y y = arccos x
⇐⇒
y ∈ [0, π] x ∈ [−1.1]

∀ x ∈ [0, π], arccos(cos x) = x et ∀ x ∈ [−1.1], cos(arccos x) = x.


La fonction arcosinus est paire et ∀ x ∈ [−1.1], sin(arccos x) = 1 − x2 .

De plus arccos est dérivable et strictement décroissante sur ] − 1, 1[,


1
(arccos x)0 = − √
1 − x2

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y
y = arccos x

x
0
y = cos x

Proposition 41.
π
∀x ∈ [−1, 1], arccos x + arcsin x = .
2
Exemple 48. Montrons que

arccos x > 1 − x2 , x ∈] − 1, 1[.

Pour cela, considérons la fonction y = f (x) = arccos x − 1 − x2 qui admet sur
] − 1, 1[ la dérivée
1 x x−1
y0 = − √ +√ =√ < 0 si x ∈] − 1, 1[.
1−x 2 1−x 2 1 − x2
La fonction est décroissante donc pour tout x ∈] − 1, 1[ on a f (x) > f (1) = 0. C’est
le résultat cherché.

Fonction arctangente

La fonction tangente est une bijection de ] − π2 , π2 [ à valeurs dans R. Sa bijection


réciproque est appelée fonction arctangente et est notée arctan :
 
x= tan y y = arctan x
π π ⇐⇒
y ∈] − 2 , 2 [ x ∈R
π π
arctan(tanx) = x pour tout x ∈] − , [ et ∀ x ∈ R, tan(arctan x) = x
2 2
La fonction arctan est impaire, dérivable et strictement croissante sur R,
1
(arctan x)0 = .
1 + x2

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y
y = tan x

π
2
y = arctan x

x
− π2 0 π
2

− π2

Propriété 7. Pour tout x ∈ R∗ nous avons:


1 π 1 π
arctan x + arctan = si x > 0 et arctan x + arctan = − si x < 0.
x 2 x 2
Exemple 49. Montrons que
 
x−1 π
arctan = − + arctan x, si x ∈] − 1, +∞[.
x+1 4

Soit f (x) = arctan x−1 − arctan x. Sur l’intervalle ] − 1, +∞[ on a f 0 (x) = 0 donc

x+1
f est une constante sur cet intervalle qui est égale
π
f (0) = arctan(−1) − arctan(0) = − .
4
Donc, f (x) = − π4 sur l’intervalle ] − 1, +∞[.

3.17 Fonctions hyperboliques


Définitions et premières propriétés

• On appelle fonction sinus hyperbolique l’application de R vers R (notée sh) telle


que

ex − e−x
pour tout réel x : shx = .
2

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• On appelle fonction cosinus hyperbolique l’application de R vers R (notée ch) telle


que
ex + e−x
pour tout réel x : ch(x) = .
2
• On appelle fonction tangente hyperbolique l’application de R, vers R (notée th)
telle que

shx ex − e−x e2x − 1


pour tout réel x : th(x) = = x =
chx e + e−x e2x + 1

Remarque 28.
sh(ix) = i sin x, ch(ix) = cos x.

Proposition 42.
Les fonctions ch , sh et th sont dérivables sur R avec,
1
∀x ∈ R, ch0 (x) = sh(x), sh0 (x) = ch(x) et th0 (x) = 1 − th2 x =
ch2 x
Remarque 29.

• Les fonctions sh et th sont impaires; la fonction ch est paire.

• ∀x ∈ R ch(x) > 0

• ch(0) = 1, sh(0) = 0

• sh0 (0) = 1 = lim sh(x)


x
, lim th(x)
x
= 1.
0 0

Formulaire de trigonométrie hyperbolique

Tout comme les fonctions cosinus et sinus permettent de paramétriser le cercle unité,
les fonctions ch et sh donnent une paramétrisation de l’hyperbole équilatère de som-
mets (1, 0) et (−1, 0). Le formulaire de trigonométrie hyperbolique ressemble fort
au formulaire de trigonométrie classique.

Proposition 43. ∀x ∈ R, ch(x)+sh(x) = ex , ch(x)−sh(x) = e−x , ch2 x−sh2 x = 1.

Proposition 44. Pour tout x, y ∈ R on a;

ch(x + y) = chxchy + shxshy, sh(x + y) = shxchy + chxshy


ch(x − y) = chxchy − shxshy, sh(x − y) = shxchy − chxshy
thx + thy thx − thy
th(x + y) = , th(x − y) =
1 + thxthy 1 − thxthy
2th x
ch 2x = ch2 x + sh2 x = 2ch2 x − 1 = 1 + 2sh2 x, sh 2x = 2sh x ch x, th 2x = .
1 + th2 x

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Remarque 30. En posant t = th x2 on a

2t 1 + t2 2t
sh x = , ch x = , th x = .
1 − t2 1 − t2 1 + t2
Fonction argument sinus hyperbolique argsh

Définition 45. La fonction sinus hyperbolique définie une bijection de R sur son
image R. L’application réciproque est appelée fonction argument sinus hyperbolique
et notée argsh: √
argsh x = ln(x + x2 + 1).

Proposition 45. La fonction argsh est dérivable sur R et


1
argsh0 x = √ .
x2 + 1
Fonction argument cosinus hyperbolique argch

Définition 46. ch admet une application réciproque continue strictement croissante


de [1, +∞[ sur [0, +∞[ notée argch et pour tout x de [1, +∞[:

argch x = ln(x + x2 − 1).

Proposition 46. La fonction argch est dérivable sur ]1, +∞[ et pour tout x de
]1, +∞[, on a
1
argch0 (x) = √ .
x2 −1
Fonction argument tangente hyperbolique argth

Définition 47. th admet une application réciproque continue, strictement croissante


de ] − 1, 1[ sur R notée Argth et pour tout x de ] − 1, 1[,
 
1 1+x
argth x = ln .
2 1−x

Proposition 47.
La fonction argth est dérivable sur ] − 1, 1[ et pour tout x de ] − 1, 1[,
1
argth0 (x) = .
1 − x2

73 Document en cours de rédaction


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y y

y = ch x

y = sh x
y = argch x
x

y = argsh x

y = argth x

y = th x

74 Document en cours de rédaction


Chapter 4

DEVELOPPEMENT LIMITE

C’est au 19ème siècle, suite au travaux de plusieurs Mathématicien dont Taylor,


Young, Lagrange et MacLaurin, qu’on s’est rendu compte du besoin d’approcher
les fonctions usuelles par des polynômes. Plus précisément, l’existence de la dérivée
d’ordre n d’une fonction f au voisinage d’un certain x0 implique l’existence d’un
polynôme Pn de degré inférieure ou égale à n tel que la différence f − Pn soit
négligeable devant (x − x0 )n . On commence, tout d’abord, par définir les notions
permettant de comparer deux fonctions.

4.1 Les notations de Landau


Soient f et g deux fonctions définies au voisinage de x0 où x0 ∈ R ∪ {±∞}.

1. La notation O

Définition 48. On note f = O(g) ou f (x) = O(g(x)), s’il existe M > 0


indépendant de x tel que l’on ait |f (x)| ≤ M |g(x)| pour x voisin de x0 (ou
pour x grand s’il s’agit de ∞).

2. La notation 

Définition 49. On note f  g, s’il existe m > 0 et M > 0 indépendants de


x tel que l’on ait m|g(x)| ≤ |f (x)| ≤ M |g(x)| pour x voisin de x0 (ou pour x
grand s’il s’agit de ∞). Il revient au même de dire que l’on a simultanément
f = O(g) et g = O(f ). Cette relation est clairement symétrique.

3. La notation o
f (x)
Définition 50. On note f = o(g) : si le rapport g(x)
tend vers 0 au voisinage
du point x0 .

4. La notation ∼
f (x)
Définition 51. On note f ∼ g, si le rapport g(x)
tend vers 1 au voisinage du
point x0 .

75
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La relation ∼ ainsi définie est une relation d’équivalence qui vérifie les propriétés
suivantes:

1. Soient f, g, f1 et g1 des éléments de F (I, K). Si f ∼ f1 et g ∼ g1 alors f g ∼


f1 g1 . Par contre f ± g  f1 ± g1 , comme on peut le constater sur l’exemple
suivant: x + x2 ∼ x + x3 et x ∼ x alors que x2  x3 . De même si f et g sont
non nulles, on a
1 1
∼ et [f ]n ∼ [f1 ]n .
f f1
Cette dernière équivalence dépend bien evidemment du signe de f et f1 et de
la parité de n.

2. Dans une expression du genre

[f1 ]n1 [f2 ]n2 ...[fp ]np


F (x) = ,
[f1 ]m1 [f2 ]m2 ...[fk ]mk

on peut remplacer chaque fonction par l’expression qui lui est équivalente, mais
il ne faut jamais procédé à des sommes ou à des différences.

La notion de fonctions équivalentes permet de ramener, localement, l’étude d’une


fonction à celle d’une fonction dont le comportement est connu.

Exemple 50. Soit P un polynôme de degré n qui sécrit sous la forme

P (x) = an xn + an−1 xn−1 + ... + a1 x + a0 .

Alors
P (x) = an xn lorsque x tend vers ± ∞.
En effet, le polynôme P s’écrit
 
n an−1 1 a1 1 a0
P (x) = an x 1 + + ... + +
an x an xn−1 an
= an xn k(x).

Ce qui donne le résultat puisque lim k(x) = 1. Ainsi si P et Q sont deux polynômes
x→±∞
de degrés respectifs n et m et de coefficients dominants an et bn , alors

P (x) an n−m
∼ x lorsque x tend vers ± ∞.
Q(x) bm

Exemple 51. Soit f une fonction dérivable au point x0 . La fonction f s’écrit au


voisinage de x0 sous la forme

f (x) − f (x0 ) ∼ (x − x0 )f 0 (x0 ) lorsque x → x0 .

Ceci appliqué au voisinage de 0 aux fonctions usuelles, on obtient les équivalences


suivantes
sin x ∼ x shx ∼ x tan x ∼ x.

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et
ex − 1 ∼ x ln(1 + x) ∼ x.
De même, on a

(1 + x)α ∼ 1 + αx arctan x ∼ x arcsin x ∼ x.

D’autre part, pour tout x ∈ R, on a 1 − cos x = 2 sin2 x



2
. Mais, au voisinage de 0,
sin x ∼ x. Ce qui donne l’équivalence utile suivante
x2
1 − cos x ∼ .
2
1
Exemple 52. Supposons qu’on veut calculer la limite de (1 + 3 sin2 x) x tan x lorsque
x → 0. Cette fonction présente une indétermination exponentielle de la forme 1∞ .
Remarquons que f peut s’écrire sous la forme
1 2
f (x) = e x tan x ln(1+3 sin x)
.

Mais, au voisisinage de 0, on a

sin x ∼ x, tan x ∼ x et ln(1 + 3x2 ) w 3x2 .

Alors 1 2
f (x) ∼ e x2 (3x ) w e3 .
Enfin, lim f (x) = e3 .
x→0

4.2 Formule de Taylor avec reste de Lagrange


Nous avons vu que si une fonction f ∈ F (I, K) est dérivable au voisinage de x0 il
existe une fonction ε(x) qui tend vers 0 au voisinage de x0 tel que

f (x) = xf 0 (x0 ) + f (x0 ) − x0 f 0 (x0 ) + (x − x0 )ε(x)

où lim ε(x) = 0. Ainsi, en posant a = f 0 (x0 ) et b = f (x0 ) − x0 f 0 (x0 ), la fonction f


x→x0
s’écrit
f (x) = ax + b + xε(x), où lim ε(x) = 0.
x→+x0

Autrement dit, au voisinage de x0 , on a

f (x) ∼ ax + b.

On peut, ainsi, remplacer la fonction f par un polynôme de degré 1 à savoir ax + b.


Cette substitution d’une fonction par un polynôme se généralise à une fonction
indéfiniment dérivable sur l’intervalle I. En fait, Toute fonction f différentiable
jusqu’à l’ordre n + 1, peut s’écrire approximativement au voisinage d’un point x0
sous la forme d’un polynôme de degré n. L’erreur commise dans cette approximation
s’exprime en fonction de sa dérivée f (n+1) . Ceci est en substance la formule de Taylor
de f sur un intervalle contenant x0 .

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Théorème 19. (Taylor-Lagrange).


Soit f ∈ F ([a, b], K) une fonction définie sur [a, b], de classe C n et admet une
dérivée d’ordre n + 1 définie sur ]a, b[. Il existe alors x0 ∈]a, b[ tel que

(b − a) 0 (b − a)2 00 (b − a)n (n) (b − a)n+1 (n+1)


f (b) = f (a)+ f (a)+ f (a)+...+ f (a)+ f (x0 ).
1! 2! n! (n + 1)!

Proof. Définissons la fonction auxilliaire suivante

(b − x)n (n)
 
0
φ(x) = f (b) − f (x) + (b − x)f (x) + ... + f (x) + γ(b − a)n+1 , γ ∈ R.
n!

On choisira la constante γ pour que le théorème de Rolle soit appliqué à la fonction


φ.
La fonction φ est continue et différentiable sur [a, b] et vérifie φ(b). Pour que
φ(a) = 0 il faut que

(b − a)n (n)
 
1 0
γ= −f (b) + f (a) + (b − a)f (a) + ... + f (a) .
(b − a)n+1 n!

Avec ce choix de γ, la fonction auxilliaire φ vérifie les hypothèses du théorème de


Rolle.
Il existe ainsi x0 ∈]a, b[ tel que φ0 (x0 ) = 0, c’est à dire
1
γ= f (x0 ).
(b − a)n+1

Changeons de notation en prenant a = x et b = x+h. Tout nombre x0 ∈]x, x+h[


s’écrit sous la forme x + θh, 0 < θ < 1. La formule de Taylor avec reste de Lagrange
devient
h 0 h2 hn hn+1 (n+1)
f (x + h) = f (x) + f (x) + f 00 (x) + ... + f (n) (x) + f (x + θh).
1! 2! n! (n + 1)!

Pour n = 0, cette formule donne le théorème des accroissemnts finis.


Avec les hypothèses du théorème précédent et en prenant x = 0 et h = x dans
la formule précédente, on obtient la formule de McLaurin avec reste de Lagrange

x 0 x2 00 xn (n) xn+1 (n+1)


f (x) = f (0) + f (0) + f (0) + ... + f (0) + f (θx).
1! 2! n! (n + 1)!

Cette formule est valable si f admet des dérivées continues jusqu’à l’ordre n et que
la dérivée d’ordre n + 1 existe dans un intervalle fermé dont les extrémités sont 0 et
x.
Le nombre
xn+1 (n+1)
Rn (x) = f (θx).
(n + 1)!
est dit reste de Lagrange.

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Exemple 53. Prenons f (x) = sin x, alors


f 0 (x) = cos x, f 00 (x) = − sin x, f (3) (x) = − cos x, ...
En appliquant la formule de McLaurin au voisinage de 0 pour n = 8, il vient que
x3 x5 x7 x9
sin x = x −
+ − + cos θx
6 120 5040 362880
avec 0 < θ < 1 et ξ = θx. Pour x ∈ 0, π2 , on a 0 ≤ cos θx ≤ 1. Donc
 

x3 x5 x7 x3 x5 x7 x9
x− + − ≤ sin x ≤ x − + − + .
6 120 5040 6 120 5040 362880
Ces inégalités nous permettent de calculer sin x avec une bonne approximation. Mais
l’approximation deviendrait encore meilleure si on appliquait la formule de McLaurin
au voisinage de 0 avec un ordre plus élevé. On précisera cette idée plus tard.
Il est clair qu’au voisinage du point 0, ou la limite suivante est nulle
xn+1 (n+1)
lim R(x) = lim f (ξ) = 0, ξ ∈ [0, x],
n→+∞ n→+∞ (n + 1)!

la fonction s’écrit
+∞
X (x − a)n
f (x) = f (a) + f (n) (a).
n=1
n!
Le second membre de cette égalité est dit série de Taylor de f au voisinage de a.
C’est le développement en série entière de la fonction x 7→ sin x un nombre infini de
termes.
Exemple 54. La série de Taylor associée à la fonction x 7→ ex au voisinage de 0
est
x2 x3 xn
ex = 1 + x + + + ... + + ...
2! 3! n!

4.3 Formule de Taylor-Young et développements


limités
Le développement de Taylor avec reste de Young est local. On l’utilise, en général,
pour étudier une fonction au voisinage d’un point (développement limité, concavité
locale, asymptôte ...). Par contre la formule de Taylor avec reste de Lagrange et son
cas particulier la formule des accroissements finis sont utilisées essentiellement dans
l’étude globale d’une fonction (sens de variation et concavité sur un intervalle).
Théorème 20. (McLaurin-Young). Soit f ∈ F (I, K) une fonction de classe C n
sur l’intervalle I et que f (n) (0) existe en 0. Alors f admet au voisinage de 0 le
développement limité d’ordre n suivant
f 0 (0) f 00 (0) 2 f (n) (0) n
f (x) = f (0) + x+ x + ... + x + xn ε(x)
1! 2! n!
où lim ε(x) = 0.
x→0

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Proof. Fixons un réel positif non nul x de l’intervalle I et considérons un nombre


Hx qui vérifie

f 0 (0) f 00 (0) 2 f (n−1) (0) n−1 Hx n


f (x) − f (0) − x− x − ... − x − x = 0.
1! 2! (n − 1)! n!

Pour tout l ∈ [0, x], définissons une fonction auxilliaire de la forme

f 0 (0) f 00 (0) 2 f (n−1) (0) n−1 Hx n


φ(l) = f (l) − f (0) − l− l − ... − l − l .
1! 2! (n − 1)! n!
Ses dérivées jusqu’à l’ordre n − 1, sont

f 00 (0) f (n−1) (0) n−2 Hx (n−1)


φ0 (l) = f 0 (l) − f 0 (0) − l− l − l
1! (n − 2)! (n − 1)!
f (3) (0) f (n−2) (0) n−3 Hx (n−2)
φ00 (l) = f 00 (l) − f 00 (0) − l− l − l
1! (n − 3)! (n − 2)!
. . .
. . .
. . .
(n−1)
φ (l) = f (n−1) (l) − f (n−1) (0) − Hx l.

Comme φ(0) = φ(x) = 0, d’après le théorème de Rolle il existe ξ1 ∈]0, x[ tel que
φ0 (ξ1 ) = 0.
D’autre part, on a φ0 (0) = φ0 (ξ1 ) = 0. On applique une deuxi‘eme fois le théorème
de Rolle ξ2 ∈]0, ξ1 [ tel que φ00 (ξ2 ) = 0. On réitère ce procédé jusqu’à l’ordre n − 1.
On trouve ξ = ξn−1 ∈]0, ξn−2 [⊂]0, x[ tel que φ(n−1) (ξn−1 ) = 0. Ainsi, on a

f (n−1) (ξ) − f (n−1) (0)


Hx = .
ξ
Ce qui donne lim Hx = f n (0). Autrment dit Hx = f n (0) + ε(x) tel que
x→0
lim ε(x) = 0.
x→0

Exemple 55. La fonction f (x) = ex est définie sur R. Donc f (n) (x) = ex et alors
f (n) (0) = 1. Par suite

x x2 xn
ex = 1 + + + ... + + xn ε(x).
1! 2! n!
En substituant x par −x dans ce développemennt, on obtient le développement de
McLaurin avec reste de Young de e−x . Ce qui donne le développement de McLaurin
des fonctions shx et chx, à savoir

x x3 x2n+1
shx = + + ... + + x2n+2 ε(x).
1! 3! (2n + 1)!
x2 x2n
chx = 1 + + ... + + x2n+1 ε(x).
2! (2n)!

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Exemple 56. La fonction φ(x) = sin x est définie sur R et pour tout n ∈ N, on a

(n)
 π (n)
 π
φ (x) = sin x + n et φ (0) = sin n .
2 2
Ce qui donne 
(n) 0, si n = 2p
φ (0) = p
(−1) , si n = 2p + 1
Ainsi
x x3 p x
2p+1
sin x = − + ... + (−1) + x2p+2 ε(x).
1! 3! (2p + 1)!
Exemple 57. La fonction φ(x) = cos x est définie sur R et pour tout n ∈ N, on a
 π  π
φ(n) (x) = cos x + n et φ(n) (0) = cos n .
2 2
Ce qui donne 
(n) 0, si n = 2p + 1
φ (0) = p
(−1) , si n = 2p
Ainsi
x2 x2n
cos x = 1 − + ... + (−1)p + x2p+1 ε(x).
2! (2n)!
Exemple 58. La fonction x 7→ ln x n’est pas définie au point 0 et ne peut avoir un
développement au voisinage de 0. Toutefois, on peut appliquer la formule de Taylor-
Young à la fonction f (x) = ln(x + 1) au voisinage de 0. Ainsi
(
(n−1)!
(−1)n−1 (1+x)n, si x 6= 0
f (n) (x) = n−1
(−1) (n − 1)!, si x = 0
Donc
x2 x3 xn
ln(1 + x) = x − + − ... + (−1)n−1 + xn ε(x).
2 3 n
Définition 52. Soient f ∈ F (I, K) et n ∈ N. L’écriture

f (x) = a0 + a1 x + ... + an xn + xn ε(x)

lorsque x → 0, est dite développement limité d’ordre n de f au voisinage de zéro.

Cette définition impose les remarques suivantes:

1. Le développement limité d’une fonction à un ordre quelconque, lorsqu’il existe


sur un intervalle,est unique.

2. Si la fonction f admet un développement limité d’ordre n, alors elle admet un


développement au voisinage de 0 d’ordre p avec 0 ≤ p ≤ n.

3. Si la fonction f est paire (resp. impaire), les coefficients d’indice impair a2k+1
(resp a2k , k ∈ N+ ), sont nuls. Remarquer, par exemple, le développement de
x 7→ cos x (resp. x 7→ sin x).

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La formule de Taylor-Young nous permet d’écrire le développement limité des fonc-


tions usuelles. Toutefois, si une fonction dont les dérivées sont difficile à compiler au
voisinage de l’origine, il est conseillé de l’écrire sous forme de fonctions élémentaires
et d’appliquer les opérations sur les développements limités.

Exemple 59. La formule de McLaurin avec reste de Young, nous donne au voisinage
de 0, les développements limités suivants

α α(α − 1) 2 α(α − 1)(α − 2)...(α − n + 1) n


(1 + x)α = 1 + + x + ... + x + xn ε(x).
1! 2! n!
Si α = −1, 21 , − 12 , on obtient respectivemet les développements

1
= 1 − x + x2 − x3 + ... + (−)n xn + xn ε(x)
x+1
√ 1 1 1 × 3 × 5 × ... × (2n − 3) n
1 + x = 1 + x − x2 + ... + (−1)n−1 x + xn ε(x)
2 8 2 × 4 × 6 × ... × (2n)
1 1 3 1 × 3 × 5 × ... × (2n − 1) n
√ = 1 − x + x2 + ... + (−1)n x + xn ε(x).
1+x 2 8 2 × 4 × 6 × ... × (2n)

De même, on a

x3 x5 x7 x2n+1
arctan x = x − + − + ... + (−1)n + x2n+2 ε(x)
3 5 7 2n + 1
1 1 × 3 × 5 × ... × (2n − 1) x2n+1
arcsin x = x + x3 + ... + + x2n+2 ε(x)
6 2 × 4 × 6 × ... × (2n) 2n + 1

Remarque 31. Malgré la connexion étroite entre les développements limités et les
séries de Taylor, on prendra soin de signaler la différence entre les deux notions.
La série de Taylor comporte une infinité de terme et donne la valeur de la fonction
dans un intervalle de convergence. Par contre le développement limité ne comporte
qu’un nombre fini de termes et donne le renseignement que quand la variable tend
vers 0.

4.4 Opérations sur les développements limités


Soient f, g ∈ F (I, K) deux fonctions dont les développements limités sont

f (x) = a0 + a1 x + ... + an xn + xn ε1 (x)


g(x) = b0 + b1 x + ... + bn xn + xn ε2 (x)

avec lim εi = 0, i = 1, 2.
x→0

Somme et produit

• Le développement de la somme f (x) + g(x) est

f (x) + g(x) = (a0 + b0 ) + (a1 + b1 )x + (a2 + b2 )x2 + ... + (an + bn )xn + xn ε0 (x)

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avec ε0 = ε1 (x) + ε2 (x) et lim ε0 (x) = 0.


x→0
• Le produit admet le développement suivant

f (x)g(x) = a0 b0 + (a0 b1 + a1 b0 )x + ... + (a0 bn + ... + an b0 )xn + xn ε00 (x)

0ù lim ε00 (x) = 0.


x→0

Exemple 60. le développement à l’ordre 6 de x 7→ tan2 x est


x3 x5 x7 x3 x5 x7
  
2 7 7
tan x = x + + 2 + 17 + x ε(x) x+ + 2 + 17 + x ε(x)
3 15 315 3 15 315

x4 x6
tan2 (x) = x2 + 2 + 17 + x6 ε(x).
3 45
En fait, la fonction x 7→ tan2 x est une fonction paire et alors toutes les puissances
impaires disparaissent. On a effectué les produits des monômes de degré inférieure
ou égal à 3.
Quotient
On suppose que b0 = g(0) 6= 0 et que les fonctions f et g ∈ F (I, K) admettent
respectivement au voisinage de 0 les développements limités d’ordre n suivants

f (x) = A(x) + xn ε1 (x) et g(x) = B(x) + xn ε(x)

avec lim εi = 0, i = 1, 2. Pour trouver le développement limité du quotient fg(x)


(x)
,
x→0
on effectue la division euclidienne de A par B suivants les puissances croissantes
jusqu’à l’ordre n. On obtient ainsi deux polynômes Q et R avec d0 Q ≤ n tel que

A(x) = B(x)Q(x) + xn+1 R(x).

Et alors
f (x)g(x) = Q(x) + xn ε(x), lim ε(x) = 0.
x→0

Exemple 61. Soit la fonction f (x) = sinx x définie sur l’intervalle ] − π, 0[∪]0, +π[.
Cherchons son déveleppement à l’ordre 6 au voisinage de 0. Le développment limité
de sin x nous donne
1
f (x) = x2 x4 x6
1− 3!
+ 5!
− 7!
+ x6 ε(x)
= 1 − u(x) + u2 (x) − u3 (x) + x6 ε(x)

avec
x2 x4 x6
u(x) = − + − + x6 ε(x).
3! 5! 7!
En fait, on a effectué la division euclidienne de 1 par 1 + u(x). D’où

x x2 x4 x6
f (x) = =1+ +7 + 31 + x6 ε(x).
sin x 6 360 15120

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Composition

Supposons que f (0) = 0 c’est à dire que lim f (x) = 0 et que


x→0

f (x) = a1 x + a2 x2 + ... + an xn + xn ε(x), lim ε(x) = 0.


x→0

Alors
g(f (x)) = b0 + b1 f (x) + ... + bn [f (x)]n + [f (x)]n ε(f (x)).
Cette expression est une somme de fonctions qui admettent des développements
limités au voisiange de 0 à l’ordre n, elle a un sens puisque
Exemple 62. Soit à développer la fonction composée f (x) = sin(ln(1 + x)) à l’ordre
3 au voisinage de 0. Quand x tend vers 0, ln(1 + x) tend vers 0. Le développement
limité de sin(ln(1+x)) au voisinage de 0 se ramène donc à celui de sin u au voisinage
de 0. Considérons d’abord u = ln(1 + x). Au voisinage de x = 0, on a

x2 x3
u = ln(1 + x) = x − + + x3 ε(x).
2 3
On voit que si x tend vers 0, alors u tend vers 0. Considérons ensuite léxpression
3
y = sin u. Au voisinage de 0, on a sin u = u − u6 + u3 ε(u). En remplaçant u par sa
valeur, on trouve
x 2 x3
sin(ln(1 + x)) = x − + + x3 ε(x).
2 6

Exemple 63.  πDéveloppement limité
√ à l’ordre 2 de cos x au voisinage de 0. Sur
l’intervalle − 2 , π2 , cette fonction cos x est définie. Or


u2
cos x = u + + uε(u).
2
2 √
avec u = − x2 . Le développement de cos x se présente comme celui d’une fonction
composée. Ainsi
√ √
cos x = 1+u
u2
= 1+ + uε(u)
2
x2
= 1− + x2 ε(x).
4

4.5 Développements limités généralisés


Au lieu de considérer des fonctions définies dans un intervalle admettent 0 pour point
intérieur, on peut considérer des fonctions définies dans un intervalle admettant 0
pour extrémité. De telle fonctions peuvent admettre des développements limités au
voisinage de 0.
Supposons que l’intervalle I contient 0 et soit f ∈ F (I, K) telle que lim f (x) =
x→0
±∞. Alors f n’admet certainement pas de développements limités au voisinage de

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O. mais il se peut que xk f (x), k ∈ N, tende vers une limite finie a0 quand x tend
vers 0. Ainsi, la fonction g définie par
 k
6 0
x f (x), si x =
g(x) =
a0 , si x = 0

admet un développement limité au voisinage de 0 de la forme

g(x) = a0 + a1 x + ... + an xn + xn ε(x), lim ε(x) = 0.


x→0

Alors

f (x) = a0 xk + a1 xk−1 + ... + an xk−n + xk−n ε(x), lim ε(x) = 0.


x→0

On dit que f admet un développement généralisé ou asymptotique au voisinage de


0.
1
Exemple 64. La fonction x 7→ tan x
est définie pour x 6= 0. Dans ce cas, elle s’écrit
2
1 cos x 1 − x2 + x3 ε(x)
= = x3
+ x4 ε(x).
tan x sin x x− 6

Donc
x2
x 1− + x3 ε(x) x 2 x4
= 2
x2
=1− + + x3 ε(x)
tan x 1− 6
+ x3 ε(x) 3 24
1
Ce qui donne le développement généralisé de la fonction x 7→ tan x

1 1 x
= − + x2 ε(x) lim ε(x) = 0.
tan x x 3 x→0

On peut aussi développer les fonctions au voisinage de ±∞, en se ramenant au


cas étudié plus haut par le changement de variable y = x1 .
√ √
Exemple 65. Développons la fonction f (x) = 3 1 + x − 3 x lorsque x tend vers
+∞ On pose x = y1 , ce qui donne
  r r
1 1 1
f = 3
1+ − 3
y y y
r r 
1 3 1
= 3
1+ −1
y y
 
− 13 1
= y 1 + y + yε(y) − 1
3
1 2
= y 3 (1 + 3ε(y))
3    
1 1 1 1
= 2 − 2 ε , lim ε = 0.
3x 3 x3 x x→+∞ x

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Exemple

66. Développons la fonction suivante lorsque x → +∞ à l’ordre 3 f (x) =
1+x2 arctan x
x
e .
Posons u = x1 qui tend vers 0+ . La fonction f s’écrit
√ 1
f (u) = 1 + u2 earctan( u ) .
Puisque  
1 π
∀u > 0, arctan u + arctan = .
u 2
Donc √
π
f (u) = e 2 1 + u2 earctan(−u) .
Or
√ 1
1 + u2 = 1 + u2 + ε(u3 ).
2
u3 3
et puisque arctan(−u) = −u + 3 + ε(u ), il vient que
1 1
earctan(−u) = 1 − u + u2 + u3 + ε(u3 ).
2 6
Ainsi, on a le développement asymptotique de f au voisinage de +∞
  
π 1 1 1 1
f (x) = e 2 1 − + 2 + 3 + ε .
x x 3x x3
Si le développement asymptotique de la fonction f est de la forme
   
c 1 1
f (x) = ax + b + n + ε n
, lim ε = 0, c ∈ R∗
x x x→±∞ xn
La courbe (Cf ) représentative de f admet comme asymptote la droite au voisinage
de l’infini, la droite d’équation y = ax + b. La position de la courbe par rapport à
cette asymptote est donn´ee par le terme xcn . Remarquons que les coefficients a et b
sont donnés par
f (x)
a = lim et b = lim [f (x) − ax].
x→±∞ x x→±∞
p 1
Exemple 67. Soit la fonction f (x) = e x(x + 2). Déterminons son asymptote
x

sous la forme y = ax + b. On a
r
f (x) 1 2
a = lim = lim e x 1 + = 1.
x→+∞ x x→+∞ x
D’autre part
"r #
1 2
[f (x) − x] = xe x 1+ −1
x
1 u h√ i 1
= e 1 + 2u − 1 u=
u  x
u2 u2
 
2 2
= 1+u+ + ε(u ) 1+u− + ε(u ) − 1
2 8
11
= 2 + u + ε(u2 ).
8

86 Document en cours de rédaction


U.S.T.T.B Année Universitaire 2021-2022
Faculté des Sciences et Techniques

Ce qui donne b = 2. L’équation de l’asymptote est alors y = x + 2.


La position de cette asymptote par rapport à la courbe (Cf ) est donné par le
signe de  
11 1
f (x) − (x + 2) = x + ε .
8 x
Ainsi, pour x ≥ 0 la courbe (Cf ) est au dessus de son asymptote. Lorsque x tend
vers −∞ la courbe (Cf ) admet la droite d’équation y = −x − 2 comme asymptote
et que la courbe (Cf ) se trouve au dessus de cette asymptote, comme on peut le voir
en procédant de même façon qu’au voisinage de +∞.

Les limites difficiles se présentent en général sous forme indéterminées, les développements
limtés fournissent un outil efficace pour les calculer. Il s’agit de remplacer chaque
terme par son développememnt limité et appliquer ensuite les règles de calcul sur
les développements limités.

87 Document en cours de rédaction


1. Cours et exercises avec solutions Licence 1ère Année Analyse (François Liret-
Dominique Martinais) Dunod

2. Chemins vers l’analyse Tome 1 Mathétiques superieures Premier cycle univer-


sitare Vuibert.

3. Exercices d’analyse 1er cycle scientifiques 1ère Année préparation aux grande
école (Armand Colin) collection U.

4. Analyse DEUG SM. Rappels de cours, Exercices et problèmes avec solutions


(Philippe Pilibossiaux-Jean Pierre Lacoutre) Dunod.

5. Exercices resolus d’analyse (Pelong-Ferrand)

6. Analyse- Géométrie 1ère Année Précis de Mathématiques Cours et Exercices


resolus D.Guinin-B.Joppin

7. Brochure (Agaly Dicko) FST


Bibliography

[1] Abdoulaye Samaké, Pierre Rampal, Sylvain Bouillon, and Einar Olason. Par-
allel implementation of a lagrangian-based model on an adaptive mesh in c++:
Application to sea-ice. Journal of Computational Physics, 350:84–96, 2017.

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