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Fonctions numériques : continuité, limites, dérivation,

fonctions classiques
H. Le Ferrand
25 novembre 2017

Figure 1 – Gottfried Wilhelm von Leibniz, 1646 (Leipzig)- 1716 (Hanovre)

1
Table des matières
1 Introduction. Prérequis 3
1.1 La notion de fonction d’une variable réelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Graphe. Image directe et image réciproque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Monotonie. Fonction majorée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Symétrie. Périodicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.5 Composée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.6 Interpolation linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2 Continuité. Limites 5
2.1 Continuité en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2 Valeurs intermédiaires. Maximum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.3 Fonction réciproque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.4 Limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.4.1 Limite en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.4.2 Calculs pratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

3 Dérivation 10
3.1 Dérivée en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3.2 Calculs pratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.3 Notion de primitive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.4 Théorème des accroissements finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.5 La formule de Taylor-Lagrange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

2
1 Introduction. Prérequis
1.1 La notion de fonction d’une variable réelle
Le terme functio a été proposé par Leibniz et la notation y = f (x) a été introduite par
Euler en 1734. En 1837 Dirichlet donne la définition suivante : une fonction f : A → B est la
donnée de deux ensembles A (le domaine) et B (l’image) et d’un procédé qui à tout x ∈ A
associe un (et un seul) y ∈ B. On écrit :

y = f (x) ou x 7→ f (x).

On dit que y est l’image de x et que x est un antécédent de y. Regardons les exemples
suivants :
f : [−1, 1] → IR, f (x) = x (1)
(
x 0 ≤ x ≤ 12
g : [0, 1] → IR, g(x) = (2)
1 − x 12 ≤ x ≤ 1
(
−1 −1 ≤ x ≤ 0
h : [−1, 1] → IR, h(x) = (3)
1 0<x≤1
(
1 si x est rationnel
l : [0, 1] → IR, l(x) = (4)
0 si x est irrationnel
En général, on indique seulement le procédé x 7→ f (x), il s’agit alors déterminer le
domaine de définition de f que l’on note Df . On travaillera (essentiellement) sur des
intervalles (ou des unions d’intervalles ) de IR : [a, b] = {x ∈ IR / a ≤ x ≤ b} (segment),
]a, b[= {x ∈ IR / a < x < b} (intervalle ouvert borné), [a, +∞[= {x ∈ IR / a ≤ x}, etc. Par
exemple, on a :
1
f (x) = , Df =] − ∞, 1[∪]1, +∞[. (5)
x−1
1
f (x) = √ , Df =] − ∞, 4[. (6)
4−x
1
f (x) = √ , Df =? (7)
4 − x2

1.2 Graphe. Image directe et image réciproque


Soit f : IR → IR une fonction de domaine Df (qui sera un intervalle ou une union
d’intervalles). La courbe représentative de f , encore appelée graphe de f , est le sous-
ensemble de IR2 formé par les points de coordonnées (x, f (x)), x parcourant Df . En général,
on ne pourra tracer qu’une partie de la courbe de f .
On aurait pu définir une fonction par son graphe : un graphe Γ est un sous-ensemble de IR2
tel que pour tout x ∈ IR, il existe au plus un y ∈ IR tel que (x, y) ∈ Γ. Ce réel, s’il existe, est
appelé l’image de x par f et est noté f (x).

3
Remarquons que le cercle trigonométrique n’est pas le graphe d’une fonction. Par contre le
premier quart de cercle l’est !
Si A est un sous-ensemble non vide de Df , l’image directe de A est l’ensemble des images
des points de A. Cet ensemble est noté f (A).

f (A) = {f (x), x ∈ A} . (8)

Si B est un sous-ensemble de IR, l’image réciproque de B est l’ensemble des antécédents


des points de B. Cet ensemble est noté f −1 (B).

f −1 (B) = {x ∈ A /f (x) ∈ B} . (9)

Si f (x) = |x|, on a :

f (] − 2, 1[) = [0, 2[, f −1 ([1, 2]) = [−2, −1] ∪ [1, 2]. (10)

Si f (x) = sin x, on a :

3π −1 1 2 π π π
f ([0, ]) = [0, 1], f ([ , ]) ∩ [0, ] = [ , ]. (11)
4 2 2 2 6 4

1.3 Monotonie. Fonction majorée


Soit f une fonction de domaine (de définition) Df et I un intervalle contenu dans Df . On
dit que f est :
— constante sur I si : ∀(x, y) ∈ I × I = I 2 , f (x) = f (y).
— croissante sur I si : ∀(x, y) ∈ I 2 , x ≤ y ⇒ f (x) ≤ f (y).
— strictement croissante sur I si : ∀(x, y) ∈ I 2 , x < y ⇒ f (x) < f (y).
— monotone sur I si elle est croissante sur I ou décroissante sur I.
— majorée sur I si : ∃M ∈ IR, ∀x ∈ I, f (x) ≤ M .
Par exemple la fonction x 7→ x2 est croissante sur [0, +∞[, décroissante sur ]−∞, 0]. La fonction
1
x 7→ x1 est majorée sur [ 10 , 1] mais ne l’est pas sur ]0, 1].

1.4 Symétrie. Périodicité


Pour simplifier l’étude d’une fonction sur sur domaine, on regardera si elle possède √ des
propriétés de symétrie ou de périodicité. Par exemple la fonction f : x 7→ f (x) = ln(x+ 1 + x2 )
est définie sur IR et est impaire sur cet intervalle (symétrique par rapport à 0), c’est-à-dire
f (−x) = −f (x). Il suffira alors de l’étudier sur l’intervalle [0, +∞[ : son graphe est symétrique
par rapport à l’origine.
On pourra voir aussi que si une fonction g vérifie g(a − x) = g(x) pour tout x sur un bon
intervalle (si x est dans l’intervalle, a − x doit aussi s’y trouver), a étant une constante fixée, le
graphe de g est symétrique par rapport à la droite d’équation y = a2 .
Pour la notion de période, on pensera bien évidemment aux fonctions circulaires.
Construisons le graphe de la fonction h définie sur IR de période 2 telle que h(x) = x2 sur
[−2, 2].

4
1.5 Composée
A l’aide de fonctions connues, on peut construire de nouvelles fonctions en les composant :

g ◦ f (x) := g(f (x)). (12)

La composée g ◦ f se lit « g rond f ». La composée a un sens si à la fois x ∈ Df et f (x) ∈ Dg .


Traitons les exemples suivants :
1. f (x) = x2 , g(x) = sin x, g ◦ f ? f ◦ g ?
2. f (x) = x3 , g(x) = x2 + x, g ◦ f ? f ◦ g ?

3. f (x) = x, g(x) = x − 1, g ◦ f ? f ◦ g ?

4. f (x) = x, g(x) = x2 + 1, g ◦ f ? f ◦ g ?
5. f (x) = 3x − 2, g(x) = 13 x + 32 , g ◦ f ? f ◦ g ?
Dans le cas du dernier exemple, on a déterminé pour f une fonction g que l’on va appeler la
fonction réciproque de f et que l’on note g = f −1 :
1 2
∀x ∈ IR, ∀y ∈ IR, y = f (x) = 3x − 2 ⇐⇒ x = f −1 (y) = y + . (13)
3 3

1.6 Interpolation linéaire


Si (x0 , y0 ) et (x1 , y1 ) sont deux points de IR2 (x0 < x1 ), on cherche l’équation de la droite
passant par ces deux points. On utilise la notion de pente d’une droite, soit :
y1 − y0 y − y0 y1 − y
= = . (14)
x1 − x0 x − x0 x1 − x

A titre d’exemple, étudions le cas y = x2 , x0 = 1, x1 = 2. Calculons l’aire sous la courbe au


dessus de [x0 , x1 ]. Comparons cette aire à celle du trapèze sous le segment d’interpolation et au
dessus de [x0 , x1 ].

2 Continuité. Limites
2.1 Continuité en un point
On considère une fonction f définie (au moins) sur un intervalle I et x0 un point de I (on
peut supposer pour l’instant que x0 n’est pas une extrimité de I). On dira (Weierstrass 1874)
que f est continue en x0 si :
La quantité |f (x) − f (x0 )| peut être rendue aussi petite que l’on veut si |x − x0 |
est suffisamment petite.
Avec des quantificateurs, cela s’écrit :

∀ε > 0 ∃δ > 0 ∀x ∈ I, |x − x0 | < δ ⇒ |f (x) − f (x0 )| < ε.

5
Figure 2 – Augustin Louis, baron Cauchy, 1789 (Paris) - 1857 (Sceaux)

Le nombre δ dépend de x0 , on pourrait le noter δx0 .


Regarder si f est continue en x0 , revient à étudier les images réciproques d’intervalles de la
forme ]f (x0 ) − ε, f (x0 ) + ε[. Examinons différents exemples dont :

( 0 si x < 0 (
x si x < 1 1 si x ∈ Q
l


2
x 7→ 1 ; x 7→ x ; x 7→ 1 ; x 7→ 1 si x = 0 ; x 7→ .
2x − 2
si 1 ≤ x  0 si x ∈
/Ql

0 si 0 < x
On a le résultat suivant :
Théorème 2.1
Si f et g sont deux fonctions définies sur l’intervalle I, continues en x0 ∈ I et soit λ ∈ IR alors
les fonctions
x 7→ (f + g)(x) = f (x) + g(x), x 7→ (λf )(x) = λf (x),
f f (x)
x 7→ (f g)(x) = f (x)g(x), x 7→ ( )(x) = (si g(x0 ) 6= 0)
g g(x)
sont aussi continues en x0 .
On en déduit que les fonctions polynomiales sont continues en tout point de (l’intervalle) IR
puis que toute fraction rationnelle, c’est-à-dire un quotient de deux fonctions polynomiales,
est continue en tout point de son domaine de définition.
On retiendra aussi que les fonctions trigonométriques cos, sin sont continues en tout point
de IR et donc que la fonctiontan est continue en tout point x0 tel que cos x0 6= 0.
Concernant la composition des fonctions, on a :

6
Théorème 2.2
Si f : [a, b] → [c, d] est continue en x0 et si g : [c, d] → [e, f ] est continue en y0 = f (x0 ), alors
g ◦ f est continue en x0 .

Ce résultat permettra donc de construire,√partant de fonctions continues, de nouvelles fonctions


continues. Par exemple, la fonction x 7→ x2 + 1 est continue sur IR.

2.2 Valeurs intermédiaires. Maximum


Si f est une fonction définie sur un intervalle I, on dit que f est continue (sur I) si elle est
continue en tout point de I. Si la notion de continuité en un point est une notion locale, on a
cependant deux résultats fondamentaux pour une fonction continue sur un intervalle.

Théorème 2.3
Soit f une fonction continue sur [a, b] et c une valeur comprise entre f (a) et f (b). Il existe
α ∈ [a, b] tel que f (α) = c.

C’est le théorème des valeurs intermédiaires.


On retiendra que l’image d’un intervalle par une fonction continue est un intervalle.
A titre d’exemple, localisons les racines réelles du polynôme x3 − x2 − 3x.
Enonçons le théorème du maximum :

Théorème 2.4 Soit f une fonction continue sur [a, b], elle est bornée sur [a, b] et elle atteint
son minimum et son maximum, c’est-à-dire il existe u ∈ [a, b] et U ∈ [a, b] tels que ∀x ∈ [a, b],
f (u) ≤ f (x) ≤ f (U ).

On retiendra que l’image d’un segment par une fonction continue est un segment.

2.3 Fonction réciproque


Si f est une fonction strictement monotone sur un intervalle I, elle est injective, c’est-à-dire
si f (x1 ) = f (x2 ) alors x1 = x2 (cela revient à dire que si l’équation y = f (x) (x ∈ I) a une
solution, celle-ci est unique).
Par contre si une fonction est injective sur I, elle n’est pas nécessairement strictement
monotone. Mais on a :

Théorème 2.5
Si f est continue et injective sur l’intervalle I, elle est strictement monotone.

On peut alors aborder la question de la bijectivité. Si f : A → B est bijective, on a par


définition :

∀y ∈ B, l’équation y = f (x), x ∈ A, admet une solution et une seule.

Cette unique solution est notée x = f −1 (x) et f −1 est appelée la fonction réciproque de f .

7
Théorème 2.6
Soit f : [a, b] → [c, d], une fonction continue et bijective (donc strictement monotone), alors la
fonction réciproque f −1 : B → A est aussi continue.

Ce √
résultat
√ permet de conclure quant à la continuité des fonctions trigonométriques inverses,
de x, x, etc.
3

2.4 Limites
2.4.1 Limite en un point
Soit x0 ∈ IR et α > 0. On considère I un intervalle de la forme ]x0 − α, x0 + α[, ]x0 , x0 + α[ ou
]x0 − α, x0 [ et f une fonction définie sur I sauf éventuellement en x0 . En fait seules les valeurs
f (x) pour x 6= x0 vont nous intéresser.
On dira que f a pour limite l ∈ IR quand x tend vers x0 si :

∀ε > 0 ∃η > 0 ∀x ∈ I : 0 < |x − x0 | =⇒ |f (x) − l| < ε. (15)

On écrit alors : limx→x0 f (x) = f (x0 ).


Soit la fonction f définie par f (x) = 0 si x 6= 0 et f (0) = 1. Cette fonction n’est pas continue
en 0 mais limx→0 f (x) = 0.
Soit g la fonction donnée par :
x3 + 2x
g(x) = 2 . (16)
x +x
Elle n’est pas définie en 0 mais on a :

x3 + 2x x2 + 2
lim = lim =2 (17)
x→0 x2 + x x→0 x + 1

car la dernière fonction est continue en 0. En effet dire qu’une fonction f est continue en
x0 signifie que limx→x0 f (x) existe et vaut f (x0 ).
Soit h la fonction définie pour x 6= 0 par :
1
h(x) = x3 sin . (18)
x
Cette fonction est le produit d’une fonction qui tend vers 0 quand x → 0 (x → x3 ) par une
fonction bornée au voisinage de 0 (x → sin x1 ). On a donc :

|h(x)| ≤ |x|3 , x 6= 0. (19)

On peut alors affirmer que limx→0 h(x) = 0.

8
2.4.2 Calculs pratiques
Si f est continue en x0 alors limx→x0 f (x) = f (x0 ). C’est le cas des fonctions
— polynomiales (sur IR),
— des fractions rationnelles (sur leur ensemble de définition),
— des fonctions circulaires (sur leur ensemble de définition),
— des fonctions circulaires réciproques (sur leur ensemble de définition),
√ 1
— de x 7→ x (x ≥ 0), de x 7→ x 3 (réciproque de x 7→ x3 sur IR).
On pourra alors utiliser les résultats sur la somme, le produit, le quotient et la composée de
fonctions continues. Pour les limites (cadre général), les résultats sur la somme, le produit et
le quotient demeurent. Pour la composée, on veillera dans le cas de x 7→ g ◦ f (x) à avoir une
hypothèse de continuité sur la fonction g.
On utilisera aussi la propriété suivante : si une fonction est le produit d’une fonction qui
tend vers 0 quand x tend vers x0 par une fonction bornée au voisinage de x0 alors la fonction
tend vers 0 quand x → x0 .
On doit aussi savoir que :
sin x 1 − cos x 1
lim = 1, lim 2
= . (20)
x→0 x x→0 x 2
La première limite est obtenu en encadrant, sur le cercle trigonométrique, l’aire du secteur
circulaire d’angle x par les aires de deux triangles rectangles :
sin x cos x x
≤ ≤ tan x.
2 2
Pour x > 0, ln x est l’aire (algébrique) sous la courbe x → x1 au dessus du segment [1, x].
Fonction strictement croissante et continue sur ]0, +∞[, elle réalise une bijection bicontinue de
]0, +∞[ sur IR. La fonction réciproque est la fonction exp. On doit savoir que :
ln(x + 1) exp(x) − 1
lim = 1, lim = 1. (21)
x→0 x x→0 x
Dans la pratique, on n’hésitera pas à transformer les expressions dont on cherche la limite.
Par exemple :
x3 + 4x2 − 2x − 3 x2 + 5x + 3
lim = lim (22)
x→1 x2 − 1 x→1 x+1
9
= . (23)
2

4+x−2 4+x−4
lim = lim √ (24)
x→0 x x→0 x( 4 + x + 2)

1
= lim √ (25)
x→0 4+x+2
1
= . (26)
4
9
3 Dérivation
3.1 Dérivée en un point
Soit f une fonction définie sur un intervalle I et x0 ∈ I. On dit que f est dérivable en x0 si
la taux d’accroissement de f admet une limite quand x → x0 , c’est-à-dire :

f (x) − f (x0 )
lim existe.
x→x0 x − x0
On note cette limite f 0 (x0 ) et on l’appelle dérivée de f en x0 . Donnons quelques exemples
de fonctions dérivables en un point. La fonction x 7→ ax + b, a et b deux constantes réelles, est
dérivable en tout x0 ∈ IR :
(ax + b) − (ax0 + b)
lim = x→x
lim a = a. (27)
x→x0 x − x0 0

La fonction x 7→ x2 est dérivable en tout x0 ∈ IR :

x2 − x20
lim = x→x
lim (x + x0 ) = 2x0 . (28)
x→x 0 x − x0 0

La fonction sin est dérivable en tout point de IR. En effet en utilisant le résultat,
limx→0 sinx x = 1 et l’identité trigonométrique

x − x0 x + x0
   
sin x − sin x0 = 2 sin cos , (29)
2 2
il vient :  
x−x0
sin x − sin x0 sin 2 x + x0
 
lim = x→x
lim x−x0 cos = cos x0 . (30)
x→x0 x − x0 0
2
2
Une remarque importante : si f est dérivable en x0 , elle est continue en x0 . En effet, on
peut écrire (pour x 6= x0 ) :

f (x) − f (x0 )
f (x) = f (x0 ) + (x − x0 ) . (31)
x − x0
Et ainsi limx→x0 f (x) = f (x0 ).
Par contre la fonction x 7→ |x| n’est pas dérivable en 0 alors qu’elle est continue en 0.
Si f est dérivalble en tout point d’un intervalle I, on dira que f est dérivable sur I et on
considérera la fonction dérivée de f , notée f 0 qui a un point x associe le nombre dérivé f 0 (x).
Par exemple, la fonction dérivée de x 7→ x2 est la fonction x 7→ 2x.
Si f est dérivable en x0 , la courbe représentative de f admet une tangente au point (x0 , y0 )
et cette droite est de pente justement f 0 (x0 ).

10
3.2 Calculs pratiques
On a le résultat fondamental :
Théorème 3.1 Si f et g sont deux fonctions dérivables en x0 , il en est de même de f + g, f g
et f /g (si g(x0 ) 6= 0).
En effet, on a :
(f + g)(x) − (f + g)(x0 ) f (x) − f (x0 ) g(x) − g(x0 )
= + , (32)
x − x0 x − x0 x − x0
f (x)g(x) − f (x0 )g(x0 ) g(x) − g(x0 ) f (x) − f (x0 )
= f (x) + g(x0 ) , (33)
x − x0 x − x0 x − x0
1
g(x)
− g(x10 ) g(x) − g(x0 )
=− . (34)
x − x0 (x − x0 )g(x)g(x0 )
Et ainsi :
(f + g)0 (x0 ) = f 0 (x0 ) + g 0 (x0 ), (f g)0 (x0 ) = f 0 (x0 )g(x0 ) + f (x0 )g 0 (x0 ), (35)
!0 !0
1 g 0 (x0 ) f f 0 (x0 )g(x0 ) − f (x0 )g 0 (x0 )
(x0 ) = − , (x0 ) = . (36)
g (g(x0 )2 g (g(x0 )2
Calculons par exemple les dérivées de x 7→ x2 sin x + cos x, x 7→ x4 et de tan.
On a un second résultat fondamental :
Théorème 3.2 Si y = f (x) est dérivable en x0 , si z = g(y) est dérivable en y0 = f (x0 ) alors
la fonction composée g ◦ f est dérivable en x0 et :
(g ◦ f )0 (x0 ) = g 0 (f (x0 )) · f 0 (x0 ).
On a en effet :
g(f (x)) − g(f (x0 )) g(f (x)) − g(f (x0 )) f (x)) − f (x0 )
= (37)
x − x0 f (x) − f (x0 ) x − x0
ou encore
dz dz dy
= · . (38)
dx dy dx

Calculons par exemple les dérivées de x 7→ ln(1 + x2 ) et de x 7→ 1 + x2 .
Une question importante :
une fonction réciproque d’une fonction dérivable est-elle dérivable (sur de bons
intervalles) et si oui quelle est sa dérivée ?

Si on considère f : x 7→ x2 sur [0, +∞[, la courbe représentative de f −1 : x 7→ x est la
symétrique de celle de f par rapport à la première bissectrice (on travaille dans un repère
orthonormée). La pente de la tangente au graphe de f en (2; 4) est 4, tandis que la pente au
graphe de f −1 en (4; 2) est 14 . Ce n’est pas surprenant compte tenu de la symétrie des deux
graphes par rapport à la première bissectrice. Par contre la pente de la tangente au graphe de
f en (0; 0) est 0 tandis que f −1 n’est pas dérivable en 0. On a en fait le résultat suivant :

11
Théorème 3.3

Si f : I → J est bijective et dérivable en x0 avec de plus f 0 (x0 ) 6= 0 alors la fonction


réciproque f −1 : J → I est dérivable en y0 = f (x0 ) avec :
1
(f −1 )0 (y0 ) = .
f 0 (x 0)

On écrit :
dx 1
= dy . (39)
dy dx

Calculons les dérivées de x 7→ 3
x et de x 7→ arctan x.

3.3 Notion de primitive


Soit f une fonction numérique continue sur l’intervalle fermé borné [a, b]. Soit x ∈ [a, b], on
note l’aire algébrique « sous » la courbe de f au « dessus » de l’intervalle [a, x] par :
Z x
f (t)dt. (40)
a

On montre que la fonction Z x


F (x) = f (t)dt
a

est continue et dérivable sur [a, b] de dérivée f . On dit que F est une primitive de f sur [a, b].
Remarquons que l’aire algébrique « sous » la courbe de f au « dessus » de l’intervalle [a, b]
vaut F (b) − F (a), soit :
Z b
f (t)dt = F (b) − F (a) = [F (t)]ba . (41)
a

Le théorème de la section suivante assure que si f est continue sur [a, b], toutes
les primitives de f sur [a, b] sont égales à une constante près. Ainsi dans l’expression
ci-dessus, pour calculer l’aire, on choisit une primitive quelconque. Par exemple :
#b
t2 b 2 − a2
Z b Z b "
dt = [t]ba = b − a, tdt = = .
a a 2 a
2
1
On peut définir la fonction ln comme la primitive de x 7→ x
sur ]0, +∞[ qui s’annule en 1 :
Z x
dt
ln(x) = , x > 0.
1 t
Fixons a > 0 et étudions la fonction x 7→ ln(ax).

12
3.4 Théorème des accroissements finis
On a le théorème fondamental dont l’interprétation géométrique n’est pas difficile :

Théorème 3.4 Si f est une fonction numérique continue sur l’intervalle fermé borné [a, b]
(a < b), dérivable sur l’intervalle ouvert ]a, b[, il existe c ∈]a, b[ tel que :

f (b) − f (a)
= f 0 (c).
b−a
Examinons le cas de la fonction x 7→ x2 .
Comme conséquences de ce théorème on a, si f et g sont deux fonctions numériques continues
sur l’intervalle fermé borné [a, b] (a < b), dérivables sur l’intervalle ouvert ]a, b[ :
1. Si ∀x ∈]a, b[, f 0 (x) = 0, alors f est une fonction constante.
2. Si ∀x ∈]a, b[, f 0 (x) = g 0 (x) alors f et g sont égales à une constante près.
3. Si ∀x ∈]a, b[, f 0 (x) > 0, f est strictement croissante.
4. S’il existe M > 0 tel que ∀x ∈]a, b[, |f 0 (x)| ≤ M , alors

|f (x1 ) − f (x2 )| ≤ M |x1 − x2 |, ∀(x1 , x2 ) ∈ [a, b] × [a, b].

3.5 La formule de Taylor-Lagrange


Terminons par une formule célèbre, la formule de Taylor-Lagrange (Lagrange 1797). Mais
avant de l’énoncer, il faut introduire la notion de dérivée seconde, dérivée troisième etc.
Si f est dérivable (en un point ou sur un intervalle), on peut se pose la question de savoir si
f 0 est dérivable. Si tel est le cas, on dira que f est deux fois dérivable et on notera la dérivée
de sa dérivée, la dérivée seconde, f 00 ou f (2) . On se pose ensuite la question de savoir si f (2) est
dérivable...
Par exemple, si f (x) = x2 , f 0 (x) = 2x, f 00 (x) = 2 et f (3) (x) = 0. Calculons les premières
dérivées de x 7→ x1 (x 6= 0).
Enonçons la célèbre formule :

Théorème 3.5 Si f est est k fois dérivable sur [a, x] (et toutes ces fonctions continues sur
[a,x]) et si de plus f est k + 1 fois dérivable sur l’intervalle ouvert ]a, x[, il existe c ∈]a, x[ tel
que :
k
X (x − a)i (i) (x − a)k+1 (k+1)
f (x) = f (a) + f (a) + f (c).
i=1 i! (k + 1)!
Ecrivons la formule de Taylor-Lagrange pour exp entre 0 et x, k = 4.

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Figure 3 – Joseph Louis Lagrange (1736-1813)

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