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Calcul intégral

Année 2 - Semestre 2

2022-2023

Marie-Noémie THAI
Aurélien VASSEUR

1
Table des matières
1 Intégrales généralisées 3
1.1 Nature d'une intégrale généralisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Intégrales de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3 Critères de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.4 Prolongement par continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.5 Méthodes complémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2 Intégrales à paramètre 12
2.1 Intégrales à paramètre sur un intervalle fermé borné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.2 Intégrales généralisées à paramètre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.3 Produit de convolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3 Transformée de Laplace 18
3.1 Dénition de la transformée de Laplace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3.2 Fonction Gamma d'Euler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3.3 Transformées de Laplace de fonctions usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.4 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3.5 Inversion de la transformée de Laplace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.6 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.7 A propos de la transformée de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Exercices 26

Page 2
1 Intégrales généralisées
Pour une fonction f : I → IR continue sur un intervalle fermé et borné I = [a; b], on sait dénir
l'intégrale de f sur I au sens de Riemann, notée
ˆ b
f (t) dt.
a

Dans cette section, on étend cette notion an de dénir l'intégrale d'une fonction f : I → IR continue
sur un intervalle I , non nécessairement fermé ou borné. Une telle intégrale sera dite généralisée.

1.1 Nature d'une intégrale généralisée


Dénition 1.1.1. Soient a ∈ IR et b ∈ IR ∪ {+∞}ˆ tels que a < b et une fonction f : [a; b[→ IR. On dit
b
que l'intégrale généralisée de f sur [a; b[, notée f (t) dt, converge si
a
• la fonction f est dénie et continue sur [a; b[,
• la fonction

F : [a; b[ → IR
ˆ x
x 7→ f (t) dt
a

admetˆune limite à gauche nie en b, alors appelée la valeur de l'intégrale généralisée, également
b
notée f (t) dt.
a
Dans le cas contraire, on dit que l'intégrale généralisée de f sur [a; b[ diverge.

Dénition 1.1.2. Soient a ∈ IR ∪ {−∞} et b ∈ IRˆ tels que a < b et une fonction f :]a; b] → IR. On dit
b
que l'intégrale généralisée de f sur ]a; b], notée f (t) dt, converge si
a
• la fonction f est dénie et continue sur ]a; b],
• la fonction

F :]a; b] → IR
ˆ b
x 7→ f (t) dt
x

admetˆune limite à droite nie en a, alors appelée la valeur de l'intégrale généralisée, également
b
notée f (t) dt.
a
Dans le cas contraire, on dit que l'intégrale généralisée de f sur ]a; b] diverge.

Dénition 1.1.3. Soient a ∈ IR ∪ {−∞} et b ∈ IR ∪ {+∞}


ˆ
tels que a < b et une fonction f :]a; b[→ IR.
b
On dit que l'intégrale généralisée de f sur ]a; b[, notée f (t) dt, converge si
a
• la fonction f est dénie et continue sur ]a; b[,
• il existe c ∈]a; b[ tel que les intégrales généralisées de f sur ]a; c] et [c; b[ convergent. La valeur de
l'intégrale généralisée est alors donnée par
ˆ b ˆ c ˆ b
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt.
a a c

Dans le cas contraire, on dit que l'intégrale généralisée de f sur ]a; b[ diverge.

Page 3
Remarque 1.1.1. Dans la dénition 1.1.3, la valeur de l'intégrale généralisée de f sur ]a; b[ ne dépend
pas de la valeur c ∈]a; b[ choisie.

Remarque 1.1.2. En l'absenceˆd'ambiguïté, l'épithète "généralisée" appliqué à l'intégrale est omissible.


b
Par un léger abus de notation, f (t) dt pourra en outre alternativement désigner
a
• l'intégrale généralisée (qu'elle converge ou non),
• la valeur de l'intégrale généralisée lorsque celle-ci converge.
En particulier, cette notation ne peut apparaître dans les calculs qu'en cas de convergence.

Remarque 1.1.3. Dans la suite et par souci de concision, les diérents résultats établis sur les intégrales
généralisées ne seront énoncés que pour le cas où l'intervalle I de dénition est de la forme I = [a; b[ avec
a ∈ IR, b ∈ IR ∪ {+∞} tels que a < b, mais s'étendent de façon naturelle aux cas respectifs où I =]a; b]
et I =]a; b[.

ˆ
dt +∞
Exemple 1.1.1. Nature de l'intégrale .
0 1 + t2
La fonction t 7→ 1
1+t2 est dénie et continue sur [0; +∞[.
Problème en +∞ : pour tout x ≥ 0,
ˆ x
dt π
= arctan(x) −→ .
0 1+ t2 x→+∞ 2
ˆ +∞
dt π
Ainsi, l'intégrale converge et = .
0 1+ t2 2

ˆ 1
Exemple 1.1.2. Nature de l'intégrale ln t dt.
0
La fonction t 7→ ln t est dénie et continue sur ]0; 1].
Problème en 0 : pour tout x ∈]0; 1], puisque
lim x ln x = 0 (limite remarquable),
x→0+

intégrant par parties, on a ˆ 1


ln t dt = −x ln x + x − 1 −−−−→
+
−1.
x x→0
ˆ 1
Ainsi, l'intégrale converge et ln t dt = −1.
0

ˆ +∞
t
Exemple 1.1.3. Nature de l'intégrale dt.
0 +3 t2
La fonction t 7→ t
t2 +3 est dénie et continue sur [0; +∞[.
Problème en +∞ : pour tout x ≥ 0,
ˆ x h ln(t2 + 3) ix
t ln(x2 + 3) − ln 3
dt = = −−−−−→ +∞.
0 t2 +3 2 0 2 x→+∞

Ainsi, l'intégrale étudiée diverge.

Page 4
Exercice 1.1.1. Déterminer la nature des intégrales suivantes :
ˆ +∞ ˆ +∞ ˆ ln 2
1
a) te−t dt, b) dt, c) et dt.
0 0 1+t −∞

Propriété 1.1.1 (Linéarité). Soient f, g : [a; b[→ IR des fonctions continues et λ, µ ∈ IR. Si les intégrales
de f et g sur [a; b[ convergent alors l'intégrale de λf + µg sur [a; b[ converge et on a
ˆ b ˆ b ˆ b
(λf + µg)(t) dt = λ f (t) dt + µ g(t) dt.
a a a

Propriété 1.1.2 (Positivité). Soit f : [a; b[→ IR une fonction continue et positive. Si l'intégrale de f
sur [a; b[ converge alors
ˆ b
f (t) dt ≥ 0.
a

Propriétéˆ1.1.3 (Relation de Chasles). Soitˆ f : [a; b[→ IR une fonction continue et c ∈ [a; b[. Alors
b b
l'intégrale f (t) dt converge ⇐⇒ l'intégrale f (t) dt converge. En cas de convergence, on a
a c
ˆ b ˆ c ˆ b
f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt.
a a c

Remarque 1.1.4. Il faut bien s'assurer de la convergence des deux intégrales dans la propriété de
linéarité avant de décomposer. Par exemple, l'écriture
ˆ +∞ ˆ +∞ ˆ +∞
t + (−t) dt = t dt + (−t) dt
0 0 0
ˆ +∞ ˆ +∞ ˆ +∞
est fausse car t dt et (−t) dt divergent, bien que l'intégrale t + (−t) dt converge.
0 0 0

1.2 Intégrales de référence


Pour étudier la nature d'une intégrale, il faut connaître la nature d'intégrales de fonctions simples,
qui serviront d'intégrales de comparaison.

Théorème 1.2.1 (Intégrales de Riemann). Soit α ∈ IR.


ˆ +∞
dt
• L'intégrale converge ⇐⇒ α > 1.
1 tα
ˆ 1
dt
• L'intégrale converge ⇐⇒ α < 1.
0 tα
Ces deux intégrales sont appelées intégrales de Riemann de paramètre α.

Exercice 1.2.1. Démontrer le théorème 1.2.1 en revenant à la dénition d'une intégrale généralisée.

Théorème 1.2.2 (Intégrale de Bertrand). Soient α, β ∈ IR.


ˆ
dt +∞
• L'intégrale α (ln t)β
converge ⇐⇒ (α > 1) ou (α = 1 et β > 1).
2 t
Cette intégrale est appelée intégrale de Bertrand de paramètres α et β .

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1.3 Critères de convergence
ˆ +∞
Théorème 1.3.1. Soit f : [a; +∞[→ IR une fonction continue. Si l'intégrale f (t) dt converge, alors
a

lim f (t) = 0.
t→+∞

Remarque 1.3.1. Si f : [a; +∞[→ IR est une fonction continue telle que limt→+∞ f (t) 6= 0, alors,
ˆ +∞
d'après le theorème précédent, l'intégrale f (t) dt diverge ; une telle divergence est dite grossière.
a

ˆ +∞ 1
Exemple 1.3.1. Nature de l'intégrale t sin dt.
1 t
La fonction t 7→ t sin( 1t ) est dénie et continue sur [1; +∞[.
Problème en +∞ : puisque
1 sin u
lim = 0 et lim = 1 (limite remarquable),
t→+∞ t u→0 u

il suit par composition que 1


lim t sin = 1 6= 0,
t→+∞ t
donc l'intégrale diverge grossièrement.

Théorème 1.3.2 (Critère de comparaison). Soient f, g : [a; b[→ IR deux fonctions continues et
positives telles que, pour tout t ∈ [a; b[, f (t) ≤ g(t).
ˆ b ˆ b
• Si l'intégrale g(t) dt converge, alors l'intégrale f (t) dt converge. Dans ce cas,
a a
ˆ b ˆ b
0≤ f (t) dt ≤ g(t) dt.
a a

ˆ b ˆ b
• Si l'intégrale f (t) dt diverge, alors l'intégrale g(t) dt diverge.
a a

ˆ +∞
sin2 t
Exemple 1.3.2. Nature de l'intégrale dt.
1 t3
La fonction t 7→ est dénie, positive et continue sur [1; +∞[.
sin2 t
t3
Problème en +∞ : pour tout t ≥ 1,
sin2 t 1
≤ 3.
t3 t
ˆ +∞
dt
Or, l'intégrale de Riemmann de paramètre α = 3 > 1 converge, donc, d'après le critère de
t3
ˆ +∞
1
sin2 t
comparaison, l'intégrale dt converge.
1 t3

Exercice 1.3.1. Déterminer la nature des intégrales suivantes :


ˆ +∞ ˆ +∞
t −t t
a) e dt, b) √ dt.
0 1+t 1 t−1

Page 6
Théorème 1.3.3 (Critère d'équivalence). Soient f, g : ˆ[a; b[→ IR deux
ˆ
fonctions continues. Si f est
b b
positive et si g(t) ∼ − f (t), alors les intégrales généralisées f (t) dt et g(t) dt sont de même nature.
t→b a a

ˆ +∞
t2 + 1
Exemple 1.3.3. Nature de l'intégrale dt.
0 t4 + t + 1
La fonction t 7→ est dénie, positive et continue sur [0; +∞[.
t2 +1
t4 +t+1
Problème en +∞ : pour tout t ≥ 1,
t2 + 1 1
∼ .
t4 + t + 1 t→+∞ t2
ˆ +∞
dt
Or, l'intégrale de Riemann de paramètre α = 2 > 1 converge donc, d'après le critère
t2
ˆ +∞
1
t2 + 1
d'équivalence, dt converge.
t4 + t + 1
1 ˆ +∞
t2 + 1
D'après la relation de Chasles, on en déduit que l'intégrale dt converge.
0 t4 +t+1

ˆ +∞ 2
t +1
Exemple 1.3.4. Nature de l'intégrale d t.
0 t4 + t
La fonction t 7→ est dénie, positive et continue sur ]0; +∞[.
t2 +1
t4 +t
Problème en 0 : pour tout t > 0,
t2 + 1 1
∼ .
t4 + t t→0+ t
ˆ 1
dt
Or, l'intégrale de Riemann de paramètre α = 1 ≥ 1 diverge, donc d'après le critère d'équiva-
t
ˆ 1 2
0
t +1
lence, l'intégrale 4
dt diverge.
0 t +t
Problème en +∞ : pour tout t ≥ 1,
t2 + 1 1
∼ .
t4 + t t→+∞ t2
ˆ +∞
dt
Or, l'intégrale de Riemann de paramètre α = 2 > 1 converge donc, d'après le critère
t2
ˆ +∞ 2
1
t +1
d'équivalence dt converge.
t4 + t
1 ˆ +∞ 2
t +1
D'après la relation de Chasles, on en déduit que l'intégrale dt diverge. On notera que
0 t4 + t
l'étude en 0 est ici susante pour conclure que cette intégrale diverge.

Exercice 1.3.2. Déterminer la nature des intégrales suivantes :


ˆ +∞ ˆ 1
1 sin t
a) √ dt, b) √ dt.
0 t + t2 0 t

Page 7
Théorème 1.3.4 (Critère du petit o). Soient f, g : [a; b[→ IR deux fonctions continues telles que f
est positive et que f (t) = − o(g(t)).
t→b
ˆ b ˆ b
• Si l'intégrale g(t) dt converge, alors l'intégrale f (t) dt converge.
a a
ˆ b ˆ b
• Si l'intégrale f (t) dt diverge, alors l'intégrale g(t) dt diverge.
a a

ˆ +∞
Exemple 1.3.5. Nature de l'intégrale 5e−x dx.
2

1
La fonction t 7→ 5e−t est dénie, positive et continue sur [1; +∞[.
2

Problème en +∞ : pour tout x ∈ [1; +∞[, par croissances comparées, 5x2 e−x −−−−−→ 0, donc
2

x→+∞

2
1
5e−x = o .
x→+∞ x2
ˆ +∞
dx
Or, l'intégrale de Riemann de paramètre α = 2 > 1 converge, donc, d'après le critère du
x2
ˆ +∞
1

petit o, l'intégrale 5e −x2


dx converge.
1

ˆ b
Dénition 1.3.1. Soit f : [a; b[→ IR une fonction continue. On dit que l'intégrale généralisée f (t) dt
ˆ b a

converge absolument si l'intégrale généralisée |f (t)| dt converge. Dans ce cas, la fonction f est dite
a
intégrable.

Remarque 1.3.2. Comme |f | est une fonction positive, les critères de comparaison donnés dans le
paragraphe 1.3 peuvent s'appliquer.

Théorèmeˆ1.3.5 (Convergence absolue). Soit f : [a; b[→ IR une fonction continue. Si l'intégrale
b
généralisée f (t) dt converge absolument, alors elle converge.
a

ˆ +∞
sin t
Exemple 1.3.6. Nature de l'intégrale dt.
1 t2
La fonction t 7→ sin t
t2 est dénie et continue sur [1; +∞[.
Problème en +∞ : pour tout t ≥ 1, sin t 1
2 ≤ 2.

t t
ˆ +∞
dt
Or, l'intégrale de Riemann de paramètre α = 2 > 1 converge donc, par comparaison,
t2
ˆ +∞ sin t 1

l'intégrale 2 dt converge.

t
1 ˆ +∞
sin t
Ainsi, l'intégrale dt converge absolument, et donc converge.
1 t2

Page 8
ˆ +∞
sin t 
Exemple 1.3.7. Nature de l'intégrale

ln 1 + 2 dt.
1 t
La fonction t 7→ ln(1 + sin
t2
t
) est dénie et continue sur [1; +∞[.
Problème en +∞ : puisque, pour tout t ≥ 1,
−1 sin t 1
≤ 2 ≤ 2
t2 t t
et
1 1
lim = lim − = 0,
t→+∞ t2 t→+∞ t2
on déduit du théorème des gendarmes que
sin t
lim = 0.
t→+∞ t2
Ainsi, à l'aide du développement limité en 0 à l'ordre 1 de la fonction x 7→ ln(1 + x), donné par
ln(1 + x) = x + o(x),
x→0

on a  sin t  sin t  sin t 


ln 1 + 2 = + o .
t t→+∞ t2 t2
ˆ +∞
sin t
On a démontré (exemple 1.3.6) la convergence de l'intégrale dt, d'où l'on déduit, d'après
1ˆ t2
+∞  sin t 
le critère du petit o puis par somme, la convergence de l'intégrale ln 1 + 2 dt.
1 t

ˆ 1 1
Exercice 1.3.3. Déterminer la nature de l'intégrale généralisée ln(t) sin dt.
0 t

1.4 Prolongement par continuité


Dénition 1.4.1. Soit une fonction f : I → IR avec I un intervalle de IR. On dit que f est continue
par morceaux si il existe x0 , x1 , x2 , . . . , xn ∈ IR ∪ {−∞; +∞} tels que x0 < x1 < x2 < · · · < xn avec
x0 et xn les bornes (éventuellement innies) de l'intervalle I et tels que
1. ∀i ∈ {0, . . . , n − 1}, f est continue sur ]xi ; xi+1 [,
2. ∀i ∈ {0, . . . , n − 1}, lim f (x) est nie,
x→x+
i

3. ∀i ∈ {1, . . . , n}, lim− f (x) est nie.


x→xi

Exemple 1.4.1. La fonction f dénie, pour tout x ∈ [−1; +∞[, par


si x ∈ [−1; 0[


 x
si x = 0

1
f (x) =

 3x2 + 2 si x ∈]0; 2[
si x > 2

0

est continue par morceaux.

Exemple 1.4.2. La fonction f dénie, pour tout x ∈ [0; 1], par


si x ∈]0; 1]
(
1
f (x) = x
0 si x = 0
n'est pas continue par morceaux, car limx→0+ f (x) n'est pas nie.

Page 9
Théorème 1.4.1 (Prolongement par continuité). Soit f : [a; b[→ IR une fonction continue sur [a; b[ où
b ∈ IR. On suppose que f admet une limite à gauche nie ` en b et on note f˜ le prolongement par
continuité de f en b, c'est-à-dire
f˜ : [a; b] → IR
f (t) si t ∈ [a; b[
(
t 7→
` si t = b.
ˆ b ˆ b
Alors l'intégrale généralisée f (t) dt converge vers f˜(t) dt.
a a

ˆ 1
sin t − sin 1
Exemple 1.4.3. Nature de l'intégrale dt.
0 t−1
La fonction f : t 7→ sin t−1
t−sin 1
est dénie et continue sur [0; 1[.
Problème en 1 : puisque
sin t − sin 1
lim− = cos 1 (limite du taux de variation de la fonction sinus en 1),
t→1 t−1
ˆ 1
sin t − sin 1
la fonction f est prolongeable par continuité en 1 et ainsi l'intégrale généralisée dt est
0 t−1
convergente.

Remarque 1.4.1. La théorème 1.4.1 de prolongement par continuité permet d'étendre de façon immé-
diate la notion d'intégrale généralisée aux fonctions continues par morceaux.

1.5 Méthodes complémentaires


Théorème 1.5.1 (Intégration
ˆ
par parties
ˆ
). Soient f, g : [a; b[→ IR deux fonctions de classe C 1 . Si,
b b
parmi les trois quantités f 0 (t)g(t) dt, f (t)g 0 (t) dt et [f (t)g(t)]ba , deux au moins existent, alors la
a a
troisième existe aussi et on a
ˆ b ˆ b
f 0 (t)g(t) dt = [f (t)g(t)]ba − f (t)g 0 (t) dt,
a a


[f (t)g(t)]ba = lim f (x)g(x) − f (a)g(a).
x→b−

ˆ +∞
sin t
Exercice 1.5.1. Montrer que l'intégrale généralisée dt converge.
1 t
ˆ +∞
sin t
Exercice 1.5.2. Déterminer la nature de l'intégrale dt.
1 t + cos t

Théorème 1.5.2 (Changement de variable). Soient α ∈ IR et β ∈ IR ∪ {+∞} tels que α < β , une
fonction ϕ : [α, β[→ IR de classe C 1 , b ∈ IR ∪ {+∞} et une fonction f : ϕ([α, β[) → IR continue. On
ˆ b
suppose que limu→β − ϕ(u) = b et que l'intégrale f (t) dt converge.
ϕ(α)
ˆ β
Alors l'intégrale f (ϕ(u))ϕ0 (u) du converge et on a
α
ˆ β ˆ b
f (ϕ(u))ϕ (u) du = 0
f (t) dt.
α ϕ(α)

Page 10
ˆ +∞
Exemple 1.5.1. Nature de l'intégrale sin(et ) dt.
0
La fonction f : t 7→ sin(et ) est dénie et continue sur [0; +∞[.
Problème en +∞ : utilisons le changement de ˆvariable u = et , avec du = et dt = u dt. On montre
+∞
sin(u)
ensuite (comme dans l'exercice 1.5.1) que l'intégrale du est convergente, d'où l'on déduit du
u
ˆe +∞
théorème de changement de variable que l'intégrale sin(et ) dt converge.
0

ˆ +∞
1 1
Exercice 1.5.3. Déterminer la nature de l'intégrale sin dt.
1 t t

Page 11
2 Intégrales à paramètre
Dans toute cette section, on considère un intervalle Ω de IR et des nombres réels a, b, c, d tels que
a < b et c < d.

2.1 Intégrales à paramètre sur un intervalle fermé borné


Théorème 2.1.1 (Théorème de continuité). Soit une fonction f : Ω × [a; b] → IR. Soit

F : Ω → IR
ˆ b
x 7 → f (x, t) dt.
a

On suppose que :
• pour tout t ∈ [a; b] xé, la fonction x 7→ f (x, t) est continue sur Ω,
• pour tout x ∈ Ω xé, la fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur [a; b].
Alors la fonction F est continue.

Théorème 2.1.2 (Théorème de dérivabilité). Soit une fonction f : Ω × [a; b] → IR. Soit

F : Ω → IR
ˆ b
x 7 → f (x, t) dt.
a

On suppose que :
• pour tout t ∈ [a; b] xé, la fonction x 7→ f (x, t) est continue sur Ω,
• pour tout x ∈ Ω xé, la fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur [a; b],
∂x (x, t) existe et est continue sur Ω × [a; b].
• la dérivée partielle (x, t) 7→ ∂f
Alors la fonction F est de classe C 1 et, pour tout x ∈ Ω,
ˆ b
∂f
0
F (x) = (x, t) dt.
a ∂x

Exemple 2.1.1. Etude de la fonction F : IR → IR dénie, pour tout x ∈ IR, par


ˆ 1
(t − x)2 e(x−1) cos t dt.
3
F (x) =
0

• Continuité de F . On pose, pour tous x ∈ IR et t ∈ [0; 1],


3
f (x, t) = (t − x)2 e(x−1) cos t
.

Pour tout t ∈ [0; 1] xé, la fonction x 7→ f (x, t) est continue sur IR. Pour tout x ∈ IR xé, la
fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur [0; 1]. Ainsi, d'après le théorème de continuité,
la fonction F est continue sur IR.

• Limite de F en 1. Puisque F est continue en 1, on a


ˆ 1 ˆ 1
1
lim F (x) = F (1) = 2 (1−1)3 cos t
(t − 1) e dt = (t − 1)2 dt = .
x→1 0 0 3
• Dérivabilité de F . Pour tout t ∈ [0; 1] xé, la fonction x 7→ f (x, t) est continue sur IR. Pour tout
x ∈ IR xé, la fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur [0; 1]. La dérivée partielle ∂f ∂x
donnée, pour tout (x, t) ∈ IR × [0; 1], par
∂f 3 3
(x, t) = 2(x − t)e(x−1) cos t + (t − x)2 3(x − 1)2 cos t e(x−1) cos t ,
∂x

Page 12
est continue. Ainsi, d'après le théorème de dérivabilité, la fonction F est de classe C 1 sur IR et,
pour tout x ∈ IR,
ˆ 1
) dt.
3 3
F 0 (x) = (2(x − t)e(x−1) cos t
+ (t − x)2 3(x − 1)2 cos t e(x−1) cos t
0

• Limite de F 0 en 1. Puisque la fonction F est de classe C 1 , la fonction F 0 est continue, donc


ˆ 1 ˆ 1
(2(1−t)e(1−1) cos t +(t−1)2 3(1−1)2 cos t e(1−1) cos t )dt = 2(1−t)dt = 1.
3 3
lim F 0 (x) = F 0 (1) =
x→1 0 0

Exercice 2.1.1. Soit la fonction F : [−1; 1] → IR dénie, pour tout x ∈ [−1; 1], par
ˆ 2
F (x) = t2 ln(e + xt) cos(xt) dt.
1

1. Etudier la continuité de F . En déduire limx→0 F (x).


2. Montrer que F est de classe C 1 . En déduire limx→0 F 0 (x).

Théorème 2.1.3 (Bornes qui varient). Soient une fonction f : [a; b] → IR continue et deux fonctions
u, v : Ω → [a; b] de classe C 1 . Alors la fonction

G: Ω → IR
ˆ v(x)
x 7 → f (t) dt
u(x)

est de classe C 1 et, pour tout x ∈ Ω,


G0 (x) = v 0 (x)f (v(x)) − u0 (x)f (u(x)).

Exemple 2.1.2. Dérivabilité et calcul de la dérivée de la fonction


G: [0; e − 1] → IR
ˆ ln(x+1)
x 7→ tet dt.
3x+2

Par composition de telles fonctions usuelles, d'une part, la fonction f : t 7→ tet est continue sur [0; 3e − 1],
d'autre part, les fonctions u : x 7→ 3x + 2 et v : x 7→ ln(x + 1) sont de classe C 1 de [0; e − 1] dans [0; 3e − 1],
donc, d'après le théorème des bornes qui varient, pour tout x ∈ [0; e − 1],
1
G0 (x) = v 0 (x)f (v(x)) − u0 (x)f (u(x)) = (x + 1) ln(x + 1) − 3(3x + 2)e3x+2 = ln(x + 1) − (9x + 6)e3x+2 .
x+1

Exercice 2.1.2. On considère la fonction


G: [0; 1] → IR
ˆ ex
x 7→ t ln t dt.
e−x

Justier que G est de classe C 1 et calculer sa dérivée.

Page 13
2.2 Intégrales généralisées à paramètre
Théorème 2.2.1 (Théorème de convergence dominée). Soit (fn )n∈IN une suite de fonctions dénies et ∗

continues par morceaux sur [0; +∞[, convergeant simplement vers une fonction f : [0; +∞[ continue par
morceaux.
ˆ
On suppose qu'il existe une fonction g : [0; +∞[→ IR continue par morceaux telle que l'intégrale
+∞
g(t) dt est convergente et telle que, pour tout t ∈ [0; +∞[, pour tout n ∈ IN∗ , |fn (t)| ≤ g(t).
0 ˆ +∞ ˆ +∞
Alors, pour tout n ∈ IN , l'intégrale

fn (t) dt est convergente, l'intégrale f (t) dt est conver-
0 0
gente et ˆ ˆ
+∞ +∞
lim fn (t) dt = f (t) dt.
n→+∞ 0 0

Exemple 2.2.1. Calcul de ˆ +∞


cos(nt)
lim dt.
n→+∞ 0 net
On pose, pour tout n ∈ IN , pour tout t ≥ 0, fn (t) =
∗ cos(nt)
net . Pour tout n ∈ IN∗ , la fonction fn est
continue par morceaux sur [0; +∞[. Soit t ≥ 0. Puisque
1
|fn (t)| ≤ −−−−−→ 0,
net n→+∞
la suite de fonctions (fn )n∈IN∗ converge simplement vers la fonction nulle sur [0; +∞[, notée f . De plus,
pour tout n ∈ IN∗ , pour tout t ≥ 0, |fn (t)| ≤ e−t . Or, pour tout u ≥ 0,
ˆ u
e−t dt = 1 − e−u −−−−−→ 1 < +∞,
0 u→+∞

ˆ +∞
donc l'intégrale e−t dt est convergente. Ainsi, d'après le théorème de convergence dominée, l'inté-
ˆ +∞
0

grale f (t) dt est convergente et


0
ˆ +∞ ˆ +∞
lim fn (t) dt = f (t) dt = 0.
n→+∞ 0 0

Exercice 2.2.1. Dresser le tableau de variations complet de la fonction u 7→ ln(1+u)


u sur ]0; +∞[ et en
déduire ˆ +∞  t n
lim 1− dt.
n→+∞ 0 n

Théorème 2.2.2 (Théorème de continuité). Soit une fonction f : Ω × [0; +∞[→ IR. Soit

F : Ω → IR
ˆ +∞
x 7→ f (x, t) dt.
0

On suppose que :
• pour tout t ∈ [0; +∞[ xé, la fonction x 7→ f (x, t) est continue sur Ω,
• pour tout x ∈ Ω xé, la fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur [0; +∞[,
ˆ +∞
• il existe une fonction g : [0; +∞[→ IR continue par morceaux telle que l'intégrale g(t) dt est
0
convergente et telle que, pour tout t ∈ [0; +∞[, pour tout x ∈ Ω, |f (x, t)| ≤ g(t).
Alors la fonction F est bien dénie et continue.

Page 14
Théorème 2.2.3 (Théorème de dérivabilité). Soit une fonction f : Ω × [0; +∞[→ IR. Soit

F : Ω → IR
ˆ +∞
x 7→ f (x, t) dt.
0

On suppose que :
• pour tout t ∈ [0; +∞[ xé, la fonction x 7→ f (x, t) est continue sur Ω,
• pour tout x ∈ Ω xé, la fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur [0; +∞[,
• la dérivée partielle (x, t) 7→ ∂f
∂x (x, t) existe et est continue sur Ω × [0; +∞[,
ˆ +∞
• il existe une fonction g : [0; +∞[→ IR continue par morceaux telle que l'intégrale g(t) dt est
0
convergente et telle que, pour tout t ∈ [0; +∞[, pour tout x ∈ Ω, | ∂f
∂x (x, t)| ≤ g(t).
Alors la fonction F est de classe C et, pour tout x ∈ Ω,
1

ˆ +∞
∂f
F 0 (x) = (x, t) dt.
0 ∂x

Exemple 2.2.2. Etude de la fonction F : IR → IR dénie, pour tout x ∈ IR, par


ˆ +∞
dt
F (x) = 2 + x2
.
0 1 + t

• Continuité de F . On pose, pour tous x ∈ IR et t ∈ [0; +∞[,


1
f (x, t) = .
1+ t2 + x2
Pour tout t ∈ [0; +∞[ xé, la fonction x 7→ f (x, t) est continue sur IR. Pour tout x ∈ IR xé, la
fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur [0; +∞[. De plus, pour tout t ∈ [0; +∞[, pour
tout x ∈ IR,
1
|f (x, t)| ≤ .
1 + t2
Or, la fonction g : t 7→ 1
1+t2 est continue par morceaux et, pour tout u ≥ 0,
ˆ ˆ
u u
dt π
g(t) dt = = arctan u −−−−−→ < +∞
0 0 1 + t2 u→+∞ 2

ˆ +∞
donc l'intégrale g(t) dt est convergente.
0
Ainsi, d'après le théorème de continuité, la fonction F est continue sur IR.

• Limite de F en 0. Puisque F est continue en 0, on a


ˆ +∞ ˆ +∞
1 dt π
lim F (x) = F (0) = 2 2
dt = 2
= ,
x→0 0 1+t +0 0 1+t 2

en utilisant ce qui précède.

• Dérivabilité de F . Pour tout t ∈ [0; +∞[ xé, la fonction x 7→ f (x, t) est continue sur IR. Pour tout
x ∈ IR xé, la fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur [0; +∞[. La dérivée partielle ∂f ∂x
donnée, pour tout (x, t) ∈ IR × [0; +∞[, par
∂f 2x
(x, t) = − ,
∂x (1 + t2 + x2 )2

Page 15
est continue. De plus, pour tout t ∈ [0; +∞[, pour tout x ∈ IR,
∂f 2|x| 1 1
(x, t) = ≤ ,

∂x 2 2 2
1+t +x 1+t +x 2 1 + t2
où l'on a utilisé la majoration 2|x| ≤ 1 + x2 (car 1 + x2 − 2|x| = (|x| − 1)2 ≥ 0).
Or, la fonction g : t 7→ 1+t
1
2 est continue par morceaux et, pour tout u ≥ 0,

ˆ ˆ
u u
dt π
g(t) dt = = arctan u −−−−−→ < +∞
0 0 1 + t2 u→+∞ 2

ˆ +∞
donc l'intégrale g(t) dt est convergente.
0
Ainsi, d'après le théorème de dérivabilité, la fonction F est de classe C 1 sur IR et, pour tout x ∈ IR,
ˆ +∞
2x
F 0 (x) = − dt.
0 (1 + t2 + x2 )2

• Limite de F 0 en 0. Puisque la fonction F est de classe C 1 , la fonction F 0 est continue, donc


ˆ +∞
2×0
lim F 0 (x) = F 0 (0) = − dt = 0.
x→0 0 (1 + t2 + 02 )2

Exercice 2.2.2. Soit la fonction F : [0; +∞[→ IR dénie, pour tout x ≥ 0, par
ˆ +∞
e−x
F (x) = dt.
0 t3 +x+1

Montrer que F est continue et en déduire limx→7 F (x).

Exercice 2.2.3. Soit la fonction F : [−2; 2] → IR dénie, pour tout x ∈ [−2; 2], par
ˆ +∞
dt.
2
+x2 )
F (x) = e−(t
0

1. Montrer que F est de classe C 1 .


2. En déduire limx→0 F 0 (x).

2.3 Produit de convolution


Dénition 2.3.1. Soient deux fonctions f, g : IR → IR continues par morceaux et intégrables. On appelle
produit de convolution de f et g, noté f ∗ g, la fonction dénie, pour tout x ∈ IR, par
ˆ +∞ ˆ +∞
(f ∗ g)(x) = f (t)g(x − t) dt = f (x − t)g(t) dt.
−∞ −∞

Remarque 2.3.1. Si deux fonctions f, g : [0; +∞[→ IR sont continues par morceaux et intégrables, leur
produit de convolution désigne, par extension naturelle de la dénition précédente, la fonction donnée,
pour tout x ≥ 0, par ˆ x ˆ x
(f ∗ g)(x) = f (t)g(x − t) dt = f (x − t)g(t) dt.
0 0

Propriété 2.3.1 (Commutativité). Soient deux fonctions f, g : IR → IR continues par morceaux et


intégrables. Alors
f ∗ g = g ∗ f.

Page 16
Propriété 2.3.2 (Associativité). Soient trois fonctions f, g, h : IR → IR continues par morceaux et
intégrables. Alors
(f ∗ g) ∗ h = f ∗ (g ∗ h).

Propriété 2.3.3 (Distributivité). Soient trois fonctions f, g, h : IR → IR continues par morceaux et


intégrables. Alors
(f + g) ∗ h = f ∗ h + g ∗ h.

Propriété 2.3.4 (Bilinéarité). Soient λ, µ ∈ IR et trois fonctions f, g, h : IR → IR continues par morceaux


et intégrables. Alors
(λf + µg) ∗ h = λ(f ∗ h) + µ(g ∗ h).

Propriété 2.3.5 (Intégrale d'un produit de convolution). Soient deux fonctions f, g : IR → IR continues
par morceaux et intégrables. Alors
ˆ +∞ ˆ +∞  ˆ +∞ 
(f ∗ g)(x) dx = f (x) dx g(x) dx .
−∞ −∞ −∞

Propriété 2.3.6 (Dérivée d'un produit de convolution). Soient deux fonctions intégrables f : IR → IR
de classe C 1 et g : IR → IR continue par morceaux. Alors, la fonction f ∗ g est de classe C 1 et
(f ∗ g)0 = f 0 ∗ g.

Page 17
3 Transformée de Laplace
3.1 Dénition de la transformée de Laplace
Dénition 3.1.1. Soit f : [0; +∞[→ IR une fonction continue par morceaux. On appelle transformée
de Laplace de f la fonction
Lf : ∆f → IR
ˆ +∞
s →
7 e−st f (t) dt
0
ˆ +∞
où ∆f est l'ensemble des valeurs réelles telles que l'intégrale e−st f (t) dt converge absolument.
0
La fonction f est appelée fonction causale, la fonction Lf son image.

Remarque 3.1.1. On peut démontrer que l'ensemble de dénition ∆f de la transformée de Laplace


d'une fonction f peut prendre exclusivement les formes ∅, IR, [A; +∞[ ou ]A; +∞[ avec A ∈ IR. On
appelle alors A abscisse d'absolue convergence, avec pour convention A = +∞ lorsque ∆f = ∅ et
A = −∞ lorsque ∆f = IR.

Remarque 3.1.2. Lorsque f : [0; +∞[→ IR est la fonction continue par morceaux d'une variable notée
t, on remplacera si nécessaire et de façon légèrement abusive l'écriture Lf (s) par Lf (t) (s), et l'écriture
∆f par ∆f (t) .

3.2 Fonction Gamma d'Euler


Dénition 3.2.1. La fonction Γ qui à tout a > 0 associe la valeur notée Γ (a) de l'intégrale (convergente)
ˆ +∞
ta−1 e−t dt
0

est appelée fonction Gamma d'Euler.

Propriété 3.2.1. Pour tout a > 0,


Γ (a + 1) = aΓ (a).
Pour tout n ∈ IN ,

 1 (2n)! √
Γ (n + 1) = n! et Γ n+ = π.
2 n!22n

Page 18
3.3 Transformées de Laplace de fonctions usuelles
Dans le tableau suivant sont répertoriés les domaines de dénition et expressions des transformées de
Laplace de fonctions usuelles. Les paramètres C , α, ω , a sont des constantes réelles avec a > −1, n est
un entier naturel non nul.

f (t) ∆f Lf (s)

C
C ]0; +∞[
s

1
eαt ]α; +∞[
s−α

s
cos(ωt) ]0; +∞[
s2 + ω 2

ω
sin(ωt) ]0; +∞[
s2 + ω 2

s
cosh(ωt) ]ω; +∞[
s2 − ω2

ω
sinh(ωt) ]ω; +∞[
s2 − ω2

n!
tn ]0; +∞[
sn+1

n!
tn eαt ]α; +∞[
(s − α)n+1


r
1 π
t ]0; +∞[
2 s3

r
1 π
√ ]0; +∞[
t s

Γ (a + 1)
ta eαt ]α; +∞[
(s − α)a+1

Page 19
3.4 Propriétés
Propriété 3.4.1 (Linéarité). Soient λ, µ ∈ IR et deux fonctions f, g : [0; +∞[→ IR continues par
morceaux. Alors, pour tout s ∈ ∆f ∩ ∆g ,
Lλf +µg (s) = λLf (s) + µLg (s).

Propriété 3.4.2 (Translation). Soient α ∈ IR et une fonction f : [0; +∞[→ IR continue par morceaux.
Alors, pour tout s ∈ ∆f (t) ∩ ∆e−αt f (t) ,
Le−αt f (t) (s) = Lf (t) (s + α).

Propriété 3.4.3 (Retard). Soient τ ∈ IR+ et une fonction f : [0; +∞[→ IR continue par morceaux.
Alors, pour tout s ∈ ∆f ,
Lf (t−τ )1t≥τ (s) = e−τ s Lf (t) (s).

Propriété 3.4.4 (Changement d'échelle). Soient γ ∈ IR∗+ et une fonction f : [0; +∞[→ IR continue par
morceaux. Alors, pour tout s ∈ ∆f (γt) ∩ ∆f (t) ,
1 s
Lf (γt) (s) = Lf (t) .
γ γ

Propriété 3.4.5 (Dérivée de l'image). Soit une fonction f : [0; +∞[→ IR continue par morceaux d'abs-
cisse de convergence absolue A ∈ IR. Alors la fonction Lf est de classe C ∞ sur ]A; +∞[ et, pour tout
n ∈ IN∗ , pour tout s ∈]A; +∞[,
(n)
Ltn f (t) (s) = (−1)n Lf (t) (s).

Propriété 3.4.6 (Image de la dérivée). Soient n ∈ IN∗ et f : [0; +∞[→ IR une fonction de classe C n .
Alors, pour tout s ∈ ∆f ,
Lf (n) (s) = sn Lf (s) − (sn−1 f (0) + sn−2 f 0 (0) + · · · + sf (n−2) (0) + f (n−1) (0)).

En particulier,
Lf 0 (s) = sLf (s) − f (0) et Lf 00 (s) = s2 Lf (s) − sf (0) − f 0 (0).

Propriété 3.4.7 (Image de l'intégrale). Soit une fonction f : [0; +∞[→ IR continue par morceaux.
Alors, pour tout s ∈ ∆´0t f (u)du tel que s > 0,

Lf (s)
L´ t f (u)du (s) = .
0 s

Propriété 3.4.8 (Transformée de Laplace d'un produit de convolution). Soient f, g : [0; +∞[→ IR deux
fonctions continues par morceaux et intégrables. Alors, pour tout s ∈ ∆f ∩ ∆g ,
Lf ∗g (s) = Lf (s)Lg (s).

Page 20
3.5 Inversion de la transformée de Laplace
Théorème 3.5.1 (Lerch). Soient f, g : [0; +∞[→ IR deux fonctions continues par morceaux telles que
∆f = ∆g 6= ∅ et Lf = Lg . Alors, pour tout a > 0,
ˆ a
(f (t) − g(t)) dt = 0.
0

En particulier, si de plus les fonctions f et g sont continues, alors f = g .

Remarque 3.5.1. Deux fonctions continues par morceaux diérant en un nombre ni de points ont la
même transformée de Laplace, donc l'application qui à une fonction f continue par morceaux associe
sa transformée de Laplace n'est pas injective. Elle le devient cependant, d'après le théorème de Lerch
précédent, en la restreignant aux fonctions continues.

Remarque 3.5.2. Il n'existe pas de formule générale explicite pour obtenir une fonction à partir de
sa transformée de Laplace. En revanche, calculer une fonction causale reste possible en utilisant les
transformées de Laplace de fonctions usuelles recensées dans la section 3.3.

Exemple 3.5.1. Recherche d'une fonction continue f : [0; +∞[→ IR telle que F = Lf où la fonction
F :] − 2; +∞[→ IR est dénie, pour tout s > −2, par
1
F (s) = .
(s + 2)(s + 3)
Eectuant une décomposition en éléments simples, on obtient, pour tout s > −2,
1 1
F (s) = − .
s+2 s+3
A l'aide de transformées de Laplace de fonctions usuelles, on obtient la fonction f dénie, pour tout
t ≥ 0, par
f (t) = e−2t − e−3t .

Exemple 3.5.2. Recherche d'une fonction causale continue par morceaux f : [0; +∞[→ IR de la fonction
F dénie, pour tout s > 0, par
4e−4s
F (s) = .
s2 + 1
A l'aide de transformées de Laplace de fonctions usuelles, pour tout s > 0,
1
Lsin (s) = .
s2 +1
Par les propriétés de linéarité et de retard, on obtient la fonction f dénie, pour tout t ≥ 0, par
f (t) = 4 sin(t − 4)1t≥4 .

Exercice 3.5.1. Pour chaque fonction F proposée, déterminer une fonction continue par morceaux
f : [0; +∞[→ IR telle que F = Lf .
1. Pour tout s > −1, F (s) = 1
(s+1)(s+2)(s+3) .
2. Pour tout s > 2, F (s) = 3e−2s
s2 −4 .
3. Pour tout s > 1, F (s) = .
3
7s +42s−9
s(s−1)(s2 +9)

Page 21
3.6 Applications
Application 3.6.1 (Résolution d'une équation diérentielle ordinaire). Résolvons l'équation diéren-
tielle ordinaire avec conditions initiales suivante :
(
y 00 + 2y 0 + y = sin t
y(0) = 1, y 0 (0) = 0

où l'inconnue y : [0; +∞[→ IR est de classe C 2 .

Appliquant la transformée de Laplace à chaque membre de l'équation, on écrit, pour tout s ∈ ∆y ,


Ly00 +2y0 +y (s) = Lsin (s),

puis, à l'aide de la formule de la transformée de Laplace des dérivées successives (propriété 3.4.6),
1
s2 Ly (s) − sy(0) − y 0 (0) + 2(sLy (s) − y(0)) + Ly (s) = ,
s2 + 1
puis, utilisant les conditions initiales,
1
(s2 + 2s + 1)Ly (s) − s − 2 =
s2 +1
et enn, à l'aide d'une décomposition en éléments simples,
1 + (s + 2)(s2 + 1) s3 + 2s2 + s + 3
Ly (s) = =
(s + 1)2 (s2 + 1) (s + 1)2 (s2 + 1)
3 1 3 1 1 s
= + − .
2 s + 1 2 (s + 1)2 2 s2 + 1
A l'aide des transformées de Laplace de fonctions usuelles, on obtient comme solution possible
3 −t 3 −t 1
y(t) = e + te − cos t.
2 2 2
L'application qui à une fonction associe sa transformée de Laplace n'étant a priori pas injective, on
vérie que la fonction y obtenue est bien solution de l'équation diérentielle : pour tout t ≥ 0,
3 1
y 0 (t)
= − te−t + sin t
2 2
00 3 −t 1
y (t) = (t − 1)e + cos t,
2 2
de sorte que l'on a bien y(0) = 1, y 0 (0) = 0 et
y 00 (t) + 2y 0 (t) + y(t) = sin t.

Exercice 3.6.1. A l'aide des transformées de Laplace, résoudre les équations diérentielles ordinaires
avec conditions initiales suivantes, où l'inconnue y : [0; +∞[→ IR est de classe C 1 .
( ( (
y 0 − 4y = 3 y 0 + y = 2et 2y 0 + 3y = 3t
(a) (b) (c)
y(0) = 1, y(0) = 2, y(0) = 2.

Exercice 3.6.2. A l'aide des transformées de Laplace, résoudre les équations diérentielles ordinaires
avec conditions initiales suivantes, où l'inconnue y : [0; +∞[→ IR est de classe C 2 .
( ( (
y 00 − 5y 0 + 6y = 0 y 00 − 3y 0 + 2y = 4t2 y 00 + y 0 − 2y = 8 sin t
(a) (b) (c)
y(0) = 2, y 0 (0) = 5, y(0) = 0, y 0 (0) = 6, y(0) = 0, y 0 (0) = 1.

Page 22
Application 3.6.2 (Résolution d'une équation de Volterra). Déterminons une fonction f : IR+ → IR
continue telle que ˆ x
∀x ∈ IR+ , f (x) = x + cos(x − t)f (t) dt.
0
L'égalité s'écrit, pour tout x ∈ IR+ ,
f (x) = x + (cos ∗f )(x).

Appliquant la transformée de Laplace à chaque membre de l'équation, on obtient, pour tout s ∈ ∆f ,


1 sLf (s)
Lf (s) = 2
+ 2 ,
s s +1
d'où l'on déduit que
s2 + 1
Lf (s) = ,
s2 (s2 − s + 1)
puis, après décomposition en éléments simples,
√ √
3
1 1 s−1 1 1 s − 21 3 2
Lf (s) = 2 + − 2 = 2+ − √ + √ .
s s s −s+1 s s (s − 1 )2 + ( 3 )2 3 (s − 1 )2 + ( 3 )2
2 2 2 2

A l'aide des transformées de Laplace de fonctions usuelles et la propriété de translation, on obtient


comme solution possible
t
 √3  √3 t  √3 
f (t) = t + 1 − e cos
2 t + e 2 sin t .
2 3 2
On vérie ensuite que la fonction f obtenue est bien solution de l'équation fonctionnelle.

Exercice 3.6.3. Déterminer une fonction f : IR+ → IR continue telle que


ˆ x
∀x ∈ IR+ , f (x) = cosh(x) + f (x − t)et dt.
0

Page 23
Application 3.6.3 (Etude d'un circuit RC). Un circuit électrique comporte, en série, une résistance et
un condensateur. On note, à un instant t ≥ 0 donné,
• u(t) la tension aux bornes du générateur,
• uR (t) la tension aux bornes de la résistance,
• uC (t) la tension aux bornes du condensateur,
• q(t) la charge stockée par le condensateur,
• i(t) l'intensité dans le circuit.

On suppose disposer d'un générateur de tension continue, donc la tension à ses bornes, notée E et
supposée connue, est constante par rapport au temps. La capacité C du condensateur et la valeur R de
la résistance sont également supposées connues.

On souhaite calculer la tension aux bornes du condensateur uC (t) en fonction de t, sous la condition
initiale uC (0) = 0 (la tension est nulle à l'instant t = 0).

Appliquant la loi d'Ohm, on a, d'une part,


uR (t) = Ri(t).

D'autre part, la charge q stockée par le condensateur et l'intensité i se dénissent respectivement par
les relations
dq
q(t) = CuC (t) et i(t) = (t),
dt
si bien que
duC
i(t) = C (t).
dt
Or, la tension dans un circuit fermé est nulle, donc
uR (t) + uC (t) = u(t),

d'où l'on déduit à l'aide de ce qui précède que


Ri(t) + uC (t) = E

puis
duC
RC (t) + uC (t) = E.
dt
Appliquant la transformée de Laplace à chaque membre de l'équation diérentielle, on obtient pour
tout s > 0,
E
RCL duC (s) + LuC (s) =
dt s
puis, à l'aide des formules usuelles,
E
RC(sLuC (s) − uC (0)) + LuC (s) = .
s
Tenant compte de la condition initiale uC (0) = 0, il suit que
E
LuC (s) = ,
s(RCs + 1)
puis, par décomposition en éléments simples, que
E E
LuC (s) = − 1 ,
s s + RC
d'où l'on déduit, par inversion des transformées de Laplace, le résultat souhaité :
t
∀t ≥ 0, uC (t) = E − Ee− RC .

Page 24
3.7 A propos de la transformée de Fourier
L'utilisation de la transformée de Laplace sert de base pour de nombreuses méthodes pratiques de
résolution de problèmes mathématiques de natures diverses. On notera l'amplitude du champ d'appli-
cation d'un tel outil : résolutions d'équations intervenant dans diérentes situations en physique, études
de circuits électriques, études de lois de probabilité, liste non exhaustive.

Il apparaît toutefois pertinent de mentionner comme une de ses alternatives les plus courantes la
transformée de Fourier, que l'on peut dénir pour toute fonction intégrable f : IR → IR et tout
nombre réel u par ˆ +∞
Ff (u) = f (t)eiut dt.
−∞

La proximité entre les dénitions des transformées de Laplace et Fourier explique de façon immédiate
la similarité de leurs propriétés mathématiques et de leurs utilisations pratiques respectives. Ces deux
outils mathématiques sont donc proches, mais le choix de l'emploi de l'un ou de l'autre peut cependant
reposer sur un certain nombre de facteurs que l'on se contentera d'indiquer ici de façon informelle et là
encore sans prétention d'exhaustivité.

Un avantage certain de la transformée de Laplace réside dans sa relative aisance d'utilisation dans
les calculs, puisque l'on n'y manipule que des nombres réels, alors que l'usage de la transformée de
Fourier oblige à une relative maîtrise de l'analyse complexe. Le domaine de dénition de la transformée
de Fourier pose en revanche moins de problèmes que celui de la transformée de Laplace, puisque toute
fonction intégrable sur IR admet une transformée de Fourier sur IR, ce qui n'est pas toujours le cas pour
la transformée de Laplace. Un autre avantage théorique de la transformée de Fourier est celui de pouvoir
travailler dans un espace muni d'un produit scalaire, ici l'espace de Hilbert L2 (IR, IR) des fonctions réelles
de carré intégrable, bénéciant ainsi des riches propriétés mathématiques de tels espaces. La transformée
de Fourier paraît enn mieux adaptée à des modèles laissant apparaître des fonctions périodiques, comme
par exemple en traitement du signal ou traitement d'images.

Page 25
Exercices
Les questions ou exercices marqués du symbole ♣ sont à préparer sur feuille libre pour la séance
concernée. Les questions ou exercices marqués du symbole ♦ sont facultatifs.

Exercice 1. (CMO2) Étudier la nature des intégrales généralisées suivantes :


ˆ +∞ ˆ +∞ ˆ +∞
t2 + 1 t cos(t)
(1) 3
dt, (2) dt, (3) √ dt,
1 t +t+3 0 et − 1 1 t
ˆ +∞    ˆ 1

1 1 1− t
(4) e − 1t
− cos dt, (5)  π  dt.
1 t t 0 cos t
2

Exercice 2 (TD1-TD2). Étudier la nature des intégrales généralisées suivantes :


ˆ ˆ ˆ √
e−t +∞ +∞
dt t +∞
√ dt,
(1)♣ (2) , dt,
(3)♦
0 t 2 ln t 0 (1 + t)α
ˆ +∞   ˆ +∞    ˆ +∞
1 1
(4)♣ sin(t) sin 2 dt, (5)♦ ln cos dt, (6)♦ cos(t2 ) dt,
1 t 5 t 0
ˆ π2 ˆ 1 ˆ π2
1 t ln t tan t
(7) dt, (8) dt, (9)♦ dt.
0 cos2 (t) 0 1−t π
4
t

Exercice 3 (TD2-TD3). Étudier la nature des intégrales généralisées suivantes et calculer leurs valeurs
quand elles sont convergentes :
ˆ +∞ ˆ +∞ ˆ +∞ 2 ˆ +∞
t t +7 t3
(1)♣ t2 e−t dt, (2)♦ dt, (3) dt, (4) dt,
0 0 (1 + t2 )2 2 t4 − 1 0 t8 + 1
ˆ +∞ ˆ +∞ ˆ 1 ˆ +∞ √
1 t2 t3 t
(5)♣ dt, (6) dt, (7) √ dt, (8)♦ dt,
0 (1 + et )(1 + e−t ) −∞ (1 + t2 )2 0 1 − t2 0 (1 + t)2
ˆ ˆ ˆ ˆ
1
ln t +∞
dt +∞
dt +∞
(9) dt, (10)♦ , (11)♦ √ (12)♦ e−t sin t dt,
0 (1 + t)2 0 t3 +1 1 t t2 + 1 0
ˆ ˆ ˆ ˆ
+∞
dt 2
t2 + 1 +∞
ln t +∞
ln(1 + t2 )
(13) , (14) √ dt, (15)♦ dt, (16)♦ dt.
0 et + 1 0 2−t 0 (1 + t2 )2 1 t2

Exercice 4 (TD4). Soient α, β ∈ IR+ . On considère l'intégrale généralisée, dite de Bertrand,


ˆ +∞
dt
.
2 tα (ln t)β

1. ♣ Supposons α > 1. Soit α0 ∈]1; α[. Montrer que l'intégrale converge.


2. De même, étudier la convergence de l'intégrale si α < 1.
3. Quelle est la nature de l'intégrale lorsque α = 1 ?

Exercice 5 (TD4). ♦
ˆ π
2
ˆ π
2
1. Montrer la convergence des intégrales I = ln(sin t) dt et J = ln(cos t) dt, et montrer que
0 0
I = J.
2. Calculer I + J en fonction de I , et en déduire la valeur de I .

Page 26
Exercice 6 (TD5). ♣ On rappelle qu'une fonction f : IR → IR est une densité de probabilité si f
est continue par morceaux, positive et d'intégrale sur IR convergente et égale à 1. Dans les cas suivants,
montrer que la fonction f dénie est une densité de probabilité.
1. Soient a, b ∈ IR tels que a < b. Pour tout x ∈ IR,
1
f (x) = 1[a,b] (x).
b−a

Une variable aléatoire X admettant f pour densité suit une loi uniforme sur [a, b].
2. Soit λ ∈ IR∗+ . Pour tout x ∈ IR,
f (x) = λe−λx 1IR+ (x).
Une variable aléatoire X admettant f pour densité suit une loi exponentielle de paramètre λ.

Exercice 7 (TD5). Une variable aléatoire X suivant une loi normale centrée réduite admet pour
densité de probabilité la fonction f dénie, pour tout x ∈ IR, par
1 x2
f (x) = √ e− 2 .

1. Vérier que la fonction f ainsi dénie est bien d'intégrale convergente sur IR.
On admet dans la suite que f est une densité de probabilité.
ˆ +∞
2. Soit n ∈ IN. Montrer la convergence de l'intégrale xn f (x) dx.
−∞
On appelle moment d'ordre n de X la valeur de cette intégrale, notée E[X n ].
3. ♦ Déterminer les moments d'ordres impairs de X .
4. ♦ Montrer que, pour tout n ∈ IN,
(2n)!
E[X 2n ] = .
2n n!

Exercice 8 (CMO3). Calculer


ˆ +∞ ˆ +∞
n tn
lim dt et lim dt.
n→+∞ 0 1 + nt2 n→+∞ 0 1 + tn+2

Exercice 9 (CMO3). Soit f : IR → IR la fonction dénie, pour tout t ∈ IR, par

f (t) = 1[−1;1] (t).

Calculer, pour tout x ∈ IR, (f ∗ f )(x), puis (f ∗ f ∗ f )(x).

Exercice 10 (TD6). ♣ Soit la fonction F dénie, pour tout x ∈ IR, par


ˆ π
F (x) = sin(x + t)ext dt.
0

1. Justier que la fonction F est continue sur IR.


2. Calculer la limite de F en 0.
3. Justier que la fonction F est de classe C 1 sur IR.
4. Calculer la limite de F 0 en 0.

Page 27
Exercice 11 (TD6). Soit la fonction F : IR∗+ → IR dénie, pour tout x > 0, par
ˆ 1
dt
F (x) = .
0 t2 + x2

1. Sans expliciter l'expression de F (x) en fonction de x, montrer que F est de classe C 1 et calculer sa
dérivée.
2. Expliciter l'expression de F (x) en fonction de x.
ˆ 1
2x
3. En déduire, pour tout x > 0, la valeur de l'intégrale dt.
0 (x2 + t2 )2

ˆ +∞
Exercice 12 (TD6). On souhaite dans cet exercice calculer la valeur de l'intégrale e−t dt, dite
2

0
intégrale de Gauss. On dénit, pour tout x ∈ IR+ ,
ˆ 1 2 2 ˆ x
e−x (t +1) 2
dt, e−t dt
2
F (x) = G(x) = , H(x) = F (x) + G(x).
0 t2 + 1 0

1. Justier que la fonction F est de classe C 1 sur IR+ et calculer sa dérivée.


2. Justier que la fonction G est de classe C 1 sur IR+ et montrer que, pour tout x ∈ IR+ ,
ˆ 1
dt.
2 2 2
G0 (x) = 2xe−x e−x t
0

3. Que peut-on en déduire sur la fonction H ?


4. Conclure.

Exercice 13 (TD6-TD7).
1. Démontrer le théorème des bornes qui varient (théorème 2.1.3). On pourra utiliser la relation de
Chasles.
ˆ x2
dt
2. Soit F : IR∗+ → IR la fonction dénie, pour tout x ∈ IR∗+ , par F (x) = .
x ln t
Montrer que F est de classe C 1 et calculer sa dérivée.
ˆ √
x2 +1
3. Soit G : IR → IR la fonction dénie, pour tout x ∈ IR, par G(x) = e−t dt.
2

1
Montrer que G est de classe C 1 et calculer sa dérivée.

Exercice 14 (TD7). ♣ On considère la fonction

G: [0; π2 ] → IR
ˆ sin x p
x 7→ 1 − t2 dt.
cos x

1. Justier que G est de classe C 1 et calculer sa dérivée.


2. En déduire que, pour tout x ∈ [0; π2 ], G(x) = x − π4 .

Exercice 15 (TD7). Calculer


ˆ ˆ
dt
+∞ t +∞
e− n
(a) ♣ lim dt et (b)♦ lim .
n→+∞ 0 1 + t2 n→+∞ 0 tn + et

Page 28
Exercice 16 (TD7). Soit la fonction F donnée, pour tout x ∈ IR, par
ˆ +∞
e−t sin(tx)
F (x) = dt.
0 1 + t4

1. Montrer que, pour tout n ∈ IN∗ , la fonction F est de classe C n et que, pour tout x ∈ IR,
ˆ +∞ n −t
t e sin(n) (tx)
F (n) (x) = dt.
0 1 + t4

2. Montrer que la fonction F est solution de l'équation diérentielle


x
y (4) + y =
1 + x2
où l'inconnue y : IR → IR est de classe C 4 .

Exercice 17 (TD7). ♦ Montrer que la fonction F donnée, pour tout x ∈ IR, par
ˆ +∞
cos x + sin t
F (x) = dt
0 1 + tex + t4

est bien dénie et de classe C 1 sur IR.

Exercice 18 (TD8). ♣ On souhaite montrer que, pour tous x, y ∈ IR∗+ ,


ˆ +∞
e−yt − e−xt x
dt = ln .
0 t y
ˆ +∞
e−yt − e−xt
1. Justier, pour tous x, y ∈ IR∗+ , la convergence de l'intégrale d t.
0 t
2. Soient a, b ∈ IR∗+ tels que a < b. Soit y ∈ [a; b]. Montrer que la fonction Fy dénie, pour tout
x ∈ [a; b], par
ˆ +∞
e−yt − e−xt
Fy (x) = dt
0 t
est de classe C sur [a; b], et calculer sa dérivée.
1

3. Conclure.

Exercice 19 (TD8). Dans cet exercice, on met à l'épreuve l'hypothèse de domination dans le théorème
de convergence dominée et les théorèmes associés.
1. Soit, pour tout n ∈ IN∗ , pour tout t ∈ IR+ , fn (t) = 1[0;n] (t) et f (t) = 0. L'égalité
ˆ +∞ ˆ +∞
lim fn (t) dt = f (t) dt
n→+∞ 0 0

est-elle vériée ?
2. La fonction F dénie, pour tout x ∈ IR, par
ˆ +∞
x
F (x) = dt
0 1 + (xt)2

est-elle continue ?

Page 29
Exercice 20 (TD8). Calculer le produit de convolution des fonctions f et g dans chacun des cas suivants.
1. ♣ ∀x ∈ IR, f (x) = e2x 1[0;+∞[ (x), g(x) = e3x 1[0;+∞[ (x).
2. ∀x ∈ IR, f (x) = x3 1[0;+∞[ (x), g(x) = (x2 + 1)1[0;+∞[ (x).
3. ♦ ∀x ∈ IR, f (x) = g(x) = e−2x .
2

Pour ce dernier cas, on pourra à nouveau admettre le résultat établi à l'exercice 12 :


ˆ +∞
r
π
e −t2
dt = .
0 2

Exercice 21 (TD8). ♦ A partir du théorème 2.2.1 de convergence dominée, démontrer le théorème 2.2.2
de continuité.

Exercice 22 (CMO4).
ˆ +∞
1. Justier que, pour tout a > 0, l'intégrale ta−1 e−t dt est convergente. On rappelle que l'on note
0
Γ (a) la valeur de cette intégrale et que la fonction Γ ainsi dénie est appelée fonction Gamma
d'Euler.
2. Montrer que, pour tout a > 0,
Γ (a + 1) = aΓ (a).
3. En déduire, pour tout n ∈ IN , une expression de Γ (n) en fonction de n.

4. Calculer Γ ( 21 ). En déduire que, pour tout n ∈ IN,


 1 (2n)! √
Γ n+ = π.
2 n!22n

Exercice 23 (CMO4). Pour chacune des fonctions f suivantes, calculer sa transformée de Laplace Lf ,
en précisant le domaine de dénition ∆f .
1. Pour tout t ≥ 0, f (t) = C où C est une constante réelle.
2. Pour tout t ≥ 0, f (t) = eαt où α est une constante réelle.
3. Pour tout t ≥ 0, f (t) = cosh(ωt) où ω est une constante réelle.
4. Pour tout t ≥ 0, f (t) = sinh(ωt) où ω est une constante réelle.

Exercice 24 (CMO4).
1. Soient λ, µ ∈ IR et deux fonctions f, g : [0; +∞[→ IR continues par morceaux. Montrer que, pour
tout s ∈ ∆f ∩ ∆g ,
Lλf +µg (s) = λLf (s) + µLg (s).
2. Soient α ∈ IR et une fonction f : [0; +∞[→ IR continue par morceaux. Montrer que, pour tout
s ∈ ∆f (t) ∩ ∆e−αt f (t) ,
Le−αt f (t) (s) = Lf (t) (s + α).
3. Soient τ ∈ IR+ et une fonction f : [0; +∞[→ IR continue par morceaux. Montrer que, pour tout
s ∈ ∆f ,
Lf (t−τ )1t≥τ (s) = e−τ s Lf (t) (s).
4. Soient γ ∈ IR∗+ et une fonction f : [0; +∞[→ IR continue par morceaux. Montrer que, pour tout
s ∈ ∆f (γt) ∩ ∆f (t) ,
1 s
Lf (γt) (s) = Lf (t) .
γ γ

Page 30
Exercice 25 (TD9). ♣ Pour chacune des fonctions f suivantes, calculer sa transformée de Laplace Lf ,
en précisant le domaine de dénition ∆f .
1. Pour tout t ≥ 0, f (t) = cos(ωt) où ω est une constante réelle.
2. Pour tout t ≥ 0, f (t) = sin(ωt) où ω est une constante réelle.

Exercice 26 (TD9). Soient a ∈ IR tel que a > −1, α ∈ IR et n ∈ IN.


1. Calculer la transformée de Laplace de la fonction f : IR+ → IR dénie par f (0) = 0 et, pour tout
t > 0,
f (t) = ta eαt .
2. En déduire l'expression de la transformée de Laplace des fonctions f données par f (0) = 0 et
respectivement, pour tout t > 0, par
√ 1
f (t) = tn , f (t) = tn eαt , f (t) = t et f (t) = √ .
t

Exercice 27 (TD9). ♣
1. Soit une fonction f : [0; +∞[→ IR continue par morceaux d'abscisse de convergence absolue A ∈ IR.
Montrer par récurrence que la fonction Lf est de classe C ∞ sur ]A; +∞[ et, pour tout n ∈ IN∗ ,
pour tout s ∈]A; +∞[,
(n)
Ltn f (t) (s) = (−1)n Lf (t) (s).

2. Soit une fonction f : [0; +∞[→ IR. Montrer par récurrence que, pour tout n ∈ IN∗ , si f est de classe
C n , alors

Lf (n) (s) = sn Lf (s) − (sn−1 f (0) + sn−2 f 0 (0) + · · · + sf (n−2) (0) + f (n−1) (0)).

3. Soit une fonction f : [0; +∞[→ IR continue par morceaux. Montrer que, pour tout s ∈ ∆´0t f (u)du
tel que s > 0,
Lf (s)
L´ t f (u)du (s) = .
0 s
4. Soient deux fonctions f, g : [0; +∞[→ IR continues par morceaux et intégrables. Montrer que, pour
tout s ∈ ∆f ∩ ∆g ,
Lf ∗g (s) = Lf (s)Lg (s).

Exercice 28 (TD9). ♦ On admet le résultat établi à l'exercice 12 :


ˆ +∞ r
π
e −t2
dt = .
0 2

Pour chacune des fonctions f suivantes, calculer sa transformée de Laplace Lf , en précisant le domaine
de dénition ∆f .

1. Pour tout t ≥ 0, f (t) = t.
2. Pour tout t > 0, f (t) = √1t , et f (0) = 0.

Exercice 29 (TD10). Pour chaque fonction F proposée, déterminer une fonction continue par morceaux
f : [0; +∞[→ IR telle que F = Lf .
1. ♣ Pour tout s > 2, F (s) = 1
(s+1)(s−2) .
2. ♣ Pour tout s > 1, F (s) s+2
= s2 +3s−4 .
3. Pour tout s > 4, F (s) = s
s2 −8s+20.

Page 31
4. Pour tout s > 5, F (s) = e−3s
s−5 .

Exercice 30 (TD10). Soit une fonction f : [0; +∞[→ IR continue par morceaux telle que limt→0+ f (t)
existe. Montrer que
lim sLf (s) = lim+ f (t).
s→+∞ t→0

Soit une fonction f : [0; +∞[→ IR continue par morceaux telle que limt→+∞ f (t) existe. Montrer que
lim sLf (s) = lim f (t).
s→0+ t→+∞

Ces deux résultats sont connus respectivement sous les noms de théorème de la valeur initiale et
théorème de la valeur nale.

Exercice 31 (TD10). A l'aide des transformées de Laplace, résoudre les équations diérentielles ordi-
naires avec conditions initiales suivantes, où l'inconnue y : [0; +∞[→ IR est de classe C 2 .
( ( (
y 00 + 3y 0 + 2y = t y 00 + y = cos t y 00 + 2y 0 + y = e−t
(a) ♣ (b) (c)♦
y(0) = y 0 (0) = 0, y(0) = 1, y 0 (0) = 0, y(0) = 0, y 0 (0) = 2.

Exercice 32 (TD11). A l'aide des transformées de Laplace, résoudre les équations diérentielles ordi-
naires avec conditions initiales suivantes, où l'inconnue y : [0; +∞[→ IR est de classe C 3 , respectivement
C4. ( (
y (3) + 3y 00 + 3y 0 + y = 1 y (4) + 2y 00 + y = sint
(a) ♣ (b)
y(0) = y 0 (0) = 0, y(0) = y 0 (0) = 0.

Exercice 33 (TD11). ♣ A l'aide des transformées de Laplace, résoudre le système diérentielle avec
conditions initiales suivant, où les inconnues x, y : [0; +∞[→ IR sont de classe C 1 .

0
 x = x + 5y

y 0 = x − 3y

x(0) = 1, y(0) = 2.

Exercice 34 (TD11). Comme dans l'exercice 18, on souhaite montrer que, pour tous x, y ∈ IR∗+ ,
ˆ +∞
e−yt − e−xt x
dt = ln .
0 t y

1. Soient x, y ∈ IR∗+ . Soit la fonction f : IR+ → IR dénie, pour tout t ≥ 0, par

si t > 0
(
e−yt −e−xt
f (t) = t
x−y si t = 0.

Calculer la transformée de Laplace de f .


2. En déduire le résultat souhaité.

Exercice 35 (TD12). ♣ Déterminer une fonction f : IR+ → IR continue telle que


ˆ x
∀x ∈ IR+ , f (x) = x2 + sin(x − t)f (t) dt.
0

Page 32
Exercice 36 (TD12). La fonction Bêta d'Euler est la fonction B dénie, pour tous a, b ∈ [1; +∞[
par ˆ 1
B(a, b) = ta−1 (1 − t)b−1 dt.
0

On souhaite établir l'identité suivante : pour tous a, b ∈ [1; +∞[,


Γ (a)Γ (b) = B(a, b)Γ (a + b).

On considère a, b ∈ [1; +∞[ et les fonctions f, g : IR → IR dénies, pour tous t ∈ IR, par
f (t) = ta−1 1IR+ (t) et g(t) = tb−1 1IR+ (t).

1. Calculer le produit de convolution de f et g .


2. A l'aide de transformées de Laplace bien choisies, conclure.

Exercice 37 (TD12). Dans cet exercice, on admet les deux propriétés suivantes.
Propriété 1. Si X et Y sont deux variables aléatoires réelles positives et indépendantes de densités
respectives f, g : IR+ → IR+ continues par morceaux, alors la variable aléatoire X + Y admet pour
densité la fonction f ∗ g .

Propriété 2. Si X et Y sont deux variables aléatoires réelles positives et indépendantes de densités


respectives f, g : IR+ → IR+ continues par morceaux telles que Lf = Lg , alors X et Y ont même loi de
probabilité.

1. Soient λ > 0 et n, m ∈ IN∗ . Soient X et Y sont deux variables aléatoires réelles positives et
indépendantes de densités respectives f, g : IR+ → IR+ données, pour tout t ≥ 0, par
(λt)n e−λt (λt)m e−λt
f (t) = et g(t) = .
n! m!
(a) Déterminer la loi de probabilité de X + Y en utilisant le produit de convolution.
(b) Vérier ce dernier résultat à l'aide des transformées de Laplace.

2. ♦ Soient X et Y sont deux variables aléatoires réelles positives et indépendantes de même densité
f : IR+ → IR+ donnée, pour tout t ≥ 0, par

f (t) = 1[0;1] (t).

(a) Déterminer la loi de probabilité de X + Y en utilisant le produit de convolution.


(b) Vérier ce dernier résultat à l'aide des transformées de Laplace.

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