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Table des matières

1 Intégrale de Lebesgue 3

1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

1.2 Ensembles mesurables. Mesures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

1.3 Fonctions mesurables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

1.4 Intégrale de fonctions positives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

1.5 Fonctions intégrables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

1.6 Calcul intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

1.6.1 Intégrales dépendant d’un paramètre . . . . . . . . . . . . . . . 17

1.6.2 Intégrale de Lebesgue et de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . 18

1.6.3 Théorème de Fubini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

1.6.4 Changement de variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

1.7 Espaces Lp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

1.8 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

2 Convolution des fonctions 37

2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

2.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

2.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

3 Théorie élémentaire des distributions 45

3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

1
2 TABLE DES MATIÈRES

3.2 Espace D des fonctions tests . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47


3.3 Les distributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
0
3.4 Règles de calcul dans D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.4.1 Convergence d’une suite de distributions . . . . . . . . . . . . . 51
3.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

4 Transformation de Fourier dans L1 57


4.1 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
4.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
4.3 Transformée de Fourier dans S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
4.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

5 Transformation de Laplace 69
5.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
5.1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
5.1.2 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
5.2 Existence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
5.3 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
5.4 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
5.5 Table des transformées usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
5.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Chapitre 1

Intégrale de Lebesgue

1.1 Introduction

L’intégrale de Riemann enseignée dans le premier cycle universitaire ne peut répondre


aux multiples attentes des mathématiciens, physiciens ou ingénieurs. Nous proposons
dans ce chapitre de mettre en œuvre les principaux résultats de la théorie de l’intégrale
de Lebesgue. Nous rappelons que toute fonction continue, continue par morceaux ou
réglée est Riemann-intégrable sur l’intervalle [a, b]. On voit que la classe de telles fonc-
tions est vaste mais leur comportement vis-à-vis des limites pose problème. En effet la
limite f d’une suite (fn )n de fonctions Riemann-intégrables sur [a, b] n’est pas forcément
Riemann-intégrable sur [a, b]. C’est le cas par exemple de la suite (fn )n>0 telle que

 0 si 0 ≤ x ≤ 1

fn (x) = n
1 1

 si < x ≤ 1.
x n

Sa limite f définie sur [0, 1] par



 0 si x = 0
f (x) =
 1 si 0 < x ≤ 1
x
n’est pas Riemann-intégrable sur [0, 1]. Et même si la limite f est Riemann-intégrable
sur [a, b], il n’est pas sûr que
Z b Z b
lim fn (x)dx = lim fn (x)dx.
n→+∞ a a n→+∞

3
4 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

Une illustration est donnée par la suite (fn )n>0 telle que



 0 si x = 0
1


fn (x) = n si 0 < x <
n
1


 0 si ≤ x ≤ 1.


n
Z 1 Z 1
On a lim fn (x)dx = 1 et lim fn (x)dx = 0. Bien entendu, si la suite (fn )n
n→+∞ 0 0 n→+∞
converge uniformément vers f , alors celle-ci est Riemann-intégrable sur [0, 1] et
Z 1 Z 1
lim fn (x)dx = f (x)dx.
n→+∞ 0 0

Cependant, pour les intégrales impropres, le résultat précédent est faux. (cf. les exer-
cices 1.8.1 et 1.8.2)

1.2 Ensembles mesurables. Mesures.

Définition 1.2.1 Soit X un ensemble non vide et P(X) l’ensemble des parties de
X. On appelle tribu (ou σ-algèbre) sur X, un ensemble A ⊂ P(X) qui possède les
propriétés suivantes :
i) ∅ ∈ A ;
ii) Si A ∈ A, alors Ac ∈ A
(où Ac désigne le complémentaire de A dans X) ;
[
iii) Pour toute famille finie ou dénombrable (Ai )i∈I⊂IN d’éléments de A, Ai ∈ A.
i∈I

Remarques 1.2.1 1. Il résulte de i) et ii) que X ∈ A ;


2. Il découle de ii) et iii) que toute intersection finie ou dénombrable d’éléments de
A est un élément de A ;
3. Si A, B ∈ A alors A\B = A ∩ B c ∈ A.

Exemples 1.2.1 1. P(X) est une tribu sur X ;


2. Soient X = {a, b, c} et E = {a}. La famille A = {∅, X, E, E c } est une tribu sur
X.
1.2. ENSEMBLES MESURABLES. MESURES. 5

Définition 1.2.2 On appelle espace mesurable tout couple (X, A) où X est un en-
semble et A est une tribu sur X. Les éléments de A sont appelés ensembles mesurables.

Remarque 1.2.1 1. L’intersection d’une famille quelconque de tribus sur X est


une tribu sur X.
2. Soit F un sous-ensemble quelconque de X. L’intersection de toutes les tribus
contenant la famille F est donc une tribu contenant F, notée σ (F). C’est en
fait la plus petite tribu sur X contenant F. Il est alors évident que toute tribu
contenant F contient également σ (F).

Définition 1.2.3 La tribu σ(F) est appelée tribu engendrée par F.

Exemple 1.2.1 Prenons X = IRn muni de sa topologie usuelle et F l’ensemble des


ouverts de IRn . Il est clair que F n’est pas une tribu car le complémentaire d’un ouvert
n’est pas en général un ouvert. La tribu σ(F) engendrée par F est appelée tribu de
Borel ou tribu Borélienne sur IRn . Elle est notée B (IRn ) et ses éléments sont appelés
des Boréliens.

En théorie d’intégration, nous serons amenés à travailler dans l’ensemble IR = IR ∪


{+∞} ∪ {−∞} muni des opérations usuelles avec les conventions suivantes :
1) a ± ∞ = ±∞ pour tout a ∈ IR ;
2) a . (±∞) = ±∞ pour tout a > 0 ;
3) 0 . (±∞) est égal à 0 (nous verrons dans ce chaitre que l’intégrale d’une fonction
infinie sur un ensemble de mesure nulle est nulle et l’intégrale d’une fonction
nulle sur un ensemble de mesure infinie est nulle) ;
4) Les opérations (+∞) + (−∞) et (−∞) + (+∞) ne sont pas définies.

Définition 1.2.4 Soit (X, A) un espace mesurable. Une mesure positive sur (X, A)
est une application µ : A −→ IR+ = IR+ ∪ {+∞} telle que
1. µ(∅) = 0 ;
2. Pour toute famille finie ou dénombrable (Ai )i∈I⊂IN d’ensembles mesurables de
X, deux à deux disjoints, on a
Ñ é
[ X
µ Ai = µ(Ai ).
i∈I i∈I
6 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

Le triplet (X, A, µ) est alors appelé espace mesuré.

Exemple 1.2.2 Soient (X, A) un espace mesurable et a ∈ X. On considère l’applica-


tion
δa : A −→ IR+

définie pour tout A ∈ A par



 1 si a ∈ A
δa (A) =
 0 si a ∈
/ A.

C’est une mesure sur (X, A) appelée mesure de Dirac au point a.

Voici à présent des propriétés importantes d’une mesure positive ;

Proposition 1.2.1 Soit (X, A, µ) un espace mesuré.


1. Soient A, B ∈ A. Si A ⊂ B, alors

µ(A) ≤ µ(B).

2. Soient A, B ∈ A. Si A ⊂ B et µ(A) < +∞, alors

µ(B\A) = µ(B) − µ(A).

3. Si (An )n≥1 est une suite quelconque d’éléments de A, alors


Ñ é
+∞
[ +∞
X
µ An ≤ µ (An ) .
n=1 n=1

4. Si (An )n≥1 est une suite croissante d’éléments de A, alors


Ñ é
+∞
[
µ An = lim µ (An ) .
n→+∞
n=1

5. Si (Bn )n≥1 est une suite décroissante d’éléments de A telle que µ (B1 ) < +∞
alors Ñ é
+∞
\
µ Bn = lim µ (Bn ) .
n→+∞
n=1
1.2. ENSEMBLES MESURABLES. MESURES. 7

Définitions 1.2.1 Soit (X, A, µ) un espace mesuré.


1. Si µ(X) est finie, on dit que µ est bornée (ou finie).
2. Si X est réunion dénombrable d’ensembles de mesure finie, on dit que µ est
σ-finie.
3. Si µ(X) = 1, on dit que (X, A, µ) est un espace probabilisé. Les éléments de X
sont appelés des éventualités et ceux de A des événements.

Définition 1.2.5 Un ensemble N ∈ A est dit négligeable par rapport à µ (ou µ-


négligeable) si µ(N ) = 0.

Notons que s’il n’y a pas d’ambiguı̈té, nous dirons que l’ensemble est négligeable au
lieu de µ−négligeable.

Proposition 1.2.2 Soient (X, A, µ) un espace mesuré et (Sn )n≥1 une suite d’ensembles
+∞
[
négligeables. Alors S = Sn est négligeable.
n=1

Définition 1.2.6 On dira qu’une propriété P est vraie µ-presque partout (µ − pp) si
l’ensemble sur lequel P est fausse est contenu dans un ensemble µ-négligeable.

Définition 1.2.7 Soit (X, A, µ) un espace mesuré. La mesure µ est dite complète si
tout sous-ensemble d’un ensemble négligeable est mesurable.

Théorème 1.2.1 Il existe une tribu L sur IRn et une mesure λ sur (IRn , L) uniques
telles que :
Ñ é
n
Y n
Y
• λ ]ai , bi [ = (bi − ai ) .
i=1 i=1

• L ⊃ B (IRn ) avec inclusion stricte.


• λ complète.
L est appelée la tribu de Lebesgue sur IRn et λ est dite mesure de Lebesgue sur IRn .

Pour plus de détails sur la construction de la mesure de Lebesgue, on peut consulter


[?].

Remarques 1.2.2 Soit l’espace mesuré (IRn , L, λ).


8 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

• Tout point de IRn est négligeable.


Etablissons ce résultat dans le cas particulier où n = 1. Le sous ensemble {a}
de IR est mesurable car c’est un fermé de IR. Pour tout p ∈ IN∗ , nous avons
ò ï
1 1
{a} ⊂ a − , a + .
p p
Donc Çò ïå
1 1
λ ({a}) ≤ λ a − ,a +
p p
et par conséquent
2
λ ({a}) ≤ , ∀p ∈ IN∗ .
p
Finalement
λ ({a}) = 0.

• Toute partie finie ou dénombrable de IRn est négligeable. Par exemple, dans
(IR, L, λ), l’ensemble Q
l est négligeable (bien qu’il soit dense dans IR).
• La mesure de Lebesgue admet bien d’autres ensembles négligeables que les en-
n
Y
sembles dénombrables. Par exemple, la frontière du pavé ]ai , bi [ est négligeable
i=1
dans IRn sans être négligeable.

1.3 Fonctions mesurables

Soit (X, A) un espace mesurable.

Définition 1.3.1 Une fonction f : X −→ IR est dite mesurable si pour tout α ∈ IR

f −1 (]α, +∞[) = {x ∈ X : f (x) > α} ∈ A.

Le lemme suivant donne quatre définitions équivalentes de la mesurabilité.

Lemme 1.3.1 Soit f : X −→ IR. Les propositions suivantes sont équivalentes


(a) ∀ α ∈ IR Aα = {x ∈ X : f (x) > α} ∈ A.
(b) ∀ α ∈ IR Bα = {x ∈ X : f (x) ≤ α} ∈ A.
(c) ∀ α ∈ IR Cα = {x ∈ X : f (x) ≥ α} ∈ A.
(d) ∀ α ∈ IR Dα = {x ∈ X : f (x) < α} ∈ A.
1.3. FONCTIONS MESURABLES 9

Remarque 1.3.1 Si f est à valeurs complexes, elle se décompose en partie réelle et


partie imaginaire de la façon suivante

f = Re(f ) + iIm(f )

où Re(f ) et Im(f ) sont à valeurs dans IR.

Définition 1.3.2 L’application f : X −→ Cl est dite mesurable si Re(f ) et Im(f )


sont mesurables.

Donnons à présent une classe importante de fonctions mesurables.

Proposition 1.3.1 On considère l’espace mesurable (IRn , L) où L est la tribu de Le-
besgue et f : IRn −→ IR. Si f est continue alors f est mesurable.

Définition 1.3.3 Soient (X, A) un espace mesurable et E un sous-ensemble quel-


conque de X. On appelle fonction caractéristique de E, la fonction χE définie par

χE (x) =  1 si x ∈ E

0 si x ∈ / E.

La fonction caractéristique possède les propriétés suivantes :


1. χ∅ = 0 ;
2. χX = 1 ;
3. χA∩B = χA.χB ;
4. χA∪B = χA + χB − χA∩B ;
5. χA = 1 − χA .
c

Proposition 1.3.2 Soit A ⊂ X. Alors la fonction caractéristique de A est mesurable


si et seulement si l’ensemble A est mesurable.

Remarque 1.3.2 Il existe des fonctions mesurables qui ne sont pas continues. C’est
le cas par exemple de la fonction caractéristique de l’intervalle ]0, 1[ avec X = IR et
A = L.

Proposition 1.3.3 Soient (X, A) un espace mesurable et f, g deux applications mesu-


rables définies sur X et à valeurs dans IR. Alors les fonctions suivantes sont mesurables
10 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

1. f + g, lorsque cette somme existe ;


2. max (f, g) et min (f, g) ;
3. Pour tout β ∈ IR, βf ;
4. |f |, f 2 et f × g.

Proposition 1.3.4 Soient (X, A) un espace mesurable et (fn )n≥0 une suite de fonc-
tions mesurables définies sur X et à valeurs dans IR. Alors f = sup fn , g = inf fn ,
n n
f ∗ = lim inf fn et g ∗ = lim sup fn sont mesurables.
n n

Corollaire 1.3.1 Soient (X, A) un espace mesurable et (fn )n≥0 une suite de fonctions
mesurables définies sur X et à valeurs dans IR. Si la suite (fn )n converge simplement
vers f sur X alors f est une fonction mesurable.

Définition 1.3.4 Soit (X, A) un espace mesurable. Une fonction e définie sur X est
dite étagée ou simple s’il existe un nombre fini d’ensembles mesurables A1 , A2 , . . . , An
et n réels α1 , α2 , . . . , αn tels que
n
αi χAi .
X
e= (1.1)
i=1

On notera que l’écriture (1.1) n’est pas unique. Une fonction étagée est donc une
fonction mesurable finie et qui ne prend qu’un nombre fini de valeurs.
Notons que la somme, le produit et le module de fonctions étagées sont étagées. Le
théorème d’approximation suivant montre l’importance des fonctions étagées

Théorème 1.3.1 Soit f : (X, A) −→ IR+ mesurable. Il existe une suite de fonctions
étagées positives (en )n≥1 telle que
i) 0 ≤ e1 ≤ e2 ≤ . . . ≤ f ,
ii) Pour tout x ∈ X, la suite (en (x))n converge vers f (x).
Autrement dit, toute fonction positive mesurable est limite simple d’une suite croissante
de fonctions étagées positives.

1.4 Intégrale de fonctions positives

Toutes les fonctions utilisées dans la suite de ce cours seront supposées mesurables.
On considère (X, A, µ) un espace mesuré. Commençons par considérer le cas d’une
fonction positive étagée.
1.4. INTÉGRALE DE FONCTIONS POSITIVES 11

n
αi χAi une fonction étagée positive sur X. On appelle
X
Définition 1.4.1 Soit e =
i=1
intégrale de e sur X par rapport à la mesure µ, le nombre positif (éventuellement +∞)
Z n
X
noté e dµ égal à αi µ(Ai ).
X i=1
(On admettra que la valeur de cette intégrale est indépendante de la représentation de
e)

Remarque 1.4.1 Si pour un indice i on a αi = 0 et µ (Ai ) = +∞, alors le produit


αi µ (Ai ) = 0.
Z
Définition 1.4.2 On dit que e est intégrable sur X par rapport à µ si e dµ est
X
finie.

Définition 1.4.3 Si E est un ensemble mesurable, on définit l’intégrale de e sur E


par Z Z
edµ = eχE dµ.
E X

Z
En particulier si E ∈ A, alors dµ = µ(E).
E

Exemple 1.4.1 On se place dans (IR, L, λ) et on considère la fonction e appelée fonc-


tion de Dirichlet et définie par

 1 si x ∈ Q
l
e(x) =
 0 si x ∈
/ Q.
l

La fonction e est positive étagée car e = 1χQ


l + 0χQ
l c.
Si E = [0, 1], alors Z
e dλ = λ ([0, 1] ∩Q)
l = 0.
[0,1]

La fonction e est donc intégrable au sens de Lebesgue sur [0, 1].

L’intégrale d’une fonction étagée positive possède les propriétés suivantes :

Proposition 1.4.1 Soient f, g deux fonctions étagées positives et α un réel positif.


On a
12 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE
Z Z Z
1. (f + g) dµ = f dµ + g dµ ;
X X X
Z Z
2. αf dµ = α f dµ ;
X X
Z Z
3. Si f ≤ g, alors f dµ ≤ gdµ.
X X

Nous sommes à présent en mesure de définir l’intégrale d’une fonction mesurable posi-
tive en s’appuyant sur le théorème 1.3.1.

Définition 1.4.4 Soit f : X −→ IR+ une fonction mesurable positive. L’intégrale de


f sur X par rapport à µ est définie par
Z ®Z ´
f dµ = sup e dµ ; 0 ≤ e ≤ f et e étagée .
X X

(La borne supérieure est prise sur toutes les fonctions étagées positives qui minorent
la fonction f )

Remarque 1.4.2 Toute fonction f : X −→ IR positive mesurable possède une intégrale


au sens de Lebesgue. Cependant, cette intégrale est soit positive finie soit égale à +∞.

Définition 1.4.5 Soit Z f : X −→ IR+ une fonction mesurable positive. La fonction f


est dite intégrable si f dµ est finie.
X

Si E ∈ A, on pose Z Z
f dµ = f χE dµ.
E X

La proposition suivante contient des propriétés élémentaires de l’intégrale qui se démontrent


par application directe de la définition.

Proposition 1.4.2 Soient f, g : X −→ IR+ deux fonctions mesurables et E, F ∈ A.


Z Z
1. Si f ≤ g alors f dµ ≤ g dµ ;
E E
Z Z Z
2. Si E ∩ F = ∅ alors f dµ = f dµ + f dµ ;
E∪F E F
Z Z
3. Si E ⊂ F alors f dµ ≤ f dµ.
E F
1.4. INTÉGRALE DE FONCTIONS POSITIVES 13

Nous donnons à présent le théorème de la convergence monotone appelé aussi théorème


de Beppo-Levi qui est l’un des principaux résultats de la théorie de l’intégrale de
Lebesgue.

Théorème 1.4.1 Soient (fn )n une suite croissante de fonctions mesurables positives
qui converge simplement vers une fonction f . Alors
Z Z
lim fn dµ = f dµ.
n→+∞ X X

Lemme 1.4.1 Soit e une fonction étagée positive et (Bn )n une suite croissante d’en-
[
sembles mesurables avec X = Bn . Alors on a
n
Z Z
lim e dµ = e dµ.
n→+∞ Bn X

Remarque 1.4.3 Nous savons que toute fonction positive mesurable de X dans IR+
est limite simple croissante de fonctions étagées positives. La proposition 1.4.1 et le
théorème 1.4.1 permettent de démontrer les propriétés suivantes de l’intégrale d’une
fonction mesurable positive.

Proposition 1.4.3 Soient f, g :−→ IR+ deux fonctions positives mesurables et α ∈


IR+ .
Z Z Z
1. (f + g) dµ = f dµ + g dµ ;
ZX Z X X

2. αf dµ = α f dµ.
X X

Dans la suite, on désignera par M + l’ensemble des fonctions mesurables de X dans


IR+ .

Lemme 1.4.2 (Lemme de Fatou) Soit (fn )n une suite d’éléments de M + . On a


Z Z
lim inf fn dµ ≤ lim inf fn dµ.
X n n X

Proposition 1.4.4 Si f : X −→ IR+ est mesurable, alors l’application

η : A −→ IR+ Z
A 7−→ η(A) = f dµ
A

est une mesure sur (X, A).


14 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

Proposition 1.4.5 Soit f ∈ M + . On a


Z
f = 0 µ − pp ⇐⇒ f dµ = 0.
X

Proposition 1.4.6 Soit f ∈ M + et N un ensemble µ-négligeable. Alors, on a


Z
f dµ = 0.
N

Proposition 1.4.7 Soient f, g : X −→ IR+ mesurables. On a


Z Z
f = g µ − pp =⇒ f dµ = gdµ.
X X

1.5 Fonctions intégrables

Soient (X, A, µ) un espace mesuré, f : X −→ IR, f + et f − les fonctions positives


définies par :
f + (x) = sup{f (x), 0} et f − (x) = sup{−f (x), 0}.

f + (resp. f − ) est dite partie positive (resp. négative) de f . On vérifie que


1. f = f + − f − ,
2. |f | = f + + f − ,
1Ä ä
3. f + = |f |χ[f 6=−∞] + f χ[f 6=−∞] ,
2
1Ä ä
4. f − = |f |χ[f 6=+∞] − f χ[f 6=+∞] .
2

Remarque 1.5.1 L’application f est mesurable si et seulement si f + et f − sont me-


surables.

Définition 1.5.1 Soit f : X −→ IR mesurable. On dit que f est intégrable sur X par
rapport à µ, si f + et f − le sont. L’intégrale de f est alors définie par
Z Z Z
f dµ = +
f dµ − f − dµ.
X X X

Si E ∈ A et f intégrable, on définit :
Z Z Z Z
f dµ = f χE dµ = +
f dµ − f − dµ.
E X E E
1.5. FONCTIONS INTÉGRABLES 15

Proposition 1.5.1 Soit f : X −→ IR mesurable ;

f est intégrable ⇐⇒ |f | est intégrable.

Cette proposition est fausse pour l’intégrale de Riemann. En effet la fonction f définie
par 
 −1 si x ∈ Q
l
f (x) =
 +1 si x ∈
/Ql

n’est pas Riemann-intégrable sur X = [0, 1]. Cependant |f | = 1 est Riemann-intégrable


sur X = [0, 1].

Proposition 1.5.2 Soient f, g : X −→ IR intégrables. Alors on a


Z Z
f = g p.p. =⇒ f dµ = g dµ.
X X

Proposition 1.5.3 Soient f : X −→ IR intégrable et N un ensemble négligeable. Alors


Z
f dµ = 0.
N

Proposition 1.5.4 Toute fonction f : X −→ IR intégrable est finie pp

Ainsi, lorsqu’on fait du calcul intégral, on peut se limiter aux fonctions à valeurs dans
l Dans toute la suite, nous désignerons par L1IR (X, A, µ), L1 (X) ou tout
IR ou dans C.
simplement L1 l’ensemble des fonctions f : X −→ IR intégrables sur X par rapport à
la mesure µ. Notons que pour toute fonction f ∈ L1
Z Z

f dµ ≤ |f |dµ.

X X

Proposition 1.5.5 Soient f, g : X −→ IR. On suppose que f est mesurable et que g


est intégrable. Si |f | ≤ g p.p. alors f est intégrable et
Z Z
|f |dµ ≤ gdµ.
X X

Proposition 1.5.6 Soient f, g ∈ L1 et α ∈ IR. On a


Z Z
1
1. αf ∈ L et αf dµ = α f dµ.
X X
16 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE
Z Z Z
1
2. f + g ∈ L et (f + g)dµ = f dµ + gdµ.
X X X

Nous avons déjà vu une justification du passage à la limite sous le signe somme pour
une suite monotone (voir théorème 1.4.1). Le théorème fondamental suivant donne une
autre justification

Théorème 1.5.1 (Théorème de convergence dominée de Lebesgue)


Soient (fn )n≥0 une suite de fonctions mesurables définies de X dans IR. On suppose
que
i) La suite (fn ) converge simplement vers f ;
ii) Il existe g ∈ L1 telle que pour tout n ∈ IN, on a

|fn | ≤ g. (1.2)

Alors
• Pour tout n, fn ∈ L1 et f ∈ L1 ;
Z
• lim |fn − f | dµ = 0 ;
n→+∞ X
Z Z
• lim fn dµ = f dµ.
n→+∞ X X

Donnons une deuxième version de ce théorème

Théorème 1.5.2 Soient f : X −→ IR mesurable et (fn )n une suite de fonctions


mesurables telle que fn : X −→ IR. On suppose que
i) La suite (fn )n converge p.p. vers f ;
ii) Il existe g ∈ L1 telle que pour tout n, on a

|fn | ≤ g pp

Alors
• Pour tout n, fn ∈ L1 et f ∈ L1 ;
Z
• lim |fn − f | dµ = 0 ;
n→+∞ X
Z Z
• lim fn dµ = f dµ.
n→+∞ X X

Terminons ce paragraphe par des résultats relatifs aux fonctions à valeurs complexes.
1.6. CALCUL INTÉGRAL 17

Définition 1.5.2 Soit f : X −→ Cl mesurable. La fonction f est dite intégrable si |f |


est intégrable.

Proposition 1.5.7 Soit f : X −→ Cl mesurable telle que

f = Re(f ) + iIm(f ).

La fonction f est intégrable si et seulement si Re(f ) et Im(f ) sont intégrables et nous


avons Z Z Z
f dµ = Re(f )dµ + i Im(f )dµ.
X X X

Remarque 1.5.2 Si f est une fonction à valeurs complexes, intégrable, alors on a


Z Z

f dµ ≤ |f |dµ.

X X

Il est important de noter que le théorème de Lebesgue reste valable pour les fonctions
à valeurs dans C.
l

1.6 Calcul intégral

Soit (X, A, µ) un espace mesuré.

1.6.1 Intégrales dépendant d’un paramètre

Soit I un intervalle de IR borné ou non. On considère

f : I × X −→ IR
(t, x) 7−→ f (t, x).

Théorème 1.6.1 On suppose que


i) l’application x 7−→ f (t, x) est mesurable pour tout t ∈ I,
ii) pour presque tout x ∈ X, l’application t 7−→ f (t, x) est continue en t0 ∈ I,
iii) il existe g ∈ L1 telle que pour tout t ∈ I : |f (t, x)| ≤ g(x) pp
Alors, pour Ztout t ∈ I, la fonction x 7−→ f (t, x) est intégrable et la fonction F définie
par F (t) = f (t, x)dµ(x) est continue en t0 .
X
18 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

La notation dµ(x) signifie que la mesure porte sur l’ensemble dont la variable est x.

Théorème 1.6.2 Soit I un intervalle ouvert de IR. On suppose que


i) l’application x 7−→ f (t, x) est intégrable pour tout t ∈ I,
∂f
ii) pour presque tout x ∈ X, (t, x) existe,
∂t
iii) il existe g ∈ L1 telle que pour tout t ∈ I on a

∂f
(t, x) ≤ g(x) pp
∂t

∂f
Alors, pour tout t ∈ I, la fonction x 7−→ (t, x) est intégrable, la fonction F définie
Z ∂t
par F (t) = f (t, x)dµ(x) est dérivable et on a
X
Z
0 ∂f
F (t) = (t, x)dµ(x).
X ∂t

Remarque 1.6.1 Ces deux théorèmes restent valables pour les fonctions f (t, x) à va-
leurs dans C.
l

1.6.2 Intégrale de Lebesgue et de Riemann

La fonction f = χQl ∩[0,1] n’est pas Riemann-intégrable. Cependant elle est Lebesgue-
intégrable car Z
f dλ = λ (lQ ∩ [0, 1]) = 0.
IR

Théorème 1.6.3 Soient [a, b] un intervalle compact de IR et f une fonction mesurable


définie de [a, b] à valeurs dans IR.
Si f est Riemann-intégrable sur [a, b] alors f est Lebesgue-intégrable sur [a, b] et on a
l’égalité Z b Z
f (x)dx = f (x)dλ(x). (1.3)
a [a,b]

Remarque 1.6.2 On voit que dans le cas des intégrales propres, l’intégrale de Le-
besgue est beaucoup plus générale que l’intégrale de Riemann. L’égalité (1.3) montre,
toutefois, que l’on peut utiliser les techniques classiques (développement en somme,
intégration par parties ou changements de variables, etc.) pour calculer l’intégrale de
Lebesgue d’une fonction Riemann-intégrable.
1.6. CALCUL INTÉGRAL 19

Théorème 1.6.4 Soient I un intervalle de IR et f une fonction localement Riemann-


intégrable sur I. AlorsZ f est Lebesgue-intégrable sur I si et seulement si l’intégrale de
Riemann généralisée f (x)dx est absolument convergente et on a
I
Z β Z
f (x)dx = f (x)dλ(x) (1.4)
α I

où α, β ∈ IR sont les extrémités de l’intervalle I.

Remarque 1.6.3 On constate que lorsqu’une intégrale généralisée existe, l’intégrale


de Lebesgue existe si et seulement si l’intégrale est absolument convergente et on a
l’égalité (1.4).
On voit que les intégrales généralisées semi-convergentes échapperont ainsi aux théorè-
mes d’intégration. Ceci semble constituer une petite victoire de l’intégrale de Riemann
sur l’intégrale de Lebesgue. Mais une intégrale généralisée n’est pas à proprement parler,
une intégrale de Riemann.

Dans la suite, on notera

dλ(x) = dx pour x ∈ IR et dλ(x) = dx1 dx2 . . . dxn pour x ∈ IRn .

1.6.3 Théorème de Fubini

Nous énoncerons ce théorème pour des fonctions de deux variables réelles.

Théorème 1.6.5 Soient f : IR2 −→ IR une fonction mesurable et E × F un ensemble


mesurable de IR2 .
(i) Si f est positive sur E × F alors on a
Z Z Z
f (x, y)dxdy = dx f (x, y)dy
E×F E F
(1.5)
Z Z
= dy f (x, y)dx,
F E

(= éventuellement à +∞) ;
Z Z Z Z
1
(ii) f ∈ L (E × F ) ⇐⇒ dx |f (x, y)|dy ou dy |f (x, y)|dx est finie ;
E F F E
(iii) Si f ∈ L1 (E × F ) alors on a les égalités (1.5).
20 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

Remarque 1.6.4 L’aspect pratique à retenir est que l’on peut calculer une intégrale
double en choisissant l’ordre d’intégrabilité que l’on veut, pourvu que l’une au moins
des intégrales itérées en module existe.
L’existence des deux intégrales
Z Z Z Z
dx f (x, y)dy et dy f (x, y)dx
E F F E

n’implique pas l’intégrabilité de f sur E × F .

1.6.4 Changement de variables

Soient X et Y deux domaines de IRn et φ : Y −→ X une fonction bijective telle que φ


et φ−1 soient de classe C 1 . On note Jφ (y) la matrice jacobienne de φ au point y
Ç å
∂φi
Jφ (y) = (y)
∂yj 1≤i,j≤n

où pour i ∈ {1, 2, . . . , n}, φi est la iième application coordonnée de φ.


Théorème 1.6.6 Une fonction f est intégrable sur X si et seulement si f (φ(y)) det Jφ (y)
est intégrable sur Y et on a
Z Z

f (x)dx = f (φ(y)) det Jφ (y) dy.
X Y

Exemple 1.6.1 Soient f une fonction mesurable définie de IR à valeurs dans IR et


a ∈ IR∗ . On considère l’intégrale
Z
f (ax)dx.
IR
Soit
φ : IR −→ IR
1
y 7−→ x = y
a
la fonction bijective de classe C 1 et dont la réciproque , également de classe C 1 , est
définie pour tout x ∈ IR par φ−1 (x) = ax. Nous avons
Z Z
1
f (ax)dx = f (y)dy.
IR |a| IR
1.7. ESPACES LP 21

1.7 Espaces Lp

Soit (X, A, µ) un espace mesuré. L’ensemble L1 = L1IR (X, A, µ) ou LC1l (X, A, µ) est un
l Pour f ∈ L1 , on pose
espace vectoriel sur IR ou C.
Z
kf k1 = |f |dµ.
X

L’application f 7−→ kf k1 n’est pas une norme. En effet,

kf k1 = 0 ⇐⇒ f = 0 pp

C’est une semi norme sur L1 car pour tout f, g ∈ L1 et α ∈ IR ou C,


l nous avons
1. kf + gk1 ≤ kf k1 + kgk1 ,
2. kαf k1 = |α|kf k1 .
On sait (cf. l’exercice 1.8.35) que pour tout f, g ∈ L1
Z Z
f = g pp =⇒ f dµ = g dµ.
X X

On introduit alors dans L1 la relation R

f Rg ⇐⇒ f = g pp.

On vérifie que R est une relation d’équivalence et on pose

L1 = L1 (X, A, µ) = L1 /R.

C’est l’espace vectoriel quotient, des classes d’équivalence des fonctions de L1 modulo
l’égalité pp
¶ ©
L1 = f˙ : f ∈ L1 .

Dans ce qui suit, on identifie f˙ et f . Ainsi, si f ∈ L1 , f désignera l’ensemble des


fonctions g telles que g = f pp

Proposition 1.7.1 L’application

k.k1 : L1 7−→ IR+ Z


f −→ kf k1 = |f |dµ
X

est bien définie et c’est une norme sur L1 .


22 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

En effet, kf k1 est indépendant du représentant choisi dans la classe de f . De plus, pour


tout f ∈ L1
kf k1 = 0 ⇐⇒ f = 0 pp
⇐⇒ f˙ = 0̇
⇐⇒ f = 0 dans L1 .
Il est important de noter que
• L1 est considéré comme un espace de fonctions (on ne distingue pas deux fonc-
tions égales pp).
• L1 est un espace vectoriel normé.

Définition 1.7.1 Pour p ∈ [1, +∞[, on définit l’ensemble


¶ ©
Lp = f˙ : X −→ IR/ |f˙|p ∈ L1 .

Nous avons les résultats suivants :

Proposition 1.7.2 L’application

k.kp : Lp −→ IR+
ÇZ å p1
f 7−→ kf kp = |f |p dµ
X

est bien définie et c’est une norme sur Lp .

Proposition 1.7.3 (Inégalité de Hölder)


1 1
Soient p, q ∈]1, +∞[. Si f ∈ Lp et g ∈ Lq avec + = 1, alors
p q
f g ∈ L1 et kf gk1 ≤ kf kp kgkq .

Théorème 1.7.1 Pour 1 ≤ p < +∞, Lp est un espace de Banach (espace vectoriel
normé complet).

Remarque 1.7.1 Si X = IR et µ est la mesure de Lebesgue, on définit l’ensemble des


(classes de) fonctions localement intégrables noté L1loc par
® Z ´
L1loc = f mesurable/ ∀K compact, |f |dµ < +∞ .
K

Muni de l’addition et de la multiplication par un scalaire, L1loc est un espace vectoriel.


1.8. EXERCICES 23

1.8 Exercices

Exercice 1.8.1 Soit (fn )n≥1 la suite de fonctions définie sur [1, +∞[ par

 0 si x > n
fn (x) =
 1 si 1 ≤ x ≤ n
x
1. Montrer que (fn )n≥1 converge uniformément vers la fonction f telle que f (x) =
1
.
x
2. Vérifier que l’intégrale impropre de la fonction f n’est pas convergente.

Exercice 1.8.2 Soit (fn )n≥1 la suite de fonctions définie sur [1, +∞[ par

 0 si x > n
fn (x) =
 1 si 1 ≤ x ≤ n
n
1. Montrer que (fn )n≥1 converge uniformément vers la fonction nulle.
Z +∞ Z +∞
2. En déduire que lim fn (x)dx 6= lim fn (x)dx.
n→+∞ 1 1 n→+∞

Exercice 1.8.3 Soient E un ensemble, A et B deux sous-ensembles de E. Montrer


que
1. χA∩B = χA × χB ;
2. χA∪B = χA + χB − χA∩B ;
3. χE−A = 1 − χA .

Exercice 1.8.4 Soit (X, B) un espace mesurable. Soit f : X −→ Y . Montrer que


¶ ©
A = E ⊂ Y / f −1 (E) ∈ B

est une tribu sur Y .

Exercice 1.8.5 Soit X = IR. On considère les deux familles

F1 = {]a, b[, a, b ∈ IR} et F2 = {[a, b], a, b ∈ IR} .

Montrer que σ(F1 ) = σ(F2 ).


24 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

Exercice 1.8.6 Soient X un ensemble non vide et F une famille de parties de X. On


0
suppose que X ∈ F et que F est stable par passage au complémentaire. On note F la
plus petite famille contenant F, stable par réunion et intersection dénombrable.
¶ 0 0
©
1. Vérifier que A = E ∈ F / E c ∈ F est une tribu sur X.
2. On désigne par σ(F) la tribu engendrée par F. Montrer que
0
F = σ(F).

Exercice 1.8.7 Soient C une tribu sur un ensemble X, µ une mesure positive de C
dans IR+ , A ∈ C et
µA : C −→ IR+
B 7−→ µA (B) = µ(A ∩ B).
Montrer que µA est une mesure sur C.

Exercice 1.8.8 Soient X un ensemble, B une tribu sur X, µ une mesure positive sur
X, A et B deux éléments de B tels que A ⊂ B et

µ(A) = µ(B) < +∞.

Montrer que pour tout C ∈ B, on a

µ(A ∩ C) = µ(B ∩ C).

Exercice 1.8.9 Soient (X, A, µ) un espace mesuré tel que µ(X) = 1, A, B et C trois
ensembles mesurables tels que A ∩ B ⊂ C.
1. Montrer que µ(A ∪ B) = µ(A) + µ(B) − µ(A ∩ B).
2. En déduire que µ(A ∪ B) ≤ µ(A) + µ(B).
3. Vérifier que
(a) µ(A ∪ B) ≤ 1.
(b) µ (Ac ) = 1 − µ(A).
(c) µ(A ∩ B) ≥ 1 − µ (Ac ) − µ (B c ).
(d) µ (C c ) ≤ µ (Ac ) + µ (B c ).
(Ac , B c et C c désignent respectivement les complémentaires dans X de A,
B et C)
1.8. EXERCICES 25

Exercice 1.8.10 Soient (X, A, µ) un espace mesuré et (An )n une suite d’ensembles
\ [
mesurables. On pose A = Ak .
n≥0 k≥n
+∞
X
1. Montrer que si la série µ (An ) converge, alors µ(A) = 0.
n=0
2. On suppose que µ(X) est finie et qu’il existe s > 0 tel que pour tout n ∈ IN,
µ (An ) ≥ s.
(a) Montrer que µ(A) ≥ s.
(b) Montrer, à l’aide d’un contre exemple, que si µ(X) = +∞ alors il se peut
que µ(A) < s.

Exercice 1.8.11 Soit (X, A, µ) un espace mesuré. Montrer que toute fonction constante
sur X est mesurable.

Exercice 1.8.12 On se place dans (IR, L, λ).


1. Montrer que toute fonction f : IR −→ IR nulle presque partout (pp) est mesu-
rable.
2. Soit f : IR −→ IR continue. Montrer que

f = 0 pp =⇒ f = 0.

Exercice 1.8.13 Soit (X, A, µ) un espace mesuré où µ est une mesure complète. On
considère une suite (fn )n de fonctions mesurables qui converge p.p. vers une fonction
f . Montrer que f est mesurable.

Exercice 1.8.14 Soit (X, B) un espace mesurable et E ⊂ X. Montrer que

E ∈ B ⇔ χE est mesurable.

Exercice 1.8.15 Soient A une tribu sur un ensemble E et BIR la tribu de Borel de IR.
On suppose qu’il existe A ∈ A et C ⊂ A tel que C ne soit pas mesurable (c’est-à-dire
C 6∈ A).
On considère l’application f de E dans IR définie par

f = χC − χA\C .

1. Calculer f (x) si x ∈ C.
26 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

2. Calculer f (x) si x ∈ A\C.


3. Pour 0 < a < 1, déterminer f −1 ([a, +∞[).
4. Que peut-on dire de f ?
5. Déterminer |f |.
6. En déduire que |f | est mesurable.

Exercice 1.8.16 Soit f une fonction mesurable positive définie sur un espace mesuré
(X, A, µ) telle que Z
f dµ = 0.
X
1. Soit n ≥ 1 ;
ß ™
1
(a) Vérifier que En = x ∈ X, f (x) ≥ est mesurable.
n
1
(b) Montrer que f ≥ χEn .
n
(c) En déduire que µ (En ) = 0.
2. Montrer que E = {x ∈ X, f (x) > 0} est négligeable.
3. En déduire que f = 0 pp

Exercice 1.8.17 On suppose que IR est muni d’une tribu B et d’une mesure positive µ.
Soit f une fonction mesurable réelle de la variable réelle telle que pour tout mesurable
K de mesure finie, on a Z
|f |dµ < +∞.
K
Supposons
Z
1
∃ε > 0/ ∀n ∈ IN : ∃An ∈ B tel que µ (An ) < n et |f |dµ ≥ ε. (1.6)
2 An
[
Pour tout n ∈ IN, posons Bn = Aj .
j≥n
!
1 \
1. Montrer que µ (Bn ) ≤ et que µ Bn = 0.
2n−1 n
Z
2. En déduire que ε ≤ |f |dµ < +∞.
Bn
Z
3. Montrer que \ |f |dµ ≥ ε.
Bn
n
1.8. EXERCICES 27

4. En déduire que l’hypothèse (1.6) est fausse et conclure.

Exercice 1.8.18 Soient a > 0 et (X, A, µ) un espace mesuré tel que µ(X) < +∞. Soit
f
f : X −→ IR une application mesurable. Montrer que la fonction est intégrable.
a + |f |

Exercice 1.8.19 Soient (Ω, B, µ) un espace mesuré et f une fonction intégrable. Mon-
trer que pour tout a > 0, l’ensemble

{ω ∈ Ω : |f (ω)| > a}

est de mesure finie.


ï ò
π
Exercice 1.8.20 Soit(fn )n∈IN la suite de fonctions positives définies sur 0, par
2
fn (x) = 1 − e−n cos x .
1. Montrer que pour tout n ∈ IN, fn est mesurable.
2. Montrer que la suite (fn )n est croissante.
3. Déterminer la limite simple de la suite (fn )n .
Z π
2
4. Calculer lim fn (x)dx.
n→+∞ 0

Exercice 1.8.21 Soient (E, B, µ) un espace mesuré et (fn )n une suite croissante de
fonctions intégrables définies sur E et à valeurs dans IR+ .
1. On pose, pour p ∈ IN,
• An (p) = {x ∈ E/ fn (x) ≥ p} pour n ∈ IN∗ ,
• B1 (p) = A1 (p) et Bn (p) = An (p)\An−1 (p) pour n ≥ 2,
[∞
• A(p) = An (p) et
n=1

\
A= A(p) (1.7)
p=1

(a) Montrer que,


[n
i. An (p) = Bi (p).
i=1

[ ∞
[
ii. An (p) = Bn (p).
n=1 n=1
28 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

iii. pour tout i 6= j, Bi (p) ∩ Bj (p) = ∅.


Xn
iv. µ(An (p)) = µ(Bi (p)).
i=1
v. µ(A(p)) = lim µ (An (p)).
n→+∞
(b) On suppose qu’il existe M > 0 tel que pour tout n ∈ IN∗ ,
Z
fn dµ ≤ M.
E

Montrer que
p lim µ(An (p)) ≤ M.
n→+∞

(c) Déduire de (1.7), 1(a)i et 1(a)ii que

µ(A) = 0. (1.8)

(d) Que peut-on déduire de (1.8) pour la suite (fn )n ?

2. Pour tout n ≥ 1, on pose gn = fn χ(E\A) .


(a) Vérifier que (gn )n est une suite croissante et bornée sur E.
(b) En déduire que (gn )n converge vers une fonction f .
(c) Déduire de 2b que la suite (fn )n converge p.p. vers f ?
(d) Montrer que la fonction f est intégrable et
Z Z
lim fn dµ = f dµ.
n→+∞ E E

Exercice 1.8.22 Soit (IR, L, λ) l’espace mesuré IR muni de la tribu de Borel et de la


mesure de Lebesgue. Considérons un réel A > 0 et pour tout n > 0, définissons la
fonction fn sur IR par

 e−nx2 cos(nx) si 0 ≤ x ≤ A
fn (x) =
 0 si x ∈
/ [0, A]

1. Vérifier que pour tout n > 0, fn est intégrable.


Z
2. Calculer lim fn dλ.
n→+∞ IR

Exercice 1.8.23 Soient (Ω, F, µ) un espace mesuré et f : Ω −→ IR+ une fonction


mesurable.
1.8. EXERCICES 29

1. Soit (Bn )n>0 une suite quelconque d’ensembles mesurables deux à deux disjoints.
+∞
X
(a) Montrer que χ +∞
[ = χBn .
Bn n=1

n=1
(b) Pour tout n > 0, posons fn = f χBn .
Ñ é
n
X
i. Vérifier que la suite fi est croissante.
i=1
n
ii. En déduire que
+∞
Z X +∞ Z
X
fn dµ = fn dµ.
Ω n=1 n=1 Ω

2. Soit l’application
ν : F −→ ZIR+
A 7−→ f dµ.
A

(a) Montrer que ν est une mesure.


n
X
(b) Soit g = αi χAi une fonction étagée, mesurable et positive. Vérifier que
i=1
Z Z
gdν = gf dµ.
Ω Ω

(c) Soit ϕ : Ω −→ IR+ une fonction mesurable. Montrer que


Z Z
ϕdν = ϕf dµ.
Ω Ω

Exercice 1.8.24 Soient (Ω, F) un espace mesurable, λ et µ deux mesures positives


sur (Ω, F) telle que λ(A) ≤ µ(A), pour tout A ∈ F, et λ(A) = µ(A), si µ(A) < +∞.
1. (a) Soit A ∈ F. Vérifier que
Z Z
χA dλ ≤ χA dµ.
Ω Ω

n
X
(b) Soient (Ai )1≤i≤n une partition de Ω et g = αi χAi une fonction étagée et
i=1
positive. Etablir l’inégalité
Z Z
gdλ ≤ gdµ.
Ω Ω
30 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

(c) Pour toute fonction f mesurable positive, montrer que


Z Z
f dλ ≤ f dµ.
Ω Ω

2. (a) Soit A ∈ F tel que µ(A) < +∞. Vérifier que


Z
χA dλ < +∞.

Xn
(b) Soient (Ai )1≤i≤n une partition de Ω et g = αi χAi une fonction étagée,
Z i=1 Z

mesurable telle que gdµ < +∞. Montrer que gdλ < +∞.
Ω Ω
(c) Pour toute fonction f mesurable, établir le résultat suivant
Z ÇZ Z Z å
f dµ < +∞ =⇒ f dλ < +∞ et f dλ = f dµ.
Ω Ω Ω Ω

(Traiter d’abord le cas où f est supposée positive puis celui où f est de signe
quelconque.)

Exercice 1.8.25 Soient (X, A, µ) un espace mesuré tel que µ(X) = 1 et f une fonc-
tion mesurable positive définie sur X. Montrer que
ÇZ å2 Z
f dµ ≤ f 2 dµ.
X X

Exercice 1.8.26 Soit (E, B, µ) un espace probabilisé (c’est-à-dire que µ(E) = 1).
Soient f et g deux fonctions mesurables positives telles que f × g ≥ a > 0 p.p. Montrer
que ÇZ å ÇZ å
f dµ × gdµ ≥ a.
E E

Exercice 1.8.27 Soient l’espace mesuré (IR, L, λ) et f : IR −→ IR dérivable. La


fonction f 0 : IR −→ IR est-elle mesurable ?

Exercice 1.8.28 (Lemme de Tchebychev) Soient (X, A, µ) un espace mesuré et f :


X −→ IR+ mesurable. Montrer que pour tout α > 0
Z
1
µ ({x ∈ X, f (x) ≥ α}) ≤ f dµ.
α X
1.8. EXERCICES 31

Exercice 1.8.29 Soient (X, A, µ) un espace mesuré et (fn )n≥1 une suite croissante
de fonctions mesurables sur X et à valeurs dans IR+ . On suppose que la suite (fn )
converge presque partout vers une fonction mesurable f . Montrer que
Z Z
lim fn dµ = f dµ.
n→+∞ X X

Exercice 1.8.30 Soient (X, A, µ) un espace mesuré et f : X −→ IR+ une fonction


intégrable. Montrer les assertions suivantes
Z Z
1. ∀ε > 0, ∃A ∈ A tel que µ(A) < +∞ et f dµ ≤ f dµ + ε.
X A
2. lim nµ ({x ∈ X/ f (x) ≥ n}) = 0.
n→+∞

Exercice 1.8.31 Soient (X, A, µ) un espace mesuré tel que µ(X) est finie et f :
X −→ IR+ une fonction intégrable. Pour tout n ∈ IN, on pose

An = {x ∈ X/ n ≤ f (x) < n + 1}

et
Bn = {x ∈ X/ f (x) ≥ n} .
1. Montrer que
+∞
X +∞
X
nµ (An ) = µ (Bn ) .
n=0 n=1
+∞
X
2. Montrer que la série µ (Bn ) est convergente.
n=1

Exercice 1.8.32 Soient (X, A, µ) un espace mesuré et pour tout entier naturel non
nul n, fn : X −→ IR+ une fonction mesurable. Montrer que
+∞
Z X +∞ Z
X
fn dµ = fn dµ.
X n=1 n=1 X

Exercice 1.8.33 On considère l’espace mesurable (IN, P(IN)). L’application

µd : P(IN) −→ IR+

définie par 
 card(A) si A est f ini
µd (A) =
 +∞ si A est inf ini
32 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE

est une mesure appelée mesure de dénombrement.


Montrer que toute fonction f : IN −→ IR+ est mesurable et que
Z +∞
X
f dµd = f (n).
IN n=0

Exercice 1.8.34 Soient (X, A, µ) un espace mesuré et N un ensemble négligeable.


1. Soit f : X −→ IR+ une fonction mesurable. Montrer que
Z
f dµ = 0.
N

2. Soit f : X −→ IR une fonction intégrable. Montrer que


Z
f dµ = 0.
N

Exercice 1.8.35 Soient (X, A, µ) un espace mesuré, f et g deux fonctions réelles


intégrables. Montrer que si f = g pp, alors
Z Z
f dµ = gdµ.
X X

Exercice 1.8.36 Soient (X, A, µ) un espace mesuré et f : X −→ IR intégrable. Mon-


trer que Z
f = 0 pp ⇐⇒ ∀A ∈ A, f dµ = 0.
A

Exercice 1.8.37 Soient (X, A, µ) un espace mesuré et f : X −→ IR mesurable.


1. Montrer que si f est intégrable alors l’ensemble

{x ∈ X/ f (x) 6= 0}

peut s’exprimer comme une réunion dénombrable d’ensembles mesurables de me-


sure finie.
2. La réciproque est-elle vraie ? Justifier votre réponse.

Exercice 1.8.38 Soient l’espace mesuré (IR, L, λ) et la suite de fonctions (fn )n telle
que
3
n2 x
fn (x) = , x ∈ [0, 1] et n ∈ IN.
1 + n 2 x2
1.8. EXERCICES 33

1. Etudier la convergence simple et uniforme de la suite (fn ) sur [0, 1].


2. Comparer Z 1 Z 1
lim fn (x)dx et lim fn (x)dx.
n→+∞ 0 0 n→+∞

Exercice 1.8.39 Sachant que


Z +∞ √
−x2 π
e dx = , (voir la solution de l’exercice 1.8.53).
0 2
calculer √ Ç ån
n
x2
Z
lim 1− dx.
n→+∞ 0 n

Exercice 1.8.40 Soient (X, A, µ) un espace mesuré et (fn )n une suite de fonctions
positives et intégrables qui converge simplement vers une fonction f intégrable. Pour
tout n ∈ IN, on suppose que Z Z
fn dµ = f dµ.
X X
Montrer que la suite (fn )n converge vers la fonction f dans L1 .

Exercice 1.8.41 Soient (X, A, µ) un espace mesuré et f : X −→ IR+ une fonction


intégrable. Déterminer Z
lim f n dµ.
n→+∞ X

Exercice 1.8.42 Démontrer que


Z +∞ +∞
−x
√ X n!
e cos xdx = (−1)n .
0 n=0
(2n)!
Z n
dx
Exercice 1.8.43 Calculer lim .
n→+∞ 0 1 + x + · · · + xn

Exercice 1.8.44 Calculer de deux façons différentes


Z 1
lim nx(1 − x)n sin xdx.
n→+∞ 0

Exercice 1.8.45 Soient (X, A, µ) un espace mesuré et (fn )n≥0 une suite décroissante
de fonctions mesurables sur X et à valeurs dans IR+ dont la limite simple est une
fonction f . En supposant que f0 est intégrable, montrer que
Z Z
lim fn dµ = f dµ.
n→+∞ X X
34 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE
n
x n x
Z Å ã
Exercice 1.8.46 Déterminer lim 1− e 2 dx.
n→+∞ 0 n

+∞
nx sin xe−x
Z
Exercice 1.8.47 Calculer lim dx.
n→+∞ 0 1 + n 2 x2

Exercice 1.8.48 On considère la suite (fn )n≥1 de fonctions définies sur [0, 1] par
 ï ò
3 1
 n 2 x si x ∈ 0,


fn (x) = ï nò
1 1
 √ si x ∈ ,1 .


x n

1. Etudier la convergence simple de (fn ) sur [0, 1].


2. Etudier la convergence uniforme de (fn ) sur [0, 1].
3. A-t-on Z 1 Z 1
lim fn (x)dx = lim fn (x)dx ?
n→+∞ 0 0 n→+∞

Exercice 1.8.49 Soient (X, A, µ) un espace mesuré et (fn )n≥0 une suite de fonctions
intégrables telle que
+∞
X
• fn est absolument convergente sur X,
n=1
+∞ Z
X
• |fn (x)| dµ est convergente dans IR.
n=1 X

+∞
X
1. Montrer que fn est intégrable et que
n=1

+∞
Z X +∞ Z
X
fn (x)dµ = fn (x)dµ.
X n=1 n=1 X

2. En utilisant la question 1, démontrer que


Z +∞ +∞
sin x X 1
dx = .
0 ex − 1 n=1
n2 + 1

n
x n 2
Z Å ã
Exercice 1.8.50 Déterminer lim 1− x dx.
n→+∞ 0 n
1.8. EXERCICES 35
Z 1
ln x
Exercice 1.8.51 Calculer I = dx.
0 1−x

Exercice 1.8.52 Montrer que pour tout t > 0,


+∞ 2
e−x t
Z
F (t) = dx
0 1 + x2

est dérivable et expliciter F 0 (t) sous forme intégrale.

Exercice 1.8.53 Montrer que


Z +∞ √
−x2 π
e dx =
0 2
en considérant, pour tout t ≥ 0, les fonctions
ÇZ t å2 1 2 2
e−t (1+x )
Z
−x2
F (t) = e dx et G(t) = dx.
0 0 1 + x2

Exercice 1.8.54 Soit f : IR+ −→ IR une fonction mesurable. On suppose qu’il existe
a ∈ IR tel que Z +∞
e−ax f (x)dx < +∞.
0
Z +∞
Pour t ∈ IR, on pose F (t) = e−tx f (x)dx. Montrer que la fonction F est dérivable
0
sur I =]a, +∞[.

Exercice 1.8.55 Soit f la fonction définie sur [0, 1]2 par



 0 si (x, y) = (0, 0)
f (x, y) = xy
 2 si (x, y) ∈ [−1, 1]2 et (x, y) 6= (0, 0).
(x + y 2 )2
Z Z Z Z
1. Calculer dx f (x, y) dy et dy f (x, y) dx.
[−1,1] [−1,1] [−1,1] [−1,1]

2. Vérifier que f n’est pas intégrable sur [0, 1] × [0, 1].


36 CHAPITRE 1. INTÉGRALE DE LEBESGUE
Chapitre 2

Convolution des fonctions

2.1 Définition

Il arrive fréquemmet qu’un système physique transforme un signal d’entrée V1 en un


signal de sortie V2 obtenu à partir de V1 par un opérateur de convolution. C’est le cas
du circuit (RC) schématisé ci-dessous et où V1 désigne la tension d’entrée et V2 celle
de sortie.

On sait, d’après la loi des mailles, que V1 et V2 sont liés par l’équation différentielle
linéaire du premier ordre suivante
0
RC (V2 (t)) + V2 (t) = V1 (t)

dont la solution est


Z +∞ Å ã
1 θ
V2 (t) = exp − V1 (t − θ)dθ.
0 RC RC
Définition 2.1.1 On appelle produit de convolution d’une fonction f par une fonction
g, la fonction f ∗ g définie, si elle existe, pour t ∈ IR par
Z +∞
(f ∗ g) (t) = f (θ)g(t − θ)dθ.
−∞

37
38 CHAPITRE 2. CONVOLUTION DES FONCTIONS

Exemple 2.1.1 Soit U la fonction d’Heaviside, égale à χ]0,+∞[, définie par



 0 si t ≤ 0
U(t) =
 1 si t > 0.

Le produit de convolution U ∗ U existe et est définie pour tout t ∈ IR par


Z +∞
(U ∗ U) (t) = U(t − θ)dθ = tU(t).
0

Exemple 2.1.2 Le produit de convolution exp ∗ exp n’existe pas car, pour t ∈ IR, on
a Z +∞ Z +∞
θ t−θ
(exp ∗ exp) (t) = ee dθ = et dθ = +∞.
−∞ −∞

2.2 Propriétés

Commençons par donner une condition suffisante d’existence du produit de convolution.

Proposition 2.2.1 Si f et g sont dans L1 , alors f ∗ g existe presque partout, et ap-


partient à L1 .

Proposition 2.2.2 Si f ∗ g existe, alors g ∗ f existe et on a

f ∗ g = g ∗ f.

Proposition 2.2.3 Soient f , g et h ∈ L1 . On a


1. (f ∗ g) ∗ h = f ∗ (g ∗ h) ;
2. f ∗ (g + h) = f ∗ g + f ∗ h.

Remarque 2.2.1 Le produit de convolution des fonctions n’admet pas d’élément neutre
comme nous le verrons dans le chapitre ??.

Proposition 2.2.4 Soient f et g ∈ L1 . On a


Z +∞ ÇZ +∞ å ÇZ +∞
å
|f ∗ g| (x)dx ≤ |f | (x)dx × |g| (x)dx .
−∞ −∞ −∞
2.2. PROPRIÉTÉS 39

Remarque 2.2.2 Si f , g ∈ L1 et λ ∈ IR, alors

(λf ) ∗ g = f ∗ (λg) = λ (f ∗ g) .

En effet, si t ∈ IR, on a
Z +∞
(λf ) ∗ g(t) = (λf ) (θ)g(t − θ)dθ
−∞

Z +∞
= λ f (θ)g(t − θ)dθ
−∞

= λ (f ∗ g)

Z +∞
= f (θ) (λg) (t − θ)dθ
−∞

= f ∗ (λg) (t).

Proposition 2.2.5 Soient f et g ∈ L1 . Si g est dérivable sur IR telle qu’il existe une
0
constante M > 0 vérifiant g ≤ M sur IR, alors f ∗ g est dérivable sur IR et on a

0 0
(f ∗ g) = f ∗ g .

Remarque 2.2.3 La proposition 2.2.5 se généralise de la façon suivante. Si f et g


sont intégrables sur IR et si g est n fois dérivable sur IR telle que g (k) est bornée sur
IR, pour tout k ∈ {1, . . . , n}, alors f ∗ g est n fois dérivable sur IR et on a

(f ∗ g)(n) = f ∗ g (n) .

Proposition 2.2.6 Soient f et g deux fonctions paires définies sur IR. Si f ∗ g existe
sur IR, alors la fonction f ∗ g est paire.

Remarque 2.2.4 Le produit de convolution, s’il existe, de deux fonctions impaires est
impair.

Définition 2.2.1 Soient O un ouvert de IR et f une fonction de IR dans IR. On dit


que la fonction f est nulle sur l’ouvert O si pour tout x ∈ O, f (x) = 0.
40 CHAPITRE 2. CONVOLUTION DES FONCTIONS

Exemple 2.2.1 1. Soit la fonction

U : IR −→ IR 
 1 si x ≥ 0
x 7−→ U(x) =
 0 si x < 0

On voit que la fonction U est nulle sur les intervalles de la forme ]a, 0[ où
a ∈ IR∗− .
Le plus grand intervalle sur lequel U est nulle est ] − ∞, 0[.
2. Considérons la fonction

g : IR −→ IR 
 x2 si −1 ≤ x ≤ 1
x 7−→ g(x) =
 0 si |x| > 1.

La fonction g est nulle sur l’intervalle ]−∞, −1[. Le plus grand intervalle ouvert
sur lequel g est nulle est ] − ∞, −1[∪]1, +∞[.
3. Pour la fonction
k : IR −→ IR
x 7−→ k(x) = x2 ,
le plus grand ouvert sur lequel k est nulle est l’ensemble vide.

Définition 2.2.2 Le support d’une fonction f réelle de la variable réelle, noté supp(f )
est le complémenaire du plus grand ouvert sur lequel f est nulle.

Exemple 2.2.2 1. Le plus grand ouvert sur lequel la fonction ”échelon unité” U,
de l’exemple 2.2.1, est nulle est ] − ∞, 0[. Il vient alors que le support de U est
[0, +∞[.
2. Le plus grand intervalle sur lequel g, définie dans l’exemple 2.2.1, est nulle est
] − ∞, −1[∪]1, +∞[. Par conséquent

supp(g) = [−1, +1].

Remarque 2.2.5 En fait, le support d’une fonction f est l’adhérence de l’ensemble

{x ∈ IR, f (x) 6= 0} .

C’est donc un fermé de IR


2.3. EXERCICES 41

Proposition 2.2.7 Soient λ un scalaire non nul, f et g deux fonctions définies sur IR
et à valeurs dans IR. Nous avons les propriétés suivantes
— supp(λ.f ) = supp(f ).
— sup(f × g) = supp(f ) ∩ supp(g).
— supp(f + g) ⊂ supp(f ) ∪ supp(g).

Proposition 2.2.8 Soient α > 0, f et g ∈ L1 telles que

supp(f ) ⊂ [−α, α] etsupp(g) ⊂ [−α, α].

Alors, on a
supp (f ∗ g) ⊂ [−2α, 2α].

Remarque 2.2.6 Par l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on vérifie que si f et g ∈ L2 ,


alors f ∗ g existe et pour tout t ∈ IR on a

|f ∗ g|2 (t) ≤ kf k22 kgk22 .

2.3 Exercices

Dans tous les exercices ci-dessous, U désignera la fonction d’Heaviside définie sur IR
par 
 1 si x ≥ 0
U(x) =
 0 si x < 0.

Exercice 2.3.1 Soit f une fonction indéfiniement dérivable à support compact sur IR
Pour tout x ∈ IR, calculer (U ∗ f ) (x).

Exercice 2.3.2 Soit f la fonctions réelle de la variable réelle définie sur IR par

 x si 0 < x < 1
f (x) =
 0 si x ∈] − ∞, 0] ∪ [1, +∞[.

Définir la fonction U ∗ f .

Exercice 2.3.3 Soient a, b deux réels strictement positifs , f et g deux fonctions réelles
de la variable réelle définies pour tout x ∈ IR par
ax2 bx2
f (x) = e− 2 et g(x) = e− 2 .

Expliciter, pour tout x ∈ IR, (f ∗ g) (x).


42 CHAPITRE 2. CONVOLUTION DES FONCTIONS

Exercice 2.3.4 Soient a > 0, f et g les fonctions définies pour tout t ∈ IR par
 
 1 si |t| ≤ a  e−t si t > 0
f (t) = et g(t) =
 0 si |t| > a  0 si t ≤ 0

Calculer, après avoir justifié son existence, le produit de convolution f ∗ g.

Exercice 2.3.5 Soient f et g deux fonctions localement intégrables. Montrer que, pour
tout x ∈ IR, on a Z x
(Uf ∗ Ug) (x) = U(x) f (t)g(x − t)dt.
0

Pour x ∈ IR, calculer


1. (U sin ∗U cos) (x),
2. (1 − x)U(x) ∗ ex U(x),
3. ex U(x) ∗ ex U(x).

Exercice 2.3.6 Déterminer la fonction Λ = Π ∗ Π où Π désigne la fonction porte


définie sur IR par 
 1 si |x| ≤ 1

Π(x) = 2
1
 0 si |x| > .

2

Exercice 2.3.7 On dit qu’une fonction est causale si elle est identiquement nulle sur
IR− . Soient f et g deux fonctions causales et localement intégrables. Montrer que f ∗ g
existe et est causale.

Exercice 2.3.8 Soient a et b deux réels quelconques tels que a < b. Posons f = χ[a,b] .
1. Vérifier que la fonction f est intégrable mais non continue sur IR.
2. On définit la fonction ρn sur IR par ρn (t) = cn ρ(nt) où

1
 e− 1−t 2
si |t| < 1
ρ(t) =
 0 si |t| ≥ 1

ÇZ +∞
å−1
et cn = ρ(nt)dt . Montrer que pour tout n ∈ IN∗
−∞

(a) ρn ∈ C ;
2.3. EXERCICES 43

(b) suppρn ⊂ [−1, 1] ;



(k)
(c) ρn (t) ≤ cn nk sup ρ(k) (nx) , pour tout k ∈ IN∗ ;

x∈IR
(d) f ∗ ρn ∈ C ∞ (ensemble des fonctions indéfiniment dérivables).
3. Etablir que, pour tout n ∈ IN∗ , on a
ò ò ï ò ï ï
1 1 1 1
f ∗ ρn = f sur −∞, a − ∪ a + ,b − ∪ b + , +∞ .
n n n n

Exercice 2.3.9 Soient α ∈ IR∗+ , f et g deux fonctions localement intégrables sur IR


telles que
supp(f ) ⊂] − ∞, α] et supp(g) ⊂] − ∞, α].

Montrer que f ∗ g existe sur IR et que

supp (f ∗ g) ⊂] − ∞, 2α].
44 CHAPITRE 2. CONVOLUTION DES FONCTIONS
Chapitre 3

Théorie élémentaire des


distributions

3.1 Introduction

En physique, on utilise souvent des fonctions ”singulières” dont les propriétés sont
contradictoires. On se propose, par exemple, de représenter une masse unidimension-
nelle unité concentrée au point x = 0.
La fonction densité correspondante serait la limite d’une suite de fonctions densités
dh (x) définie par


1
 2h si |x| ≤ h



dh (x) =


 0 si |x| > h

La fonction dh (x) a aussi la propriété (de masse totale) suivante

Z +∞
dh (x) dx = 1.
−∞

45
46 CHAPITRE 3. THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS

Si l’on admet l’existence d’une densité limite notée δ et appelée ”fonction de Dirac” ;
celle-ci devrait vérifier

1. δ(x) = 0 si x 6= 0,

2. δ(x) = +∞ si x = 0,
Z +∞
3. δ(x)dx = 1.
−∞

Elle représente de façon générale en physique, l’impulsion unité à l’origine. Elle est
représentée graphiquement par

On constate que les trois conditions ci-dessus, sont incompatibles pour une fonction.
En effet, δ étant nulle presque partout, son intégrale doit être nulle. Alors que faire ?
Les physiciens (notamment Dirac vers 1920) ne se sont pas laissés arrêter par la contra-
diction. L’outil était commode, même s’il n’était pas satisfaisant d’un point de vue
conceptuel. Ils utilisèrent aussi, sans rigueur mathématique, d’autres propriétés pour
δ. Par exemple
Z +∞
1. δ(x)φ(x)dx = φ(0) pour toute ”bonne fonction” φ ;
−∞

2. La fonction δ est la ”dérivée” de l’échelon unité de Heaviside U(x).


3.2. ESPACE D DES FONCTIONS TESTS 47

Il a fallu attendre 1946 pour que soit construite, par Laurent Schwartz, une théorie
complète de ces nouveaux objets mathématiques. C’est la théorie des distributions qui
est devenue depuis d’un usage quasiment obligatoire en physique. On obtient avec les
distributions une généralisation de la notion de fonction. La théorie des distributions
rend compte également de la nouvelle dérivation, appelée ”dérivation au sens des dis-
tributions” notion globale, contrairement à la dérivation usuelle. Notons au passage
qu’une fonction continue sera dérivable au sens des distributions et même indéfiniment
dérivable. Précisons pour terminer que nous n’abordons ici que les aspects élémentaires
de cette théorie.

3.2 Espace D des fonctions tests

On considère f : IR −→ IR ou Cl

Définition 3.2.1 On appelle support de f l’ensemble

supp(f ) = {x ∈ IR : f (x) 6= 0}

Remarque 3.2.1 Le support de f est un fermé en dehors duquel f est nulle. De plus,
c’est le plus petit fermé ayant cette propriété.

On introduit l’ensemble

D(IR) = D = {f ∈ C ∞ (IR)/ supp(f ) borné}.

Remarque 3.2.2 L’ensemble D =


6 {0}. En effet, la fonction

ρ : IR −→ IR
48 CHAPITRE 3. THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS

définie par 
 0 si |x| ≥ 1
ρ(x) = 
1

 e− 1−x2 si |x| < 1

est telle que supp(ρ) = [−1, 1] et ρ ∈ C ∞ (IR).


La fonction ρ a l’allure suivante :

Propriétés 3.2.1 • Muni de l’addition et de la multiplication par un scalaire, D est


un C-espace
l vectoriel.
• D est une algèbre (f ∈ D, g ∈ D =⇒ f g ∈ D).
0
• Si ϕ ∈ D alors ϕ ∈ D pour tout i ∈ {1, 2, . . . , n}.
• Si ϕ ∈ D et ψ ∈ C ∞ , alors ϕψ ∈ D.

Définition 3.2.2 (Convergence dans D)


Soit (ϕm ) une suite de fonctions de D. On dit que (ϕm ) converge vers ϕ ∈ D si
1) Il existe un compact K fixe tel que pour tout m, supp(ϕm ) ⊂ K ;
2) Pour tout k ∈ IN, les dérivées partielles d’ordre k des ϕm convergent uniformément
(quand m −→ +∞) vers les dérivées partielles correspondantes de ϕ.

3.3 Les distributions

Définition 3.3.1 On appelle distibution sur IR une forme linéaire continue sur D.

On désignera par D0 l’ensemble des distributions (sur IR).


Pour T ∈ D0 et ϕ ∈ D, on a T (ϕ) ∈ IR ou C.
l On posera dans toute la suite T (ϕ) =<
T, ϕ > où < ., . > désigne le crochet de dualité.
3.3. LES DISTRIBUTIONS 49

Définition 3.3.2 La fonctionnelle T est une distribution si elle vérifie


1) ∀λ1 , λ2 ∈ C,
l ∀ϕ1 , ϕ2 ∈ D < T, λ1 ϕ1 + λ2 ϕ2 >= λ1 < T, ϕ1 > +λ2 < T, ϕ2 > ;
2) Si ϕm −→ ϕ dans D alors < T, ϕm >−→< T, ϕ >.
Le deuxième point est équivalent à

[ϕm −→ 0 dans D =⇒ < T, ϕm >−→ 0] .

0
Définitions 3.3.1 L’addition dans D et la multiplication par un scalaire sont définies
par :
0
• ∀ S, T ∈ D < S + T, ϕ >=< S, ϕ > + < T, ϕ > ∀ϕ ∈ D ;
0
• ∀ S ∈ D ∀λ ∈ Cl < λS, ϕ >= λ < S, ϕ > ∀ϕ ∈ D.

Proposition 3.3.1 Muni de l’addition et de la multiplication par un scalaire, l’en-


semble des distributions D0 est un espace vectoriel sur C.
l

Donnons à présent deux exemples importants de distributions.

Exemple 3.3.1 L’ensemble L1loc (IR) désigne l’espace des classes de fonctions f : IR −→
IR ou Cl intégrables sur tout compact de IR. A toute fonction f ∈ L1loc (IR), on associe
une distribution. En effet, soit f une telle fonction, on définit Tf par :
Z
∀ϕ ∈ D < Tf , ϕ >= f (x)ϕ(x)dx.
IR
On montre que Tf est bien une distribution.

Remarque 3.3.1 On montre que pour tout f, g ∈ L1loc (IR),

f = g p.p. ⇐⇒ Tf = Tg .

ce qui permet d’identifier f et Tf . Ainsi, pour tout f ∈ L1loc (IR) on écrira


Z
< f, ϕ >=< Tf , ϕ >= f (x)ϕ(x)dx.
IR

Exemple 3.3.2 La distribution de Dirac (au point 0) est définie, pour tout ϕ ∈ D,
par :
< δ, ϕ >= ϕ(0).
La distribution de Dirac au point a est définie, pour tout ϕ ∈ D, par :

< δa , ϕ >= ϕ(a).


50 CHAPITRE 3. THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS

Définition 3.3.3 (Distribution régulière)


Une distribution est dite régulière si elle correspond à une fonction localement intégrable.
La distribution T est régulière si et seulement si il existe une fonction f localement
intégrable telle que T = Tf .
Dans le cas contraire, on dira que T est singulière.

Proposition 3.3.2 La distribution de Dirac est singulière.

0
3.4 Règles de calcul dans D

Définition 3.4.1 (Translation d’une distribution)


Soit T une distribution et ϕ ∈ D

hT (x − a), ϕ(x)i = hT (x), ϕ(x + a)i .

Définition 3.4.2 (Transposition d’une distribution)


Soit T une distribution et ϕ ∈ D

hT (−x), ϕ(x)i = hT (x), ϕ(−x)i .

Définition 3.4.3 (Changement d’echelle)


Soit T une distribution et ϕ ∈ D
Æ Å ã∏
1 x
hT (ax), ϕ(x)i = T (x), ϕ .
|a| a

Remarque 3.4.1 On ne peut pas définir de façon générale le produit de deux distribu-
tions. Par exemple, la fonction f définie par, f (x) = √1 est localement intégrable, on
|x|
peut donc lui associer une distribution Tf , mais on ne peut pas le faire pour f.f = f 2 .
On n’a pas Tf .Tf = Tf 2 .
On peut cependant définir le produit d’une distribution par une fonction C ∞ . En effet,
si f ∈ L1loc (IR) et α ∈ C ∞ (IR), alors on constate que

< Tαf , ϕ >=< Tf , αϕ > ∀ϕ ∈ D.

Ceci nous amène à la définition suivante


0
3.4. RÈGLES DE CALCUL DANS D 51

Définition 3.4.4 (Multiplication d’une distribution par une fonction C ∞ )

∀T ∈ D0 ∀α ∈ C ∞ (IR) < αT, ϕ >=< T, αϕ > ∀ϕ ∈ D.

Remarque 3.4.2 Prenons f ∈ C 1 (IR). Pour tout ϕ ∈ D on a


Z +∞ Z +∞
0 +∞
< Tf 0 , ϕ >= f ϕdx = [f ϕ]−∞ − f ϕ0 dx.
−∞ −∞

Comme [f ϕ]+∞ 0
−∞ = 0, alors < Tf 0 , ϕ >= − < Tf , ϕ > .

Définition 3.4.5 (Dérivation des distributions)


Soit T ∈ D0 . On définit sa dérivée par
¨ 0 ∂ ¨ 0

∀ϕ ∈ D T , ϕ = − T, ϕ .

0
Proposition 3.4.1 Si T ∈ D0 (IR) alors T ∈ D0 (IR).

Il découle de la proposition 3.4.1 qu’une distribution est toujours dérivable au sens des
distributions et que ses dérivées sont elles mêmes des distributions. Une distribution
est donc indéfiniment dérivable (C ∞ ) au sens des distributions.

Proposition 3.4.2 Pour T et S ∈ D0 (IR) on a


0 0 0
(T + S) = T + S (Dérivation d’une somme).

Proposition 3.4.3 Soit T ∈ D0 (IR) et soit λ ∈ Cl


0 0
(λT ) = λT .

Proposition 3.4.4 Soient T ∈ D0 (IR) et f ∈ C ∞ (IR). On a


0 0 0
(f T ) = f T + f T .

3.4.1 Convergence d’une suite de distributions

Définition 3.4.6 On dit que la suite (Tm ) de distributions converge vers la distribution
T si
∀ϕ ∈ D < Tm , ϕ >−→< T, ϕ > .
52 CHAPITRE 3. THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS

Remarques 3.4.1 • Il s’agit donc de la limite simple sur l’ensemble des fonctions
tests. On écrira
D0
T = lim Tm ou Tm −→ T.
m

• La convergence d’une suite de fonctions localement intégrables (fm ) vers f localement


intégrable, au sens des distributions s’écrit
Z +∞ Z +∞
D0
fm −→ f ⇐⇒ ∀ϕ ∈ D fm ϕdx −→ f ϕdx.
−∞ −∞

D0 0 D0 0
Proposition 3.4.5 Si Tm −→ T alors Tm −→ T ∀i = 1, 2, . . . , n.


X
Définition 3.4.7 Soit (Tm ) une suite de distributions. On dit que la série Tk
k=0
m
X
converge et a pour somme S si la suite des sommes partielles Sm = Tk converge
k=0
vers la distribution S.


X
Remarque 3.4.3 Compte tenu des résultats précédents si S = Tk alors
k=0


0 0
X
S = Tk .
k=0

On peut dériver terme à terme une série convergente de distributions. Il n’y a donc
aucune précaution spéciale à prendre.

3.5 Exercices

Exercice 3.5.1 Soit ϕ une fonction test quelconque dans D. Quelles sont parmi les
fonctionnelles suivantes, celles qui définissent une distribution ?
Z 1
1. < T, ϕ >= ϕ(x)dx.
0
Z 1
2. < T, ϕ >= |ϕ(x)|dx.
0
N
X
3. < T, ϕ >= ϕ(n) (0).
n=0
3.5. EXERCICES 53

Exercice 3.5.2 Vérifier que la fonctionnelle

T : D −→ IR
Z +∞
ϕ 7−→ x2 ϕ(x)dx
−∞

est une distribution.

Exercice 3.5.3 Soient α ∈ IR et la fonctionnelle T définie pour tout ϕ ∈ D par


Z +∞
< T, ϕ >= |t|α ϕ(t)dt.
−∞

Pour quelles valeurs de α, la fonctionnelle T est-elle une distribution ?

Exercice 3.5.4 Les fonctions porte et signe sont définies respectivement sur IR par

 1 si |x| < 1
2
Π(x) =
 0 si |x| ≥ 1
2

et 
 1 si x ≥ 0
sgn(x) =
 −1 si x < 0.

Vérifier qu’elles sont localement intégrables et déterminer leur dérivées au sens des
distributions.

Exercice 3.5.5 Soit U(x) la fonction échelon unité définie sur IR par

 0 si x < 0
U(x) =
 1 si x ≥ 0.

Déterminer la dérivée de U au sens des distributions.

Exercice 3.5.6 Dériver au sens des distributions, les fonctions localement intégrables
suivantes
1. f1 : x 7−→ U(x) sin x ;
2. f2 : x 7−→ |x| = xsgn(x) ;
3. f3 : x 7−→ Π(x) cos πx,
où les fonctions U, sgn et Π sont définies ci-dessus.
54 CHAPITRE 3. THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS

Exercice 3.5.7 Soient T une distribution et ψ une fonction indéfiniment dérivable.


Montrer que, pour toute fonction test ϕ ∈ D, nous avons
0
¨ ∂ ¨ 0 0

(ψT ) , ϕ = T ψ + ψT , ϕ .

0
Exercice 3.5.8 Soit T ∈ D .
1. Vérifier que pour tout ε > 0,
1 0
Sε = (τ−ε T − T ) ∈ D .
ε
2. Déterminer la limite, lorsque ε tend vers zéro, de Sε .

Exercice 3.5.9 Soient p, q ∈ IN et la fonction ψp : x ∈ IR 7−→ xp . Posons T = ψp δ (q)


où δ (i) est la dérivée iième de la distribution de Dirac.
0
1. Montrer que T ∈ D .
0 00
2. Donner l’expression simplifiée des distributions ψ2 δ et ψ1 δ .
3. De manière générale, écrire T le plus simplement possible.

Exercice 3.5.10 Soient α ∈ IR et j ∈ IN. Posons T = ψδ (j) où ψ(x) = eαx et δ est la
distribution de Dirac.
1. Montrer que T est une distribution.
00
2. Ecrire ψδ le plus simplement possible.
3. Donner une expression simplifiée de T .

Exercice 3.5.11 Pour tout n ∈ IN∗ et t ∈ IR, on pose


n
fn (t) = .
1 + n2 t2
1. Soit n ∈ IN∗ .
Z +∞
(a) Calculer fn (t)dt ;
−∞
0
(b) Calculer fn (t) (au sens des fonctions) ;
0
2. Calculer, dans D , la limite, quand n tend vers +∞, de la suite (fn )n≥1 ;
0
3. Calculer, dans D , la limite, quand n tend vers +∞, de la suite (gn )n≥1 où pour
tout, n ≥ 1 et t ∈ IR, on a
n3 t
gn (t) = .
(1 + n2 t2 )2
3.5. EXERCICES 55

Exercice 3.5.12 Pour tout n ∈ IN∗ et t ∈ IR, on pose


Ä ä
fn (t) = n exp −n2 t2 .

1. Soit n ∈ IN∗ .
Z +∞ Ä ä √
(a) Sachant que exp −x2 dx = π, vérifier que fn ∈ L1 (IR) ;
−∞
0
(b) Calculer fn (t) (au sens des fonctions) ;
0
2. Calculer, dans D , la limite, quand n tend vers +∞, de la suite (fn )n≥1 ;
0
3. Calculer, dans D , la limite, quand n tend vers +∞, de la suite (gn )n≥1 où pour
tout n ≥ 1 et t ∈ IR, on a
Ä ä
gn (t) = n3 t exp −n2 t2 .

Exercice 3.5.13 On rappelle que


+∞
sin2 t
Z
dt = π.
−∞ t2

Pour tout n ≥ 1, on pose


sin2 nt
fn (t) = .
nt2
1. Soit ϕ ∈ D. Vérifier que
+∞ +∞
Ç Å ã å
sin2 x
Z Z
x
fn (t)ϕ(t)dt = ϕ − ϕ(0) dx + πϕ(0).
−∞ −∞ x2 n

2. Montrer que Ç Å ã å
+∞
sin2 (x)
Z
x
lim ϕ − ϕ(0) dx = 0.
n→+∞ −∞ x2 n
3. En déduire la limite, au sens des distributions, de la suite (fn )n .

Exercice 3.5.14 Soit la suite de fonctions (fn )n telle que pour tout n ≥ 1 et x ∈ IR,
on a 
n 1
si |x| ≤



 2
 n
fn (x) =
1


 0 si |x| > .


n
Calculer la limite au sens des distributions de la suite (fn )n .
56 CHAPITRE 3. THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES DISTRIBUTIONS

D0
Exercice 3.5.15 Soit la suite (an ) ⊂ IR telle que an −→ a. Vérifier que δan −→ δa .

D0
Exercice 3.5.16 On pose fn (x) = sin (2πnx). Montrer que fn −→ 0.

Exercice 3.5.17 Montrer que


L1 D0
fn −→ f =⇒ fn −→ f.

Exercice 3.5.18 Calculer dans D0


Ä 2 ä Ä U (x) sin (ωx) ä
d 2
1. dx 2 + ω ω
ω 6= 0 ;
Ä ä
d
2. dx − λ (U(x) exp (λx)) λ ∈ C. l

Exercice 3.5.19 Montrer que la distribution δ de Dirac n’est pas régulière.

0
Exercice 3.5.20 Soit δ ∈ D (IR) la distribution de Dirac.
1. Pour tout f ∈ C ∞ (IR), vérifier que f δ = f (0)δ.
2. Pour tout n ∈ IN∗ , montrer que xδ (n) = −nδ (n−1) .
3. En admettant que la distribution T = cδ, c ∈ IR, est la seule solution de
l’équation au sens des distributions xT = 0, résoudre dans D0 l’équation xn T =
0.
Z +∞
1
Exercice 3.5.21 Soit f ∈ L (IR) telle que f (x)dx = 1. On pose fn (x) =
−∞
nf (nx). Chercher lim fn au sens des distributions.
n
Chapitre 4

Transformation de Fourier dans L1

Dans ce chapitre, la notion d’intégrale est considérée au sens de Lebesgue et L1 désigne


l’ensemble des fonctions intégrables à valeurs dans IR ou dans C.
l

4.1 Définitions et exemples

Définition 4.1.1 Soit f ∈ L1 . On appelle transformée de Fourier de f , la fonction


notée F (f ) définie, pour tout t ∈ IR, par
Z +∞
F (f ) (t) = e−i2πtx f (x) dx.
−∞

On vérifie facilement l’existence de cette intégrale.


La fonctionnelle F qui à tout f ∈ L1 associe F(f ) s’appelle transformation de Fourier.
Pour f ∈ L1 , on pose
Z +∞
F(f )(t) = ei2πtx f (x) dx,
−∞

appelée transformée de Fourier réciproque de f .

Exemple 4.1.1 Soit la fonction porte Π, définie sur IR, par


 ï ò
1 1
 1 si x ∈ − ,


Π(x) = ï 2 2ò
1 1
 0 si x 6∈ − , .


2 2

57
58 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L1

Pour tout t ∈ IR, on a


Z +∞
F (Π) (t) = e−2iπtx Π(x)dx
−∞

Z + 21
= e−2iπtx dx
1
− 2
 sin πt si t 6= 0
= πt
 1 si t = 0.

Remarque 4.1.1 Pour tout t ∈ IR, on a la relation

F(f )(t) = F(f )(−t).

On voit que dans le cas où f est à valeurs réelles, alors le conjugué de sa transformée
de Fourier coı̈ncide avec sa transformée de Fourier réciproque.

Théorème 4.1.1 Si f ∈ L1 alors F(f ) est continue et bornée sur IR.

Théorème 4.1.2 Si f ∈ L1 alors lim |F(f )(t)| = 0.


|t|→+∞

Proposition 4.1.1 Soient f et g ∈ L1 . Les fonctions f F(g), F(f )g sont dans L1 et


Z +∞ Z +∞
f (u)F(g)(u) du = F(f )(x)g(x) dx.
−∞ −∞

Pour simplifier la présentation de certaines propriétés de la transformée de Fourier,


nous utiliserons dans la suite si nécessaire la notation F (f (x)) au lieu de F(f ).

4.2 Propriétés

Toutes les fonctions considérées dans ce paragraphe sont supposées intégrables.


P1 : Pour toutes constantes α et β, on a

F(αf + βg) = αF(f ) + βF(g).

En d’autres termes la transformation de Fourier est linéaire.


4.2. PROPRIÉTÉS 59

P2 : Si f est paire, sa transformée de Fourier l’est aussi et on a


Z +∞
F(f )(t) = 2 f (x) cos(2πtx)dx.
0

En exercice, établir un résultat similaire dans le cas où la fonction f est impaire.
P3 : Si a ∈ IR, alors
• ∀t ∈ IR, F(f (x − a))(t) = e−2iπat F(f (x))(t) ;

• ∀t ∈ IR, F e2iπax f (x) (t) = F(f (x))(t − a).
P4 : Si a ∈ IR∗+ , alors
Å ã
1 t
∀t ∈ IR, F (f (ax)) (t) = F(f (x)) .
a a

P5 : Soit n ∈ IN∗ . Si, pour tout k ∈ {1, . . . , n}, la fonction

gk : x 7−→ xk f (x)

est dans L1 , alors F(f ) est n fois dérivable et on a

(F(f ))(k) = (−i2π)k F (gk ) . (4.1)

P6 : Soit n ∈ IN∗ . Si, pour tout k ∈ {0, 1, . . . , n}, la fonction f (k) est continue et
intégrable, alors
Ä ä
∀t ∈ IR, F f (k) (t) = (2iπt)k F(f )(t).

P7 : On a la relation suivante qui donne la transformée de Fourier d’un produit de


convolution
F (f ∗ g) = F (f ) F (g) .

P8 : Nous avons les relations suivantes


(a)
Ä ä
F(f ) = F f

où f est la conjuguée de f lorsque celle-ci est à valeurs dans Cl ;


(b)
F (fσ ) = F(f ) = (F(f ))σ

où fσ est la symétrisée de f définie, pour tout x ∈ IR, par fσ (x) = f (−x).
P9 : Formule de réciprocité de Fourier
60 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L1

Théorème 4.2.1 Si f et F(f ) sont dans L1 , alors on a


Ä ä
F (F(f )) = f p.p. et F F(f ) = f p.p.

Remarquons que si de plus f est continue, les égalités du théorème 4.2.1 sont
vérifiées partout dans IR. La proposition suivante est une conséquence immédiate
du théorème 4.2.1.
Proposition 4.2.1 (a) Soit f ∈ L1 . Si F(f ) = 0, alors

f = 0 p.p.

(b) Soit f ∈ L1 ∩ C 0 (IR). Si F(f ) = 0, alors f = 0 ;


(c) Soient f et g ∈ L1 . Si F(f ) = F(g), alors f = g p.p. ;
(d) Soient f et g ∈ L1 ∩ C 0 (IR). Si F(f ) = F(g), alors f = g.

Remarque 4.2.1 Les résultats de cette section sont valables pour F.

4.3 Transformée de Fourier dans S

Définition 4.3.1 On dit qu’une fonction f de classe C ∞ sur IR est à décroissance


rapide si, pour tout n et m dans IN, on a

lim Pm (x)f (n) (x) = 0


|x|→+∞

où Pm est une fonction polynôme de degré m.

L’ensemble des fonctions à décroissance rapide est désigné par S. En plus de la fonction
nulle, l’ensemble S contient d’autres fonctions dont celle définie, pour tout x ∈ IR, par
2
e−x .

Proposition 4.3.1 1. S muni de l’addition et de la multiplication externe, habi-


tuelles, est un espace vectoriel sur IR.
2. Etant, de plus, stable pour la multiplication des fonctions, S est une algèbre.

Proposition 4.3.2 Toute fonction de S est intégrable.


4.4. EXERCICES 61

Toutes les propriétés énoncées dans la section 4.2 sont alors vérifiées par la transfor-
mation de Fourier restreinte à S.
En revanche, il y a d’autres propriétés spécifiques à celle-ci que nous développons ci-
dessous.
P10 : Si f appartient à S, alors F(f ) et F(f ) sont également dans S.

Corollaire 4.3.1 Si f et g sont dans S, alors


Ä ä
(a) F F(f ) = F (F(f )) = f .
(b) f g ∈ S, f ∗ g ∈ S et on a

F(f ∗ g) = F(f )F(g) et F(f g) = F(f ) ∗ F(g).

P11 : Si f et g sont dans S, alors


Z +∞ Z +∞
f (x)ḡ(x)dx = F (f ) (x)F (g)(x)dx
−∞ −∞

Remarque 4.3.1 On voit que la transformation de Fourier, dans S, est une isométrie.

4.4 Exercices

Exercice 4.4.1 Π désigne la fonction porte définie par



1
1 si |t| ≤




 2
Π(t) =
1


 0 si |t| > .


2
sin πx
Sachant que la transformée de Fourier de la fonction x 7−→ est la fonction porte
πx
− cos πx
Π, déterminer la transformée de Fourier de la fonction x 7−→ Å ã.
1
π x−
2

Exercice 4.4.2 Soit la fonction Λ définie sur IR par :



 1 − x si x ∈ [0, 1]


Λ(x) = 1 + x si x ∈ [−1, 0]

 0 si x ∈] − ∞, −1[∪]1, +∞[

62 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L1

1. Représenter la fonction Λ.
2. Vérifier que Λ est paire.
3. Calculer la transformée de Fourier de Λ.

Exercice 4.4.3 Soit a un réel strictement positif.


1. Calculer la transformée de Fourier de la fonction

x 7−→ U(x)e−ax .

2. En déduire la transformée de Fourier de la fonction

x 7−→ e−a|x| .

Exercice 4.4.4 Soient a un réel non nul et f la fonction définie pour tout x ∈ IR par

f (x) = exp(−a2 x2 ).

1. Montrer que la fonction f est solution de l’équation différentielle


0
y + 2a2 xy = 0.

2. Posons, pour tout x ∈ IR, g(x) = xf (x).


(a) Vérifier que f et g sont dans L1 .
Ä 0ä
(b) Quelle est la relation liant F f et F (f ) où F désigne la transformation
de Fourier ?
0
(c) Ecrire la relation liant (F (f )) et F (g).
(d) En déduire que F (f ) (t) est solution, sur IR, de l’équation différentielle
0
a2 y + 2π 2 ty = 0. (4.2)

(e) Calculer F (f ) (t) en résolvant (4.2).


Z +∞ Ä ä √
On rappelle que exp −x2 dx = π

3. Déterminer F(l) où l est la fonction définie sur IR par
2
l(x) = e−x−x .
4.4. EXERCICES 63

4. Soient α > 0, β > 0 et hα la fonction définie sur IR par


Ç å
1 x2
hα (x) = √ exp − 2 .
α 2π 2α

(a) En utilisant les questions précédentes, déterminer F (hα ).


(b) En déduire, en utilisant la transformation de Fourier, le produit de convolu-
tion hα ∗ hβ .

Exercice 4.4.5 Soient a un réel strictement positif et ϕ une fonction de S. Pour tout
x ∈ IR, on pose Z +∞
ϕ(t) −2iπxt
ψ(x) = e dt. (4.3)
−∞ a − 2iπt
1. Soit la fonction F définie, pour tout t ∈ IR, par

F (t) = (a − 2iπt)−1 ϕ(t).

(a) Vérifier que F ∈ S.


(b) En déduire que ψ ∈ S.
2. (a) Vérifier que
0
ψ + aψ = F (ϕ) . (4.4)

(b) Intégrer l’équation différentielle (4.4).


3. Montrer que, pour tout x ∈ IR, on a
Z x
−ax
ψ(x) = e eas F (ϕ) (s)ds. (4.5)
−∞

4. Pour tout x ∈ IR, on pose


Z x
2 2
η(x) = √ e−t dt.
π 0

Exprimer la fonction ψ à l’aide de la fonction η.

Exercice 4.4.6 1. Déterminer la transformée de Fourier de la fonction porte.


2. Déterminer la transformée de Fourier de la fonction g définie sur IR par
Å ã Å ã
1 1
g(x) = Π x − −Π x+ . .
2 2
64 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L1

3. Soit f la fonction définie sur IR par



 |sin(πx)| si |x| ≤ 1


f (x) =

0 si |x| > 1.

(a) Vérifier que pour tout x ∈ IR, on a f (x) = g(x) sin (πx) .
(b) En déduire la transformée de Fourier de f .

Exercice 4.4.7 Soit f la fonction définie sur IR par



 0

 si |x| > 23
3
f (x) = 2
− |x| si 21 ≤ |x| ≤ 3
2

 1 si |x| < 12

Calculer la transformée de Fourier de f .

Exercice 4.4.8 Soit f la fonction définie sur IR par



 1 − x2 si |x| ≤ 1
f (x) =
 0 si |x| > 1

1. Déterminer la transformée de Fourier de la fonction f .


2. Vérifier que cette transformée est continue en 0.

Exercice 4.4.9 Dans le circuit électrique schématisé par la figure ci-dessous,

la tension V2 (t) lue à la sortie est liée à la tension V1 (t), imposée à l’entrée, par
l’équation différentielle
0
RC (V2 (t)) + V2 (t) = V1 (t). (4.6)
1. Montrer que l’équation différentielle (4.6), entraı̂ne

(1 + 2iπRCν) F (V2 ) (ν) = F (V1 ) (ν)

où F (Vi ) désigne la transformée de Fourier de Vi , i = 1 ou 2.


4.4. EXERCICES 65

2. Calculer la transformée de Fourier de la fonction G définie sur IR par



t
1 −

 RC e RC si t > 0


G(t) =


0 si t ≤ 0.

3. En déduire la relation liant V2 à V1 .

Exercice 4.4.10 Vérifier que la convolution est une opération bilinéaire continue de
L1 × L1 dans L1 telle que
kf ∗ gk1 ≤ kf k1 kgk1 .

Exercice 4.4.11 Soit α ∈ IR. On suppose que la transformée de Fourier de t 7−→



est ν 7−→ e−α|ν| .
α2 + 4π 2 t2
1. Déterminer la transformée de Fourier de la fonction
1
t 7−→ f (t) = .
t2 + a2

2. Décomposer en éléments simples la fraction


3
.
t4 + 5t2 + 4

3. Expliciter les transformées de Fourier des fonctions


3 1
t 7−→ g(t) = et t 7−→ h(t) = 2 .
t4 2
+ 5t + 4 t +t+1

4. Déduire, pour toute valeur ν de IR, la valeur de


Z +∞
cos 2πνt
2
dt.
−∞ t + t + 1

Exercice 4.4.12 Déterminer pour tout x ∈ IR, l’expression


Z +∞
cos (xy)
I(x) = dy.
0 1 + y2

0 00
Exercice 4.4.13 Soit f une fonction de classe C 2 sur IR telle que f, f et f soient
intégrables. Montrer que la transformée de f est intégrable.
66 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L1

Exercice 4.4.14 On se propose de démontrer que si f et F(f ) ∈ L1 alors

FF(f )(t) = f (t),

pour tout t où f est continue.



1. On pose pour n ∈ IN∗ , gn (x) = e− n |x| . Calculer F(gn )(s).
2. Montrer que, pour tout t ∈ IR, on a
Z +∞ Z +∞
i2πtx
F(f )(x)gn (x)e dx = f (u)F(gn )(u − t)du.
−∞ −∞

3. Démontrer que
Z +∞
lim F(f )(x)gn (x)ei2πtx dx = FF(f )(t).
n→+∞ −∞
Z +∞
4. Calculer F(gn )(s)ds.
−∞
5. Vérifier que Z +∞
f (u)F(gn )(u − t)du − f (t)
Z−∞
+∞
= (f (s + t) − f (t)) F(gn )(s)ds.
−∞

6. On suppose que f est continue en t. Montrer que pour tout ε > 0, il existe η > 0
tel que  Z

(f (s + t) − f (t)) F(gn )(s)ds ≤ ε



|s|≤η
Z
|f (s + t) − f (t)| F(gn )(s)ds = 0.


 lim
 n→+∞
|s|>η

7. Conclure.

Exercice 4.4.15 1. Déterminer la fonction f paire, continue sur IR, intégrable et


solution de l’équation intégrale

1
1 − |2πt| si |t| <



Z +∞

 2π
f (x) cos (2πtx)dx =
−∞ 
 1
 0 si |t| ≥ .



2. En déduire les valeurs de
Z +∞ Z +∞
1 − cos x sin x
I= 2
dx et J = dx.
0 x 0 x
4.4. EXERCICES 67

Exercice 4.4.16 Soit f une fonction intégrable.


1. Si f est paire, comparer F(f ) et F(f ).
2. Même question si f est impaire.
3. Application : pour a > 0 et f définie sur IR par

1 |x|
 a − a2 si |x| ≤ a



f (x) =


 s0

si x > a,

calculer F(f ) et F(f ).

Exercice 4.4.17 Une fonction mesurable f : IR −→ Cl est dite à décroissance rapide


si pour tout p ∈ IN,
lim |xp f (x)| = 0.
|x|→+∞

1. Donner un exemple d’une fonction à décroissance rapide.


2. Montrer que si f est à décroissance rapide et si |f | est intégrable sur tout compact
de IR, alors pour tout p ∈ IN, la fonction

x 7−→ xp f (x)

est intégrable.
3. Montrer que si f est intégrable et est à décroissance rapide, alors

F(f ) ∈ C ∞ .

4. Montrer que si f est C ∞ et si, pour tout entier k, f (k) est intégrable alors F(f )
est à décroissance rapide.
5. Montrer que si f est continue et est à décroissance rapide, alors f ∈ L1 ∩ L2 .

Exercice 4.4.18 Considérons un signal f : IR −→ Cl intégrable. Trouver une relation


liant la densité spectrale d’énergie définie par

d : t 7−→ |F(f )(t)|2

et la fonction d’autocorrélation définie par


Z +∞
c : x 7−→ f (u)f (u − x)du.
−∞
68 CHAPITRE 4. TRANSFORMATION DE FOURIER DANS L1

Exercice 4.4.19 Soit a un réel strictement positif.


Résoudre dans C 0 ∩ L1 , l’équation intégrale
Z +∞
2
e−a|x−t| f (t)dt = e−x . (4.7)
−∞

Exercice 4.4.20 Soit a un réel strictement positif. On rappelle que la transformée de


Fourier de la fonction t 7−→ f1 (t) = U(t)e−at est
1
ν 7−→
a + 2iπν
1. Déterminer la transformée de Fourier des fonctions suivantes

t2
t 7−→ f2 (t) = U(t)te−at et t 7−→ f3 (t) = U(t) e−at
2
où U désigne l’echelon unité.
2. Déterminer la transformée de Fourier de la fonction

tn−1 −at
t 7−→ fn (t) = U(t) e , n ∈ IN∗ .
(n − 1)!
Chapitre 5

Transformation de Laplace

5.1 Généralités

5.1.1 Introduction

Ce chapitre donne les bases mathématiques nécessaires aux applications de la transfor-


mation de Laplace. Il comporte les principaux outils que mathématiciens, physiciens ou
ingénieurs auront à utiliser au cours de leurs formations et certainement après. Il leur
sera relativement utile dans des cours spécifiques à leurs cursus. Notons que l’ensemble
des méthodes, utilisant la transformée de Laplace, pour résoudre des problèmes, pour
la plupart d’origine physique, constitue le calcul symbolique.

5.1.2 Définition

Soit une fonction f : IR −→ IR ou Cl supposée nulle sur IR−


∗ et localement intégrable
sur [0, +∞[.

Définition 5.1.1 On appelle transformée de Laplace de f , lorsque qu’elle existe, la


fonction F définie pour p ∈ Cl par
Z
F (p) = e−pt f (t)dt.
[0,+∞[

On écrit F (p) = L [f ] (p) ou encore F (p) < f (t) et on dit que F est l’image de f .

69
70 CHAPITRE 5. TRANSFORMATION DE LAPLACE

Définition 5.1.2 L’application L : f 7−→ F est appelée transformation de Laplace.

Exemple 5.1.1 (Transformée de Laplace de la fonction puissance)


Pour n ∈ IN, désignons par fn la fonction puissance définie sur IR par

fn (t) = U(t)tn

où U désigne la fonction d’Heaviside définie au chapitre 2. On a


Z
L [f0 ] (p) = f0 (t)e−pt dt
[0,+∞[

ñ ô+∞
e−pt
= .
−p 0

Si Re(p) > 0, alors lim e−pt = 0 et donc


t→+∞

1
L [U] (p) = .
p
Z +∞
Pour tout n ≥ 0, posons In (p) = e−pt fn (t)dt. Pour tout n ≥ 1 et Re(p) > 0,
0
amorçons une intégration par parties. Nous avons
ñ ô+∞
e−pt n +∞ −pt
Z
In (p) = fn (t) + e fn−1 (t)dt
−p 0
p 0

n
= In−1 (p).
p
Par récurrence, nous montrons que
n!
In (p) = I0 (p).
pn
1
Comme I0 (p) = alors nous avons, pour tout n ∈ IN
p
n!
L [fn ] (p) = .
pn+1

5.2 Existence

Donnons des résultats relatifs à l’existence de l’intégrale de Laplace :


5.2. EXISTENCE 71

Proposition 5.2.1 i) Supposons qu’il existe z ∈ Cl tel que L [f ] (z) existe. Alors
L [f ] (p) existe pour tout nombre complexe p tel que Re(p) ≥ Re(z).
ii) L’ensemble E = {Re(z)/ L [f ] (z) existe} a l’une des formes suivantes

∅, ]α, +∞[, [α, +∞[ ou IR.

Définition 5.2.1 On appelle abscisse de convergence de f , et on le note αf , le nombre



 +∞ si E = ∅,


αf = −∞ si E = IR,

 α si E =]α, +∞[ ou [α, +∞[.

Exemple 5.2.1 1. On sait que pour p ∈ Cl tel que Re(p) > 0, on a


1
L [U] (p) = .
p
Si Re(p) < 0, la transformée de Laplace n’existe pas en p. Donc l’abscisse de
convergence est égal à 0.
2. Soit a ∈ C.
l Pour tout t ∈ IR, posons

f (t) = eat U(t).

Si p ∈ Cl est tel que Re(p) > Re(a), alors


Z +∞
L [f ] (p) = e(a−p)t dt
0

ñ ô+∞
e(a−p)t
=
a−p 0

Comme Re(p) > Re(a), alors


1
L [f ] (p) = .
p−a
On voit que si Re(p) < Re(a), la transformée de Laplace n’existe pas en p. Dans
ce cas, l’abscisse de convergence est Re(a).

Remarque 5.2.1 Dans la transformation de Laplace, le nombre αf joue un rôle ana-


logue à celui du rayon de convergence d’une série entière. La droite verticale du plan
complexe Re(p) = αf le partage en deux demi-plans P1 et P2 tels que

P1 = p ∈ C/ l F (p) existe si Re(p) > αf
72 CHAPITRE 5. TRANSFORMATION DE LAPLACE

et
l F (p) n0 existe pas si Re(p) < αf

P2 = p ∈ C/
où F est la transformée de Laplace de f . Lorsque Re(p) = αf , la conclusion n’est pas
immédiate et une étude complémentaire est nécessaire.

Donnons à présent une condition suffisante d’existence de F (p) ;

Définition 5.2.2 On dit que la fonction f est d’ordre exponentiel (α) si et seulement
si
∃M > 0, ∃t0 > 0/ ∀t ≥ t0 : |f (t)| ≤ M eαt .

Remarquons que la définition 5.2.2 est équivalente à dire que

f (t) = Θ eαt


au voisinage de +∞.

Exemple 5.2.2 Pour tout α0 > 0, on a tn U(t) = Θ eα0 t .

Proposition 5.2.2 Une fonction bornée est d’ordre exponentiel (0).

Remarque 5.2.2 La plupart des fonctions utilisées dans la pratique sont d’ordre ex-
ponentiel (α) où α est à préciser.

Proposition 5.2.3 Si f est d’ordre exponentiel (α), alors α ≥ αf où αf représente


l’abscisse de convergence de f et sa transformée de Laplace p 7−→ F (p) existe pour tout
p tel que Re(p) > α.
5.2. EXISTENCE 73

Théorème 5.2.1 Soit f une fonction localement intégrable et admettant une trans-
formée de Laplace d’abscisse de convergence αf . Alors la fonction L [f ] est holomorphe
dans le demi-plan

p ∈ C/
l Re(p) > αf
et on a
0
(L [f ]) (p) = L [(−t)f (t)] (p).

Remarque 5.2.3 Pour tout m > 0, on peut facilement déduire du théorème 5.2.1
l’expression de la dérivée d’ordre m de la transformée de Laplace. En effet pour tout
complexe p de partie réelle strictement supérieure à αf , on a

L [f ](m) = L [(−t)m f (t)] .

Réciproquement, si α ∈ IR et F une fonction de la variable complexe p, holomorphe


sur un demi-plan ouvert d’équation Re(p) > α, sommes-nous en mesure de justifier
l’existence d’une fonction f réelle de la variable réelle, nulle sur ] − ∞, 0[ et localement
intégrable sur [0, +∞[, de telle sorte que

F (p) = L [f ] (p) ?

Une réponse partielle à cette question est donnée par le théorème ci-dessous

Théorème 5.2.2 (Formule d’inversion de Bromwich)


Si F est la transformée de Laplace d’une fonction f et si pour tout α > αf , la fonction
β 7−→ F (α + iβ) est Lebesgue intégrable sur IR, alors pour tout t où f est continue, on
a Z α+i∞
1
f (t) = ept F (p)dp.
2πi α−i∞

Notons que pour n’importe quelle fonction F , on ne peut pas toujours trouver une
fonction f telle que L [f ] = F . Cependant si celle-ci existe, elle est unique.

Remarques 5.2.1 1. Le calcul de l’intégrale de Bromwich le long de la droite


verticale
∆ = {z ∈ C/
l Re(z) = α}
peut se faire par la méthode des résidus.
2. La fonction F étant holomorphe dans le demi-plan Re(p) > αf , tous les points
singuliers de la fonction p 7−→ ept F (p) sont situés à gauche de la droite ∆.
74 CHAPITRE 5. TRANSFORMATION DE LAPLACE

Définition 5.2.3 Si F est la transformée de Laplace de f , on dit que f est la trans-


formée de Laplace inverse de F et on écrit f (t) = L−1 [F ]. On dit aussi que la fonction
f est l’original de la fonction F .

5.3 Propriétés

Sauf mention contraire, toutes les fonctions considérées dans cette section sont sup-
posées localement intégrables.

Propriété 5.3.1 (Linéarité)


Soient λ et µ deux scalaires. Si f et g sont deux fonctions d’abscisses de convergence
respectifs α et β, alors l’abscisse de convergence de λf + µg est max (α, β) et

L [λf + µg] (p) = λL [f ] (p) + µL [g] (p).

La vérification de cette propriété est laissée au lecteur.

Exemple 5.3.1 Pour tout a ∈ IR et par décomposition en exponentielles, nous avons


les transformations suivantes
p
1. L [ch(at)] (p) = ;
p2
− a2
a
2. L [sh(at)] (p) = 2 ;
p − a2
p
3. L [cos(at)] (p) = 2 ;
p + a2
a
4. L [sin(at)] (p) = 2 .
p + a2

Propriété 5.3.2 (Changement d’échelle)


Soient a > 0 et f une fonction d’abscisse de convergence αf fini. Posons F (p) =
L [f ] (p), pour tout p ∈ Cl tel que Re(p) > αf . Nous avons
Å ã
1 p
L [f (at)] (p) = F .
a a
5.3. PROPRIÉTÉS 75

En effet,
Z +∞
L [f (at)] (p) = e−pt f (at)dt
0

Z +∞ −p
u
du
= e a f (u)
0 a
Å ã
1 p
= F .
a a

Propriété 5.3.3 (Formule du retard)


Soient a > 0 et f une fonction nulle sur ] − ∞, 0[ dont l’abscisse de convergence αf est
fini. Posons F (p) = L [f ] (p) pour tout p ∈ Cl tel que Re(p) > αf . La fonction g définie
par, g(t) = f (t − a), est nulle pour t < a et

L [g] (p) = e−ap F (p) = e−ap L [f ] (p).

En effet Z +∞
L [g(t)] (p) = e−pt f (t − a)dt
a

Z +∞
= e−p(u+a) f (u)du
0

= e−ap L [f (t)] (p).

Exemple 5.3.2 Echelon unité retardé de a > 0.

Nous avons
e−pa
L [U(t − a)] (p) = .
p
76 CHAPITRE 5. TRANSFORMATION DE LAPLACE

Propriété 5.3.4 Considérons une fonction f périodique de période T > 0 et nulle sur
] − ∞, 0[. Pour tout complexe p de partie réelle strictement positive, on a
Z T
e−pt f (t)dt
0
L [f ] (p) = .
1 − e−pT

Démonstration :
Puisque f est périodique de période T et définie sur IR+ , alors on peut considérer la
fonction f comme étant la somme, pour n ∈ IN, de toutes les fonctions fn définies par
fn (x) = f (x) sur l’intervalle [nT, (n + 1)T [ et nulles ailleurs.

Comme on peut écrire fn (x) = f0 (x − nT ), alors

L [fn ] (p) = e−npT L [f0 ] (p).

Donc  
X+∞
L [f ] (p) = L  fn  (p)
n=0

 
X+∞
=  e−npT  L [f0 ] (p)
n=0
1
= L [f0 ] (p).
1 − e−pT

Propriété 5.3.5 (Transformée de Laplace d’un produit de convolution)


Soient f et g deux fonctions localement intégrables et identiquement nulles sur ]−∞, 0[.
Pour tout t > 0, nous avons
Z t
(f ∗ g) (t) = f (u)g(t − u)du.
0
5.3. PROPRIÉTÉS 77

Si αf et αg désignent respectivement l’abscisse de convergence de f et g, alors l’abscisse



de convergence de f ∗ g est égal à max αf , αg et

L [f ∗ g] = L [f ] × L [g] . (5.1)

Propriété 5.3.6 (Transformée de Laplace d’une dérivée)


Supposons que f soit continue, de classe C 1 , par morceaux sur [0, +∞[. Si f est d’ordre
0
exponentiel (α) et admet une transformée de Laplace, alors il en est de même pour f
et nous avons
î 0ó
L f (p) = pL [f ] (p) − f 0+ .


1. Si f , définie sur IR, est continue en 0 et sachant que f 0− =



Remarque 5.3.1
0, alors f (0) = 0 et donc
î 0ó
L f (p) = pL [f ] (p).

2. Si, pour n > 0, la fonction f (n) est continue par morceaux, le résultat précédent
se généralise à
î ó n−1
X
(n) n
pn−i−1 f (i) 0+ .

L f (p) = p L [f ] (p) −
i=0

Propriété 5.3.7 (Transformée d’une primitive)


0
Z t que la fonction f est de classe C sur [0, +∞[. Pour tout t ≥ 0, posons
Supposons
ϕ(t) = f (x)dx. Si la transformée de Laplace de f existe, alors celle de ϕ existe
0
également et nous avons
L [f ] (p)
L [ϕ] (p) = .
p

Remarque 5.3.2 Si f est d’ordre exponentiel (α), alors il existe une constante C > 0
et un réel t0 > 0 tels que pour tout x ≥ t0 on a

|f (x)| ≤ Ce−αx .

Il en découle que pour tout t ≥ t0


Z
t C
f (x)dx ≤ eαt .

t0 α
On voit donc que la primitive ϕ définie dans la propriété 5.3.7 est aussi d’ordre expo-
nentiel (α) et sa transformée de Laplace satisfait

pL [ϕ] (p) = L [f ] (p).


78 CHAPITRE 5. TRANSFORMATION DE LAPLACE
ôñ Z ∞
f (t)
Propriété 5.3.8 On a L (p) = F (u)du.
t p

Propriété 5.3.9 On a

1
 L [f (t) cos bt] = [F (p − ib) + F (p + ib)]



 2

1


 L [f (t) sin bt] = [F (p − ib) − F (p + ib)] .


2i

Propriété 5.3.10 Soit f une fonction réelle, de la variable réelle, nulle sur ] − ∞, 0[.
+∞
X
On suppose que f est la somme de la série entière an tn . Si le rayon de convergence
n=0
+∞
X 1
de la série an n!tn+1 est un réel R non nul alors, pour tout réel p > , on a
n=0
R
+∞
X n!
L [f ] (p) = an .
n=0
pn+1

Propriété 5.3.11 La transformation de Laplace inverse est linéaire.

Théorème 5.3.1 (Théorème de la valeur initiale)


Soit f une fonction dont la limite en 0 existe. Nous avons l’égalité suivante

lim f (t) = lim pL [f ] (p).


t→0+ p réel, p→+∞

Théorème 5.3.2 (Théorème de la valeur finale)


Soit f une fonction dont la limite en +∞ existe. Alors l’abscisse de convergence est
négative ou nulle et
lim f (t) = lim pL [f ] (p).
t→+∞ p réel, p→0

5.4 Applications

A l’aide d’un calcul formel, la transformation de Laplace permet de résoudre un certain


nombre de problèmes différentiels à conditions initiales. Ce procédé technique est appelé
calcul opérationnel ou calcul symbolique.
La détermination des images et des originaux se fait dans la pratique à l’aide de la
table des transformées de Laplace appelée aussi dictionnaire d’images.
5.4. APPLICATIONS 79

Exemple 5.4.1 On se propose de résoudre l’équation différentielle

0
y (t) + 3y(t) = e−2t (5.2)

y(0) = 1. (5.3)

En posant Y (p) = L [y] et en calculons la transformée de Laplace des deux membres de


l’équation (5.2), nous obtenons

î 0 ó î ó
L y (t) + 3L [y] = L e−2t

que nous écrivons

1
pY (p) − y(0) + 3Y (p) = .
p+2

Tenant compte de (5.3), nous obtenons l’équation algébrique

1
(p + 3)Y (p) = +1
p+2

dont la solution est

1
Y (p) = .
p+2

Finalement

y(t) = L−1 [Y ] (t) = e−2t .


80 CHAPITRE 5. TRANSFORMATION DE LAPLACE

5.5 Table des transformées usuelles


f (t) F (p) f (t) F (p)
1 ω
U(t) e−at sin ωt
p (p + a)2 + ω 2
n! p2 − ω 2
tn (n ∈ IN) t cos ωt
√p
n+1
(p2 + ω 2 )2
√ π 1 2pω
t t sin ωt
2 p 32 (p2 + ω 2 )2
1 √ 1 n!
√ π 1 tn e−at
t p2 (p + a)n+1
1
√ √ e− p sin at − at cos at 1
sin 2 t π 3
p2 2a3 (p + a2 )2
2

1 bebt − aeat p
l e−at
(a ∈ C) (a 6= b)
p+a b−a (p − a)(p − b)
1 √
√ e− p cos 2 t e − e−bt
−at
1
π 1 √ (a 6= b)
p2 t b−a (p + a)(p + b)
p sin bt + bt cos bt p2
cosh ωt
p2 − ω 2 2b (p2 + b2 )2
ω 1 p3
sinh ωt cos at − at sin at
p − ω2
2 2 (p2 + a2 )2
p at cosh at − sinh at 1
cos ωt
p2 + ω 2 2a3 (p2 − a2 )2
ω sinh at + at cosh at p2
sin ωt
p + ω2
2 2a (p2 − a2 )2
p+a 1 p3
e−at cos ωt cosh at + at sinh at
(p + a)2 + ω 2 2 (p2 − a2 )2

5.6 Exercices

Exercice 5.6.1 Déterminer la transformée de Laplace de la fonction f définie, pour


tout x ∈ IR, par
f (x) = e−2x cos x U(x).

Exercice 5.6.2 Calculer la transformée de Laplace de la fonction f nulle sauf sur


l’intervalle [0, 2] où f (x) = x, et sur l’intervalle [2, 4] où f (x) = 4 − x.

Exercice 5.6.3 Soit f la fonction nulle sur IR− , périodique de période T > 0 sur IR+ ,
î î î î
égale à 1 sur 0, T2 et égale à −1 sur T2 , T . Déterminer la transformée de Laplace
de f .
5.6. EXERCICES 81

Exercice 5.6.4 Montrer que la transformée de Laplace de la fonction x 7−→ x cos x


est
p2 − 1
p 7−→ .
(p2 + 1)2

Exercice 5.6.5 Chercher l’original de la fonction définie par


3p
F (p) = .
p2 + 6p + 8

Exercice 5.6.6 En appliquant la transformation de Laplace à l’équation (5.4), déterminer


0
la fonction y telle que y(0) = y (0) = 0 et
00 0
y + 2y + 2y = 4. (5.4)

Exercice 5.6.7 Par application de la transformation de Laplace, résoudre le système



 x0 = 4x + 4y
(5.5)
 y 0 = x + 4y

tel que x(0) = 3 et y(0) = −2.

Exercice 5.6.8 Soit le problème



00 0
 y + 3y + 2y = −4(x + 1)


y(0) = 3 (5.6)
 y 0 (0) = −3.

En utilisant la transformation de Laplace, déterminer la seule solution du problème


(5.6).

Exercice 5.6.9 Si x et y sont deux fonctions de la variable t, on considère le système


différentiel linéaire 
 x0 = 3x − y
(5.7)
 y 0 = −4x + 6y

assorti des conditions initiales x(0) = 1 et y(0) = 2. En utilisant la transformation de


Laplace, déterminer la seule solution du problème (5.7).

Exercice 5.6.10 Soit f une fonction bornée de période T > 0.


82 CHAPITRE 5. TRANSFORMATION DE LAPLACE

1. Montrer que l’abscisse de f est αf = 0.


2. Si F désigne la transformée de Laplace de f (lorsqu’elle existe), montrer que

F0 (p)
F (p) =
1 − e−pT
Z T
où F0 (p) = e−pt f (t)dt.
0
3. Chercher la transformée de Laplace des fonctions nulles sur IR− et définies par
(a) f1 (t) = |sin t| ;
t
(b) f2 (t) = si 0 ≤ t < T et f2 (t + T ) = f2 (t).
T

Exercice 5.6.11 Soient f et g deux fonctions localement intégrables sur [0, +∞[ et
nulles sur IR∗− .
Z t
1. Vérifier que (f ∗ g) (t) = f (u)g(t − u)du et démontrer que
0

L [f ∗ g] = L [f ] × L [g] .

2. Résoudre l’équation
Z t
2
y(t) = t + sin (t − x)y(x)dx. (5.8)
0

Exercice 5.6.12 Résoudre les équations :


00 0 0
1. y − 2y + y = cos t − sin t, y(0) = 0 et y (0) = 1.
000 00 0 0 00
2. y − 3y + 3y − y = t2 et , y(0) = 1, y (0) = 0 et y (0) = −2.

Exercice 5.6.13 Résoudre les systèmes différentiels :



0



 x (t) = x(t) + 5y(t)
 y 0 (t) = x(t) − 3y(t)

1.


 x(0) = 1

 y(0) = 2.


0



 x (t) − x(t) + 2y(t) = 1
 x0 (t) + y 0 (t) + 2x(t) = 0

2.


 x(0) = 2

 y(0) = 1

5.6. EXERCICES 83

0 0


 f (t) + g (t) = t
00

−t
 f (t) − g(t) = e



3. f (0) = 3
0

f (0) = −2





 g(0) = 0.

Exercice 5.6.14 Résoudre l’équation suivante


Z t
0
y (t) + y(x)dx = 1
0

où y(0) = α.

Exercice 5.6.15 Résoudre l’équation différentielle



 ty 00 (t) + (1 − t)y 0 (t) = t2
2
−t
(5.9)
 y(0) = y0 .

Exercice 5.6.16 En utilisant la transformation de Laplace, déterminer une fonction


f localement intégrable nulle sur IR∗− et vérifiant, pour tout t ∈ IR+ , l’équation fonc-
tionnelle
f (t) − f (t − 1) = t. (5.10)

Exercice 5.6.17 On se propose de déterminer la fonction x nulle sur IR∗− et vérifiant


pour tout t ∈ IR+ , le système

00 0
 tx (t) + x (t) + tx(t) = 0


x(0) = 1 (5.11)
 x0 (0) = 0.

On suppose que x possède une transformée de Laplace X.


0 00
1. Exprimer les transformées de Laplace de tx(t), x et x en fonction de X ou de
0
X éventuellement .
00
2. En déduire la transformée de Laplace de tx (t).
3. Ecrire l’équation différentielle satisfaite par X.
4. Rappeler l’énoncé du théorème de la valeur initiale.
5. Déterminer X.
6. En déduire la solution de (5.11).
84 CHAPITRE 5. TRANSFORMATION DE LAPLACE

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