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Analyse à plusieurs variables

ESILV Année 2

Didier Gossard et Marie-Noémie Thai


L'analyse à plusieurs variables est un module fusionnant le calcul diérentiel et l'analyse vec-
torielle. Le calcul diérentiel est un sujet techniquement délicat à cause de ses notations. Ce n'est
pas vraiment une théorie, c'est plutôt un outil ; pour en apprécier l'ecacité il faut le mettre en
situation.

Les fondements du calcul diérentiel, l'introduction de la notion de dérivée, les règles opéra-
toires sur les dérivées et le lien entre intégration et dérivation conçues comme opérations inverses
l'une de l'autre remontent au dix-septième siècle et principalement à Newton (1642-1727) et à
Leibniz (1647-1716). C'est ce dernier mathématicien qui introduit la notation dy/dx dénissant
la dérivée d'une fonction y .

Le théorème de Rolle (1652-1719) date de 1691 et la règle de l'Hospital de 1696. Taylor


(1685-1731) énonce en 1715 la formule qui porte son nom. Les formules de Taylor avec reste
de Lagrange et reste intégral apparaissent chez Lagrange (1736-1813) démontrées de manière
rigoureuse.

Le calcul diérentiel à plusieurs variables apparaît au cours de la première moitié du XVIIIème


siècle. En liaison avec des problèmes physiques (mécanique, hydrodynamique) apparaissent les
premières équations aux dérivées partielles. En 1743, d'Alembert (1717-1783) étudie l'équa-
tion
 2 des oscillations d'une chaîne pesante. En 1746, il écrit l'équation des cordes vibrantes
∂2y

∂ y
= qu'il résout quelques années plus tard.
∂t2 ∂x2
Laplace (1749-1827), à la suite de ses travaux en astronomie, s'intéresse aussi aux équations
aux dérivées partielles et tente une première théorie des équations linéaires du second ordre.

Tout au long du XIXème siècle, les mathématiciens contribueront à clarier le calcul dié-
rentiel et à lui donner sa vigueur moderne, tandis que l'étude des équations diérentielles et aux
dérivées partielles reste toujours d'actualité.

Sources :
1. Calcul Diérentiel et intégral, François LAUDENBACH, ed. Les éditions de l'école Poly-
technique
2. Calcul Diérentiel, Danièle LINO et Bernard RANDE, Techniques de l'ingénieur

1
Table des matières
1 Généralités 4
1.1 Calcul vectoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.1 Grandeur scalaire : fonction, champ scalaire . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.2 Grandeur vectorielle : champ vectoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.3 Composante d'un vecteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.4 Trièdre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.5 Module et direction d'un vecteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.6 Produit scalaire, produit vectoriel et produit mixte . . . . . . . . . . . 7
1.2 Systèmes de coordonnées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.1 Systèmes de coordonnées cartésiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.2 Systèmes de coordonnées cylindriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2.3 Systèmes de coordonnées sphériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2 Continuité des fonctions à plusieurs variables 19
2.1 Éléments de topologie sur Rn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.1.1 Normes et distances sur Rn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.1.2 Boules, Voisinages, Ouverts et fermés . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3 Notion de diérentielle 26
3.1 Dérivées partielles premières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.1.1 Dérivées partielles premières : fonctions de 2 variables . . . . . . . . . 27
3.1.2 Dérivées partielles premières : fonctions à n variables . . . . . . . . . . 29
3.1.3 Fonctions de classe C 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.2 Notion de diérentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4 Diérentiabilité et Opérateurs diérentiels 40
4.1 Diérentiabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
4.2 Opérateurs diérentiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
4.2.1 Gradient et matrice jacobienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
4.2.2 Divergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
4.2.3 Rotationnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
4.2.4 Nabla . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
4.2.5 Potentiel scalaire, potentiel vecteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
4.3 Diérentielle d'une fonction composée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
5 Dérivées partielles d'ordre supérieur et extremums locaux 57
5.1 Dérivées d'ordre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
5.2 Fonctions de classe C k , k ≥ 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.3 Théorème de Schwarz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.4 Extrema locaux : Optimisation sans contraintes . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
6 Intégrales multiples 69
6.1 Intégrales doubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
6.1.1 Intégrales doubles sur un rectangle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
6.1.2 Propriétés des intégrales doubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
6.1.3 Théorème de Fubini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
6.1.4 Changement de variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
6.2 Intégrales triples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

2
6.2.1 Théorème de Fubini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
6.2.2 Changement de variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
7 Intégrales curvilignes 83
7.1 Circulation d'un champs de vecteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
7.2 Formule de Green-Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
8 Intégrales de surface 89
8.1 Surface paramétrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
8.2 Flux d'un champ de vecteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
8.3 Théorèmes intégraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
8.3.1 Théorème de Stokes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
8.3.2 Théorème de Green-Ostrogradsky . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

3
1 Généralités
1.1 Calcul vectoriel
Le calcul vectoriel ou l'analyse vectorielle est une branche des mathématiques qui étudie les
champs de scalaires et de vecteurs. Son importance provient de son utilisation en physique et
dans les sciences de l'ingénieur.

Dans cette partie, on suppose n > 1

1.1.1 Grandeur scalaire : fonction, champ scalaire


Une grandeur physique scalaire est dénie en tout point de l'espace au moyen d'un nombre
indépendamment de toute direction.

Dénition: Fonction scalaire


Soit A ⊆ Rn , on appelle fonction scalaire ou champ scalaire sur A, toute application de
A dans R :
f: A → R
(x1 , x2 , . . . , xn ) 7→ f (x1 , x2 , . . . , xn ).

Exemples :
1.
f: R3 → R
(x, y, z) 7→ f (x, y, z) = x3 + xey − sin(y − z)
2.
g : R∗+ × R∗ → R
1
(x, y) 7→ g(x, y) = ln(x) +
y2

Remarque:
Le temps, la masse, la pression, l'énergie cinétique, la température, le volume, la charge
électrique sont des grandeurs scalaires. On peut les additionner, soustraire, multiplier, les
diviser,...

1.1.2 Grandeur vectorielle : champ vectoriel


Dénition: Champ vectoriel
Soit A ⊆ Rn . On appelle champ vectoriel toute application de A dans Rm , (m > 1) :

~ :
V A → Rm
(x1 , x2 , . . . , xn ) 7→ (V1 (x1 , x2 , . . . , xn ), V2 (x1 , x2 , . . . , xn ), . . . , Vm (x1 , x2 , . . . , xn ))

avec pour tout i ∈ {1, . . . , m}, Vi des fonctions scalaires.

4
Exemples :
1.
~ :
V R3 → R2
(x, y, z) 7→ (x + y, y − z)
2.
~ :
U R2 → R4
(x, y) 7→ (x, xy, sin(x + y), 1 − x)

Remarque:
Le champ électrique, la vitesse d'un mobile, son accélération, la force agissant sur un mobile,
la variation de température ou de pression sont des grandeurs vectorielles.

1.1.3 Composante d'un vecteur


On considère un espace E à trois dimensions muni d'un repère orthonormé R = (O,~i, ~j, ~k)
où O est un point de l'espace (origine du repère) et (~i, ~j, ~k) une base orthonormée de E ,
autrement dit, ~i, ~j, ~k sont des vecteurs unitaires, linéairement indépendants et perpendiculaires
entre eux.

Dénition: Composante d'un vecteur


Pour tout vecteur ~u de E , il existe un unique triplet (α, β, γ) ∈ R3 tel que :

~u = α~i + β~j + γ~k.

Les réels α, β , et γ sont appelés composantes ou coordonnées de ~u dans la base (~i, ~j, ~k).
Remarque:
On déduit que : Pour tout point A de E , il existe un unique triplet (x, y, z) ∈ R3 tel que
−→
OA = x~i + y~j + z~k . Les réels x, y , et z sont appelés coordonnées de A dans le repère
(O,~i, ~j, ~k).

1.1.4 Trièdre

Figure 1  Trièdre direct

5
Par convention, un trièdre direct est construit sur la base de 3 vecteurs unitaires ~i, ~j, ~k en
dirigeant ~i selon l'index, ~j selon le majeur et ~k selon le pouce de la main droite (Figure 1) .

Remarque:
On peut passer d'un trièdre direct vers un autre trièdre direct moyennant des rotations autour
d'un axe quelconque.
Il est impossible de passer d'un trièdre direct vers un trièdre indirect à travers des rotations
physiques. En eet, pour passer d'un trièdre direct vers un trièdre indirect on doit inverser la
direction d'un des axes sans changer les autres. C'est une opération dite non-physique !

1.1.5 Module et direction d'un vecteur


Une grandeur physique vectorielle est dénie par :
1. sa longueur (module, norme)
2. sa direction (droite portant le vecteur)
3. son sens de parcourir la direction

Dénition: Module, Norme


Le module, la norme (dite euclidienne) ou la longueur d'un vecteur ~u = α~i + β~j + γ~k est
donné par : p
k~uk = α2 + β 2 + γ 2 .
Autrement dit, si (~i, ~j, ~k) est la base canonique de E , la norme est une application de E à
valeurs dans R+ dénie par :

k·k: E → R
p+
(α, β, γ) 7→ α2 + β 2 + γ 2

Un vecteur est dit unitaire s'il est de norme 1.


Dénition: Direction
Le vecteur unitaire ~v indiquant la direction (et le sens) d'un vecteur ~u = α~i + β~j + γ~k est
donné par :

~u α ~i + p β ~j + p γ ~k
~v = =p
k~uk α2 + β 2 + γ 2 α2 + β 2 + γ 2 α2 + β 2 + γ 2

tel que ~u = k~uk ~v .

6
1.1.6 Produit scalaire, produit vectoriel et produit mixte
Dénition: Produit scalaire

1. Avec les coordonnées des vecteurs


Soit ~u et ~v deux vecteurs de E tels que ~u = α1~i + β1~j + γ1~k et ~v = α2~i + β2~j + γ2~k .
Alors le produit scalaire de ~u par ~v est le scalaire donné par :

~u · ~v = α1 α2 + β1 β2 + γ1 γ2 .

2. Avec la norme des vecteurs et l'angle qu'ils forment


Soit ~u et ~v deux vecteurs non nuls de E . Alors le produit scalaire de ~u par ~v est le
scalaire donné par :
~u · ~v = k~uk k~v k cos(θ),
où θ ∈ [0, π] est le plus petit angle entre ~u et ~v .

Remarque:
k~v k cos(θ) représente la valeur du projeté de ~v sur ~u.

Figure 2  M K = k~vk cos(θ)

Remarques:

ˆ Le produit scalaire est bilinéaire symétrique. Autrement dit, pour tous réels λ1 et λ2 ,
pour tous vecteurs ~u, ~u1 , ~u2 , ~v , ~v1 , ~v2 :

~u · (λ1~v1 + λ2~v2 ) = λ1 ~u · ~v1 + λ2 ~u · ~v2

(λ1 ~u1 + λ2 ~u2 ) · ~v = λ1 ~u1 · ~v + λ2 ~u2 · ~v


~u · ~v = ~v · ~u

ˆ Pour tout vecteur ~u,


k~uk2 = ~u · ~u.

7
Dénition: Orthogonalité
Deux vecteurs sont orthogonaux si leur produit scalaire est nul.

En physique, chaque vecteur représente une grandeur physique et sa valeur (la norme du
vecteur) a donc une unité. Leur produit scalaire représente une autre grandeur physique,
dont la valeur a une autre unité.

Exemple : Le produit scalaire d'un vecteur-force et d'un vecteur déplacement est un travail :
−−→
WAB (F~ ) = F~ · AB

avec
ˆ F~ : Vecteur-force dont la valeur est en Newton (N)
−−→
ˆ AB : Vecteur-déplacement dont la valeur est en mètre (m)
ˆ WAB (F~ ) : Travail en N.m (joule)

8
Dénition: Produit vectoriel

1. Avec les coordonnées des vecteurs


Soit ~u et ~v deux vecteurs de E tels que ~u = α1~i + β1~j + γ1~k et ~v = α2~i + β2~j + γ2~k .
Alors le produit vectoriel de ~u par ~v est le vecteur dont les composantes dans la
base orthonormée (~i, ~j, ~k) sont :
       
α1 α2 β1 γ2 − γ1 β2 β1 γ2 − γ1 β2
~u ∧ ~v =  β1  ∧  β2  = -(α1 γ2 − γ1 α2 ) =  α2 γ1 − γ2 α1 
γ1 γ2 α1 β 2 − β 1 α2 α1 β2 − β1 α2

2. Avec la norme des vecteurs et l'angle qu'ils forment


Soit ~u et ~v deux vecteurs non nuls de E . Alors le produit vectoriel de ~u et ~v est le
vecteur perpendiculaire au plan contenant ~u et ~v, déni par :

~u ∧ ~v = k~uk k~v k sin(θ) w,


~

où θ ∈ [0, π] est le plus petit angle entre ~u et ~v et w


~ est le vecteur unitaire perpendi-
culaire au plan contenant les deux vecteurs ~u et ~v (Figure 3).

Figure 3  Produit vectoriel ~u ∧ ~v

9
Remarques:

ˆ Le vecteur résultant d'un produit vectoriel peut-être obtenu par la technique du dé-
terminant :
~i ~j ~k


β1 γ1 α1 γ1 α1 β1
~ ~ ~k

~u ∧ ~v = α1 β1 γ1 = +
i − j +
α2 β2 γ2 β 2 γ2 α2 γ2 α2 β2

ˆ Le produit vectoriel est bilinéaire antisymétrique. Autrement dit, pour tous réels λ1 et
λ2 , pour tous vecteurs ~u, ~u1 , ~u2 , ~v , ~v1 , ~v2 :

~u ∧ (λ1~v1 + λ2~v2 ) = λ1 ~u ∧ ~v1 + λ2 ~u ∧ ~v2

(λ1 ~u1 + λ2 ~u2 ) ∧ ~v = λ1 ~u1 ∧ ~v + λ2 ~u2 ∧ ~v


~u ∧ ~v = −~v ∧ ~u

ˆ Deux vecteurs sont colinéaires si et seulement si leur produit vectoriel est nul.

Proposition:
Si θ est le plus petit angle entre deux vecteurs ~u et ~v , alors :

k~u ∧ ~v k = k~uk k~v k | sin(θ)|,

est une mesure de surface délimitée par ~u et ~v .

Exemples :
1. L'aire du parallélogramme construit sur les deux vecteurs non colinéaires ~u et ~v est égale
à la norme de leur produit vectoriel.
2. L'aire d'un triangle (ABC) est égale à :

1 −−→ −→ 1 −−→ −−→ 1 −→ −−→



Aire(ABC) = AB ∧ AC = BC ∧ BA = CA ∧ CB
2 2 2

Dénition: Produit mixte


Soit ~u, ~v et w
~ trois vecteurs de E . Le produit mixte de ~u, ~v, w~ est donné par le scalaire :

V = (~u ∧ ~v ) · w
~

10
Remarques:

ˆ Le produit mixte est invariant par permutation circulaire, autrement dit :

(~u ∧ ~v ) · w ~ ∧ ~u) · ~v = (~v ∧ w)


~ = (w ~ · ~u

ˆ Le produit mixte est antisymétrique, c'est-à-dire qu'il est multiplié par -1 lorsque l'on
échange deux vecteurs.

Dénition: Double produit vectoriel


~ trois vecteurs de E . Le double produit
Soit ~u, ~v et w vectoriel de ~u, ~v, w~ est le vecteur
déni par :
~ = ~u ∧ (~v ∧ w)
D ~
Formule de Gibbs :
~ = (~u · w)~
D ~ v − (~u · ~v )w
~

1.2 Systèmes de coordonnées


Dans cette partie, on considère un espace E muni d'un repère orthonormé R = (O, ~ex , ~ey , ~ez )
où O est un point de l'espace (origine du repère) et (~ex , ~ey , ~ez ) une base orthonormée directe
de E , autrement dit :
ˆ k~ex k = k~ey k = k~ez k = 1 (vecteurs
unitaires )
ˆ ∀i 6= j, ~ei · ~ej = 0 (vecteurs orthogonaux deux à deux )
ˆ ~ex ∧ ~ey = ~ez (trièdre direct ).

1.2.1 Systèmes de coordonnées cartésiennes


Dénition: Coordonnées cartésiennes
Étant donné un point M de l'espace E , on appelle système de coordonnées cartésiennes de
M par rapport au repère R, tout triplet (x, y, z) ∈ R3 tel que :
−−→
OM = x ~ex + y ~ey + z ~ez (1)
−−→
Le vecteur OM est appelé vecteur position et les réels x, y, z les coordonnées carté-
siennes de M .
11
Figure 4  Coordonnées cartésiennes (x, y, z) : −−→
OM = x~ex + y~ey + z~ez .

Le système de coordonnées cartésiennes est utile dans l'étude de mouvement rectiligne. Il


existe des situations physiques (rotations en mécanique, calcul du champ électrique en élec-
trostatique, magnétostatique, mécanique des uides,. . . ) où l'utilisation de ce système s'avère
inutilement complexe. Il a fallu s'intéresser à d'autres systèmes de coordonnées an de faciliter
l'étude de ces situations. Dans ce qui suit on abordera deux autres systèmes de coordonnées, à
savoir : les systèmes de coordonnées cylindriques et sphériques.

1.2.2 Systèmes de coordonnées cylindriques


Les coordonnées cylindriques sont dénies à partir d'un repère cartésien Oxyz dont l'axe Oz
est privilégié. Soit M un point de coordonnées cartésiennes (x, y, z). On dénit :
ˆ H la projection de M sur le plan xOy
−−→
ˆ r = kOHk la distance de M à l'axe Oz
−−→
ˆ θ l'angle entre l'axe Ox et l'axe correspondant à la projection de M sur xOy : θ = (~ex , OH)
−−→
ˆ z la hauteur au dessus du plan xOy : z = OM · ~ez
avec
r ∈ [0, +∞[, θ ∈ [0, 2π], z∈R

Dénissons trois vecteurs unitaires ~er , ~eθ et ~ez , orthogonaux deux à deux, dirigés dans le sens
de la variation des coordonnées (voir gure 5) tels que :

~er ∧ ~eθ = ~ez ; ~eθ ∧ ~ez = ~er ; ~ez ∧ ~er = ~eθ

Alors (~er , ~eθ , ~ez ) est une base orthonormée directe et (M, ~er , ~eθ , ~ez ) est un repère orthonormé
directe.

12
Figure 5  Coordonnées cylindriques (r, θ, z) : −−→
OM = r ~er + z ~ez .

Dénition: Coordonnées cylindriques


Étant donné un point M de l'espace E , on appelle système de coordonnées cylindriques de M
par rapport au repère R, tout triplet (r, θ, z) ∈ R3 tel que :
−−→
OM = r ~er + z ~ez (2)
Les réels r, θ, z sont les coordonnées cylindriques de M .

13
Remarques:
On peut exprimer :
ˆ les coordonnées cartésiennes en fonction des coordonnées cylindriques :
−−→
x = OH · ~ex = r cos θ
−−→
y = OH · ~ey = r sin θ
z=z

Pour exprimer les coordonnées x et y du point M , considérons sa projection H dans


le plan xOy . Ainsi, la gure 6 montre que la coordonnée x selon Ox et la coordonnée
y selon Oy du point M sont les projetés orthogonaux du point H sur les axes Ox et
Oy respectivement.
ˆ les vecteurs (~er , ~eθ , ~ez ) en fonction des vecteurs (~ex , ~ey , ~ez ) :

~er = cos θ ~ex + sin θ ~ey


~eθ = − sin θ ~ex + cos θ ~ey
~ez = ~ez

Notons que le vecteur ~ez est identique en coordonnées cartésiennes et coordonnées


cylindriques et la matrice P donnée par :
 
cos θ − sin θ 0
P =  sin θ cos θ 0
0 0 1

est la matrice de passage de la base (~ex , ~ey , ~ez ) à la base (~er , ~eθ , ~ez ).

On remarquera que P est inversible (puisque det (P ) = 1 6= 0) et P −1 , matrice de


passage de la base (~er , ~eθ , ~ez ) à la base (~ex , ~ey , ~ez ), est donnée par :
 
cos θ sin θ 0
P −1 = − sin θ cos θ 0
0 0 1

Figure 6  Coordonnées cylindriques dans le plan xOy.

Cherchons à présent à exprimer un vecteur en coordonnées cylindriques en un vecteur en


~ dans la base (~er , ~eθ , ~ez ).
coordonnées cartésiennes. Soit (Vr , Vθ , Vz ) les coordonnées d'un vecteur V

14
Alors :
~ = Vr ~er + Vθ ~eθ + Vz ~ez
V
= Vr (cos θ ~ex + sin θ ~ey ) + Vθ (− sin θ ~ex + cos θ ~ey ) + Vz ~ez
= (Vr cos θ − Vθ sin θ) ~ex + (Vr sin θ + Vθ cos θ) ~ey + Vz ~ez

~ dans la base (~ex , ~ey , ~ez ), on a par identica-


En notant (Vx , Vy , Vz ) les coordonnées du vecteur V
tion (et en se souvenant qu'un vecteur se décompose de façon unique dans une base donnée) :

Vx = Vr cos θ − Vθ sin θ
Vy = Vr sin θ + Vθ cos θ
Vz = Vz
ce qui s'écrit encore sous forme matricielle :
    
Vx cos θ − sin θ 0 Vr
Vy  =  sin θ cos θ 0 Vθ 
Vz 0 0 1 Vz
| {z }
=P

1.2.3 Systèmes de coordonnées sphériques


Soit M un point de coordonnées cartésiennes (x, y, z). On dénit :
ˆ H la projection de M sur le plan xOy
−−→
ˆ r = kOM k la distance de M à l'origine
−−→ −−→
ˆ θ l'angle entre l'axe Oz et le vecteur OM : θ = (~ez , OM )
ˆ ϕ l'angle entre l'axe Ox et l'axe correspondant à la projection de M sur xOy :
−−→
ϕ = (~ex , OH)
avec
r ∈ [0, +∞[, θ ∈ [0, π], ϕ ∈ [0, 2π[

Dénissons trois vecteurs unitaires ~er , ~eθ et ~eϕ , orthogonaux deux à deux, dirigés dans le sens
de la variation des coordonnées (voir gure 7) tels que :
~er ∧ ~eθ = ~eϕ ; ~eθ ∧ ~eϕ = ~er ; ~eϕ ∧ ~er = ~eθ
Alors (~er , ~eθ , ~eϕ ) est une base orthonormée directe et (M, ~er , ~eθ , ~eϕ ) est un repère orthonormé
directe.

Dénition: Coordonnées sphériques


Étant donné un point M de l'espace E , on appelle système de coordonnées sphériques de M
par rapport au repère R, tout triplet (r, θ, ϕ) ∈ R3 tel que :
−−→
OM = r ~er . (3)
Les réels r, θ, ϕ sont les coordonnées sphériques de M .

15
Figure 7  Coordonnées sphériques (r, θ, ϕ) : −−→
OM = r ~er .

Remarques:

16
On peut exprimer :
ˆ les coordonnées cartésiennes en fonction des coordonnées sphériques :

x = r sin θ cos ϕ
y = r sin θ sin ϕ
z = r cos θ

ˆ les vecteurs (~er , ~eθ , ~eϕ ) en fonction des vecteurs (~ex , ~ey , ~ez ) :

~er = sin(θ) cos(ϕ) ~ex + sin(θ) sin(ϕ) ~ey + cos(θ)~ez


~eθ = cos(θ) cos(ϕ) ~ex + cos(θ) sin(ϕ) ~ey − sin(θ)~ez
~eϕ = − sin(ϕ)~ex + cos(ϕ)~ey

Notons que le vecteur unitaire ~eϕ est identique vecteur unitaire ~eθ des coordonnées
cylindriques et la matrice P donnée par :
 
sin θ cos ϕ cos θ cos ϕ − sin ϕ
P =  sin θ sin ϕ cos θ sin ϕ cos ϕ 
cos θ − sin θ 0
est la matrice de passage de la base (~ex , ~ey , ~ez ) à la base (~er , ~eθ , ~eϕ ).

On remarquera que P est inversible et P −1 , matrice de passage est de la base (~er , ~eθ , ~eϕ )
à la base (~ex , ~ey , ~ez ), est donnée par :
 
sin θ cos ϕ sin θ sin ϕ cos θ
P −1 = cos θ cos ϕ cos θ sin ϕ − sin θ
− sin ϕ cos ϕ 0

ˆ un vecteur en coordonnées sphériques en un vecteur en coordonnées cartésiennes :


En notant (Vr , Vθ , Vϕ ) les coordonnées d'un vecteur V~ dans la base (~er , ~eθ , ~eϕ ) et
~ dans la base (~ex , ~ey , ~ez ) on a (en se sou-
(Vx , Vy , Vz ) les coordonnées du vecteur V
venant qu'un vecteur se décompose de façon unique dans une base donnée) :
   
Vx Vr
Vy  = P ×  Vθ 
Vz Vϕ

Exemple ~ = 3 cos(θ)~er − 2r~eθ + 5~ez exprimé en coordonnées cylindriques.


: Soit le vecteur V
Exprimons ce vecteur en coordonnées cartésiennes.

On sait que 
 x = r cos θ
y = r sin θ
z=z

17
On en déduit :
p x y
r= x2 + y 2 ; cos(θ) = p ; sin(θ) = p
x2 + y 2 x2 + y 2

ˆ Première méthode : En utilisant le fait que



 ~er = cos θ ~ex + sin θ ~ey
~e = − sin θ ~ex + cos θ ~ey
 θ
~ez = ~ez
on a :
~ = 3 cos(θ)(cos θ ~ex + sin θ ~ey ) − 2r(− sin θ ~ex + cos θ ~ey ) + 5~ez
V
= (3 cos2 (θ) + 2r sin(θ))~ex + (3 cos(θ) sin(θ) − 2r cos(θ))~ey + 5~ez
! !
x2 p y xy p x
= 3 2 + 2 x2 + y 2 p ~ex + 3 2 − 2 x2 + y 2 p ~ey + 5~ez
x + y2 x2 + y 2 x + y2 x2 + y 2
3x2
   
3xy
= + 2y ~ex + − 2x ~ey + 5~ez
x2 + y 2 x2 + y 2

ˆ Deuxième méthode : Soit P la matrice de passage de la base (~ex , ~ey , ~ez ) à la base
(~er , ~eθ , ~ez ). Notons Vx , Vy , Vz les coordonnées de V ~ dans la base (~ex , ~ey , ~ez ) et Vr , Vθ , Vz
les coordonnées de V ~ dans la base (~er , ~eθ , ~ez ) Alors
 
cos θ − sin θ 0
P =  sin θ cos θ 0
0 0 1
et
    
Vx cos θ − sin θ 0 Vr
Vy  =  sin θ cos θ 0 Vθ 
Vz 0 0 1 Vz
  
cos θ − sin θ 0 3 cos(θ)
=  sin θ cos θ 0  −2r 
0 0 1 5
3 cos2 θ + 2r sin θ
 

= 3 cos θ sin θ − 2r cos θ


5

3x 2 
+ 2y
 x2 + y 2 
 3xy
=

 2 2
− 2x
x +y

5
3x2
   
~ 3xy
On en déduit que V = + 2y ~ex + − 2x ~ey + 5~ez .
x2 + y 2 x2 + y 2

18
2 Continuité des fonctions à plusieurs variables
La notion de continuité pour une fonction de plusieurs variables généralise la notion corres-
pondante dans le cas des fonctions d'une seule variable. Pour rappel, en dimension 1, une fonction
est continue en x0 si f (x) s'approche de f (x0 ) lorsque x s'approche de x0 , c'est-à-dire lorsque
|x − x0 | devient petit.

La notion de continuité est associée à celle de limite, cependant en dimension supérieure, les
limites unilatérales (i.e. de la gauche et de la droite) perdent leur sens et sont remplacées par
les nombreuses limites directionnelles possibles. En eet, dès que le domaine se situe dans un
espace à deux dimensions au moins, les chemins qui mènent à un point donné peuvent suivre
divers axes. Ainsi, l'ensemble des points en lesquels une limite peut être considérée, doit être
déni en tenant compte de toutes les possibilités d'accès. Pour cela, il faut dénir une notion de
proximité, autrement dit dénir la distance entre deux points de Rn en introduisant la notion de
norme dans Rn qui généralise la notion de distance dans R.

2.1 Éléments de topologie sur Rn


2.1.1 Normes et distances sur Rn
Dénition: Norme
Soit E un R-espace vectoriel (on utilisera en général E = Rn , n ≥ 1). On appelle norme sur
E , toute application k · k : E → R+ vériant :
1. ∀x ∈ E , kxk = 0 ⇒ x = 0 (Séparabilité)
2. ∀λ ∈ R, ∀x ∈ E, kλxk = |λ| kxk (Homogénéité)
3. ∀x, y ∈ E , kx + yk ≤ kxk + kyk (Inégalité triangulaire)

L'espace (E, k · k) est appelé espace vectoriel normé.


Proposition: Normes classiques sur Rn
Soit x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn , n ≥ 1, et p ∈ R tel que p ≥ 1. Alors
X n
1. kxk1 = |xi |
i=1
n
!1
X 2

2. kxk2 = |xi |2
i=1
n
!1
X p

3. kxkp = |xi |p
i=1
4. kxk∞ = max |xi |
1≤i≤n
sont des normes sur Rn .

19
Remarque:
Nous avons déjà rencontré la notion de norme comme application associée à un produit scalaire
(cf paragraphe 1.1.6). Plus précisément : Pour ~u = (u1 , . . . , un ) ∈ Rn ,

n
!1
√ X 2

k~uk = ~u · ~u = u2i
i=1

On retrouve ainsi la norme k.k2 appelée norme euclidienne sur Rn .

Exercice : Dans R2 , dessinez pour i = 1, i = 2, i = ∞ les ensembles


Di = {(x1 , x2 ) ∈ R2 , k(x1 , x2 )ki ≤ 1}.

Dénition: Distance
Soit E un espace vectoriel normé. On appelle distance sur E , toute application d : E × E →
R+ vériant :
1. ∀x, y ∈ E , d(x, y) = 0 ⇒ x = y (Séparabilité)
2. ∀x, y ∈ E , d(x, y) = d(y, x) (Symétrie)
3. ∀x, y, z ∈ E , d(x, y) ≤ d(x, z) + d(z, y).

L'espace (E, d) est appelé espace métrique.


Remarque:
Un espace normé (E, k · k) dénit un espace métrique (E, d) en posant :

d(x, y) = kx − yk.

2.1.2 Boules, Voisinages, Ouverts et fermés


Dans cette partie, on se place sur Rn muni d'une norme k · k.

Dénition: Boule ouverte, boule fermée


Soit x0 ∈ Rn et r > 0.
1. On appelle boule ouverte de centre x0 et de rayon r l'ensemble
B(x0 , r) = {x ∈ Rn , kx − x0 k < r}.

2. On appelle boule fermée de centre x0 et de rayon r l'ensemble


B(x0 , r) = {x ∈ Rn , kx − x0 k ≤ r}.

20
Dénition: Voisinage
Soit x0 ∈ Rn et soit V une partie de Rn . On dit que V est un voisinage du point x0 s'il
existe une boule ouverte B(x0 , r) inclus dans V .

Dénition: Ouvert, fermé


Soit Ω une partie de Rn . On dit que :
1. Ω est un ouvert de Rn si Ω est un voisinage de chacun de ses points, ie
∀x ∈ Ω, ∃r > 0 tel que B(x, r) ⊂ Ω.

2. Ω est un fermé de Rn si son complémentaire est un ouvert.

Exemple :
1. L'intervalle Ω =] − 1, 1[ est un ouvert de R.
2. L'intervalle Ω =]0, 1] n'est pas ouvert de R.
r r
En eet, pour r > 0, le point y = 1 + ∈ B(1, r) car |y − 1| = < r mais y ∈]0,
/ 1]
2 2
3. L'intervalle [0, 1] est fermé.
4. Une boule ouverte est un ouvert.
5. Une boule fermée est un fermé.

2.2 Continuité
Dans cette partie, on se place sur Rn muni d'une norme k · k.

21
Dénition: Continuité des fonctions à plusieurs variables
Soit D une partie de Rn et soit une fonction f ∈ F(D, R) (l'ensemble des fonctions de D dans
R). On dit que :
1. f est continue en un point a ∈ D si :
∀ > 0, ∃r > 0, ∀x ∈ D, kx − ak < r ⇒ |f (x) − f (a)| < .

Ce qui est équivalent à :

∀ > 0, ∃r > 0, ∀x ∈ D ∩ B(a, r), |f (x) − f (a)| < .

Dans ce cas, on note lim f (x) = f (a).


x→a

2. f est continue sur D si elle est continue en tout point de D.

En particulier, une fonction f dénie sur R2 à valeurs dans R est dite continue en un point
(a, b) ∈ R2 si

∀ > 0, ∃r > 0, ∀(x, y) ∈ R2 , k(x, y) − (a, b)k < r ⇒ |f (x, y) − f (a, b)| < .

Autrement dit, POUR TOUT couple (x, y) qui tend vers (a, b),
lim f (x, y) = f (a, b) ⇔ lim |f (x, y) − f (a, b)| = 0.
(x,y)→(a,b) (x,y)→(a,b)

La notion de limite est indépendante de la norme choisie dans Rn . Autrement dit, la


formulation de la continuité d'une fonction peut s'écrire indiéremment avec l'une quelconque
des normes k · k1 , k · k2 ,k · k∞ . (cf paragraphe 2.1.1).

Interprétation : Pour x, a ∈ D ⊂ Rn ,
|f (x) − f (a)| représente la distance entre les points f (x) et f (a).

Donc dire que


lim f (x) = f (a) ⇔ lim |f (x) − f (a)| = 0
x→a x→a

signie que lorsque x est proche de a en restant dans D, f (x) est proche de f (a).

Lorsque l'on dit que x s'approche de a au sens de la norme Rn , le chemin par lequel x
s'approche de a n'est pas pris en compte. Par exemple, en dimension 2, un point (x, y) peut
s'approcher de (0, 0) d'une innité de façon :
ˆ le long de l'axe horizontal, c'est-à-dire y = 0 et x tend vers 0,

22
ˆ le long de l'axe vertical, c'est-à-dire x = 0 et y tend vers 0,
ˆ le long de la diagonale, c'est-à-dire x = y et tend vers 0,
ˆ le long d'une courbe quelconque, par exemple la parabole y = x2 .

Méthode (Continuité d'une fonction en un point) : Pour montrer qu'une fonction f de


R2 à valeurs dans R est continue en un point (a, b), il sut de trouver une fonction g telle que :
1. Pour tout (x, y) 6= (a, b), |f (x, y) − f (a, b)| ≤ g(x, y)
2. lim g(x, y) = 0.
(x,y)→(a,b)

Exemple : Soit f : R2 → R la fonction dénie par :

x2 + xy

 p si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y 2
si (x, y) = (0, 0)

0

ˆ f est continue sur R2 \ {(0, 0)} comme quotient de fonctions continues.


ˆ En (0, 0).
Première méthode :
x2 + xy
|f (x, y) − f (0, 0)| = p


2
x +y 2
x2 xy
≤ p + p


2
x +y 2 2
x +y 2

Or puisque y 2 ≥ 0,
x2 ≤ x2 + y 2
x2 x2 + y 2 p
Donc p ≤ p = x2 + y 2 .

2
x +y 2 x2 + y 2

Maintenant on a :
1 1
x
|x| = |x2 | 2 ≤ (x2 + y 2 ) 2 ⇒ ≤ 1.

p
2
x +y 2

xy x
D'où p = p |y| ≤ |y|

2
x +y 2 2
x +y 2

On en déduit pour tout (x, y) 6= (0, 0) :


p
|f (x, y) − f (0, 0)| ≤ x2 + y 2 + |y| −→ 0.
(x,y)→(0,0)

Donc f est continue en (0, 0).

Deuxième méthode : p √
x2 + y 2 ≥ x2 = |x|

23
Donc
x2 + |xy|
|f (x, y) − f (0, 0)| ≤ = |x| + |y| −→ 0.
|x| (x,y)→(0,0)

Au voisinage de 0, |x| ≥ x2 !!!

Méthode (Non continuité d'une fonction) : Dire qu'une fonction f dénie sur R2 est continue
en un point (a, b) signie que pour tout couple (x, y) qui tend vers (a, b), lim f (x, y) = f (a, b).
(x,y)→(a,b)
Donc pour montrer qu'une fonction n'est pas continue en un point (a, b), il sut de trouver UN
couple (x, y) qui tend vers (a, b) mais tel que f (x, y) ne tend pas vers f (a, b).

Exemple : Soit f : R2 → R la fonction dénie par :


( xy
si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y2
0 si (x, y) = (0, 0)

ˆ f est continue sur R2 \ {(0, 0)} comme quotient de fonctions continues.


ˆ Cependant, f n'est pas continue en (0, 0). En eet, considérons le couple (x, x). On a
(x, x) → (0, 0) mais
x2 1 1
f (x, x) = 2 = −→ 6= f (0, 0).
2x 2 x→0 2

Lorsque n = 2, il s'avère utile de passer aux coordonnées polaires pour ramener le calcul de
la limite d'une fonction de deux variables à celui de la limite d'une fonction d'une seule variable.

Proposition: Continuité d'une fonction en un point de R2 : passage en coordonnées polaires


Soit f une fonction de D ⊂ R2 dans R. Soit a = (a1 , a2 ) ∈ D. Alors f est continue en a
si et seulement si il existe une fonction  : R+ → R+ telle que :
1. Pour tout r > 0 et θ ∈ [0, 2π[, |f (a1 + r cos(θ), a2 + r sin(θ)) − f (a1 , a2 )| ≤ (r)
2. lim (r) = 0.
r→0

Exemple : Soit f : R2 → R la fonction dénie par :

 x2 y 2

si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y 2
0 si (x, y) = (0, 0)

ˆ f est continue sur R2 \ {(0, 0)} comme quotient de fonctions continues.

24
ˆ En (0, 0). Pour r > 0 et θ ∈ [0, 2π[

r4 | cos2 (θ)|| sin2 (θ)|


|f (r cos(θ), r sin(θ))| = ≤ r2 −→ 0
r2 r→0

Ce qui prouve que f est continue en (0, 0).

Proposition: Continuité d'une fonction à valeurs dans Rn , n ≥ 2


Soit A est une partie de Rp et f ∈ F(A, Rn ) dénie par :

f : (x1 , . . . , xp ) 7→ (f1 (x1 , . . . , xp ), . . . , fn (x1 , . . . , xp )).

Soit a ∈ Rp . Il y équivalence entre :


1. f est continue en a.
2. Les applications f1 , . . . , fn sont continues en a.

Exemple : L'application

f: R2 →  R2 
2 x
(x, y) 7→ x + xy, 2
x + 2y 2 + 1

est continue sur R2 car :


ˆ (x, y) 7→ x2 + xy est continue comme somme de fonctions continues.
x
ˆ (x, y) 7→ 2 est continue comme quotient de fonctions continues.
x + 2y 2 + 1

Exercice d'application : Étudier la continuité sur R2 des fonctions suivantes :


 
1. Pour (x, y) 6= (0, 0), f (x, y) = (x + y) sin x2 +y
1
2 ; f (0, 0) = 0.

x2 − y 2
2. Pour (x, y) 6= (0, 0), f (x, y) = ; f (0, 0) = 0.
x2 + y 2
x2 − y 2
3. Pour (x, y) 6= (0, 0), f (x, y) = ; f (0, 0) = 1.
x2 + y 2

25
3 Notion de diérentielle
3.1 Dérivées partielles premières
ˆ Pour une fonction f : R → R à une variable, la dérivée lorsqu'elle existe, est liée aux
variations de la fonction tandis que la variable parcourt l'axe des abscisses. Pour rappel,
f (x) − f (a)
on dit qu'une fonction est dérivable en a si la fonction , représentant le taux
x−a
d'accroissement de f en a, admet une limite nie lorsque x tend vers a. Dans ce cas, cette
limite est appelée dérivée de f en a et est notée f 0 (a) :

f (x) − f (a) f (a + h) − f (a)


f 0 (a) = lim = lim .
x→a x−a h→0 h

df
Interprétation graphique : f 0 (a), que l'on note également (a), représente le
dx
coecient directeur de la tangente à la courbe Cf au point d'abscisse a d'équation
y = f (a) + f 0 (a)(x − a).

ˆ Pour une fonction f : R2 → R, dont le graphe est une surface de R3 , la situation est très
diérente. En eet, l'axe réel n'ore que deux types de mouvements possibles : de gauche
à droite et de droite à gauche tandis que le plan R2 possède une innité de directions. Il
peut donc s'avérer intéressant d'étudier comment une fonction f : R2 → R évolue lorsque
la variable suit l'une ou l'autre direction du plan.

En thermodynamique, les fonctions dépendent de plusieurs variables. Par exemple, pour


une mole de gaz à l'équilibre, la pression dépend du volume et de la température : (V, T ) 7→
P (V, T ). Une façon simple d'étudier ces objets est de faire varier séparément les deux
variables. Pour étudier P en fonction de V et T , on peut par exemple faire varier T en
bloquant V (évolution isochore) ou faire varier V en bloquant T (évolution isotherme).
On introduit alors la notion mathématique de dérivée partielle.

26
3.1.1 Dérivées partielles premières : fonctions de 2 variables
Dénition: Dérivées partielles premières en un point particulier : fonctions de deux variables
Soient U un ouvert de R2 , f ∈ F(U, R) qui à (x, y) 7→ f (x, y) et (a, b) un point de U .
ˆ Si l'application

f (a + t, b) − f (a, b)
t 7→ admet une limite nie en 0,
t
cette limite est appelée dérivée partielle de f par rapport à la variable x, au
∂f
point (a, b), et est notée (a, b) :
∂x

∂f f (a + t, b) − f (a, b)
(a, b) = lim
∂x t→0 t

ˆ Si l'application

f (a, b + t) − f (a, b)
t 7→ admet une limite nie en 0,
t
cette limite est appelée dérivée partielle de f par rapport à la variable y, au
∂f
point (a, b), et est notée (a, b) :
∂y

∂f f (a, b + t) − f (a, b)
(a, b) = lim
∂y t→0 t

On utilise la notation ∂ et non d pour bien rappeler que f n'est pas fonction que d'une seule
variable.

Remarque:
Les symboles ∂x et ∂y sont purement formels. Ils proviennent du fait qu'une fonction de deux
variables est souvent notée (x, y) 7→ f (x, y), x désignant la première variable et y la seconde.

Interprétation :
f (x0 + t, y0 ) − f (x0 , y0 )
ˆ Pour y0 xé, l'existence de lim revient à la dérivabilité en x0 de
t→0 t
∂f
l'application x 7→ f (x, y0 ). La dérivée partielle représente donc la pente de la courbe
∂x
x 7→ f (x, y0 ) en tout point x. La tangente à la courbe au point (x0 , y0 ) est alors donnée
par :
∂f
f (x, y0 ) = f (x0 , y0 ) + (x0 , y0 )(x − x0 ).
∂x
Géométriquement, la courbe x 7→ f (x, y0 ) représente l'intersection de la surface dénit
par f avec le plan y = y0 .

27
f (x0 , y0 + t) − f (x0 , y0 )
ˆ Pour x0 xé, l'existence de lim revient à la dérivabilité en y0 de
t→0 t
∂f
l'application y 7→ f (x0 , y). La dérivée partielle représente donc la pente de la courbe
∂y
y 7→ f (x0 , y) en tout point y . La tangente à la courbe au point (x0 , y0 ) est alors donnée
par :
∂f
f (x0 , y) = f (x0 , y0 ) + (x0 , y0 )(y − y0 ).
∂y

Géométriquement, la courbe y 7→ f (x0 , y) représente l'intersection de la surface dénit


par f avec le plan x = x0 .

ˆ Le plan tangent au point (x0 , y0 ) déterminé par ses deux tangentes est donnée par :

∂f ∂f
f (x, y) = f (x0 , y0 ) + (x0 , y0 )(x − x0 ) + (x0 , y0 )(y − y0 ).
∂x ∂y

2 2
Par exemple, la surface représentée par la fonction f (x, y) = e−(x +y ) est représentée
ci-dessous avec le plan tangent au point (x0 , y0 ) = (0.3, 0.1) donné par :

f (x, y) ∼ 0.905 − 0.543(x − 0.3) − 0.181(y − 0.1) = −0.543x − 0.181y + 1.086.


La dénition de la dérivée partielle repose sur l'accroissement d'une seule
∂∗
variable. On dérive par rapport à une variable, les autres restent xes.

28
Remarque:
En physique, on adopte les notations suivantes :
 
∂f . ∂f
ˆ pour dérivée de f par rapport à x, à y constant ou encore f x ; fx0 ;
∂x y ∂x y

 
∂f . ∂f
ˆ pour dérivée de f par rapport à y , à x constant ou encore f y ; fy0 ;
∂y x ∂y x

Exemple : On cherche les pentes des sections de la surface z = f (x, y) = 3x2 + 4y 2 − 6


obtenues par les plans passant par le point (1,1,1) et parallèles aux plans xOz et yOz .
ˆ Le plan passant par le point (1,1,1) et parallèle au plan yOz est le plan x = 1. La courbe
représentant l'intersection de ce plan avec la surface est alors la courbe y 7→ f (1, y). La
∂f
pente est alors donnée par (1, 1). Or
∂y
∂f ∂f
(x, y) = 8y ⇒ (1, 1) = 8.
∂y ∂y

ˆ Le plan passant par le point (1,1,1) et parallèle au plan xOz est le plan y = 1. La courbe
représentant l'intersection de ce plan avec la surface est alors la courbe x →
7 f (x, 1). La
∂f
pente est alors donnée par (1, 1). Or
∂x
∂f ∂f
(x, y) = 6x ⇒ (1, 1) = 6.
∂x ∂x

3.1.2 Dérivées partielles premières : fonctions à n variables


Dénition: Dérivées partielles en un point particulier de Rn : fonctions à n variables
Soient U un ouvert de Rn , f ∈ F(U, R) et a = (a1 , . . . , an ) ∈ U . Si t 7→
f (a1 , . . . , aj−1 , t, aj+1 , . . . , an ) est dérivable en aj , on appelle dérivée partielle de f par
rapport à la j ieme composante en a le nombre :
∂f f (a1 , . . . , aj−1 , aj + t, aj+1 , . . . , an ) − f (a1 , . . . , an ) f (a + tej ) − f (a)
(a) = lim = lim ,
∂xj t→0 t t→0 t

où (e1 , . . . , en ) est la base canonique de Rn .

29
Méthode (Calcul des dérivées partielles) : Soit (a, b) ∈ R2
ˆ Pour (x, y) ∈ R2 \{(a, b)}. Pour calculer :
∂f
ˆ (x, y) : On xe y et on fait varier x. Autrement dit, on dérive par rapport à la variable
∂x
x et on suppose y constant.

∂f
ˆ (x, y) : On xe x et on fait varier y . Autrement dit, on dérive par rapport à la variable
∂y
y et on suppose x constant.

ˆ Pour (x, y) = (a, b). Pour calculer les dérivées partielles de f en un point particulier, on démontre
au préalable l'existence des limites des taux d'accroissement.

Exemples :
1. Pour tout (x, y) ∈ R2 , on pose f (x, y) = x2 + 2xy . Alors

∂f ∂f
(x, y) = 2x + 2y, (x, y) = 2x.
∂x ∂y
 2
 x y + xy 2
si (x, y) 6= (0, 0)
2. f (x, y) = x2 + y 2
0 si (x, y) = (0, 0)

ˆ Pour tout (x, y) 6= (0, 0),

∂f (2xy + y 2 )(x2 + y 2 ) − (x2 y + xy 2 )2x y 2 (y 2 − x2 + 2xy)


(x, y) = 2 2 2
=
∂x (x + y ) (x2 + y 2 )2

∂f (2xy + x2 )(x2 + y 2 ) − (x2 y + xy 2 )2y x2 (x2 − y 2 + 2xy)


(x, y) = =
∂y (x2 + y 2 )2 (x2 + y 2 )2

ˆ En (0, 0) :

f (t, 0) − f (0, 0) ∂f ∂f
lim = 0. Donc (0, 0) existe et (0, 0) = 0.
t→0 t ∂x ∂x
f (0, t) − f (0, 0) ∂f ∂f
lim = 0. Donc (0, 0) existe et (0, 0) = 0.
t→0 t ∂y ∂y

 
x
ln si y =
6 0

3. pour (x, y) ∈ R+ × R+ , f (x, y) =

y
0 si y = 0

30
ˆ Pour y 6= 0, x ∈ R∗+ ,

1 x

∂f y 1 ∂f y2 1
∂x
(x, y) = x = ,
x ∂y
(x, y) = x = −y .
y y
∂f
ˆ Pour x ∈ R∗+ et y = 0, regardons si (x, 0) existe.
∂y
x
f (x, t) − f (x, 0) ln
t = 1 ln x .
 
=
t t t t
1
Donc, en posant le changement de variables U =
t
f (x, t) − f (x, 0)
lim = lim U ln (xU ) = +∞
t→0 t U →+∞

∂f
On en déduit que (x, 0) n'existe pas.
∂y

Pour une fonction à une variable, la dérivabilité entraîne la continuité de la fonction.


Cependant, pour une fonction à deux variables, l'existence des dérivées partielles en un point
n'implique pas la continuité de la fonction en ce point.

Contre-exemple : Considérons la fonction


( xy
si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y2
0 si (x, y) = (0, 0)

f admet des dérivées partielles premières en (0, 0) : En eet,

f (t, 0) − f (0, 0) ∂f
lim = 0 donc (0, 0) existe et vaut 0
t→0 t ∂x
f (0, t) − f (0, 0) ∂f
lim = 0 donc (0, 0) existe et vaut 0
t→0 t ∂y

Cependant, f n'est pas continue en (0, 0).


En eet, considérons le couple (x, x). On a (x, x) → (0, 0) mais

x2 1 1
f (x, x) = 2
= −→ 6= f (0, 0).
2x 2 x→0 2

31
Exercice d'application : Déterminer les dérivées partielles premières des fonctions suivantes en
tout point de R2 :
1. f (x, y) = x2 + 3xy + y 2
2. g(x, y) = sin(2x + 3y)
3.  2
 x − y2
si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y 2
0 si (x, y) = (0, 0)

4.  2
 x − y2
si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y 2
1 si (x, y) = (0, 0)

3.1.3 Fonctions de classe C 1


Dénition: Fonctions de classe C 1
Une fonction f ∈ F(U, R), avec U un ouvert de Rn , est de classe C 1 si
1. f admet des dérivées partielles en tout point de U
2. Les dérivées partielles de f sont continues sur U .

On note C 1 , ou C 1 (U, R), l'ensemble des fonctions de classe C 1 sur U .

Méthode : Soit f une fonction dénie sur un domaine D.

f de classe C 1 ⇒ f est continue et toutes les dérivées partielles de f sont continues sur D.

Donc pour montrer qu'une fonction n'est pas de classe C 1 , il sut que l'une des dérivées partielles
ne soit pas continue ou que f ne soit pas continue sur D.

Exemple : On considère la fonction f dénie sur R2 par :

x2 y 2

si (x, y) 6= (0, 0)

f (x, y) = x2 + y 2
0 si (x, y) = (0, 0)

 Étude de la continuité de la fonction f .


ˆ f est continue sur R2 \{(0, 0)} comme quotient de fonctions continues
ˆ f est continue en (0, 0) : En eet,
x2 y 2
|f (x, y) − f (0, 0)| = 2 ≤ y 2 −→ 0

x +y 2 y→0

 Existence et calcul des dérivées partielles en tout point de R2

32
ˆ Pour (x, y) 6= (0, 0)

∂f 2xy 4 ∂f 2yx4
(x, y) = 2 et (x, y) = 2
∂x (x + y 2 )2 ∂y (x + y 2 )2

ˆ Pour (x, y) = (0, 0)

f (t, 0) − f (0, 0) ∂f
lim = 0 donc (0, 0) existe et vaut 0
t→0 t ∂x
f (0, t) − f (0, 0) ∂f
lim = 0 donc (0, 0) existe et vaut 0
t→0 t ∂y
 Continuité des dérivées partielles
∂f ∂f 2xy 4
ˆ (x, y) − (0, 0) = 2

∂x ∂x 2
(x + y )2

Or √ p
|x| = x2 ≤ x2 + y 2 et y 4 = (y 2 )2 ≤ (x2 + y 2 )2
Donc ∂f ∂f p
(x, y) − (0, 0) ≤ 2 x2 + y 2 −→ 0

∂x ∂x (x,y)→(0,0)

∂f
On en déduit que est continue en (0, 0). Puisque x et y jouent des rôles
∂x
∂f
symétriques, on montre de même que est continue est (0, 0).
∂y
 Conclusion : f est de classe C 1

Exercice d'application : Soit f la fonction dénie sur R2 par



 sin(xy)
si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = |x| + |y|
0 si (x, y) = (0, 0)

1. Montrer que f est continue sur R2 .


2. f est-elle de classe C 1 sur R2 ?

3.2 Notion de diérentielle


ˆ Pour une variable x, la diérentielle de x, notée dx, représente sa variation innitési-
male : En notant ∆x la variation de x, dx est dénie par

dx = lim ∆x.
∆x→0

33
Expression de la dérivée partielle : La variation d'une variable z est dénie par :
∆z := (z + t) − z = t.

Donc en utilisant cette dénition, les dérivées partielles premières d'une fonction à deux
variables f : (x, y) 7→ f (x, y) peuvent se réécrire de la manière suivante :

∂f f (x + ∆x, y) − f (x, y) f (x + dx, y) − f (x, y)


= lim =
∂x ∆x→0 ∆x dx

∂f f (x, y + ∆y) − f (x, y) f (x, y + dy) − f (x, y)


= lim =
∂y ∆y→0 ∆y dy

ˆ Pour une fonction f : R → R à une variable, la diérentielle de f , notée df , donne


une approximation de l'accroissement de la fonction. Elle est donnée par la valeur de la
dérivée de f au point x :

df f (x + h) − f (x)
(x) = f 0 (x) = lim
dx h→0 h

Autrement dit
df = f 0 dx.
Le "d" signie "diérentiel" et exprime une diérence inniment petite d'une même
quantité.

Géométriquement , la notion de dérivée est lié au problème suivant :


On considère la fonction x 7→ f (x) dont le graphe est C . En un point M de C de coordon-
nées (x; f (x)), on aimerait connaître la pente de la tangente T à C .

Une façon de considérer cette tangente est de la voir comme la position limite d'une droite
D passant par M = (x; f (x)) ∈ C et un point voisin M 0 (x + ∆x; f (x + ∆x)) ∈ C lorsque
M 0 tend vers M .

34
La pente de la droite D est géométriquement donnée par :

diérence des ordonnées f (x + ∆x) − f (x)


= .
diérence des abscisses ∆x

La pente de la tangente T à C en M est alors obtenue comme limite de la pente de D


lorsque M 0 tend vers M , c'est-à-dire lorsque ∆x tend vers 0 :

f (x + ∆x) − f (x)
pente de T = lim .
∆x→0 ∆x
Si l'on note ∆f la variation de f de M à M 0 , on a alors :

∆f df
pente de T = lim := .
∆x→0 ∆x dx

ˆ Pour une fonction f : R2 → R à deux variables, l'accroissement de f est donnée par

∆f = f (x + ∆x, y + ∆y) − f (x, y).

Or

∆f = f (x + ∆x, y + ∆y) − f (x, y + ∆y) + f (x, y + ∆y) − f (x, y)


   
f (x + ∆x, y + ∆y) − f (x, y + ∆y) f (x, y + ∆y) − f (x, y)
= ∆x + ∆y
∆x ∆y

La diérentielle df d'une fonction f représentant une approximation innitésimale de


l'accroissement de f , on a pour des accroissements inniment petits de x et y ,
   
f (x + dx, y + dy) − f (x, y + dy) f (x, y + dy) − f (x, y)
df = dx + dy.
dx dy

f (x + dx, y + dy) − f (x, y + dy)


ˆ Le terme ne donne que la variation en x de la fonction
dx
∂f
f en ayant y constant sur sa variation il s'agit de la dérivée partielle .
∂x

35
f (x, y + dy) − f (x, y)
ˆ Le terme ne donne que la variation en y de la fonction f en
dy
∂f
ayant x constant il s'agit de la dérivée partielle .
∂y

On peut alors dénir la diérentielle d'une fonction à plusieurs variables de la manière sui-
vante :

Dénition: Diérentielle d'une fonction de deux variables

ˆ Soient U un ouvert de R2 et f ∈ F(U, R) qui à (x, y) 7→ f (x, y). On appelle diéren-


tielle de f l'application dénie par :
∂f ∂f
df = dx + dy.
∂x ∂y

ˆ Pour (a, b) ∈ U , df(a,b) est une application linéaire continue de R2 dans R et pour tout
vecteur (h, k) ∈ R2 , df(a,b) est dénie par :

∂f ∂f
df(a,b) (h, k) = (a, b) h + (a, b) k.
∂x ∂y

Dénition: Forme diérentielle exacte

ˆ Soient U un ouvert de R2 . On appelle forme diérentielle sur U , une expression de


la forme :
ω(x, y) = P (x, y) dx + Q(x, y) dy.
En physique, le symbole δ est utilisé pour les formes diérentielles.

ˆ On dit qu'une forme diérentielle est exacte, s'il existe une fonction f : U → R de
classe C 1 telle que
ω = df.
En physique, on parle de diérentielle totale exacte (ou DTE).

Remarque:
Si la forme diérentielle n'est pas exacte, on parle de diérentielle totale inexacte (ou
DTI). C'est le cas, par exemple, du travail thermodynamique W :

δW = −P dV + 0dP.

An de distinguer les formes diérentielles, on utilise le symbole d pour diérentielle totale
exacte et δ pour les autres formes diérentielles. On verra dans la suite du cours, comment
passer d'une DTI à une DTE.

36
Exemples :
1. f (x, y) = x3 y + x2 y 2 + xy 3
On a :
∂f ∂f
(x, y) = 3x2 y + 2xy 2 + y 3 et (x, y) = x3 + 2x2 y + 3xy 2 .
∂x ∂y
On en déduit que pour tout (x, y) ∈ R2 :

df(x,y) = 3x2 y + 2xy 2 + y 3 dx + x3 + 2x2 y + 3xy 2 dy


 

2. f (x, y) = x sin(y) − y sin(x)


On a :
∂f ∂f
(x, y) = sin(y) − y cos(x) et (x, y) = x cos(y) − sin(x).
∂x ∂y
On en déduit que pour tout (x, y) ∈ R2 :

df(x,y) = (sin(y) − y cos(x)) dx + (x cos(y) − sin(x)) dy

3. On considère la fonction dénie sur R2 par :


 3
 p y si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y 4
si (x, y) = (0, 0)

0

On a :
f (t, 0) − f (0, 0) f (0, t) − f (0, 0)
lim = 0 et lim =1
t→0 t t→0 t
∂f ∂f
Donc (0, 0) et (0, 0) existent et
∂x ∂y
∂f ∂f
(0, 0) = 0 et (0, 0) = 1
∂x ∂y

On en déduit qu'en (0, 0) et pour tout vecteur (h, k) ∈ R2 :

∂f ∂f
df(0,0) (h, k) = (0, 0) h + (0, 0) k = k.
∂x ∂y

37
4. En thermodynamique, la pression dépend du volume et de la température, ainsi :
∂P ∂P
dP = dV + dT.
∂V ∂T
Cela signie que le petit accroissement de pression dP a deux contributions séparées :
celle de dV et celle de dT . Les valeurs des dérivées partielles au point (V, T ) sont
caractéristiques du gaz considéré. Elles sont liées aux coecients thermoélastiques du
gaz.

Problème : Trouver une approximation de l'aire du rectangle de dimensions 35 sur 25 unités


lorsque la longueur est allongé de 0.02 unités et la largeur raccourcie de 0.03 unités.

Solution : Si x et y désignent les dimensions du rectangle, son aire est A = xy. On cherche une
approximation de A donc on cherche à déterminer dA. A dépend de x et y donc
∂A ∂A
dA = dx + dy = ydx + xdy.
∂x ∂y

D'après l'énoncé, x = 35 et subit une variation de 0.02 donc dx = 0.02 (car c'est un
allongement). y = 25 et subit une variation de 0.03 donc dy = −0.03 (car c'est un
raccourcissement). On a ainsi

dA = 25 × 0.02 − 35 × 0.03 = −0.55.

Ainsi l'aire vaut approximativement A + dA = 874.45 unités d'aire.

Exercice d'application : Trouver une approximation de la variation de longueur de l'hypoténuse


d'un triangle rectangle de 60mm et 80mm de côtés lorsque le plus petit côté est allongé de
2.5mm et le plus grand côté raccourci de 1.25mm.

Tout ce que nous venons de voir se généralise aux fonctions réelles de plus de deux variables.
Dénition: Diérentielle d'une fonction de plusieurs variables

38
ˆ Fonction de 3 variables : Considérons une fonction réelle de trois variables (x, y, z) 7→
f (x, y, z). Sa diérentielle s'écrit :

∂f ∂f ∂f
df = dx + dy + dz
∂x ∂y ∂z
ou en physique,
     
∂f ∂f ∂f
df = dx + dy + dz.
∂x y,z ∂y z,x ∂z x,y

ˆ Fonction de n variables : Soient U un ouvert de Rn et f ∈ F(U, Rp ), n, p ∈ N∗ , qui à


(x1 , . . . , xn ) 7→ f (x1 , . . . , xn ). On appelle diérentielle de f l'application dénie par :

df : U → Lc (Rn , Rp )
n
X ∂f
a 7 → dfa := (a)dxi
∂xi
i=1

où Lc (Rn , Rp ) désigne l'ensemble des applications linéaires continues de Rn dans Rp


et pour h = (h1 , . . . , hn ) ∈ Rn , dfa (h) est dénie par :

n
X ∂f
dfa (h) = (a)hi .
∂xi
i=1

Remarque:
dfa (h) est un vecteur de Rp . En notant f (x) = (f1 (x), . . . , fp (x)), on a :

dfa (h) = ((df1 )a (h), . . . , (dfp )a (h)) .

39
4 Diérentiabilité et Opérateurs diérentiels
Dans cette partie, on aimerait généraliser la notion de dérivabilité pour une fonction de plu-
sieurs variables, l'objectif étant de donner une dénition qui permet de retrouver autant que
possible toutes les bonnes propriétés de la dérivation d'une fonction d'une variable. En particu-
lier on attend d'une fonction dérivable qu'elle soit continue ! ! !

Une idée pour généraliser la notion de dérivabilité est celle de dérivée partielle. Or on a vu
que l'existence des dérivées partielles en un point n'entraîne pas la continuité de la fonction en
ce point. Les notions précédemment vues sont donc insusantes pour assurer la continuité. C'est
pourquoi on introduit le concept de diérentiabilité.

Rappel : On dit qu'une fonction f : R → R est dérivable en un point a ∈ R, si


f (x) − f (a) f (a + h) − f (a)
lim = lim existe.
x→a x−a h→0 h

f (a + h) − f (a) f (a + h) − f (a)
lim =l∈R ⇔ = l + ε(h) avec lim ε(h) = 0
h→0 h h h→0
⇔ f (a + h) = f (a) + l × h + h ε(h) avec lim ε(h) = 0
h→0

Dans le cas d'une fonction dérivable en a ∈ R on a :


df
l = f 0 (a) = (a)
dx

4.1 Diérentiabilité
Dénition: Diérentiabilité
Soient U un ouvert de Rn et f ∈ F(U, Rp ), n, p ∈ N∗ . On dit que f est diérentiable en
a = (a1 , . . . , an ) ∈ U , s'il existe une application linéaire continue La ∈ Lc (Rn , Rp ) telle que
pour tout vecteur h = (h1 , h2 , . . . , hn ) ∈ Rn :

f (a + h) = f (a) + La (h) + khkRn ε(h) avec ε : Rn → Rp tq lim ε(h) = 0.


h→0

Si l'application La existe alors elle est unique et La = dfa .

Remarque:
De manière équivalente, on a que f est diérentiable en a s'il existe une application linéaire
continue La telle que pour tout h ∈ Rn

f (a + h) − f (a) − La (h)
lim = 0.
h→0 khkRn

40
Interprétation : La valeur d'arrivée de f (a) en f (a + h) doit être égale à la somme : de la
valeur de départ f (a) plus la variation La (h) de h dans toutes les directions à plus ou moins
une erreur dénie comme khkRn ε(h).
La diérentiabilité d'une fonction f en un point a correspond à l'existence d'une
approximation linéaire de la fonction au voisinage du point (a, f (a)) du graphe de la
fonction.
Pour les fonctions d'une seule variable, cette approximation linéaire est fournie par la droite
tangente d'équation y = f (a) + f 0 (a)(x − a), impliquant directement l'équivalence entre la
dérivabilité et la diérentiabilité.

Signication de khkRn ε(h) : Ce terme représente l'écart entre la valeur approximée de la


fonction f en a et la valeur exacte de f en a.
La diérentielle de f en a, dfa , représente la somme de l'évolution successive de f en a dans
chacune de ces directions. C'est une approximation du comportement réel de f , qui évolue
simultanément dans toutes les directions.
An de s'assurer que la valeur approximée ne soit pas trop éloignée de la valeur exacte, on
introduit un terme d'erreur khkRn ε(h) qui correspond à la tolérance admise sur la précision de
la valeur de f en a.

Méthode : En pratique, pour étudier la diérentiabilité d'une fonction f en un point (a, b) ∈ R2 , on


considère l'application linéaire L(a,b) = df(a,b) .

ˆ Diérentiabilité : Pour montrer qu'une fonction f est diérentiable en un point (a, b), il faut
montrer que pour tout couple (h, k) tendant vers (0, 0), lim ε(h, k) = 0.
(h,k)→(0,0)

ˆ Non-diérentiabilité : Pour montrer qu'une fonction n'est pas diérentiable en (a, b), il sut
de trouver un chemin vers (0, 0) (autrement dit de trouver un vecteur (h, k) → (0, 0)) le
long duquel la limite de ε(h, k) est diérente de 0.

Exemple : Étude de la diérentiabilité en (0, 0) de la fonction f : R2 → R dénie par :

x2 y 2

si (x, y) 6= (0, 0)

f (x, y) = x2 + y 2
0 si (x, y) = (0, 0)

1. Existence des dérivées partielles en (0, 0).

f (t, 0) − f (0, 0) f (0, t) − f (0, 0)


lim = 0 = lim .
t→0 t t→0 t
Donc les dérivées partielles de f en (0, 0) existent et valent 0. On en déduit que pour
tout (h, k) ∈ R2 :
∂f ∂f
df(0,0) (h, k) = (0, 0) h + (0, 0) k = 0
∂x ∂y

41
2. Étude de la limite de . Posons, pour (h, k) ∈ R2

f (h, k) − f (0, 0) − df(0,0) (h, k)


ε(h, k) =
k(h, k)k2

On a :
h2 k 2
2 2
ε(h, k) = √h + k
h + k2
2

h2 k 2
= 3 .
(h2 + k 2 ) 2

Or h2 ≤ h2 + k 2 et k 2 ≤ h2 + k 2 , donc :

(h2 + k 2 )2 p
|ε(h, k)| ≤ 3 = h2 + k 2 −→ 0.
(h2 + k 2 ) 2 (h,k)→(0,0)

Conclusion : On a trouvé une application linéaire continue (df(0,0) ) telle que


lim ε(h, k) = 0 donc f est diérentiable en (0, 0).
(h,k)→(0,0)

Proposition:
Soient U un ouvert de Rn , f ∈ F(U, Rp ), n, p ∈ N∗ et a ∈ U .

f diérentiable en a ⇒ f admet des dérivées partielles en a



n
X ∂f
on peut écrire la forme diérentielle de f : dfa = (a)dxi .
∂xi
i=1

L'existence seule des dérivées partielles de f par rapport à chaque variable en a n'implique
pas la diérentiabilité de f en a.

Contre-exemple : Soit f ∈ F(R2 , R) dénie par :

 p xy

si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y 2
 0 si (x, y) = (0, 0)

ˆ Existence des dérivées partielles en (0, 0) :

f (t, 0) − f (0, 0) f (0, t) − f (0, 0)


lim = 0 = lim .
t→0 t t→0 t

42
Donc les dérivées partielles de f en (0, 0) existent et valent 0. Donc f admet des dérivées
partielles en (0, 0). On en déduit que pour tout (h, k) ∈ R2 :

∂f ∂f
df(0,0) (h, k) = (0, 0) h + (0, 0) k = 0
∂x ∂y

ˆ Étude de la limite de . Posons, pour (h, k) ∈ R2

f (h, k) − f (0, 0) − df(0,0) (h, k)


ε(h, k) =
k(h, k)k2
on a :
hk

h + k2
2
ε(h, k) = √
h2 + k 2
hk
= 2
h + k2
1 1
Or ε(h, h) = −→ 6= 0 donc f n'est pas diérentiable en (0, 0).
2 h→0 2
ˆ Conclusion : f admet des dérivées partielles en (0, 0) mais n'est pas diérentiable en ce
point.

Exercice d'application : Étudier la diérentiabilité de la fonction

 xy 2

si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y 2
0 si (x, y) = (0, 0)

Proposition:
Soient U un ouvert de Rn et f, g ∈ F(U, Rp ).
ˆ Linéarité de la diérentielle : Soient α, β ∈ R. Si f et g sont diérentiables en
a ∈ U , alors αf + βg est diérentiable en a et

d(αf + βg)a = αdfa + βdga .

ˆ Lien avec la continuité : Si fest diérentiable en a alors f est continue en a.


x2 y
La réciproque est fausse. Contre-exemple : f (x, y) = 2 .
x + y2
ˆ Fonctions de classe C 1 : Si f est de classe C 1 sur U alors f est diérentiable sur !
U.
1
la réciproque est fausse. Contre-exemple : f (x, y) = (x2 + y 2 ) sin p .
x + y2
2

43
Bilan : Lien entre les diérentes notions : En un point a ∈ Rn .
Continue

⇑6⇓

C 1 ⇒ Diérentiable ⇒ Existence des dérivées partielles


: :

n
X ∂f
Ecriture sous forme diérentielle dfa = dxi .
∂xi
i=1

4.2 Opérateurs diérentiels


4.2.1 Gradient et matrice jacobienne
Dénition: Gradient
Soient U un ouvert de Rn , f ∈ F(U, R) une application diérentiable et a ∈ U . On appelle
−−→
gradient de f en a, et on note gradf (a), le vecteur de Rn (ou champ vectoriel) déni par :
∂f
 
 ∂x1 (a) 
 
 
∂f
 
−−→ 
(a) 

grad f (a) =  ∂x2
.

..
 
 
 
 ∂f 
(a)
∂xn

Exemple :
1. Pour f (x, y, z) = xyz  
yz
−−→
grad f (x, y, z) =  xz 
xy
2. Réciproquement, à partir du gradient, il est possible de déterminer l'expression des
fonctions f correspondantes.
Déterminons f : R3 → R telle que
 
2yz
−−→
grad f (x, y, z) =  2z(x + 3y) 
y(2x + 3y) + 2z

44
~ (x, y, z) = (2yz, 2z(x + 3y), y(2x + 3y) + 2z).
Posons V

∂f


 (x, y, z) = 2yz (1)

 ∂x
−−→ ~ ⇔
 ∂f
grad f = V (x, y, z) = 2xz + 6yz (2)
 ∂y
 ∂f (x, y, z) = 2xy + 3y 2 + 2z



(3)
∂z
→ En intégrant (1) par rapport à x on a : f (x, y, z) = 2xyz + α(y, z).
→ En dérivant la fonction obtenue par rapport à y on a :
∂f ∂α
(x, y, z) = 2xz + (y, z).
∂y ∂y

Donc d'après (2) on a :

∂α ∂α
2xz + (y, z) = 2xz + 6yz ⇒ (y, z) = 6yz ⇒ α(y, z) = 3y 2 z + β(z).
∂y ∂y

Donc f (x, y, z) = 2xyz + 3y 2 z + β(z).


→ En dérivant la fonction obtenue par rapport à z on a :
∂f
(x, y, z) = 2xy + 3y 2 + β 0 (z).
∂z
Donc d'après (3) on a :

2xy+3y 2 +2z = 2xy+3y 2 +β 0 (z) ⇒ β 0 (z) = 2z ⇒ β(z) = z 2 +c, avec c une constante.

Donc f (x, y, z) = 2xyz + 3y 2 z + z 2 + c.

Exercice d'application :
1. Déterminer le gradient des fonctions suivantes :
(a) f (x, y, z) = x2 + 4y 3
(b) g(x, y, z) = z cos(xz) sin(y)
 
−−→ 1 x
2. Déterminer l'expression de f : R2 → R telle que grad f (x, y, z) = 2x + , 2y − 2 .
y y

Propriétés:
Soient U un ouvert de Rn , f et g deux fonctions diérentiables sur U à valeurs dans R.
−−→
1. L'application f 7→ grad f est une application linéaire.
−−→ −−→ −−→
2. grad(f g) = f grad g + g grad f
−−→
3. Pour n = 3, gradf (x, y, z) est orthogonal à la surface f (x, y, z) = cst.

45
Proposition: Lien avec la diérentielle
Soient U un ouvert de Rn , f ∈ C 1 (U ) et a un point de U . Pour tout v = (v1 , . . . , vn ) ∈ Rn

n
−−→ X ∂f
grad f (a) · →

v = vi (a) = dfa (v).
∂xi
i=1

Dénition: Matrice jacobienne


Soit U est une partie de Rn et f ∈ F(U, Rp ) une application diérentiable dénie par :

f : (x1 , . . . , xn ) 7→ (f1 (x1 , . . . , xn ), . . . , fp (x1 , . . . , xn )).

ˆ On appelle matrice jacobienne de f en a ∈ U , la matrice de l'application linéaire


dfa dans les bases canoniques de Rn et Rp . On la note Jf (a)

∂f1 ∂f1
 
(a) . . . (a)
 ∂x1 ∂xn 

Jf (a) =  .. .. 
. .

 
 ∂fp ∂fp 
(a) . . . (a)
∂x1 ∂xn
ˆ Lorsque n = p, on appelle déterminant jacobien (ou jacobien) de f en a le déter-
minant de la matrice jacobienne.

Exemple : Coordonnées polaires . Pour (r, θ) ∈ ]0, +∞[ × ]0, 2π[, soit f la fonction dénie
par
f : (r, θ) 7→ (r cos(θ), r sin(θ))
Posons f1 (r, θ) = r cos(θ) et f2 (r, θ) = r sin(θ). Alors
∂f1 ∂f2
(r, θ) = cos(θ), (r, θ) = sin(θ)
∂r ∂r
∂f1 ∂f2
(r, θ) = −r sin(θ), (r, θ) = r cos(θ)
∂θ ∂θ
D'où  
cos(θ) −r sin(θ)
Jf (r, θ) =
sin(θ) r cos(θ)
et det(Jf (r, θ)) = r cos2 (θ) + r sin2 (θ) = r.

Exercice d'application : Coordonnées sphériques


Pour (r, θ) ∈ [0, +∞[ × [0, π] × [0, 2π[, soit f la fonction dénie par
f : (r, θ, ϕ) 7→ (r sin(θ) cos(ϕ), r sin(θ) sin(ϕ), r cos(θ))
Déterminer la matrice jacobienne de f ainsi que le déterminant jacobien.

46
Proposition: Lien avec la diérentielle
Soient U un ouvert de Rn , f ∈ C 1 (U ) et a un point de U . Pour tout h = (h1 , . . . , hn ) ∈ Rn

Jf (a)H = dfa (h) ,


 
h1
 h2 
où H ∈ Mn,1 (R) est dénie par H =  ..
 
.

 
hn

4.2.2 Divergence
Dénition: Champ de vecteurs diérentiable
Soient U un ouvert de Rn et V ~ un champ vectoriel (en coordonnées cartésiennes) sur U . On
~ est diérentiable si chacune de ses composantes est une fonction diérentiable.
dit que V

Dénition: Divergence
~ un champ vectoriel (en coordonnées cartésiennes) diérentiable
Soient U un ouvert de Rn et V
sur U . Pour u ∈ U , on appelle divergence de V
~ en u le scalaire déni par :
n
~ (u) =
X ∂Vi
div V (u).
∂xi
i=1

Exemple ~ (x, y) = (2xy + sin(x), x2 y) := (V1 (x, y), V2 (x, y)), on a :


: Pour V

~ (x, y) = ∂V1 (x, y) + ∂V2 (x, y) = 2y + cos(x) + x2 .


div V
∂x ∂y

Propriétés:
~ un champ vectoriel diérentiable sur U .
Soient U un ouvert de Rn , V
~ 7→ div V
1. L'application V ~ est une application linéaire.
~ ) = (−
2. Pour f : U → R diérentiable : div(f V
−→ ~ + f div V
grad f ) · V ~.

Exercice d'application : Faire la démonstration du point 2.

47
4.2.3 Rotationnel
On suppose ici n = 3.

Dénition: Rotationnel d'un champ vectoriel


Soient U un ouvert de R3 et V~ un champ vectoriel (en coordonnées cartésiennes) diérentiable
sur U . Pour u ∈ U , on appelle rotationnel de V ~ en u, noté − →~
rot V (u), le champ vectoriel
déni par :

~i
~j ~k
 
−→ ~ ∂ ∂ ∂ ∂V3 ∂V2 ∂V1 ∂V 3 ∂V2 ∂V1
rot V (u) = = − , − , −
∂x1 ∂x2 ∂x3
∂x2 ∂x3 ∂x3 ∂x1 ∂x1 ∂x2
V1 V2 V3

Exemple ~ (x, y, z) = (xyz, 2x + 3yz, exyz ) := (V1 (x, y, z), V2 (x, y, z), V3 (x, y, z)), on a :
: Pour V
−→ ~
rot V (x, y, z) = (xzexyz − 3y, xy − yzexyz , 2 − xz).

Propriétés:
~ un champ vectoriel diérentiable sur U .
Soient U un ouvert de R3 , V
~ 7→ −
1. L'application V
→~
rot V est une application linéaire.
2. Pour f : U → R diérentiable :
−→ ~ −−→ ~ +f −→~
ˆ rot(f V ) = (grad f ) ∧ V rot V .
ˆ Si de plus, f est de classe C 2
−→ −−→
ˆ rot (grad f ) = ~0.
−→ ~
ˆ div (rot V ) = 0.

4.2.4 Nabla
On se place en coordonnées cartésiennes et on suppose que n = 3.

Dénition: Opérateur nabla




On dénit l'opérateur aux dérivées partielles nabla, noté ∇ , par :

− ∂~ ∂ ∂
∇= i + ~j + ~k
∂x ∂y ∂z

48
Remarques et Propriétés:
L'opérateur nabla est une notation très commode pour retenir les dénitions du gradient, de
la divergence et du rotationnel. Soit U un ouvert de R3 .
ˆ Pour f ∈ F(U, R) diérentiable :


− ∂f ~ ∂f ~ ∂f ~ −−→
∇f = i+ j+ k = grad f
∂x ∂y ∂z

~ = (V1 , V2 , V3 ) un champ vectoriel sur U :


ˆ Pour V


− ~ ∂V1 ∂V2 ∂V3 ~
∇ ·V = + + = div V
∂x ∂y ∂z

~ = (V1 , V2 , V3 ) un champ vectoriel sur U :


ˆ Pour V

− ~ −→ ~
∇ ∧ V = rot V

Bilan : domaine des opérateurs :


gradient rotationnel divergence
Fonctions −→ Champs de vecteurs −→ Champs de vecteurs −→ Fonctions

Chaque fois que l'on compose deux opérateurs consécutifs, on trouve 0. Autrement dit :

rot ◦ grad = 0 et div ◦ rot = 0.

4.2.5 Potentiel scalaire, potentiel vecteur


Dénition: Potentiel scalaire
~ dérive d'un potentiel scalaire
~ un champ de vecteurs déni sur R3 . On dit que V
Soit V
ou que V est un champ de gradients s'il existe une fonction f de classe C 1 sur R3 telle
~
que
~ =−
V
−→
grad f.

Une telle fonction f est alors appelée un potentiel scalaire de V~ .

Proposition:
~ un champ de vecteurs de classe C 1 sur R3 .
Soit V

~ dérive d'un potentiel scalaire ⇔ −


V
→~ ~
rot V = 0.

49
Exemple ~ (x, y, z) = 2xy~i + (x2 + z)~j + y~k .
: Considérons le champ de vecteur V
−→ ~
ˆ Déterminons rot V .
−→ ~ →
− ~
rot V = ∇ ∧ V
     
∂ ∂ 2 ∂ ∂ ∂ 2 ∂
= (y) − (x + z) ~i + (2xy) − (y) ~j + (x + z) − (2xy) ~k
∂y ∂z ∂z ∂x ∂x ∂y
= ~0

~ dérive d'un potentiel scalaire. Autrement dit, il existe une fonction f telle que
Donc V
~ −−→
V = grad f .

ˆ Déterminons l'expression de f .

∂f


 = 2xy (1)

 ∂x
~ −−→  ∂f
V = grad f ⇔ = x2 + z (2)
 ∂y
 ∂f



= y (3)
∂z
→ En intégrant (1) par rapport à x on a : f (x, y, z) = x2 y + α(y, z).
→ En dérivant la fonction obtenue par rapport à y on a :
∂f ∂α
= x2 + .
∂y ∂y

Donc d'après (2) on a :

∂α ∂α
x2 + = x2 + z ⇒ =z ⇒ α(y, z) = zy + β(z).
∂y ∂y

Donc f (x, y, z) = x2 y + zy + β(z).


→ En dérivant la fonction obtenue par rapport à z on a :
∂f
= y + β 0 (z).
∂z
Donc d'après (3) on a :

y + β 0 (z) = y ⇒ β 0 (z) = 0 ⇒ β(z) = c, avec c une constante.

Donc f (x, y, z) = x2 y + zy + c.

Exercice d'application : Montrer que le champ de vecteur V ~ (x, y, z) = (y, x + z, y + 2z) dérive
d'un potentiel et calculer ce potentiel.
Réponse : f (x, y, z) = xy + zy + z 2 + c avec c une constante.

50
Dénition: Potentiel vecteur
~ dérive d'un potentiel
~ un champ de vecteurs déni sur R3 . On dit que V
Soit V vecteur
ou que V est un champ de rotationnels s'il existe un vecteur A
~ ~ tel que

~ =−
V
→ ~
rot A.

~ est alors appelé un


Un tel vecteur A potentiel vecteur de V~ .

Proposition:
~ un champ de vecteurs sur R3 .
Soit V

~ dérive d'un potentiel vecteur ⇔ −


V
→~
div V = 0.

Remarque:
~ est un potentiel vecteur de V
Si A ~+−
~ , alors A −→
grad f l'est aussi.
Autrement dit, un potentiel vecteur n'est déni qu'à un gradient près.

Exemple ~ (x, y, z) = (xy 2 − x3 y)~k .


: Soit V
−→ ~
ˆ Déterminons div V .
−→ ~ ∂(xy 2 − x3 y)
div V (x, y, z) = = 0.
∂z
Donc V~ dérive d'un potentiel vecteur. Autrement dit, il existe un vecteur A
~ tel que
~ −→ ~
V = rot A.

~.
ˆ Déterminons A
~ ~ y, z) = f (x, y, z)~i + g(x, y, z)~j + h(x, y, z)~k avec h = 0.
Cherchons A sous la forme A(x,
∂g


 = 0 (1)


 ∂f∂z
~ =−
V
→ ~
rot A ⇔ = 0 (2)
 ∂z
 ∂g − ∂f = xy 2 − x3 y


(3)

∂x ∂y
Des équations (1) et (2), on déduit que f et g ne dépendent pas de z .
De l'équation (3), choisissons par exemple :
∂g ∂f
= xy 2 et = x3 y.
∂x ∂y
On a :
∂g 1
= xy 2 ⇒ g(x, y, z) = x2 y 2 + α(y), avec α une fonction dépendant de y
∂x 2

51
∂f 1
= x3 y ⇒ f (x, y, z) = x3 y 2 + β(x), avec β une fonction dépendant de x
∂y 2
   
~ 1 3 2 1 2 2
Donc A(x, y, z) = ~
x y + β(x) i + x y + α(y) ~j .
2 2

4.3 Diérentielle d'une fonction composée


Proposition: Diérentielle d'une fonction composée
Soient U un ouvert de Rn et V un ouvert de Rp , g ∈ F(U, Rp ), f ∈ F(V, Rq ) avec g(U ) ⊂ V .
Si g est diérentiable en a ∈ U et f est diérentiable en g(a) alors f ◦ g est diérentiable en
a et on a :
d(f ◦ g)a = dfg(a) ◦ dga .

Proposition: Matrice jacobienne d'une composée


Soient U un ouvert de Rn et V un ouvert de Rp , g ∈ F(U, Rp ), f ∈ F(V, Rq ) avec g(U ) ⊂ V .
Si g est diérentiable en a ∈ U et f est diérentiable en g(a) alors f ◦ g est diérentiable en
a et on a :
Jf ◦g (a) = Jf (g(a)) × Jg (a).

Conséquence : Dérivées partielles d'une fonction composée :


Si g = (g1 , . . . , gp ), f = (f1 , . . . , fq ) et h = f ◦ g , alors chaque application hk , k ∈ {1, . . . , q},
possède des dérivées partielles dénies, pour x ∈ Rn , par :
p
∂hk X ∂fk ∂gi
(x) = (y) (x) ,
∂xj ∂yi ∂xj
i=1

avec y = g(x).

Cas à retenir : Soit f ∈ F(R2 , R) ; f : (x, y) 7→ f (x, y).


ˆ On suppose que x et y dépendent d'une certaine variable t, autrement dit :

x = ϕ1 (t)
y = ϕ2 (t)
Posons
ϕ : R → R2
t 7→ (ϕ1 (t), ϕ2 (t))
et
h: R → R
t 7→ (f ◦ ϕ)(t)
Alors :

52
ˆ ∀t ∈ R, h(t) = f (ϕ1 (t), ϕ2 (t)) = f (x, y)
ˆ Si ϕ est de classe C 1 , alors

∂h ∂f ∂f
h0 (t) = (t) = ϕ01 (t) (ϕ1 (t), ϕ2 (t)) + ϕ02 (t) (ϕ1 (t), ϕ2 (t)).
∂t ∂x ∂y

Exemple : Posons f (x, y) = x2 + 3xy + 5y 2 avec x = sin(t) et y = cos(t).


Alors x et y sont deux fonctions dépendantes de la variable t. On a alors en posant

ϕ : R → R2
et h = f ◦ ϕ
t 7→ (sin(t), cos(t))
on a :

∂f ∂f
h0 (t) = x0 (t) (x, y) + y 0 (t) (x, y)
∂x ∂y
= cos(t)(2 sin(t) + 3 cos(t)) − sin(t)(3 sin(t) + 10 cos(t))

ˆ On suppose que x et y dépendent de deux variables u et v, autrement dit :



x = ϕ1 (u, v)
y = ϕ2 (u, v)

Posons
ϕ : R2 → R2
(u, v) 7→ (ϕ1 (u, v), ϕ2 (u, v))
et
h : R2 → R2
(u, v) 7→ (f ◦ ϕ)(u, v)
Alors
ˆ ∀(u, v) ∈ R2 , h(u, v) = f (ϕ1 (u, v), ϕ2 (u, v)) = f (x, y)
ˆ Si ϕ est de classe C 1 alors

∂h ∂ϕ1 ∂f ∂ϕ2 ∂f
(u, v) = (u, v) (ϕ1 (u, v), ϕ2 (u, v)) + (u, v) (ϕ1 (u, v), ϕ2 (u, v))
∂u ∂u ∂x ∂u ∂y

∂h ∂ϕ1 ∂f ∂ϕ2 ∂f
(u, v) = (u, v) (ϕ1 (u, v), ϕ2 (u, v)) + (u, v) (ϕ1 (u, v), ϕ2 (u, v))
∂v ∂v ∂x ∂v ∂y

f dépend des variables x et y alors que h dépend des variables u et v ! ! !

53
Écriture matricielle:
Les deux relations précédentes peuvent s'écrire sous la forme matricielle :
 
∂ϕ1 ∂ϕ1
 ∂u (u, v) (u, v) 
   
∂h ∂h ∂f ∂f ∂v
(u, v) (u, v) = (ϕ(u, v)) (ϕ(u, v)) ×  ∂ϕ ∂ϕ2
∂x ∂y

∂u ∂v 2
(u, v) (u, v)
∂u ∂v

Ceci revient à écrire :


J(f ◦ϕ )(u, v) = Jf (ϕ(u, v)) × Jϕ (u, v).

Autrement dit, en posant h = f ◦ ϕ, on peut utiliser l'expression de la matrice jacobienne


d'une composée pour retrouver les expressions des dérivées partielles de h.

Remarque fondamentale:
Dans ce qui précède, les variables x et y dépendent des paramètres u et v . Or si la fonction
ϕ est bijective, on peut exprimer les variables u et v en fonction de x et y

u = k1 (x, y)
v = k2 (x, y)

et donc exprimer les dérivées partielles de f en fonction des dérivées partielles de h.

Donc si ϕ est bijective, posons

ϕ−1 : R2 → R2
(x, y) 7→ (k1 (x, y), k2 (x, y))

on a alors
ˆ f = h ◦ ϕ−1 . Autrement dit, ∀(x, y) ∈ R2 , f (x, y) = h(k1 (x, y), k2 (x, y)) = h(u, v).
ˆ Si ϕ−1 est de classe C 1 alors

∂f ∂k1 ∂h ∂k2 ∂h
(x, y) = (x, y) (k1 (x, y), k2 (x, y)) + (x, y) (k1 (x, y), k2 (x, y))
∂x ∂x ∂u ∂x ∂v

∂f ∂k1 ∂h ∂k2 ∂h
(x, y) = (x, y) (k1 (x, y), k2 (x, y)) + (x, y) (k1 (x, y), k2 (x, y))
∂y ∂y ∂u ∂y ∂v

Exercices d'applications :
∂h
1. Déterminer pour h = f ◦ ϕ avec f (x, y) = ln(x2 + y 2 ) et ϕ(t) = (e−t , et ).
∂t
2. Soit f (x, y) = x2 + xy + y 2 ; x = 2r + s, y = r − 2s. En posant h = f ◦ ϕ avec
ϕ(r, s) = (2r + s, r − 2s).
1. Déterminer les dérivées partielles de h en fonction de celles de f .

54
2. Déterminer les dérivées partielles de f en fonction de celles de h.

Application : Résolution d'équations aux dérivées partielles d'ordre 1.


Problème : En eectuant le changement de variables x = u + v et y = u − 3v, trouver les
solutions de classe C 1 sur R2 de l'équation
∂f ∂f
−3 =0 (E)
∂x ∂y

Méthode (Résolution d'une EDP) :


1. Dénir une fonction ϕ caractérisant le changement de variables et montrer que ϕ est un
C 1 diéomorphisme. Autrement dit, ϕ est
ˆ de classe C 1
ˆ bijective
ˆ de réciproque de classe C 1 .
2. Considérer une fonction h de classe C 1 telle que f = h ◦ ϕ ou f = h ◦ ϕ−1 .(Cela dépend
de la fonction introduite en 1.)
3. Calculer les dérivées partielles de f .
4. Résoudre l'équation aux dérivées partielles.

Solution :
1. Posons
ϕ : R2 → R2
(u, v) 7→ (u + v, u − 3v)
ˆ ϕ est de classe C 1 car chacune de ses composantes est de classe C 1 .
ˆ ϕ est bijective. En eet : pour tout (x, y) ∈ R2 on a

 u = 3x + y


x = u+v 4
ϕ(u, v) = (x, y) ⇔ ⇔
y = u − 3v  v = x−y
4
Donc ∀(x, y) ∈ R2 , ∃!(u, v) ∈ R2 tel que ϕ(u, v) = (x, y). Donc ϕ est bijective et
 
−1 3x + y x − y
ϕ (x, y) = ,
4 4
ˆ ϕ−1 est de classe C 1 car chacune de ses composantes est de classe C 1 .

2. Considérons une fonction h de classe C 1 telle que f = h ◦ ϕ−1 . Posons

 ϕ1 (x, y) = 3x + y

4
 ϕ (x, y) = x − y
2
4

55
3. On a : f (x, y) = h(ϕ1 (x, y), ϕ2 (x, y)) = h(u, v) avec h de classe C 1 et

∂f ∂ϕ1 ∂h ∂ϕ2 ∂h


 (x, y) = (x, y) (u, v) + (x, y) (u, v)
 ∂x
 ∂x ∂u ∂x ∂v

 ∂f ∂ϕ1 ∂h ∂ϕ2 ∂h

 (x, y) = (x, y) (u, v) + (x, y) (u, v)
∂y ∂y ∂u ∂y ∂v

∂f 3 ∂h 1 ∂h


 (x, y) = (u, v) + (u, v)
 ∂x
 4 ∂u 4 ∂v
 ∂f 1 ∂h 1 ∂h
(u, v) −


 (x, y) = (u, v)
∂y 4 ∂u 4 ∂v
4. Donc
∂f ∂f
f est solution de (E) ⇔ −3 =0
∂x ∂y
 
3 ∂h 1 ∂h 1 ∂h 1 ∂h
⇔ (u, v) + (u, v) − 3 (u, v) − (u, v) = 0
4 ∂u 4 ∂v 4 ∂u 4 ∂v
∂h
⇔ (u, v) = 0
∂v
⇔ h(u, v) = c(u) avec c de classe C 1
 
3x + y
⇔ f (x, y) = c avec c de classe C 1 .
4

Exercice d'application : Problème : En eectuant le changement de variables x = r cos(θ),


y = r sin(θ), déterminer la forme de la solution de l'équation

∂f ∂f
y −x = 0, (E)
∂x ∂y

avec f une fonction depclasse C 1 sur R2 \ {(0, 0)}.


Réponse : f (x, y) = c( x2 + y 2 ) avec c de classe C 1 .

56
5 Dérivées partielles d'ordre supérieur et extremums locaux
5.1 Dérivées d'ordre 2
Dénition: Dérivées partielles d'ordre 2
Soient f ∈ F(U, R), avec U un ouvert de Rn et x ∈ U . Si les fonctions dérivées partielles
premières de f admettent elles-mêmes des dérivées partielles en x, ces dérivées sont appelées
dérivées partielles secondes, ou dérivées partielles d'ordre 2, de f en x. On les note,
pour i, j ∈ {1, . . . , n}, i 6= j :

∂2f ∂2f
   
∂ ∂f ∂ ∂f
2 = et =
∂xi ∂xi ∂xi ∂xi ∂xj ∂xi ∂xj

Exemples :
 
x
1. Pour (x, y) 6= (0, 0), f (x, y) = ln . On a vu :
y
∂f 1 ∂f 1
(x, y) = et (x, y) = − .
∂x x ∂y y
Donc :
∂2f
   
∂ ∂f ∂ 1 1
(x, y) = (x, y) = = −
∂x2 ∂x ∂x ∂x x x2

∂2f
   
∂ ∂f ∂ 1 1
(x, y) = (x, y) = − =
∂y 2 ∂y ∂y ∂y y y2

∂2f
   
∂ ∂f ∂ 1
(x, y) = (x, y) = − = 0
∂x∂y ∂x ∂y ∂x y

∂2f
   
∂ ∂f ∂ 1
(x, y) = (x, y) = = 0.
∂y∂x ∂y ∂x ∂y x

2. f (x, y) = sin(xy 2 ) On a

∂f ∂f
(x, y) = y 2 cos(xy 2 ) et (x, y) = 2xy cos(xy 2 )
∂x ∂y
Donc :
∂2f ∂2f
(x, y) = −y 4 sin(xy 2 ), (x, y) = 2x cos(xy 2 ) − (2xy)2 sin(xy 2 ),
∂x2 ∂y 2

∂2f ∂2f
(x, y) = 2y cos(xy 2 ) − 2xy 3 sin(xy 2 ) = (x, y).
∂x∂y ∂y∂x

57
Exercice d'application : Déterminer les dérivées partielles secondes des fonctions suivantes :
1. f (x, y) = x2 + 3xy + y 2
2. g(x, y) = sin(2x + 3y)
x2 y 2 1
3. h(x, y, z) = + +
y x z
4. k(r, θ) = e2r cos(θ)

Dérivées partielles secondes en un point particulier :


Soit f ∈ F(U, R) avec U un ouvert de R2 et (a, b) ∈ U un point particulier.
∂f ∂f
∂2f (a + t, b) − (a, b)
(a, b) existe si lim ∂x ∂x est nie
∂x2 t→0 t

∂f ∂f
∂2f (a, b + t) − (a, b)
(a, b) existe si lim ∂x ∂x est nie
∂y∂x t→0 t

Exercice d'application : Soit f ∈ F(U, R) avec U un ouvert de R2 et (a, b) ∈ U un point


∂2f ∂2f
particulier. A quelles conditions, les dérivées partielles secondes 2 (a, b) et (a, b)
∂y ∂x∂y
sont-elles bien dénies ?

Dénition: Matrice Hessienne


Soit f ∈ F(U, R), avec U un ouvert de Rn . On appelle matrice hessienne de f la matrice
des dérivées partielles secondes (lorsqu'elles existent). On la note Hf et on pour a ∈ U :

∂2f ∂2f ∂2f


 
(a) (a) . . . (a)

 ∂x21 ∂x1 ∂x2 ∂x1 ∂xn 

 ∂2f ∂2f ∂2f 
 (a) (a) ... (a) 
Hf (a) = 
 ∂x2 ∂x1 ∂x22 ∂x2 ∂xn 
.. .. .. ..

. . . .
 
 
 
 ∂2f ∂2f ∂2f 
(a) (a) . . . (a)
∂xn ∂x1 ∂xn ∂x2 ∂x2n

58
5.2 Fonctions de classe C k , k ≥ 1
Par récurrence, on peut dénir les dérivées partielles d'une fonction f à tout ordre k > 2.

Dénition: Fonctions de classe C k


On dit qu'une fonction f , dénie sur un ouvert U , est de classe C k , (k ≥ 1), si toutes
les dérivées partielles d'ordre k sont continues sur U . Si les dérivées partielles de tout ordre
existent et sont continues sur U , f est de classe C ∞ sur U .

Exemples :
ˆ Toute fonction constante est de classe C ∞ .
ˆ Toute fonction polynomiale d'une ou de plusieurs variables est de classe C ∞ .

5.3 Théorème de Schwarz


Théorème: Théorème de Schwarz
Soit f une fonction de classe C 2 sur un ouvert U de Rn , alors pour tout a ∈ U ,

∂2f ∂2f
(a) = (a) ∀i 6= j ∈ {1, . . . , n} .
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi

Méthode (Fonctions non de classe C 2 ) : Pour montrer qu'une fonction f n'est pas de classe
C 2 sur R2 , il sut de trouver UN point tel que les dérivées partielles secondes croisées ne soient
pas égales.

Exercice d'application : Soit f la fonction dénie sur R2 par :

 x3 y

si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 + y 2
0 si (x, y) = (0, 0)

1. Montrer que f est continue sur R2 .


2. L'application f est-elle de classe C 2 ?

Application : Résolution d'équations aux dérivées partielles d'ordre 2.


Problème : En eectuant le changement de variables u = x + y et v = x − y, déterminer les
fonctions f : R2 → R de classe C 2 solutions de l'équation

∂2f ∂2f
(x, y) − (x, y) = 0. (E)
∂x2 ∂y 2

59
Solution :


 x = u+v
u = x+y 2
⇔ u−v
v = x−y  y =
2
On a :  
u+v u−v
f (x, y) = f , := h(u, v)
2 2
Puisque f est de classe C 2 , h est également de classe C 2 .

ˆ Calcul des dérivées partielles premières de f .


- 1iere méthode : x et y dépendent des deux variables u et v . Posons
ϕ : R2 → R
2

u+v u−v
(u, v) 7→ , := (ϕ1 (u, v), ϕ2 (u, v))
2 2

On montre que ϕ est un C 2 diéomorphisme.


Considérons la fonction h, de classe C 2 , telle que h = f ◦ ϕ. Alors
h(u, v) = f (ϕ1 (u, v), ϕ2 (u, v)) = f (x, y) et

∂h ∂ϕ1 ∂f ∂ϕ2 ∂f


 (u, v) = (u, v) (ϕ1 (u, v), ϕ2 (u, v)) + (u, v) (ϕ1 (u, v), ϕ2 (u, v))
 ∂u
 ∂u ∂x ∂u ∂y

 ∂h (u, v) = ∂ϕ1 ∂f ∂ϕ2 ∂f




 (u, v) (ϕ1 (u, v), ϕ2 (u, v)) + (u, v) (ϕ1 (u, v), ϕ2 (u, v))
∂v ∂v ∂x ∂v ∂y
Donc
∂h 1 ∂f 1 ∂f


 (u, v) = (x, y) + (x, y)
 ∂u
 2 ∂x 2 ∂y

 ∂h (u, v) = 1 ∂f 1 ∂f


 (x, y) − (x, y).
∂v 2 ∂x 2 ∂y
On en déduit :
∂f ∂h ∂h


 (x, y) = (u, v) + (u, v)
 ∂x
 ∂u ∂v
 ∂f ∂h ∂h
(u, v) −


 (x, y) = (u, v)
∂y ∂u ∂v

- 2ieme méthode (Directe) : u et v dépendent des deux variables x et y . Considérons la


fonction réciproque
ϕ−1 : R2 → R2
(x, y) 7→ (x + y, x − y) := (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y))

et h une fonction de classe C 2 telle que

f = h ◦ ϕ−1 .

60
Alors f (x, y) = h (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y)) = h(u, v) et
∂f ∂ψ1 ∂h ∂ψ2 ∂h


 (x, y) = (x, y) (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y)) + (x, y) (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y))
 ∂x
 ∂x ∂u ∂x ∂v

 ∂f ∂ψ1 ∂h ∂ψ2 ∂h

 (x, y) = (x, y) (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y)) + (x, y) (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y)
∂y ∂y ∂u ∂y ∂v
Donc
∂f ∂h ∂h


 (x, y) = (u, v) + (u, v)
 ∂x
 ∂u ∂v
 ∂f ∂h ∂h
(u, v) −


 (x, y) = (u, v)
∂y ∂u ∂v

ˆ Calcul des dérivées partielles secondes de f .

∂2f
 
∂ ∂f
(x, y) = (x, y)
∂x2 ∂x ∂x
 
∂ ∂h ∂h
= (u, v) + (u, v)
∂x ∂u ∂v
   
∂ ∂h ∂ ∂h
= (u, v) + (u, v)
∂x ∂u ∂x ∂v
Or, puisque u = ψ1 (x, y) et v = ψ2 (x, y) on a :
 
∂h ∂h ∂h −1
(u, v) = (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y)) = ◦ϕ (x, y)
∂u ∂u ∂u
 
∂h ∂h ∂h −1
(u, v) = (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y)) = ◦ϕ (x, y)
∂v ∂v ∂v
Donc, en utilisant la formule de la dérivée d'une fonction composée :
   
∂ ∂h ∂ ∂h
(u, v) = (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y))
∂x ∂u ∂x ∂u
   
∂ψ1 ∂ ∂h ∂ψ2 ∂ ∂h
= (x, y) (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y)) + (x, y) (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y))
∂x ∂u ∂u ∂x ∂v ∂u
∂2h ∂2h
= (u, v) + (u, v)
∂u2 ∂v∂u
De même,

   
∂ ∂h ∂ ∂h
(u, v) = (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y))
∂x ∂v ∂x ∂v
   
∂ψ1 ∂ ∂h ∂ψ2 ∂ ∂h
= (x, y) (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y)) + (x, y) (ψ1 (x, y), ψ2 (x, y))
∂x ∂u ∂v ∂x ∂v ∂v
∂2h ∂2h
= (u, v) + 2 (u, v)
∂u∂v ∂v

61
Or h est de classe C 2 , donc d'après le Théorème de Schwarz, pour tout (u, v) ∈ R2 ,
∂2h ∂2h
(u, v) = (u, v) et donc
∂u∂v ∂v∂u
∂2f ∂2h ∂2h ∂2h
(x, y) = (u, v) + 2 (u, v) + (u, v).
∂x2 ∂u2 ∂u∂v ∂v 2

En raisonnant de manière similaire, on montre que :

∂2f ∂2h ∂2h ∂2h


(x, y) = (u, v) − 2 (u, v) + (u, v).
∂y 2 ∂u2 ∂u∂v ∂v 2

On en déduit que :

∂2f ∂2f
f solution de (E) ⇔ (x, y) − (x, y) = 0
∂x2 ∂y 2
∂2h
⇔ (u, v) = 0
∂u∂v
∂h
⇔ (u, v) = C(v) avec C de classe C 1
∂v 
⇔ h(u, v) = C(v) dv + K(u) avec K de classe C 2

62
Remarque:
Ce théorème est très important car :
ˆ D'une part, pour montrer qu'une fonction n'est pas de classe C 2 , il sut de montrer
l'existence d'un point a ∈ U tel que les dérivées croisées ne soient pas égales.
ˆ D'autre part, en physique, ce théorème permet de déterminer si une diérentielle est
exacte ou inexacte : Si les dérivées croisées ne sont pas égales alors f ne s'exprime
pas sous forme diérentielle totale exacte. Exemple : Reprenons l'exemple du travail
thermodynamique W vériant l'équation :

δW = −P dV + 0dP.

Si W = W (V, P ) vérie une DTE alors :

∂W ∂W
δW = dW = dV + dP
∂V ∂P
et donc nécessairement
∂W ∂W
= −P et = 0.
∂V ∂P
Or, en eectuant une seconde dérivation :

∂2W ∂P ∂2W
=− = −1 et =0
∂P ∂V ∂P ∂V ∂P
on voit clairement que les dérivées croisées ne sont pas les mêmes, donc W ne s'exprime
pas sous forme diérentielle totale exacte.

Proposition: Condition de Schwarz


En Thermodynamique, la propriété d'être une forme diérentielle exacte ou inexacte est très
importante car elle permet d'identier les fonctions d'états. La condition que doit satisfaire
une forme diérentielle pour être une diérentielle totale exacte est appelée condition de
Schwarz : Si δz = M (x, y) dx + N (x, y) dy alors la condition de Schwarz est donnée par :
∂M ∂N
= .
∂y ∂x

Exercice d'application : Les formes diérentielles suivantes sont-elles exactes :


1. δf = y dx − x dy
2. δf = (x3 + y) dx + (x + 2y) dy

Généralisation : Soit f : Rn → R une fonction de classe C 2 dont la forme diérentielle est


donnée par :
n
X
δf = Pi dxi .
i=1

63
Pour que δf soit une diérentielle totale exacte, il faut et il sut que :

∂Pi ∂Pj
∀(i, j) ∈ {1, . . . , n}2 , = .
∂xj ∂xi

Par exemple, Pour une fonction de trois variables dont la forme diérentielle est donnée par :

δf = P (x, y, z) dx + Q(x, y, z) dy + R(x, y, z) dz.

δf est une diérentielle totale exacte si :


∂P ∂Q ∂P ∂R ∂Q ∂R
= ; = ; = .
∂y ∂x ∂z ∂x ∂z ∂y

Exercice d'application : Considérons une masse m ponctuelle dans le champ de pesanteur →



g.
Montrer que le travail élémentaire du poids de m donné par δW = −mg dz (avec
W = W (x, y, z)), est une diérentielle totale exacte.

Q : Comment passer d'une diérentielle totale inexacte à une diérentielle totale


exacte ? Réponse : Facteur intégrant ! ! !
Soit la forme diérentielle
P (x, y)dx + Q(x, y)dy (4)
Existe-t-il une fonction scalaire µ(x, y) non nul telle que la forme µP dx + µQdy soit une
DTE ? Si tel que est le cas, on dira que µ est un facteur intégrant pour la forme initiale (4).
On peut généraliser cette propriété à une fonction à n variables.

Exemple : Considérons la forme diérentielle δC = yz dx + dy + dz .

ˆ 1ère étape : On regarde si δC est une DTE.


Pour cela, vérions si la condition de Schwarz est satisfaite.

∂(yz) ∂(1)
=z et = 0.
∂y ∂x
∂(yz) ∂(1)
On remarque que 6= donc δC n'est pas une DTE.
∂y ∂x

64
ˆ 2ième étape : Peut-on la transformer en une DTE ?
Soit µ(x, y, z) un facteur intégrant alors µyz dx + µdy + µdz est une DTE notée dC .
∂C ∂C ∂C
Or dC = dx + dy + dz , d'où
∂x ∂y ∂z
∂C ∂C ∂C
= µ(x, y, z)yz; = µ(x, y, z); = µ(x, y, z).
∂x ∂y ∂z
Comme dC est une DTE, on a nécessairement

∂2C ∂2C ∂µ ∂µ
= ⇔ yz + µz = . (5)
∂y∂x ∂x∂y ∂y ∂x

∂2C ∂2C ∂µ ∂µ
= ⇔ = . (6)
∂y∂z ∂z∂y ∂y ∂z

∂2C ∂2C ∂µ ∂µ
= ⇔ yz + µy = . (7)
∂z∂x ∂x∂z ∂z ∂x
Des équations (5) et (7), on déduit que
∂µ ∂µ
yz + µz = yz + µy.
∂y ∂z
D'où d'après l'équation (6)

µy = µz ⇔ µ(y − z) = 0 ⇔ µ = 0

On en déduit qu'il n'existe pas de facteur intégrant.

5.4 Extrema locaux : Optimisation sans contraintes


Optimiser une fonction c'est chercher les minima ou les maxima (appelés extrema) de la
fonction. Ces extrema peuvent être globaux ou locaux.

Dénition: Minimum et maximum locaux


Soient U un ouvert de Rn , a ∈ U et f ∈ F(U, R). On dit que a est un
ˆ minimum local de f si :

f (a) ≤ f (x) pour tout x dans un voisinage de a.

ˆ maximum local de f si :

f (a) ≥ f (x) pour tout x dans un voisinage de a.

ˆ extremum local de f si a est un minimum local ou un maximum local de f

65
En se plaçant sur R2 :

Comme dans le cas de fonctions d'une seule variable, nous pouvons dénir les points critiques
d'une fonction de plusieurs variables.

Dénition: Point critique


Soient U un ouvert de Rn , a ∈ U et f ∈ F(U, R). On dit que a est un point critique de f
si :
∂f
df (a) = 0 autrement dit (a) = 0 ∀i ∈ {1, . . . , n}.
∂xi

Théorème: Condition nécessaire d'extremum local


Soient U un ouvert de Rn , a ∈ U et f ∈ F(U, R). Si f admet en a un extremum local et si
les dérivées partielles de f en a existent alors a est un point critique de f .

Théorème: Condition susante d'extremum local


Soient U un ouvert de R2 , f ∈ F(U, R) de classe C 2 et a ∈ U un point critique de f . On note :

∂2f ∂2f ∂2f


r= (a), s= (a), t= (a).
∂x2 ∂x∂y ∂y 2

Soit δ = det(Hf (a)) = rt − s2 le déterminant de la matrice hessienne de f .

Si δ > 0 alors f présente un extremum local en a.


ˆ Il s'agit d'un minimum local si r > 0
ˆ Il s'agit d'un maximum local si r < 0

Dénition: Point selle ou point col


Soit a un point critique de f . Si en a la fonction f admet un minimum dans une direction et
un maximum dans une autre, le point a est appelé point selle ou point col.

En se plaçant sur R2 :

66
Théorème:
Soient U un ouvert de R2 , f ∈ F(U, R) de classe C 2 et a ∈ U un point critique de f . On note :

∂2f ∂2f ∂2f


r= (a), s= (a), t= (a).
∂x2 ∂x∂y ∂y 2

Soit δ = det(Hf (a)) = rt − s2 le déterminant de la matrice hessienne de f .

1. Si δ < 0 alors f présente un point col (ou point selle) : ce n'est pas un extremum.
2. Si δ = 0 alors on ne peut pas conclure à partir des dérivées secondes. Le point a est
appelé point plat.

Exemple : Soit f ∈ F(R2 , R2 ) dénie par

f (x, y) = x4 + y 4 − 4xy.

ˆ Points critiques :

∂f


 (a, b) = 0
 ∂x
4a3 − 4b = 0 b = a3
  
(a, b) point critique ⇔ ⇔ ⇔

 ∂f 4b3 − 4a = 0 a(a8− 1) = 0

 (a, b) = 0
∂y

Or a(a8 − 1) = 0 ⇔ a = 0, a = 1, ou a = −1. Donc les points critiques sont : (0, 0), (1, 1)
et (−1, −1).

ˆ Nature des points critiques

12x2 −4
 
Hf (x, y) =
−4 12y 2

On en déduit que det(Hf )(x, y) = 144x2 y 2 − 16.


ˆ Pour (x, y) = (0, 0), δ = −16 < 0 donc (0, 0) est un point col.
ˆ Pour (x, y) = (1, 1), δ = 144 − 16 = 128 > 0 et r = 12 > 0 donc (1, 1) est un
minimum local.

67
ˆ Pour (x, y) = (−1, −1), δ = 144 − 16 = 128 > 0 et r = 12 > 0 donc (−1, −1) est un
minimum local.

Exercice d'application : Déterminer les extrema locaux des fonctions suivantes :


1. f (x, y) = x3 + y 3 + 3xy
2. g(x, y) = x2 + y 2 − 4x + 6y + 25
3. h(x, y) = x2 + y 2 + sin(x2 + y 2 )

68
6 Intégrales multiples
Les intégrales multiples constituent la généralisation des
 b intégrales dites simples c'est-à-dire
les intégrales d'une fonction d'une seule variable réelle, a f (x) dx, pouvant être interprétées


comme l'aire de la partie délimitée par la courbe de f , l'axe (0, i ) et les droites d'équations
x = a et x = b.

Dans le cas d'une fonction de deux variables, l'idée des intégrales doubles est de mesurer le
volume délimité par le graphe de cette fonction, au dessus d'un domaine D du plan.

6.1 Intégrales doubles


6.1.1 Intégrales doubles sur un rectangle
Soient a, b, c, d ∈ R tels que a < b et c < d. Soient D ⊂ R2 un rectangle de R2 déni par
 = [a, b] × [c, d] et f : D → R une fonction continue sur D. L'intégrale double de f sur D, notée
D
f (x, y) dxdy , est dénie par :
D

  b d
f (x, y) dxdy = f (x, y) dxdy.
D a c

6.1.2 Propriétés des intégrales doubles


Proposition:
Soient f et g deux fonctions continues sur un domaine D ⊂ R2
1. Linéarité : Pour tout α, β ∈ R
  
(αf + βg)(x, y) dxdy = α f (x, y) dxdy + β g(x, y) dxdy.
D D D

2. Positivité : Soit f non identiquement nulle sur D.



Si f (x, y) ≥ 0 pour tout (x, y) ∈ D alors f (x, y) dxdy ≥ 0.
D

3. Croissance : Pour tout (x, y) ∈ D


 
Si f (x, y) ≤ g(x, y) alors f (x, y) dxdy ≤ g(x, y) dxdy.
D D

69
6.1.3 Théorème de Fubini
Théorème: Théorème de Fubini
Soit f une fonction continue sur un rectangle D = [a, b] × [c, d]. Alors
  b  d   d  b 
f (x, y) dxdy = f (x, y) dy dx = f (x, y) dx dy.
D a c c a

Le calcul d'une intégrale double sur un domaine D de la forme D = [a, b] × [c, d] peut se
ramener à deux calculs d'intégrales simples, l'ordre des intégrations étant quelconques :
 b
ˆ on intègre d'abord par rapport à x entre a et b, f (x, y) dx, en laissant y constant : on
a
obtient alors une fonction de y . Puis on intègre le résultat obtenu par rapport à y entre
 d  b
c et d : f (x, y) dx dy .
c a

 d
ˆ on intègre d'abord par rapport à y entre c et d, f (x, y) dy , en laissant x constant :
c
on obtient alors une fonction dex. On intègre ensuite le résultat obtenu par rapport à x
 b  d
entre a et b : f (x, y) dy dx.
a c


1
Exemple : Calculons I = dxdy .
[0,1]×[0,1] 1+x+y
1
La fonction (x, y) 7→ est continue sur [0, 1] × [0, 1] donc d'après le Théorème de
1+x+y
Fubini :
 1  1 
1
I= dy dx
0 0 1+x+y
 1
= [ln(1 + x + y)]10 dx
0
 1
= (ln(2 + x) − ln(1 + x)) dx
0
 1
ˆ Calcul de ln(2 + x) dx.
0
En eectuant le changement de variables z = 2 + x puis en faisant une intégration par
parties on a :
 1  3
ln(2 + x) dx = ln(z) dz = [z ln(z) − z]32 = 3 ln(3) − 2 ln(2) − 1.
0 2
 1
ˆ Calcul de ln(1 + x) dx.
0

70
En eectuant le changement de variables z = 1 + x puis en faisant une intégration par
parties on a :
 1  2
ln(1 + x) dx = ln(z) dz = [z ln(z) − z]21 = 2 ln(2) − 1.
0 1

On en déduit
I = 3 ln(3) − 4 ln(2).


1
Exercice d'application : Calculer I = dxdy .
[0,1]×[2,5] (1 + x + 2y)2
 
1 11
Réponse : ln .
2 10

Corollaire:
Soient g une fonction continue sur [a, b] et f une fonction continue sur [c, d], on a :
  b   d 
g(x)f (y) dxdy = g(x) dx f (y) dy .
[a,b]×[c,d] a c


Exemple : Calculons ex+2y dxdy .
[0,1]×[0,2]
La fonction (x, y) 7→ ex+2y est continue sur [0, 1] × [0, 2] donc d'après le Théorème de Fubini
  1   2 
ex+2y dxdy = ex dx e2y dy
[0,1]×[0,2] 0 0
 2
1 2y
= [ex ]10 e
2 0
1
= (e − 1)(e4 − 1).
2


Exercice d'application : Calculer l'intégrale I = sin(x) cos(y) dxdy.
[0, π2 ]×[0, π2 ]
Réponse : I = 1

71
Le théorème de Fubini se généralise à des parties bornées autres que les rectangles.

Théorème: Généralisation du Théorème de Fubini


Soit f une fonction continue sur un domaine borné D de R2 .
ˆ Si le domaine D est de la forme :

D = (x, y) ∈ R2 | x ∈ [a, b] et g(x) ≤ y ≤ h(x) ,




où g et h sont deux fonctions continues sur [a, b] telles que g ≤ h, alors

  b  h(x)
!
f (x, y) dxdy = f (x, y) dy dx.
D a g(x)

ˆ Si le domaine D est de la forme :

D = (x, y) ∈ R2 | y ∈ [c, d] et g(y) ≤ x ≤ h(y) ,




où g et h sont deux fonctions continues sur [c, d] telles que g ≤ h, alors

  d  h(y)
!
f (x, y) dxdy = f (x, y) dx dy.
D c g(y)

Exemples :
1. Soit D le domaine délimité
 par les côtés du triangle ABC avec A(1, 0), B(0, 1) et
C(0, −1). Calculons I = f (x, y) dxdy où f (x, y) = x + 2y .
D

Déterminons dans un premier temps les équations des droites (AB) et (AC) :
ˆ Équation de la droite (AB) : y = −x + 1.
ˆ Équation de la droite (AC) : y = x − 1.

72
Pour x variant de 0 à 1, y varie de x − 1 à 1 − x, autrement dit :

D = (x, y) ∈ R2 | 0 ≤ x ≤ 1 et x − 1 ≤ y ≤ 1 − x .


De plus, f est continue sur R2 donc sur D. On a alors d'après le théorème de Fubini :
 1  1−x 
I= f (x, y) dy dx
0 x−1
 1  1−x 
= (x + 2y) dy dx
0 x−1
 1 1−x
= xy + y 2 x−1
dx
0
 1
x − x2 dx

=2
0
1
= .
3


y
2. Calculons I = dxdy où D = {(x, y) ∈ R2 | x ≥ 0, y ≥ 0, x2 + y 2 ≤ 1}.
D x2 +1

On a p
D = {(x, y) ∈ R2 | 0 ≤ x ≤ 1, 0 ≤ y ≤ 1 − x2 }.
y
La fonction (x, y) 7→ 2 est continue sur D donc d'après le théorème de Fubini :
x +1
 1  √1−x2 !
y
I= dy dx
0 0 x2 + 1
 1  √1−x2 !
1
= 2
y dy dx
0 1+x 0

1 1 1 − x2
= dx
2 0 1 + x2

1 1 2
= − 1 dx
2 0 1 + x2
1
= [2 arctan(x) − x]10
2
π 1
= −
4 2

Exercices d'applications :
1. Soit D le domaine délimité
 par les côtés du triangle OAB avec O(0, 0), A(1, 0) et
B(0, 2). Calculer I = f (x, y)dxdy où f (x, y) = (2x + y)2 .
D
Réponse : I = 2.

73

2. Calculer I = x(y − ey ) dxdy où D = {(x, y) ∈ R2 | x ≥ 0, y ≥ 0, x + y ≤ 1}.
D
61
Réponse : I = − e.
24

6.1.4 Changement de variables


Pour une fonction f continue sur un intervalle I ⊂ R, lorsque l'on ne peut pas facilement
déterminer la primitive de f , on a recours à un changement de variables astucieux pour contourner
la diculté. En eectuant le changement de variable x = ϕ(t), où ϕ : [α, β] → I est une fonction
de classe C 1 , on doit remplacer dx par ϕ0 (t)dt. Dans ce cas, on obtient la formule du changement
de variables suivante :  
ϕ(β) β
f (x) dx = f [ϕ(t)]ϕ0 (t) dt.
ϕ(α) α

Si de plus I = [a, b] et ϕ est bijective, on peut écrire :


 b  ϕ−1 (b)
f (x) dx = f [ϕ(t)]ϕ0 (t) dt.
a ϕ−1 (a)

Pour une intégrale multiple, c'est le jacobien qui va jouer le rôle de la dérivée :
Proposition: Formule du changement de variables
Soient Ω et D deux domaines de R2 et ϕ une bijection de classe C 1 du domaine Ω au domaine
D:
ϕ: Ω → D
(u, v) 7→ (x, y) = ϕ(u, v)
Alors :  
f (x, y) dxdy = (f ◦ ϕ)(u, v)|det(Jϕ (u, v))| dudv,
D Ω

où Jϕ est la matrice jacobienne de ϕ i.e la matrice des dérivées partielles de ϕ.

Changement de variables en coordonnées polaires.


Les coordonnées polaires sont dénies par l'application ϕ :

ϕ : R+ × [0, 2π[ → R2
(r, θ) 7→ (r cos(θ), r sin(θ))

On a vu que det(Jϕ (r, θ)) = r. On a donc pour Ω un domaine de R+ × R,


 
f (x, y) dxdy = f (r cos(θ), r sin(θ)) r drdθ.
D Ω

74
Remarque:
Si D est le domaine délimité par le disque de centre (a, b) et de rayon R alors le changement
de variables est déni par :

x = a + r cos(θ)
avec 0 ≤ r ≤ R.
y = b + r sin(θ)

Autrement dit, la fonction ϕ est dénie par

ϕ(r, θ) = (a + r cos(θ), b + r sin(θ)).

Exemples :
  
x−y
1. I = exp dxdy où D = {(x, y) ∈ R2 | x ≥ 0, y ≥ 0, x + y ≤ 1}.
D x + y
Pour (x, y) ∈ D, considérons le changement de variables :

u = x−y
v = x+y

Comme (x, y) ∈ D, on sait que 0 ≤ v ≤ 1. De plus, on a


 
u + v = 2x u+v ≥ 0
⇒ ⇔ −v ≤ u ≤ v.
u − v = −2y u−v ≤ 0

Posons Ω = {(u, v) ∈ R2 | 0 ≤ v ≤ 1, −v ≤ u ≤ v} et ϕ la fonction dénie par

ϕ: Ω → D
 
u+v v−u
(u, v) 7→ ,
2 2
D'après la formule du changement de variables, on a :

I= f (ϕ(u, v)) |det(Jϕ (u, v))| dudv

75
Or,
1 1
 
2 2
1
Jϕ (u, v) = ⇒ det(Jϕ (u, v)) = .
− 12 1
2 2
Donc 
1 u
I= exp dudv.
2 Ω v
u
La fonction (u, v) 7→ exp est continue sur Ω donc d'après le théorème de Fubini,
v
 1  v 
1 u
I= exp du dv
2 0 −v v
 1h
1  u iv
= v exp dv
2 0 v −v
 1
1 1
= v(e − ) dv
2 0 e
1 1
= (e − ).
4 e


2 +y 2
2. Calculons e(x−1) dxdy , où D = {(x, y) ∈ R2 | x ≥ 0, y ≥ 0, (x − 1)2 + y 2 ≤ 4}.
D

L'équation (x − 1)2 + y 2 ≤ 4 représente l'intérieur du disque de centre (1, 0) et de rayon


2, on considère donc le changement en coordonnées polaires :

x = 1 + r cos(θ)
avec 0 ≤ r ≤ 2.
y = r sin(θ)
h πi
Puisque x ≥ 0 et y ≥ 0, on ne considère que le quart du disque autrement dit θ ∈ 0, .
2
Posons h πi
ϕ : [0, 2] × 0, → D
2
(r, θ) 7→ (1 + r cos(θ), r sin(θ))
On a det(Jϕ (r, θ)) = r. D'après la formule du hchangement de variables et puisque la
2 πi
fonction (r, θ) 7→ re est continue sur [0, 2] × 0, , on en déduit d'après le théorème
r
2
de Fubini :
  2   π
 

er r dr  2 dθ
2 2 2
e(x−1) +y dxdy =
D 0 0
 2
π 1 r2
= e
2 2 0
π 4
= (e − 1).
4

76
Exercices d'applications :

1. Calculer x2 y dxdy , où D = {(x, y) ∈ R2 | 1 ≤ x − y ≤ 2 et − 1 ≤ x + 3y ≤ 3}.
D
17
Réponse : − .
256

xy
2. Calculer dxdy , où D = {(x, y) ∈ R2 | x2 + y 2 ≤ 9}.
D x2 + y2
Réponse : 0.

6.2 Intégrales triples


Le principe est le même que pour les intégrales doubles. Nous généralisons rapidement les
résultats précédents au cas des fonctions de trois variables.

Pour D = [a, b] × [c, d] × [e, f ] une partie


 de R et f une fonction continue sur D, on appelle
3

intégrale triple de f sur D, et on note f (x, y, z) dxdydz , l'intégrale dénie par :


D

  b d f
f (x, y, z) dxdydz = f (x, y, z) dxdydz.
D a c e

6.2.1 Théorème de Fubini


Pour une fonction continue, le calcul d'une intégrale triple sur un domaine D de la forme D =
[a, b] × [c, d] × [e, f ], peut se ramener à trois calculs d'intégrales simples, l'ordre des intégrations
étant quelconques.

Théorème: Théorème de Fubini


Soit f une fonction continue sur le domaine D = [a, b] × [c, d] × [e, f ]. Alors
  b  d  f    f  d  b  
f (x, y, z) dxdydz = f (x, y, z) dz dy dx = f (x, y, z) dx dy dz = ...
D a c e e c a


Exemple : Calcul de I = (x + 3yz) dxdydz .
[0,1]×[1,2]×[1,3]

77
La fonction (x, y, z) 7→ x + 3yz étant continue, on a d'après le théorème de Fubini,
 1  2  3  
I= x + 3yz dz dy dx
0 1 1
 1  2 !
3 2 3

= xz + yz dy dx
0 1 2 1
 1  2 
= (2x + 12y) dy dx
0 1
 1 2
= 2xy + 6y 2 1
dx
0
 1
= (2x + 18) dx
0
1
= x2 + 18x 0


= 19

Le théorème de Fubini se généralise à des parties bornées quelconques.

Théorème: Généralisation du Théorème de Fubini


Soit f une fonction continue sur un domaine borné D de R3 . Si le domaine D est de la forme :

D = (x, y, z) ∈ R3 | x ∈ [a, b] , y ∈ [g(x), h(x)] et z ∈ [k(x, y), l(x, y)] ,




où g, h, k, l sont des fonctions continues telles que g ≤ h et k ≤ l, alors

  b  h(x)  l(x,y)
! !
f (x, y, z) dxdydz = f (x, y, z) dz dy dx
D a g(x) k(x,y)

Remarque:
En intervertissant les rôles de x, y et z , on obtient les autres cas.


Exemple : Calcul de I = (x2 + yz) dxdydz où
D

D = (x, y, z) ∈ R3 | x ≥ 0, y ≥ 0, z ≥ 0 et x + y + 2z ≤ 1 .


Soit (x, y, z) ∈ D.
ˆ On xe x : Comme y, z ≥ 0, on a x ≤ x + y + 2z ≤ 1
On en déduit que 0 ≤ x ≤ 1 .

78
ˆ On fait dépendre y de x : Comme z ≥ 0, on a x + y ≤ x + y + 2z ≤ 1 ⇒ y ≤ 1 − x.
Donc 0 ≤ y ≤ 1 − x .

1−x−y
ˆ On fait dépendre z de x et y : x + y + 2z ≤ 1 ⇒ z ≤ .
2
1−x−y
D'où 0 ≤ z ≤
2

On a ainsi après calculs :


 1  1−x  1−x−y
! !
2
2 1
I= (x + yz) dz dy dx = .
0 0 0 96

1
Remarque : On aurait très bien pu xer d'abord z (0 ≤ z ≤ ), faire dépendre x de z
2
(0 ≤ x ≤ 1 − 2z ) et enn faire dépendre y de x et z (0 ≤ y ≤ 1 − x − 2z ). On aurait eu ainsi
 1  1−2z  1−x−2z  
2
2 1
I= (x + yz) dy dx dz = .
0 0 0 96


1
Exercice d'application : Calculer I = dxdy où
D (1 + x + y + z)3

D = (x, y, z) ∈ R3 | x ≥ 0, y ≥ 0, z ≥ 0 et x + y + z ≤ 1 .


5 1
Réponse : I = − + ln(2).
16 2

6.2.2 Changement de variables


Proposition: Formule du changement de variables
Soient Ω et D deux domaines de R3 et ϕ une bijection de classe C 1 du domaine Ω au domaine
D dénie par :
ϕ: Ω → D
(u, v, w) 7→ (x, y, z) = ϕ(u, v, w)
Alors :
 
f (x, y, z) dxdydz = (f ◦ ϕ)(u, v, w)|det(Jϕ (u, v, w))| dudvdw,
D Ω

où Jϕ est la matrice jacobienne de ϕ i.e la matrice des dérivées partielles de ϕ.

79
ˆ Changement de variables en coordonnées cylindriques.
Les coordonnées cylindriques sont dénies par l'application ϕ :
ϕ : R+ × [0, 2π[×R → R3
(r, θ, z) 7→ (r cos(θ), r sin(θ), z)
On a det(Jϕ (r, θ, z)) = r. On a donc pour Ω un domaine de R+ × R × R,
 
f (x, y, z) dxdydz = f (r cos(θ), r sin(θ), z) r drdθdz.
D Ω

ˆ Changement de variables en coordonnées sphériques.


Les coordonnées sphériques sont dénies par l'application ϕ :
ϕ : R+ × R × R → R3
(r, θ, ϕ) 7→ (r cos(θ) cos(ϕ), r sin(θ) cos(ϕ), r sin(ϕ))
On a det(Jϕ (r, θ, ϕ)) = r2 cos(ϕ). On a donc pour Ω un domaine de R+ × R × R,
 
f (x, y, z) dxdydz = f (r cos(θ) cos(ϕ), r sin(θ) cos(ϕ), r sin(ϕ)) r2 cos(ϕ) drdθdϕ.
D Ω

Remarque:
Selon le repère considéré, les coordonnées sphériques peuvent aussi s'écrire :

 x = r sin(θ) cos(ϕ)
y = r sin(θ) sin(ϕ)
z = r cos(θ)

Dans le cas, le déterminant du jacobien vaut r2 sin(θ)

80
Exemples :

1. Calcul de (x2 + y 2 + 1) dxdydz où D = {(x, y, z) ∈ R3 | x2 + y 2 ≤ 1, 0 ≤ z ≤ 2}.
D

On passe en coordonnées cylindriques :



 x = r cos(θ)
y = r sin(θ) avec r ∈ [0, 1] et θ ∈ [0, 2π].
z = z

Posons
ϕ : [0, 1] × [0, 2π] × [0, 2] → D
(r, θ, z) 7→ (r cos(θ), r sin(θ), z)
On montre que ϕ est une bijection de classe C 1 entre [0, 1] × [0, 2π] × [0, 2] et D(à
vérier), on peut donc appliquer la formule du changement de variables :
 
2 2
(x + y + 1) dxdydz = r(r2 + 1) drdθdz.
D [0,1]×[0,2π]×[0,2]

De plus la fonction (r, θ, z) 7→ r(r2 + 1) est continue donc d'après le théorème de Fubini :
  2π  2  1  
2 2 2
(x + y + 1) dxdydz = (r + 1)r dr dz dθ
D 0 0 0
 2π   2   1 
= dθ dz r(r2 + 1) dr
0 0 0
 1
1 2
= 4π (r + 1)2
4 0
= 3π.

81

2. Calcul de xz dxdydz où D = {(x, y, z) ∈ R3 | x2 + y 2 + z 2 ≤ R2 }.
D

On passe en coordonnées sphériques :



 x = r cos(θ) cos(ϕ) h π πi
y = r sin(θ) cos(ϕ) avec r ∈ [0, R], θ ∈ [0, 2π] et ϕ ∈ − , .
2 2
z = r sin(ϕ)

D'après la formule du changement de variables et le théorème de Fubini (hypothèses à


vérier) :
    π R 2π
! !
2
xy dxdydz = r2 cos(θ) cos(ϕ) sin(ϕ) × r2 cos(ϕ) dϕ dθ dr
D 0 0 − π2

    π
 
R 2π 
= r4 dr cos(θ) dθ  2 cos2 (ϕ) sin(ϕ) dϕ
π
0 0 −
2
R π
r5 3 (ϕ)
 
cos 2
= [sin(θ)]2π
0 − π
5 0 3 −
2
= 0.

Exercices d'applications :

1. Calculer z 2 dxdydz où D = {(x, y, z) ∈ R3 | x2 + y 2 ≤ R2 , 0 ≤ z ≤ h}.
D
π 2 3
Réponse : R h .
3
1
2. Calculer dxdydz où D = {(x, y, z) ∈ R3 | r2 ≤ x2 + y 2 + z 2 ≤ R2 },
D +x2y 2 + z2
avec r > 0 et R > 0.
Réponse : 4π(R − r)

82
7 Intégrales curvilignes
En mécanique, lorsqu'on déplace une particule (assimilée à un point matériel) dans un champ
de force, le travail fournit par ce champ de force est donné par une intégrale le long de la trajectoire
décrite par cette particule. Autrement dit, si la particule se déplace de A à B en suivant le chemin


γ , l'énergie totale apportée par la force F est donnée par :


− −

→ (A → B) =
W− F (x).dx.
F
γ

Interprétation : On approche le chemin par une somme de petits déplacements, on calcule le


travail correspondant à chacun de ces petits déplacements, et on somme le tout pour obtenir le
travail total.


− −

An de calculer l'intégrale F (x).dx, on va paramétrer le chemin γ an de se ramener une
γ
intégrale sur un segment de R.

7.1 Circulation d'un champs de vecteurs


Dénition: Courbe paramétrée

ˆ On appelle courbe paramétrée de classe C k , k ≥ 0, un couple (I , γ ) avec :


(a) I un intervalle de R,
(b) γ une application de classe C k de I à valeurs dans Rn .
Cas particulier : si I = [a, b] et n = 2 alors

γ : [a, b] → R2
t 7→ γ(t) = (x(t), y(t))

ˆ Si I = [a, b], on dit que la courbe est fermée si γ(a) = γ(b).

Exemple : La paramétrisation du cercle de centre (0, 0) et de rayon R > 0 est donnée par
l'application
γ : [0, 2π] → R2
t 7→ γ(t) = (R cos(t), R sin(t))

Dénition: Intégrale curviligne ou circulation

83
Soit Γ = ([a, b], γ) une courbe paramétrée de classe C 1 , telle que γ([a, b]) soit inclus dans U un
ouvert de Rn . Soit V ~ un champ de vecteurs continu sur U . On appelle intégrale curviligne
ou circulation de V ~ sur Γ, l'intégrale dénie par :

  b
~ =
V ~ (γ(t)) · γ 0 (t) dt
V
Γ a

L'intégrale curviligne d'un champ de vecteurs sur une courbe ne dépend que de
l'orientation, et non du choix de la paramétrisation.

Remarque : Notation:

~ sur Γ est notée :
En physique, la circulation de V ~ ·→
V
− →

dl , avec dl le vecteur déplacement
Γ
élémentaire le long de Γ.

Remarque importante:

~ (x, y) = (P (x, y), Q(x, y)) et γ(t) = (x(t), y(t)), t ∈ [a, b], alors
Si V
  b
~ =
V P (x(t), y(t)) x0 (t) + Q (x(t), y(t)) y 0 (t) dt.
Γ a

Il s'agit
 alors de l'intégrale curviligne de la forme diérentielle ω = P dx + Q dy , que l'on note
aussi P dx + Q dy .
Γ

Le vecteur γ 0 (t) = (x0 (t), y 0 (t)) est le vecteur tangent à la courbe Γ au point γ(t). Lorsque
γ(t) décrit la trajectoire d'un point matériel, le vecteur γ 0 (t) est la vecteur vitesse.

84


− →

En physique, lorsque le champ de vecteurs est une force F , l'intégrale curviligne F est
Γ


appelée le travail de F le long de la trajectoire paramétrée par γ .


En pratique : Si Γ = ([a, b], γ) avec γ(t) = (x(t), y(t)), t ∈ [a, b], pour calculer P dx + Q dy
Γ
on remplace :
  b
ˆ par
Γ a
ˆ x par x(t) et y par y(t)
ˆ dx par x0 (t)dt et dy par y 0 (t)dt.

Exemple :

1. Calcul de x2 dx − xy dy où Γ est l'arc de parabole x = y 2 , 0 ≤ x ≤ 1, orienté dans le
Γ
sens des x croissants.

Dénissons une paramétrisation de l'arc de parabole :


Posons y = t (on dénit y comme étant le paramètre), on a
 
 0 ≤ x ≤ 1  0 ≤ t ≤ 1
x = y2 ⇒ x = t2
y = t y = t
 

On pose alors :
γ : [0, 1] → R2
t 7→ (t2 , t) := (x(t), y(t))
Donc
  1
x2 dx − xy dy = x2 (t)x0 (t) − x(t)y(t)y 0 (t) dt
Γ 0
 1
t4 .2t − t2 t dt

=
0
 1
2t5 − t3 dt

=
0
1
= .
12

85
2. Soit Γ le cercle ~
 de centre (0, 0) et de rayon 1 et V le champ de vecteur déni par
~ (x, y) = −y . Calculons la circulation de V
V ~ sur Γ.
x
Dénissons une paramétrisation de Γ :
Γ étant le cercle de centre (0, 0) et de rayon 1, on considère le changement de variables
en coordonnées polaires :

x = cos(θ)
avec θ ∈ [0, 2π].
y = sin(θ)
On pose alors
γ : [0, 2π] → R2
θ 7→ (cos(θ), sin(θ))
On a ainsi
  2π
~ =
V ~ (γ(θ)) · γ 0 (θ) dθ
V
Γ 0
 2π    
− sin(θ) − sin(θ)
= · dθ
0 cos(θ) cos(θ)
 2π
sin2 (θ) + cos2 (θ) dθ

=
0
 2π
= 1 dθ
0
= 2π.

Exercices d'applications : 
1. Calculer l'intégrale curviligne y sin(x) dx + x cos(y) dy où Γ est le segment de droite
Γ
qui joint le point O(0, 0) au point A(1, 1) et orienté de O vers A.
Réponse : 2 sin(1) − 1.

y x
2. Calculer l'intégrale curviligne −dx + 2 dy où Γ est le cercle de rayon a
Γ +y 2 x2
x + y2
centré en O et parcouru dans le sens trigonométrique.
Réponse : 2π .

Théorème:
~ =−
Si V
−→ ~ dérive d'un potentiel scalaire) et si Γ est une courbe orientée
grad f (autrement dit V
d'origine A, d'extrémité B incluse dans U , alors :

~ = f (B) − f (A).
V
Γ

En particulier, si Γ est fermée, c'est-à-dire si ses deux extrémités sont égales, alors ~ = 0.
V
Γ
Autrement dit,la circulation sur une courbe fermée de tout champ de vecteurs
dérivant d'un potentiel est nulle.
86
7.2 Formule de Green-Riemann
Pour ω une forme diérentielle et Γ une courbe
 fermée, la formule de Green-Riemann
 établit
une relation entre une intégrale curviligne ω et une intégrale double f (x, y) dxdy où D
Γ D
est le domaine intérieur à Γ.

Théorème: Formule de Green-Riemann


Soit Γ une courbe fermée, qui entoure un domaine D, autrement dit Γ = ∂D = frontière de D
et P et Q deux fonctions de classe C 1 . On a :
   
∂Q ∂P
P (x, y) dx + Q(x, y) dy = (x, y) − (x, y) dxdy.
Γ D ∂x ∂y

Exemples :

1. Calcul de −x2 y dx + xy dy où Γ est le cercle de centre (0, 0) et de rayon R > 0.
Γ

ˆ Γ est un cercle donc une courbe fermée.


ˆ Posons P (x, y) = −x2 y et Q(x, y) = xy . P et Q sont de classe C 1 et on a

∂Q ∂P
(x, y) = y et (x, y) = −x2 .
∂x ∂y
On a ainsi d'après la formule de Green-Riemann :
 
2
−x y dx + xy dy = (y + x2 ) dxdy où D = {(x, y) ∈ R2 | x2 + y 2 ≤ R2 }.
Γ D

Pour résoudre cette intégrale double on passe en coordonnées polaires, on obtient


alors :
  R  2π
(y + x2 ) dxdy = (r sin(θ) + r2 cos2 (θ))r drdθ
D 0 0
 R  2π 
= r (r sin(θ) + r cos (θ)) dθ dr d'après le théorème de Fubini
2 2
0 0
 R  2π   
2 1 + cos(2θ)
= r r sin(θ) + r dθ dr
0 0 2
 R  2π
r2 1
= r −r cos(θ) + (θ + sin(2θ))
0 2 2 0
 R
=π r3 dr
0
π
= R4 .
4

87
x2 y 2
2. Calcul de l'aire de l'ellipse d'équation + 2 ≤ 1.
 a2  b
x2 y 2

→ On cherche à calculer dxdy où D = (x, y) ∈ R | 2 + 2 ≤ 1 .
2
D a b
    
1 ∂Q ∂P
dxdy = (1 + 1) dxdy = − dxdy,
D 2 D D ∂x ∂y
avec
∂Q ∂P
(x, y) = 1 et = −1
∂x ∂y

Or une primitive de x 7→ 1 est x 7→ x (et donc Q(x, y) = x) et une primitive de y 7→ −1


est y 7→ −y (et donc P (x, y) = −y ). Ainsi d'après la formule de Green-Riemann :
  2 y2
 
1 2 x
dxdy = −y dx + x dy où Γ = ∂D = (x, y) ∈ R | 2 + 2 = 1 .
D 2 Γ a b

Pour résoudre cette dernière intégrale, passons en coordonnées polaires :



x = ar cos(θ)
avec r = 1 (car on est sur le cercle de rayon 1) et θ ∈ [0, 2π].
y = br sin(θ).

On a donc le changement de variables :



x = x(θ) = a cos(θ)
avec θ ∈ [0, 2π].
y = y(θ) = b sin(θ).

Ainsi :
  2π
−y(θ)x0 (θ) + x(θ)y 0 (θ) dθ

−y dx + x dy =
Γ 0
 2π
= (ab sin(θ) sin(θ) + ab cos(θ) cos(θ)) dθ
0
= 2πab.

On en déduire que l'aire de l'ellipse est πab.

Exercices d'applications : En utilisant la formule de Green-Riemann calculer



1. (y + xy) dx avec Γ la courbe orientée dans le sens trigonométrique, délimitée par la droite
Γ
1
y = x et la parabole y = x2 . Réponse : − .
4

x2 y 2
2. (x − y) dxdy avec D = {(x, y) ∈ R2 | x ≥ 0, y ≥ 0, + ≤ 1}. Réponse : 0
D 4 4

88
8 Intégrales de surface
8.1 Surface paramétrée
Dénition: Surface paramétrée
Soit ∆ un domaine de R2 . Une surface paramétrée de R3 , de paramètres dans ∆, est une
fonction (vectorielle) :

f: ∆ → R3
(u, v) 7→ (x(u, v), y(u, v), z(u, v))

L'image S = f (∆) = {f (u, v), (u, v) ∈ ∆} est appelé le support de f . On dit aussi que S
est la surface paramétrée par f (ou que f est une paramétrisation de S ).

De même que pour les courbes paramétrées, une surface paramétrée est donnée avec son
paramétrage.

Exemple : Paramétrisation de la sphère de Rayon R > 0

f : [0, π] × [0, 2π[ → R3


(θ, ϕ) 7→ (R sin(θ) cos(ϕ), R sin(θ) sin(ϕ), R cos(θ))

Dénition: Vecteur normal à la surface


Soit S une surface paramétrée par f : ∆ ⊂ R2 → R3 de classe C 1 .
ˆ Le vecteur normal à la surface est le vecteur :
∂f ∂f
~n = ~n(u, v) = ∧ ,
∂u ∂v
où    
∂f ∂x ∂y ∂z ∂f ∂x ∂y ∂z
= , , et = , , .
∂u ∂u ∂u ∂u ∂v ∂v ∂v ∂v

ˆ On dit que la surface paramétrée est régulière si ~n(u, v) 6= ~0 pour tout (u, v) ∈ ∆.

ˆ Le vecteur normal unitaire à la surface régulière est le vecteur :


~ = ~n .
N
k~nk

Exemple : Reprenons l'exemple de la paramétrisation de la sphère de Rayon R > 0

f : [0, π] × [0, 2π[ → R3


(θ, ϕ) 7→ (R sin(θ) cos(ϕ), R sin(θ) sin(ϕ), R cos(θ))

89
Alors :
∂f ∂f
(θ, ϕ) = (R cos(θ) cos(ϕ), R cos(θ) sin(ϕ), −R sin(θ)) , (θ, ϕ) = (−R sin(θ) sin(ϕ), R sin(θ) cos(ϕ), 0)
∂θ ∂ϕ
et
R2 sin2 (θ) cos(ϕ)
 
∂f ∂f
~n(θ, ϕ) = ∧ =  R2 sin2 (θ) sin(ϕ) 
∂θ ∂ϕ
R2 cos(θ) sin(θ)
La surface paramétrée de la sphère est régulière pour θ 6= 0, π .

Remarque:
Il existe deux vecteurs normaux à une surface : ~n(u, v) ou −~n(u, v).

Dénition: Orientation d'une surface paramétrée


Soit f : ∆ ⊂ R2 → R3 une surface paramétrée régulière. On appelle orientation de f , la
donnée d'un champ de vecteurs normaux à la surface. On note S + la surface orientée par un
vecteur sortant et S − par la surface orientée dans le sens opposé.

90
8.2 Flux d'un champ de vecteurs
Dénition: Flux d'un champ à travers une surface
~ un champ de vecteurs sur R3 déni sur un ouvert U de R3 . Soit S + une surface orientée
Soit V
contenue dans U , paramétrée par f : ∆ ⊂ R2 → R3 de classe C 1 et orientée par le vecteur
normal ~n(u, v). On appelle Flux du champ V ~ à travers S + l'intégrale :
 
~ ·−
V

dS = ~ (f (u, v)) · ~n(u, v) dudv
V
S+ ∆

~ à travers S + s'écrit :
Si S + est une surface fermée, le ux de V

~ ·−
V

dS
S+

Proposition:
~ un champ de vecteurs sur R3 déni sur un ouvert U de R3 et S + une surface orientée
Soient V
contenue dans U . Si S − est la même surface orientée dans le sens opposé à celui de S + , alors
on a :  
~ −→ ~ ·−

V · dS = − V dS
S− S+

Exemple : On considère le champ de vecteurs V ~ (x, y, z) = (z, x, y) et la surface


S+ = {x ∈ [0, 1], y ∈ [0, 1], z ∈ R | z = xy}, paramétrée par f (u, v) = (u, v, uv) avec u ∈ [0, 1] et
v ∈ [0, 1] et orientée par
∂f ∂f
~n(u, v) = ∧ .
∂u ∂v
Calculons le ux de V ~ à travers S + .
On a :      
1 0 −v
~n(u, v) =  0  ∧  1  =  −u 
v u 1
Donc :
 
~ ·−
V

dS = ~ (f (u, v)) · ~n(u, v) dudv
V
S+ [0,1]×[0,1]

   
uv −v
=  u  ·  −u  dudv
[0,1]×[0,1] v 1

= (−uv 2 − u2 + v) dudv
[0,1]×[0,1]

91
La fonction (u, v) 7→ −uv 2 − u2 + v est continue sur [0, 1] × [0, 1], donc d'après le théorème de
Fubini :
   1   1   1  1
~ −
→ 2 2
V · dS = − u du v dv − u du + v du
S+ 0 0 0 0
1 1 1 1
=− × − +
2 3 3 2
=0

Exercice d'application : On considère le champ de vecteurs V ~ (x, y, z) = (xz, −yz, 0) et le


cylindre paramétré par f (θ, z) = (R cos(θ), R sin(θ), z) avec θ ∈ [0, 2π[ et z ∈ [0, H] et orientée
∂f ∂f ~ à travers le cylindre.
par ~n(θ, z) = ∧ . Calculer le ux de V
∂θ ∂z

Remarque:
Si une surface S est décrite par la relation f (u, v, w) = 0 dans un système de coordonnées
(u, v, w) avec f une fonction de classe C 1 dans R, alors en tout point M , un vecteur normal
unitaire à la surface est donné par :
−−→
~ gradf
N (M ) = −−→ (M ).
kgradf k
−−→
Cela provient du fait qu'en tout point M , le vecteur gradient gradf (M ) est perpendiculaire
à S en ce point.

8.3 Théorèmes intégraux


8.3.1 Théorème de Stokes
Théorème: Théorème de Stokes
Soient S une surface de R3 orientée par le choix d'un champ de normales ~n et Γ = ∂S le bord
~ un champ de vecteurs de classe C 1 dans R3 . Le ux du rotationnel de
fermé de S . Soit V
~ à travers la surface S est égal à la circulation de V
V ~ le long du bord ∂S :

−→ ~ − → ~.
rot V · dS = V
S Γ

Exemple : Soit la surface S dénie par :


S = {(x, y, z) ∈ R3 | y 2 + (z − 1)2 = 1, z ≥ 1, 0 ≤ x ≤ 1} et orientée par les normales ~n telles
que ~n · ~ez ≥ 0. On appelle Γ le bord fermé de S orienté de façon cohérente avec S .

92
Q. Calculer la circulation I ~ = 1 z 2 , x2 , y 2 le long de Γ.
de V

2
ˆ Méthode 1 : calcul direct
   
I= ~ =
V ~ +
V ~ +
V ~ +
V ~
V
Γ ΓAB ΓBC ΓCD ΓDA

où Γ = ΓAB ∪ ΓBC ∪ ΓCD ∪ ΓDA

ˆ Paramétrisation du segment [AB] : ~γAB (t) = (t, 1, 1) où t ∈ [1, 0]


ˆ Paramétrisation du demi-cercle BC : ~γBC (t) = (0, cos t, 1 + sin t) où t ∈ [0, π]
ˆ Paramétrisation du segment [CD] : ~γCD (t) = (t, −1, 1) où t ∈ [0, 1]
ˆ Paramétrisation du demi-cercle DA : ~γDA (t) = (1, cos t, 1 + sin t) où t ∈ [π, 0]

  
 2  
0 1 1
~ ·→
− 1  2   1 0 1
? V d` = t · 0 dt = dt = −
2 2 2
ΓAB 1 12 0 1

  (1 + sin t)2
   
π 0
? ~ ·→
V

d` =
1
0  · − sin t dt
ΓBC 0 2 2
cos t cos t
 π  π
1 1
cos3 t dt = cos t 1 − sin2 t dt

=
2 0 2 0
 π  π 
1 2
= cos t dt − cos t sin t dt
2 0 0
  3 π 
1 π sin t
= [sin t]0 + =0
2 3 0

  12 
   
1 1
~ ·→
− 1 2    1 1 1
? V d` = t · 0 dt = dt =
2 2 0 2
ΓCD 0 (−1)2 0

93
  (1 + sin t)2
   
0 0
? ~ ·→
V

d` =
1
1  · − sin t dt
ΓDA π 2 2
cos t cos t
 0
1
− sin t + cos3 t dt

=
2 π
 
1 0 1 0
=− sin t dt + cos3 t dt
2 π 2 π
| {z }
=0
1
= [cos t]0π = 1
2

D'où :
I= ~ ·→
V
− 1 1
d` = − + 0 + + 1 = 1.
Γ 2 2

ˆ Méthode 2 : Théorème de
−→
Stokes
~ est : rot V
? Le rotationnel de V ~ = (y, z, x).
? Paramétrisation de S :
f : [0, 1] × [π, 0] −→ R3
(u, v) 7−→ (u, cos v, 1 + sin v)

de normale :      
~ ~ 1 0 0
∂f ∂f
~n = ∧ = 0 ∧ − sin v  = − cos v 
∂u ∂v
0 cos v − sin v
? D'où :
 
   
cos v 0
−→ ~ − → 1 + sin v  · − cos v  du dv
I= rot V · dS =
S [0,1]×[π,0] u − sin v

1
= (− cos v − sin v cos v − u sin v) du dv = [cos v]0π
[0,1]×[π,0] 2
=1

94
Remarque: Formule de Green-Riemann : cas particulier du théorème de Stokes
−→ ~
Si S est une surface plane dans le plan xOy et rotV est orthogonal à S , le ~ ne
champ V
dépend pas de z et on a :
 
~ (x, y) = P (x, y) ~i + Q(x, y) ~j −→ ~ ∂Q ∂P ~k.
V et rotV = −
∂x ∂y

En appliquant le théorème de Stokes, on a :


   
∂Q ∂P
− dxdy = P (x, y) dx + Q(x, y) dy.
S ∂x ∂y Γ

On retrouve ainsi la formule de Green-Riemann.

8.3.2 Théorème de Green-Ostrogradsky


Théorème: Théorème de Green-Ostrogradsky ou Théorème de divergence
Soit Ω un domaine de R3 délimité par une surface fermée S orientée par un vecteur normal
sortant. Soit F~ un champ de vecteurs de classe C 1 dans R3 . Alors :
 


F~ · dS = div F~ dV,
S Ω

où dV est le volume élémentaire de Ω.


Autrement dit, le ux du champ de vecteurs F~ à travers la surface S est égal à
l'intégrale de sa divergence sur le volume V .

95
Remarques:

ˆ En coordonnées cartésiennes : dV = dx dy dz

ˆ En coordonnées cylindriques : dV = r dr dθ dz

ˆ En coordonnées sphériques : dV = r2 sin(θ) dr dθ dϕ

Exemples :
1. Calcul du ux Φ de F~ (x, y, z) = (2x, 2y, 2z) à travers les surfaces d'un cube
centré à l'origine de côté 1.
3
Soit Ω le domaine délimité par le cube centré à l'origine de côté 1 : Ω = − 12 , 12 . La
 

divergence de F~ est div F~ = 2 + 2 + 2 = 6. D'après le théorème de Green-Ostrogradski :


 


Φ= F~ · dS = div F~ dxdydz
S Ω
= 3
6 dxdydz
[− 21 , 12 ]
 1
!  1
!  1
!
2 2 2
=6 dx dy dz (Théorème de Fubini)
− 21 − 12 − 12
| {z }
= volume du cube de côté 1
= 6 × 1 × 1 × 1 = 6.

96
2. Calcul du ux Φ de A~ (x, y, z) = (y, x, z) à travers la demi-sphère S qui s'appuie
sur le cercle de centre O et de rayon R = 1.
 Méthode 1 : Paramétrisation de la demi-sphère S de rayon 1
 π
f: 0, 2 × [0, 2π] −→ R3
(θ, ϕ) 7−→ (sin θ cos ϕ, sin θ sin ϕ, cos θ)
et ~n (θ, ϕ) = sin2 θ cos ϕ, sin2 θ sin ϕ, cos θ sin θ .


  
   2 
π sin θ sin ϕ
2π sin θ cos ϕ
~·−
→ 2
Φ= A dS = sin θ cos ϕ ·  sin2 θ sin ϕ  dθ dϕ
S θ=0 ϕ=0 cos θ cos θ sin θ
 π  2π
2
2 sin3 θ cos ϕ sin ϕ + cos2 θ sin θ dθ dϕ

=
θ=0 ϕ=0
 π ! 
2π   π
2 2
3
=2 sin θ dθ cos ϕ sin ϕ dϕ + 2π cos2 θ sin θ dθ
θ=0 ϕ=0 θ=0

d'après le théorème de Fubini. Or


ˆ
 π  π
2 2
3
sin θ 1 − cos2 θ dθ

sin θ dθ =
θ=0 θ=0
 π  π
2 2
= sin θ dθ − cos2 θ sin θ dθ
θ=0 θ=0

cos3 θ 2
π

2
= [− cos θ]0 +
3 0
1 2
=1− =
3 3
ˆ  2π

cos2 ϕ

1 1
cos ϕ sin ϕ dϕ = − =− + =0
ϕ=0 2 0 2 2
2 2π
D'où : Φ = 2 × × 0 + 2π × 1
3 = .
3 3
 Méthode 2 : Théorème de Green-Ostrogradski
Soit Ω le volume de la demi-sphère S qui s'appuie sur le cercle de centre O et de
rayon R = 1. La divergence de A ~ = 0 + 0 + 1 = 1. Puisque S est fermée,
~ est div A
on peut appliquer le théorème de Green-Ostrogradski :
 
Φ= ~ dxdydz =
div A dx dy dz
Ω Ω
1
= × volume d'une sphère de rayon 1
2
1 4π × 13 2π
= × =
2 3 3

97

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