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5.

Suites et séries de fonctions

Sauf indication contraire, I désigne un intervalle non trivial de R et K représente R ou C.

I - Diverses notions de convergence

1) Convergence simple, convergence uniforme d’une suite de fonctions


Définitions
Soient (fn )n∈N une suite d’applications de I dans K et f : I → K.
1) On dit que la suite de fonctions (fn ) converge simplement (CVS) vers f sur I si et seulement si,
pour tout x de I, la suite numérique fn (x) converge vers f (x) (la convergence simple est aussi
appelée convergence ponctuelle ou convergence point par point).
Autrement dit, (fn ) CVS vers f sur I si et seulement si
∀ε > 0 ∀x ∈ I ∃n0 ∈ N ∀n ∈ N n ≥ n0 ⇒ |fn (x) − f (x)| ≤ ε
où n0 dépend de ε et de x.

2) On dit que la suite de fonctions (fn ) converge uniformément (CVU) vers f sur I si et seulement si
sup |fn (x) − f (x)| −→ 0
x∈I n→∞

(ce qui suppose que fn − f est bornée à partir d’un certain rang). Cette propriété équivaut à
∀ε > 0 ∃n0 ∈ N ∀n ∈ N n ≥ n0 ⇒ ∀x ∈ I |fn (x) − f (x)| ≤ ε
où n0 dépend de ε, mais ne dépend pas de x.

NB : lorsque (fn ) converge uniformément vers f sur I avec les fn bornées sur I, alors f est également
bornée sur I et la convergence uniforme de la suite de fonctions (fn ) vers f sur I n’est autre que
la convergence dans l’espace vectoriel normé B (I, K) muni de la norme N∞ , appelée norme de
la convergence uniforme. La notation N∞ a le défaut de ne pas faire apparaître l’intervalle I. . .

Propriété : si (fn ) converge uniformément vers f sur I, alors (fn ) converge simplement vers f sur I.

Attention ! Réciproque fausse !

Exemple : soit, pour tout n de N, fn : x → xn ;


0 si x ∈ [0, 1[
• (fn ) CVS sur [0, 1] vers f : x → (voir la suite numérique (xn ) pour x fixé).
1 si x = 1
• (fn ) ne converge pas uniformément sur [0, 1] : s’il y avait CVU, ce serait vers f ; or, pour tout n,
sup |fn (x) − f (x)| = 1.
x∈[0,1]

• Pour α ∈ ]0, 1[, (fn ) converge uniformément vers 0 sur [0, α] : en effet sup |fn (x) − f (x)| = αn .
x∈[0,α]

• Il ne suffit pas d’écarter la valeur 1 : pas de CVU sur [0, 1[ puisque


sup |fn (x) − f (x)| = sup xn = 1.
x∈[0,1[ x∈[0,1[
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Remarques pratiques
1) Plan d’étude standard pour étudier une suite de fonctions (fn ) sur I
∗ CVS : fixer x dans I et étudier la suite numérique fn (x) , ce qui fournit f le cas échéant
(si nécessaire, distinguer différents cas selon la valeur de x) ;
∗ CVU : si (fn ) CVS vers f sur I, fixer n dans N et chercher un majorant de |fn (x) − f (x)|
indépendant de x, δ n , tel que la suite numérique (δ n ) converge vers 0 ; en cas de succès,
on a la CVU puisque sup |fn − f| ≤ δ n . On peut éventuellement déterminer la valeur exacte
I
de sup |fn − f|, par exemple en étudiant les variations de fn − f , lorsque K = R (comparer
I
alors le sup des valeurs positives et l’inf des valeurs négatives, puisque c’est sup |fn − f| que l’on
I
cherche !).

2) Pour nier la convergence uniforme de (fn ) vers f sur I, il suffit d’exhiber une suite (xn ) d’éléments
de I telle que la suite numérique fn (xn ) − f (xn ) ne converge pas vers 0.
En effet, si (fn ) CVU vers f sur I, alors pour toute suite (xn ) d’éléments de I
∀n ∈ N |fn (xn ) − f (xn )| ≤ sup |fn − f |
I
et donc fn (xn ) − f (xn ) converge vers 0 par encadrement.

3) En l’absence de convergence uniforme sur I (par exemple si les fn ne sont pas bornées), on peut
parfois établir la convergence uniforme sur certaines parties de I (en mettant à l’écart les points qui
posent problème. . . Voir les exemples).

Exemples :
nx
1) Sur I = R+ soit, pour tout n de N, fn : x → ;
1 + nx
0 si x = 0
∗ (fn ) CVS sur R+ vers f : x → (voir la suite numérique fn (x) pour x fixé).
1 si x > 0
∗ (fn ) ne converge pas uniformément sur R+ , ni sur R+∗ : s’il y avait CVU, ce serait vers f ; or,
1 1
pour xn = , |fn (xn ) − f (xn )| = .
n 2
∗ Pour a > 0, (fn ) converge uniformément vers 1 sur [a, +∞[ : en effet, pour n fixé
1 1
∀x ∈ [a, +∞[ |fn (x) − 1| = ≤
1 + nx 1 + na
1
et δn = est un majorant indépendant de x qui tend vers 0 lorsque n tend vers l’infini.
1 + na

2) Soit α ∈ R et, sur I = R+ soit, pour tout n de N, fn : x → nα xe−nx ;


∗ (fn ) CVS sur R+ vers 0 ;
∗ Pour étudier la convergence uniforme, je fixe n et j’essaie de trouver un majorant de fn (x)
indépendant de x : une majoration banale est improbable (produit d’une fonction croissante par
une fonction décroissante) d’où l’idée d’étudier les variations de fn ; il vient :
1 nα−1
sup |fn | = fn = .
R+ n e
Conclusion : (fn ) converge uniformément vers 0 sur R+ si et seulement si α < 1.
∗ Pour a > 0, (fn ) converge uniformément vers 0 sur [a, +∞[ : en effet, pour n suffisamment grand,
1
a > et alors fn décroît sur [a, +∞[ d’où
n
∀x ∈ [a, +∞[ |fn (x)| ≤ fn (a)
or fn (a) est indépendant de x et tend vers 0 lorsque n tend vers l’infini, cela quel que soit α.
5. Suites et séries de fonctions Page 3

Attention ! Certaines propriétés à caractère ponctuel (comme positive, paire, périodique, croissante. . . )
se transmettent à la limite par convergence simple (par exemple : “si la suite de fonctions
(fn ) converge simplement vers f sur un intervalle I de R et si les fn sont croissantes sur
I, alors f est croissante sur I”).
Mais une suite de fonctions continues peut converger simplement vers une fonction dis-
continue (ça s’arrange avec la convergence uniforme : voir § II).

2) Convergence simple, uniforme, normale d’une série de fonctions


Notations : comme pour définir les séries numériques, à toute suite (fn ) de fonctions de I dans K on
associe la série de fonctions fn et la suite des sommes partielles (Sp ) associée, qui est
la suite de fonctions définie par
p
∀p ∈ N ∀x ∈ I Sp (x) = fn (x) .
n=0
Définition : soit (fn ) une suite d’applications de I dans K. On dit que la série de fonctions fn
converge simplement ( resp. uniformément) sur I si et seulement si la suite (Sp ) des
sommes partielles converge simplement (resp. uniformément) sur I.
En cas de convergence, la fonction somme S de la série de fonctions fn est définie par
∞ ∞
∀x ∈ I S (x) = fn (x) = lim Sp (x) et l’on écrit S = fn .
n=0 p→∞ n=0
Propriété : si fn converge simplement sur I, alors on dispose de la suite des restes (Rp ), suite de
fonctions définie par

∀p ∈ N ∀x ∈ I Rp (x) = fn (x)
n=p+1
et la série de fonctions fn converge uniformément sur I si et seulement si la suite des
restes (Rp ) converge uniformément vers 0 sur I.

Dém. Si fn converge simplement sur I, soit S la fonction somme, alors fn converge uniformément
sur I si et seulement si la suite de fonctions (Sp ) converge uniformément vers S sur I, or
∀p ∈ N sup |Sp − S| = sup |Rp |
I I
et donc (Sp ) converge uniformément vers S sur I si et seulement si la suite de fonctions (Rp ) converge
uniformément vers 0 sur I.
Théorème et définition : soit (fn ) une suite de fonctions de B (I, K).
• On dit que la série de fonctions fn converge normalement (CVN) sur I si et seulement si la série
numérique sup |fn | converge (i.e. N∞ (fn ) converge, d’où le nom de convergence normale).
I

• Si la série de fonctions fn converge normalement sur I, alors elle converge uniformément sur I.

(−1)n−1 n
Attention ! Réciproque fausse ! (voir ci-dessous · x sur [0, 1])
n
n≥1

Dém. Supposons que fn converge normalement sur I ; alors fn converge simplement sur I, car
pour tout x de I, la série numérique fn (x) est absolument convergente (|fn (x)| ≤ sup |fn |).
I
Pour montrer la convergence uniforme, je considère la suite (de fonctions) (Rp ) des restes de la série de
fonctions fn et la suite (numérique) (rp ) des restes de la série numérique sup |fn |.
I
(rp ) converge vers 0 par hypothèse, or
N N N
∀p ∈ N ∀x ∈ I ∀N > p fn (x) ≤ |fn (x)| ≤ sup |fn | ≤ rp
n=p+1 n=p+1 n=p+1 I

d’où, par passage à la limite pour N → ∞ : ∀p ∈ N ∀x ∈ I |Rp (x)| ≤ rp , d’où sup |Rp | ≤ rp .
I
Il en résulte que la suite de fonctions (Rp ) converge uniformément vers 0 sur I et la propriété précédente
s’applique.
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Remarques pratiques
1) Plan d’étude standard pour étudier une série de fonctions fn sur I
∗ Étudier d’abord la CVN : fixer n dans N et chercher un majorant de |fn (x)| indépendant de
x, un , tel que la série numérique un converge (étudier éventuellement les variations de fn ).
∗ En cas d’échec, étudier la CVS (fixer x dans I et étudier la série numérique fn (x)) puis la CVU
(chercher un majorant de |Rp (x)| indépendant de x, δ n , tel que la suite numérique (δn ) con-
verge vers 0 — penser au théorème spécial des séries alternées !).

2) Pour nier la CVU, il suffit de montrer que la suite de fonctions (fn ) ne converge pas uniformément
vers 0 (en effet, si la série de fonctions fn CVU, alors la suite de fonctions (fn ) CVU vers 0,
puisque fn = Rn−1 − Rn . . . ).

Attention ! Réciproque fausse, voir exemple 3) ci-dessous.


Exemples :
(−1)n−1 n 1
1) Soit α > 0 et, sur I = [0, 1] soit, pour tout n de N∗ , fn : x → α
· x ; sup |fn | = α .
n [0,1] n
∗ Pour α > 1, fn CVN sur [0, 1] (donc CVU et CVS !).
∗ Pour 0 < α ≤ 1, pas de CVN sur [0, 1], mais pour x fixé dans [0, 1] la série numérique fn (x)
vérifie le théorème spécial des séries alternées, d’où la convergence simple de la série de fonctions
fn et la majoration du reste :
xp+1 1
∀p ∈ N∗ ∀x ∈ [0, 1] |Rp (x)| ≤ |fp+1 (x)| = α ≤ ;
(p + 1) (p + 1)α
ce majorant est indépendant de x et tend vers 0 lorsque p tend vers l’infini, donc la suite de
fonctions (Rp ) converge uniformément vers 0 sur [0, 1] : ainsi la série de fonctions fn converge
uniformément sur [0, 1] (alors qu’ici elle ne converge pas normalement. . . ).

nx2
2) Sur I = R+ soit, pour tout n de N, fn : x → .
n3 + x2
n3 1
∗ Déjà, pour tout n ≥ 1, sup |fn | ≥ fn (n) = 3 2
≥ : il n’y a donc, pour la série fn , ni
R+ n + n 2
CVN sur R+ ( sup |fn | DV grossièrement) ni même CVU sur R+ (la suite de fonctions (fn ) ne
R+
converge pas uniformément vers 0, cf. la remarque 2) ci-dessus).
∗ Toutefois (et cela peut être bien utile, voir § II), pour tout M > 0, fn converge normalement
sur [0, M], puisque
M2
∀n ∈ N∗ ∀x ∈ [0, M ] |fn (x)| ≤ 2
n
d’où la convergence de sup |fn | ; a fortiori, fn converge uniformément et simplement sur
[0,M]
[0, M], cela pour tout M > 0.
∗ Du résultat précédent, je déduis que fn CVS sur R+
(pour x fixé, choisir M tel que x ∈ [0, M]. . . ) mais. . .

Attention ! La convergence uniforme sur [0, M] pour tout M > 0 n’entraîne pas la convergence uni-
forme sur R+ (voir contre-exemple ci-dessus !).
x
3) Sur I = R+ soit, pour tout n de N∗ , fn : x → .
1 + n2 x2
∗ L’étude des variations de fn montre que, pour tout n ≥ 1,
1 1
sup |fn | = fn = ;
R+ n 2n
il n’y a donc pas CVN pour fn sur R+ ( sup |fn | DV par comparaison à une série de Riemann).
R+
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∗ Toutefois, toujours dans le même esprit, pour 0 < a < M, fn converge normalement sur [a, M],
puisque
M
∀n ∈ N∗ ∀x ∈ [a, M ] |fn (x)| ≤
1 + a2 n2
d’où la convergence de sup |fn |. J’en déduis comme ci-dessus la convergence simple sur R+∗ ,
[a,M]
donc sur R+ puisque la série fn (0) converge trivialement.
∗ L’étude de la convergence uniforme de fn sur R+ est ici plus délicate ; je montre qu’il n’y a
pas CVU en minorant les restes : fixons p ∈ N∗ et x ∈ R+ ,
N N
1 N −p
∀N > p Rp (x) ≥ fn (x) = x 2 2
≥x·
1+n x 1 + N 2 x2
n=p+1 n=p+1
d’où
1 N −p
sup |Rp | ≥ Rp ≥ , cela pour tout N > p ;
R+ N 2N
il en résulte (en faisant tendre N vers l’infini) que :
1
sup |Rp | ≥
R + 2
donc la suite de fonctions (Rp ) ne converge pas uniformément vers 0.
On a donc ici un exemple où la série de fonctions fn ne converge pas uniformément tandis que
la suite de fonctions (fn ) converge uniformément vers 0.

II - Transmission (ou pas) de la régularité

1) Interversion de limites
Attention ! C’est un vrai problème ! ! lim lim xn = 0 alors que lim lim xn =1
x→1
< n→∞ n→∞ <
x→1
Théorème : soient a ∈ I et (fn ) une suite de fonctions de I dans K, toutes continues en a.
a) Si la suite de fonctions (fn ) converge uniformément vers f sur I, alors f est continue
en a.
b) Si la série de fonctions fn converge uniformément sur I, alors la fonction somme S
est continue en a.

Théorème de la double limite


Soient a un point adhérent à I (a réel ou a = ±∞ lorsque I est une demi-droite ou R tout entier) et
(fn ) une suite de fonctions de I dans K telle que, pour tout n, fn admet en a une limite finie bn ∈ K.
1) Si la suite de fonctions (fn ) converge uniformément vers f sur I, alors la suite numérique (bn )
converge dans K vers une limite b et f admet b pour limite en a.

2) Si la série de fonctions fn converge uniformément sur I, alors la série numérique bn converge


∞ ∞
et la fonction somme S = fn admet bn pour limite en a.
n=0 n=0

NB : les résultats ci-dessus correspondent bien à une interversion de deux limites (ou à l’interversion
d’une limite et d’une somme de série), puisqu’ils s’écrivent
∞ ∞
lim lim fn (x) = lim lim fn (x) et lim fn (x) = lim fn (x) .
x→a n→∞ n→∞ x→a x→a x→a
n=0 n=0

Attention ! Bien justifier la CVU (généralement obtenue dans le cas des séries par CVN ou grâce à la
majoration du reste associée au TSSA).
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2) Transmission de la continuité par convergence uniforme


Théorème : soit (fn ) une suite de fonctions de I dans K, toutes continues sur I.
a) Si la suite de fonctions (fn ) converge uniformément vers f sur I, alors f est continue
sur I.
b) Si la série de fonctions fn converge uniformément sur I, alors la fonction somme S
est continue sur I.

NB : penser, s’il n’y a pas CVU sur I, à utiliser la CVU sur certains sous-intervalles de I (noter que
la continuité est une notion locale, donc si par exemple f est continue sur tout segment [a, M],
avec 0 < a < M, on en déduit que f est continue sur R+∗ ; attention en 0 dans ce cas. . . ).
Exemples :
1) Les résultats précédents peuvent permettre de nier rapidement la CVU : si une suite de fonctions
continues CVS vers une fonction discontinue, il ne peut pas y avoir CVU ! (voir par exemple
fn : x → xn sur [0, 1]. . . ).

2) Fonction exponentielle : x → ex est la fonction somme d’une série de fonctions continues qui
converge normalement sur tout segment de R ; elle est donc continue sur R (on peut montrer que
la fonction exponentielle est continue de C dans C, cf. le chapitre 6. . . ).

3) Intégration sur un segment des suites et séries de fonctions continues


Théorème : soit (fn ) une suite de fonctions de C 0 ([a, b] , K).

1) Si la suite de fonctions (fn ) converge uniformément vers f sur [a, b], alors la suite numérique

fn converge et
[a,b]

lim fn (t) dt = f (t) dt = lim fn (t) dt.


n→∞ [a,b] [a,b] [a,b] n→∞

2) Si la série de fonctions fn converge uniformément sur [a, b], alors la série numérique fn
[a,b]
converge et
∞ ∞
fn (t) dt = fn (t) dt (intégration terme à terme).
n=0 [a,b] [a,b] n=0
Attention ! La convergence simple n’est pas suffisante, la convergence uniforme est suffisante mais pas
nécessaire (voir selon les valeurs de α la suite des (fn ) où fn : x → nα xn (1 − x) sur [0, 1]).
Exemples
1
1) Calculer I = ln x. ln (1 − x) dx en écrivant
0
ln x. ln (1 − x) si x ∈ ]0, 1[
f :x→
0 si x ∈ {0, 1}
comme somme d’une série de fonctions :
∞ −xn
· ln x si x ∈ ]0, 1] .
∀x ∈ [0, 1] f (x) = un (x) où ∀n ≥ 1 un : x → n
n=1 0 si x = 0

1
(−1)n−1
2) Établir : xx dx = .
0 n=1
nn
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4) Suites et séries de fonctions de classe C 1


Attention ! On peut avoir une suite de fonctions dérivables qui converge uniformément vers une fonc-
tion non dérivable : cf. le théorème de Weierstrass (hors programme), qui fournit une suite
de polynômes (de classe C ∞ !) convergeant uniformément vers n’importe quelle fonction
continue sur un segment.
On peut aussi avoir une suite (fn ) de fonctions dérivables qui converge uniformément
vers une fonction dérivable f alors que (fn′ ) ne converge pas vers f ′ (voir par exemple
1
fn : x → sin nx).
n
Théorème : soit (fn ) une suite de fonctions de C 1 (I, K) telle que :
∗ (fn ) converge simplement vers f sur I ;
∗ (fn′ ) converge uniformément vers g sur I ;

alors f est de classe C 1 sur I et f ′ = g (i.e. lim fn = lim (fn′ )).
n→∞ n→∞

NB : sous ces mêmes hypothèses, (fn ) converge uniformément vers f sur tout segment de I.

Théorème : soit (fn ) une suite de fonctions de C 1 (I, K) telle que :


∗ fn converge simplement sur I ;
∗ fn′ converge uniformément sur I ;
∞ ∞ ′ ∞
alors fn est de classe C1 sur I et fn = fn′ (dérivation terme à terme).
n=0 n=0 n=0

NB : penser, s’il n’y a pas CVU sur I, à utiliser la CVU sur certains sous-intervalles de I (noter que
la continuité et la dérivabilité sont des notions locales, donc si par exemple f est C 1 sur toute
demi-droite [a, +∞[, avec a > 0, on en déduit que f est C 1 sur R+∗ ; attention en 0. . . ).
Exemples :
d zt
1) Pour z dans C, la fonction ez : t → etz est de classe C ∞ sur R et Dez = z.ez ; i.e. e = z.ezt .
dt

1
2) Montrer que f : x → · cosn x · sin nx est définie sur R, de classe C 1 sur ]kπ, (k + 1) π[ pour tout
n=1
n
k dans Z ; déterminer f ′ , en déduire f.

5) Suites et séries de fonctions de classe C k (k entier, k ≥ 2)


Théorème : soit (fn ) une suite de fonctions de C k (I, K) telle que :
(j)
∗ pour tout j tel que 0 ≤ j ≤ k − 1, fn converge simplement sur I vers gj ;
(k)
∗ fn converge uniformément sur I vers gk ;
alors f = g0 est de classe C k sur I et : ∀j ∈ [[1, k]] f (j) = gj , autrement dit
∀j ∈ [[1, k]] ∀x ∈ I f (j) (x) = lim fn(j) (x) .
n→∞

Théorème : soit (fn ) une suite de fonctions de C k (I, K) telle que :


(j)
∗ pour tout j tel que 0 ≤ j ≤ k − 1, fn converge simplement sur I ;
(k)
∗ fn converge uniformément sur I ;
∞ ∞ (j) ∞
(j)
alors fn est de classe Ck sur I et : ∀j ∈ [[1, k]] fn = fn .
n=0 n=0 n=0

NB : là encore penser à utiliser une famille de sous-intervalles de I. . .


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6) La fonction ζ (zeta) de Riemann (hors programme mais très classique)


1
Le résultat classique sur les séries de Riemann montre que la série de fonctions fn , où fn : x → ,
n≥1 nx
converge simplement sur ]1, +∞[ ; la fonction somme est notée ζ.
∞ 1
∀x ∈ ]1, +∞[ ζ (x) = x
.
n=1 n
1
sup |fn | = : il n’y a donc pas CVN sur ]1, +∞[ ; il n’y a pas non plus CVU sur ]1, +∞[ :
]1,+∞[ n
1 1
cela découle du théorème de la double limite, puisque pour tout n lim fn = et diverge !
1 n n
Pour montrer la continuité de ζ sur ]1, +∞[, je constate que fn CVN, donc CVU sur [a, +∞[, cela
1 1
pour tout a > 1 (en effet sup |fn | = a et la série numérique converge). Comme les fn sont
[a,+∞[ n na
continues et que fn CVU sur [a, +∞[, la fonction somme ζ est continue sur [a, +∞[, cela pour tout
a > 1. Il en résulte que ζ est continue sur ]1, +∞[ (tout point x de ]1, +∞[ se trouve dans [a, +∞[ si
je choisis a tel que 1 < a < x).
Le théorème de la double limite fournit la limite de ζ en +∞ : en effet, fn CVN donc CVU sur
[2, +∞[ et, pour tout n, fn admet une limite bn en +∞ (qui est une extrémité de [2, +∞[ !) ; précisément
b1 = 1 et bn = 0 pour n ≥ 2 ; la conclusion apportée par le théorème de la double limite est la suivante :
la série numérique bn converge (ici ce n’est pas une grande nouvelle) et la fonction somme ζ admet

bn pour limite en +∞ ; ainsi lim ζ = 1.
n=1 +∞
(−1)n−1 ∞
Pour préciser le comportement de ζ au voisinage de 1, j’introduis gn : x → et η = gn ; la
nx n=1
majoration du reste dans le cadre du TSSA permet de montrer que gn CVU sur [a, +∞[, cela pour
tout a > 0 ; en effet, pour x fixé dans [a, +∞[, |gn (x)| décroît et tend vers 0 lorsque n tend vers l’infini,
donc, avec les notations habituelles,
1
∀p ∈ N∗ |Rp (x)| ≤ |gp+1 (x)| ≤
(p + 1)a
1
or la suite numérique converge vers 0, donc la suite de fonctions (Rp ) CVU vers 0 sur
(p + 1)a
[a, +∞[. J’en déduis que η est continue sur [a, +∞[ pour tout a > 0, donc sur ]0, +∞[.
Or ζ et η sont liées par une relation classique, obtenue en séparant les termes d’indices pairs et impair :

1 1−x η (x)
∀x > 1 ζ (x) − η (x) = 2 x =2 · ζ (x) d’où ζ (x) = ,
(2p) 1 − 21−x
p=1
1
or η est continue en 1 et η (1) = ln 2 (classique. . . ), d’où : ζ (x) ∼ +
.
x→1 x − 1
Montrons enfin que ζ est de classe C sur ]1, +∞[ : pour tout n dans N∗ , en vertu des théorèmes

opératoires classiques, fn : x → e−x ln n est C ∞ sur R+∗ et


(ln n)j
∀j ∈ N ∀x > 0 fn(j) (x) = (− ln n)j e−x ln n = (−1)j .
nx
Connaissant les séries de Bertrand, je fixe a > 1, k ∈ N∗ et j’applique le théorème sur les séries de
fonctions de classe C k sur la demi-droite [a, +∞[ :
• les fn sont de classe C k sur [a, +∞[
(j)
• pour tout j tel que 0 ≤ j ≤ k − 1, fn converge simplement sur [a, +∞[ ;
(k)
• fn converge uniformément sur [a, +∞[.

(j) (j) (ln n)j


En effet, pour tout j, fn converge normalement sur [a, +∞[ puisque sup fn = , or le
[a,+∞[ na
j
(ln n)
résultat (classique) sur les séries de Bertrand montre que converge puisque a > 1.
na
En conclusion, ζ est de classe C sur [a, +∞[, cela pour tout k dans N∗ , donc de classe C ∞ sur [a, +∞[,
k

cela pour tout a > 1, donc ζ est de classe C ∞ sur ]1, +∞[.

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